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jeudi 22 avril 2021

Aux régionales, l’arlésienne de l’union de la gauche

Aux régionales, 

l’arlésienne 

de l’union de la gauche

 

 

 Et si les gauches faisaient tout pour faire gagner l’adversaire ? C’est l’impression qui se dessine dans ce tour de France des listes d’union de la gauche à deux mois des élections régionales.

A un peu plus de deux mois du premier tour, l'idée d’une union de toutes les gauches ne semble pas avoir infusé au-delà du Nord et de la candidature unique de Karima Delli. (Denis Allard/Libération)

 

par Sacha Nelken

publié le 16 avril 2021 à 6h45

Il y a comme un paradoxe en ce qui concerne la gauche et les régionales. Le 11 mars dernier, toutes les figures des différents partis sans exception y allaient de leur qualificatif pour saluer la constitution d’une liste unique dans les Hauts-de-France derrière l’écolo Karima Delli. «Miracle ! La gauche rassemblée !» célébrait le député insoumis François Ruffin. «Quand on veut on peut» se réjouissait, de son côté la sénatrice PS Laurence Rossignol quand l’eurodéputé vert et candidat à la présidentielle Yannick Jadot estimait qu’«une très belle perspective [naissait] dans les Hauts-de-France». Pour autant, à un peu plus de deux mois du premier tour, cette idée d’une union de toutes les gauches ne semble pas avoir infusé au-delà du Nord. Dans la quasi-totalité des régions socialistes, écologistes, communistes et insoumis se feront face, parfois en trois listes distinctes. Tour d’horizon.

L’exception Hauts-de-France

Pour tout électeur nordiste de gauche, le jeudi 11 mars a sans aucun doute une saveur particulière. Ce jour-là, un communiqué de presse, drapé des logos d’Europe Écologie-les Verts, du Parti socialiste, de la France insoumise et du Parti communiste annonce la constitution d’une liste de toute la gauche derrière l’écolo Karima Delli. «C’est forts de nos valeurs communes et conscients de nos différences que nous faisons union pour la justice sociale et climatique» indiquent les différentes figures locales. Derrière cette alliance notamment, la crainte de voir le Rassemblement national (RN) s’imposer en juin prochain. En 2015, la gauche avait été contrainte de se retirer pour permettre au LR Xavier Bertrand de s’imposer face à Marine Le Pen, excluant ainsi tout élu de gauche du conseil régional. Un scénario que craint toujours six ans plus tard cette gauche multicolore. «Comprenez que nous faisons tout, cette fois-ci, pour arriver à la première place», affirmait Karima Delli en mars. Et d’ajouter : «Plutôt que de poser la question à celles et ceux qui ont déjà fait barrage à l’extrême droite, vous devriez plutôt demander à Xavier Bertrand ce que lui est prêt à faire si nous sommes au second tour».

Trois nuances de gauche en Ile-de-France

Pour l’emporter face à une Valérie Pécresse solidement implantée et largement favorite, la gauche aurait pu faire le choix de s’allier dès le premier tour en Ile-de-France. Mais elle en a décidé autrement puisque pas moins de trois listes de gauche seront présentes sur la ligne de départ. Il y a, tout d’abord celle menée par le numéro 1 des Verts Julien Bayou qui rassemble le parti Génération.s de Benoît Hamon et sept petits partis écologistes. Côté socialiste, on a fait confiance à l’ancien journaliste Audrey Pulvar pour mener la liste (soutenue par Place publique, le PRG et, à titre personnel par l’ancienne ministre de la justice Christiane Taubira) alors qu’insoumis et communistes sont rassemblés autour de la candidature de Clémentine Autain. Des discussions pour une alliance de premier tour ont bien eu lieu mais sans succès. Chacun refusant de se ranger derrière l’autre. En attendant, les trois candidats restent au coude-à-coude dans les sondages (autour des 10-12 %) derrière le candidat macroniste Laurent Saint-Martin, le représentant du RN Jordan Bardella et donc la présidente sortante Valérie Pécresse.

En Auvergne Rhône-Alpes, « OK pour l’union mais derrière moi »

En Auvergne Rhône-Alpes, les trois candidates issues de la gauche – Najat Vallaud-Belkacem (PS), Cécile Cukierman (PCF-LFI) et Fabienne Grébert (EE-LV) – l’attestent : dans l’idée, elles sont pour une union dès le premier tour. A une condition près, c’est que celle-ci se fasse derrière elle. Face à ce constat, difficile donc de trouver un terrain d’entente. Même si l’ancienne ministre affirme toujours croire à la possibilité d’un accord : «J’ai toujours voulu faire de ce territoire un laboratoire de la capacité de la gauche à se rassembler donc je poursuis, c’est un travail de longue haleine mais je pense que cela finira par donner quelque chose», disait-elle encore ce mardi sur BFMTV, les autres partis ne semblent plus y tenir plus que ça. «Que Najat Vallaud-Belkacem, qui était élue auprès de (Gérard) Collomb et ministre de Manuel Valls, puisse dire ‘Tiens, venez derrière moi’ ça va sembler un peu incongru à tout le monde. C’est quand même pas la logique politique, et les aspirations des gens», grinçait le Maire EE-LV de Grenoble Éric Piolle le 14 mars dernier sur RTL. De son côté, la sénatrice communiste Cécile Cukierman, estime que l’absence d’union «n’est pas un drame».

Unions inédites en Pays-de-la-Loire

Les insoumis alliés à un ancien macroniste. On croirait l’image tout droit sortir d’une fiction. Pourtant elle est bien réelle. LFI a annoncé ce jeudi rejoindre «l’appel pour une Région écologique, citoyenne et solidaire» regroupant EE-LV, Génération.s, Génération écologie et mené par le député écologiste - ancien marcheur - Matthieu Orphelin. «C’est ce rassemblement des forces écologistes et de gauche qui nous emmènera vers la victoire !», se félicite l’ancien président du groupe Écologie Démocratie et solidarité (EDS) à l’Assemblée. Mais pas si vite, en Pays-de-la-Loire, région dirigée par la LR Christelle Morançais, l’union de la gauche n’est pas acquise pour autant. L’écologiste peine à s’entendre sur une alliance de premier tour avec le socialiste Guillaume Garot, qui regroupe derrière lui le PCF et le Parti radical de gauche notamment à cause de la question de la tête de liste. Dans un courrier daté du 23 mars, Orphelin regrette que «malgré tout [leurs] efforts, le candidat PS ne souhaite toujours pas avancer collectivement s’il n’est pas assuré d’avoir la tête de liste. Nous regrettons fortement son immobilisme, mais nous ne nous y résignons pas». Cela semble quand même mal parti.

Dans le Sud-Ouest, une gauche favorite même éparpillée

Deux régions différentes mais une même situation. En juin prochain, les présidents socialistes d’Occitanie (Carole Delga) et de Nouvelle-Aquitaine (Alain Rousset) brigueront un nouveau mandat à la tête de leurs régions respectives. Mais pour y parvenir, l’un comme l’autre trouvera sur sa route deux autres listes de gauche : une écolo et une insoumise. Boosté par des bons scores aux européennes et aux dernières municipales, EE-LV, pourtant membre de la majorité dans les deux conseils régionaux a préféré, cette fois, se lancer seul dans la bataille (derrière Antoine Maurice en Occitanie et Nicolas Thierry en NA). Il y aura donc trois listes de gauche dans les deux régions du Sud-Ouest. A moins que, face à un RN haut dans les sondages, les écolos occitans acceptent la main tendue de Carole Delga. «Mon équipe ‘Occitanie en commun’ comporte des écologistes et je rappelle que la moitié des conseillers régionaux écologistes continuent de travailler avec moi. Cela fait un an que je leur tends la main et je continue à dire que nous avons bien travaillé ensemble», expliquait-elle en mars dernier sur Public Sénat. Mais le candidat vert semble bien vouloir faire cavalier seul. Antoine Maurice avait déjà refusé l’offre d’alliance des insoumis.

En PACA, toujours pas de printemps provençal

Après un «Printemps marseillais» en 2020, la gauche parviendra-t-elle à construire un printemps provençal en 2021 ? En Provence-Alpes-Côte-d’Azur, terre ô combien ancrée à droite et où le RN fonde de solides espoirs, la gauche sait qu’elle a peu de chance de l’emporter. Et qui plus est, si elle part en ordre dispersé. Aux dernières municipales, les différentes familles de la gauche étaient parvenues à s’emparer de Marseille en s’alliant dès le premier tour autour d’un même projet (le Printemps marseillais). Mais un an plus tard, socialistes, écologistes, insoumis et communistes semblent avoir plus de mal à s’entendre sur une liste commune. Si les différentes familles sont bien conscientes qu’une alliance rapide serait la bienvenue, les discussions n’ont toujours pas abouti. Au cœur des mésententes notamment, la question toujours épineuse de la tête de liste. Certains, et notamment le PS, verraient bien l’adjointe marseillaise Olivia Fortin mener la campagne quand les écolos ne veulent pas entendre parler du varois Jean-Laurent Félizia. En tous les cas, à un peu plus de deux mois du premier tour, la gauche va devoir accélérer si elle veut éviter que se répète le scénario de 2015. À l’époque, la tête de liste socialiste Christophe Castaner avait été contraint de se retirer à l’entre-deux tours pour faire barrage au FN n’envoyant ainsi aucun élu de gauche au Conseil régional.

En Normandie, roses et verts d’un côté, rouges de l’autre

C’est assez rare pour être souligné. En Normandie, le PS et les Verts se lancent main dans la main, à la conquête de la région tenue par le centriste Hervé Morin. Le 5 avril dernier, le pôle écologiste (regroupant notamment EE-LV, CAP21, Génération.s) a fait le choix de s’allier à la maire socialiste de Canteleu Mélanie Boulanger autour d’un «grand rassemblement de la gauche et des écologistes de Normandie». Une union sans les communistes et les insoumis réunis derrière le député PCF Sébastien Jumel. Ce dernier n’a d’ailleurs que très peu goûté l’annonce d’alliance de ses camarades écologistes et socialistes. «Quand on choisit le dernier (le Parti socialiste, ndlr) pour être premier, ça veut bien dire que l’on choisit de perdre», a-t-il fustigé dans Les informations dieppoises tout en invitant les différents partis de gauche à une discussion. Réponse des Verts : «On a dialogué à parts égales avec tout le monde, y compris le Parti communiste et La France insoumise. De notre côté, nous n’avons pas fait de la tête de liste un préalable à toute discussion. Eux ne voulaient pas démordre du fait que la tête de liste devait être Sébastien Jumel. C’est un forcing que nous, écologistes, n’avons pas apprécié». C’est pas gagné.

Dans le Grand Est, des appels, des pactes mais pas d’union

Dans le Grand Est, il y a des initiatives… mais toujours pas d’union. D’un côté, il y a ce préaccord signé entre les dirigeants d’Europe Ecologie-les Verts, du Parti socialiste, et du Parti communiste pour un «pacte pour une région Grand Est écologiste, citoyenne et solidaire». De l’autre, il y a «cet appel inédit» au-dessus des partis porté par la députée LFI Caroline Fiat, l’ancienne ministre de la Culture socialiste Aurélie Filippetti et la numéro 1 du PS dans le Bas-Rhin Pernelle Richardot. Deux camps donc, pour un même objectif : une alliance de la gauche dès le premier tour dans une région où Les Républicains et le RN sont forts. Mais pour l’instant, toujours pas de trace d’une quelconque union, ni du moindre compromis. Chaque camp préfère tenter de convaincre l’autre que si liste commune il y a, elle ne pourra se faire qu’autour de son projet.

Pour le reste, pas de trace d’union non plus

Que ce soit en Bretagne, en Centre-Val-de-Loire ou en Bourgogne-Franche-Comté, les électeurs devraient aussi trouver dans leurs bureaux de vote plusieurs bulletins de listes de gauche. A l’Ouest, difficile pour les écolos et insoumis de s’allier avec le président sortant PS, proche de la Macronie Loïg Chesnais-Girard. D’autant que même entre eux, les deux partis ne sont pas parvenus à un accord.

Dans le Centre-Val-de-Loire, si les communistes ont accepté de se ranger derrière le président sortant socialiste François Bonneau, l’écologiste François Fournier (pourtant vice-président du même Bonneau) préfère faire cavalier seul, convaincu qu’il peut devenir au soir du premier tour le mieux placé à gauche.

En Bourgogne-Franche-Comté enfin, insoumis, écologistes et socialistes sont bien partis pour faire chambre à part. Chacun accuse l’autre de sectarisme mais à la fin, c’est le RN qui peut en profiter.

 

Source : https://www.liberation.fr/politique/elections/aux-regionales-larlesienne-de-lunion-de-la-gauche-20210416_ZPZV25U46VGCFERMPSXCDGIMRY/?xtor=EREC-25-%5BNL_quot_matin_2021-04-16%5D-&actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkNUcvuQDVN7a57ET3fWtrS90SVGouFRqw1jk3aySqrmQ&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=508650

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