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mardi 26 avril 2022

Evolution de l'utilisation des pesticides dans les communes françaises depuis 2017

En cartes : 

comment a évolué 

l’utilisation de pesticides 

dans les communes françaises 

depuis 2017 ?

 

Par et

Publié le 17 avril 2022 

Factuel 

Les plans Ecophyto successifs n’ont pas suffi à réduire de façon draconienne l’usage de produits phytosanitaires. La situation a évolué diversement selon les territoires.

Depuis quatorze ans, la France se donne officiellement l’objectif de réduire rigoureusement sa consommation de produits phytosanitaires. Si l’objectif fait consensus, les débats sont plus âpres sur les moyens d’y parvenir et aucun des trois plans Ecophyto successifs n’a été capable d’enclencher une dynamique de baisse.

Comment mesure-t-on la quantité de pesticides utilisés ?

Les volumes de produits phytosanitaires vendus ne suffisant pas à mesurer les quantités de produits phytosanitaires utilisées, un nouvel indicateur a été mis en place au moment du lancement du premier plan Ecophyto : le nombre de doses unités (NODU). Il combine les quantités vendues et l’efficacité de chaque substance selon les préconisations des fabricants et s’exprime en nombre d’hectares traités. En revanche, il ne tient pas encore compte des traitements des semences enrobées, qui ne sont pas comptabilisées dans la base de données des ventes de produits phytosanitaires.

En excluant les surfaces agricoles bio, ce sont près de 102 millions d’hectares qui ont été traités chaque année entre 2017 et 2019, c’est à dire que chaque hectare de surface agricole a reçu en moyenne 4,16 traitements par an.

Comment a évolué la consommation de produits phytosanitaires depuis 2008 ?

La base de données des ventes de produits phytosanitaires catégorise les substances selon leur niveau de dangerosité estimé, pour l’homme et l’environnement. Le graphique ci-dessous tient compte de l’ensemble de ces substances et reflète l’intensité de consommation de ces produits depuis 2008 en France.

 

2008 : lancement d'Ecophyto I

A la suite du Grenelle de l'environnement, et en application d’une directive européenne, la France lance le premier plan Ecophyto, qui vise à diviser par deux le recours aux produits phytosanitaires à l'horizon 2018. Le plan ne comporte pas de mesures contraignantes, ni pour les agriculteurs ni pour les distributeurs de pesticides.


 

En 2014, un premier constat d'échec

Un rapport parlementaire constate l'échec du plan Ecophyto : le NODU a augmenté de 5 % en six ans. Le député Dominique Potier (PS) émet des recommandations pour un nouveau plan, il suggère notamment une obligation de résultat pour les distributeurs de produits phytosanitaires.



 

En 2015, lancement du plan Ecophyto II

Ce deuxième plan fixe un objectif de réduction de 25 % d’ici à 2020, puis de 50 % d’ici à 2025. Le plan comporte initialement des mesures contraignantes, mais celles-ci seront attaquées en justice, puis annulées par le Conseil d'Etat, et ne seront donc jamais mises en œuvre.


 

En 2018, certains aspects du plan renforcés

Le plan Ecophyto II+, qui renforce certains programmes du plan Ecophyto II, est lancé en 2018. Un nouvel objectif est par ailleurs fixé : se passer du glyphosate d’ici à 2020, là encore sans mesures contraignantes.



En 2020, pas de baisse globale par rapport à 2008…

Après douze ans et deux révisions du plan Ecophyto, le nombre total d’hectares traités par des produits phytosanitaires reste 10 % plus élevé qu’en 2008, et aucune dynamique de diminution n’a été enclenchée. Les plans Ecophyto ont, au total, coûté 700 millions d’euros.


 

… ni de réduction d'utilisation du glyphosate

La consommation de glyphosate, si elle semble toutefois amorcer une légère décrue depuis 2014, est loin d'avoir atteint l'objectif d'une consommation nulle en 2020.


 

Dans un rapport remis en mars 2021 au gouvernement, mais publié seulement un an après, l’inspection générale des finances étrille les plans Ecophyto, estimant même que « leur poursuite en l’état pose la question de la crédibilité de l’action publique ».

Selon François Veillerette, porte-parole de Générations futures, « les plans Ecophyto n’ont pas engendré de dynamique de réduction des recours aux pesticides » et se sont « limités à mettre en valeur des bonnes pratiques, qui sont restées marginales par rapport aux pratiques qui sont très majoritairement inchangées ». Il regrette le manque d’objectif contraignant de baisse par exploitation, avec, par exemple, un système de bonus-malus.

Quelles différences selon les zones agricoles ?

Localement, le niveau de consommation de produits phytosanitaires est évidemment très dépendant du type d’agriculture pratiquée. Les zones les plus consommatrices de pesticides sont celles pratiquant les grandes cultures intensives de céréales et d’oléoprotéagineux (dans le Nord et le Bassin parisien), la viticulture et la fructiculture.

Les cartes ci-dessous montrent la consommation des produits classés comme dangereux pour l’homme ou pour l’environnement, à l’échelle de l’intercommunalité. On peut voir qu’une large part du nord du pays concentre, en moyenne, plus de cinq traitements par hectares et par an, et même autour de dix traitements par hectare sur un axe s’étendant de l’Oise au nord des Hauts-de-France.

Les zones de cultures intensives et de viticulture en première ligne

Nombre de traitements par an et par hectare réalisés par EPCI
avec des produits dangereux pour l'homme et l'environnement
en moyenne de 2018 à 2020

 

Source : CRATer, Les greniers d'Abondance, BNV-d, Eaufrance, Agreste, ministère de l’agriculture et de l’alimentation, Le Monde

 

Dans les vignobles du Languedoc, de même que dans le sud-est du Bordelais et autour de Cognac, le nombre de traitements moyen par hectare dépasse fréquemment dix traitements à l’hectare. Enfin, le sud de la vallée du Rhône, avec son vignoble et ses cultures fruitières, ressort nettement avec des valeurs moyennes autour de dix traitements à l’hectare en Drôme provençale ou dans le Vaucluse.

Quelles évolutions au niveau local ?

Si, à l’échelle nationale, la consommation de produits phytosanitaires n’évolue que très peu, on peut relever, en revanche, quelques évolutions au niveau local.

Amélioration notable dans le Bordelais, la vallée du Rhône et le Bassin parisien, nette détérioration dans le Nord et le Pas-de-Calais et l'arc méditerranéen
 
Evolution du nombre de traitements par an et par hectare réalisés
avec des produits dangereux pour l'homme et l'environnement
entre 2017 et 2020, par EPCI
 

 
Source : CRATer, Les greniers d'Abondance, BNV-d, Eaufrance, Agreste, ministère de l’agriculture et de l’alimentation, Le Monde 

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, il existe une tendance nette à l’augmentation du recours aux pesticides, zones qui en étaient déjà grandes consommatrices. Cela peut s’expliquer par des traitements supplémentaires pour compenser l’interdiction des néonicotinoïdes sur les betteraves et pour faire face à des conditions climatiques défavorables (traitements complémentaires sur la pomme de terre, par exemple).

Côté vignoble, dans le Bordelais, où il y avait une forte intensité de traitements, on a pu observer une évolution des pratiques avec une tendance à la baisse du nombre de traitements pratiqués. Il en est de même pour le Beaujolais.

En revanche, le vignoble du Languedoc, des Pyrénées-Orientales à l’Hérault, et celui de Provence dans le Var ont connu une augmentation significative, d’un à deux traitements supplémentaires par hectare en moyenne.

Enfin, dans le sud de la vallée du Rhône, entre l’Ardèche, la Drôme, le Gard et le Vaucluse, une tendance à la baisse est à noter, jusqu’à 3,8 traitements de moins qu’il y a trois ans sur le territoire de la communauté d’agglomération du Gard rhodanien.

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La méthodologie utilisée

Ces cartes sont fondées sur les données du projet CRATer, qui a calculé le nombre de doses unités (NODU) pour chaque intercommunalité (EPCI, établissement public de coopération intercommunale) à partir de la base de données des ventes de produits phytosanitaires depuis 2015 (les données localisées antérieures n’ont pas été jugées significatives par le conseil scientifique du projet CRATer) et des valeurs des doses unités de référence publiées par arrêté par le ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Pour aller plus loin, voir la méthodologie du projet CRATer.

Dans la base des ventes de substances actives, les substances sont catégorisées en fonction de leur dangerosité pour l’homme et l’environnement, classement identique à celui utilisé pour la redevance pour pollutions diffuses : CMR (cancérigène, mutagène et reprotoxique), Env A (toxicité aigue pour l’environnement), Env B (toxicité chronique pour l’environnement), Santé A (toxicité), ou autre. Ces dernières substances sont considérées non dangereuses et exemptes de la redevance pour pollutions diffuses. Les cartes présentées ici tiennent compte de l’ensemble des données des substances dangereuses pour l’homme et l’environnement, sans les substances « autre ». Il convient de noter que le classement de ces substances ne fait pas consensus.

Les données de la base des ventes de substances actives déclarées par les distributeurs sont enregistrées au code postal du siège social de l’exploitation, qui n’est pas toujours le lieu d’utilisation des produits ; c’est pourquoi nous avons fait le choix de présenter les chiffres réagrégés aux intercommunalités, plus vastes que les délimitations des codes postaux, tout en permettant une lecture fine de la répartition territoriale. Les grandes villes peuvent toutefois présenter des valeurs aberrantes, l’adresse administrative ne correspondant parfois pas à la zone dans laquelle seront utilisés les produits. De plus, les surfaces agricoles très petites en zones urbaines viennent surestimer les valeurs de NODU par hectare.

Concernant les départements et régions d’outre-mer, les données de ventes de produits groupées par code postal des acheteurs sont très incomplètes ; ce sont donc celles groupées par code postal du vendeur qui ont été utilisées. Pour Mayotte, même les données concernant les vendeurs sont incomplètes et non significatives. Enfin, les achats effectués à l’étranger ne sont pas pris en compte.

Le calcul du nombre de traitements à l’hectare est établi à partir des surfaces agricoles utiles (SAU, recensement agricole de 2020), desquelles ont été décomptées les surfaces en agriculture biologique ou en transition avec les surfaces fournies par l’Agence Bio.

Afin de lisser les variabilités annuelles, les cartes sont dessinées à partir des moyennes triennales, 2018-2020 pour la carte du nombre de traitements, 2015-2017 et 2018-2020 pour celle de l’évolution.

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Mise à jour du 19/04/2022 : précision apportée en méthodologie sur la définition des substances dangereuses pour l’homme et l’environnement.

Sur l'article original, vous pouvez cliquer sur les cartes de France pour voir chaque point de la carte

Source : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/04/17/en-cartes-comment-a-evolue-l-utilisation-de-pesticides-dans-les-communes-francaises-depuis-2017_6122537_4355770.html 

 

 

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