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lundi 4 août 2014

NDLL Infos de 30 juin au 3 août

Infos  de la semaine du 30 juin au 6 juillet

Jeudi  3  juillet

*        Lundi 7 juillet rassemblement devant le TGI à Nantes en solidarité avec les blessé-e-s & inculpé-e-s de la manifestation du 22 février.

Samedi  5  juillet


Notre Dame des Landes : Si vous avez loupé les derniers épisodes...


A l’occasion du grand week-end d’opposition au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, rappel  des rebondissements qui ont marqué la lutte depuis un an.


Notre Dame des Landes : le nom de ce bourg campagnard de Loire-Atlantique est devenu un emblème des résistances durables aux grands projets d’infrastructures, écologiquement néfastes, opérant des alliances entre États et multinationales.
Le nom de la bourgade a été mis au devant de la scène par l’opération César* en octobre 2012 censée expulser la ZAD, le périmètre envisagé pour implanter le projet d’aéroport. La tentative d’évacuation des occupants a tourné au fiasco militaire.
Ce qui a déclenché une mobilisation nationale, avec quelque 40 000 personnes participant en plein mouillasse d’hiver, à une manifestation illégale de reconstruction des cabanes détruites.

Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre temporisait en annonçant le 24 novembre 2012 la création de trois commissions, chargées de réinstaurer le dialogue et de se pencher sur les questions environnementales et agricoles. Si la première d’entre elles a entériné le bien fondé du projet d’aéroport, la commission scientifique a vivement critiqué ce qui est prévu pour le déplacement d’espèces protégées, le manque de respect de la loi sur l’eau, les méthodes de compensation de la destruction de terres agricoles… Une critique entérinée par le Conseil national de protection de la nature
Le préfet a mis fin en mars 2013 à la présence policière permanente sur la Zad. Les opposants ont commencé à y lire le signe d’un éventuel abandon du projet. Mais tant que la déclaration d’utilité publique du 9 février 2008 n’est pas officiellement abrogée, le projet reste officiellement sur les rails. En attendant, le projet accumule plus d’un an et demi de retard vis-à-vis du dernier calendrier annoncé.

Que s’est-il passé depuis le rassemblement de l’été dernier ?

 Sur le plan administratif : préalables et optimiste en béton
Des arrêtés préfectoraux ont été publiés le 21 décembre 2013, ouvrant des dérogations à la loi sur l’eau et au déplacement d’espèces protégées, normalement interdits. Ils ont été présentés comme les dernières étapes administratives avant l’arrivée des bulldozers pour le début des travaux. Mais aucune tentative de démarrage de travaux publics n’a suivi.
En janvier 2014, optimiste, Nicolas Notebaert, président du consortium Vinci-AGO (Aéroport du grand ouest) annonce un début des travaux « sans doute avant l’été » (2014). Le préfet affiche alors la même échéance, omettant le « sans doute ».
En février 2014, l’État lance l’appel d’offres pour les travaux du barreau routier, prévu pour desservir le site du futur aéroport et le raccorder aux grand axes routiers Nantes-Rennes et Nantes-Vannes.
En avril, le Conseil national de protection de la nature émet un avis défavorable à la destruction du campagnol amphibie, espèce protégée présente dans la zone humide de Notre-Dame des Landes, mais oubliée par l’inventaire officiel qui a servi à l’enquête publique.

 Sur le plan juridique : recours en cours
Les arrêtés préfectoraux, loi sur l’eau et espèces protégées, sont attaqués début février 2014 devant le tribunal administratif au motif d’inventaire préalable insuffisant de la faune et de la flore, et de « l’incapacité écologique et technique » de réaliser des compensations environnementales imposées par la loi en cas de destruction d’une zone humide.
Le 10 février la cour administrative d’appel rejette d’autres recours déposés à l’automne 2012, contre la cessibilité de parcelles.
En avril 2014, Bruxelles lance une procédure d’infraction contre la France : la Commission européenne met en demeure la France de s’expliquer en épinglant la faiblesse des études de l’impact environnemental lors de la procédure d’autorisation du projet aéroportuaire. La procédure, longue, peut se solder par des sanctions financières qu’encourt l’État français. Cette décision européenne est un revers majeur pour les promoteurs de l’aéroport.

 Sur le front de la communication : lobbying et tentative de division
En février 2013, des journalistes de radio France dénoncent une publicité pro aéroport contractée par le syndicat mixte aéroportuaire pour convaincre le grand public de la légitimité du projet.
Toute l’année 2014, des articles de presse, y compris dans des médias conservateurs, multiplient les mises en cause de la pertinence économique, conjoncturelle, écologique d’un tel projet. Les termes d’« abandon du projet », d’« aéroport en fin de course », ou « dans la zone rouge » n’ont jamais autant été utilisés, notamment par les médias pas spécialement critiques.

 Sur le terrain : rumeurs et plantations
En novembre 2013, une rumeur d’intervention militaire imminente pour évacuer la Zad, avive la capacité de mobilisation régionale et des comités de soutien à la lutte contre l’aéroport, basés dans toute la France.
Le 17 novembre, un cambriolage chaparde une vingtaine d’ordinateurs dans les locaux de la société Biotope, chargée de l’accompagnement environnemental pour Vinci (dans la périmètre de la Zad où est envisagé l’aéroport lui-même) et pour l’État pour le barreau routier de raccordement aux axes routiers ouest et nord convergeant sur Nantes.
Le 14 décembre 2013, quelque 200 mirabelliers et des arbres fruitiers sont plantés dans le cadre des nombreuses opérations de remise en culture, semailles et chantiers collectifs de « Sème ta zad ! ».
Le 24 avril, l’expulsion après décision de justice de la ferme occupée de Saint Jean-du-Tertre, n’aura pas lieu. Les cinq escadrons de gendarmes mobiles requis sont décommandés. La préfecture parle d’un « accord d’apaisement ».

Dans la rue : fumées, flashball criminels et unité dans la lutte
Le 22 février 2014 a vu les rues de Nantes envahies par une mobilisation sans précédent contre le projet d’aéroport : 520 tracteurs et de 40 et 60 000 personnes. Des incidents en ville ont émaillé ce long cortège, laissant neuf vitrines cassées et plus de cinq heures de face à face et d’affrontements avec la police.
Deux syndicats de police ont mis en cause leur hiérarchie quant à l’immobilisme forcé du dispositif laissant s’installer un si long affrontement. Des tirs de balles "de défense" ont visé la tête des manifestants : trois de ces victimes, Quentin Torselli, 29 ans, Damien Tessier, 29 ans et Emmanuel Derrien, 24 ans, en perdent un œil. Cela consitue un triste record dans la répression de manifestation ces dernières années.
Suite à leurs plaintes, l’Inspection générale de la police nationale a ouvert une enquête. Deux autres plaintes ont été déposées par deux journalistes indépendants touchés par des tirs de ces armes à balles de caoutchouc. On attend qu’elles avancent...
Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, a dès le soir de la manifestation dénoncé la violence de l’ultra gauche, des black blocs « originaires de notre pays, mais aussi de pays étrangers ». Le préfet décerne à l’Acipa, la principale association d’opposants, le titre de « vitrine légale d’un mouvement armé », lui demandant de faire elle-même le ménage. Mais les opposants ne tombent pas dans le piège et restent unis.
Jean-Marc Ayrault demande aux écologistes de « sortir de l’ambiguité » au sujet de leur soutien à de tels opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Sans résultat non plus. Un courrier du président PS de la région Pays de Loire menace de retrait de financement les associations environnementales ou paysannes qui ne dénonceraient pas l’occupation de la Zad et les incidents de la manifestation du 22 février. C’est le « chantage aux subventions » qui se voit dénoncé publiquement. L’unité est réaffirmée après toutes ces tentatives de division.

Bye bye Mister Ayrault
Le 21 novembre 2013, Frédéric Cuvelier, ministre délégué aux Transports, martèle que l’aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes doit « être construit » car il « répond à une nécessité de croissance ». Un des plus véhéments partisans du projet d’aéroport, Jacques Auxiette, président PS de la région Pays de la Loire redemande à François Hollande une « évacuation sans délai de la Zad ».
Le 27 février, Jean-Marc Ayrault, encore Premier ministre, déclare qu’aucune évacuation forcée ne sera entreprise avant le traitement complet des derniers recours juridiques des opposants, selon les calendriers judiciaires.
Le 31 mars 2014, il quitte le gouvernement qu’il menait depuis le 15 mai 2012. Ancien maire de Nantes, il était le fervent promoteur de l’aéroport. Son successeur et le reste du PS sont beaucoup moins intéressés par ce qui est devenu une patate chaude politique.
D’ailleurs, lors des négociations avec les écologistes pour constituer son gouvernement, Valls met l’abandon du projet d’aéroport dans la balance pour maintenir la participation d’EELV à son gouvernement. La proposition n’a pas eu de suite, mais elle montre un autre regard sur ce projet que du temps d’Ayrault à Matignon.
Héritière de Jean-Marc Ayrault, mais moins passionnée par le projet, Johanna Rolland, PS, est élue maire de Nantes au deuxième tour avec 56,1 % des voix. Ségolène Royal qui avait demandé en octobre 2011 une remise à plat du projet, un moratoire et une suspension de la concession à Vinci (mais c’était lors des primaires du PS avant les présidentielles), ne s’est pas aventurée à diagnostiquer l’avenir du projet depuis qu’elle est ministre de l’Environnement...
Elle entend juste se ranger à la promesse du gouvernement d’ « attendre l’issue des recours » en respectant les délais de jugements de tous les procédures engagées.

Des contre-expertises comme s’il en pleuvait
Le collectif d’élus opposés au projet rend public le 26 septembre une étude réalisée par un cabinet d’ingénierie sur les plans d’exposition au bruit, concluant que la gêne sonore de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique n’est pas une raison valable de créer un nouvel aéroport.
En janvier 2014, le collectif des Naturalistes en lutte dénonce un inventaire bâclé de la faune et de la flore par la société Biotope, lui opposant un recensement entrepris par plus de 200 bénévoles et scientifiques depuis des mois.
Fin juin, une expertise d’architectes refait les calculs du coût d’un maintien de l’actuel aéroport et de son réaménagement : il apparait que les service de l’aviation civile ont truqué leur chiffrage, multipliant par quatre le chiffrage normal afin de surévaluer et d’écarter l’hypothèse de faire avec l’existant.

Dans les commissariats et les tribunaux : menottes et embastillements
Virgile Mazery, un apiculteur, est assigné en référé en justice par Vinci le 26 novembre 2013 pour occupation illégale de terres où il a placé ses ruches. Le tribunal de Saint-Nazaire réfutant le 11 décembre le caractère d’urgence de la demande d’expulsion, l’apiculteur peut laisser butiner ses abeilles en paix.
Les procédures pour refus de prélèvement ADN se poursuivent contre les militants de terrain, le 2 décembre 2013 en appel à Rennes, le 19 juin 2014 en première instance à Rennes, à nouveau à Nantes lors de quatre audiences différentes en juillet.
Après la manifestation du 22 février, la police annonce une cellule spéciale de huit spécialistes. Après cinq lampistes arrêtés sur place le jour même, des comparutions immédiates à retardement sont lancées au lendemain même des élections municipales. Les accusations peinent à trouver de dangereux terroristes.
La justice retient quand même la charge d’« association de malfaiteurs » contre quatre militants rennais interpellés avec, dans le coffre de leur voiture, deux lampes frontales que la police suppose volées. Un militant nantais est condamné à un an ferme pour avoir lancé un fumigène au-delà des lignes des policiers, trace de son ADN faisant foi.
Le 24 juin, la cour d’appel de Rennes a relaxé Sylvain Fresneau, agriculteur et militant anti-aéroport. Il avait été poursuivi et condamné en première instance a un mois de prison avec sursis pour « violences volontaires avec arme », en fait pour avoir reculé son tracteur et la remorque vers les gendarmes mobiles lors d’une manifestation à Notre-Dame-des-Landes en juin 2012.
Nicolas de La Casinière - Reporterre

EDITO - La Zad n’est qu’un commencement


Dans la lutte de Notre-Dame-des-Landes est née une formidable expérience d’alternative à la société capitaliste : la Zad. Quel est son avenir ? Assurer la victoire, résoudre la question de la terre, soutenir les terrains où l’on se bat contre la volonté folle de destruction du monde.

Quel pourrait être l’avenir de la Zad et quelles sont les questions qui se posent à ceux qui y vivent et à ceux qui s’en sentent proches par la pensée, l’amitié ou la solidarité ?
Un premier point essentiel est que la page n’est pas encore tournée, la victoire n’est pas encore acquise. Certes, Jean-Marc Ayrault n’est plus Premier ministre et l’intérêt des pouvoirs pour le projet d’aéroport est très limité. Certes, le lancement par la Commission européenne en avril dernier d’une procédure d’infraction contre la France sur le dossier de Notre Dame des Landes est un coup très dur porté aux promoteurs du projet. Certes de nombreux indices permettent de penser que ces promoteurs se fatiguent et perdent de leur énergie.

La victoire n’est pas acquise
Mais une chose frappe dans l’état actuel de déliquescence du capitalisme, c’est qu’il déploie une énergie stupéfiante pour se maintenir malgré le délabrement généralisé qu’il provoque tant dans la vie de la biosphère que dans le champ des relations humaines.
Par exemple, on aurait pu penser qu’après l’échec subi en Europe dans la tentative d’imposer les OGM et qu’au vu des conséquences néfastes de leur culture maintenant visibles aux Etats-Unis ou en Argentine, la bataille contre les OGMétait gagnée. Eh bien non. A peine le front des opposants aux OGM a-t-il paru s’affaiblir que les multinationales et les zélateurs des transgéniques sont repartis en Europe à l’assaut.
Les capitalistes, les productivistes, les croissancistes, les dominants, appelez-les comme vous voulez, n’abandonnent pas un terrain tant qu’on ne leur a pas fait rendre gorge. L’impunité dont ils jouissent aujourd’hui dans la gestion du système social planétaire fait que, s’ils sont contraints de reculer face à une résistance particulière, ce recul n’est que temporaire.
Donc, l’avenir de la Zad doit rester celui de la lutte, de la vigilance, de la résistance, dans une veille d’autant plus difficile que l’adversaire semble s’assoupir et que l’attention du public se détache de l’enjeu. Pour assurer la victoire, il faut se persuader qu’elle n’est pas acquise.

Prototype d’une société à venir
Une deuxième perspective sur l’avenir de la Zad est que celle-ci approfondisse son caractère enthousiasmant de prototype d’une société à venir. Que, soulagée de la pression policière et politique – même si, on l’a vu, il faudra rester constamment en alerte -, s’y épanouissent toutes les potentialités de vie en commun émancipée de l’esprit de compétition et de cupidité qui imprègne la société dominante.
Ceux qui vivent sur la Zad sauront dire comment, au quotidien, ils explorent ensemble et rendent réelles ces potentialités.
Si je pense ici aux relations humaines, le travail sur le bien commun doit aussi porter sur un enjeu politique difficile : il s’agit de la question de la terre. Les terres de la Zad sont pour l’instant la propriété du Conseil général et leur utilisation pérenne reste incertaine.

Le partage des terres
Il est essentiel que tous les occupants de la Zad, exploitants agricoles, zadistes, Copain 44, définissent ensemble la meilleure manière de vivre ensemble de cette terre, en faisant en sorte que cette manière illustre les idées de bien commun qui sont au cœur de la lutte.
Cette réflexion a été très bien engagée par l’engagement de Copain 44 et des exploitants de ne pas entrer dans une logique d’agrandissement des exploitations actuelles, très bien engagée aussi par le collectif Sème ta Zad.
L’avenir de la Zad repose sur ce pilier fondamental : comment cultiver ensemble et de manière écologique les terres ? Si paysans, zadistes et citoyennistes relèvent avec succès ce défi, ce sera un des plus beaux fruits de l’aventure de Notre Dame des Landes.

Une alchimie belle et fragile
La force de ce qui se passe ici découle aussi de l’alchimie délicate qui s’est créée dans la lutte entre des groupes et des personnes de sensibilités, de cultures, d’âges et de convictions différents. Tout le monde ici a appris les uns des autres, s’est heurté souvent, s’est engueulé parfois, a fait des compromis, a progressé ensemble, et toujours a maintenu l’alliance en surmontant les conflits.
Cela devrait aller sans dire, mais l’avenir de la Zad découle de la vivacité de cet esprit d’alliance, qui est là aussi une clé qui pourrait inspirer tant de luttes en France et ailleurs.
La force des capitalistes ne nait pas de leur puissance, mais de notre désunion. L’union est une des plus belles plantes qui aient grandi à Notre Dame des Landes. C’est une plante délicate, difficile, exigeante, mais qu’elle est forte quand elle s’est enracinée ! Il faut l’entourer des meilleurs soins pour pouvoir la transplanter dans d’autres terreaux.

Zad partout !
Enfin, l’avenir de la Zad, c’est de savoir ne plus être la Zad, de s’articuler avec les luttes partout – je pense aux Mille vaches, au Testet, à Cigéo, au Lyon-Turin, à Saint-Jean-de-Braye, à Hambach, à… à tant d’endroits où l’on se bat contre la volonté folle de destruction du monde.
S’articuler aussi avec les luttes globales, dont une vitale est celle qui se réorganise sur le changement climatique. La Zad peut être un tremplin, une terre d’accueil, un refuge, un lieu de réflexion et d’espoir.
Alors, parviendrez-vous, parviendrons-nous, à former ce bel avenir ? Il faudra surmonter la fatigue, éviter la discorde, savoir ne pas devenir une espèce de Disneyland de la révolte. Savoir rester simples tout en étant exemplaires.
Bon courage !
Hervé Kempf - Reporterre

La biodiversité, à Notre-Dame-des-Landes aussi

Il y a une semaine, quelques jours avant le grand rassemblement de ce week-end des 5 et 6 juillet à Notre-Dame-des-Landes, le conseil régional des Pays de la Loire a adopté sa nouvelle politique régionale en faveur de la biodiversité. En tant que vice-présidente en charge de l’environnement, j’étais très fière de présenter ce plan d’actions, ambitieux et pragmatique. En tant qu’écologiste aussi.
En effet, ce plan marque tant la réaffirmation que le renouvellement de l’engagement politique de l’assemblée régionale en faveur de la biodiversité et de la nature. Il constitue également un bond en avant dans nos politiques publiques, notamment par son caractère transversal. Nous avons travaillé à la prise en compte des enjeux de biodiversité dans différentes politiques : agriculture, recherche, tourisme, éducation, aménagement du territoire, formation, énergie, etc. Cette dynamique est plus que jamais nécessaire compte tenu des enjeux de notre époque (plus d’un tiers des espèces végétales ou animales en Pays de la Loire sont menacées…), et il est important d’agir. C’est l’objet même de ce plan, résolument pragmatique.

Je sais qu’il se traduira en actions,  nous ne sommes pas dans le simple déclaratoire. Le dernier plan a permis de consacrer 30 millions d’euros aux enjeux de biodiversité. Il nous a hissés au rang des régions les plus impliquées en la matière. Un exemple parmi bien d’autres : nous comptons aujourd’hui 19 réserves naturelles régionales, et sommes ainsi la deuxième région de France en nombre de réserves.

30 millions, c’est en fait bien peu au regard des enjeux actuels. Mais dans le contexte financier que l’on connaît, si nous maintenons ce budget, ce sera déjà bien. Qui plus est, nous avons su dégager dans les fonds européens une enveloppe conséquente en faveur de la nature et de la biodiversité – ce que toutes les régions n’ont pas réussi à négocier – qui permettra d’accompagner sérieusement les acteurs des territoires. Et puis, si nous parvenons vraiment à la prise en compte de la biodiversité dans toutes les politiques publiques, ce qui ne nécessitera pas de budgets supplémentaires, mais une approche différente, ce plan d’actions sera plus efficace que le précédent…!

Cette transversalité entre la politique régionale en faveur de la biodiversité et les autres est exigeante, elle requiert prise de recul… et souci de cohérence ! Sur ce point, il y a un gros problème : les projets destructeurs soutenus par le conseil régional (Notre-Dame-des-Landes, A 831, mesures compensatoires LGV Paris-Rennes…). Et aussi une multitude de petits problèmes, qui additionnés les uns aux autres, deviennent un problème majeur. Je prends pour exemple le foisonnement de nouvelles zones d’activité, et de manière générale l’étalement urbain. Nous sommes la région de France avec le plus fort taux d’artificialisation des sols. Il faut arrêter et penser autrement le développement des territoires.

Et puis, l’ambition du plan voté jeudi 26 juin ne se concrétisera que si, à nouveau, nos partenaires s’engagent à nos côtés. Ils sont aujourd’hui un maillon essentiel de notre politique en faveur de la biodiversité et ont accompli un travail remarquable jusqu’à présent, avec peu de moyens, comparé à ceux que nous employons pour détruire par ailleurs. Je pense notamment aux associations de protection de l’environnement mais aussi aux réseaux qui œuvrent pour le développement d’une agriculture respectueuse des écosystèmes. Nous devons continuer de les soutenir.

Alors, quand le président du conseil régional leur envoie un courrier menaçant de leur supprimer leurs subventions, et exigeant de leur part de se désengager vis-à-vis du projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, c’est toute la politique régionale en faveur de la biodiversité qu’il met en danger.

Il y a une incohérence intrinsèque entre le fait de soutenir la nouvelle politique régionale en faveur de la biodiversité et celui de s’entêter à s’accrocher à un projet d’aéroport dont on prouve chaque jour un peu plus l’ineptie. Allez, encore quelque temps et la région pourra afficher une politique cohérente : le projet de nouvel aéroport sera abandonné, les autres projets nuisibles aussi. Enfin !
Sophie Bringuy, vice-présidente (EELV) du conseil régional Pays de la Loire chargée de l'environnement – Médiapart

Nous serons cent mille contre les projets inutiles

Vers Notre-Dame-des-Landes ont convergé des centaines de marcheurs portant les luttes de toute la France contre les grands projets inutiles et imposés. Pour marquer l’unité profonde qui les renforce.

Nous, hommes et femmes qui voulons nous réapproprier nos vies, dans des démarches de résistance contre un monde qui ne nous convient pas, nous nous organisons depuis plusieurs mois, plusieurs années, afin que plus de soixante-dix rassemblements regroupent des milliers de personnes depuis un mois et demi partout en France. Un coup d’envoi des Caravanes de la convergence a été donné le 30 mai, au Plateau de Glières pour être présentes ce jour à Notre Dame des Landes.
Sur tous les sites des Grands Projets Inutiles et Imposés et contestés, il y a eu un travail énorme, en dehors des jeux politiciens et de récupération politique.
Nous avons eu une vraie solidarité, de vrais partages humains : nous construisons nos mouvements différents, variés, colorés tous les jours !
Nous serons cent mille devant l’usine des Mille vaches, sur le barrage de Testet dans le Tarn, sur les LGV, devant l’hyper incinérateur de la Rochelle, sur les projets d’extraction (mines d’or, gaz de schistes,...), sous les THT, sur les sites d’enfouissement de déchets nucléaires, sur les sites de biomascarade... et tant d’autres encore !
Nous sommes tous des lanceurs d’alerte, déterminés, nous serons cent mille ou plus devant les tribunaux (ou dans les tribunaux !) s’il le faut.
La convergence des luttes ne se limite pas aux problèmes environnementaux : c’est aussi la convergence des luttes sociales et humaines.
Notre grande force, c’est la diversité de nos pratiques et de nos stratégies. Nous allons continuer !
Notre grande force, c’est l’autonomie d’organisation, c’est l’indépendance d’organisation, ce sont nos convictions, nos engagements, et nos rêves.
Nous allons continuer d’agir ensemble dans un rassemblement horizontal. Nous allons continuer de mutualiser
. les expériences
. les moyens : juridiques, de communication, de formation, d’actions concrètes
Afin de développer des actions communes.
Nous continuerons à partager nos dossiers et nos savoirs sur les sujets différents avec l’apport de chacun.
Une rencontre pour accroitre la force de cette mutualisation pratique, concrète aura lieu début septembre. Par exemple : nous partagerons mieux nos savoirs sur les zones humides, nous parlerons des difficultés de communication et comment permettre à chacun de créer les outils dont chacun à besoin....
Cette rencontre est ouverte à tous et les échanges entre nous ne feront que croitre. Inscrivez vous sur le blog de Convergences.
Merci à celles et ceux qui ont nourri et porté, qui portent et porteront la Convergence.
Nous gagnerons sur NDDL, ensemble dans nos différences : merci à la ZAD et à la convergence des luttes locales pour l’accueil et pour l’exemple !
Nous gagnerons NDDL pour gagner tous les autres combats.
Convergences des luttes – sur Reporterre

Infos  de la semaine du 7 au 13 juillet


Lundi  7  juillet

A Notre Dame des Landes, un week-end de partage et d’enthousiasme


Près de vingt mille personnes se sont retrouvées à Notre Dame des Landes ce week-end. Malgré une pluie qui n’a laissé place que dimanche après-midi au soleil, la bonne humeur était partout - et la réflexion, au long des nombreux débats. Reportage (en sons - NDA : malheureusement le lien ne semble pas marcher avec Word - et en images).

*        Notre-Dame-des-Landes, reportage

Sous la pluie, la campagne est verte et humide. La route est étroite, deux voitures peuvent à peine se croiser. Après quelques lacets entre les champs et les bosquets, on pourrait craindre de se perdre mais des bénévoles en gilets jaunes apparaissent à un carrefour. En file indienne, les voitures sont orientées avec précision vers les parkings déjà boueux. Un tracteur vient amener du vieux foin pour éponger la gadoue. Le festival de Notre-Dame-des-Landes, ou« festiZad », du nom de la zone à défendre, semble organisé par des pros.
Mais pour entrer, pas besoin de tickets. Dans une petite caravane les bénévoles de l’Acipa demandent une participation libre aux frais d’organisation : chacun donne selon ses moyens. Dès le premier champ, une flopée de stands associatifs et politiques accueillent les visiteurs. Des Naturalistes en lutte (ils recensent la biodiversité de la Zad) au parti politique Nouvelle Donne, en passant par Greenpeace, la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes rassemble une diversité d’organisations.
Même des intermittents du spectacle ont monté leur chapiteau. Un mégaphone nous invite à un spectacle de marionnettes. Polichinelle armé de son bâton part à la poursuite d’un avion qui l’assaille.
"- Mais où est-il ? A ta gauche !" crient les enfants :
D’un coup de bâton, il l’envoie à terre. Paf ! « Il n’y a plus d’avions », conclut, satisfait, Polichinelle.
Dans le champ voisin, plusieurs chapiteaux colorés ont été dressés pour abriter un programme de débats plutôt touffu. On comprend qu’ici, on est avant tout là pour débattre, échanger, réfléchir, se cultiver... Les banderoles dénoncent d’autres grands projets inutiles : la LGV Lyon-Turin, le centre de déchets d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure ou l’usine des 1.000 vaches : pour un week-end, les luttes convergents ici, en plein cœur de la Zad de Notre-Dame-des-Landes.
Les occupants et sympathisants de la Zad, eux, en profitent pour exposer leurs projets. Le collectif Sème ta Zad a installé un compteur à dons. Il souhaite financer le semis de 24 hectares de prairies. « Aidez-nous à semer l’avenir », proclame la banderole. Willem s’est récemment installé sur la Zad. « Ce seront des prairies pérennes, pour montrer qu’on est là pour longtemps », explique-t-il :
Fils de paysan et ouvrier agricole, Willem connaît l’importance de la terre pour les paysans. « Dans notre commune, on a beaucoup de conflits liés au foncier », raconte-t-il. Quand les premières expulsions ont eu lieu, il a ressenti le besoin de participer à la lutte :
 « Il faut se réapproprier son alimentation », poursuit Willem. Un message que tentent de mettre en œuvre certains stands de l’espace restauration. Par exemple, le menu de la « cantine de la discorde » propose un « moment de partage et d’autogestion » à prix libre. Les produits sont avant tout locaux, l’assiette est goûtue et copieuse. Agnès est au service :
Entre autres stands à prix libre ou de soutien, le collectif Antinuk (antinucléaire) propose des frites faites maisons et croustillantes à souhait (on a testé !). Le stand d’en face propose des assiettes vegan (sans produits animaux). A côté, des pizzas aux légumes bios sortent d’un four à pain ambulant. Le gourmand ne sait plus où donner de la tête !
Le tout à « prix libre » ou « prix de soutien ». Mais tiens, à côté Jean-Joseph propose ses tee-shirts sérigraphiés à un« prix de conscience ». Ils sont réalisés par l’université populaire du Haut-Fay, en bordure de la Zad, où un atelier forme les volontaires à l’art d’imprimer les tee-shirts. Le prix de conscience, « c’est la dernière étape avant que tout soit gratuit », explique l’anarchiste :
Il n’apprécie pas forcément la belle organisation de l’ACIPA pour le festival : « Regardez, ils ont installé un immense spot qui reste allumé même en pleine journée alors que l’on accueille des opposants au nucléaire ! » La diversité des opposants s’exprime dans le festival, entre la gestion bien rodée des associations et l’organisation informelle des collectifs. Mais l’ambiance bon enfant montre que tout ce petit monde a appris à cohabiter. Et malgré la pluie très abondante durant le week-end, la bonne humeur est générale.
La plus belle preuve de cette union dans la lutte est peut-être la ferme de Bellevue. Elle a été choisie comme lieu d’accueil du festival, et ce n’est sans doute pas un hasard. Elle est occupée depuis un an et demi, depuis que ses propriétaires ont accepté les dédommagements de Vinci pour partir. Ses cent vingt hectares se situent au centre de la Zad. Pour empêcher les forces de l’ordre de la détruire, paysans et zadistes se sont unis.
Ils ont d’abord sauvé la ferme, et depuis, ils construisent ensemble une nouvelle façon de la cultiver. Ce n’est pas facile tous les jours. « Quand on est agriculteur, quand on a quelque chose à faire, on le fait. Ici, il faut discuter beaucoup avant ! », témoigne un paysan. Mais, dimanche matin, ils étaient tous réunis pour raconter la manière dont ils font vivre cette ferme en lutte.
Éleveur laitier à 40 km de Notre-Dame-des-Landes, Jean-François trouve le temps de participer à la lutte. Avec d’autres paysans, il a décidé de ramener des vaches sur cette ferme délaissée :
Sébastien vit depuis deux ans sur la Zad et fait partie du « groupe vache », qui s’occupe de ces cinq bovins, les trait, puis transforme le lait en fromage, fromage blanc, yaourt, beurre, etc. « Avec les paysans, on est tous dans le même bateau », assure le jeune homme :
 « Il ne faut pas perdre de vue le but commun, on ne veut pas de cet aéroport, poursuit un autre paysan. Faut pas lâcher, on sait que si on gagne ici on gagnera ailleurs ! »

Marie Astier et Vladimir Slonska-Malvaud - Reporterre



Notre-Dame-des-Landes: quelle convergence pour le climat ?


Ferme de Bellevue, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, 6 juillet 2014 (JL).
Le rassemblement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les 5 et 6 juillet, a fait son mot d’ordre de la convergence des luttes. En est sortie une déclaration solennelle : « Nous serons 100.000 devant l’usine des 1000 vaches, sur le barrage de Testet dans le Tarn, sur les LGV, devant l’hyper incinérateur de la Rochelle, sur les projets d’extraction (mines d’or, gaz de schistes,...), sous les THT, sur les sites d’enfouissement de déchets nucléaires, sur les sites de biomascarade.. et tant d’autres encore ! ».
Dans les champs entourant la ferme occupée de Bellevue, sur la zone réservée pour l’aérogare devenue « zone à défendre » pour les opposants, la ZAD, plusieurs milliers de personnes ont parlé, écouté, dansé, campé et fait la fête pendant deux jours. La foule était diverse : des jeunes, des vieux, des électeurs, des partisans de l’action directe, des retraités, des précaires, des familles et des solitaires, des comités de soutien originaires de l’autre côté de la France et des voisin venus en touristes.

Quelle convergence s’est-elle dessinée contre le dérèglement climatique ? Difficile à dire à l’issue des débats. Des points de vue divers, voire contradictoires s’y sont exprimés concernant les stratégies de mobilisations et les formes de lutte d’ici le sommet de l’ONU de décembre 2015 qui se tiendra au Bourget, Paris Climat 2015.
Geneviève Azam, Hervé Kempf, Josie Riffaud et au fond, Ronan Dantec, 6 juillet 2014 (JL)
Deux grandes lignes de fracture s’y sont dessinées. D’abord, entre les partisans de la stratégie du clivage et les pragmatiques. Ainsi, dans le premier camp, l’économiste Geneviève Azam, membre du conseil scientifique d’Attac, explique que : « Le climat n’est pas vu comme une catastrophe par le monde économique mais comme un risque. Or les risques sont gérés par la finance ».  Pour elle, « les lobbies économiques et financiers influencent directement les négociations internationales. Ce ne sont plus "les peuples  de la Terre" mais "les lobbies de la terre" ».
Pour la Confédération paysanne et Via Campesina, Josie Riffaud a déclaré : « le climat ? Personne ne comprend vraiment de quoi on parle. A la Confédération paysanne, on parle de crise climatique, crise sociale, crise financière. Il faut mener de front toutes ces batailles ». L’Union syndicale Solidaires, qui tenait une table dans l’espace climat du forum, dénonce le « coût écologique » commun de l’austérité et du capitalisme. Pour ces militants, les grandes entreprises font partie du problème climatique et sont une cible prioritaire de dénonciation.
Le sénateur écologiste Ronan Dantec a par contre tenu à distinguer la finance mondiale « qui ne veut pas d’accord sur le climat », des industries, dont certaines y ont intérêt, selon lui. Il appelle ainsi à agir avec les acteurs du monde économique et politique  tels qu’ils sont, à et non par rapport à un idéal. Une position plus encline aux alliances avec le secteur privé.

Deuxième ligne de clivage : faut-il valoriser les alternatives ou s’attaquer au système frontalement ? D’un côté, on trouve le processus des Alternatiba, ces rassemblements locaux initiés par l’association basque Bizi pour rapprocher et valoriser les alternatives au système marchand et pollueur dominant (Amap, coopératives, projets d’éducation populaire…). A partir de l’automne 2015, il doit s’en tenir à Nantes, Gonesse, Bordeaux, etc. De l’autre, c’est la défense de la stratégie de la confrontation : « on a besoin d’un rapport de forces qui dépasse l’échelle des alternatives, plaide un militant lors d’une réunion plénière sur les enjeux climatiques. On ne leur cause pas d’inquiétude. On est des gentils marginaux ».
Il n’existe bien sûr pas d’instance de départage et de règlement des différends stratégiques au sein des mouvements sociaux du climat. Dans la perspective du sommet de décembre 2015, un cadre unitaire s’est néanmoins mis en place autour d’ associations. Il réunit des réseaux historiques des mobilisations altermondialistes (Attac, Crid) et le Réseau action climat (Rac). Ils se réunissent depuis le début de l’année 2014 pour coordonner leurs campagnes et créer un front uni, à la différence de ce qui s’était passé en 2009 lors de la conférence de Copenhague.
Rassemblement contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, 6 juillet 2014 (JL).
Pour ces militants et têtes de réseaux, la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est une précieuse expérience militante : c’est l’union des opposants locaux, paysans et riverains, avec des militants aux convictions et méthodes politiques plus radicale, celles et ceux qui occupent la ZAD depuis 2009, qui a permis d’empêcher le démarrage des travaux de l’aéroport. Des partis politiques (EELV, parti de gauche) ont ensuite relayé cette opposition dans le cadre institutionnel. Bien que souvent vilipendés pendant la rencontre des 5 et 6 juillet (« Politiciens cassez-vous ! » proclamait une banderole en lettres rouges et rageuses sous l’un des plus grands chapiteaux de débat), des responsables d’EELV, du Parti de gauche et même du Modem étaient à ce titre invités à s’exprimer dans plusieurs débats.

Cette alliance improbable de cultures politiques si différentes peut-elle perdurer dans une mobilisation contre le système qui produit le dérèglement climatique ? Dans les allées boueuses des parcelles de Bellevue, les 5 et 6 juillet, beaucoup croyaient la victoire contre la  construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à portée de main. Sur place, s’élaborent déjà des plans pour la reconversion de la ZAD en vivier d’alternatives agricoles et sociales.
Jade Lindgaard - Médiapart

*        Après un we pluvieux mais animé, de débats, retrouvailles, concerts, et autres festivités,
aujourd’hui, c’est devant le tribunal de Nantes que la lutte continue !
S. a été condamné à 4 mois de prison ferme.
Les détails à venir  bientôt.
Ni pression, ni répression n’arrêteront nos rebellions ! Solidarité !
RDV jeudi au même endroit pour le procès d’un autre camarade inculpé par rapport à la manif du 22 lui aussi.
Nantes. Un jeune Zadiste condamné à quatre mois ferme
Venus soutenir un de leurs camarades condamné à 4 mois ferme cet après-midi, quelque 200 Zadistes se sont heurtées aux forces de police près du palais de justice de Nantes.

Quelque 200 Zadistes (opposants à l’aéroport, en référence à la « Zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes) se sont affrontés cet après-midi avec les forces de l’ordre autour du palais de justice de Nantes.
En tout début d’après-midi, ils avaient investi le palais de justice. Sur place, de nombreux CRS montaient la garde.
C’est au moment du jugement de l’un de leurs camarades zadistes que la tension est montée d’un cran à l’intérieur du palais : les forces de l’ordre ont formé un cordon serré autour des personnes ayant assisté à l’audience du jeune Zadiste, et, utilisant des jets de fumigène, les ont repoussés dehors.

4 mois ferme
Ce Zadiste de 24 ans, maintenu en prison, a été condamné à 4 mois ferme, notamment pour “participation à un attroupement avec arme”. Il a néanmoins été relaxé sur les faits de violence qu’on lui reprochait ce 22 février, faits qu’il nie. « On ne sait pas s’il a été condamné pour deux vols qui n’ont rien à voir avec la manifestation, et qu’il a reconnus. Ou si c’est en raison de sa participation, le 22 février dernier, à cette manifestation anti-aéroport à Nantes. Il y a un déni de justice. C’est scandaleux », estime son avocat maître Ferrand pour qui Nantes métropole “exerce une pression très forte pour obtenir réparation sur les dégâts commis le 22 février”. Quant à l’arme dont il est question, un bâton de berger, “elle ne rentre pas dans la catégorie des armes.”
Au nom de « Libérez nos camarades », les Zadistes venus le soutenir sont restés un moment sur le parvis du palais de justice. Ils ont chanté, dansé, et fait les clowns devant les CRS. Ces derniers les ont repoussés un peu plus loin, dans une rue attenante où la même scène s’est reproduite. Les forces de l’ordre ont chargé, repoussant les manifestants plus loin. Acculés, ces derniers ont finalement emprunté la passerelle Victor-Schoelcher qui enjambe la Loire, face au palais de justice et sont partis.
Ouest-France.fr

Mardi  8  juillet
A Notre Dame des Landes : « Vivons l’instant présent »

Le projet d’aéroport s’essouffle et permet de commencer à réfléchir sur l’après : que faire de tout ce qui a été créé durant ces années de lutte ? Un questionnement omniprésent durant le rassemblement estival sur la Zad, les 5 et 6 juillet.

 Notre-Dame-des-Landes, reportage -
De la pluie fine et persistante, de la boue dans les allées. Des gens en botte, des gens nus pieds maculés. Une odeur de grillade, le son des concerts de Miossec, Sanseverino, Pigalle. Des cerfs-volants dans le ciel, de grands débats sous les chapiteaux.
Et dans les discussions, récurrent, le thème de l’avenir de la Zad, la zone à défendre contre le projet de l’aéroport du Grand Ouest. Que faire, si toutefois le projet était abandonné ? Que faire des terres, des cabanes, du lien entre les habitants, différents mais unis dans une lutte commune ?

Personne ne souhaite un retour à la vie normale
Sous un barnum, au milieu d’un pré d’herbe humide, une vingtaine de personnes s’est assemblée en rond, pour en discuter. Ici, des membres de comités de soutien, là des paysans et quelques occupants de la zone. Personne ne souhaite un retour à la vie normale, si le projet est abandonné : rentrer chez soi, bien au chaud et se remémorer les années de luttes. Non, il y a ici une dynamique qui ne demande qu’à perdurer : celle d’une construction commune, lieu de partage et de vie.
Pourtant, au cours des discussions, des divergences apparaissent. « Pourquoi ne pas essayer de classer la zone en site Natura 2000 ? » « Ce serait entrer dans le système, nous imposer des règles et des contrôles ! » « Pourquoi ne pas en faire un lieu d’expérimentation pour les jeunes, au niveau européen ? » « On ne veut pas devenir un musée ni accueillir seulement des jeunes ! ».
Il y a, d’un côté, ceux qui souhaiteraient s’inscrire dans un cadre légal en régularisant ce qui s’est construit jusqu’ici. Et il y a ceux qui veulent que la Zad reste une « zone libre ». « Si les terres sont reprises, redistribuées de manière conventionnelles, les cabanes seront détruites, les expérimentations vont disparaître », insiste une jeune participante. Une habitante des lieux se lève. « Cette illégalité est précieuse, elle nous permet de faire beaucoup de choses ».

Une cohabitation qui fonctionne

Beaucoup de choses et notamment se lier aux agriculteurs et aux habitants du coin, malgré les différences et les conceptions dissemblables du monde. Ce lien, on le sent fort ce dimanche, à la ferme de Bellevue.
Occupée depuis janvier 2013, elle accueille en ce deuxième jour de fête une discussion sur la façon d’habiter et de faire vivre une ferme commune dans un territoire en lutte. Il fait beau, aujourd’hui. Sous un Tivoli, proche du hangar qui abrite le foin, occupants et paysans se taquinent, se sourient. Parfois, les plus anciens éclatent de rire aux interventions drôles et spontanées des jeunes occupants. La cohabitation entre tous n’est pas toujours rose mais elle fonctionne.

Gérer les terres collectivement
L’avenir des terres reste incertain. La crainte est de les voir redistribuées de manière classique. Alors, les collectifs continuent leurs efforts pour en faire un bien commun, géré collectivement. En octobre 2013, vingt-quatre hectares on été semés sur des « zones travaux », destinées à être bétonnées. Ces terres, cédées par les anciens agriculteurs à Vinci, n’étaient plus cultivées depuis 2012.
D’autres semis sont prévus pour début septembre, financés grâce aux dons. L’Adeca (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport), Copain (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées) et Sème ta Zad ont aussi proposé de racheter les terres collectivement via une SCI (société civile immobilière), dans laquelle chacun peut avoir une part.
Là est toute la difficulté : entrer dans le système pour mieux le combattre, ou continuer à lutter, si ce n’est pour l’aéroport, au moins pour « son monde » en refusant la légalité. « Pas besoin de théoriser, déclare un habitant de la Zad. Vivons l’instant présent, simple mais réel. C’est le seul endroit où l’on puisse le faire. »

ZAD PARTOUT !
« La lutte n’est pas finie ! Si le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est abandonné, il en reste plein d’autres à combattre. » Derrière un stand couvert de publications et d’autocollants anti nucléaire, Gilles Rogé, adhérent à Bure Zone Libre, explique à qui veut l’entendre le danger que représente le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, dans la Meuse.
« Nous devons mobiliser du monde. Ce serait dommage que tous ceux qui sont là, à Notre-Dame-des-Landes, ne se désengagent une fois le projet enterré. »
Une lutte commune s’organise, à travers des échanges et un large réseau. Lise Guillot, du collectif lyonnais de soutien à la Zad, combat le projet de grand stade à Lyon mais est aussi allée rencontrer des militants canadiens contre le projet d’oléoduc géant traversant les Etats-Unis.
Les militants de Bure ont accueilli plusieurs fois dans l’année des membres de la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Un partage d’expériences et de forces bienvenu pour mener de front toutes les luttes contre les grands projets inutiles et imposés.
Flora Chauveau – Reporterre

NDA : plein de photos avec le lien ci-joint du collectif du Rhône

Mercredi  9  juillet

ZAD AntiRep NDDL :
 la personne qui était en préventive et qui passe en procès le 18 a été libérée, après sa demande en cour d’appel à Rennes jugée hier.

Jeudi  10  juillet

 la commission européenne a déclaré l’illégalité des aides versées par l’Etat pour la construction de l’aéroport

Notre Dame des Landes : récupération de l’argent public déjà versé

Alors que le versant environnemental du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes fait l’objet d’une procédure d’infraction de la part de l’Europe, les aspects économiques du dossier sont examinés de près par les associations opposées au projet.

La Commission Européenne a reconnu, le 7 novembre 2013, que les aides  pour la construction de l’aéroport étaient compatibles avec le marché européen. Cependant, dans cette même décision, la Commission Européenne a considéré que les sommes versées par l’Etat et les collectivités locales à AGO constituaient bien une aide d’Etat au sens du droit européen. Or ces aides, versées depuis Mai 2011, n’ont été notifiées à la Commission Européenne qu’en Juillet 2013, sous la pression de la pétition déposée par l’ACIPA et le CéDpa devant la Commission des Pétitions du Parlement Européen.

Par cette décision qui vient d’être publiée dans sa totalité, la Commission reconnait ainsi explicitement que la « mesure d’aide est illégale au sens de l’article 108, paragraphe 3 du traité sur le fonctionnement de l’union européenne » sur la période comprise entre le début de son versement et la décision de la Commission (mai 2011 à novembre 2013).

Cette illégalité implique, selon la jurisprudence européenne et nationale, le reversement des aides et des intérêts afférents aux collectivités locales et à l’Etat.

En conséquence, le CéDpa vient d’adresser un courrier à l’Etat et aux collectivités locales qui participent au financement afin qu’ils sollicitent la récupération des aides perçues par AGO sur la période concernée et des intérêts afférents, soit une somme totale de 38,4 millions d’euros.

A défaut d’action en ce sens de la part de ces derniers, les juridictions nationales seront saisies afin d’obtenir le retour de ces sommes dans le patrimoine de l’Etat et des collectivités.

Alors que le syndicat mixte vient de suspendre le 16 juin dernier ses versements au projet, il est sain que l’argent public retourne dans les caisses des collectivités locales et de l’Etat qui cherchent chaque jour à faire des économies. Il est temps aussi de mettre fin au non-sens économique et écologique que constitue ce projet d’aéroport.
CEDPA – communiqué de presse


*        Près de 200 personnes étaient devant le tribunal cette après midi, face à quasi autant de GM - A croire qu’ils n’ont pas appréciés être pris par surprise lundi. Sans aucune justification, l’audience publique ne l’était plus et seulement quelques personnes ont pu rentrer au compte goutte. Rendu : 3 mois de prison ferme sans mandat de dépot pour O, [ce qui veut dire qu’il est ressorti en attendant de voir le juge d’application des peines] et 300€ de dommages et intérêts.

Vendredi  11  juillet

*        Le Syndicat de la Magistrature se positionne. Stop à la répression du mouvement social !
«… Recourir à la pénalisation  d’ailleurs trop souvent sélective de ces luttes, c’est  enfermer dans l’illégalité toute pensée contestataire et stigmatiser un mouvement social fait de lanceurs d’alerte, qui usent de la liberté de contester  l’ordre établi.
C’est  renoncer à y donner une réponse politique.
Le Syndicat de la magistrature dénonce cette permanence de la pénalisation du mouvement social et la banalisation des outils sécuritaires qui en sont le moyen. « 


*        Une analyse assez fine de la stratégie policière dans l’après 22 février, à lire sur le site de l’OBSLAB, OBServatoire et LABoratoire de la démocratie locale :

À propos de la police nantaise, dans le journal Le Monde daté d'aujourd'hui 11 juillet 2014.

Ainsi, nous n'étions pas seuls à nous étonner des nouvelles méthodes de la police nantaise contre les anti-aéroport...

Voir notamment à ce propos notre chronique de mardi dernier : « Policiers et juges nantais fragilisés cet été par les suites du 22 février. - En ce début juillet 2014, la police et la justice nantaise commencent à inquiéter singulièrement les partisans de la Loi et de l'Ordre républicain. - Quatre dérives. »


Et puis aujourd'hui vendredi 11 juillet, Le Monde consacre une page et deux articles de Laurent Borredon à ce sujet étonnant : « A Nantes, le zèle de la police contre l'ultragauche. - Une cellule spéciale traque les casseurs de la manifestation du 22 février contre l'aéroport. »



On l'a compris désormais, la police nantaise, ayant étrangement renoncé à dissuader et à identifier les auteurs d'incendie et de destructions du 22 février dernier à Nantes, au cours d'une journée qui s'apparente de plus en plus à une grossière manipulation d'État, a entrepris plusieurs mois après les faits de fournir abondamment la justice locale en chair à prison.

Comment ? en puisant généreusement dans ses fichiers de militants anti-aéroport, en ciblant notamment ceux qui seraient préalablement fragilisés par un casier judiciaire. Il ne restait plus qu'à les surprendre à leurs domiciles. Au risque de l'erreur judiciaire et du déni de justice : pourquoi s'acharner si tard sur des lampistes, auteurs de faits mineurs, parfois d'ailleurs étrangers au 22 février, et dont la culpabilité n'est souvent même pas certifiée ?

Ce reportage du Monde nous apprend ainsi que la police nantaise s'est mise en grand train pour traquer l' « ennemi intérieur » anti-aéroport, au risque de négliger d'autres formes de délinquance plus urgentes en ces temps troublés par la montée de l'extrême-droite et de la délinquance financière en col blanc : « Les moyens ont été débloqués en conséquence, avec un groupe d'enquête spécifique au sein de la sûreté départementale de Loire-Atlantique. Onze personnes détachées à plein temps, dont un fonctionnaire du renseignement territorial, un autre de l'identité judiciaire ou encore un policier des services techniques. »

L'identification des militants anti-aéroport repose essentiellement sur « des images du défilé. », mais comme croit l'affirmer pudiquement Le Monde, « la méthode a ses limites ».

Ainsi dans cette affaire d'un jeune homme soupçonné de dégradations sur la mairie de Nantes et une agence Vinci.

Comment a-t-il été repéré ? Par des moyens qui évoquent plus un pays en état de siège qu'une démocratie républicaine : « Comment les policiers ont-ils mis un nom sur les photos ? Son dossier judiciaire ne le précise pas. Mais Le Monde a constaté que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), devenue Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) le 12 mai, a constitué un épais album photographique sur les militants locaux. »

Or, indique Le Monde« Les photos sont trompeuses, notamment celles qui le montrent au seuil de l'agence Vinci, un fumigène à la main. Les vidéos, elles, prouvent qu'il a en fait sorti le fumigène qui avait été jeté dans l'agence, ce que confirme un témoin direct au Monde : " Il y avait un risque d'incendie, alors que des gens se trouvaient sur le balcon au dessus. " »

Bref, ce jeune homme est inquiété pour avoir peut-être tenté d'éviter un incendie ? C'est le monde à l'envers... Il est vrai que Manuel Valls à l'Intérieur attendait avec impatience les images spectaculaires des flammes pour donner le ton des commentaires aux journaux télévisés de la fin de la journée ! Rien n'était trop beau pour discréditer 50 000 manifestants.

Conclusion du Monde : « Les policiers ont dû renoncer à lui attribuer l'incendie, mais il est resté poursuivi pour participation " avec arme " (le fumigène) à un attroupement. » »

Dans le second article, intitulé avec une ironie contenue « L' attroupement armé " était un pacifique " banquet " », le journaliste du Monde raconte que des militants anti-aéroport, passagers d'une voiture, peuvent se retrouver (par hasard?) interpellés par la police, et découvrir « qu'ils sont là aussi pour " association de malfaiteurs " sans plus de précision ».

Et ce n'est pas fini, conclut Le Monde : « En comparution immédiate, le 19 juin, ils découvrent ce qu'on leur reproche : une " association de malfaiteurs en vue de préparer un attroupement armé ". L'attroupement armé, c'est la manifestation de soutien à R. qui a lieu au même moment devant le tribunal. Alors que le rassemblement pacifique – un " banquet, foot, sound system " – a lieu devant le palais de justice, les trois jeunes comparaissent donc dans le tribunal pour sa préparation. L'audience a été renvoyée au 18 juillet. " Il n'est pas certain que l'association de malfaiteurs tienne ", estime une source proche du dossier. »

Et oui, mais pourquoi ne pas les accuser de terrorisme, tant qu'on y est, puisque tout est permis s'il s'agit de militants de gauche anti-aéroport ?

En tous cas, l'OBSLAB (Observatoire laboratoire de la démocratie locale), est en mesure de confirmer que toute cette guérilla judiciaire est suivie au plus près par les plus hauts fonctionnaires de la police.

Car hier jeudi 10 juillet, au sortir du palais de justice de Nantes, alors qu'un autre militant anti-aéroport venait de prendre trois mois ferme, que vit-on passer sur place (notre photo exclusive) ?



Monsieur Jean-Christophe Bertrand, himself, directeur départemental de la sécurité de Loire Atlantique, déjà connu pour ses déclarations à l'emporte-pièce à Médiapart, après le 22 février.

Voir notamment :

Sur la photo, on voit qu'il repart alors qu'un dernier groupe de militants est toujours face à un rideau de gendarmes, à l'arrière plan.
Mais sans doute qu'il ne passait par là que par hasard pour profiter du soleil en bord de Loire, avant de retourner à son bureau au commissariat central ?
OBSLAB

Samedi  12  juillet

Condamnés, réprimés, enfermés, surveillés. Ça Suffit !!! Manif devant la taule

Manifestation en direction de la maison d'arrêt de Carquefou, Samedi 12  juillet. RDV 17h sur le parking du carrefour la Beaujoire.

La lutte contre l'aéroport de Notre-dame des landes n'échappe pas à l'ordre social. Les peines de prison tombent régulièrement comme le tic tac du temps vide de l'enfermé. Encore cette semaine, Simon a été condamné à 4 mois de prison ferme pour la participation à une manifestation et un vol de quelques euros. Leur justice enferme pour si peu de choses mais le fait pour beaucoup de gens. Nous l'avons dit dans la rue, dans les tribunaux : nous ne l'acceptons pas ! Ni pour lui, ni pour les autres!
Toujours la même rengaine, celle de la répression qui s'abat pour que personne ne bouge. Chacun a sa place : les pauvres dans leur misère, les banquiers au ministère et la Société bien gardée.
En soutien à tous les prisonniers, de la lutte contre l'aéroport mais pas seulement ...
RDV Samedi 12 juillet 17h sur le parking à coté du Carrefour La Beaujoire, face à Mc-do.
Manif bruyante en direction de la prison de Carquefou, faisons nous entendre. Ramène du son, du bruit et des couleurs.
Indymedia Nantes

Nantes NDDL : une soixantaine d'opposants a marché autour de

la maison d'arrêt


Le cortège a longuement marché autour de la maison d'arrêt   -  Photo PO-NB
Une soixantaine d'opposants à l'aéroport Notre-Dame-des-Landes s'est retrouvée ce samedi après-midi, sur le parking du Carrefour Beaujoire, à Nantes.
Ils avaient décidé de marcher vers la maison d'arrêt par "solidarité" pour leurs "camarades" incarcérés après la manifestation du 22 février.
Mais policiers et gendarmes les attendaient.
Presse océan

Infos  de la semaine du 14 au 20 juillet


Mercredi  16  juillet
Des nouvelles du procès.
Aujourd’hui, une personne comparaissait au tribunal de Nantes, suite à la manif du 22 février.
Le procureur a requis 1 an de prison ferme, le rendu est bien plus lourd : 1 an ferme + 6 mois de sursis + 3 ans de mise à l’épreuve avec obligation de travail, ainsi que la modique somme de 20 000 euros d’amende ! + 3 ans d’interdiction de port d’arme et 2 ans d’interdiction de Loire Atlantique.
On peut dire merci la justice !
Aujourd’hui s’est tenu le procès d’un des inculpé.e.s suite à la manif du 22. Nous étions 400 répondant.e.s à l’appel du rassemblement devant le tribunal dont 200 casqués et armés, qui d’ailleurs nous ont bloqué l’accès au tribunal, puis à la salle d’audience. Il a fallut que les avocats négocient pour que 22 d’entre nous rentrent.
Malgré l’expertise douteuse d’un expert douteux,
malgré la description des keufs qui ne correspondait pas à l’accusé,
malgré le fait qu’il n’était pas à Nantes ce jour là,
il se prend 18 mois de prison dont 6 avec sursis assortis d’un mandat de dépôt (c’est à dire qu’il va direct en taule), une interdiction de paraître en Loire-Atlantique, une interdiction de porter une arme et une obligation de dédommager la Fram d’environ 20 000 €.
Alors que le proc avait requis 1 an de prison ferme, la juge a rajouté 6 mois de sursis avec mise à l’épreuve, ce qui implique un suivi judiciaire qui durera 3 ans après son passage en taule assorti d’une obligation de travailler.
Lors du délibéré G. a disparu, la juge a donc prononcé un mandat d’arrêt.
Cours vite poteau !
Que crève la taule et la justice.
La legal team et le CARILA (Comité Anti-Répression Issu de la Lutte Antiaéroport)

Jeudi  17  juillet
*        Aujourd’hui comme hier prédomine la colère contre la "justice" de classe et le rendu des derniers procès. Encore un demain, rdv nombreu-ses à 14h devant le tribunal de Nantes pour soutenir les 4 personnes qui comparaissent.

[Appel] à matos et connaissances
*        Nos potagers vont d’ici peu regorger de courgettes. Comme on n’a pas envie de les perdre, on voudrait pouvoir les transformer en revigorantes soupes que l’on pourra apprécier avec délices à l’automne et pourquoi pas jusqu’à l’hiver si on en fait assez. Mais pour ça on a besoin de contenant : Si vous avez des bocaux qui trainent dans votre grenier, placard ou cave, si vous êtes gros-se consommateur-trice de jus de fruits (ceux dans une bouteille en verre à ouverture large) et que vous ne réutilisez pas les bouteilles, vous pouvez nous les apporter aux Fosses noires ou au Dôme (au fond du champ Rouge et Noir à gauche de la grande serre), on sera ravi de les remplir !

*        On est quelques-un-e-s à avoir aussi envie de nous lancer dans l’aventure de "Fabrique tes pâtes toi même", si vous savez où on peut trouver du matériel pour faire ça en moyenne quantité et surtout si vous avez déjà mis en place des installations pour faire du séchage Do It Yourself et que vous avez envie de partager ça, bienvenue également au Dôme ou aux Fosses Noires.

Vendredi  18  juillet

Contre les militants de Notre Dame des Landes, la justice devient folle

Depuis la manifestation du 22 février à Nantes, la police multiplie les arrestations, la justice condamnant les militants à des peines de prison ferme, à partir de dossiers pourtant peu étayés. Dans un palais de justice désormais en état de siège à chacun de ces rendez-vous judiciaires, quatre personnes sont à nouveau jugées, vendredi 18 juillet.

 Nantes, correspondance
Les lendemains de la manifestation du 22 février à Nantes contre le projet d’aéroport n’en finissent pas de remplir les tribunaux, six mois après. A retardement, la police et la justice ont multiplié les arrestations et les comparutions. Le plus souvent en ayant recours à la comparution immédiate, procédure d’urgence pour le moins étonnante aussi longtemps après les faits.
Cette procédure expéditive offre l’avantage à la police d’enchaîner la garde à vue et le passage devant un juge. Mais où est l’urgence, cinq ou six mois après ? La police a, depuis fin février, procédé à plus d’une trentaine d’arrestations a posteriori, sur des bases de photos d’origine indéterminée, de captures d’écran de vidéos visibles sur internet, d’images obtenues de certains médias locaux après appel à délation, le tout croisés avec des fichiers de militants présents dans les manifestations. 
L’objectif officiel premier était de confondre des membres de « black blocks originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers », forcément hautement organisés, annoncés et dénoncés par Manuel Valls en février dernier, et qui« continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État ».
De ce point de vue, c’est carrément un échec, la police reconnaissant que ceux qu’elle a pu interpeller à retardement relèvent de la catégorie des « casseurs par opportunité », à supposer qu’ils aient vraiment cassé quelques chose. La police reconnaît piteusement que ces fameux black blocks, si tant est qu’ils aient existé ce 22 février, ne sont pas tombés dans ses filets.
L’inventaire des charges retenues lors des dizaines de procès qui se sont déjà tenus montre la faiblesse des preuves et un ciblage arbitraire de militants anti-aéroport. Leur faute, au regard de la police ? Etre des militants, ce qui, en démocratie, n’est pas un délit.
Lampistes en flag
Un premier groupe d’interpellés sur place est traduit devant des juges le lundi 24 février qui suit la manifestation. Ce seront les seules vraies comparutions immédiates, appuyées sur des « flagrants délits » présumés.
Elles jugent cinq hommes dont le tort est d’avoir été éméchés et d’avoir envoyé des canettes de bière, sans toucher personne apparemment puisqu’aucun policier n’est venu porter plainte en se constituant partie civile. Ces« lampistes », selon l’expression de leurs avocats, sont pourtant condamnés. De cinq mois avec sursis à six mois ferme.
Cinq semaines plus tard, première salve de neuf militants cueillis à leur domicile, le lendemain du deuxième tour des élections municipales.
L’un a shooté dans des pastilles lacrymogènes tombées à ses pieds. On a retrouvé l’ADN d’un autre sur un fumigène tombé derrière les camions pompes de la gendarmerie mobile ; il a reconnu avoir jeté des pierres contre les grilles anti-émeutes déployées par les camions des gendarmes. Pas de victime déclarée. Quatre prévenus écopent de deux mois avec sursis à un an de prison ferme.

Photos sans sources
« Il y a quelques traits communs dans les procédures, souvent des clichés photographiques dont on ne connait ni la provenance, ni la date. La procédure nous les présente comme des évidences en nous imposant une chronologie accusatoire qu’on ne peut pas contester puisqu’on ne sait rien de l’origine et des circonstances de ces différentes photos », dit Stéphane Vallée, avocat de plusieurs de ces militants.
Ainsi, vendredi 11 juillet, dans le tribunal de grande instance de Nantes sous haute surveillance, dont la salle des pas perdus est quadrillée par des policiers anti émeute avec casques et masques à gaz, une série de cinq clichés prétend confondre un de ces militants.
Deux photos à visage découvert au sein d’une manif se déroulant dans le décor d’une place nantaise, un cliché« inutilisable » selon le juge, et deux photos montrant une personne démolir la vitrine d’une agence de voyages avec une grille métallique, le visage dissimulé par une écharpe noire, vêtu d’un « blouson foncé » qui pourrait ressembler à celui porté dans les deux premières photos.
« Bizarrement, la procédure ne contient aucun procès verbal de la remise de ces photos. Si ce sont des clichés pris par la police, pourquoi n’a-t-on pas la séquence complète, avant et après celle qu’on nous montre ? On nous parle d’investigations policières, mais sans dire lesquelles. La police a-t-elle croisé avec ses fichiers, lesquels, comment ? C’est un procès hors normes où bien des éléments nous sont cachés, objecte l’avocat Antoine Barrière.
Tous ces procès ne relèvent pas du droit commun comme la justice l’affirme. Ce sont des procès politiques. Sinon, pourquoi assortir les réquisitions d’interdictions de séjourner dans le département de Loire-Atlantique ? Parce que c’est là qu’est Notre Dame des Landes et que ce sont des militants contre le projet d’aéroport. Il s’agit de tuer dans l’œuf la mobilisation ».

Preuves habituellement récusées
Ces photos de qualité souvent médiocre, pour la reconnaissance formelle des visages en tout cas, n’étayent qu’une présomption de corpulence similaire, une similitude de vêtements et encore.
« Ces photos sans origine, sans fichier source, ne seraient pas acceptées dans une procédure habituelle », ajoute MeStéphane Vallée, soulignant le manque manifeste de ce que les juristes appellent la « loyauté de la preuve » prévu par le code de procédure pénale, ce qui ne permet pas une défense équitable.
Mercredi 16 juillet, Grégoire comparait sur la foi de photos mais cette fois, le doute sur l’origine est censé avoir été levé par un rapport d’expert judiciaire demandée par la juge. « Une expertise extrêmement sérieuse, dit le procureur.Elle a coûté 4 500 euros et comporte 45 pages ! ».
Le problème, c’est qu’une bonne partie de ces pages ne fait que décrire ce que montrent les images, donne des éléments d’interprétation repiquées de fiches wikipedia - et surtout, il manque l’essentiel, « l’horodatage ou time code, cette incrustation dans la mémoire de tout fichier numérique, qui donne le jour et l’heure de la prise de vue », relève Me Hugo Levy, avocat de la défense.
Il s’interroge aussi sur la qualité de cet « expert en traitement des images » qui utilise des recoupements d’identification par le relevé des circonvolutions des lobes d’oreilles, « une technique qui ne se pratique plus dans la police depuis les années 1920 ».

Quand le journal Ouest-France donne des photos à la police
Du travail de l’expert, on n’obtient que les sources, deux vidéos publiées sur internet et donc libres d’accès, des clichés policiers et, plus étonnant, des photos fournies par la rédaction de Ouest-France, sans qu’on ne trouve trace ni de réquisition, ni de procès verbal de réception de ces photos non publiées par le quotidien.
L’absence de trace de l’arrivée de ces pièces dans un dossier à charge, pour un avocat, est une question rédhibitoire.« C’est un des principes fondamentaux du droit pénal. Tout acte de police judiciaire doit figurer au dossier. C’est le seul moyen de s’assurer de la légalité des enquêtes et de l’absence d’arbitraire », ajoute à l’audience son confrère Hugo Levy.
Mais d’une photo à l’autre, l’individu dont l’expert assure formellement que c’est la même et seule personne, passe de vêtements noirs à un pull gris, porte des casquettes différentes alors que la longueur des cheveux diffère… Le procureur réclamait un an ferme, la juge l’a condamné à dix-huit mois dont six avec sursis.

Lampes torches et association de malfaiteurs
Autre procédure : quatre militants anti-aéroport arrêtés dans une voiture par des policiers de la BAC sur le périphérique nantais. Parmi ces quatre militants, l’un se rend précisément à Nantes pour rencontrer son avocat et préparer sa défense. Dans le coffre de la Peugeot 405, perceuse, antivol, cadenas, talkie-walkie, et une trentaine d’affiches appelant au soutien d’autres militants comparaissant au tribunal.
Rien de répréhensible. La manifestation est d’ailleurs annoncée comme pacifique et se déroulera en toute quiétude, avec une buvette mobile des chants et des jeux de ballon devant le palais de justice. Cela n’empêche pas les autorités de caractériser cet appel par affiche à une « entente établie en vue de commettre un rassemblement armé devant le tribunal de Nantes ».
Deux lampes frontales que la police estime volées caractérisent l’accusation de recel. Pour le reste, la justice retiendra« association de malfaiteurs » contre de tels « activistes de cette mouvance anti aéroport ».
La qualification pénale d’« association de malfaiteurs » à un avantage certain pour la lutte contre les mouvements sociaux : « Elle réprime non pas un délit commis, mais la préparation d’un délit possible » détaille Me Vallée. Ce qui permet de construire l’idée qu’une opposition organisée, dangereuse par essence et donc punissable a priori.

INVENTAIRE DES JUGEMENTS DE NANTES :
Pratiquement toutes les condamnations sont assorties d’interdictions de paraître en Loire-Atlantique, ou seulement à Nantes et Notre Dame des Landes, et d’interdiction de détenir une arme, ce qui est vite absurde quand on rappelle que les « armes » retenues par les procédures vont de la plaque d’égout au marteau et au burin...

Premiers flags
Le jour-même, le 22 février, quatorze arrestations pour « violence sur agent dépositaire de l’autorité publique », et« participation à un attroupement armé ». Deux sans poursuites en justice. Cinq comparutions immédiates le surlendemain, tous condamnés, de cent heures de travaux d’intérêt général à des peines d’emprisonnement, allant de cinq mois avec sursis à six mois mois ferme. Sept autres convocations à des audiences plus tard, et les mineurs devant le juge pour enfants.

Lendemain d’élections
Le 31 mars au lendemain des élections municipales, neuf arrestations à domicile, en Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine. Deux relâchés sans suite, quatre jugés le lendemain en comparution immédiate. Le juge pour enfants place sous contrôle judiciaire, jusqu’à son procès en 2015, un mineur accusé de jets de pétards sur les forces de l’ordre.
Un militant cégétiste et membre du DAL (Droit au logement) est condamné à quatre mois de prison avec sursis, interdiction de port arme pendant un an, interdiction de manifester à Notre Dame Des Landes et à Nantes pendant un an.
Les autres peines prononcées : de cinq mois ferme (avec aménagement de peine) à un an ferme avec mandat de dépôt à l’audience, c’est à dire envoi direct en maison d’arrêt. Contre celui dont l’ADN figure sur un fumigène, le juge a doublé le montant de la peine requise par la procureure.
Certains écopent d’interdiction de manifester de un à trois ans. Une mesure habituellement utilisée contre les malfrats du milieu et les conjoints violents, rarement autant appliquée qu’aux tribunaux de Nantes et de Saint Nazaire depuis plusieurs années contre des militants, paysans et zadistes engagés contre le projet d’aéroport. Les refus de prélèvement ADN ont aussi beaucoup servi.
Interpellé la nuit à Paris, le 14 mai, Grégoire refuse la comparution immédiate. Ce qui est son droit, pour avoir le temps de préparer sa défense. Il est placé en détention provisoire, puis libéré grâce à un vice de procédure un mois plus tard. Un complément d’information est ouvert pour analyser les photos qui sont les seules charges. Condamné le 16 juillet à dix-huit mois de prison dont douze fermes et 17 865 euros pour indemniser l’agence de voyage qu’on l’accuse d’avoir détériorée.
Arrêté dans la rue à Rennes par des flics en civil le 27 mai, R. refuse la comparution immédiate. Il est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de paraître en Loire-Atlantique jusqu’à son procès. Condamné le 18 juin à huit mois de prison avec sursis, plus un mois avec sursis pour refus de prélèvement ADN, 5 200 euros pour dédommager la communauté urbaine et deux ans d’interdiction de paraître en Loire-Atlantique.
Ce même 18 juin, l’interpellation à son domicile en Ille-et-Vilaine vise un militant, joueur d’orgue de barbarie et chanteur dans les manifs, accusé d’avoir dévasté une agence de voyage le 22 février. Jugé le 11 juillet sur la foi de photos sans date et sans source, il est sanctionné par une peine de trois mois ferme, sans incarcération immédiate.

Marteau et canettes
Le lendemain, procès de trois personnes arrêtées le jour même de la manif du 22. L’interpellation avec un marteau et un burin vaut quatre mois avec sursis et 105 heures de travaux d’intérêt général. Un jet de canette de bière et participation à un attroupement armé, deux mois avec sursis. La possession d’un marteau, un mois avec sursis.
Les quatre interpellés deux jours auparavant par la BAC refusent d’être jugés sans préparer leur défense. L’un des quatre est envoyé en prison sous prétexte qu’il aurait fourni une identité que l’état civil n’a pas pu recouper. Audience le 18 juillet.
Le 7 juillet, l’audience tourne au vinaigre. On juge un jeune homme de 24 ans accusé de « vols » de bouquins et de nourriture, valeur 45 €, refus de se soumettre à des prélèvements ADN et « participation à un attroupement avec arme », en l’occurrence un bâton de berger. Il sera condamné à quatre mois de prison ferme.
A l’interruption de séance, avant le prononcé de la condamnation, un brouhaha dans la salle des pas perdus déclenche une réaction démesurée des forces du maintien de l’ordre qui mettent aussitôt leurs casques et font usage de gaz lacrymogène en intérieur, pour évacuer les protestataires qui scandaient "Libérez notre camarade".
Depuis ces incidents, le palais de justice est en état de siège à chaque nouveau procès des militants anti-aéroport. La même salle des pas perdus quadrillée par des dizaines de CRS et gardes mobiles, alors que l’entrée au palais de justice et les abords sont filtrés en amont ne laissant passer que les personnes munies d’une convocation, quelques journalistes et une poignée de militants acceptés dans la salle d’audience.
Nicolas de La Casinière - Reporterre


Notre-Dame-Des-Landes, un aéroport de plus ? Non, deux de trop !

A Notre-Dame-des-Landes, il ne s’agit pas de lutter contre un aéroport particulier, mais contre le monde qui va avec. Le monde des inégalités et du pillage des ressources naturelles. En abandonnant l’aéroport, il faut abandonner aussi le productivisme et le mythe d’une croissance infinie sur une Terre aux ressources limitées.

« L’abandon de l’aéroport et de son monde, c’est maintenant » !

D’un côté, 3,5 milliards d’humainEs, la moitié de la population mondiale, de l’autre 85 milliardaires. D’un côté la misère et la pauvreté, de l’autre la richesse. Que voulons-nous ? Plus de richesse ? Plus de croissance ? Non, il y a déjà trop de richesse, trop de croissance, trop de croissance des inégalités. C’est indécent !
Le dernier rapport (le 5edu GIEC prévoit d’ici à 2100 une augmentation de 4,8 °C. Les conséquences sont connues : plus d’événements climatiques extrêmes, plus d’insécurité alimentaire, plus de problèmes sanitaires, plus de migrations forcées. Que voulons-nous ? Toujours plus de croissance économique ? Non, trop c’est trop.
Voilà deux raisons suffisantes pour qu’au MOC, le Mouvement des Objecteurs de Croissance, on affirme que : la croissance n’est pas la solution c’est le problème. Notre-Dame-des-Landes, un aéroport de plus ? Non, deux aéroports de trop !
Comment sortir de ce « trop » ? Il est temps de choisir les décroissances, celle de notre empreinte écologique et celle des inégalités. Au MOC, nous demandons : comment, puisque tous les plafonds de soutenabilité écologique sont dépassés, comment revenir démocratiquement dans les limites d’un espace écologique commun ? Comment en même temps repasser sous un plafond de soutenabilité écologique et passer au dessus d’un plancher de justice sociale ?
Ces questions, le MOC les pose à Notre-Dame-des-Landes où nous sommes sans interruption depuis 2009 et le Camp Climat, tous les ans lors des rencontres d’été et surtout au cœur même de la ZAD, dont une part décisive de l’esprit penche du côté de la décroissance. C’est fort de cette légitimité politique que le MOC se permet de poser trois questions, non pas incongrues mais centrales, directes, radicales :
Qu’est-ce qu’un aéroport ?
Qu’est-ce qu’une victoire ?
« L’abandon, c’est maintenant », certes : mais qui doit abandonner quoi ?

1- Qu’est-ce qu’un aéroport ? C’est un monde !
Un monde où le trafic aérien, gros émetteur de gaz à effet de serre, doit croître sans cesse pour faire croître encore et toujours plus la richesse des riches. C’est le monde de la vitesse et d’une mobilité incessante pour les forçats du travail et les aliénés du tourisme. C’est un monde qui n’hésiterait pas à raser le paysage magnifique de Notre-Dame-des-Landes et l’art de vivre de ses habitants.
C’est pourquoi il ne suffit pas de refuser un aéroport : il suffit pour cela d’être anticapitaliste ou antilibéral.
Il faut aussi refuser le monde qui va avec. Et pour lutter contre un aéroport et son monde il faut être antiproductiviste.
C’est au nom de cet antiproductivisme que nous refusons un monde dans lequel il est utile qu’il y ait de tellesinfrastructures de transport pour mettre, non pas en relation, mais en concurrence des régions économiquement définies.
Contre une telle concurrence généralisée entre les territoires :
 Nous proposons une véritable réforme territoriale qui construirait les régions non pas comme des pôles économiques de production, de consommation et de distribution mais comme des territoires d’abord définis par des identités culturelles.
Pour bien vivre, ce n’est pas de régions compétitives dont les habitants ont besoin, c’est d’un redécoupage régional en terme d’identité culturelle, où il y aurait une région Basque, une région Bretagne avec la Loire-Atlantique, une région Catalane…
 Un « vrai monde », ce serait celui dans lequel il s’agit d’abord de satisfaire les besoins essentiels des populations locales : « Car ce qui compte c’est de pouvoir vivre, au pays, d’une activité utile, pour la satisfaction des besoins des populations locales : l’inverse du modèle actuel agricole breton en faillite » (1). Pas question donc de renforcer la concentration industrielle et agricole et de toujours faciliter la mobilité des travailleurs ; c’est à dire accentuer ce qui provoque les catastrophes !
 Dans un « vrai monde », les mots d’ordre sont ceux de la relocalisation et de la proximité : tout le contraire de ce dont tout aéroport est toujours le symbole !
Si donc nous voulons nous engager réellement dans une politique volontariste de reconversion de la production agricole et industrielle et de la distribution, alors il ne va pas s’agir de régler les problèmes du transport aérien – en trouvant par exemple une porte de sortie à des élus locaux qui vont se contenter de proposer un aménagement de l’aéroport existant – mais de questionner radicalement ce que signifie penser les transports et la mobilité dans un monde aux ressources fossiles rares (en élargissant à toute la problématique de l’extractivisme), dans le cadre global du dérèglement climatique.
Et si le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne se réalisait pas, ce serait une « victoire », mais :

2- Qu’est-ce qu’une victoire, pour qu’elle ne devienne pas une défaite ?
 Ce doit d’abord être la défaite de nos opposants, car ce sont bien eux qui sont les « opposants », les opposants au bien-vivre et à un monde de décence et de responsabilité. Notre victoire, c’est la défaite de Vinci et celle de tous ses relais politiques locaux.
 Mais de quelle défaite s’agit-il ? Vinci remplacera son projet ici par un autre projet ailleurs et les affaires continueront – sans même parler des millions d’euros de dédommagement que devront payer l’Etat et les collectivités engagées. Quant aux « responsables » politiques, ils resteront en place et même s’ils sont remplacés ce sera bonnet blanc et rouge bonnet, bonnet rouge et blanc bonnet.
 Il s’agira donc pour eux de défaites partielles ; et donc pour nous d’une victoire partielle. Car sur le fond, il y a toutes les chances 1/ que l’inutilité de Notre-Dame-des-Landes ne signifie que l’utilité ravivée de l’aéroport de Bouguenais, 2/ que l’inutilité de Notre-Dame-des-Landes une fois reconnue et acquise, il y a de grands risques pour que tous les moyens de la lutte soient jugés à leur tour inutiles. Et dans ce cas, la victoire de la bataille de Notre-Dame-des-Landes n’évitera pas la défaite dans la guerre au productivisme.
 Notre-Dame-des-Landes, c’est plusieurs décennies de lutte durant laquelle les habitants se sont dotés de ces« moyens » extraordinaires [2] que sont l’ADECA, l’ACIPA, la coordination, la ZAD, le COPAIN, les naturalistes en lutte… Ces moyens sont en quelque sorte un échafaudage pour ravaler la façade, l’orgueil et la démesure des productivistes.
Tous ces « moyens » vont-ils devenir inutiles en cas de « victoire » ? Tous ces moyens ne constituent-ils pas le chemin pour construire un autre monde, le trajet de la décroissance vers un monde où l’économie ne serait pas maître de nos vies ? Un monde où tous les critères ne tourneraient pas autour de l’utilité. Car c’est seulement dans le monde des aéroports qu’ il est toujours utile de construire des aéroports.
Une victoire contre les Grands Projets Inutiles et Imposés ne peut être une victoire que si elle signifie l’abandon de leur monde. Mais alors comment abandonner ce qui est clef de tout le productivisme : l’utilité et ses calculs utilitaires ?

3 - « L’abandon, c’est maintenant ». OK mais qui doit abandonner quoi ?
 L’abandon de cet utilitarisme, c’est maintenant.
 L’abandon du mythe d’un Homo Sapiens pouvant compenser miraculeusement les destructions des terres arables, des zones humides, des forêts, c’est maintenant
 L’abandon de la fable d’une croissance infinie sur une Terre aux ressources limitées, c’est maintenant.
 L’abandon de la fausse distinction entre bonne croissance et mauvaise croissance, c’est maintenant.
 Mieux, l’abandon des regrets – ah si la nature nous fournissait des ressources infinies – c’est maintenant.
 L’abandon de toutes les ruses pour continuer encore plus longtemps la croissance – développement durable, économie circulaire, mythe du progrès, catéchisme technophile – c’est maintenant.
 Amis réformistes et électoralistes, l’abandon de la croyance qu’il s’agirait de prendre le pouvoir majoritaire par les urnes pour changer ce monde, c’est maintenant.
 Amis révolutionnaires, l’abandon de la croyance que c’est en prenant le pouvoir par la rue qu’on y arrivera, c’est maintenant.
Comment aujourd’hui, en France particulièrement, ne pas constater qu’un parti vole de victoire idéologique en victoire idéologique, sans jamais pour autant obtenir la moindre victoire politique significative : c’est le Front National.
Si nous voulons d’autreS mondeS possibleS, si nous voulons des victoires sans aucun goût de défaite, si nous voulons qu’une convergence antiproductiviste se fasse par la radicalité et la cohérence politiques, alors nous devons crier :

« L’abandon de l’aéroport et de son monde, c’est maintenant. »
Thierry Brulavoine - Mouvement des objecteurs de croissance – sur Reporterre

*        Et voila que nous recevons des nouvelles de Greg, condamné mercredi dernier à plus d’un an de prison ferme à la suite d’un procès partial, sur la base de preuves trafiquées et de photos peu convaincantes. Il avait fait le choix de partir du tribunal au moment du délibéré, s’évitant ainsi l’immédiate mise au dépôt ordonné par la juge. C’est donc en liberté, apparemment entouré d’ami-es, qu’il nous envoie ce message, que nous relayons et un appel à solidarité.

communiqué d’un évadé

"Le vent souffle où il veut"
Nous avons décidé, ensemble, que Greg n’irait pas en prison.
Hier, j’ai été condamné à un an de prison et des brouettes à l’issue d’un des procès liés à la manifestation du 22 février à Nantes. Cette répression politique vise certaines composantes de la lutte de Notre Dame des Landes, afin d’affaiblir et de diviser le mouvement dans sa totalité.
Elle attaque ce que ce mouvement a inspiré, a bouleversé, dans nos façons de vivre, de lutter, de nous organiser.
Elle cherche à provoquer la crainte : d’être surveillés, d’être arrêtés, séparés de nos amis pendant plusieurs mois voir quelques années. C’est ce que les derniers procès ont permis de vérifier : qu’aujourd’hui une police politique peut souffler des noms, et qu’une enquête pleine de vides permet aux juges de condamner sans réserve. Nous avons subi les effets de cette répression, et d’autres avant nous.
Nous refusons de la subir à présent. Nos amitiés sont assez fortes et organisées pour que la perspective de préparer l’appel du procès et les réponses collectives à cette répression, au vert, et au soleil, nous donne plus de motifs à la rigolade qu’à la paranoïa. Nous appelons à ce que ce geste de soutien en suscite d’autres, et qu’à nouveau leurs attaques nous trouvent réunis et renforcés.
Greg, et des amis.

Notre-Dame-des-Landes : les opposants font un barrage de pneus enflammés

sur l'axe Nantes-Rennes

Plusieurs dizaines d'opposants au projet d'aéroport contesté de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, ont brûlé des pneus vendredi 18 juillet sur la RN137 entre Rennes et Nantes, interrompant la circulation pendant un peu plus d'une heure.
Arrivés vers 9 heures sur la nationale à hauteur de Grandchamps-des-Fontaines, les manifestants ont tendu des banderoles et brûlé des pneus avant de s'enfuir, causant trois kilomètres de bouchons dans les deux sens en milieu de matinée, selon la gendarmerie. Environ une cinquantaine de manifestants étaient présents et se sont enfuis avant l'arrivée des gendarmes.
A 10 h 30 la circulation a pu être rétablie sur une voie dans chaque sens de circulation sur la RN137, mais des déviations mises en place une heure plus tôt restaient opérationnelles.
Le Monde.fr

Loire-Atlantique "Les opposants à l'aéroport montrent encore

leur vrai visage"


Ce matin, des militants ont fait brûler des pneus sur la 2x2 voies et interrompu le trafic pendant 1h30.
"Les opposants à l’aéroport du grand ouest montrent hélas encore leur vrai visage", c'est ainsi que Des ailes pour l'ouest, l'Association pour le transfert de l'aéroport Nantes Atlantique à Notre-Dame-des-Landes, introduit son communiqué.
Il fait suite à l'action coup de poing de plusieurs militants anti-aéroport sur la RN 137 ce matin, au niveau de Grandchamps-des-Fontaines, qui ont fait brûler des pneus au beau milieu de la quatre voies. Action qui a entraîné l'interruption du trafic routier pendant près d'1h30 sur un axe très fréquenté, à l'heure des départs en vacances.
Pour l'association il s'agit d"une nouvelle preuve qu’il faut vite évacuer la zone. Après les exactions sur les entreprises, les menaces envers les commerçants et les riverains, le saccage de la ville de Nantes, les opposants s’attaquent désormais aux familles qui partent en vacances". Et les dégradations commises sont "une énième preuve que les opposants n’ont rien à voir avec l’aéroport et n’ont qu’un but : s’opposer au développement par tout moyen y compris la violence".
Alain Mustière, son président, demande expressément à l’État d’intervenir : « les habitants du territoire n’en peuvent plus. Ils sont l’otage de ces délinquants. Les touristes aussi désormais. Ce n’est plus possible. Combien de temps encore l’État va tolérer de tels faits et cette zone de non-droit ? »
Toujours selon lui, "L’ACIPA qui instrumentalise les ZADistes depuis plusieurs années a totalement perdu le contrôle des radicaux, et ne peut plus se refuser à condamner leurs actes comme c’était déjà le cas pour la manifestation du 22 février après le saccage du centre-ville de Nantes".
Presse Océan

 Quant au procès d’aujourd’hui, les 4 personnes jugées ont été relaxées des chefs d’accusation principaux : "association de malfaiteurs" et "vol de lampes frontales". Elles ont par contre été condamnées pour refus de donner aux flics leurs ADN, leurs photos et empreintes.

La peur comme seul argument de l’accusation

Un montage policier ridicule avait tenté de criminaliser la solidarité envers les inculpé.e.s du 22 février en accusant 4 personnes d’association de malfaiteurs "en vue d’un rassemblement armé devant le tribunal de Nantes aux fins de dégradations" le 19 juin (date où 4 personnes passaient en procès). Au final elles ont aussi fini dans le box des accusé.e.s ce jour là. Ayant refusé la comparution immédiate, leur procès était fixé au 18 juillet.
L’accusation ne tient finalement pas la route. Comme le dit un de leurs avocats, Me. Huriet, le réquisitoire du proc’ ne fait que parler de "peur, peur, peur..." pour susciter chez les juges de "l’émotion, et pas de la réflexion". Selon l’autre avocat de la défense, Me. Poquet, le parquet fait preuve d’une « frénésie sécuritaire », et d’un manque d’exigence, vu que sur le plan juridique il n’y a rien de concret dans ce dossier ; rien que de la pure interprétation, voire de la déduction infondée.
Le procureur requiert de lourdes peines : 6, 8 et 10 mois d’emprisonnement avec sursis respectivement, avec pour deux d’entre elles.eux une mise à l’épreuve de 2 ans (c’est-à-dire que le sursis ne tomberait pas juste en cas de nouvelle condamnation, mais aussi dans le cas de non respect des conditions de la mise à l’épreuve, à savoir, obligation de travailler, interdiction de paraître en Loire atlantique et de porter une arme).
Les avocats ont bien réussi à démonter la principale accusation d’association de malfaiteurs, ainsi que le vol de 2 frontales trouvées dans la voiture. Les juges prononcent donc la relaxe de ces deux chefs d’inculpation. Il ne reste donc plus que les classiques refus de donner son ADN ainsi que ses photos et empreintes, ce pour quoi il.le.s sont toutes condamnées (alors que pour deux d’entre elles, ce fichage avait déjà été effectué auparavant). Une personne ayant reconnu avoir déclaré une fausse identité ainsi qu’avoir essayé de voler un chargeur de batterie, se retrouve donc condamné aussi pour ces deux chefs.
Résultat : il.le.s prennent tous.tes du sursis (mais pas de mise à l’épreuve) : respectivement 3 mois (pour R.), 3 mois(pour S.), 4 mois (pour D., pour la seule raison d’avoir un casier), puis 6 mois (pour I. qui avait déjà fait trois semaines de prison préventive).
Encore une lourde condamnation pour un simple refus de fichage (qui souvent à Nantes est jugé à 1 ou 2 mois avec sursis) dû à l’ambiance ultra-sécuritaire des derniers mois autour de la manif du 22 février et de la lutte contre l’aéroport. Par contre, les personnes venues soutenir les inculpé.e.s devant le tribunal ont bien crié leur soulagement à l’écoute du rendu. C’est effectivement une bonne nouvelle que cette accusation délirante d’association de malfaiteurs n’ait pas été retenue.
Nous ne nous lasserons pas de répéter que les flics ont encore bloqué l’accès au tribunal et seule une dizaine de personnes a pu rentrer dans la salle pour écouter l’audience censée être publique ! On ne va pas s’étonner que la police et la justice (apparemment c’est la présidente du tribunal qui ordonne la "sécurisation" du tribunal) passent outre les lois qu’eux-mêmes protègent. C’est aussi très parlant de retrouver les R.G. à papoter ouvertement avec le procureur pendant le délibéré. Ce n’est pas étonnant alors de voir que tous ces derniers procès n’ont été basés que sur les renseignements du fichage policier. Selon les propres mots de la juge, c’est le refus de se soumettre qui a été jugé ce jour là.
Comité Anti-Répression Issu de la Lutte Antiaéroport

[Appel) à matos pour chantier hangar

Le hangar acheminé en relais tracteurs depuis Rosporden est maintenant debout au Rosier. Les chantiers hangar ne sont pour autant pas terminés ; en effet il faut maintenant remblayer le sol, barder, isoler la partie conserverie ....
La première étape est le remblayage avec des gravats pour pouvoir être hors d’eau au dessus du niveau de la dalle. Nous avons estimé nos besoins à près de 40 tonnes de gravats.
Nous sommes à la recherche de 40 tonnes de gravats alors si tu es entrepreneur ou si ton voisin l’est, si tu construis ta maison ou si ton voisin le fait et qu’il y ait des gravats dont tu ne sais pas quoi faire ou avec lesquels tu veux permettre l’avancé du chantier hangar, amène les nous ou contacte nous pour qu’on s’arrange.
Un Fest Noz est prévu pour fêter le hangar sûrement début septembre une fois le sol remblayé. Merci

[Appel] A la Wardine, l’aménagement de la salle polyvalente va commencer

Nous cherchons : miroirs, grands chevrons, parquet 6*10 m, panes, ardoises béton, charnières, plexiglass, pistes de danse, tatamis, lino ... Merci !

Samedi  19  juillet

A Nantes, la justice reconnait enfin l’inanité des poursuites contre

les militants anti-aéroport


Les juges nantais ont enfin arrêté de se couvrir de ridicule : ils ont reconnu que les charges policières assemblées contre des militants anti-aéroport de Notre Dame des Landes ne tenaient pas debout. Relaxe, donc, ce vendredi 18 juillet. Enfin, presque : il y a quand même condamnation pour refus de prise d’ADN...

- Nantes, correspondance
Ils étaient quatre militants à comparaître ce vendredi 18 juillet devant le tribunal correctionnel de Nantes, accusés d’association de malfaiteurs et accessoirement de recel de deux lampes frontales. Devant un tel montage policier et des qualifications de poursuites aussi peu ancrées sur des preuves, le tribunal n’a pu que les relaxer de ces charges. En revanche, ils ont tous été condamnés à trois et quatre mois de prison avec sursis pour avoir refusé les empreintes digitales, les photos anthropométriques et les prélèvements ADN. Comme quoi, quand toute l’accusation s’effondre, il reste toujours, quoi qu’il arrive, le délit de se soumettre au fichage.
Le procureur demandait des peines de six à dix mois de prison avec sursis, et, pour les quatre, une interdiction de paraître en Loire-Atlantique pendant deux ans. Le tribunal ne l’a pas suivi.
L’après midi a débuté comme les précédentes audiences, dans la même atmosphère de déploiement policier autour et à l’intérieur du palais de justice. Double filtrage serré à l’entrée du tribunal, fouille par des vigiles, puis nouveau filtrage par des policiers caparaçonnés à l’entrée de la salle d’audience. Une poignée de militants admis à l’intérieur dans une salle au tiers vide.

- Policiers partout… -
Deux lampes électriques ? Association de malfaiteurs !
Ils ont été arrêtés par la BAC sur le périphérique nantais le 17 juin dernier. La fouille du coffre inventorie trois talkie walkie, une perceuse, une pince monseigneur, six antivols, deux lampes frontales. Il y a aussi deux caisses de cidre artisanal mais là, franchement, la police ne voit pas quoi en faire dans sa procédure. Le matériel retenu pourrait ressembler au petit nécessaire dédié à l’ouverture d’un squat. Mais pour l’accusation, il fallait à tout prix associer ces preuves à un délit passible de cinq ans de prison.
C’est là toutes les contradictions d’un montage judiciaire : partir du but à atteindre en tentant de le légitimer par des preuves. Pour arriver à ses fins, c’est à dire caractériser peu ou prou une « association de malfaiteurs », le parquet devait réunir trois conditions.
La première est que l’entente ait servi à préparer un crime ou un délit suffisamment important pour mériter cinq ans de prison. Si le délit est moins important, donc moins tarifé par le code pénal, impossible de légitimer l’association de malfaiteurs. Les autres conditions sont l’existence d’un groupe constitué, tenant des réunions successives, attestées par des écoutes téléphonique ou des procès verbaux de surveillance policière. Troisième condition ; verser au dossier des éléments matériels, des armes par exemple, prouvant qu’un crime va être commis.
Pique-nique sur les marches du palais ? Attroupement armé !
Ici, aucun des trois prérequis n’était établi. Pas de réunions préparatoires attestant d’une ferme intention de commettre un délit grave, pas d’armes, et une éventuelle ouverture d’un squat n’étant pas assez grave, on a inventé une « participation à un attroupement armé », en l’occurrence un rassemblement festif sur le parvis du palais de justice, au cours duquel aucune intervention policière n’a eu lieu et encore mois d’interpellation de joueurs de ballon ou de convives du repas collectif servi au soleil. Pour coller aux accusations, la présidente du tribunal s’est vue contrainte de reposer à chacun la question assez peu plausible de savoir s’il ou elle avait le projet ferme de venir attaquer et dégrader le palais de justice.

- L’audience -
Du point de vue de l’intention judiciaire, la construction tourne à la pantalonnade. « Vous avez juste quatre amis, militants, mais ni l’amitié, ni la solidarité ne sont des délits" a souligné Me Benoit Poquet qui défendait les deux jeunes femmes du groupe. Il a dénoncé la « frénésie sécuritaire », et la « précipitation » du dossier d’accusation « fondé sur des présomptions et des déductions qui font mauvais ménage avec la rigueur du code pénal ». Ainsi s’est effondré l’échafaudage supposer faire tenir debout l’association de malfaiteurs, habituellement utilisée contre les réseaux de drogue ou le banditisme.

- Le procureur -
Le procureur a beau souligner la « communauté d’attitude » des quatre qui ont opposé un silence total lors de leur garde à vue, il doit mollement concéder que c’est leur droit. La présidente du tribunal a aussi défendu les vertus du débat contradictoire des audiences, alors que lors des interrogatoires, ni les gardés à vue ni leur avocat ne savent précisément quelles charges pèsent sur eux.
Refus de prise d’ADN ? Condamnés !
L’association de malfaiteurs ne tenant pas contre ces quatre militants, restaient les délits mineurs. Deux lampes frontales, valeur globale 31,90 euros, présentée comme volées à un magasin Decathlon. Preuve à l’appui, un coup de fil policier au gérant qui dit qu’il avait cinq modèles en rayon et qu’il n’en reste que deux. Conclusion immédiate : trois ont été volées, et tant pis si la police n’en a trouvé que deux, puisqu’elle croit tenir la preuve irréfutable en produisant les sept chiffres sous le code barre d’une de ces lampes saisies dans la Peugeot 405.
Tout faux. « Ce n’est pas un code barre, mais un code produit », a démontré Me Poquet, et c’est une désignation rigoureusement identique pour toutes les lampes frontales de ce modèle vendues dans tous les Décathlon de France et dans le monde entier via Amazon. Sans preuve de la traçabilité des ces lampes, exit la preuve d’un vol et donc le recel. D’ailleurs la vidéo surveillance du magasin Décathlon nantais n’a repéré aucun des quatre.
Il ne restait donc que le délit récurrent de refus de soumettre à la prise d’empreintes digitales et génétiques.
« Ca commence à devenir une habitude dans tous ces dossiers ciblant les militants contre l’aéroport, analyse l’autre avocat de la défense, Me Pierre Huriet, une accusation qui marque les esprits, pour la presse et l’opinion, comme"association de malfaiteurs" ou "destruction de biens par incendie", et si ça ne tient pas, on gardera des éléments mineurs comme le recel de vol présumé, et de toutes façon le refus d’ADN assure une condamnation automatique qui fait qu’un dossier ne s’effondre jamais complètement ».
Nicolas de La Casinière  - Reporterre

Communiqué suite au blocage de la 4 voies Nantes-Rennes

L’association "Du bordel pour l’Ouest" motive le récent blocage d’un axe routier...
Dans la matinée du 18 juillet, peu avant le procès de plusieurs personnes accusées "d’association de malfaiteurs", nous avons bloqué la quatre voies Nantes-Rennes à l’aide de barricades de pneus enflammés provoquant ainsi selon la presse plus de 3 kilomètres de bouchons.
Par ce geste nous voulons :
 Affirmer notre solidarité avec les personnes inculpées suite à la manifestation du 22 Février, mais aussi avec les camarades italiens incarcérés suite à l’attaque d’un chantier de la ligne TGV Lyon-Turin, et plus généralement avec tous les prisonniers, véritables otages de l’Etat.
 Démontrer que notre solidarité en acte ne se limitera pas au parvis d’un tribunal bunkérisé, dans l’attente fébrile du rendu du procès, et que nous savons et nous saurons encore riposter ailleurs, par de multiples offensives inattendues.
Dans cette lutte comme dans bien d’autres (piqueteros argentins, road protests britanniques, No Tav, mouvement stop castor en Allemagne...), le blocage qu’il s’agisse d’une gare, d’une autoroute, d’un train de déchet nucléaire, d’une raffinerie est une tactique qui de plus en plus s’impose comme une évidence. Que la presse en soit encore aujourd’hui le plus fervent détracteur, au même titre qu’avec les cheminots en lutte quelques semaine plus tôt, n’a rien d’étonnant. C’est simplement l’acharnement médiatique qui fait suite à chaque action réellement menaçante.
Le mouvement contre l’aéroport, qui a largement éprouvé ces dernières années l’objet de cet acharnement médiatique, a pu également éprouver en miroir la puissance de ce type d’action, du hall occupé de l’aéroport de Nantes atlantiques aux barricades de l’opération César, des forages avortées de l’été dernier à la défense de la ferme de St Jean du Tertre. L’action d’hier n’est qu’un avant goût de ce qui pourrait se passer au niveau régional, sous de multiples formes (pique-niques, opérations escargots, barrages filtrants) en cas de tentative de travaux ou d’expulsion sur la ZAD.
Signé : Alain Michelin, président de l’association "Du bordel pour l’Ouest"....

Infos  de la semaine du 21 au 27 juillet


Mardi  22  juillet

*        la bonne nouvelle du jour, certainement à prendre avec des pincettes :

Notre-Dame-des-Landes. Futur aéroport : Vinci est « passé à autre chose »

A propos du futur aéroport du Grand Ouest, le cadre de Vinci explique : "nous sommes passés à autre chose".© Perspective Vinci
Les Echos judiciaires girondins ont recueilli les confidences d’un cadre supérieur de Vinci lors d’un think-tank pour imaginer "la ville du futur" organisé du 2 au 4 juillet à Lisbonne, Portugal, par le groupe. Selon ce cadre, Vinci a levé le pied sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont la concession a été confiée à sa filiale AGO. Pour l’heure, le projet est en effet suspendu à l’épuisement des différents recours déposés par les opposants.
« Nous n’avons plus que trois personnes sur place », précise le cadre cité par notre confrère. Le journal juge les dirigeants de Vinci confiants. Et pour cause : soit le projet est mené à son terme, soit il est abandonné et le groupe touchera alors un dédomagement conséquent. Mais, interrogé en juin par Presse Océan, le sous-préfet en charge du dossier affirme que cette question n’est pas d’actualité. Le cadre de Vinci assure quant à lui : « Nous sommes passés à autre chose. Entre temps, nous avons racheté les dix principaux aéroports du Portugal », rapporte les Echos judiciaires girondins.
Presse-Océan  

Manifestation du 22 février à Nantes : les «dossiers à trous» de la justice

Depuis la manifestation du 22 février 2014 contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à Nantes, une trentaine de militants ont été interpellés et jugés, le plus souvent en comparution immédiate. Certains dossiers portent la patte évidente de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). « Il y a plein de non-dits dans ces dossiers », remarque un avocat.
Si le dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est au point mort au plan politique, son volet répressif ne cesse, lui, de progresser. Depuis la manifestation du 22 février 2014 contre l’aéroport, une trentaine de militants ont été interpellés et jugés, le plus souvent en comparution immédiate. Quatorze ont été arrêtés le jour même de la manifestation, neuf lors d’un premier coup de filet le 31 mars, au lendemain des élections municipales, puis le reste au compte-gouttes dans les régions parisienne, nantaise et rennaise.
Le 22 février 2014, la manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait rassemblé entre 20 000 et 50 000 personnes. Aux abords du cortège, un commissariat, deux agences de voyages, une antenne du conseil général, un abribus et une agence de Vinci, le concessionnaire de Notre-Dame-des-Landes, avaient été mis à sac. La préfecture de Loire-Atlantique avait dénombré « 130 policiers et gendarmes pris en compte par les services médicalisés des unités, 27 ayant dû être adressés au CHU » et « 40 manifestants touchés à des degrés divers ». Le ministre de l’intérieur Manuel Valls avait alors ravivé le feu de la menace de l’« ultra-gauche », en désignant comme responsables « un millier d’individus de l’ultra-gauche, ainsi que des Black Bloc, très violents ». Le cabinet du préfet de Loire-Atlantique affinait : ces casseurs ont « le profil traditionnel de ceux qu'on rencontre sur la ZAD, allant de modérément à extrêmement violents avec des méthodes qui s'apparentent à celles des Black Bloc », nous expliquait-on.
Un manifestant brise une glace en marge de la manifestation du 22 février 2014. © Stephane Mahe/Reuters
Cinq mois après les faits, une cellule d’une douzaine de policiers de la sûreté départementale se consacre toujours à temps plein à l’enquête sur ces dégradations et violences. Selon le parquet de Nantes, les investigations se poursuivent et d’autres interpellations pourraient encore avoir lieu. « Nos équipes ont isolé les séquences, extrait des photos des différentes vidéos pour les envoyer aux différents services de police et de gendarmerie. Et puis nous avons envoyé la police technique et scientifique sur les différents lieux de saccages », a expliqué au Monde le directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Christophe Bertrand.
Certains dossiers portent la patte évidente de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), l'ex-DCRI, qui a fourni des photos des Zadistes prises au moment des faits à la cellule d’enquête. C’est le cas pour R., 23 ans, déjà connu des services de police et condamné le 19 juin 2014 par le tribunal correctionnel de Nantes. Le renseignement intérieur a transmis une série de trois photos où l’on voit un jeune homme vêtu d’un bleu de travail et d’un masque à tête de mort, sortir de l’agence Vinci un fumigène à la main. D’autres images de BFM-TV montrent ce même homme aux côtés d’un manifestant taguant la façade de l’hôtel de ville. Certains clichés sont trompeurs : le jeune homme a en fait sorti le fumigène de l’agence pour éviter un incendie. Mais surtout, comment les policiers ont-ils réussi à l’identifier ? Son dossier judiciaire reste muet sur ce point.
L’enquêteur le décrit d’abord comme un « individu de type européen/nord-africain âgé de 20-25 ans ». Une déduction extralucide, au vu de la pauvre qualité des deux seuls clichés à visage découvert dont la police dispose. Le nom de famille du jeune homme est lui clairement « nord-africain » mais à ce stade, l’enquêteur n’est pas censé le connaître. Et puis, quelques lignes plus loin : « Mentionnons que les investigations entreprises ont permis d’identifier formellement cet individu », indique le procès-verbal. Quelles investigations ? Mystère. « Il y a plein de non-dits dans ces dossiers, regrette son avocat Me Pierre Huriet. Ce sont des dossiers à trous. Ont-ils utilisé un logiciel de reconnaissance faciale ? Était-il fiché par le renseignement intérieur comme beaucoup de ceux passés sur la ZAD ? » « Ici, contrairement aux enquêtes ordinaires, il semble que les photographies viennent appuyer a posteriori le profilage réalisé par la DGSI (ex-DCRI) », constate le comité de soutien des personnes interpellées.
Le récit de l’interpellation de R. le 27 mai 2014 à la sortie du CHU de Rennes est tout aussi elliptique. Les policiers nantais indiquent « avoir été avertis par la police de Rennes de (sa) présence au CHU nord en consultation » puis avoir foncé sur place. Les policiers rennais passaient-ils devant le CHU par hasard ? « Sauf à ce qu’il y ait eu une surveillance du renseignement intérieur, on ne comprend pas comment la police a été avertie de sa consultation au CHU », s’interroge Me Pierre Huriet.
D’autant que le 17 juin 2014, la police nantaise est à nouveau très chanceuse. À 15 h 50, lors d’un contrôle routier sur le périphérique nantais, un équipage de la brigade anticriminalité tombe justement sur R., qui doit comparaître le surlendemain et se rend à Nantes pour rencontrer son avocat. Motif du contrôle ? À en croire le procès-verbal, la « vive allure » de la voiture « montée par cinq individus de sexe masculin et féminin » et des jets d’emballages par la fenêtre sont l’unique raison du contrôle. Mais les policiers semblent bien renseignés. Lorsqu’ils remarquent deux lampes frontales et un autoradio neufs, leur premier réflexe est d’appeler les magasins Décathlon et Feu vert voisins. Et bingo, le gérant du Feu vert vient juste d’être victime d’une tentative de vol d’un chargeur téléphonique par une personne dont le signalement correspond à l'un des passagers de la voiture. Ayant rattrapé le voleur sur le parking du magasin et récupéré son bien, le commerçant ne comptait pas déposer plainte mais il est chaudement incité à le faire par les policiers.
Les quatre passagers et la conductrice prennent la direction des geôles de garde à vue pour recel de vol. L’un d’eux, un autostoppeur britannique, est rapidement relâché. Les quatre autres, deux femmes et deux hommes dont R., sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en vue de préparer un attroupement armé ». Dans la voiture, les policiers ont saisi un ordinateur, des disques durs, un pied-de-biche, une pince Monseigneur, des talkie-walkie, six antivols, des affiches appelant à un rassemblement festif devant le tribunal pour le procès de R. Ainsi que plus d’un millier d’euros en liquide et le passeport d’un autre prévenu, G., depuis condamné à un an de prison ferme.

Une oreille parlante

L'affiche saisie dans la voiture des militants le 17 juin 2014.
Les enquêteurs ont buté sur un courriel appelant à une réunion le 27 avril pour « repenser plus collectivement la question de la force matérielle ». Il y était également question de chantiers pour « continuer à concevoir des armes pour la ZAD»« Le contrôle n’avait rien d’anodin : il a servi de prétexte pour fouiller le véhicule, où ils avaient toutes leurs affaires pour vivre, et voir ce qu’on pouvait leur mettre sur le dos, estime Me Pierre Huriet, l'un de leurs avocats. Au passage, les policiers ont saisi leurs ordinateurs et disques durs. Rien ne ressort de leur exploitation, mais la police a eu tout le loisir de les copier. »
L’« association de malfaiteurs en vue de préparer un attroupement armé » n’a pas tenu devant le tribunal correctionnel de Nantes qui, le 18 juillet, a partiellement relaxé les quatre prévenus (lire le reportage de Reporterre). Seul l’un d’eux a été condamné à six mois avec sursis pour avoir donné une fausse identité et tenté de voler un chargeur de téléphone. Pour les autres, n’est resté du dossier que le refus de donner leur ADN et leurs empreintes digitales. Ce qui leur a valu de trois à quatre mois de prison avec sursis. Une peine très sévère au regard de la jurisprudence locale.« Pour un premier refus, normalement c’est une amende avec sursis, remarque leur avocat. Le tribunal a montré que leur garde à vue était infondée, mais a jugé illégal et durement sanctionné leur refus de se soumettre aux prélèvements ADN. »
R. a lui été condamné le 19 juin à huit mois de prison avec sursis, 4 445 euros de dédommagement et une interdiction de séjourner en Loire-Atlantique pendant deux ans, pour dégradations sur l’hôtel de ville et participation « avec arme » – à savoir le fumigène – à un attroupement. Le tribunal a ajouté un mois de sursis pour avoir refusé de donner son ADN. «Le simple fait de détenir une arme dans le cadre d'une manifestation permet d'incriminer des personnes présentes sans qu'on ait besoin de démontrer clairement qu'elles ont lancé des objets», rappelle Me Luc Bourgeois, qui a défendu trois militants.
On retrouve les mêmes ellipses dans le dossier de G., un étudiant parisien de 29 ans, condamné le 16 juillet à dix-huit mois de prison, dont douze ferme et mise à l’épreuve. S’estimant victime d’une « répression politique », il a pris la fuite à vélo pendant que le tribunal délibérait et fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt. Là encore, les seuls éléments à charge sont des vidéos et des photographies émanant de la police ou transmises « de façon spontanée »par Ouest-France, selon le parquet cité par Libération. Déjà condamné en octobre 2010 par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine à cinq ans de prison pour « vol à main armée » et « association de malfaiteurs », G. est accusé d’avoir chargé un barrage de CRS, descellé des pavés lancés sur les policiers et brisé à coup de marteaux la vitrine du voyagiste Fram.
Les images du dossier montrent un homme au visage dissimulé par un masque, des lunettes de protection et une casquette noire. Il n’apparaît le visage découvert que sur une seule image, une capture vidéo de mauvaise qualité. Malgré ce, les policiers mettent immédiatement un nom sur ce visage. « Mentionnons que les investigations entreprises ont permis d’identifier formellement cet individu », indique le procès-verbal. Quelles investigations ? Là encore, mystère.  Un des avocats de G., Me Hugo Levy, fustige « une enquête occulte de la DGSI, dont les principaux actes ne sont pas communiqués à la défense, ce qui est attentatoire au principe du contradictoire ». « Est-ce une dénonciation ou des policiers infiltrés ? demande-t-il. Comment vérifier si l’enquête n’est pas entachée d’illégalité ? »
Le 16 février 2000, la Cour européenne des droits de l’Homme avait condamné le Royaume-Uni pour avoir gardé secret le témoignage d’un indicateur rémunéré, principal accusateur dans un procès criminel. Selon sa jurisprudence, « le droit à un procès pénal contradictoire implique, pour l'accusation comme pour la défense, la faculté de prendre connaissance des observations ou éléments de preuve produits par l'autre partie ». La Cour reconnaît que certaines preuves ne peuvent certes être divulguées pour des motifs de « sécurité nationale ou la nécessité de protéger des témoins risquant des représailles ou de garder secrètes des méthodes policières de recherche des infractions » mais dans ce cas, la CEDH estime que l'accusation ne peut s’employer seule « à apprécier l'importance des informations dissimulées à la défense ». 
Au parquet de Nantes, nos questions provoquent un silence gêné. « C’est à partir d’éléments que nous avons dans les fichiers, finit par répondre la procureure de la République Brigitte Lamy. C’est comparé. Tout est dans les dossiers. Et quand cela ne paraît pas suffisant au tribunal, il y a une expertise. »
G. contestant sa présence à Nantes le 22 février, un expert de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a été prié de comparer les images de la manifestation et celles, anthropométriques, prises en détention provisoire. Lequel a confirmé l’identification de G. dans un rapport digne d’Alphonse Bertillon. On y apprend que le prévenu, au « visage long de forme triangulaire bas, asymétrique », présente une oreille remarquable, avec une « hypertrophie de la conque » identifiable entre toutes sur les images de la manifestation. Et, qui plus est, un « enroulement excessif de l’hélix », ce repli extérieur, qui fait penser l’expert au « tubercule de Darwin (…) vestige supposé de la pointe de l’oreille des mammifères ». L’expert se livre également à un petit photomontage en détourant une photographie prise lors de la manifestation pour y copier-coller le visage de G. Il conclut qu’il s’agit d’une « seule et même personne ». « Nous avons essayé, même avec Johnny Cash, ça marche ! », se pince Me Hugo Lévy. «On est sur des photos floues, souvent en mouvement, où il est compliqué de reconnaitre les gens, ce qui n'a pas empêché des condamnations», note Me Stéphane Vallée, avocat d'Enguerrand, un militant de 23 ans, sans emploi, condamné le 1er avril en comparution immédiate à un an ferme pour avoir fabriqué un fumigène.
« Les expertises d'images, où l'on prétend identifier des personnes grâce à la taille de leurs oreilles, ne sont qu'un écran de fumée, pointent les militants locaux. La vérité, c'est que la DGSI, l'ancienne DCRI qui s'était considérablement ridiculisée aux yeux de tous par le montage malhabile de l'affaire dite de Tarnac, est au cœur de ces enquêtes qu'elle diligente obscurément tout en se maintenant dans une complète opacité. » Les militants dénoncent « un fichage à usage directement répressif » entraînant « une criminalisation de fait de tous les militants anti-aéroport, susceptibles d’être arrêtés et incarcérés sans autres éléments, que ceux de la DGSI, contre lesquels ils seront sans défense ».
Dans un communiqué du 11 juillet, le syndicat de la magistrature pointe de son côté « une mobilisation policière sans précédent et, trop souvent, un traitement judiciaire en temps réel : garde à vue, fichage génétique, déferrement et comparution immédiate, cette justice expéditive génératrice d’emprisonnement ».
« L’arsenal sécuritaire, renforcé sous le précédent gouvernement et toujours en vigueur deux ans après l’alternance, s’est banalisé, constate le syndicat. Voilà que sont mobilisés pour contrer des luttes sociales : l’extension incontrôlée du fichage génétique qui, jadis réservé aux criminels "sexuels" concerne aujourd’hui la moindre dégradation, la pénalisation aveugle du refus de prélèvement ADN, le délit de participation à un attroupement armé, cette résurgence aggravée de la loi anti-casseurs, les procédures d’urgence désastreuses pour les droits de la défense mais si efficaces pour frapper par "exemplarité", sans recul… Autant d’outils sécuritaires que le gouvernement actuel, qui a déjà enterré le projet d’une loi d’amnistie sociale, est peu soucieux ou peu pressé d’abroger. »
A contrario, les six enquêtes dont a été saisie l’inspection générale de la police nationale (IGPN) à la suite des tirs de Flashball lors de la manifestation du 22 février sont, elles, « toujours en cours » selon le parquet. Trois jeunes hommes avaient été grièvement blessés à l’œil par des tirs policiers. L'un, Quentin Torselli, 29 ans, a été éborgné et n’a toujours pas pu reprendre son travail de charpentier-cordiste. Et les deux autres ont peu de chances de retrouver la vue. « Le capitaine de l’IGPN a indiqué à mon fils que son enquête était terminée, affirme Nathalie Torselli, mère de Quentin. Ils ont suivi tout son parcours en vidéo et établi qu’à aucun moment il ne représentait un danger. »
Louise Fessard – Médiapart
Jeudi  24  juillet
L’Obslab continue sa réflexion sur la justice et la police nantaises. Libé sort un article sur les opposants en procès qui ne dit rien de vraiment nouveau. Vrai intérêt de l’article, la photo qui permet de comprendre le PS de la réponse ouverte des occupant-es à la lettre de Greg :
Grégoire Minday, le 16 juillet, avant son audience au tribunal correctionnel de Nantes. (Photo Franck Tomps) – Libé

Cher Greg,
On est bien content d’avoir reçu de tes nouvelles et de te savoir au vert plutôt qu’à l’ombre. Ton geste, échapper à la justice bidon et à tes juges en carton, nous le comprenons et nous le soutenons. En te condamnant, comme ils en ont condamné d’autres avant toi, ils poursuivent leur attaque contre le mouvement anti aéroport. On est bien conscient-es que ça aurait pu être la plupart d’entre nous à ta place dans le box des accusés. Sous couvert de juger des "bandes armées", l’Etat cherche à nous diviser. Il cherche à nous faire taire comme il le fait avec d’autres mouvements sociaux.
Ensemble, nous poursuivons la riposte contre cette nouvelle vague répressive. Nous appelons les différentes composantes de la lutte et toutes les personnes d’ici et d’ailleurs qui ne se résignent pas à ne pas se laisser gagner par la peur et à exprimer leur solidarité de la façon qui leur conviendra : en t’accueillant, par des actions ou des communiqués, en étant présent au moment de ton appel.
Déjà, vendredi dernier (25 juillet 2014) le collectif Du bordel pour l’Ouest exprimait son soutien à tout-es les inculpé-es en bloquant pendant une heure et demi la quatre voies entre Rennes et Nantes. Par ailleurs, un appel à réunion unitaire contre la répression a été lancé par plusieurs collectifs pour le 20 septembre.
Pour finir on voulait te dire, Greg, que nos portes te sont ouvertes. Si le coeur t’en dit viens te reposer chez nous, tu y seras le bienvenu.
PS : on t’a vu dans Libé, t’étais beau comme un juge.
des occupant-es de la ZAD et le collectif l’Echappée Belle de l’ouest

Infos  de la semaine du 28 juillet au 3 août


Lundi  28  juillet

 Le rideau de fer de l’agence de Vinci en centre-ville de Nantes vient d’être repeint en vert... puisque la Métropole veut tout repeindre en vert, de l’asphalte du centre ville au béton de son projet d’aéroport, des inconnu-e-s inspiré-e-s sont venuEs faire éclabousser sa ligne verte sur les locaux de Vinci...
Jolie contribution au Voyage à Nantes ! Texte de revendication et photos :
Ceci est une contribution au Voyage à Nantes
  


Nous voulons rendre hommage à la Métropole Socialistecréative et ludique, celle de Johanna Rolland. Celle qui expulse les sans-toit, crève les yeux des manifestantEs et emprisonne les révoltéEs. Celle qui constelle les rues de caméras et de gyrophares.
Nous voulions rendre hommage à la culture subventionnée, celle de Jean Blaise et du graffiti aseptisé. Hier encore, des lieux - réellement - occupés étaient attaqués par des cohortes de policiers surarmés à Notre Dame des Landes ou dans les quartiers gentrifiés de la Métropole. Aujourd'hui, le Voyage à Nantes ouvre sans ciller une « Villa Occupada » au cœur de la ville. Nous saluons l'ironie de la démarche.
Et puisque la Métropole veut tout repeindre en vert, de l'asphalte du centre ville au béton de son projet d'aéroport, nous sommes venuEs faire éclabousser sa ligne verte sur les locaux de Vinci.
Commando Paul Bismuth fraction Jean Blaise- Indymedia Nantes

Dimanche 3 août  
La vélokaravanne a repris la route après une virée sur Nantes : , la horde de pirates surgie de Libertalia est repartie aussi, le cabaret installé pour cette fin de semaine au 100 noms doit être sur le départ aussi... il en viendra certainement d’autres ...
ça fait plaisir de croiser ici toutes ces énergies et personnes ... on leur souhaite plein de nouvelles aventures !

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