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lundi 31 mars 2025

La consommation mondiale d’énergie a encore augmenté en 2024, tirée par la climatisation

La consommation 

mondiale d’énergie 

a encore augmenté en 2024, 

tirée par la climatisation

24 mars 2025

La consommation mondiale d’énergie a bondi de 2,2 % en 2024.


L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révélé lundi 24 mars 2025 que la consommation mondiale d’énergie a bondi de 2,2 % en 2024, avec des émissions de CO2 encore en hausse (+0,8 %, contre +1,1 % en 2023).

Cette envolée, marquée par une hausse historique de l’électricité (+4,3 %), s’est accompagnée d’un nouveau record des émissions de CO2 liées à l’énergie, atteignant 37,8 gigatonnes.

Malgré une progression notable des énergies renouvelables et du nucléaire, qui ont fourni 80 % de l’électricité supplémentaire consommée en 2024, la dépendance persistante aux énergies fossiles, notamment au gaz naturel (+2,7 %), continue d’alimenter le réchauffement climatique.

Les vagues de chaleur records enregistrées en 2024 ont exacerbé la situation, intensifiant la demande en climatisation et ainsi la consommation d’énergie.

L’AIE souligne cependant une inflexion encourageante : l’essor du solaire et de l’éolien, ainsi que du nucléaire, qui a permis d’éviter l’émission de 2,6 milliards de tonnes de CO2 par an depuis 2019, soit 7 % des rejets mondiaux.

Source : https://reporterre.net/La-consommation-mondiale-d-energie-a-fortement-augmente-en-2024-la-chaleur-en-cause

dimanche 30 mars 2025

Pétition - pour la fin des changements d'heure

 COMMUNIQUÉ DE PRESSE PRINTEMPS 2025 

L'ALLIANCE INTERNATIONALE POUR L'HEURE NATURELLE

salue la décision de l'UE de mettre fin aux changements d'heure saisonniers d'ici 2026.
Elle appelle à l'adoption de fuseaux horaires naturels en Europe

Bruxelles , Belgique Europe – 25 mars 2025 –

L'Alliance internationale pour le temps naturel (IANT), une coalition mondiale pour le retour aux fuseaux horaires naturels basés sur le soleil, appelle à une action décisive pour abolir le changement d'heure bisannuel en Europe. Cet appel intervient dans un contexte de soutien politique, scientifique et public croissant en faveur d'une réforme de l'heure. 


Un large soutien politique pour la fin des changements d'heure


Le 24 octobre 2024, l'eurodéputé irlandais Seán Kelly, membre du Parti populaire européen, a adressé une lettre, déjà soutenue par plus de 70 eurodéputés de tous bords politiques, à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette lettre exhorte la Commission européenne à faire de la fin des changements d'heure saisonniers une priorité, citant des risques importants pour la santé, la sécurité et le bien-être général. 


« Des études ont montré que le changement d'heure peut avoir un impact négatif sur les habitudes de sommeil, augmenter le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral, et entraîner une hausse des accidents de la route », indique la lettre. « De plus, les avantages en termes d'économies d'énergie qui justifiaient autrefois cette pratique ont largement diminué, et en fait, le changement pourrait même entraîner une augmentation de la consommation d'énergie […]. La suppression du changement d'heure s'inscrit également dans l'engagement de l'UE en faveur de la simplification […] et constituera une mesure pratique et populaire qui présentera des avantages significatifs pour les citoyens de toute l'Europe. »
 

Des preuves scientifiques confirment les effets néfastes du décalage horaire
Suite à cette initiative politique, le Parlement européen a organisé une audition à Bruxelles le 18 mars 2025, organisée par le député européen Seán Kelly et soutenue par l'Initiative de Barcelone pour l'utilisation du temps (TUI). Cet événement a réuni d'éminents experts et députés européens pour aborder les impacts négatifs du changement d'heure saisonnier sur la santé, l'économie et l’environnement.Tout en définissant une feuille de route commune pour mettre fin à cette pratique obsolète en Europe d'ici 2026.

L'événement a réuni des experts de renom issus de divers domaines, notamment :

Professeur Tomas Havranek (macroéconomiste, République tchèque) – Expert de l'impact énergétique des changements d'heure biannuels ;
Maria Nikolopoulou (Comité économique et social européen, Espagne) – Experte des conséquences économiques des politiques temporelles ;
Professeur Roelof Hut (chronobiologiste, Pays-Bas) – Chercheur sur l'horloge biologique et les effets du décalage circadien ;
Dre Inge Declercq (neurologue et experte du sommeil, Belgique) – Spécialiste des conséquences du manque de sommeil et du décalage horaire sur la santé.

Ils ont souligné qu'au cours des 30 dernières années, la recherche scientifique a discrédité les mythes obsolètes selon lesquels le changement d'heure est bénéfique. Des études montrent désormais que vivre en dehors de son fuseau horaire naturel augmente l'incidence du cancer, de l'obésité, du diabète, des maladies coronariennes, de la démence, de la dépression et d'autres problèmes de santé mentale. L'heure d'été et le décalage horaire réduisent également la productivité scolaire et professionnelle, augmentent les accidents de la route et du travail, et ont un impact négatif sur le PIB. De plus, les décalages horaires augmentent la consommation d'énergie, la pollution lumineuse et les émissions de gaz, ce qui nuit encore davantage à l'environnement.

L'audition a été bien accueillie et, lors de l'événement, Petra Söderqvist, conseillère auprès du commissaire européen aux transports, a confirmé que « le commissaire est très intéressé par la question de la suppression du changement d'heure au cours de cette législature ». Forts de cette volonté manifeste, l'IANT et TUI continueront de collaborer avec le Parlement européen et d'autres organisations civiles et scientifiques afin de garantir que la Commission européenne et le Conseil de l'Union européenne accordent la priorité à cette question et la mettent sur leur agenda aussi vite que possible.

 
Une voie claire vers l'avenir : une solution scientifiquement validée

Interrogé sur les différences entre cette initiative et les précédentes, l'IANT explique que la précédente initiative européenne a été mise de côté par la pandémie de Covid-19. Deux différences majeures se dessinent :

Le Conseil de l'Union européenne sera impliqué dès le début du processus.
Un plan de mise en œuvre simple, pragmatique et scientifiquement validé est déjà en place.
Cette proposition, prête à être mise en œuvre, visant à mettre fin aux changements d'heure saisonniers a été élaborée par l'IANT en collaboration avec l'Initiative de Barcelone pour l'utilisation du temps (TUI) et a déjà été approuvée par des organisations de la société civile et des experts scientifiques de premier plan du monde entier.

La proposition décrit un processus simple en deux étapes : la première consiste à mettre fin au passage à l'heure d'été (DST) pour toute l'Europe. La seconde étape préconise l'adoption d'un système horaire permanent, aussi proche que possible de l'heure solaire, appelé « temps naturel ». L'heure naturelle signifie que l'heure de l'horloge ne diffère pas de plus de 30 minutes de l'heure solaire, garantissant ainsi que les horaires quotidiens sont mieux synchronisés avec les rythmes circadiens humains.

Appel à l'action : Laissez le peuple décider


Afin de mobiliser le soutien du public, l'IANT a également lancé une pétition intitulée « Êtes-vous las de changer d'heure deux fois par an ? », disponible en 27 langues sur YouMove Europe. Cette initiative permet aux citoyens européens d'exprimer leur soutien à la réforme de l'heure et de témoigner de la demande croissante d'heure naturelle.

« Nos efforts vont au-delà de la simple suppression des changements d'heure », a déclaré Ticia Luengo Hendriks, représentante néerlandaise de l'IANT. « Nous nous efforçons de réaligner le rythme de la société sur celui de la nature. Finies les fausses horloges ! C'est une réforme nécessaire pour la santé, la productivité et la durabilité environnementale. »
« À titre d'exemple, le Kazakhstan oriental est revenu à son fuseau horaire naturel en mars 2024 et a enregistré une légère baisse de sa consommation d'électricité au cours de l'année écoulée, tandis qu'une augmentation de 10,4 % par rapport à la même période l'année dernière a été constatée dans la région du Kazakhstan occidental, qui reste soumise à l'heure d'été permanente. »

À propos de l'Alliance internationale pour le temps naturel


L'Alliance internationale pour le temps naturel (IANT) est une coalition mondiale qui milite pour l'observation permanente de fuseaux horaires solaires géographiquement adaptés. En défendant des politiques temporelles fondées sur des preuves scientifiques, l'IANT vise à améliorer la santé publique, la sécurité et la durabilité environnementale, en alignant les routines sociétales sur les rythmes biologiques humains et les cycles naturels de la Terre.


 *** : Proposition de fuseau horaire permanent (6 langues) : Proposition sur la mise en œuvre de fuseaux horaires permanents dans l'UE — BTUIPermanent Time Zone Proposal (6 languages): https://timeuse.barcelona/what-we-do/permanent-time-zones-eu/
 
*** : Pétition pour le temps naturel (27 langues) : Êtes-vous fatigué de changer d'heure deux fois par an ? | YouMoveEurope https://action.wemove.eu/sign/2024-10-are-you-sick-and-tired-of-changing-the-clock-twice-a-year-FR  


Contact presse :

Ticia Luengo Hendriks
Représentante néerlandaise, Alliance internationale pour le temps naturel
email : info@naturaltimealliance.org.  
telephone_receiver: (Tél.)31622996416
earth_africa: naturaltimealliance.org

Remarque : Les journalistes souhaitant s'exprimer dans leur langue sont invités à demander un entretien avec l'un des experts ayant soutenu la proposition de fuseau horaire permanent.


ASSOCIATION LA MÉRIDIENNE
28/03/2025 -

samedi 29 mars 2025

Donald Trump sème le chaos dans les sciences du climat

Donald Trump 

sème le chaos 

dans les sciences du climat


26 mars 2025

 

Manifestation de scientifiques en réaction aux coupes budgétaires et aux licenciements décidés par l'administration Trump dans les agences fédérales finançant la recherche médicale, à Washington, le 7 mars 2025.

Travaux censurés, scientifiques empêchés, données inaccessibles... La purge de Donald Trump dans les sciences affecte les chercheurs français et leurs études. Les climatologues craignent de ne plus pouvoir travailler.

C’est un cataclysme qui n’en finit pas de déferler sur la communauté mondiale des climatologues. Les attaques massives menées par le président étasunien Donald Trump contre les sciences dites « de la durabilité », dont celles du climat, ont des conséquences pour la recherche partout dans le monde. En France, de nombreux chercheurs oscillent entre sidération et craintes pour l’avenir.

« La situation m’affecte au niveau personnel : je connais très bien nos collègues aux États-Unis avec qui nous collaborons étroitement sur les cyclones tropicaux et leur lien avec le changement climatique. Ce sont les plus grands spécialistes du sujet, je me suis formé en interagissant avec eux », témoigne Davide Faranda, climatologue, chercheur au CNRS à l’Institut Pierre-Simon Laplace. « Ils sont sous le choc et travaillent dans une situation chaotique. Les menaces de fermetures de programmes ou de licenciements les empêchent de planifier quoi que ce soit. »

Les scientifiques les plus précaires, doctorants ou postdoctorants notamment, comptent parmi les plus menacés par les coupes budgétaires. Mais aucune institution n’est à l’abri, pas même les plus emblématiques : l’Observatoire du Mauna Loa, à Hawaï, qui mesure le CO2 dans l’atmosphère depuis 1958, est sur la sellette. Le gouvernement étasunien envisagerait de fermer en août prochain le bureau qui le gère sur place, selon une note fédérale récupérée par le New York Times.

« Mauna Loa est un site historique, pionnier. C’est celui qui a mis en évidence la hausse du taux de CO2 dans l’atmosphère. Le symbole serait extrêmement douloureux pour les climatologues, c’est comme si on arrêtait de financer le Louvre en France », souligne le climatologue Robert Vautard, coprésident du groupe de travail 1 du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Sauver la continuité des mesures climatiques

Perdre les capacités d’observer le climat est ce que redoutent le plus les climatologues, tant l’ensemble des sciences du climat dépendent des observations. Elles sont indispensables pour vérifier et améliorer les modèles qui projettent les scénarios climatiques du futur, mais aussi pour comprendre les zones d’ombre restantes sur l’évolution de plusieurs sous-systèmes climatiques, dans un contexte de réchauffement qui ne fait qu’accélérer.

« La continuité des données d’observation est très importante. Même un trou de quelques années peut être dommageable, dit Robert Vautard. Imaginons par exemple que nous n’ayons pas les données des anomalies des années 2023 et 2024, qui ont pulvérisé les records de température : elles sont primordiales pour mieux comprendre les évolutions en cours. »

Or, pour observer l’ensemble du globe, la collaboration internationale est indispensable. Et les États-Unis ont toujours été un acteur majeur en la matière. C’est le cas, par exemple, dans l’observation des océans. Ceux-ci ont jusqu’à présent absorbé plus de 90 % de la chaleur générée par le changement climatique, et la compréhension de leurs mécanismes de régulation constitue un front de science crucial pour la climatologie.

« On préfère ne pas penser au scénario du pire »

Le programme international Argo, qui a permis le déploiement de 4 000 flotteurs sur l’ensemble des océans, récoltant des données abondamment citées dans les rapports du Giec, est ainsi financé à plus de 50 % par les États-Unis. Au travers, entre autres, de l’Agence étasunienne d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

Lorsque celle-ci a reçu l’ordre de Washington de couper tout contact avec ses collègues internationaux, dont ceux de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), les craintes d’une perte d’accès aux données et d’une baisse des financements de la flotte Argo ont été exprimées par le PDG de l’Ifremer.

« Pour l’instant, nous n’avons pas été impactés directement, rassure Claire Gourcuff, responsable scientifique de Euro-Argo, la partie européenne du projet qui finance le quart des 4 000 flotteurs. C’est une des forces d’Argo : les observations sont partagées avec toutes les équipes dans le monde, via deux centres qui centralisent toutes les données, l’un aux États-Unis et l’autre en France. »

Les données continuent — pour l’heure — de circuler, mais quid du renouvellement des flotteurs, dont la durée de vie n’excède pas 5 à 7 ans ? Les Européens, qui gèrent de nombreux flotteurs en Atlantique, pourraient difficilement combler un retrait étasunien du Pacifique. Perdre une partie du réseau de flotteurs serait d’autant plus dommageable que, avant le séisme Trump, l’ambition était au contraire d’augmenter le nombre et la performance des flotteurs, pour répondre aux interrogations des océanographes et des climatologues.

« On préfère ne pas penser au scénario du pire, dit Claire Gourcuff. Pour l’instant, on n’a pas trop de retours de nos collègues américains. Nous en saurons sans doute plus lors de la réunion scientifique annuelle d’Argo qui se tiendra à San Diego, en Californie, en avril. En attendant, tout fonctionne toujours très bien pour Argo. »

La menace des destructions numériques

Les craintes des chercheurs ne concernent pas seulement les nombreuses collaborations autour de l’observation de la Terre. L’étage supérieur, celui des simulations climatiques, est également touché. La construction de modèles dépend de l’accès aux données climatiques.

Les climatologues redoutent que les serveurs où celles-ci sont stockées soient victimes « d’autodafés numériques », de suppressions radicales similaires à celles orchestrées par l’administration Trump dans le domaine de la santé.

« La communauté internationale est en train de se préparer à une éventuelle fermeture des serveurs aux États-Unis. La volonté des collègues américains de répliquer la quasi-totalité des données vers le Royaume-Uni ou Paris démontre qu’il y a une vraie crainte que ces données soient perdues », pointe Roland Séférian, modélisateur du climat au Centre national de recherches météorologiques (CNRM).

Manifestation «  Debout pour les sciences  » à Paris, en solidarité avec les scientifiques étasuniens, le 7 mars 2025. © Hervé Chatel / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Comme pour les observations, la logique de collaborations internationales est à la fois source de vulnérabilité aux soubresauts étasuniens et source de résilience, car tout ne dépend pas de ce qui se passe outre-Atlantique.

« Pour produire les nombreux modèles climatiques figurant dans les synthèses du Giec, il y a quatre groupes de modélisateurs aux États-Unis, sept en Europe, trois en Chine et de nombreux autres ailleurs dans le monde. Les États-Unis sont leaders, avec de très gros moyens de calcul. L’évolution en cours est bien évidemment dramatique, mais si un ou plusieurs groupes américains étaient empêchés, la production de modèles ne s’effondrerait pas non plus », tempère Roland Séférian.

Observations, échanges et sauvegardes des données, modélisations… L’omniprésence des États-Unis en climatologie leur confère logiquement une place de choix au sein du Giec. À titre d’exemple, sur les 842 auteurs du 6e rapport du Giec (excepté la synthèse finale), publié en 2021 et 2022, 91 travaillaient aux États-Unis, soit plus de 10 %.

Il s’agit, en outre, souvent de scientifiques expérimentés et jouant un rôle important dans le difficile travail de synthèse et d’écriture des rapports du Giec. À l’instar de Katherine Calvin, scientifique en chef à la Nasa et coprésidente du groupe de travail 3 du Giec depuis 2023, licenciée par Donald Trump et empêchée, ainsi que toute son équipe, de se rendre à une réunion de travail du Giec à Hangzhou, en Chine, en février dernier.

Combler les trous… jusqu’à quand ?

Comme souvent, depuis des mois, l’incertitude règne. « Il n’y avait aucun délégué des États-Unis à Hangzhou, mais nous n’avons eu aucune explication officielle. Nous n’avons aucune information suggérant un retrait des États-Unis du Giec », dit Robert Vautard.

Sur le moment, l’absence de l’équipe support étasunienne, qui devait organiser le travail du groupe 3, a été compensée par la solidarité des autres équipes. Pour la suite, les États-Unis permettront-ils à leurs chercheurs de contribuer aux prochains travaux du Giec ?

« Ma crainte est que, si aucun auteur du rapport n’a été validé par les États-Unis, cela leur serve d’argument pour contester la validité de son contenu, voire pour amoindrir la portée du consensus scientifique », dit Roland Séférian.

À défaut de savoir de quoi l’avenir sera fait, chacun continue autant que possible son travail de recherche. Et en appelle au sursaut international. « Nous sommes nombreux à être passés par les États-Unis pour nous former. Plein de collègues vont être au chômage là-bas et pourraient contribuer à la recherche en Europe ou en Asie, mais il faudrait le budget pour cela », plaide sans trop y croire Davide Faranda.

D’autant que l’Europe, avec le programme satellitaire Copernicus qui fournit de précieuses données climatiques, pourrait prendre une part de leadership en cas de réorientation massive de la Nasa en dehors des sciences du climat.

« Je ne suis pas sûr que l’Europe, seule, pourrait combler les trous. Et puis, on ne remplace pas des bateaux qui placent des flotteurs dans l’océan ou des stations de mesures atmosphériques facilement, cela prend du temps », dit Davide Faranda.

La NOAA pourrait prochainement licencier plus de 1 000 autres salariés, annonçait le 21 mars le site d’information Axios, après une première vague quasi similaire en février. Face à un gouvernement étasunien autoritariste et qui s’émancipe de plus en plus du cadre budgétaire supposément défini par le Congrès, le chaos pour la climatologie ne fait sans doute que commencer.

 

Source : https://reporterre.net/Donald-Trump-seme-le-chaos-dans-les-sciences-du-climat

jeudi 27 mars 2025

Coca-Cola pourrait produire 4,1 millions de tonnes de plastique par an d’ici 2030

 

Coca-Cola 

pourrait produire 

4,1 millions de tonnes de plastique 

par an d’ici 2030

 26 mars 2025

 

L'organisation Oceana estime que d'ici à 2030, jusqu'à 602 000 tonnes d'emballages en plastique vendus par Coca-Cola finiront dans des cours d’eau ou dans l’océan.

4,1 millions de tonnes par an : c’est la quantité de plastique que The Coca-Cola Company devrait produire chaque année d’ici 2030 si elle ne change pas de cap, selon un nouveau rapport de l’organisation internationale de défense des océans Oceana.

Ce volume correspondrait à une hausse de près de 40 % par rapport à la consommation de plastique de la multinationale en 2018 (2,96 millions de tonnes), et de 20 % par rapport à celle de 2023 (3,45 millions de tonnes). Mises bout à bout, les bouteilles en plastique émises annuellement par The Coca-Cola Company pourraient faire plus de 100 fois le tour de la Terre, selon les calculs de l’ONG.

À partir de bases de données scientifiques évaluées par des pairs, Oceana estime par ailleurs que d’ici à 2030, jusqu’à 602 000 tonnes d’emballages en plastique vendus par Coca-Cola finiront dans des cours d’eau ou dans l’océan.

Emballages réutilisables : le renoncement

Si Coca-Cola utilisait 26,4 % d’emballages en verre ou en plastique réutilisables d’ici 2030 (contre seulement 10,2 % en 2023), selon Oceana, l’entreprise pourrait amener sa consommation annuelle de plastique en dessous des niveaux actuels.

La multinationale vend déjà du soda et de l’eau dans des emballages réutilisables ou rechargeables dans de nombreux pays, tels que l’Allemagne, le Brésil, le Chili, l’Érythrée, le Mexique, le Nigéria, les Philippines, et même le sud du Texas étasunien.

En décembre 2024, la multinationale Coca-Cola a annoncé qu’elle abandonnait son objectif d’atteindre 25 % d’emballages réutilisables en 2030, déplore Oceana.

Source : https://reporterre.net/Coca-Cola-pourrait-produire-4-1-millions-de-tonnes-de-plastique-par-an-d-ici-2030

lundi 24 mars 2025

Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme et adepte du sabotage

Françoise d’Eaubonne, 

pionnière de l’écoféminisme 

et adepte du sabotage

 

10 octobre 2019


 

Militante chevronnée et essayiste prolifique, Françoise d’Eaubonne est à l’origine du concept d’écoféminisme. Un livre biographique, sorti le 24 septembre 2019, permet de découvrir la pensée foisonnante et subversive de cette pionnière.

« C’est une urgence que de souligner la condamnation à mort, par ce système à l’agonie convulsive, de toute la planète et de son espèce humaine, si le féminisme, en libérant la femme, ne libère pas l’humanité toute entière, à savoir, n’arrache le monde à l’homme d’aujourd’hui pour le transmettre à l’humanité de demain »

Nous sommes en 1974 quand Françoise d’Eaubonne publie ces mots visionnaires dans son essai, Le féminisme ou la mort (Éd. P. Horay). C’est dans cet ouvrage qu’apparaît pour la première fois le terme d’ « écoféminisme » qui sera ensuite repris par les militantes étasuniennes, anglaises ou indiennes dans les années 1980. Dans Françoise d’Eaubonne & l’écoféminisme, un petit livre de la très bonne collection Précurseurses de la décroissance, aux éditions du Passager clandestin, Caroline Goldblum nous propose de découvrir la vie animée et la pensée subversive de cette pionnière du féminisme et de l’écologie.

Romancière et essayiste prolifique, Françoise d’Eaubonne (1920-2005) était avant tout féministe. Elle a cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF) puis le Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar). En parallèle, sa prise de conscience écologiste fut rapide, imprégnée du rapport Meadows Limits to growth (« Limites à la croissance » de 1972 et des idées de Serge Moscovici. Plutôt que de mener séparément les deux combats, féministe et écolo, elle a opéré dès 1974 la synthèse entre la dénonciation de l’exploitation de la nature par l’Homme et l’exploitation de la femme par l’homme.

« Les femmes sont à l’avant-garde du refus du nucléaire qui n’est autre que le dernier mot de cette société bâtie sans elles et contre elles »

Au cœur de sa théorie écoféministe se trouve la dénonciation de « l’illimitisme de la société patriarcale », qui pousse tant à l’épuisement des ressources qu’à une « surfécondation de l’espèce humaine ». La surpopulation est donc, selon elle, la conséquence du « lapinisme phallocratique ». « C’est dans un contexte de mobilisation des femmes qui revendiquent le droit de disposer de leur corps que Françoise d’Eaubonne pose comme premier fondement de l’écoféminisme la reprise en main de la démographie par les femmes », explique Caroline Goldblum. Ainsi elle a défendu le droit à la contraception, à l’avortement, aussi bien que l’abolition du salariat et de l’argent, dans une logique de décroissance économique autant que démographique.

En 1975, elle a participé au dynamitage de la pompe du circuit hydraulique de la centrale de Fessenheim.

Une théorie largement alimentée par ses pratiques militantes, au sein du mouvement féministe, mais également comme activiste antinucléaire. En 1975, elle a participé au dynamitage de la pompe du circuit hydraulique de la centrale de Fessenheim, en Alsace, alors en construction, retardant ainsi de plusieurs mois sa mise en route. Bien que l’action ait alors été anonyme, le texte de revendication rappelait — dans un style très « d’eaubonnien »« que les femmes sont à l’avant-garde du refus du nucléaire qui n’est autre que le dernier mot de cette société bâtie sans elles et contre elles ». Trois ans plus tard, en 1978, elle prenait carrément le parti de ce qu’elle nommait « la contre-violence », appelant dans un court texte à ce que « les attentats [soient] considérablement améliorés, ne visant que des points de rupture précis du front ennemi, économisant au maximum les vies humaines des personnes non concernées ».

La même matrice idéologique a conduit à la domination des hommes sur les femmes et au saccage de la nature

Mis à part ce pamphlet révolutionnaire, la plupart des (très nombreux) textes de la penseuse concernent l’écoféminisme. Au fil de ses ouvrages, l’écrivaine a précisé sa thèse. « En postulant que la même matrice idéologique a conduit à la domination des hommes sur les femmes et au saccage de la nature, Françoise d’Eaubonne [a dénoncé] non seulement l’organisation sexiste de la société, mais surtout lui [a imputé] la responsabilité de la destruction de l’environnement », écrit sa biographe. Une pensée qui va largement inspirer les militantes des années 1980 jusqu’à nos jours. En 1983, Vandana Shiva et Maria Mies reprenaient cette idée d’un « patriarcat capitaliste » à l’origine de l’assujettissement des femmes et de l’exploitation de la nature.

Toujours dans la lignée de d’Eaubonne, les activistes étasuniennes comme Starhawk ont dénoncé « un patriarcat monothéiste » et invité « à réinventer, à se réapproprier ce qui a été dévalorisé par l’homme, à savoir l’idée même de nature et l’ensemble des valeurs et pratiques sociales considérées comme ‘féminines’, rappelle Caroline Goldblum. Si les écoféministes spiritualistes reconnaissent que leur oppression a été justifiée par la construction d’une nature féminine, au contraire des féministes constructivistes, elles privilégient sa réappropriation à sa déconstruction. »

Ce versant de la pensée d’eaubonnienne, de même que la dimension plus spirituelle portée par certaines militantes, ont largement contribué à l’incompréhension, voire à la dérision, des idées écoféministes, vues comme essentialistes. De fait, explique Caroline Goldblum, « ses essais n’ont eu un impact que très limité dans son pays d’origine ». À cette aune, son travail de biographie ainsi que l’anthologie de textes de Françoise d’Eaubonne qu’elle propose paraissent plus que nécessaires, afin d’alimenter la réflexion et les débats actuels quant aux liens théoriques et pratiques à tisser entre féminisme et écologie.

 

 

Françoise d’Eaubonne & l’écoféminisme

de Caroline Goldblum, 

aux éditions du Passager clandestin

132 p., 10 euros.

Précisions

Source : Lorène Lavocat pour Reporterre

Photos :
. Portrait : auteur inconnu / wikipedia
. Archives du Républicain Lorrain.

 

 Source : https://reporterre.net/Francoise-d-Eaubonne-pionniere-de-l-ecofeminisme-et-adepte-du-sabotage?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

dimanche 23 mars 2025

Indépendantes et écolos, ces femmes construisent leur propre maison

Indépendantes et écolos, 

ces femmes construisent 

leur propre maison

 

26 mars 2022

 

Nathalie, fondatrice de Tinyland, devant sa tiny house qu'elle a construite..

Les maisons mobiles fleurissent dans la Drôme grâce aux femmes. Dans un hangar près de Valence, elles construisent leur propre habitat sur roues, motivées par des envies d’indépendance et écologiques.

Valence (Drôme), reportage

Haut de un mètre, un poing levé en ferraille colorée est disposé devant un portail. Derrière ce symbole de la lutte et de l’engagement, l’inscription « tiny » sur une petite pancarte indique la direction d’un jardin fleuri. Le printemps pointe le bout de son nez. Nathalie aussi, souriante, sur la terrasse attenante à sa maison miniature et mobile. C’est ici, à quelques kilomètres de Valence, que la fondatrice et coprésidente de l’association Tinyland compte organiser prochainement des formations destinées à toutes celles et ceux qui voudraient se lancer dans l’autoconstruction de tiny house, ces maisons légères et sur roues qui ont le vent en poupe en France depuis quelques années. Et dans son association, sur les huit constructeurs actuellement aidés bénévolement, la moitié sont des femmes.

Dans le hangar de Tinyland, l’une scie, celle-là coupe du bois, d’autres amènent des planches. Toutes ont pour but de faire elles-mêmes leur propre maison mobile. Solène, 27 ans, débute à peine les travaux. « Même s’il y a la fin du pétrole, j’aurai un toit sur la tête, dit-elle entre deux séances de taille de bois. Je vis actuellement dans un logement peu confortable. Si je mettais de l’argent dans de la pierre, je mettrais plus de temps à avoir un lit douillet. Et je me dis que si je me sépare de mon copain, j’aurais toujours un logement. »

Solène (à d.) et Agathe échangent leurs savoirs-faire. Avant de se lancer, Solène a participé au chantier d’Agathe. Maintenant que la tiny house de cette dernière est finie, c’est à son tour d’aider son amie dans la conception de sa future maison sur roues. © Estelle Pereira / Reporterre

Si les métiers de la construction sont très largement masculins, le milieu de l’autoconstruction est un domaine plus ouvert aux femmes. Isolation, fenêtres, toitures, ergonomie... tout, absolument tout, est ici conçu de A à Z par ces non professionnelles, pour un prix moyen de la maison finie allant de 20 000 à 30 000 euros. « L’association se veut accessible à tous les gens à petit budget qui ont de l’optimisme, de la motivation, raconte Nathalie, la fondatrice du lieu. Grâce au partage de savoirs, à l’entraide, à l’intelligence collective, on leur dit : “Venez fabriquer votre tiny avec nous.” »

C’est après avoir quitté son CDI et avoir travaillé en bénévole en Arménie, lors d’un service volontaire européen, qu’elle a pris la décision de construire sa première tiny house, avec son compagnon de l’époque. Après leur séparation, elle s’est retrouvée sans logement. Hébergée à droite et à gauche par des amis, elle a alors organisé le chantier d’une deuxième tiny house, la sienne cette fois, dans un hangar prêté par un ami charpentier. Ce fut le premier chantier participatif d’une longue série : plus d’une vingtaine de ces habitations ont été autoconstruites depuis.


Nathalie, fondatrice et coprésidente de Tinyland, devant sa tiny house autoconstruite. Elle est aujourd’hui formatrice pour Solution ERA dans la construction de mini maisons. Depuis six ans, elle mène un véritable travail de lobbying afin de démonter les clichés autour de l’habitat léger auprès des mairies. © Estelle Pereira / Reporterre

« Si je peux faire ça, je peux entreprendre tout ce que je veux ! »

L’autoconstruction, une façon pour les femmes de reprendre la maîtrise de leur vie ? Si la méthode ne règle pas le problème de fond sur l’inégalité dans l’accès à la propriété, elle permet, selon Bérangère, l’une des constructrices, de lever bien des barrières psychologiques. Elle en prend pour preuve ce qu’elle a vécu.

Au départ, elle ne se sentait pas capable de construire en autonomie sa maison. Passer par un chantier participatif était rassurant. Huit femmes ont répondu à l’appel lancé via la plateforme d’entraide Twiza. Avec la rémunération de deux conseillers techniques pour la conception, le projet devait être plié en quatre mois. Au bout de huit jours, le premier confinement a contrecarré ses plans. « J’ai dû terminer la maison pratiquement toute seule, conclut-elle. Même si j’ai eu des coups de main, je restais la cheffe de mon chantier. Ça a été une leçon de vie pendant treize mois. Quand j’ai fini la tiny house, je me suis dit : “Si je peux faire ça, je peux entreprendre tout ce que je veux !” »


Bérangère a construit seule sa maison. Selon elle, la construction permet aux femmes de se rendre compte que réaliser un projet n’a pas de genre. © Estelle Pereira / Reporterre

En réalisant à quel point l’expérience avait pu être émancipatrice pour les huit bénévoles, elle a réfléchi à l’organisation de chantiers participatifs entièrement féminins qui auraient une vocation thérapeutique.

« Elles se sont rendu compte, tout comme moi, que si on leur explique comment fonctionnent les machines, elles sont aussi capables que les hommes. À trois ou quatre, on peut lever ensemble le mur d’une maison. C’est pour cela que j’ai envie de faire des chantiers participatifs pour les femmes. Pas tellement pour qu’elles construisent leur maison ensuite, mais parce que si tu parviens à péter ce mur-là, celui où tu te dis que le chantier ce n’est pas fait pour toi, alors tu peux te lancer dans n’importe quel projet dans ta vie. »


Bérangère, dans sa tiny house construite seule. © Estelle Pereira / Reporterre

Un logement à soi, accessible rapidement

En cette période d’incertitude liée à la crise sanitaire et à la guerre contre l’Ukraine, la nécessité de diminuer sa consommation est partagée par l’ensemble des personnes passées par le hangar. Avec, en moyenne, moins de 100 euros de charges par mois, autoconstruire son habitat sobre et peu énergivore est un moyen de gagner en autonomie et en liberté. D’autant que le dernier rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex Abbé Pierre) sur l’état du logement en France est catégorique sur l’augmentation des prix des logements dits « classiques » : +154 % en vingt ans. De quoi accroître les inégalités entre celles et ceux qui héritent d’un logement, ou qui ont les moyens d’emprunter, et les autres.


Solène (à d.) et Agathe échangent leur savoir-faire pour construire la maison de Solène. © Estelle Pereira / Reporterre

« Tu ne vis pas de la même façon quand tu as le confort de ta lignée et que tu sais que tu auras un logement quoi qu’il arrive. Du coup, tu te retrousses les manches pour être indépendante », commente Nathalie, qui n’attend aucun héritage.

Et quand bien même elle en aurait eu un, les sociologues Céline Bessière et Sibylle Gollac ont prouvé, après plus de quinze ans d’études sur la cellule familiale, que les femmes étaient les plus souvent lésées sur les questions d’héritage. Beaucoup moins questionnée et médiatisée que la hausse des inégalités de patrimoine entre ménages, la croissance de l’écart de richesse entre les hommes et les femmes est pourtant régulière. Il est passé de 9 % en 1998, à 16 % en 2015, selon les deux autrices.


Louison construit sa tiny house avec son compagnon «  pour mettre en cohérence son mode de vie avec ses convictions écologiques  ». © Estelle Pereira / Reporterre

Vivre dans une maison légère, dont l’installation est tout de même suspendue à l’ouverture d’esprit des mairies, est « une liberté », selon Nathalie. C’est une maison à elles, qui ne les réduit pas à leur genre de femme, comme peuvent le faire une maison ou un appartement classiques. « Je peux me consacrer à des activités artistiques ou culturelles qui ont un sens pour moi », répond immédiatement Nathalie. Quant à Agathe, 25 ans, qui vient de finir son chantier, elle estime qu’elle peut désormais prendre plus de risques en travaillant à son compte, mais aussi « avoir plus de temps pour avoir un enfant, parce que mon compagnon et moi-même aurons moins besoin de travailler. Vivre en tiny nous offre ce bien-être ».

Moins de biens, plus de liens

Autre volonté partagée par ces femmes : mettre en adéquation leurs valeurs écologiques avec leur mode de vie. Avant de fabriquer sur mesure leur future maison, les autoconstructeurs sont obligés de passer en revue leurs besoins réels. Autrement dit, un gros tri s’impose. « Vivre en tiny, ça te pousse à te restreindre et ce n’est pas une mauvaise chose. La remorque est là pour te dire que si tu as un trop gros logement, tu vas trop consommer, tu vas être très énergivore », raconte Agathe. C’est l’objectif premier, ne pas dépasser le poids réglementaire, soit 3,5 tonnes pour pouvoir la bouger à l’envi.


Chez Tinyland, l’entraide entre les constructeurs fait partie prenante de la philosophie de l’association, dont l’objectif premier est de fédérer et de favoriser le partage des savoirs autour la construction d’habitats écologiques. © Estelle Pereira / Reporterre

Diplômée de l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, Agathe est une vraie passionnée de la construction miniature. Elle a voulu montrer dans son mémoire de fin d’études que les habitats légers avaient une architecture qui pouvait répondre, dans certaines conditions, aux défis de la transition écologique. Plus philosophiquement, elle a fait ressortir que posséder moins pouvait aussi être source de bonheur pour les habitants.

« Des professeurs avaient du mal à comprendre la qualité de vie dans ces maisons, pour eux le confort se résume à l’espace dont on dispose. Pour certains, c’était une précarité du logement. Mais tout le monde n’a pas envie d’habiter dans une maison pavillonnaire de style américain. Le rêve américain n’est pas celui de tout le monde », précise-t-elle.


Dans le hangar de l’association, Agathe construit sa tiny house. © Estelle Pereira / Reporterre

Construire une maison écologique, c’est aussi se rendre compte de l’impact de celle-ci sur l’environnement. « La tiny house est reliée à la nature. Elle suppose de réfléchir à tous nos rejets. J’ai par exemple arrêté la contraception hormonale, car je sais que les hormones ont des effets sur l’eau et les poissons », raconte Nathalie. Les toilettes sèches sont la norme chez les « tinyistes ». Les déjections humaines, comme celles des animaux, reviennent à la terre via le compost ou la phytoépuration, l’épuration par les plantes.

Dans l’entrepôt où fourmille la créativité, où chaque maison est unique, l’écologie n’est pas discutée, c’est même une base idéologique partagée. Ce qui l’est plus, insiste Solène, « c’est comment se joue la mixité, comment se répartissent les tâches dans un couple, comment on prend des décisions, etc. » La bienveillance et l’entraide sont fondamentales pour ces défenseuses de l’habitat alternatif. C’est ce qui a permis à Nathalie de « se reconstruire » en même temps qu’elle a façonné sa maison. À Agathe de retrouver « la cabane de son enfance » et de choisir son métier : conceptrice et constructrice de tiny houses. À Bérangère, animatrice en communication non violente, d’animer des groupes de parole pour femmes dans sa tiny.







Source : https://reporterre.net/Independantes-et-ecolos-ces-femmes-construisent-leur-propre-maison

samedi 22 mars 2025

UE : les 27 favorables à une règlementation plus souple pour les nouvelles techniques génomiques


UE : les 27 favorables 

à une règlementation 

plus souple 

pour les nouvelles 

techniques génomiques

 

Agence France-Presse

 

Les pays de l’Union européenne ont donné leur feu vert vendredi à un allègement des restrictions qui pèsent sur certaines espèces végétales génétiquement modifiées grâce aux nouvelles techniques génomiques, une décision approuvée par les organisations agricoles et décriée par les ONG environnementales.

Les représentants des 27 pays membres de l’UE ont approuvé, avec quelques modifications, une proposition de la Commission européenne visant à autoriser une utilisation plus large des variétés végétales obtenues grâce au recours aux nouvelles techniques génomiques (NTG ou NGT selon l’acronyme anglais).

« La proposition vise à stimuler l’innovation et la durabilité dans le secteur agroalimentaire, tout en contribuant à la sécurité alimentaire et en réduisant la dépendance (aux facteurs) extérieurs », a déclaré dans un communiqué le Conseil de l’UE, instance qui représente les Vingt-Sept.

Le Conseil devra à présent mener des négociations sur le texte final avec le Parlement européen, les aspects les plus problématiques étant l’étiquetage des produits et les brevets sur les végétaux NTG.

Un assouplissement des règlementations relatives aux organismes génétiquement modifiés (OGM) en faveur des NTG avait été proposé en 2023 par la Commission européenne.

Les partisans des NTG arguent que certaines d’entre elles ne font qu’accélérer les transformations génétiques qui auraient pu survenir naturellement ou par le moyen de croisements pratiqués traditionnellement dans l’agriculture.

- « Menace » ou avancée « décisive » -

La Commission a fait valoir que les NTG pourraient permettre d’obtenir des variétés qui nécessitent moins de pesticides, moins gourmandes en eau et mieux adaptées au changement climatique.

En 2024, le texte avait été approuvé par le Parlement européen, qui a voté en faveur de la création de deux catégories de végétaux NTG.

Dans la première catégorie, des variétés issues de nouvelles techniques génomiques seraient considérées comme « équivalentes » aux variétés conventionnelles sous réserve d’un nombre limité de modifications génétiques. A la clé, un accès rapide au marché sans évaluation préalable.

Les autres variétés (« catégorie 2 ») resteraient soumises au régime encadrant les OGM (longue procédure d’autorisation, études d’impact, obligations en matière de traçabilité et d’étiquetage...).

Les Etats membres se sont mis d’accord vendredi sur le fond de la proposition, en adoptant des amendements.

Ces amendements autorisent les Etats membres à interdire la culture de végétaux NTG 2 sur leur territoire, et prévoient la création d’un groupe d’experts chargés d’évaluer l’impact des brevets.

La proposition a été adoptée de justesse, selon des diplomates.

Elle a été critiquée par des organisations de défense de l’environnement, selon lesquelles une déréglementation favoriserait les grosses entreprises semencières en ignorant les dangers potentiels pour l’environnement.

« Les gouvernements de l’UE ont voté en faveur des profits d’une poignée de grosses entreprises, au lieu de protéger le droit des agriculteurs et des consommateurs à la transparence et à la sécurité », a déclaré Mute Schimpf, de l’ONG Les Amis de la Terre Europe.

L’association Pollinis dénonce de son côté une « menace » contre la biodiversité ainsi qu’une « incertitude juridique croissante » pour les agriculteurs et sélectionneurs « à cause des brevets déposés sur les plantes issues des NTG ou les procédés techniques ».

Au contraire, le Copa-Cogeca, qui regroupe les principaux syndicats agricoles et coopératives européens, a salué une initiative « décisive », qui « pourrait revitaliser la production européenne de semences » et permettre à terme d’accéder à des variétés plus résistantes à la sécheresse et aux maladies, tout en améliorant les rendements ».

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Mediapart n’a pas participé à la rédaction de cette dépêche, qui fait partie du flux automatisé de l’Agence France-Presse (AFP).

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