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samedi 6 février 2016

A Ungersheim, dans le Haut-Rhin, manger local et payer en radis... c'est possible !...

A Ungersheim, 

manger local et payer en radis

Le Monde.fr |  • Mis à jour le  | 

Production de l'exploitation maraîchère bio de 8 hectares créée en 2012 par la municipalité d'Ungersheim (Haut-Rhin). Mairie d'Ungersheim

Un marché se tient désormais à Ungersheim, commune de 2 200 habitants du Haut-Rhin, située à une vingtaine de kilomètres de Mulhouse. Aucun contemporain, même d’un certain âge, n’a le souvenir ici qu’il y ait eu par le passé quelques étals dans le village un jour de semaine. Mais dorénavant, tous les vendredis matin, les Jardins du Trèfle rouge, entreprise maraîchère en activité sur la commune depuis 2012, la toute jeune conserverie locale ainsi qu’un marchand d’œufs du cru exposent et vendent leur production sur la place de la mairie.

Assurer la souveraineté alimentaire de la commune, en créant une filière locale « de la graine à l’assiette », autrement dit en proposant aux villageois des aliments produits localement : c’est l’objectif poursuivi depuis quatre ans par la municipalité d’Ungersheim. « Aujourd’hui, la nourriture que nous consommons, venant de centaines, voire de milliers de kilomètres, est essentiellement livrée par camion. Or en cas de choc, pétrolier notamment, nous pourrions nous trouver rapidement en situation de pénurie. Alors même que nous sommes entourés d’une centaine d’hectares de terres agricoles, mais vouées à des monocultures de maïs ou de céréales, destinées à l’exportation », explique son maire, Jean-Claude Mensch.

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Légumes bio et de saison


Déterminé à mettre un terme à ce « grand paradoxe », le conseil municipal décide, en 2012, d’utiliser une partie des 40 hectares agricoles sur lesquels il a la maîtrise foncière, pour contribuer à nourrir la population. Il commence par racheter le droit d’exploitation agricole sur un terrain de 8 hectares, loué jusque-là à un céréalier, et y installe une exploitation maraîchère bio, les Jardins du Trèfle rouge, gérée par une entreprise d’insertion. Employant 25 personnes, celle-ci produit aujourd’hui une trentaine de tonnes de légumes de saison par an (soit une centaine de variétés sur toute l’année). Elle propose non seulement sa production chaque vendredi au marché, mais confectionne deux fois par semaine quelque 150 paniers de légumes, vendus aux ménages du village et des alentours, et fournit chaque jour en nourriture la cantine de l’école du village.

Car si la municipalité a décidé dès 2009 de servir aux élèves des repas et goûters 100 % bio en faisant alors appel à un prestataire extérieur – et en prenant en charge le surcoût –, elle entend désormais que ces repas soient réalisés sur place avec des produits locaux. Pour cela, elle a construit une cuisine collective bio, certifiée Ecocert. Opérationnelle depuis le printemps 2014, cette installation prépare aujourd’hui quelque 500 repas par jour et assure l’approvisionnement de la restauration scolaire du village, mais également, dans un rayon de quinze minutes de transport en liaison froide et chaude, d’autres écoles. « Ce afin d’assurer l’équilibre économique, souligne M. Mensch. Mais, ajoute-t-il aussitôt, cette cuisine reste une petite unité de production à taille humaine. »

Bien décidée à élargir la distribution de produits alimentaires en circuits courts, la municipalité a créé en avril 2015 une régie agricole et est en train de monter une coopérative d’intérêt collectif qui a vocation à faire tourner une conserverie, une malterie microbrasserie et une épicerie spécialisée dans la vente en vrac, où le client apporte ses contenants et peut acheter le juste poids de produit dont il a besoin.


Surplus de production et produits déclassés, valorisés


La conserverie est la première à avoir démarré son activité, en août 2015, avec six villageois retraités bénévoles. Elle confectionne déjà entre 600 et 1 000 bocaux par semaine, à partir des surplus de production et produits déclassés des Jardins du Trèfle rouge et des tomates et légumes produits par la régie agricole.

La conserverie d'Ungersheim confectionne des bocaux à partir des surplus de la production locale et des produits déclassés. Mairie d'Ungersheim
La régie, qui cultivera à terme 6 hectares, développe une agriculture non seulement bio mais « décarbonée, sans énergie fossile ». « Nous labourons avec deux chevaux, nous n’utilisons aucun engrais manufacturé, seulement de la matière organique venant de la commune. Et l’irrigation que nous allons mettre en place sera artisanale ou fonctionnera au moyen de l’énergie solaire », explique Jean-Sébastien Cuisnier, jeune exploitant agricole à qui a été confiée la gestion de la régie. Au fil du développement de l’exploitation, l’idée est aussi de solliciter les bénévoles, en leur proposant de participer à la collecte et au ramassage des cultures par exemple, en l’échange de fruits et légumes à moindres coûts.

Depuis juillet 2015, une monnaie locale


Ces différentes initiatives prises par la municipalité pour proposer des produits locaux sont plutôt bien accueillis par la population. « La qualité, la fraîcheur des aliments est un bon argument d’accroche, cela séduit », assure Lucile Zwingelstein, chargée de la préparation des paniers aux Jardins du Trèfle rouge. « On a envie aujourd’hui de produits sains, confirme Valérie Stoesser, mère de famille. Et ce qui est proposé permet de ne pas prendre sa voiture pour s’acheter des légumes. C’est intéressant. Surtout que pour beaucoup de personnes âgées, il est difficile de se déplacer à Mulhouse ou même dans les communes voisines. Maintenant, celles-ci peuvent se procurer des légumes frais dans le village », souligne-t-elle, tout en reconnaissant qu’elle-même continue régulièrement à se fournir au Cora ou au Leclerc proche de Mulhouse.

Pour inciter les habitants à consommer les denrées issues du territoire, la municipalité s’est dotée le 13 juillet 2015 d’une monnaie locale, qui ne peut donc être utilisée que sur place : le radis. Payer en radis permet de bénéficier de prix réduits sur la cantine et sur des produits. Mais Jean-Claude Mensch, « enthousiaste, confiant mais prudent », sait que toutes ces initiatives appellent une évolution dans les modes de vie, une évolution culturelle, qui ne se décrète pas d’un claquement de doigts et demande du temps.

Laetitia Van Eeckhout
Journaliste au Monde

Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/01/14/a-ungersheim-manger-local-et-payer-en-radis_4847495_3244.html

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