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samedi 14 juillet 2012

Des voitures ou des énergies renouvelables ?

Trouvé sur le blog de Fabrice Nicolino

 Planète sans visa

Faut-il réellement sauver PSA ?

Ce n’est pas bien drôle, car je m’apprête à parler de la bagnole, ennemie du genre humain et de la vie sur terre, bien au-delà de notre espèce. Je vais même parler de Peugeot et de la France de M.Hollande, mais avant cela, un mot pour détendre l’atmosphère. Je vois que certains continuent de voir des avantages à cette invention des Enfers. Je dois reconnaître que, bien que n’ayant pas d’automobile, je m’en sers à l’occasion. Et l’occasion n’est jamais si loin que cela. Aussi bien, je n’entends pas me complaire dans un exercice de culpabilisation, fût-il tourné contre moi-même. Au fond, la situation est si grave qu’elle mérite davantage que simple flagellation.

J’ai écrit ici plusieurs articles sur le sujet, dont je ne citerai que deux.
Le premier racontait une France qui aurait tout misé sur le train il y a cent ans (ici). Comme cela aurait été merveilleux ! J’en ai le frisson rien qu’en y pensant. Nous aurions pu nous passer de l’étalement urbain, de nombre de cancers des bronches, des autoroutes si désespérantes, d’une partie au moins de cette vitesse qui tue l’esprit humain. Dieu ! nous avons échappé à un vrai bonheur.

Le second (ici) évoque une étude apparemment sérieuse de l’été 2009, dont je vous livre ce court résumé : le monde comptait alors 672 millions de bagnoles, mais par la grâce d’une augmentation de 600 % des ventes dans les pays « émergents » d’ici 2018, il pourrait espérer atteindre cette année-là 1,5 milliard d’unités. Nous sommes sur cette route. Bien sûr, cela suppose une apocalypse humaine, géographique et spatiale, sociale, sanitaire, écologique. Complète et totale. Mais qu’importe, franchement, à ceux qui prennent les décisions en notre nom ?

Je serai bien incapable de seulement imaginer, dans les grandes lignes, ce que ce programme de destruction de l’espace, des ressources, de l’avenir signifie. En fait, je crois bien que cet effort d’anticipation dépasse les capacités humaines. Dans le Sud, pour ne regarder que de ce côté, la bagnole individuelle trucide ce qui sert de villes et oppose chaque jour un peu plus, dans une sorte de guerre civile - larvée, pour l’heure - ceux qui tiennent un volant et ceux qui courent derrière. Ces crétins au pouvoir ne semblent pas même imaginer cette évidence qu’une ville a ses limites physiques intrinsèques. Et qu’en y ajoutant chaque jour des milliers de véhicules en plus des autres, il arrive un moment où plus personne ne circule. Je suis injuste : les bureaucrates de Canton, en Chine, viennent de décider de limiter à 120 000 par an le nombre d’immatriculations nouvelles. La ville compte à la louche 2,4 millions de bagnoles, soit 2,5 fois plus qu’il y a cinq ans, avec une croissance annuelle moyenne de 19% (China Business News). Je parie que la mesure ne tiendra pas. Où iraient les millions d’autos produites désormais chaque année en Chine ? Allons, soyons sérieux.

Venons-en à Peugeot PSA. Qui annonce en France une baisse de 13 % de ses ventes mondiales. Préalable plus que probable à un plan de licenciements massifs. Notamment à Aulnay-sous-Bois, où j’ai distribué naguère, sous les coups des staliniens de la CGT et des petites frappes fascistes de la CFT, des tracts appelant à l’unité entre Français et immigrés. Si je note au passage cette anecdote, c’est pour insister sur un point : je souhaite que la vie et le travail des milliers de prolos d’Aulnay soient considérés, respectés et d’une certaine manière protégés.

Mais de quelle manière ? La droite - je ne prends pas la peine de chercher - ne voit qu’une solution : un surcroît de compétitivité qui permettrait à PSA de tailler des croupières aux autres constructeurs. En avant vers le néant, et pied au plancher. La gauche gouvernementale envisage - ce sera peut-être fait dans les prochaines heures - d’accorder des aides publiques à l’entrepreneur privé pour sauver les quelques meubles encore debout. Il faut sauver PSA, car la bagnole, c’est l’économie, et si le chômage étend encore son ombre menaçante, adieu aux élections de 2017. En avant vers le néant, pied au plancher. La gauche mélenchoniste et communiste rappelle les profits passés du groupe automobile, et exige que le pouvoir empêche des « licenciements boursiers » et accorde des « droits nouveaux aux travailleurs dans la gestion de leurs entreprises ». Les écolos officiels d’Europe-Écologie Les Verts se planquent derrière dossiers et maroquins. Pas un ne prend la peine de parler aux prolos de PSA de l’avenir. Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.

Le futur est par définition dans les limbes. Mais qui est écologiste ne peut que constater cette évidence : la bagnole individuelle appartient à un temps du passé, pendant lequel les hommes, en naïfs indécrottables, pensaient le monde sans ses limites. Changer, aussi vite qu’il est possible, de modèle universel de déplacement est d’évidence un impératif catégorique. Je sais bien que cela semble un objectif démesuré, mais sauver les écosystèmes de leur affaissement, aussi. La bagnole n’est simplement pas possible. Ainsi qu’on disait naguère, ainsi que j’ai pu le clamer sur les berges de la Seine au printemps 1972, « la voiture, ça pue, ça pollue et ça rend con ». Comme je n’ai pas changé d’avis, comme au contraire j’ai ajouté quantité d’arguments contre le monstre de métal et de plastique, j’en arrive à me demander si je ne suis pas obsédé sur les bords. Possible.

Mais il y a de quoi. Les sommes démentielles englouties dans la voiture, ses réparations, ses accidents, les routes, les cancers induits, les drames et sacrifices familiaux itou, doivent être réaffectées à la restauration écologique de la planète, de manière à assurer le minimum pour les dix milliards d’humains qui seront là dans quelques années. À moins que nous n’entendions nous débarrasser des surnuméraires ? Les humanistes-droits-de-l’hommistes qui n’abordent pas le sujet me font royalement chier.

Tout le reste est aussi absurde que criminel. Les forces politiques préfèrent leur démagogie et leur stupidité coutumières. Pourtant, PSA pourrait devenir une occasion historique de faire comprendre aux ouvriers de l’automobile que The Times They Are a-Changin’. Que cela plaise ou non, les temps sont bel et bien en train de changer. Il faut enfin dire que les métiers associés à l’automobile sont condamnés par la crise écologique. Sans jeter à la benne les ouvriers, qui ont perdu santé et jeunesse dans les ateliers. J’ai une idée, qui ne vaut peut-être pas tripette, mais qui en tout cas permet d’ouvrir une discussion.

Un, il faut garantir l’avenir professionnel des ouvriers de l’automobile. Sans conditions, par une signature publique qui nous engagerait tous. La France est encore assez riche pour cela. Deux, et pour commencer, il faut fermer l’usine d’Aulnay. D’autres suivront, inéluctablement. Trois, il existe sur place un savoir-faire ouvrier et technicien fabuleux. Et des machines. Quatre, il faut faire de PSA-Aulnay - je continue de prendre Aulnay comme point de départ - un lieu symbolique de notre volonté de changement.

Symbolique, mais aussi réel, matériel. Aulnay pourrait devenir la pierre de fondation d’une industrie de l’énergie renouvelable. Cela vous semble niais ? Poursuivons. L’Allemagne est en train de bâtir des services éoliens et solaires qui font de ce pays - qui sort du nucléaire - un exemple. Je n’oublie pas le reste, vous vous doutez bien. Ni Merkel, ni le reste. Mais en tout cas, l’Allemagne nous montre qu’il n’existe pas un seul chemin. Si la question énergétique est en France aussi taboue, c’est bien sûr à cause de la surpuissance de pouvoirs comme EDF et Areva, qui disposent de clientèles politiques dans les deux camps.

Or, il est facile de faire l’inventaire de certains besoins énergétiques satisfaits en dépit du bon sens. Des particuliers, mais aussi quantité de collectivités - villages et bourgs, petites boîtes, paysans, pêcheurs, etc. - pourraient aisément - non, d’accord, pas aisément - basculer vers un usage raisonnable de formes d’énergie renouvelable. Encore faudrait-il définir un cahier des charges, dessiner des prototypes, essayer, prouver, vendre.

PSA-Aulnay, coincé dans une zone industrielle immonde, pourrait devenir un lieu de réflexion et d’action de valeur mondiale. Certes, pas en un mois, pas en un an, pas même en dix ans peut-être. Mais n’est-il pas essentiel, compte tenu de la merde suffocante où nous sommes plongés, de relever enfin la tête ? D’avoir de l’ambition ? De tenter des coups susceptibles au moins de redonner un peu d’espoir ? Une telle initiative est inconcevable sans un débat social de qualité. Sans un engagement collectif sans faille. Sans la garantie qu’on ne laissera pas tomber les prolos d’Aulnay et d’ailleurs.

Est- ce concevable ? Je ne sais. Les forces politiques, Verts compris, sont en dessous de tout. Si l’on met de côté le friselis à peine perceptible de leurs microscopiques divergences, chacun peut voir ce qui se prépare. Le marché automobile français est dit « mature ». Trop de gens ont trop de bagnoles - une, deux, trois-, souvent récentes, rarement à bout de souffle. Renault importe, ce traître, des voitures low cost assemblées en Roumanie, comme la Logan. Le client devient rare. La seule perspective de relance, c’est la prime à la casse, associée à des modèles nouveaux, que l’industrie du mensonge - la pub - rendra appétissants. Toute la classe politique, malgré ce que certains prétendent, est au fond d’accord avec ce modèle, qui nous condamne tous.

Alors quoi ? Alors, en attendant mieux, parler. Se parler. Réfléchir. Ensuite entraîner. Et ne jamais oublier que nous n’avons rien à attendre de ceux qui dirigent, quelle que soit leur couleur. Tant que la société ne sera pas en mouvement, les castes professionnelles au pouvoir resteront au service de la destruction. C’est l’histoire de la poule et de l’œuf ? En effet. Sommes-nous la poule, sommes-nous l’œuf ? Je m’en fous. J’attends l’omelette.

 http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1348

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