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jeudi 26 janvier 2017

Témoignage de Cédric Herrou - Pétition

Témoignage de Cédric Herrou inculpé pour avoir aidé des réfugiés dans la Vallée de la Roya

 Lien vers la pétition demandant l'abandon des charges pesant sur Cédric Herrou











Je vis dans la vallée de la Roya, extrême Sud Est français, vallée à l'image d'une Europe populaire, humaine.

La Basse Roya est Italienne et la haute est française.

Nous, habitants de la Roya, passons d'un pays à l'autre sans prêter attention à la frontière.

Je ne suis ni français ni italien, je suis de la vallée de la Roya.

L' État d urgence a eu un impact sans précédent pour notre vallée.

Une race, des peuples, une religion, ont été stigmatisés par une politique populiste, une politique manipulant la masse par la peur de l'autre, la peur de la différence.

Tentant de rejoindre, mari, oncle, sœurs, cousines amies... des femmes, des enfants, des familles, chassés de leur pays d origine par la dictature, la guerre, enfermés, torturés, esclaves en Libye, tous se heurtent à la frontière française.

En majorité d'origine africaine, ils pensaient être dans le pays des « Sages » le pays des Droits de l'Homme, là où les enfants perdus seraient pris en charge. Et bien non ! Arrivés à la frontière, épuisés, souvent blessés par les obstacles sur les routes, ces derniers se font pourchasser comme des chiens par l'armée, la police.

Les enfants non accompagnés doivent, selon la loi française, être pris en charge par l'état français mais rien n'est respecté, les Noirs sont privés de tout droit !

La police française reconduit les enfants en Italie, ou par le train sans titre de transport, cachés de la police italienne, ou dans des véhicules banalisés direction la frontière italienne, encadrés par des policiers en civil.

Près de 300 témoins de ces faits ont porté plainte contre le préfet des Alpes Maritimes, le Président du Conseil Départemental et le Président régional.

Mais aucune poursuite n'a été entreprise par Monsieur Pretre, Procureur de la République au Parquet de Nice : celui-ci refuse d'admettre l'injustice, se rendant complice par son inaction de la mise en danger de ces enfants.

Notre association Roya Citoyenne se sent désarmée face à ces hommes qui détiennent tous les pouvoirs. Pour ces hauts fonctionnaires, représentant la plus haute autorité , les migrants ne sont que des chiffres, un flux, des quotas.

Par contre, nous, habitants de la Roya, ils nous font face et nous croisons leurs regards.
Ils sont là dans notre vallée, ne pouvant se cacher sans notre aide.

Pas besoin d'étoiles jaune, pas besoin d'une quelconque étiquette pour les reconnaître,
ils sont noirs, leur couleur indélébile fait d'eux une cible, La Cible !

Il sont le « défouloir » de tous, on leur reproche d'être de potentiels terroristes, de voler le travail des Français et d'être là simplement pour profiter d un système social.
La frontière a été rétablie contre le terrorisme, or il suffit de payer 250 euros à un réseau de passeurs pour passer cette frontière,

Nos politiques entretiennent un état de peur, diffusant l'idée que l'Europe serait la cible du terrorisme alors que la grande majorité des attentats et des morts se situe dans des pays où la dominance religieuse est musulmane, les musulmans étant les premières victimes de cette abomination.

Le terrorisme se construit avec la haine, la stigmatisation. Et c'est contre cela que je me bats ! Contre la haine, la stigmatisation d une race, d'une religion, d'une couleur de peau.

Je risque huit mois de prison pour aider des gens qui sont devenus des amis.

je voudrais préciser d'où je viens, je suis né à Nice dans une banlieue où mes camarade de classe étaient noirs, gris, jaunes, blancs, j'ai été éduqué dans l indifférence raciale et c'est cela qu'on me reproche aujourd'hui, de ne pas faire de différence, de ne pas demander les papiers à un gamin avant de lui tendre la main.

Je continuerai jusqu'à ce que je finisse en prison, d'aider qui bon me semble avec ou sans papiers parce que j'aime la vie et je la respecte.

Je ne succomberai pas à la menace, à la pression, je ne serai pas complice, ni par le silence ni par l'inaction.

Cédric Herrou

 Lien vers la pétition demandant l'abandon des charges pesant sur Cédric Herrou


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