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vendredi 7 octobre 2016

Le combat des Faucheurs Volontaires : historique et actualité

Le combat des Faucheurs Volontaires : historique et actualité

samedi 24 septembre 2016

Les puissants de ce monde n’ont de pouvoir que celui que leurs peuples veulent bien leur accorder. (Étienne de La Boétie)


Par Jean-Baptiste Libouban

Chers compagnes et compagnons de lutte,

Chers amis,


Je regrette beaucoup de ne pouvoir être des vôtres dans cette AG ou vous aurez à définir nos orientations dans un contexte actuel préoccupant. « Les Faucheurs Volontaires » est un mouvement citoyen émanant de la société civile avec un engagement personnel et collectif de désobéissance civique non violente à visage découvert. La charte est notre référence commune, dans ce collectif sans chef où chacun est responsable de ses actes et ou nous nous déclarons tous solidaires. Face à notre impossibilité d’assumer notre responsabilité citoyenne, pour le respect de la terre, pour le respect de la liberté des consommateurs de choisir leur alimentation, pour le Droit à l’information sur les dangers sanitaires occasionnés par les cultures pesticides OGM nous n’avons pas d’autres recours que de désobéir à la loi, non par plaisir, profit ou commodité.

Le plus grave serait de ne rien dire quand le bien commun est en danger. Saluons la Confédération Paysanne qui a lancé l’alerte sur les OGM en fauchant un essai de colza OGM à St Georges d’Espéranche en Isère le 7 juin 1997. La destruction de semences de maïs transgénique le 8 janvier 1998 à Nérac dans le Lot et d’essais de riz transgénique au Cirad à Montpellier le 5 juin 1999, ce qui emmènera José Bové et René Riesel en prison en 2003. À la sortie de prison de José, je lui ai proposé que la société civile prenne le relais de la Confédération Paysanne et c’est ainsi que j’ai lancé Les Faucheurs Volontaires au forum du Larzac pour un monde solidaire en 2003, avec son soutien, celui de la Confédération Paysanne et du mouvement non-violent de l’Arche.

En 2004, nous étions plus de 1 000 à Menville en Haute-Garonne pour faucher une parcelle d’essai de maïs transgénique en plein champs. Parmi eux il y avait de nombreux responsables politiques assumant sur le terrain leur opposition aux OGM. C’est la revendication des Sans Voix quand les gouvernants et les lois cèdent sous la pression des grands groupes industriels dans l’organisation mondiale du conflit (OMC), entre tous, avec l’aide de scientifiques qui prostituent la connaissance. « Ils leur ont promis le bonheur... et entre eux ils clignent de l’œil ». (Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche) Celui qui pose un acte juste dans ces conditions n’a pas à s’en cacher. Nos avocats dans des procès retentissants aux multiples facettes ont su apporter les éléments juridiques pour demander que le principe de précaution, inscrit dans la constitution, soit respecté.

Des scientifiques de renom ont apporté leurs compétences pour démonter les prétentions des entreprises dites biotechnologiques. La solidarité du public qui a compris l’importance de cette lutte n’a pas manquée et c’est plus d’un million d’euros que Les Faucheurs ont reçus pour faire face aux frais des procès. En 2008, après un jeûne public nous avons obtenu un moratoire sur les cultures de maïs Mon810. De plus les semenciers découragés par nos actions ont préféré faire leurs essais hors de l’hexagone. Ce fut un pas. L’absence de fauchage fit baisser l’intérêt pour le mouvement des Faucheurs. Le combat prit alors d’autres formes pour rendre public ce qui restait caché.

- 4 millions de tonnes de soja transgénique importés transitent dans les ports. Ils sont stockés pour la fabrication et commercialisation de l’alimentation animale dont les produits chargés de pesticides se retrouvent dans les assiettes des consommateurs de tous âges. Nous avons dénaturé ces produits dans les silos, fait des visites citoyennes dans des entrepôts de Monsanto et d’autres. Aucun procès pour ces actions de peur que le public sache.
- Sont alors apparus des OGM cachés obtenus par mutagénèse, tolérants aux pesticides, nécessaires à l’agriculture productiviste intensive. Nous avons détruits des parcelles d’essais, de démonstration ou des cultures mais les procès là aussi se font rares.
- Nous avons signé avec de nombreuses associations l’appel de Poitiers contre les VRTH (Variétés Rendues Tolérantes aux Herbicides) et autre atteintes à la terre et aux paysans pour développer le réseau de conscience sociale.
- Nous avons engagé une internationalisation de la lutte en soutenant sur le terrain les faucheurs espagnols et les opposants aux OGM anglais, belges et récemment africains.
- La lutte s’est déplacée vers les centres de recherche scientifiques continuant à développer des essais transgéniques ou des VRTH comme à l’INRA de Colmar ou au GEVES.

En 2016 nous entrons dans une nouvelle étape qui nécessite vigilance et discernement. C’est l’importance de cette AG de mettre en route des instances de réflexions, de chercher les attitudes et les formes de luttes adaptées à la situation. Nous sommes des lanceurs d’alerte engagés sur le terrain. Notre lien est fort avec les chercheurs de Sciences Citoyennes. Face à l’opacité et à la désinformation scientifique dans le cadre européen et français, ils nous sont d’un très grand secours face aux scientifiques prostitués dans les soi-disant biotechnologies. De même nos amis juristes peuvent nous donner un éclairage juridique sur les conséquences de nos actions. L’actualité est lourdement porteuse d’inquiétude. Notons le TAFTA avec toutes les dérèglementations qu’il risquerait d’engendrer. Ce qui est déjà en route avec le CETA, Traité de libre échange avec le Canada.

L’État d’urgence s’il se pérennise donne la possibilité d’aggraver la répression, de réduire l’État de Droit. Nous devenons tous des présumés coupables alors que prévalait la présomption d’innocence. La Cop21 en est l’illustration avec l’assignation à résidence de militants écologistes. Abus de droit manifeste ! Les nouveaux OGM sont des plantes issues de l’utilisation des nouvelles biotechnologies. Leur caractère OGM est dénié par les multinationales semencières. Les lobbys aussi bien en France, en Europe que dans le monde sont à la manœuvre pour que ces plantes ne soient pas reconnues comme des OGM et soient exclues de la législation. Les instances gouvernementales doivent écouter les citoyens et non les firmes agro-toxiques. Pour ces firmes le terme « OGM » doit disparaitre... il est trop suspect aux yeux du public ! Mais d’autres se lèvent pour défendre le principe de précaution, le Droit à être des citoyens responsables et de savoir. Notons les grands projets inutiles dont Notre-Dame-des-Landes fait figure de proue.

Ceux qui se mettent debout dans la nuit de ce monde d’argent portant atteinte au travail et aux travailleurs. Leurs moyens de lutte peuvent être différents des nôtres. Notre spécificité implique que nos attitudes dans nos actions présentes ne contredisent pas notre volonté de construire une société solidaire. Redisons que ce que nous avons en commun est plus important que nos différences et la non-violence se fera inventive et se renouvellera. Mais la solidarité est une composante de la force de la société civile. La vigilance s’impose. Faudra-t-il poser des actes plus radicaux que de dénaturer les sojas transgéniques dans les silos, plus radicaux qu’à Colmar et au GEVES, dans les instituts de recherche ? Faudra-t-il dénoncer par des actes et alerter le public de cette appropriation de la recherche et de la vie à des fins de profits économiques ?

Nous refusons d’être des éco-terroristes et nous ne cherchons pas non plus le martyr. Voilà deux composantes à regarder. Nous voulons poser des actes justes et compréhensibles. Les gouvernements et les entreprises industrielles biotechnologiques et autres pourraient avoir intérêts à nous pousser à la radicalisation pour justifier une répression dure et nous faire perdre notre image publique. Radicalisation, répression voilà un couple dangereux à regarder de près pour ne pas perdre notre crédibilité et maintenir l’énergie citoyenne. Pour un combat juste et fort. À mener avec intelligence et solidarité. Le pire n’est pas certain. Non au consentement à la soumission. Oui à la vie plus forte que la peur. Oui à la dignité qui nous engage pour les générations à venir.

Jean-Baptiste Libouban
 
Le 5 juillet 2016
La Flayssière





Source : http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article32429

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