Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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vendredi 3 février 2017

Chronique des ZAD janvier 2017 : Notre Dame Des Landes et Et ailleurs : Bure (55) – GCO (67) – No THT ferme de Montabot (50) – forêt de Sherwood (England) – Roybon (38) – No THT haute Durance (05) – mort de Rémi Fraisse (81) – Anti éolien industriel (12) -


Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé en janvier 2017 autour des Zones A Défendre : on y parle de Notre-Dame-Des-Landes et de plein d'autres choses.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle 



PROJET D’AYRAULT – PORT de 

NOTRE DAME DES LANDES (44)

Source : ZAD.nadir.org et médias

Janvier 2017


Et ailleurs : Bure (55) – GCO (67) – No THT ferme de Montabot (50) – forêt de Sherwood (England)Roybon (38) – No THT haute Durance (05) – mort de Rémi Fraisse (81) – Anti éolien industriel (12) -


ZAD de NDDL - 44


Infos du 1er au 8 janvier



Dimanche 1er janvier




Bonne année à tou-te-s !



Mardi 3 janvier


Un peu de musique pour commencer l’année : ZAD social rap a posté pas mal de sons sur son soundcloud récemment et le capitain Frog propose "Bienvenue en zone humide, l’album invisible".

Et une lecture d’Alain Damasio, de passage sur la ZAD.

 

 

 

Jeudi 5 janvier

Rumeur d’une intervention policière ? 

 

Les opposants de Notre-Dame-des-Landes, 


 bien préparés, pensent à l’avenir

 




La rumeur d’une tentative prochaine de la police sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes n’alarme pas les opposants à l’aéroport. Ils sont prêts à toute éventualité. L’assemblée générale du mouvement, mardi 3 janvier, a plutôt ouvert les perspectives sur l’année 2017.


  • Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

Le brouillard s’est couché sur la route, la ouate humide à peine trouée par les phares des voitures, les frontales des piétons, les torches tenues à la main. Dans le hangar de la Vache-Rit grand ouvert à la nuit béante, l’assemblée du mouvement anti-aéroport de ce 3 janvier démarre par une annonce goguenarde : « N’oublions pas qu’on démarre l’année où l’aéroport devait ouvrir… »


La discussion s’attache aux rumeurs d’évacuation, commente la presse locale, le quotidien nantais Presse-Océan venant de livrer sa énième prédiction, non sourcée, d’intervention militaire massive et rapide, annonçant « une fois de plus l’heure de vérité » et citant « un gradé » non identifié lâchant que « janvier va être très très chaud pour nous [les gendarmes] ». Un article du Point a repris la même rumeur l’après-midi. Pas de quoi affoler les zadistes, rompus aux rumeurs depuis des mois, y compris celles venues de leurs rangs. De nombreuses alertes de témoins de déplacements de convois policiers ou gendarmesques ont dû être contenues avant qu’elles ne génèrent des vents de panique.


Une zadiste emmitouflée rapporte une conversation de réveillon d’un proche, où un salarié d’une boîte de BTP se disait requis pour la mi-janvier à Notre-Dame-des-Landes. La dernière rumeur, paraît-il béton, la semaine dernière, c’était « l’évacuation avant le 31 décembre… » rétorque un autre. Tant que rien ne recoupe ces bruits, ils restent dans le lointain écho de lourds brouillards.


« Que les états-majors militaires et policiers et les politiques envisagent toujours une intervention, c’est probable, ça ne veut pas dire que c’est imminent », note un barbu, rappelant que les douze dernières AG mensuelles ont débattu et envisagé les processus de défense, appels aux blocages et autres mesures au sein de la Zad, à ses alentours, à Nantes et dans tous les comités anti-aéroport de l’Hexagone. Tout est déjà en ordre de marche, prêt à déclencher des ripostes de toutes formes. Des systèmes défensifs visibles et plus camouflés ont été établis, les voitures ont été réparées à l’automne, prêtes à bouger si nécessaire, certains ont travaillé leur mutation en arbuste, voire à plusieurs en haies mobiles. « On ne va pas réinventer ce qu’on a discuté trois cents fois. »

    « Profiter du temps électoral pour marquer des points, inventer des actions massives et offensives » 


« On a compris que ce qui peut arriver, c’est un “perlimpinpin”, des petites tentatives de petits travaux, quelque chose pour faire plaisir aux proaéroports et apporter la démonstration, parce qu’on réagira, que décidément rien n’est possible ici », note Geneviève Coiffard, de la coordination anti-aéroport. Pour ça, pas de problème, tout est prévu. Mais quant à faire fléchir Hollande avant sa fin de mandat, l’assemblée est plus que dubitative.


Le thermomètre n’a coincé qu’un petit degré au-dessus de zéro. Par ces frimas qui courent, deux axes de discussion apparaissent : comment renforcer le soutien en cette période de sursis, et qu’espérer du temps électoral pour marquer des points ?


Repas à la Noé verte, durant l’automne 2016

Le probable répit accordé par la campagne électorale ouvre des perspectives stratégiques, des « cartes à jouer » pour tenter de décrocher l’abandon de la déclaration d’utilité publique, décision politique qui enterrerait définitivement le projet. « Les deux hivers précédents, on a déjoué deux fois de suite des velléités assez fortes d’attaques du gouvernement. Au lieu d’attendre la prochaine, est-ce qu’on ne peut pas profiter du temps électoral pour marquer des points, inventer des actions massives et offensives ? C’est vrai, c’est compliqué de surgir dans ce spectacle lamentable de la campagne électorale, mais bon… » lance un zadiste en parka.

« Est-ce qu’on peut obtenir de Hollande un “beau geste”, l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, un peu comme Mitterrand avait calé sur l’extension du Larzac ? Quel intérêt aurait Hollande à lâcher ? La contradiction avec les objectifs de la COP21 ? L’ampleur de la mobilisation populaire ? » relance Geneviève Coiffard. Son voisin rigolard imagine « une sextape » compromettante. « Le prendre au mot sur le slogan “Le changement c’est maintenant” ou sur le “choc de simplification” sans le choc, en ne gardant que la simplification ? » interrompt un autre, pas convaincu. « Et si Julie Gayet venait tourner un film ici… » rebondit un troisième. Personne ne placerait de gros paris sur ces options farfelues. Reste le chantage : « On le menace de ne pas voter pour lui… » Dans une assemblée où la grosse majorité ne vote pas, l’idée fait franchement rigoler. « Le mouvement anti-aéroport peut au moins tenter d’affaiblir l’élection de Fillon. » En juin dernier, face au parisien Sarkozy, François Fillon s’est défini comme « un paysan sarthois qui raisonne avec bon sens ». Paysan ? Tiens, tiens…

« Pour défendre la Zad, il faut l’aimer, et donc la connaître, souligne un membre d’un comité du nord-est de Nantes. Il faut faire découvrir la zone et ce qui s’y fait, prévoir des randonnées, des visites. » Des chantiers communaux appelant les bonnes volontés pour entretenir routes, haies, lieux de réunion à usage commun sont déjà prévus. Outre l’aspect pratique des travaux entrepris, ces corvées volontaires sont associées à des moments d’échange en soirée, transmission de l’histoire de la lutte, « racontages d’histoires », de chansons et de banquets. Il est aussi question d’accueillir les nouveaux venus qui auraient des projets agricoles. La dynamique d’implantation ouverte depuis 2009 est toujours en cours.

    « On vient de découvrir de nouvelles pistes de recours »



Le rassemblement des bâtons, le 8 octobre 2016
Soigner l’image de la Zad auprès de l’extérieur, y compris de la dédiaboliser, est toujours un sujet d’actualité. « La boulangerie, et les approches modestes, traditionnelles, écologiques des réalisations concrètes qui peuvent toucher le public, il faut toujours les mettre en avant. »

Reste le front juridique, toujours alimenté. Un nouveau recours contre la déclaration d’utilité publique de 2008 a été déposé en septembre dernier, s’appuyant sur les conclusions de mars 2016 des experts commis par le ministère de l’Environnement. Le rapport disait le projet de NDDL surdimensionné, tout en relevant que le maintien amélioré de l’aéroport existant, et donc l’alternative à ce projet, n’a pas été véritablement pris en compte, bafouant les principes « éviter, réduire, compenser ». « Il faut compter un an à un an et demi avant que ça vienne à l’audience, note Julien Durand de l’Acipa, l’asso citoyenne contre l’aéroport. Mais on vient de découvrir de nouvelles pistes de recours. »

Le Scot, le schéma de cohérence territoriale qui doit servir à l’État français de réponse à la procédure d’infraction ouverte par l’Europe sur le volet environnemental, a aussi été attaqué au tribunal administratif le 19 décembre dernier. Le bureau européen d’EELV doit rencontrer courant janvier la Commission européenne pour jauger la réponse de la France, si jamais elle a été adressée à temps à la commission.

En attendant, les zadistes restent droits dans leurs bottes, les orteils au chaud dans un redoublement de chaussettes.



Les super comités continuent leur boulot extraordinaire : ceux du Morbihan invitent à une "Fête de soutien pour en finir avec l’aéroport de NDDL et son monde" le 21 janvier.


 Samedi 7 janvier

Anti-colonialisme :


Pour celleux qui n’ont pas pu venir voir Ouvrir La Voix, un documentaire sur les femmes noires issues de l’histoire coloniale européenne en Afrique et aux Antilles, qui était projeté aujourd’hui à la Rolandière, Les Dévoreuses, bibliothèque féministe, organisent une projection demain à Nantes ( 15h à la mairie de Doulon).

(NDA) A voir également : la malédiction de Cham https://youtu.be/jFV5FKW9MV8?list=PLbQnIFhNsyY1sOJ1NfpJ3xluuBsfRg3SR


Le début d’année, c’est le moment des bilans : celui des Naturalistes en lutte sur http://naturalistesenlutte.wordpress.com

Et de Marcel, paysan à NDDL sur le blog paroles de campagne

Infos du 9 au 15 janvier





Jeudi 12 janvier


Un nouveau modèle d’affiche sur le thème "nous sommes là, nous resterons là" imprimable (en affiche, flyers, ou autre)

Des formats carte postale/carte de voeux sont disponibles en quantité à l’accueil à la Rolandière en ce moment

Samedi 14 janvier


Répression des pratiques de solidarité : appel à rassemblement

 devant la gendarmerie de Couëron lundi 16 et samedi 28 janvier

Trois personnes sont convoquées pour être auditionnées par la gendarmerie de Couëron. Elles sont mises en cause dans le cadre d’une instruction ouverte pour « Appel à souscription publique tendant à l’indemnisation d’une condamnation pécuniaire ». En clair, on les accuse d’avoir fait des appels à dons pour soutenir des personnes condamnées à verser des amendes, frais de justice et dommages et intérêts.

Cette procédure vise la solidarité qui s’est notamment exercée dans le cadre de la lutte contre l’aéroport et du mouvement contre la loi travail. Plus largement, elle s’inscrit dans une logique qui vise à briser nos outils d’organisation, d’auto-défense et de solidarité dans les luttes (condamnations pour port de bouclier en manif, procédures contre des personnes des équipes médic, criminalisation de l’aide aux migrant.e.s, répression de caisses de soutiens et mutuelles de fraudeur.euse.s …).

Ne laissons pas la justice casser nos solidarités, soutenons les personnes convoquées !

Soyons nombreu.se.s lundi 16 janvier à 17h et samedi 28 janvier à 10h devant le commissariat de Couëron.

Les ami.e.s de la « Legal  Team »

Des nouvelles du collectif syndical contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, né à la fin de l’année dernière sur le site d’Alternative libertaire

On ne se marre pas... mais un peu quand même ! D’après José Bové la Commission Européenne n’aurait pas encore reçu les éléments de réponse à ses questions concernant le projet d’aéroport, réponses normalement issues de la SCOT votée il y a quelques semaines. On va encore dire que c’est la faute à la Poste, ou alors c’est l’Etat qui n’est pas si pressé ? Après l’échéance loupée de Valls et les fameuses "expulsions avant l’hiver", on attend avec impatience l’échéance loupée de Cazeneuve et " l’opération éclair avant le 18 janvier prochain"... Et pour autant on reste vigilant.e.s pour éviter toutes interventions et autres mauvaises surprises. N’hésitez pas à contacter le téléphone d’urgence si vous voyez des mouvements de police anormaux dans la région et à jeter un petit coup d’oeil aux hôtels autour de la zone. Merci en tout cas à toutes les personnes qui, régulièrement, nous tiennent au courant des mouvements de flicailles, l’info traflic fonctionne bien !

Dimanche 15 janvier


Jusqu’ici, tout va bien... On approche du 18 janvier, une date clé dans le mille feuilles juridique du dossier aéroport, à laquelle les mesures d’expropriation deviendront caduques. A cette occasion, les propriétaires expropriés de la ZAD pourront demander la restitution de leurs parcelles. Une intervention policière sur place d’ici mardi semble assez improbable, mais dans le doute on reste, comme dab, mobilisé-es et sur le qui-vive.


Infos du 16 au 22 janvier

 Mardi 17 janvier


►On nous fait part d'une initiative pour collecter de la thune pour la ZAD : un calendrier avec pour chaque mois une illustration de photos, des petites dates, des clins d’oeils, le tout dans une vision variée des différents aspects de la lutte et du bocage. 10€ 






Mercredi 18 janvier

Après 5 ans, les premiers arrêtés d’expropriation arrivent à échéance ce mercredi 18 janvier ! à suivre..


Jeudi 19 janvier


Les expropriations des habitants
de la Zad de Notre-Dame-des-Landes
ne sont plus valables



Il y a cinq ans qu’ont été prises les ordonnances officielles d’expulsion de la trentaine de propriétaires devant faire place nette au projet d’aéroport. Les travaux n’ayant pas débuté, les propriétaires peuvent demander à l’État la rétrocession de leurs terres.

  • Nantes (Loire-Atlantique), correspondance
Rien n’est irréversible, pas même les expropriations. Mercredi 18 janvier, pour une trentaine d’occupants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, ces décisions d’éviction par la force de leurs terrains, de leurs fermes et de leurs maisons sont devenues caduques. Ou presque. Les ordonnances d’expropriation prononcées par la justice sont datées du 18 janvier 2012. Il s’est passé cinq années et la raison avancée pour ces expropriations est restée un argument de papier. Sur le terrain, les travaux n’ont pas commencé. Les actes délivrés par des juges et remis par huissier étaient conditionnés par ces fameux travaux. Donc, au bout de cinq ans, comme le stipule noir sur plan le Code des expropriations, la raison d’être de l’expropriation tombe à l’eau. Ou s’embourbe en zone humide.

« Ce n’est pas une date butoir, mais un point à partir duquel les personnes expropriées sur le fondement de la déclaration d’utilité publique de 2008 peuvent demander rétrocession de leurs terres, explique Me Thomas Dubreuil, un des avocats des occupants à Notre-Dame-des-Landes. Les travaux ne sont pas mis en œuvre, il n’y a plus de raison de priver les gens de leur propriété. »
L’intérêt général allégué par l’État tient à la déclaration d’utilité publique du projet. Les libertés individuelles, c’est la propriété de prairies et bosquets, de fermes ou de maisons, que l’État ne peut bafouer sans cause majeure : celle d’un projet dont l’intérêt collectif primerait sur ces droits individuels de propriété.
La notion de rétrocession implique que l’État devrait rendre la possession et l’usage de leurs terres aux expropriés après cinq ans sans bulldozer ni bétonneuse. Au conditionnel quand même. « La demande de rétrocession, l’État y fait droit ou pas. Ce n’est pas automatique. On peut même dire dans ces circonstances et avec la volonté affichée de commencer des travaux de l’aéroport, qu’à 99 % de probabilité, l’État refuserait », dit Me Dubreuil. La stratégie judiciaire serait alors, non pas d’attaquer le refus de l’Etat au tribunal administratif, mais plus directement de le contester auprès du juge de l’expropriation au tribunal de grande instance.

La grande majorité des propriétaires n’a pas voulu toucher l’argent de l’expropriation

« Le juge judiciaire est l’instance naturelle de la propriété. C’est à lui d’opérer le retransfert de la propriété, ajoute Me Étienne Boittin, qui, avec son confrère Erwan Lemoigne, défend la quasi-totalité des expropriés. Mais ce n’est qu’une première vague d’expropriation liée à la déclaration d’utilité publique. Il y a eu d’autres expropriations hors Zad pour le “programme viaire” [les routes de desserte et d’accès de la plate forme aéroportuaire] ». Le juge pourrait alors considérer que le projet est en état d’abandon de fait, et ordonner la rétrocession. Les juristes n’ont pas trouvé pour l’instant de jurisprudence sur ce type de cas.
Parmi les expropriés, une petite partie a accepté les sommes prévues par l’Etat pour indemniser leur éviction. Ils seraient eux aussi en droit de demander rétrocession de leurs terrains, après avoir remboursé les montants des indemnités qu’ils ont perçues. Les autres, la grande majorité de la trentaine de propriétaires, n’ont pas voulu toucher cet argent, les sommes versée par l’État ayant été gelées sur un compte bloqué de la Caisse des dépôts et consignations.
Officiellement, le gouvernement ne change pas de ligne de conduite. Le gouvernement prépare les conditions d’une "intervention en toute sécurité" pour évacuer la Zad, a déclaré mercredi 18 janvier le Premier ministre Bernard Cazeneuve à l’Assemblée nationale. Mais le pouvoir doit franchir ce nouvel obstacle juridique des expropriations caduques.




► Lundi nous vous appelions à aller manifester, à Coueron, votre solidarité avec des personnes poursuivies pour « appel à souscription publique tendant à l’indemnisation d’une condamnation pécuniaire ». A la suite, il a paru important de prendre le temps de réfléchir ensemble tant aux enjeux du pouvoir dans cette nouvelle tentative de criminalisation des pratiques de lutte qu’aux moyens collectifs de défendre cet outil commun qu’est la caisse de soutien antirep.

Retrouvons nous pour élaborer une réponse collective le MERCREDI 1er FEVRIER à 20h à B17 (17 rue Paul Bellamy à Nantes)



Dans la rubrique humoristique, "le gouvernement prépare les conditions d’une "intervention en toute sécurité" pour évacuer la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, a déclaré ce mercredi le Premier ministre Bernard Cazeneuve à l’Assemblée nationale.

Non, non, on ne rigole pas...

"J’ai demandé au ministre de l’Intérieur de définir les conditions d’une intervention qui ne désarme pas le front terroriste et qui permette une intervention en toute sécurité sans qu’il y ait d’affrontements et sans qu’il y ait de violences".

Ca parait assez mal parti pour eux...
On habite là, on reste là !!!

Infos du 23 au 31 janvier


Mercredi 25 janvier


 Une petite vidéo 'd'osons causer' du mois d'octobre 2016 (qui m'avait échappée) 

qui rappelle bien quelques évidences :



Jeudi 26 janvier

Rencontre autour du bois : Pendant que Vallsansretour et Hamon délibèrent de notre sort, on rappelle que ce we se tiennent des rencontres autour de la question des arbres et de leur exploitation sur la zad, qui nous servira pour se chauffer et construire d’ici 2 ans ou plus... hé oui ! Ici l’invitation et le programme, dès vendredi soir et jusqu’à dimanche.




Vendredi 27 janvier


Ici, un texte de soutien de la coordination des opposant-e-es au projet d’aéroport : en cas d’expulsion, appel à converger sur Bure et multiplier les actions de soutien. Quoiqu’il arrive, restons attenti-ves aux appels de nos ami-es en lutte, sur leur site www.vmc.camp !



Dimanche 29 janvier

La zad a accueilli ce weekend de nombreuses rencontres. Celles sur le bois ont vu des gens de partout en France réfléchir sur une utilisation intelligente des bois qui nous entourent, et nous avons partagé des témoignages de personnes en luttes dans des forêts, ici, dans la forêt de Rohanne, et ailleurs, en Belgique, en Ecosse, en Allemagne, en France à Sivens ou à Bure.

Au Taslu, une discussion sur la politique coloniale autour des plantes médicinales, a réuni une salle comble à la Rolandière.

Et le samedi soir, Bellevue accueillait une grande fête pour les quatre ans de l’occupation.

La zad est bien vivante, n’en déplaise à celles et ceux qui voudraient nous voir expulsé.e.s. On vit là, on reste là !


Valls s’en va, nous restons. “Il ne peut pas y avoir d’autre voie”


Communiqué du groupe "presse" de la zad

« L’évacuation c’est pour cet automne. Ça se fera. Il ne peut pas y avoir d’autre voie. (…) Si ça ne se fait pas avant mars 2017, ça ne se fera jamais. » Manuel Valls, le 11 octobre 2016


Valls n’était déjà plus premier ministre, il n’est même plus candidat. Ciao ! On ne peut manquer de se réjouir qu’un politicien sinistre qui a annoncé chaque semaine, des mois durant, notre destruction, finisse plutôt par disparaitre lui-même.

En ces temps où le champ politique institutionnel ne dessine plus que des horizons aveugles, ce que Valls appelait en 2012 le "kyste" s’est quant à lui épanoui. La zad participe à construire un point à partir duquel se tenir ensemble et "reprendre nos vies en main" [1]. Des vies qui vaillent la peine d’être vécues et ne soient plus définies d’en haut par une clique de politiciens, financiers et patrons qui voudraient les réduire à peau de chagrin.


Mais la sortie de Valls ne résout évidement rien : ses semblables sont entrés en saison de reproduction. Quel que soit le gouvernement élu, on peut compter sur lui pour continuer à nous traiter invariablement comme des comptes bancaires à moitié vides, des assisté.e.s infantilisé.e.s, des masses salariales pressurisées ou des habitant.e.s indésirables. Nous demeurerons des terroristes à chaque fois que nous refuserons de nous plier à leurs plans d’aménagement de nos existences.


Quel que soit le monstre gouvernemental qui émerge du marécage électoral, nous le mettrons pourtant en échec : parce qu’ils ne peuvent plus anéantir ce que le mouvement contre l’aéroport et pour la zad porte d’espoirs, parce que leurs promesses sont aussi fictives que leurs emplois et leurs rêves aussi repoussants qu’un duty free posé sur une prairie. Dans les mois à venir, nous continuerons à opposer à la politique du vide un territoire plein et vivant, basé sur le partage et la solidarité, ouvert aux vents des luttes. Nous persistons et persisterons à construire ici un avenir sans aéroport et sans gouvernants. Qu’ils s’en aillent tous !


Note :

[1] « Le monde du travail, aliéné par le capitalisme, a bien du mal à se soustraire à l’emprise de l’exploitation qu’il subit. Les travailleurs et travailleuses subissent une dépossession de leur propre vie. Pas étonnant donc que les habitant-es de la ZAD se rebellent contre ce système, aient envie de reprendre leur vie en main, de décider comment et pourquoi ils et elles veulent vivre. » Extrait de l’appel du collectif syndical contre l’aéroport et son monde.


Mardi 31 janvier


Anti fascisme




AILLEURS


Infos du 1er au 8 janvier


Lundi 2 janvier


Bure :


Les camarades qui luttent contre l’enfouissement de déchets nucléaires à Bure ont publié un récit de l’année écoulée : Bure, une année déter’ contre le projet CIGÉO !. « À Bure, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a connu une année exceptionnelle de mobilisation contre le projet d’aménagement de la plus grande poubelle nucléaire européenne. Ce sont des milliers de personnes qui, tout au long de l’année ont pour beaucoup découvert cette lutte, ont semé avec nous au printemps, ont partagé les durs et beaux moments d’un été particulièrement intense d’occupation et défense du Bois Lejuc, se sont installés sur place pour certains et reviennent fidèlement nous voir depuis, pour d’autres. »

Jeudi 5 janvier




Une lutte démarre contre l’exploration du gaz de schiste dans la forêt de Sherwood dans le Nottinghamshire (Angleterre), la "forêt de Robin des Bois".

Infos du 9 au 15 janvier


Mercredi 11 janvier

Bure - Roybon


Un peu de son envoyé par radio Zinzine à écouter pendant les longues soirées d’hiver, pour varier de radio Klaxon, notre excellente radio préférée ultra locale ! 

 * deux émissions sur les luttes contre les Center Parcs en France, suite à une rencontre les 2-4 décembre à Roybon 


 * une émission sur l’appel lancé par Bure (lutte contre l’enfouissement de déchets nucléaires).




Dans le cadre d’une rencontre début décembre 2016 sur la ZAD de Roybon qui s’oppose à l’implantation d’un mégaprojet touristique dans la forêt des Chambarans dans l’Isère, nous sommes une quarantaine à faire une balade dans la forêt. Deux membres de l’association Pour les Chambarans sans Center Parcs, Jean-Jacques Fiet et le naturaliste Yves Chetcuti, grand connaisseur de la zone, nous accompagnent et commentent la richesse de la biodiversité présente dans cette forêt et la folie monstrueuse du projet de Pierre et Vacances. Yves Chetcuti est totalement convaincu que celui-ci ne pourra jamais être réalisé...

Center Parcs ni ici ni ailleurs, 2ème partie - Poligny et Rousset se mobilisent (43’38)


Suite à la première partie consacrée à la lutte contre le Center Parcs à Roybon dans l’Isère, voici les récits de deux autres mouvements de contestation contre le même type de mégaprojets touristiques délirants de l’entreprise Pierre et Vacances - à Poligny dans le Jura et à Rousset en Bourgogne.

Appel de la forêt de Bure (15’49)


Enregistré pendant une rencontre sur les luttes en forêt organisée sur la ZAD à Roybon les 2-4 décembre 2016 (où des militants contestent un mégaprojet touristique Center Parcs). Deux opposantes au centre d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse décrivent leur lutte et notamment le combat pour sauver la forêt de Mandres que l’agence ANDRA veut détruire. Elles lancent un appel à venir les soutenir dans cette forêt.

Infos du 16 au 22 janvier


Lundi 16 janvier

Le Grand Contournement ouest de Strasbourg : une grande sottise expliquée en BD





L’auteure de cette tribune en bande dessinée réfute les arguments des promoteurs du projet autoroutier de Grand Contournement ouest de Strasbourg. Avec humour et une pointe de colère : l’autoroute sacrifierait une partie du parc du château de Kolbsheim, où la dessinatrice a vécu une partie de son enfance.



Le Grand Contournement ouest : l’autoroute qui sert à rien (de bien)



Un grand merci à Dany Karcher, maire de Kolbsheim pour son aide.

Précision : le tracé du GCO passe dans le parc et condamne le moulin et ses annexes. S’il est vrai qu’il ne passe pas dans les jardins, il traversera tout de même une partie du domaine du château. Du pareil au même, un vrai gâchis !


Lili Sohn - Reporterre



Mercredi 18 janvier



Dans les Hautes-Alpes, 


le chantier de la ligne 


à très haute tension 


saccage l’environnement


De nouveaux pylônes commencent à enlaidir la magnifique vallée de la Haute-Durance (Hautes-Alpes). De nombreuses irrégularités ont été constatées sur le chantier, jugé démesuré et inutile par les opposants. Du côté des habitants, la résistance s’amplifie : une manifestation est prévue ce mercredi 18 janvier à Gap.

Embrun (Hautes-Alpes), reportage

Lionel Daudet a le pas vif mais le cœur lourd. La piste qu’il parcourt à larges enjambées est longée de bouts de bois brisés, de racines mises à nu et de terre effritée. « Ils ont mis un géotextile sous les pierres concassées, pour que rien ne repousse. Difficile à croire que tout sera remis en état dans cinq ans. » Un mélèze est balafré de cicatrices jaunâtres, une de ses branches à demi arrachée pendouille tristement. « Normalement, ils ne devraient pas faire ça, soupire le montagnard. Les arbres doivent être tronçonnés proprement, sans abîmer ceux qui ne sont pas considérés par le défrichement. » Une petite butte à franchir, et l’on aperçoit le responsable du ravage : un pylône pour ligne très haute tension tout neuf, qui se dresse de toute la hauteur de ses quarante mètres.

L’alpiniste Lionel Daudet sur une piste d’accès au pylône aménagée par RTE, empierrée alors qu’elle devrait être provisoire.
Il y a près de vingt ans, l’alpiniste aux deux Piolets d’or — la plus haute distinction des chatouilleurs de cimes — se choisissait pour paradis L’Argentière-la-Bessée, dans les Hautes-Alpes. Il était loin d’imaginer que Réseau de transport d’électricité (RTE) choisirait ce décor somptueux de montagnes sèches, de pelouses roussies et d’âpres forêts, pour y implanter 356 nouveaux pylônes. Actuellement, les Hauts-Alpins sont alimentés en électricité par une ligne aérienne de 150.000 volts déployée en 1936 entre la Haute-Maurienne (Savoie) et Gap, connectée au barrage de Serre-Ponçon en 1971 et complétée de lignes secondaires de 63.000 volts. Le « projet de rénovation de la Haute-Durance » de RTE, chiffré à 230 millions d’euros, entend remplacer ce réseau vieillissant par deux lignes aériennes à très haute tension (THT) à 225.000 volts entre Argentière-la-Bessée et Serre-Ponçon (le segment « P4 » du projet) et entre Grisolles et Pralong (« P6 »). Elles sont complétées par de nouvelles lignes à 63.000 volts, dont deux aériennes entre Argentière-la-Bessée et Briançon (le segment « P3 » du projet). « Si rien n’est fait à l’horizon 2016, les risques de coupure d’électricité augmenteront en fréquence et en durée », justifie RTE, qui s’est par ailleurs engagé à démonter les 670 pylônes du réseau actuel, une fois le nouveau mis en service à l’horizon 2020.

La carte du projet de RTE.
Mais le chantier, officiellement lancé en avril 2015, ne se passe pas comme prévu. Dans un rapport de manquement administratif daté du 17 octobre 2016, des agents de la Direction départementale des territoires (DDT) des Hautes-Alpes pointent une longue série d’anomalies constatées lors de contrôles réalisés du 6 juin au 27 septembre 2016. 80 % des pistes ne sont pas « conformes aux plans officiels des emprises autorisées par les arrêtés préfectoraux ». « Les écarts d’implantation des pistes d’accès relevés, comptabilisés au-delà de 10 mètres, atteignent jusqu’à 163 mètres » et concernent, pour quatre pylônes d’Embrun, des secteurs à « enjeu fort “espèces protégées” ». En outre, les entreprises qui interviennent sur ces milieux fragiles sont censées s’appuyer sur un atlas de la faune et de la flore protégés réalisé par Éco-Med, un cabinet d’études naturalistes. Las, aucun des travailleurs présents sur les sites n’était en mesure de présenter ce document. Un chef de chantier d’Engie-Ineo a même indiqué aux agents travailler « à partir de Google Earth ». Le bilan général des contrôles, daté du 20 octobre 2016, est accablant : 54 des 99 zones travaillées présentent des arbres abîmés, 57 des arbres enterrés ; 97 des 115 pistes montrent des tracés non conformes aux autorisations, et 65 ne respectent pas l’atlas Éco-Med.



RTE a défriché de larges bandes de forêt pour faire passer sa ligne THT.
Pourtant, Sylvain Vebel, directeur départemental des territoires, ne voit pas le problème. Des modifications de tracés réalisées « sans demande ni autorisations préalables de la DDT » ? « Manquement ne veut pas dire infraction, souligne-t-il. Il est vrai qu’à un certain moment, RTE ne nous a pas donné toute l’information. Nous avons revu le processus d’échange et de contrôle avec eux. Ce sont des chantiers très lourds. Nous sommes tous vigilants, mais il faut comprendre que tout ne soit pas fluide à chaque moment. » D’ailleurs, à l’examen des 35 rapports consacrés aux tracés modifiés transmis tardivement par RTE, la DDT « n’a pas identifié de situation dramatique ». Philippe Court, préfet des Hautes-Alpes, a d’ailleurs refusé d’interrompre le chantier ou de sanctionner RTE, allant même jusqu’à qualifier le chantier d’« exemplaire ».
D’après la DDT, 54 des 99 zones travaillées présentent des arbres abîmés.
Hervé Gasdon, forestier et président de la Société alpine de protection de la nature (SAPN), combat le projet de RTE depuis la première commission de concertation organisée en 2009. « N’importe quel pékin qui vient en zone protégée avec son tracteur se prend un procès-verbal. Mais là, l’incapacité de l’administration à réagir aux irrégularités de RTE est surprenante. Comme si cette grosse entreprise pouvait agir comme bon lui semble sous couvert des plus grands serviteurs de l’État ! » dénonce-t-il, son indignation à peine masquée par son épaisse moustache. Même reproche adressé au Parc national des Écrins, qui n’est « jamais intervenu » alors que la future ligne traversera une bonne partie de la zone d’adhésion.
Hervé Gasdon : « L’incapacité de l’administration à réagir aux irrégularités de RTE est surprenante. »

Pourtant pour les opposants à la THT, les failles du projet sont nombreuses. Une bande de forêt de pins et de mélèzes de soixante kilomètres de long sur cent mètres de large est progressivement ratiboisée, y compris en zone Natura 2000.

    La ligne touche plusieurs sites remarquables

Pour Hervé Gasdon, l’impact sur le panorama est « important et choquant ». Le forestier cite inlassablement Philippe Lamour, créateur du parc naturel régional du Queyras : « Le capital économique des Hautes-Alpes, c’est la beauté de ses paysages. » « Notre département est celui qui compte le plus de lits touristiques par habitant — 300 à 320.000 couchages pour 140.000 Hauts-Alpins », rappelle-t-il. Or, la ligne touche plusieurs sites remarquables : « Entre Argentière et Embrun, une quarantaine de courses de ski de rando vont désormais passer sous les pylônes, se désole Lionel Daudet. Un poteau va être planté juste en-dessous du site d’escalade du Perchoir, très renommé chez les grimpeurs. Quant au GR50, il va passer seize fois sous les lignes ! Idem pour la traversée des Hautes-Alpes en VTT. » Cinq sites de décollage pour les parapentes sont voués à la fermeture à cause de leur proximité des lignes.
RTE, lui, évaluait en décembre 2015 à 30 millions d’euros les retombées économiques pour les entreprises locales. En novembre 2016, le comité Haute-Durance initiative chiffrait déjà à 15,24 millions d’euros les dépenses liées au chantier (sous-traitance, achats aux fournisseurs, location, hébergement, etc.). 
Xavier Guillon, secrétaire général de la Fédération du bâtiment et des travaux publics (BTP) des Hautes-Alpes, nous le confirme : « Les retombées en sous-traitance sont supérieures à nos attentes à ce jour. » Contactée par Reporterre, la Chambre du commerce et de l’industrie (CCI) n’a pas donné suite à notre appel. 
Cet argument économique est balayé par les opposants. « La pose de pylônes nécessite l’intervention d’entreprises spécialisées au niveau national, comme Bouygues et Eiffage, explique M. Gasdon. Les entreprises locales ne récupèrent que la sous-traitance, alors qu’elles auraient effectué l’essentiel des travaux s’il y avait eu enfouissement. »
 Les arbres sous la ligne seront régulièrement coupés pour éviter les arcs électriques. Pour le forestier, ce défrichement n’est pas sans conséquence : « La forêt limite les risques naturels en absorbant les surplus d’eau. Elle ralentit les avalanches et retient les blocs de pierre. » Claude Rémy, président de l’association Arnica Montana, partage cette inquiétude. « Entre Briançon et Argentière-la-Bessée, la ligne traverse des endroits où nichent des espèces très sensibles au dérangement, comme la chevêchette d’Europe, une chouette forestière protégée qui n’a pas été mentionnée dans l’enquête publique », signale-t-il. Au total, « cinquante-six espèces protégées sont concernées par l’arrêté de dérogation pour la destruction d’espèces protégées. Parmi elles, vingt-trois espèces d’oiseaux dont le gypaète barbu » en cours de réintroduction dans l’arc alpin, se scandalise Diane Topham, bénévole à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et membre du conseil d’administration d’Avenir Haute-Durance (AHD), l’association créée en 2011 par des habitants opposés au projet.

Les entreprises qui travaillent sur les sites sont surtout de grosses entreprises nationales de BTP.
Surtout, pour les opposants, le programme de RTE est surdimensionné et n’aurait jamais dû faire l’objet d’une déclaration d’utilité publique. Dans sa maison située sur les hauteurs d’Embrun, Michel Oger, ingénieur électricien formé à l’École polytechnique de Louvain, en Belgique, fait défiler graphiques et schémas sur un écran et réexplique inlassablement les failles du projet. « Le problème que tente de résoudre RTE est la fameuse pointe de consommation hivernale en Haute-Durance, qui culmine à quatre heures du matin et a atteint un record de 220 mégawatts (MW) en 2012, montre-t-il. Seulement, cette pointe est créée artificiellement par le système nucléaire : de nombreux appareils — dalles de chauffage électrique des résidences touristiques, chauffe-eau… — se mettent en route la nuit pour continuer à utiliser l’électricité produite par les centrales. »
L’ingénieur s’est amusé à calculer combien de fois cette consommation atteignait un niveau critique : « Les jours de très grand froid, en cas de pic de fréquentation dans les résidences touristiques et quand les canons à neige tournent — soit vingt jours par an, trois ou quatre heures par jour. » Pour M. Oger, la conclusion est évidente : « Pourquoi voir si grand pour un problème qui ne concerne que 0,7 % du temps ? En lissant et en organisant mieux la consommation, 140 MW suffiraient largement. » Il cache la preuve de cette théorie dans son garage. « J’ai des panneaux solaires sur mon toit, j’ai donc programmé l’allumage de mes appareils aux heures d’ensoleillement maximum », explique l’ingénieur, en dévoilant un compteur complété de plusieurs cadrans et horloges, qui suit régulièrement la consommation de l’électricité produite sur place ou achetée à Enercoop.
Michel Oger, ingénieur électricien, a recalculé tout le projet pour prouver qu’une alternative est possible.
Par ailleurs, avec ce programme, RTE table sur une hausse de la consommation électrique que l’ingénieur estime irréaliste et néfaste : « RTE estime que nos besoins vont augmenter de 80 MW et que les économies d’énergie ne permettront de gagner que 20 MW, rapporte-t-il. Pour nous, ça ne vaut rien. La production locale d’énergie augmente, une partie du département a même été labellisée territoire à énergies positives [Tepos] ; les nouveaux logements sont mieux isolés... La consommation ne peut — et ne doit — que diminuer. »

    Vendre du courant à l’Italie

Autre non-sens aux yeux des opposants, le choix de l’aérien plutôt que de l’enfouissement. Eux réclamaient un enterrement de la THT le long de la N94 entre Chorges et L’Argentière-la-Bessée, pour un coût évalué à 75 millions d’euros par Michel Oger — le même coût que pour le segment aérien équivalent. « RTE nous a fait croire que c’était impossible, beaucoup plus cher et destructeur [en 2015, RTE évaluait le surcoût de l’enfouissement à 130 millions d’euros], raconte Michel Oger, amer. J’ai passé un temps fou à chiffrer précisément une solution alternative et j’ai envoyé le rapport en recommandé à RTE. On n’en a pas tenu compte. »

Pourquoi cette obstination à faire de l’aérien ? Les rumeurs vont bon train sur le poids du lobby des multinationales spécialisées dans les transformateurs, sur le soutien des élus alléchés par la perspective d’une taxe pylônes. Mais surtout, sur la transformation d’une ligne de 225.000 volts en ligne 400.000 volts pour vendre du courant à l’Italie — une opération très facile si la ligne est aérienne, impossible si elle est enfouie. RTE nie farouchement, mais la société italienne de production d’électricité Enel a confirmé cette possibilité dans une lettre datée du 27 mai 2014 : « Nous sommes en train de vérifier la meilleure solution de connexion au réseau électrique français, prenant en compte le projet de restructuration de la Haute-Durance. » « Soit les ingénieurs de RTE ont mal fait leur travail, soit il y a des tenants et des aboutissants qui nous échappent, estime Michel Oger. Le plus difficile, pour RTE, c’est d’installer une ligne. Ils ont peut-être prévu très grand pour se donner la possibilité de la faire évoluer. » Contactés, Mme Lessard et le service communication de RTE n’ont pas donné suite à nos questions.
En décembre, le collectif No-THT a habillé des pylônes pour protester contre le projet.

Pour les opposants, l’issue du combat est incertaine. L’association AHD, épaulée par la SAPN et plusieurs communes, a déposé deux recours au Conseil d’État en décembre 2014. « On attend toujours le jugement, explique Lionel Daudet. Après, je ne sais pas quelles seront les notes d’espoir. Tant que le courant ne passe pas dans les lignes, il faut tenir bon, garder cet état d’esprit de l’alpiniste en bas d’une paroi, qui regarde en haut et cherche une solution pour arriver en haut de sa montagne. La falaise est lisse tout autour de nous, mais nous trouverons peut-être un chemin pour atteindre la cime. »

    CONTRE LA THT, LA MOBILISATION CONTINUE

« EDF, partons en courant ! » Ce mercredi 18 janvier à 14 h, plusieurs dizaines de contrats EDF seront déchirés en petits morceaux devant le conseil départemental des Hautes-Alpes, à Gap. Une manière de protester contre l’empire du nucléaire en France et ses « dénis de justice, atteintes à la démocratie, mensonges et impunité de RTE », peut-on lire sur l’affiche de la mobilisation. L’occasion aussi de déposer 5.000 signatures de Hauts-Alpins demandant l’arrêt des travaux et la révision du projet, et de déposer plainte au tribunal contre les manquements signalés sur les chantiers de RTE entre Gap et Briançon. Ce rassemblement s’inscrit dans une longue mobilisation des habitants de la vallée, depuis l’enquête publique de 2013, qui a recueilli 98,2 % d’opinions défavorables au projet.
Marie-Joëlle et Richard Lenoir habitent Puy-Saint-Eusèbe, où dix-neuf nouveaux pylônes doivent être érigés. L’association Avenir Haute-Durance (AHD), qui compte à ce jour 2.000 adhérents, a été créée en 2011 dans leur cuisine. « On a organisé des réunions pour informer la population, des manifestations, et on a entamé un gros travail juridique », raconte Marie-Joëlle. En décembre 2014, l’association a déposé deux recours au Conseil d’État contre l’arrêté ministériel autorisant la THT. « Nous avons aussi demandé une étude d’enfouissement au conseil régional qui a refusé de la financer », se souvient Nathalie Barra, présidente de l’association. AHD commande alors une étude à un expert indépendant, Daniel Depris. « Nous sommes allés la présenter aux élus, mais nous n’avons reçu que très peu de soutien. Les gens sont paralysés par la peur. »
Marie-Joëlle et Richard Lenoir, des collectifs No-THT.
Au fil des années, cette approche légaliste a cessé de faire l’unanimité. « Au bout de quatre ans, nous en avons eu assez, explique Marie-Joëlle. Nous pensions qu’il fallait aller à l’encontre des élus, manifester sur le terrain. » À soixante-dix ans, sans avoir « jamais milité dans une association » de sa vie, la retraitée participe avec son mari à des occupations de chantier « illicites et illégales, avec des flics qui arrivent au bout d’un moment », raconte-t-elle avec un sourire espiègle.

    Une « highline » au-dessus du vide contre la ligne aérienne

Ces mobilisations éclair sont organisées par des petits groupes d’habitants regroupés en collectifs No-THT, principalement dans le nord du département, qui coordonnent leurs actions les plus importantes lors d’assemblées de vallée. 
Le plus actif se situe à L’Argentière-la-Bessée, créé en 2014. « Nous allions aux manifestations d’AHD, mais nous voulions aller plus loin : pas seulement protester contre des pylônes dans nos jardins, mais remettre en cause tout le système nucléaire », raconte Matthieu, membre de ce collectif. Après une première manifestation le 13 décembre 2014 à Embrun, ces petits groupes officieux et réactifs multiplient les actions de terrain : occupations de chantier, dispersion de boulons, blocage de la nationale... Le 27 novembre 2016, ils tendent une « highline » entre deux pylônes — 80 mètres de danse aérienne au-dessus du vide pour protester contre la THT. En réponse, la préfecture leur envoie, à de multiples reprises, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig), et tente de monter AHD contre les collectifs — sans succès.
Une partie du collectif No-THT de L’Argentière-la-Bessée.
Un panneau destiné aux grimpeurs des collectifs No-THT.
Un des gros enjeux de la mobilisation est de convaincre les maires des communes de s’attaquer au projet. Cinq villages ont appuyé les recours au Conseil d’État : la Bâtie-Neuve, Puy-Sanières, Puy-Saint-Eusèbe, Châteauroux-les-Alpes et Réallon. Mais l’appât du gain a fait flancher certaines volontés. « En plus de la taxe pylône, qu’on ne touche que si la ligne est aérienne, RTE a proposé aux communes un plan d’accompagnement du projet [PAP] — une enveloppe de 6,9 millions d’euros à destination des collectivités locales, témoigne Valérie Rossi, maire de Puy-Sanières. Nous, nous devrions toucher 216.000 euros, une somme énorme pour un village de 149 habitants où nous sommes à 500 euros près. » La maire, farouchement opposée au projet, a bien refusé de signer toutes les conventions de servitude, mais le préfet les a signées à sa place et RTE l’a menacée de diminuer son versement au titre du PAP. « C’est ce que j’appelle de la corruption organisée, s’insurge Alice Prud’homme, conseillère municipale à L’Argentière-la-Bessée et membre du collectif No-THT. L’hiver dernier, ils ont commencé à distribuer l’argent. Notre maire, Joël Giraud, soi-disant favorable à l’enfouissement, a inauguré une plaque sur la place du collège rénovée à l’aide de RTE. C’est un système affreux, qui aveugle les élus. »
Valérie Rossi, maire de Puy-Sanières.

En attendant, AHD et No-THT continuent leur travail d’éveil des consciences. À Béatrice, une habitante de Savines dont la vieille bergerie amoureusement rénovée pendant vingt ans a perdu plus de la moitié de sa valeur à cause des pylônes, Marie-Joëlle apprend que « nous avons lâché EDF pour Enercoop ». « Nous aidons les gens à être autonomes en électricité, en les aidant à choisir et installer des panneaux solaires, confirme Nathalie Barra. L’idée, c’est aussi d’agir de manière très concrète en favorisant les énergies renouvelables sur notre territoire. »
Béatrice et sa fille Jade ont vu leur maison de Savines dévaluée cause des pylônes construits à 100 mètres de chez elles.


Mort de Rémi Fraisse : les gendarmes mis en cause pour « faux témoignages » et « subornation de témoins »



Après des mois d’enquête, les juges d’instruction en charge de l’affaire Rémi Fraisse ont décidé de clore leur travail, sans qu’aucun responsable ne soit mis en examen. Mais l’affaire n’est pas finie pour autant : désormais, les avocats ont porté plainte contre les enquêteurs eux-mêmes et les responsables civils et militaires du drame.

 Toulouse, correspondance

Après plus de deux ans de travail sur l’affaire Rémi Fraisse, les juges d’instruction toulousaines Anissa Oumohand et Elodie Billot ont finalement décidé le 11 janvier dernier de communiquer leur dossier au procureur de la République, sans qu’aucune mise en examen n’ait eu lieu. Ce n’est pas une surprise puisqu’en mars dernier, déjà, l’avocat de la défense, Me Tamalet, prédisait la relaxe pour le maréchal des logis J., qui avait alors été placé sous le statut de témoin assisté.

Désormais, un délai légal de plusieurs mois est nécessaire avant la validation par le procureur. Par ailleurs, les avocats de la famille peuvent faire des demandes d’actes complémentaires, bien que ces demandes aient été jusqu’ici peu suivies par les juges. En l’état, l’instruction sur la mort de Rémi Fraisse sur le chantier illégal du barrage de Sivens en octobre 2014, s’oriente donc vers un pur et simple non-lieu.

Une issue qui désespère le père de Rémi, Jean-Pierre Fraisse : « Il y a quand même eu mort d’homme, à 20 ans, c’est presque encore un enfant. C’est tellement absurde ce qu’il s’est passé, vous le savez bien à Reporterre, avec le travail que vous avez mené, il ne se passait rien à l’endroit où était Rémi quand il a été tué par les gendarmes. C’est surréaliste qu’on s’achemine vers un non-lieu. »

Pourtant, plusieurs rebondissements pourraient venir bousculer ce scénario. En effet, ce mercredi 18 janvier, les avocats de la partie civile viennent de déposer une plainte pour "faux témoignages" contre trois gendarmes interrogés dans le cadre de l’enquête sur la mort de Rémi Fraisse : le maréchal des logis J., jusqu’ici principal mis en cause, le major A., commandant du peloton qui se trouvait à proximité de Rémi Fraisse et le commandant L. du groupement tactique de gendarmerie déployé ce soir-là. Trois personnages clefs dans la compréhension des évènements et dans la chaîne de commandement militaire présente sur place.

« Il y a des contradictions flagrantes entre les différentes auditions de militaires, dit Jean-Pierre Fraisse, ce sont des personnes assermentées qui changent de version entre leurs auditions. »

Ces plaintes ont été déposées auprès du tribunal de grande instance de Paris, une stratégie des avocats de la famille pour "délocaliser l’affaire de Toulouse à la capitale" explique l’un des avocats de la partie civile, Me Alimi. Jean-Pierre Fraisse remarque en effet que "Toulouse est un petit village. C’est très difficile de mener une enquête dans des conditions apaisées et sereine."

Parallèlement, à Toulouse, deux autres plaintes sont lancées. La première concerne l’Inspection générale de la Gendarmerie Nationale (IGGN). C’est elle qui avait été chargée par les juges d’instruction de mener les auditions de l’ensemble des témoins, à partir de janvier 2015 jusqu’au printemps dernier.

Or, l’un des enquêteurs, le capitaine M., chef de la section de recherche de Toulouse, est aujourd’hui accusé de "subornation de témoins". C’est justement ce capitaine qui avait été identifié par plusieurs témoins à qui nous avions donné la parole et qui dénonçaient des pressions psychologiques au cours de leur audition, notamment concernant un point clef : la présence de gendarmes en dehors de leur zone d’opération au moment de la mort de Rémi Fraisse.

Enfin, une troisième plainte est en cours de dépôt à Toulouse contre le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, accusé d’homicide involontaire. Ce serait ainsi le premier responsable civil mis en cause dans la chaîne de commandement des opérations de gendarmerie du 25 octobre 2014. Malgré des demandes répétées, les juges d’instruction toulousaines n’ont jamais accepté d’entendre ni M. Gentilhomme, ni son directeur de cabinet, Yves Mathis, qui était alors en charge du dossier Sivens. Ce sont pourtant eux qui représentaient l’autorité de l’Etat dans le département au moment des faits.

En décembre dernier, dans son rapport, le défenseur des droits pointait justement le « manque de clarté et les incompréhensions entourant les instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité civile ». Surtout il expliquait que l’absence de toute autorité civile ce soir-là, au milieu « d’une situation tendue et violente, n’est pas admissible ».

    Affaire de la caravane : le gendarme mis en examen par la justice


Par ailleurs, mardi 17 janvier, Me Viargues, juge d’instruction toulousaine, a décidé de placer en examen le gendarme qui avait lancé une grenade dans une caravane occupée, le 7 octobre 2014. Mis en cause dans l’affaire Elsa Moulin, ce gradé du Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie d’Albi avait en effet lancé à sa propre initiative une grenade de désencerclement (DMP) dans une caravane occupée par plusieurs zadistes, située sur un terrain alors non-expulsable. Elsa Moulin, l’une des occupantes, avait tenté de repousser cette attaque en renvoyant la grenade qui lui avait explosé dans la main, lui causant une grave blessure.

Après deux années de silence, la justice s’intéresse au sort de la jeune femme, le gendarme du PSIG est poursuivi pour "violences avec armes par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entrainé une ITT supérieure à 8 jours". Jointe par téléphone, l’avocate de Mme Moulin, Claire Dujardin nous explique que "l’usage d’une grenade de désencerclement était non seulement injustifié mais également illégal" au regard de la loi. Même l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale avait conclu dans son rapport sur les opérations de maintien de l’ordre à Sivens que cette affaire constituait bien un "manquement à la déontologie". Pourtant, dans son audition, le gendarme accusé maintient n’avoir pas voulu jeter la grenade dans la caravane malgré les preuves vidéo et les nombreux témoignages.

Une nouvelle plainte relance l’affaire Rémi Fraisse




Une plainte pour « faux témoignages » visant des gendarmes mobiles vient d’être déposée par la famille de Rémi Fraisse. Aucune mise en examen n’a été prononcée après la mort du jeune homme en 2014 à Sivens, et l’enquête s’achève. Un gendarme vient en revanche d’être poursuivi pour « violences volontaires » après avoir blessé une jeune fille avec une grenade sur le même site.

Un nouveau front judiciaire va s’ouvrir dans l’affaire Rémi Fraisse, qui est enlisée depuis maintenant plus de deux ans. Selon des informations obtenues par Mediapart, une plainte pour « faux témoignages » a été déposée au tribunal de grande instance de Paris, ce mercredi 18 janvier au matin, par les avocats de la famille de Rémi Fraisse. Cette plainte vise les dépositions successives effectuées par plusieurs gendarmes mobiles impliqués à des degrés divers dans la mort du jeune manifestant à Sivens (Tarn), le 26 octobre 2014. Affectés à l’escadron de gendarmerie mobile de La Réole (Gironde), ces militaires étaient déployés sur le site du projet de barrage la nuit des faits ; ils ont été interrogés par leurs collègues de la section de recherches de Toulouse, puis ceux de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) et, enfin, par les juges d’instruction.

Cette nouvelle plainte (avec constitution de partie civile), rédigée par l’avocat parisien Arié Alimi, vise à empêcher un enterrement du dossier Rémi Fraisse, tué à 21 ans par la grenade offensive d’un gendarme mobile à Sivens. Elle est déposée quelques jours après que les juges d’instruction Anissa Oumohand et Élodie Billot, du tribunal de grande instance de Toulouse, ont fait savoir, le 11 janvier, qu’elles avaient achevé leurs investigations (article 175 du code de procédure pénale). Les différentes parties ont encore un délai de trois mois pour formuler des observations et faire des demandes d’acte, mais une prochaine clôture du dossier par une ordonnance de non-lieu des juges toulousaines semble très probable, selon les spécialistes du dossier.

Par ailleurs, la famille Fraisse doit également déposer ce 18 janvier un complément de plainte au tribunal de Toulouse pour homicide involontaire à l’encontre de l'ancien préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, et de son ex-directeur de cabinet, le sous-préfet Yves Mathis. Cette plainte vise également un gendarme, le capitaine M., qui a conduit l’enquête sur la mort de Rémi Fraisse, et qui est accusé de subornation de témoin.
 
Aucune mise en examen n’a en effet été prononcée depuis la mort de Rémi Fraisse, dans ce dossier de « violence par une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « meurtre », et « violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Les deux juges d’instruction toulousaines ont choisi de placer plusieurs protagonistes sous le statut de témoin assisté (à mi-chemin entre le mis en examen et le simple témoin).

L’auteur du lancer de grenade létal, le maréchal des logis-chef J., a été interrogé sous le statut de témoin assisté le 18 mars 2016. « Je voudrais vous dire, avant de poursuivre et d'aborder la nuit des faits, toute la tristesse qui est la mienne suite à cet accident dramatique et qui me ronge tous les jours, ainsi que le sentiment d'injustice », a notamment déclaré le militaire. « Ce drame a touché un jeune de 21 ans qui avait tout l'avenir devant lui et qui avait trouvé sa voie, j'y repense tous les jours. Je suis entré en gendarmerie pour protéger les personnes, et c'est quelque chose qu'on ne souhaite pas voir se produire. »

Après lui, le major A., le capitaine J. et le capitaine L., tous membres du même escadron de gendarmerie mobile, ont également été placés sous statut de témoin assisté. Le lieutenant-colonel Rénier, qui commandait à l’époque le groupement de gendarmerie du Tarn, ainsi que son adjoint, le lieutenant-colonel Andreani, ont en revanche été entendus sous le statut de simple témoin.

La nouvelle plainte de la famille Fraisse est déposée au tribunal de Paris en raison de sa compétence spécialisée en matière militaire. Elle vise trois gendarmes mobiles (le capitaine L., le major A. et le maréchal des logis-chef J.) qui auraient dénaturé et omis des faits lors de leurs différentes dépositions, ce de façon intentionnelle, portant ainsi préjudice à l’établissement de la vérité et à la recherche d’une bonne justice, selon la plainte de Me Alimi.

Le capitaine L. se voit ainsi reprocher d’avoir modifié sa version initiale des ordres reçus de la préfecture du Tarn et du groupement de gendarmerie concernant l’utilisation de la violence légitime à Sivens, ce pour dégager sa propre responsabilité. Le major A. aurait pour sa part effectué un revirement délibéré, assumant dans un premier temps l’ordre donné de lancer une grenade offensive vers les manifestants, avant de dire finalement qu’il ne s’agissait pas d’un ordre direct, ce pour les mêmes raisons que son collègue. Enfin, le maréchal des logis-chef J. se voit reprocher plusieurs changements de version sur l’ambiance qui régnait à Sivens, sur l’éclairage ainsi que l'observation de la zone où il a lancé la grenade offensive, sur les sommations, sur les ordres reçus et enfin, sur le lancer fatal lui-même.

Les avocats de la famille Fraisse (Arié Alimi, Claire Dujardin et Étienne Noël) avaient, le 28 juin 2016, déjà soulevé auprès des juges d’instruction de Toulouse les zones d’ombre du dossier et des contradictions dans les dépositions des gendarmes, mais leurs demandes d’acte avaient été rejetées par les juges le 22 juillet, puis par le président de la chambre de l'instruction le 24 août.
La partie civile demandait une confrontation avec le gendarme J., qui a donné plusieurs versions différentes de son lancer de grenade et des instants qui l’ont précédé, notamment quand il a observé les manifestants avec des jumelles à intensification de lumière. Certains témoins ont par ailleurs déclaré que Rémi Fraisse avait ce soir-là une attitude pacifique et s’avançait les mains en l’air vers les gendarmes quand il a été touché mortellement par une grenade offensive.

Les avocats de la partie civile estiment en outre que si ce gendarme a pu commettre une faute d’imprudence ou de négligence, c’est en raison des ordres reçus de sa hiérarchie. Ils soutiennent que la responsabilité pénale des sous-officiers et officiers qui étaient chargés de la manif de Sivens peut être recherchée. Or le major A. a d’abord indiqué avoir donné l’ordre de lancer la grenade offensive, puis a indiqué, dans un second temps, qu’il ne s’agissait que d’un ordre indirect.

Les défenseurs de la famille Fraisse estiment enfin que des contradictions sont apparues entre les consignes de maintien de l’ordre données ce soir-là par les officiers opérationnels, la préfecture du Tarn et la Direction générale de la gendarmerie nationale (ministère de l’intérieur), et que le cadre juridique d’intervention des gendarmes mobiles à Sivens n’était pas clairement défini, ce qui pourrait engager la responsabilité de la préfecture du Tarn.

Dans un rapport du 25 novembre 2016, le Défenseur des droits a pointé la responsabilité du préfet du Tarn en poste fin 2014 : il constatait « le manque de clarté et les incompréhensions entourant les instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité civile, préfet et commandant du groupement de gendarmerie départementale, ainsi que les incertitudes sur l’état d’esprit dans lequel elles devaient assurer leur mission : fermeté ou apaisement, entre défense de la zone ou riposte ou retrait des militaires »…

Le Défenseur des droits estimait également « qu’en l’absence de l‘autorité civile, à partir de 21 h 30, le choix de l’adaptation des objectifs et du dispositif à mettre en œuvre, malgré ce flou, a été laissé à la seule appréciation de la hiérarchie opérationnelle sur le terrain ». En clair, les gendarmes ont été placés dans une situation où ils ont fait usage de la force pour défendre une « zone de vie » qui ne présentait pas grand intérêt, jusqu’au drame.

Un gendarme confondu par un enregistrement vidéo

Dans une autre procédure judiciaire, le gendarme V., qui avait grièvement blessé Elsa Moulin, une jeune militante anti-barrage, a été mis en examen le 17 janvier 2017 pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours », selon des informations obtenues par Mediapart. Ce gradé était entendu par les deux juges d’instruction toulousaines dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en janvier 2015. La jeune femme blessée s'était réfugiée dans une caravane avec trois autres jeunes zadistes, avant qu'un gendarme du peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Gaillac ne prenne le risque fou de lancer une grenade de désencerclement à l'intérieur (voir notre reportage).

Après huit mois d’enquête, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a conclu, dans un rapport de synthèse du 15 septembre 2016, que « l’infraction de violences volontaires aggravées peut être retenue à l’égard du maréchal des logis-chef V. ». « Aucun élément de l’enquête n’accrédite la légitimité du jet de la grenade dans la caravane par ce gradé, note le rapport. Par ailleurs, il est indéniable que les blessures subies par Elsa Moulin ne peuvent avoir été causées que par l’explosion de la grenade, au moment où elle a voulu la saisir. »

Les grenades DMP (pour dispositif manuel de protection) projettent 18 palets en caoutchouc dans un rayon d'environ dix mètres, avec une détonation de 150 décibels. Disposant d’un retardateur de 1,5 à 2,5 secondes, cette arme intermédiaire est prévue « pour s’extraire d’un encerclement ou d’une prise à partie par des groupes violents ou armés ». Selon le capitaine de l’IGGN chargé de l’enquête, si son utilisation « peut se justifier pour l’approche d’un groupe de plusieurs opposants, tel n'est pas le cas s'agissant de l'évacuation d'une caravane dont les occupants ne sont pas agressifs ».

Son rapport souligne cependant la « fatigue physique et morale des gendarmes du Tarn face au harcèlement moral et physique continu » des zadistes. Âgé de 47 ans, le gendarme exerce toujours au sein du PSIG de Gaillac, l’équivalent en gendarmerie des brigades anticriminalité de la police. Alors que l'IGGN, dans son rapport du 2 décembre 2014, estimait qu'il avait « commis une faute d'appréciation qui doit être sanctionnée au plan professionnel », il n'a subi aucune sanction administrative, selon l'un de ses avocats, Me Alexandre Martin. « Les faits reprochés sont très loin de son profil, et ses supérieurs ont estimé qu'au vu de sa carrière exemplaire, il n'y avait pas lieu de le suspendre », explique l'avocat.

Voir ci-dessous la vidéo qui a confondu le gendarme :



Présente par intermittence sur la ZAD de Sivens, Elsa Moulin, une éducatrice spécialisée de 25 ans, s’était ce jour-là réfugiée dans une caravane avec trois autres militants. Elle avait tenté de rejeter la grenade lancée par le gendarme, pensant qu’il s’agissait d’une lacrymo. L’enquête de l’IGGN confirme point par point le récit des faits qu’elle avait livré à Mediapart en octobre 2014. 

Quand les pompiers, appelés à 15 h 40 par une militante, l’ont prise en charge, la jeune femme pleurait « à la fois de douleur et d’émotion », se souvient l’un d’eux. Souffrant d’un « traumatisme par blast de la main droite », la jeune militante avait été opérée en urgence à Albi le soir même, puis transférée à Toulouse. Elle a dû subir de multiples séances de caisson hyperbare et de kinésithérapie pour rééduquer sa main. Elsa Moulin souffre toujours d’un « état de stress post-traumatique », selon l’expertise réalisée en novembre 2016, à la demande de la justice, par un médecin légiste et une psychologue.
Depuis sa première audition dans le cadre d’une enquête disciplinaire, en novembre 2014, le gendarme V., aujourd’hui âgé de 47 ans, nie avoir lancé la grenade dans la caravane. Contre toute évidence, il maintient avoir visé un groupe de zadistes qui seraient arrivés à sa gauche « renforcer les occupants de la caravane ». « Comme ils étaient trop près, j’ai pris une DMP et je l’ai jetée en me déplaçant […] en direction de l’herbe, en direction des zadistes », assure-t-il face aux deux enquêteurs de l’IGGN venus à Toulouse, en juin 2016, l’entendre en audition libre. Il n’aurait pas vu où la grenade était tombée, ni où elle a explosé, « deux carences […] d’autant plus surprenantes que ce militaire est présenté comme un bon professionnel », s’étonne l’IGGN. Les occupants de la caravane seraient ensuite sortis sans aucune récrimination.
Et il les aurait escortés hors de la Gazad, sans jamais remarquer qu’une jeune femme avait été grièvement blessée à la main.
Le gendarme V. prétend, lui, n’avoir découvert cette blessure qu’un mois plus tard, en novembre 2014. C’est-à-dire un mois après la plupart de ses collègues qui, auditionnés, ont affirmé avoir appris le soir même qu’une opposante avait été blessée par une grenade.
À la suite de l’intervention des pompiers, la cellule de renseignement de la gendarmerie Midi-Pyrénées est, quant à elle, informée dès 16 h 48 qu’« une opposante a été blessée à la main par une grenade DMP » et souffre d’un « gros traumatisme à la main ».

Manifestement, les chefs de la gendarmerie prennent l’affaire très au sérieux. À 18 h 39, un lieutenant-colonel de la région gendarmerie Pyrénées demande au PSIG de Gaillac un décompte des grenades tirées dans la journée et, à 19 h 58, il fait appeler l’hôpital d’Albi pour s’enquérir de l’état de la jeune fille.
La version du gendarme V. est contredite par une vidéo de la scène, mise en ligne sur YouTube par un zadiste, et les déclarations de plusieurs des autres gendarmes présents. L’analyse de la vidéo par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) est particulièrement cruelle pour le gendarme. Contrairement aux accusations de plusieurs gendarmes auditionnés sur les zadistes « adeptes des montages vidéo », l’IRCGN dément toute manipulation de la vidéo et conclut au passage à travers la fenêtre de la caravane d’un « objet » avec une « légère fumée », puis d’un « flash lumineux » correspondant à une explosion.

« La vidéo ne montre pas le maréchal des logis observer une menace venant sur la gauche », relève l’IGGN. On entend en revanche à plusieurs reprises le gendarme inciter les jeunes à quitter la caravane : « Allez, dégagez, à trois je vous laisse partir », avant de sortir une grenade de son gilet tactique et d’entamer un décompte : « Trois, quatre, je vous laisse partir, vous avez le choix. […] Sept, huit, sortez ! » tandis que les occupants tentent de négocier et hurlent : « C’est pas expulsable, putain ! » Les occupants de la caravane « se sont sentis directement menacés par la sortie de grenade et le décompte », constate l’IGGN. Et « le fait que les occupants de la caravane en soient sortis sans faire de récriminations est contredit par la vidéo », poursuit-elle. On y entend en effet clairement un cri de douleur juste après l’explosion, puis un jeune homme hurler : « Nan mais ça va pas nan !!! Ça va pas nan !! Ça va pas la tête ? »

Sur la trentaine de gendarmes auditionnés par l’IGGN, aucun n’a vu d’opposants s’approcher de la caravane. « Le sens de progression des supposés opposants implique qu’ils aient transpercé la vague de refoulement, souligne l’IGGN. Or celle-ci était étanche selon les gendarmes la composant. » Et les trois gendarmes locaux, postés en arrière-garde, « dont la mission était justement de détecter toute menace, n’ont pas vu des opposants s’approcher », précise l’IGGN. En revanche, ces trois gendarmes ont bien entendu une forte détonation. L’un d’eux, qui a vu sortir « en gueulant » les occupants de la caravane, s’en étonne auprès du maréchal des logis-chef V. « Il était assez tendu, il m’a répondu quelque chose comme “Je sais ce que je fais” », relate le gendarme, entendu en avril 2016 par les enquêteurs de l’IGGN.

La scène leur est confirmée par un ex-gendarme de Rabastens : « On a entendu crier dans une caravane, je me suis demandé ce que V. faisait tout seul là. […] V. me semblait très énervé […] le troisième gendarme qui était avec nous a demandé à V. ce qu’il avait fait. V. lui a répondu “Je sais ce que j’ai à faire”. C'est là que je me suis dit que V. était sur les nerfs. » Selon l’IGGN, ce « refus d’explication » du gendarme auprès de ses collègues « accrédite l’hypothèse d’un acte illégitime ».

Un gendarme : « On faisait un peu n’importe quoi »


Le gendarme V., entendu en audition libre en juin 2016, reste droit dans ses bottes. « Rien ne corrobore votre version, s’agacent les enquêteurs. Comment expliquez-vous les blessures occasionnées à une occupante de la caravane ? » « Je ne saurais vous dire, élude le gendarme. Ils fabriquaient tellement d’explosifs avec des canettes de bière que quand cela explosait, ça faisait des vapeurs vertes, des cocktails Molotov, des pétards, des tubes en PVC. » Quand les enquêteurs lui demandent s’il n’existait pas une autre solution au tir d’une grenade de désencerclement, le gradé se braque : « Désobéir à ma mission et partir en courant. Cela aurait été laisser le terrain aux zadistes. » Dans son rapport de synthèse, l’IGGN conclut que cette « attitude étonnante » du mis en cause, qui ne « cherche pas à expliquer ces contradictions », peut correspondre à « une stratégie de défense prédéfinie ».

Ce 7 octobre 2014, environ 35 gendarmes locaux et des PSIG de Gaillac, Albi et Castres avaient pour mission d’évacuer la zone dite de Gazad, en aval du chantier du barrage, pour permettre l’enlèvement du camping-car d’un zadiste par un dépanneur. Les zadistes, dont Elsa Moulin, qui dormaient à la métairie neuve, se souviennent d’avoir été réveillés par l’arrivée des gendarmes braquant leur Flashball sur eux, alors qu’ils étaient encore dans leur duvet. Scène ordinaire d’une confrontation quotidienne entre gendarmes et opposants au barrage, qui s’était intensifiée avec le début du déboisement, fin août 2014.
L’enquête sur la blessure d’Elsa Moulin éclaire l’état d’esprit des gendarmes et le degré de violence qui existait à Sivens, une semaine avant la mort de Rémi Fraisse. Les gendarmes des brigades territoriales soulignent l’« usure » de leurs collègues PSIG employés depuis deux mois et demi en permanence à Sivens et un « énervement des deux côtés ». « Tout le monde en avait plein les bottes. Nous devions tenir le terrain mais nous n’étions pas équipés, pas entraînés pour cela », résume un gendarme de la brigade territoriale de Rabastens. L’IGGN juge les témoignages de ces gendarmes locaux « plus précis et objectifs que ceux des PSIG » qui, confrontés depuis des semaines au « harcèlement continu des opposants les plus virulents », ont développé une « vision des choses partiale ».

Les agents des PSIG auditionnés racontent « un rythme de travail très difficile » – des « journées de 17 à 18 heures » – et l’absurdité de leur mission – reprendre chaque matin le terrain perdu la nuit. « Il s’agissait de mission de maintien de l’ordre et parfois de rétablissement de l’ordre, c’est-à-dire les mêmes missions qu’en gendarmerie mobile sans le matériel, ni la formation », regrette un sous-officier du PSIG d’Albi. « Sur ce coup-là, j’ai eu le sentiment que nous avons travaillé pour une entreprise plus que pour l’État, déplore un gradé de la brigade de recherche de Gaillac. Nous repoussions les zadistes pour que les entreprises puissent travailler et le soir on laissait le terrain aux zadistes. Cela tous les jours, à force c’est lassant. »

Désormais retraité, un gendarme de Rabastens se lâche et reconnaît qu’un tipi a été saccagé le 7 octobre par ses collègues. « Je me demande même si un gars du PSIG n’y a pas mis le feu. C’est là que je me suis dit qu’on faisait un peu n’importe quoi. » Le même jour, le commandant du PSIG d'Albi est filmé en train de donner des coups à un opposant se trouvant au sol.


La hiérarchie elle-même prend ses aises avec la légalité. Appelé le 7 octobre pour réaliser la mise en fourrière du camping-car, un gendarme de Rabastens objecte à son supérieur que sur un terrain privé il existe une longue procédure à respecter, avec lettre de mise en demeure au propriétaire du véhicule, qui dispose alors d’un délai de dix jours pour réagir. « Le chef d'escadron n'était pas d'accord sur cette procédure, relate le gendarme, spécialiste des infractions routières. Du coup, le chef d'escadron L. [commandant de la compagnie de gendarmerie de Gaillac – ndlr] a appelé le procureur, monsieur Derens [le procureur d’Albi – ndlr], qui lui dit “allez-y, je vous couvre” ».

C’est ce même supérieur qui, ensuite, n’a pas jugé utile de sanctionner le gendarme V., allant jusqu’à nier l’évidence pour mieux le soutenir. « Le chef V. m'a indiqué, après la diffusion de la vidéo, les circonstances dans lesquelles il avait dû employer cette grenade, à savoir l'arrivée d'un groupe d'opposants se dirigeant vers Gazad, tranche le chef d’escadron L., entendu par l’IGGN en mars 2016. Je n'ai pas de raison de mettre en doute ce qu'il dit. » Très apprécié par ses chefs et ses collègues, le gendarme de 47 ans est décrit comme « professionnellement carré et rigoureux ». « Avec lui, je partirais à la guerre, lâche un de ses subordonnés du PSIG de Gaillac. Il travaille toujours en sécurité. Je ne l’ai jamais vu faire preuve de violence gratuite. »

Ses supérieurs, le chef d’escadron L. et le lieutenant-colonel Rénier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, ont même soutenu au départ que la vidéo montrant V. en train de lancer la grenade aurait été tournée le 8 octobre, et non le 7. « L'évacuation par les pompiers d'une femme blessée à la main par une grenade étant datée du 7 octobre 2014, le colonel Rénier est en conséquence dubitatif sur le fait que la jeune femme visible sur la vidéo ait été blessée », note l’IGGN. S’agit-il une tentative d’enfumage pour minimiser le geste fautif de leur subordonné ?

Curieusement, le décompte des munitions, remis par la gendarmerie du Tarn aux enquêteurs de l’IGGN, affirme qu’aucune grenade DMP n’aurait été « consommée » le 7 octobre. Quant à la caravane, elle a été enlevée dès le 8 octobre par un dépanneur du coin, puis détruite sans plus de formalités. Selon le responsable de la casse, la gendarmerie leur aurait simplement demandé de « foutre cela en l’air ». Le dépanneur, lui aussi entendu par l’IGGN, se souvient d’avoir reçu la réquisition d’enlèvement de la caravane « seulement trois ou quatre mois après », un délai inhabituel. N’en restent que les images filmées le soir même et jamais diffusées par deux journalistes pour M6, montrant un matelas perforé par une explosion et des galets en caoutchouc. Sans l’émoi provoqué par la vidéo filmée par un zadiste, la gendarmerie s’en serait donc fort probablement tenue à la version mensongère du gendarme incriminé.
Michel Deléan et Louise Fessard Médiapart

Samedi 21 janvier



Infos du 23 au 31 janvier

Lundi 23 janvier


Bure 

 

Ce matin l’ANDRA a essayé de passer en force dans le bois Lejuc, les machines ont été repoussées mais les opposant-e-s craignent l’expulsion. Ils appellent à venir sur place, à diffuser l’info et à organiser des actions de soutien partout du 14 au 18 février et surtout à venir nombreux-ses pour une journée de mobilisation le 18 février
Voir le site vmc.camp pour plus d’infos.

L’Andra tente d’expulser les opposants du bois Lejuc, à Bure


La tension monte à Bure. Lundi matin 23 janvier, l’Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) a tenté de reprendre la main sur le bois Lejuc, occupé depuis 6 mois par des opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires, Cigeo. Plusieurs barricades ont été détruites par des pelleteuses et des bulldozers. 
Les vigiles de l’Andra ont tenté de repousser violemment les occupants qui habitent dans le bois. Certains de ceux-ci se sont réfugiés à la cime des arbres dans des cabanes perchées à une vingtaine de mètres de hauteur. Les agents de l’Andra ont finalement rebroussé chemin face à l’obstination des opposants qui ont mis leur corps entre les machines et les barricades. Une militante a été blessée et a décidé de porter plainte contre les vigiles.


L’actualité risque d’être pressante à Bure dans les jours prochains. Mercredi 25 janvier, les occupants sont convoqués au Tribunal de Grande instance de Bar le Duc en vue de leur expulsion. Ils appellent à venir sur place en soutien. Du 14 au 18 février, ils organisent une semaine d’actions contre Cigeo. Le 18 février une manifestation d’ampleur nationale est également prévue.
Source : courriel à Reporterre

Vendredi 27 janvier


Éolien industriel : un vent frondeur souffle sur l’Aveyron

Le 21 janvier dernier, une constellation d’associations a manifesté à Rodez, dans l’Aveyron, son opposition aux multiples projets d’éolien industriel prévus dans la Région.
  • Rodez (Aveyron), reportage
Sourires, fanfare, chansons : l’ambiance est chaleureuse, sous un doux soleil d’hiver, ce 21 janvier 2017 dans le chef-lieu du Rouergue. Au beau milieu de passants affairés pendant les soldes dans les magasins huppés du cœur bourgeois de Rodez, c’est un cortège relativement imposant et bigarré qui s’élance. Venus de toute la région Occitanie, Hérault, Tarn, Aveyron, mais aussi de l’Aude et l’Ariège, ils ont un mot d’ordre commun : « Non à l’éolien industriel ».
En tête, menant plusieurs chars et scandant des slogans franco-occitans, les militants sud-aveyronnais de l’Amassada. Jeunes, très dynamiques, ils sont l’une des forces motrices de ce mouvement. Et pour cause, ce sont eux qui, depuis maintenant deux hivers, ont construit une cabane sur les lieux d’implantation d’un transformateur électrique sur cinq hectares dans la commune aveyronnaise de Saint-Victor-et-Melvieu.
Ce collectif s’illustre notamment par la diversité de ses actions, souvent teintées de bonne humeur et de portée symbolique. Dernier fait d’armes : l’irruption d’une cinquantaine de personnes en pleine réunion du parc naturel régional des Grands-Causses au moment du vote du schéma de cohérence territoriale, le 2 septembre 2016.
L’envahissement lors de la réunion du parc.
L’occasion de semer la zizanie dans la salle et de jeter une préparation à base de betterave au visage du président du parc, Alain Fauconnier. Un évènement qui fit les gorges chaudes de la presse locale, et qui occulta quelque peu la « semaine du vent » qui avait précédé, temps d’échanges et de réflexions entre différentes luttes (No-TAV, ligne THT en Haute-Durance…) et présentations d’initiatives alternatives dans la région.

    Absence de démocratie et de concertation

Aujourd’hui, l’inspiration est plus celle du carnaval, avec des chars improvisés, une piñata à l’effigie de quelques édiles locaux et des caddies transportant des sacs de terre et de feuille mortes « pour enterrer leur projet ». Pour Jordi, l’un des membres du collectif de l’Amassada, le lien entre le transformateur de Saint-Victor et « l’éolien industriel » est clair : « S’ils construisent le transfo, ça leur permettra d’autant plus de développer l’éolien en Aveyron et dans les départements voisins. »
Jordi : « S’ils construisent le transfo, ça leur permettra d’autant plus de développer l’éolien en Aveyron et dans les départements voisins. »
Mais si l’Amassada récoltait la palme du dynamisme, le cortège était pour l’essentiel constitué de la myriade de petites associations locales qui se battent contre leur projet éolien. On y retrouve tout le panel des griefs contre le développement de ce type d’énergie. En premier lieu  : les questions paysagères, chères au cœur de Didier Pacaud, de l’association Sauvegarde des maisons et paysages du Tarn. Lui qui siège à la commission des sites à la préfecture du Tarn constate avec dépit l’impuissance des citoyens contre ces projets. « L’élu d’une commune vote pour le projet de l’élu voisin et le voisin soutient ensuite le projet sur la commune du premier. Ils se tiennent tous. »
Autres arguments évoqués : l’absence de démocratie et de concertation, comme dans la commune aveyronnaise de Bertholène, où étaient prévues six éoliennes dans une zone forestière d’importance. La population est majoritairement opposée au projet, l’enquête publique a conclu un avis défavorable et le préfet du département a fini par refuser le projet au printemps dernier. Pourtant, le promoteur, la société Vents d’Oc, sous-filiale de la société allemande cotée en bourse MVV Energie, attaque désormais l’arrêté préfectoral en justice. Pour Pierre Van Ommeslaeghe, président de l’Association Sauvegarde des Palanges, cela montre bien qu’ils « ne sont pas là pour apporter une richesse, mais pour prendre leur intérêt propre ».
Toujours dans l’Aveyron, à Séverac-le-Château, Bruno Ladsous, de l’association Protégeons nos espaces pour l’avenir, évoque avec colère : « Une unique réunion d’information il y a deux ans où seuls les propriétaires concernés par le projet éolien ont été invités. Depuis, le maire refuse de recevoir notre association, comme de répondre à nos courriers et il s’en vante publiquement. » Pour M. Ladsous, ancien DRH et coach en entrepreneuriat, l’éolien « ce n’est que de la finance ».
Bruno Ladsous : « Le maire refuse de recevoir notre association, comme de répondre à nos courriers et il s’en vante publiquement. »
En l’occurrence, le porteur du projet est le groupe Valeco, déjà présent dans le Tarn, sur les monts de Lacaune, dans le Haut-Languedoc. Sur ce plateau frontalier avec l’Aveyron, déjà plus de trente mâts sont installés et de nouveaux projets sont prévus. « C’est comme s’ils ceinturaient toute la zone, explique Jacques, un habitant inquiet. C’est la première fois qu’on implante à grande échelle une industrie sur des zones de montagnes. Mais, nous, notre seule richesse c’est cette nature. » Propriétaire d’un gîte, il relate les coups de téléphone des touristes qui lui disent désormais de but en blanc : « Si c’est pour avoir des éoliennes qui clignotent devant la fenêtre, non merci ! »
Plus rares, mais présents également, des professionnels intéressés à la préservation de l’environnement. Ainsi, Vincent Romera, écologue et ornithologue, réalise des études d’impact pour les projets éoliens. À l’instar d’autres associations de protection des oiseaux, il dénonce les ravages de la multiplication des projets sur les populations fragiles. « Le problème, c’est le cumul des risques entre destructions des haies, lignes à haute tension et la multiplication des mâts éoliens sur les couloirs de migration. »
Les grands rapaces, comme le vautour fauve, espèce protégée, sont particulièrement exposés. Des chercheurs de l’université de Brandebourg, en Allemagne, s’évertuent à compiler toutes les données disponibles sur l’impact des éoliennes sur des oiseaux et des chauves-souris depuis le début des années 2000.
Selon leurs données, en Espagne, près de 2.000 vautours fauves ont été tués en une décennie par des aérogénérateurs. Un nombre qui doit être mis en relation avec les 24.000 couples recensés en 2008 dans la péninsule ibérique, où niche la plus importante population d’Europe. En France, à ce jour, seule une dizaine de cas ont été recensés, notamment dans l’Hérault.

    « Violences aggravées avec jets de feuilles » 

Comme souvent dans les discussions sur l’éolien, il reste difficile de démêler le vrai du faux, les arguments sur les problèmes réels et les extrapolations et confusions faites par des militants de bonne foi. Toute initiative des promoteurs est entachée de soupçons, de tentative de passer en force. Une attitude renforcée par les promoteurs eux-mêmes lorsqu’ils refusent de fournir aux militants le nom des bureaux réalisant les études d’impacts ainsi que les données, qui restent désespérément privées.

Reste la question, souvent posée, du nucléaire. En off, certains admettent : « C’est vrai qu’il y a de tout dans les anti-éoliens, y compris des défenseurs farouches du nucléaire. » Exemple avec la Fédération environnement durable, le regroupement national de nombreuses associations opposées à l’éolien parrainé par des figures aussi peu écolos que Marcel Boiteux, ancien PDG d’EDF ou Christian Gérondeau, qui préside l’Automobile club de France.
Mais beaucoup de militants refusent d’être enfermés dans l’alternative entre énergies renouvelables et nucléaire, comme Nelly : « La transition énergétique, ça n’existe pas. C’est simplement de l’accumulation énergétique. On ajoute aux centrales nucléaires des énergies renouvelables, pour produire toujours plus. » Pour Victor (prénom modifié), un autre membre de l’Amassada, « c’est toute une logique qu’on remet en cause ». Et de mettre en balance « d’un côté, la circulation libre et encouragée de l’énergie comme marchandise, partout et sans raison » et de l’autre, « le contrôle aux frontières de la circulation des êtres humains ». Pour ces militants, l’éolien s’inscrit bien dans une critique globale de l’État et du capitalisme. Une critique teintée d’inspirations libertaires et des dynamiques autonomes, avec les mouvements ZAD et No-TAV, mais une lutte ancrée, fortement marquée par son territoire, aveyronnais et occitan, comme en témoigne l’utilisation de visuels beaucoup plus proches de ceux des fêtes de villages du Sud-Ouest.

Cette pluralité de sources leur permet de se retrouver ainsi au côté de personnes loin de partager leur vision du monde, mais qui luttent avec eux contre ces éoliennes « industrielles ».
C’est unie que cette joyeuse troupe termina son parcours devant la préfecture, dans une atmosphère un peu plus tendue. Une action de dépôt de terre et de compost « pour enterrer symboliquement les projets » éoliens a occasionné quelques réactions immédiates des forces de l’ordre, avec jets de gaz lacrymogènes sur les plus âgés comme les plus jeunes, qui ont pu goûter ainsi le charme piquant du gaz au poivre dans les yeux. L’occasion aussi pour trois pandores de se retrouver les yeux rougis à cause de leurs collègues. Alors que le cortège se dispersait après ce petit évènement, l’un des militants a été interpellé par les gendarmes dans son véhicule. Après une nuit de garde à vue, il est aujourd’hui accusé de « violences aggravées avec jets de feuilles ». Procès attendu au mois de mai, même si certains soupçonnent le vent d’être à l’origine de toute cette affaire.

    À SAINT-VICTOR, LE TRANSFORMATEUR EST ENCORE LOIN D’ÊTRE CONSTRUIT

On l’a appris la semaine dernière, à l’occasion de la venue à Saint-Victor-et-Melvieu du directeur du projet de transformateur chez RTE (Réseau de transport d’électricité, le promoteur du projet) : l’enquête publique, préalable obligatoire au chantier, vient une nouvelle fois d’être repoussée à l’automne 2017. Une annonce qui ne surprend pas après deux reports successifs. Pas de quoi inquiéter pour autant les élus qui soutiennent le projet, Alain Fauconnier, président du parc régional des Grands-Causses, José Bové, député européen et Alain Marc, sénateur, qui étaient reçus début décembre à Paris au ministère de l’Environnement (que nous n’avons pas pu joindre). D’ores et déjà, les militants de l’Amassada ont annoncé qu’ils ne participeront pas à l’enquête publique, une « mascarade ». Leur énergie est plutôt consacrée à construire une seconde cabane, en pierre, et à bâtir petit à petit un véritable hameau de résistance sur la zone même du futur chantier. Parallèlement aux constructions physiques, les opposants ont aussi érigé une « barricade de papier » en créant une indivision : « Au lieu de devoir expulser deux paysans, comme actuellement, ils devront bientôt expulser en plus 136 personnes propriétaires à part entière d’une partie des terres », explique Jordi. Autant de procédures juridiques supplémentaires pour le porteur du projet quand celui-ci tentera de démarrer les travaux.
Lundi 30 janvier

L’Andra tente à nouveau d’expulser les opposants du bois Lejuc, à Bure


La tension continue de monter à Bure (Meuse). Lundi matin 30 janvier, l’Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) a tenté une nouvelle fois de se ré-introduire dans le bois Lejuc, occupé depuis 6 mois par des opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires, Cigéo.
D’après les militants présents sur place, des voitures, une pelleteuse et deux tracteurs sont arrivés au bois Lejuc vers 9h. Des « confrontations physiques » ont ensuite eu lieu entre des agents de l’Andra et des opposants. Les agents « ont tenté le passage en force et ont frappé violemment les opposant-es », décrivent les personnes présentes. D’autres militants se sont accrochés à la pelleteuse pour l’empêcher de passer.
Vers 10h45, les opposant sont libérés, les machines et les agents de l’Andra se sont finalement retirés.
Un huissier était présent, et les agents de l’Andra ont filmé les événements. Un passage en force similaire a déjà eu lieu au bois Lejuc le lundi 23 janvier dernier. Le bois est en effet un lieu stratégique pour l’Andra, qui prévoit d’y implanter la descenderie menant aux galeries de Cigéo et les puits d’aération censés évacuer les gaz radioactifs.
Mardi 31 janvier, le Tribunal administratif de Nancy doit se prononcer sur les irrégularités autour de la cession du bois Lejuc par la commune de Mandres-en-Barrois à l’Andra. Le 29 janvier dernier, un rapporteur public a estimé que la délibération de la mairie de Mandres-en-Barrois relative à l’échange du bois souffrait en effet d’un vice de procédure.
Source  : Vmc.camp et Réseau Sortir du nucléaire - Reporterre.

Mardi 31 janvier


Contre les grands projets :


En Haute Durance, des actions de blocage de chantier ont eu lieu pour empêcher l’installation de lignes à Très Haute Tension, et des associations révèlent les 440 et plus infractions commises par RTE avec les travaux de ces lignes. 










1 commentaire:

  1. Je trouve regrettable de ne pas avoir d'alternative entre lire et seulement lire cette chronique sur un écran où je ne viens qu'une heure ou deux, refusant la connexion chez moi, et l'archiver en PDF pour pouvoir la regarder à tête reposée chez moi.
    Jean Monestier.
    66270 Le Soler 06 83 99 03 25.

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