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mercredi 21 août 2024

L’EPR de Flamanville démarrera-t-il cet été ?

L’EPR de Flamanville 

démarrera-t-il cet été ?

 

16 août 2024

 

 

L’EPR de Flamanville (Manche) va-t-il enfin entrer en service ? Début juillet, le patron d’EDF annonçait un lancement « imminent ». Voici les étapes restantes nécessaires au démarrage du réacteur le plus attendu de France.

L’EPR n’en finit plus de démarrer. Le 6 juillet, on a cru que l’épopée allait enfin prendre fin. Ce jour-là, lors des 24ᵉ Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Luc Rémont, le PDG d’EDF lui-même, annonçait un lancement « imminent ». « Nos équipes travaillent jour et nuit [...] pour que la divergence ait lieu rapidement », a insisté le patron d’EDF.

Ce terme d’origine mathématique désigne l’amorce de la réaction en chaîne au sein de la cuve du réacteur : un neutron casse le noyau d’un atome d’uranium 235, ce qui libère trois neutrons qui vont à leur tour casser d’autres noyaux atomiques. Ces fissions en chaîne libèrent une énergie phénoménale sous forme de chaleur, laquelle sert à produire de la vapeur. Cette vapeur va ensuite entraîner des turbines qui produisent de l’électricité. Cette opération doit intervenir après des semaines, voire des mois, d’essais et de tests divers.

Chargement du combustible, fermeture de la cuve, couplage...

« Imminent », alors ? En matière atomique, l’imminence appartient au temps long. D’après les éléments glanés auprès d’EDF, l’EPR « poursuit son démarrage ». Il ne s’agit pas d’une usine que l’on met en route en appuyant sur un simple interrupteur, mais d’un long processus qui compte quatre phases. D’abord, la préparation du chargement du réacteur, le chargement du combustible et la fermeture de la cuve. Cette étape s’est déroulée en mai et juin derniers.

Ensuite la préparation de la phase de divergence, en cours. « Elle compte de nombreux essais et contrôles de matériels », signale EDF. Au début de l’été, les ingénieurs terminaient les « essais à chaud », c’est-à-dire en conditions réelles de fonctionnement — avec une eau sous pression à 150 bars et avoisinant les 300 °C. Si la divergence est bien prévue « dans l’été », elle n’est pas encore dans les tuyaux. Il faut encore que l’exploitant fasse une demande d’autorisation de divergence auprès de l’ASN.

Or à ce jour, l’autorité de sûreté assure n’avoir rien reçu : « La balle est dans leur camp. Quand l’exploitant est prêt, il dépose sa demande que l’on instruit dans la foulée. »

Ensuite, il faudra coupler l’EPR au réseau électrique français, autrement dit faire monter le réacteur à 25 % puis 60 % de sa puissance nominale. « C’est à partir de cette étape que l’EPR de Flamanville produira de l’électricité distribuée sur le réseau électrique français, explique EDF. C’est une phase délicate durant laquelle tous les matériels de la salle des machines nécessaires à la production de vapeur vont être mis en service. C’est également durant cette phase que les protections automatiques du réacteur seront testées à plusieurs reprises. »

Pour finir, place à la phase de démarrage, soit la montée vers les 100 % de puissance nucléaire du réacteur. Cette phase dure encore plusieurs semaines durant lesquelles les ingénieurs connectent et reconnectent l’EPR au réseau électrique « à six reprises, afin de tester les matériels à pleine puissance ». EDF assure que le couplage aura lieu dans l’été mais ne donne aucune date précise.

Un chantier marqué par les problèmes

L’émotion doit être très forte dans cette salle de contrôle-commande après tant de péripéties. Voilà vingt-huit ans — une génération — que des ingénieurs français n’avaient pas lancé un réacteur flambant neuf sur le territoire. Le dernier était la deuxième tranche de Civaux en 1996. Certes, chaque année, un certain nombre de réacteurs sont mis à l’arrêt pour un déchargement-rechargement de combustible et ces opérations sont courantes. Mais cette fois-ci, les ingénieurs manipulent le premier EPR à domicile, d’une puissance inégalée sur le territoire.

Il aura fallu pas moins de vingt-et-un ans entre le moment où le Parlement français a validé la construction de cet EPR en 2003 et le jour où il fournira de l’électricité à près de 3 millions de foyers. Durant la construction, le chantier a accumulé retards et mésaventures, principalement dus à une filière nucléaire de plus en plus désaxée. Le réacteur en phase de lancement devait être visité en mai par le président Macron, avant que celui-ci ne soit mobilisé par les émeutes en Nouvelle-Calédonie. Aucune nouvelle visite n’est programmée à ce jour.

 

Source : https://reporterre.net/L-EPR-de-Flamanville-demarrera-t-il-cet-ete#forum31919

 

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