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jeudi 30 septembre 2021

Dans les Deux-Sèvres, militants et monde paysan rassemblés contre les méga-bassines agricoles

Dans les Deux-Sèvres, 

militants et monde paysan 

rassemblés contre les 

méga-bassines agricoles

Par

En parallèle du congrès de la FNSEA qui se tient à Niort depuis mardi, les collectifs rassemblés par l’appel aux Soulèvements de la Terre ont manifesté mercredi contre les projets d’irrigation industrielle dans les Deux-Sèvres. Et ont bloqué les travaux sur celui de Mauzé-sur-le-Mignon.

 

Saint-Colomban (Loire-Atlantique) et Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) – En quelques minutes à peine, les gigantesques pelleteuses ont fait demi-tour. Le chantier d’aménagement de la méga-bassine de Mauzé-sur-le-Mignon s’est soudainement interrompu devant l’arrivée des manifestants. Et les brebis ont déboulé au milieu de la foule. « Soyez pas des moutons ! », s’amusent les uns. « Cela faisait longtemps que je rêvais de ça... », lâche une habitante du voisinage, le sourire incrédule de celle qui a réussi une action inédite. « Ce n’est que le début de la résistance ! », dit un autre dans le mégaphone.

Mercredi 22 septembre après-midi, quelque cinq cents personnes, guidées par un convoi d’une vingtaine de tracteurs, ont pénétré sur ce chantier situé dans le marais poitevin, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Niort (Deux-Sèvres), et sont parvenus à interrompre les travaux démarrés le 6 septembre dernier. Sur 8 hectares – soit la taille d’environ dix terrains de football – un immense cratère plastifié doit être creusé pour pomper pendant l’hiver l’eau des nappes phréatiques et la retenir afin d’alimenter, en été, les grandes cultures intensives de la région – du maïs principalement.


Les pelleteuses font demi-tour sur le chantier à l'arrivée des manifestants © Amélie Poinssot / Mediapart

 

Dans le département, ce sont au total seize nouvelles bassines qui sont sur les rails. Ces cratères artificiels, d’une taille allant de 8 à 20 hectares suivant les projets, sont l’une des pistes aujourd’hui mises en avant par le ministère de l’agriculture pour faire face à la sécheresse, et notamment par le « Varenne de l’eau » lancé en mai dernier, cycle de réunions pour adapter « notre agriculture aux défis du changement climatique ». Une perspective qui, à l’évidence, est loin d’être partagée dans les départements agricoles.

Pour arriver jusqu’à cette occupation du chantier, toute une convergence s’est organisée pendant deux jours, avec le renfort de paysans aguerris aux luttes de Loire-Atlantique : c’est de Saint-Colomban, à une trentaine de kilomètres au sud de Nantes, que le premier convoi de tracteurs a démarré, mardi, pour faire étape, ensuite, en plein centre de Niort où un joyeux pique-nique paysan s’est tenu mercredi midi sur la place de la Brèche pendant que la FNSEA, le syndicat majoritaire des exploitants agricoles, tenait son congrès à quelques encablures de là.

Sur le tracteur qu’elle conduit en direction de Niort, pour la première étape de cette mobilisation, Angélique Lambert ne mâche pas ses mots. Les bassines ? « Une fausse bonne idée. » Contrairement à ce qui est avancé par le ministère, mais aussi par la FNSEA, cette éleveuse de vaches et de brebis ne croit pas une seconde que les bassines sont une solution pour l’agriculture face aux dérèglements climatiques et aux épisodes de sécheresse qui se sont multipliés ces dernières années.

« Avant de construire des bassines, et de condamner ainsi des terres qui auraient pu être cultivées ou pâturées, il faudrait peut-être commencer par produire d’autres cultures, dit-elle. C’est un modèle agricole qui ne va pas du tout. Le maïs qui sera irrigué autour des bassines ne sera même pas destiné à l’alimentation. Il sera cultivé pour faire tourner des méthaniseurs. »

L’éleveuse s’agace d’autant plus que « ces bassines sont souvent présentées comme de la récupération d’eau de pluie. C’est complètement faux. D’autres croient que ce sont des sortes de lacs. Mais il n’y aura pas de vie dans ces réserves d’eau... Tout cela fausse le débat pour le grand public ».

 

Les brebis s’installent sur le chantier de la méga-bassine de Mauzé-sur-le-Mignon. © AmP / Mediapart

Partie mardi matin de sa ferme située à quelques kilomètres de Notre-Dame-des-Landes, Angélique se réjouit de cette mobilisation qui rassemble une galaxie de personnes issues du monde paysan, du collectif Bassines non merci né dans les Deux-Sèvres, des mouvements climat – Youth for Climate, Extinction Rebellion –, et des zadistes de Notre-Dame-des-Landes.

C’est le premier acte de la « saison 2 » des Soulèvements de la Terre, appel parti début 2021 dans les réseaux militants afin de radicaliser les actions autour des questions liées à la bétonisation des terres. La nouvelle saison, qui commence avec cette mobilisation contre les bassines, s’est donné pour thème la lutte contre l’accaparement des terres et leur « intoxication » par le système agro-industriel.

Un accaparement de la ressource en eau au profit d’une petite minorité.

Amandine Pacault

Les méga-bassines se trouvent précisément au cœur de ces enjeux. « Il s’agit d’un accaparement de la ressource en eau au profit d’une petite minorité, souligne Amandine Pacault, porte-parole de la Confédération paysanne dans les Deux-Sèvres, qui est également aux manettes de ces deux journées de mobilisation. C’est pourquoi ce n’est pas du tout une lutte des écolos contre les agriculteurs : le principe des méga-bassines ne fait pas l’unanimité dans le milieu agricole. »

Dans ce dossier qui dure depuis des années, la Confédération paysanne avait dans un premier temps joué le jeu de la concertation. Le syndicat avait notamment demandé que l’installation de ces nouvelles méga-bassines soit conditionnée à deux choses : une diminution des pesticides sur les cultures calculée à l’échelle du territoire, et un plafonnement de la distribution en eau à 30 000 m³ par actif agricole à chaque campagne d’irrigation – sachant que les exploitants agricoles bénéficiant actuellement des bassines existantes prélèvent pour certains jusqu’à 200 000 m³ d’eau par campagne d’irrigation.

Aucune de ces deux demandes n’ayant été entendue, la Confédération paysanne a refusé de signer le protocole d’accord mis en route par la préfecture en 2018. Tout comme le collectif citoyen Bassines non merci, qui a dénoncé le manque de transparence dans les discussions.

Depuis, les deux organisations sont en lutte contre ce développement de l’irrigation industrielle, dans un département aux ressources naturelles déjà bien éprouvées par des pratiques agricoles sans considération pour les écosystèmes. Dans les années 1990, le Marais poitevin avait même perdu son statut de Parc naturel régional et l’État français avait été condamné par l’Union européenne.

 

Le convoi d'une vingtaine de tracteurs se dirige vers Niort © AmP / Mediapart

Les pratiques de l’agriculture industrielle se sont pourtant poursuivies, et une grande partie du marais tel qu’il était dans les années 1960 a fini par s’assécher à force de drainage pour irriguer les grandes cultures. Ce n’est pourtant pas la tradition du coin : ici, élevage et maraîchage dominaient autrefois le paysage.

C’est là l’une des raisons à l’origine de l’engagement de Julien Le Guet, l’une des chevilles ouvrières du collectif Bassines non merci. « J’ai un amour profond pour la biodiversité, les grenouilles qui chantent, les libellules partout, raconte cet ancien animateur nature dans le Marais poitevin. L’érosion de la biodiversité, ce n’est pas une vue de l’esprit, pas besoin d’aller voir les ours au pôle Nord pour s’en rendre compte… Quand j’étais gosse, on attrapait les grenouilles par centaines dans le marais ; c’est à peine si on en voit une par an aujourd’hui. »

Alors pour lui, des réservoirs qui viendraient encore pomper de l’eau pour perpétuer un modèle agricole qui a déjà fait tant de dégâts, il n’en est pas question. « On ne veut pas de cette technologie, avec un fonctionnement au service de seulement quelques intérêts particuliers, poursuit le militant. Regardez le rôle du contrôle de l’eau dans notre civilisation : le partage est essentiel. »

Mais peut-on faire autrement que de pomper l’eau dans les nappes phréatiques ? « Oui : la solution, c’est l’agronomie, explique Amandine Pacault. C’est-à-dire changer les pratiques agricoles pour retenir l’eau dans des sols. Pour cela, il faut y remettre du vivant et arrêter l’érosion. Autrement dit, planter des haies, remettre en route des prairies et de l’élevage en plein air, stopper les engrais… Le système agricole a fait tout l’inverse jusqu’à présent : les sols sont morts, on est arrivé au bout d’un cercle vicieux. »

Autre piste mise en avant par cette paysanne maraîchère bio installée au nord de Niort : remettre en culture des variétés anciennes de maïs, lesquelles s’adaptent plus facilement que le maïs hybride qui a été fabriqué pour produire de hauts rendements mais qui doit être arrosé en plein été, précisément quand la ressource en eau est faiblement disponible, et qui ne résiste pas à la moindre sécheresse.

 

À Niort, les tracteurs font étape autour d'un pique-nique paysan. © AmP / Mediapart

 

De fait, 95 % de la surface agricole française est cultivée sans système d’irrigation : c’est tout simplement l’eau de pluie qui arrose les parcelles. Il est donc possible de faire sans bassine.

Les opposants aux méga-bassines dénoncent en outre un passage en force du côté de la Société coopérative de l’eau des Deux-Sèvres qui porte ce développement de l’irrigation dans le département ; elle a lancé le chantier de Mauzé-sur-le-Mignon alors que plusieurs recours juridiques ont été déposés par différentes associations. L’un d’entre eux a donné lieu à une décision du tribunal administratif de Poitiers en juin dernier – qui conclut au surdimensionnement de neuf projets, épargnant celui de Mauzé –, mais les autres sont toujours en cours.

Les procédures pourraient se situer également à un autre niveau. En début d’année, le collectif Bassines non merci a déposé une pétition à la commission des pétitions du Parlement européen – la commission dite « PETI » qui permet aux citoyennes et citoyens de l’Union de dénoncer une entorse au droit européen. La réponse de l’exécutif européen à ce sujet, tombée il y a quelques jours, témoigne d’une possible non-conformité des projets de méga-bassines avec six directives européennes – c’est-à-dire des textes réglementaires que chacun des États membres de l’UE est censé respecter, au risque de se voir sanctionner par la Cour européenne de justice.

Face à ces six textes relatifs à la protection de l’environnement (directive-cadre sur l’eau, directives « eaux souterraines », « eau potable », « nitrates », « habitats », et « oiseaux »), l’État français pourrait s’avérer défaillant. Si la procédure européenne se poursuit dans ce sens, cela pourrait conduire à l’interruption des travaux à Mauzé-sur-le-Mignon. « La Commission prend très au sérieux ce cas complexe qui rejoint sa préoccupation générale de protection de la ressource en eau et de la gestion de ses usages dans un contexte de raréfaction d’une eau de qualité », relève ainsi l’exécutif européen.

Contactée au sujet de ces projets de bassines, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, qui tenait son congrès à Niort jusqu'à ce jeudi, n'a pas répondu à nos questions. Les réserves d'irrigation font partie des technologies soutenues par le syndicat pour faire face au changement climatique.

 

Source :  https://www.mediapart.fr/journal/france/230921/dans-les-deux-sevres-militants-et-monde-paysan-rassembles-contre-les-mega-bassines-agricoles?onglet=full


mercredi 29 septembre 2021

« Le passe sanitaire est un moyen extrajudiciaire de désactiver socialement les gens »

 

« Le passe sanitaire est un moyen 

extrajudiciaire 

de désactiver socialement 

les gens »

 

 

25 septembre 2021

 

Le certificat papier remis après la vaccination contre le Covid-19.

 

Selon le professeur de droit Guillaume Zambrano, le passe sanitaire est une atteinte aux droits fondamentaux ainsi qu’une sanction extrajudiciaire. La pérennisation de ce dispositif signifierait d’après lui la normalisation de l’atteinte à l’intégrité physique des individus et de la privation de sortie et de mouvement.

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Guillaume Zambrano est maître de conférences en droit privé à l’université de Nîmes. Face à la loi imposant le passe sanitaire, il a lancé une requête collective auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

 



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 Reporterre : En quoi le passe sanitaire porte-t-il atteinte aux droits fondamentaux ?

Guillaume Zambrano : Être exclu des transports publics, hôpitaux, cafés, restaurants, bibliothèques, associations sportives et culturelles et autres lieux de réunion est une privation de liberté extrêmement lourde : c’est une privation du droit de réunion, de la liberté d’aller et de venir, une véritable exclusion de la vie sociale. Le plus grave est qu’il s’agit d’une sanction extrajudiciaire. Depuis le XVIIᵉ siècle et le Bill of Rights anglais destiné à limiter l’arbitraire des souverains, notre tradition juridique est fondée sur le principe de l’habeas corpus : toute personne privée de liberté a le droit de passer devant un juge. De fait, quand une personne est assignée à résidence ou condamnée à porter un bracelet électronique, la mesure doit être approuvée par le juge des libertés et de la détention. Quand on condamne des personnes pour des dommages sociaux comme le vol, la fraude fiscale, les coups et blessures, elles ont eu droit à un procès. Et généralement, le but visé est la réinsertion sociale : même pour des délits graves, il y a du sursis, des aménagements de peine. Mais avec le passe sanitaire, toute une catégorie de personnes reçoivent une sanction pénale maximale sans qu’il y ait eu de jugement, sans même avoir pu se défendre.

Qu’est-ce qui justifie cette sanction ? Le fait de ne pas pouvoir (ou ne pas vouloir) présenter un QR code à l’entrée des lieux publics, de ne pas être vacciné ou testé. Ce qui est reproché aux gens, c’est d’être potentiellement contagieux. C’est d’autant plus grave qu’il est très rare en droit que l’on soit condamné pour une infraction par omission. La règle est d’être condamné pour avoir fait quelque chose, et non pour ne pas avoir fait quelque chose. Il existe le délit de non-assistance à personne en danger (article 223-6 du Code pénal), mais ses conditions sont très restrictives et les condamnations rares. Il existe aussi une jurisprudence pour des personnes ayant contaminé d’autres personnes avec le Sida en connaissance de cause, mais les juges ont retenu l’aspect intentionnel : non seulement elles se savaient malades et n’ont pas pris de précautions, mais elles ont déclaré vouloir contaminer d’autres personnes, c’est ce qui a motivé la condamnation [1].

« Ce ne sont plus les juges mais la population elle-même qui applique la sanction. »



Le passe sanitaire — sanction extrajudiciaire selon vous — représente-t-il un basculement ?

Le passe sanitaire sort du cadre ordinaire du droit pénal. Il donne lieu à des sanctions sociales inédites qui sont un mélange de privation de liberté, de stigmatisation et d’incitation à l’humiliation publique. C’est un moyen extrajudiciaire de désactiver socialement les gens, de les débrancher, en quelque sorte. Et ce ne sont plus les juges, mais la population elle-même — les cafetiers, les bibliothécaires, les gardiens de musée ou les employés des hôpitaux — qui applique la sanction. Cela indique que le gouvernement est passé dans une logique de répression massive : comme il ne peut pas mettre un juge derrière chaque citoyen, il se repose sur la population et sur des moyens automatisés pour le faire. C’est une révolution anti-libérale. La seule comparaison possible est celle du crédit social en Chine, une forme de rééducation à la carotte et au bâton : je t’interdis de prendre le train, d’accéder à tel emploi, d’aller au cinéma…



La pandémie de Covid-19 ne justifie-t-elle pas de déroger au droit de manière exceptionnelle ?

Depuis deux siècles, la France a érigé la liberté en tant que principe fondamental, naturel, inaliénable : les restrictions sont des exceptions qui doivent être strictement justifiées et proportionnelles. Dans le cadre d’un raisonnement sur la proportionnalité, les mesures portant atteinte aux libertés fondamentales doivent remplir trois conditions. D’abord, le test d’« aptitude » : la mesure est-elle apte à atteindre l’objectif affiché ? Le passe sanitaire et l’obligation vaccinale peuvent-ils lutter efficacement contre l’épidémie ? On peut en discuter, puisque les vaccins n’empêchent pas forcément la contagion. Ensuite, le test de « nécessité » : y aura-t-il un très grand nombre de morts si le gouvernement ne met pas en place cette mesure ? Vraisemblablement non, ce n’est pas le cas dans les pays qui n’ont pas recours au passe sanitaire comme la Suède ou l’Angleterre. Enfin, le test de « substitution » : existe-t-il des mesures alternatives et moins restrictives qui permettraient de lutter contre les effets de l’épidémie ? Oui : le gouvernement pourrait ouvrir des lits de réanimation, créer des hôpitaux de campagne, vacciner les personnes les plus à risque et les personnes volontaires, et tester fréquemment les soignants, ce qui serait dans ce cas plus efficace que l’obligation vaccinale. Le passe sanitaire et l’obligation vaccinale sont donc des mesures disproportionnées et excessives par rapport à la nature du danger et à leur capacité à y répondre.



L’obligation vaccinale des soignants, ou la quasi-obligation vaccinale imposée par le passe sanitaire, sont-elles contraires au droit ?

Le plus fondamental des droits fondamentaux est le respect de la dignité humaine dont le consentement libre et éclairé à l’acte médical est une manifestation. En principe, les atteintes à l’intégrité du corps humain ne sont jamais permises, sauf dans des circonstances particulières et si et seulement si elles sont justifiées par un intérêt médical pour vous [2]. En avril dernier, les juges européens ont rendu un arrêt justifiant la vaccination obligatoire des enfants contre le tétanos (arrêt Vavřička, 8/04/21) : on note que d’une part, la balance bénéfice/risque est positive pour les enfants, car le tétanos est dangereux pour eux, et que d’autre part, l’ancienneté des vaccins permet de connaître leur efficacité et la nature des risques à long terme. Dans le cas des vaccins contre le Sars-Cov2, c’est différent : non seulement leur intérêt médical pour les enfants et les adolescents fait débat [3], mais le fait qu’ils soient basés sur une technologie nouvelle ne permet raisonnablement pas d’en connaître les risques à long terme.

« Ce qui risque de se normaliser n’est plus seulement l’atteinte à la vie privée, mais l’atteinte à l’intégrité physique des individus. »

Ne risque-t-on pas de voir ces mesures d’exception se normaliser ?

Le risque est d’autant plus grand que la menace épidémique n’est pas de nature provisoire. Nous allons devoir vivre avec ce virus, ou avec d’autres virus. Si on est face à un risque permanent, alors il faut mettre en place des mesures permanentes, et celles-ci doivent bien sûr être compatibles avec les libertés. On peut constater que les mesures antiterroristes temporaires ont été dévoyées pour s’installer de manière permanente dans notre droit. Avec l’opération Sentinelle, le fait d’utiliser l’armée pour exercer des pouvoirs de police sur le peuple s’est normalisé. La surveillance de la population aussi : dans les années 1980, les écoutes de l’Élysée ont fait scandale ; en 2020, l’État peut écouter n’importe qui. Les mesures antiterroristes ont donc progressivement fait disparaître du droit la protection de la vie privée. Si on transpose cette situation aux mesures d’exception sanitaires, les conséquences sont vertigineuses : ce qui risque de se normaliser, ce n’est plus seulement l’atteinte à la vie privée, mais l’atteinte à l’intégrité physique des individus, la privation de sortie et de mouvement.



Quels espoirs placez-vous dans la requête que vous portez auprès de la Cour européenne des droits de l’homme ?

Il faut rappeler une chose élémentaire : les droits de l’homme sont au-dessus des lois. C’est la raison d’être de ces textes. Si les droits fondamentaux ont été inscrits dans les juridictions internationales et les constitutions, c’est précisément pour éviter que les gouvernements n’adoptent des lois contraires aux libertés et ne fassent basculer un pays dans la dictature. Il est donc nécessaire (quoique pas forcément suffisant) d’en appeler à la Cour européenne des droits de l’homme dans la situation actuelle. En pratique, le but est d’éviter que l’obligation du passe sanitaire ne soit prolongée au-delà du 15 novembre 2021 par l’adoption d’une nouvelle loi. La Cour est légalement obligée de traiter toutes les requêtes, or ses moyens sont limités. Si elle est saisie par des dizaines de milliers de personnes, elle sera contrainte d’écouter nos arguments, pour éviter d’être complètement paralysée administrativement. En 2020, la CEDH a reçu un total de 40 000 requêtes de toutes natures. C’est ce chiffre qu’il faut dépasser. Nous sommes déjà à plus de 20 000. Toute personne de plus de 12 ans peut attaquer gratuitement et sans risques la loi sur le passe sanitaire.

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C’est maintenant que tout se joue…

La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité.
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Notes

[1Première condamnation pour contamination volontaire par le virus du Sida par décision du Tribunal correctionnel de Mulhouse, 6 février 1992 : Est coupable de coups portés volontairement ou de violences ou voies de fait le prévenu ayant mordu un agent de la force publique dans l’intention de le contaminer par le virus du Sida dont il se savait porteur. Le 27 juillet 1989, un toxicomane séropositif, en état d’ébriété, se querellant dans un bar, a violemment mordu jusqu’au sang le policier venu l’interpeller, en lui criant : « J’ai le Sida, tu vas crever aussi ! » (Le Monde, 30 juillet 1989 ; La Voix du Nord, 7 février 1992 ; Le Monde, 9 février 1992). Dans une autre affaire, par un arrêt rendu le 2 juillet 1998, la Cour de cassation a invalidé la décision qui avait renvoyé devant une cour d’assises du chef d’empoisonnement, un homme qui, se sachant séropositif, avait eu des rapports sexuels non protégés avec sa partenaire qu’il savait séronégative et dont un test sanguin ultérieur avait révélé qu’elle avait été ainsi contaminée. La Cour relève que « la seule connaissance du pouvoir mortel de la substance administrée ne suffit pas à caractériser l’intention homicide » (Crim. 2 juill. 1998, no 98-80.529, Bull. crim. no 211 ; JCP 1998. II. 10132, note M.-L. Rassat ; D. 1998. 457, note J. Pradel).

[2Voir les articles 16 et 16-3 du code civil, de la décision du Conseil constitutionnel n°94-343/344 DC du 27 juillet 1994, des articles 2 et 36 du code de déontologie médicale, de l’article 5 de la Convention d’Oviedo de 1997 sur la biomédecine, ou de l’article 3 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

[3Le comité vaccinal britannique — Joint Committee on Vaccination and Immunisation (JCVI) — ne recommande pas la vaccination universelle des 12-15 ans mais seulement celle de ceux qui ont des problèmes de santé sous-jacents les exposant particulièrement au virus.

 

Source : https://reporterre.net/Le-passe-sanitaire-est-un-moyen-extrajudiciaire-de-desactiver-socialement-les-gens?utm_source=actus_lilo

mardi 28 septembre 2021

Lettre d'info de l'Alchimie, lieu culturel associatif de Prades 66500

 


Bonjour cher.e.s adhérent.e.s !

Bravo pour les festivités du week-end, Prades épicentre multiculturel, Cielo avec "llum", la KajetteBio et sa fête automnale et "La fiesta del sol" ont donné à notre territoire une bouffée d'oxygène. Merci à tous ceux qui ont rendu possible ces moments de joie et de convivialité dans le 66500.

Pour poursuivre ce mouv,  cette semaine à l'Alchimie ...

 

Le défi est lancé pour réinventer, construire, créer et tout ce qui vient avec. La marge de manœuvre dans cette période incertaine existe, à nous de nous en saisir.

Bienvenue, et re-bienvenue à tout.e.s celles.ceux qui veulent faire vivre ce beau projet associatif.

Respect du protocole sanitaire obligé !

LUNDI

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MARDI

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MERCREDI

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JEUDI

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9h à 12h

Atelier Initiation Communication Consciente Empathique.

Me formant et pratiquant la Communication Non Violente (CNV) de Marshall Rosenberg, depuis plus de trois ans, je vous propose une initiation à la Communication Consciente et Empathique en général, dans l’intention de permettre une participation aisée au groupe de pratique CNV. Cette initiation ouvre la voie à un outil de communication interpersonnelle au service de relations personnelles et professionnelles plus apaisées et sereines.

Avec le temps et la pratique, cela devient un outil de connaissance de soi et de développement personnel qui nous invite à nous connecter d’abord à nous-même puis à l’autre avec l’intention de privilégier la qualité de la relation au résultat.

 

Nombres de places limitées, pour inscription : Nicolas au 0641661497

 

 

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SAMEDI

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DIMANCHE

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À venir :

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APPEL A BENEVOLES

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P'tite annonce n°1 :

Notre tableau ardoise pour le Menu a été oublié dans la rue le jeudi 5 août, la personne qui a eu la gentillesse de le mettre à l'abri, s'il vous plait ramenez nous le, il nous manque terriblement.

P'tite annonce n°2 :

L'association a besoin de volontaires pour les services des mardis midi, à vous de vous proposer.

P'tite annonce n°3 :

Un cercle animation du bénévolat doit être formé d'urgence. À tous ceux qui meurent d'envie de s'investir un peu plus dans les actions...  Bienvenue !

Au plaisir de vous voir par ici ou par là

Tatiana pour L'Alchimie

Contact : contact@assoalchimie.org   07.83.36.77.31

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3 Rue de l'Hospice, 66500 Prades, France

lundi 27 septembre 2021

Mégabassines : bataille contre le « hold-up sur l’eau » de l’agriculture intensive

 

Mégabassines : 

bataille contre 

le « hold-up sur l’eau » 

de l’agriculture intensive

 

24 septembre 2021 à 16h07

 

Manifestation contre la bassine à Mauzé-sur-le-Mignon, le 22 septembre 2021.

 

Accompagnés de tracteurs ou de moutons, des centaines d’agriculteurs ont dénoncé le 22 septembre le chantier de la première des seize « mégabassines » prévues dans le Marais poitevin (Deux-Sèvres). Ces réserves d’eau, selon eux, ne bénéficieront qu’à l’agriculture intensive et mettront en péril une ressource déjà raréfiée par le changement climatique.

Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), reportage

Une dizaine de moutons se faufilent en bêlant entre les jambes des gendarmes qui, malgré leur étonnement, restent de marbre. Les bêtes semblent perdues dans cet immense cratère de terre jaune et craquelée. Pas le moindre brin d’herbe à se mettre sous la dent. Le chien de berger tente alors de rassembler ce petit troupeau qui s’éparpille rapidement sous les hourras des militants criant « Des brebis, pas des bassines ! ». Environ 600 personnes étaient réunies mercredi 22 septembre à Mauzé-sur-le-Mignon, dans le Marais poitevin (Deux-Sèvres), pour bloquer le chantier d’une future réserve d’eau contre laquelle se battent des associations environnementales et une partie du monde paysan.

La manifestation était organisée par la Confédération paysanne, les Soulèvements de la terre et le collectif Bassines non merci. Une vingtaine de tracteurs, dont certains venus de Saint-Colomban (Loire-Atlantique), sont partis de Niort en début d’après-midi, suivis par un long cortège de véhicules qui a ralenti la circulation pendant plusieurs heures. Une fois arrivés sur le chantier de la future bassine, ils ont réussi à stopper les travaux pour le reste de la journée. « On a lâché les moutons, qui reprennent symboliquement le terrain sur cette bassine artificialisée. On se bat contre le système productiviste, pour préserver la ressource en eau, pour une irrigation répartie équitablement et pour nourrir les citoyennes et citoyennes », explique un militant.

Mais qu’est-ce qu’une bassine ? Imaginez une gigantesque piscine de 8 à 10 hectares (entre 11 et 14 terrains de football) creusée au beau milieu des champs. Profonde de 10 à 15 mètres et entourée de mini-digues, elle est rendue étanche par une couche de plastique avant d’être remplie par de l’eau pompée dans la nappe phréatique en hiver. De quoi garantir l’approvisionnement de certaines fermes durant les sécheresses estivales. Mais, selon les opposants, ces réserves ne profiteront qu’à une poignée d’agriculteurs qui pratiquent une culture intensive — notamment du maïs — très gourmande en eau. Ils estiment également que ces constructions vont bétonner des terres, diminuer les débits des rivières et détruire la biodiversité. Et ils dénoncent enfin l’accaparement de l’eau, un bien commun qui devient rare avec le réchauffement climatique. « Nous luttons contre un modèle productiviste. Un véritable hold-up sur l’eau au bénéfice d’une minorité », dénonce Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne.

 

Un troupeau sur le site du projet de bassine. © Laury-Anne Cholez/Reporterre

La recharge de la nappe insuffisante

La bassine à Mauzé-sur-le-Mignon est la première des seize qui devraient être construites dans le Marais poitevin d’ici à 2024. « Ce ne sont pas des bassines, mais des “réserves de substitution” », nous répond la personne qui tient le standard téléphonique de la Coop de l’eau 79, qui porte le projet. Sur son site internet, cette société coopérative vante un système « unique en France » pensé pour « la transition agroécologique ». « Grâce à ces réserves, nous pourrons réduire de 70 % les prélèvements d’eau autorisés en été », dit à Reporterre François Pétorin, administrateur de la Coop de l’eau et agriculteur irrigant dans la région. Pourtant, la Confédération paysanne locale ne fait pas les mêmes calculs. « Bien sûr, la Coop de l’eau réduira les prélèvements estivaux. Mais en fin de compte, elle prévoit de pomper 12 millions de mètres cubes d’eau par an, alors qu’auparavant, on pouvait en pomper 10 millions entre avril et octobre. Les prélèvements seront donc plus importants », dit Amandine Pacault, l’une des porte-paroles du syndicat agricole.

De plus, pomper la nappe phréatique en hiver pourrait entraîner des sécheresses plus précoces en été, comme l’explique Benoît Biteau, eurodéputé Europe Écologie-Les Verts (EELV), arrivé tout juste de Bruxelles pour soutenir les manifestants. « Une étude du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui sera bientôt dévoilée explique qu’il faut du temps pour remplir une nappe phréatique. Et qu’en pompant l’eau en hiver, son niveau n’atteindra jamais un niveau satisfaisant. » Même la Coop de l’eau est consciente de la raréfaction de la ressource. « C’est vrai que les modèles du BRGM montrent que nous aurons une, voire deux années sur dix où nous risquons de ne pas pouvoir remplir les réserves. Ceci à cause d’hivers trop secs qui ne rempliraient pas assez les nappes phréatiques », concède François Pétorin. De son côté, l’Agence régionale de santé (ARS) avait donné en 2016 un avis défavorable au projet, estimant que les nappes du département ont une faible capacité de recharge annuelle. « Le niveau de la nappe s’apprécie chaque année largement en fonction de la pluviométrie hivernale. C’est pourquoi il est important de pouvoir limiter les prélèvements dans les nappes pour remplir les réserves de substitution, y compris en hiver, si la recharge de la nappe n’est pas suffisante. »

Des réserves d’eau au service de l’agriculture industrielle

Alors que les restrictions d’eau se multiplient dans la région, à qui bénéficieront ces bassines ? Selon la Coop de l’eau, 220 exploitations sont engagées dans le projet sur les 300 exploitations agricoles irrigantes (qui ont une autorisation de prélever de l’eau à partir de points définis) du territoire. Pourtant, on compte environ 5 000 agriculteurs dans les Deux-Sèvres et seulement 5 % d’entre eux sont irrigants. « Quand le ministre de l’Agriculture prétend qu’on ne peut pas faire d’agriculture sans eau, il devrait mieux regarder autour de lui, car c’est exactement ce que font la majorité des paysans ici », poursuit Amandine Pacault.

 

© Laury-Anne Cholez/Reporterre


De plus, ces bassines, qui coûteront environ 40 millions d’euros, seront financées à 70 % par des fonds publics. Qui seront les heureux élus qui pourront s’y raccorder ? « La liste n’est pas publique, car nous n’avons pas d’obligation de le faire. Toutefois, lorsque les permis sont déposés dans chaque mairie, il y a les plans des réserves. Et les agriculteurs ne cachent pas le fait qu’ils en bénéficieront », dit François Pétorin, de la Coop de l’eau. Mais le collectif Bassines non merci ne l’entend pas de cette oreille. Il a fait appel à la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour connaître précisément le nom des agriculteurs raccordés. « Pourquoi ces listes ne sont-elles pas divulguées, alors que ces bassines seront financées avec de l’argent public ? Nous avons besoin de transparence pour faire une analyse et démontrer que ce sont les plus grosses fermes qui les utiliseront », dit Julien Le Guet, l’un des piliers du collectif opposé aux bassines, qui court dans tous les sens pour s’assurer du bon déroulé de l’action.

Le militant distingue deux catégories de bénéficiaires. Tout d’abord, les grands agriculteurs céréaliers, qu’il décrit comme « accapareurs du territoire ». Aidés par les subventions de la politique agricole commune (PAC), ils produisent des céréales — blé, orge, maïs, en grande partie vendus à l’étranger. « Tout cela est lié au projet d’extension du port de La Pallice, à La Rochelle, où ils vont multiplier les capacités de stockage des céréales pour l’export ». Une autre partie des bénéficiaires sont des éleveurs de vaches à lait en stabulation qui ont besoin de maïs pour nourrir leurs animaux. Ils vendent leur lait à très bas prix, ont des taux d’endettement très élevés et ont pieds et poings liés avec la grande distribution. « La résilience serait de remettre en place une autre filière de transformation du lait, et surtout de refaire manger de l’herbe aux vaches », poursuit Julien Le Guet. Car il faut rappeler que le Marais poitevin, seconde zone humide de France, était autrefois une vaste prairie. Dans les années 1990, près de 33 000 hectares de prairies avaient été retournés, mettant en danger ces zones humides et faisant perdre au territoire son statut de parc naturel régional.

 

Benoît Biteau, député européen EELV. © Laury-Anne Cholez/Reporterre

L’Europe garde un œil sur le sujet

« C’est une gestion désastreuse de l’eau et l’Union européenne garde un œil sur le sujet », assure Benoît Biteau, arborant sur son blazer un coquelicot, symbole de la lutte antipesticides. Avec d’autres eurodéputés, il a saisi la commission des pétitions (Peti) pour dénoncer la violation de plusieurs directives européennes, dont celle sur l’eau. « Dans un courrier de réponse, la commission parle de six potentielles directives enfreintes. Elle a écrit aux autorités françaises pour avoir plus d’éléments afin d’évaluer l’ampleur des infractions. On sent qu’elle prend ce dossier très au sérieux. »

Une autre institution s’interroge : l’ARS, qui a donné un avis défavorable au projet en 2016 dans le cadre de l’enquête publique. Elle avait à l’époque identifié plusieurs facteurs de risques de pollution liés à des modifications des pratiques culturales du fait de l’irrigation mise en œuvre sur le territoire, entraînant par exemple le remplacement de prairies par des cultures ; ainsi qu’un risque de pollution des eaux souterraines en cas de rupture de la couche géologique d’étanchéité.

 

© Laury-Anne Cholez/Reporterre

Quels risques pour l’eau potable ?

Ces bassines auront-elles des conséquences sur l’eau potable ? C’est en tout cas la crainte des militants, qui rappellent que l’état de la ressource n’est pas au beau fixe. Selon les données de l’ARS transmises à Reporterre, 8 masses d’eau souterraines (38 %) sont évaluées en bon état chimique et 13 sont en mauvais état (62 %). 7 d’entre elles sont en mauvais état à cause des nitrates et des pesticides, 5 en raison des nitrates seuls, et une à cause des pesticides seuls. « Avec ces bassines, on continuera d’avoir une agriculture toujours très dépendante des pesticides. De plus, on ira prendre de l’eau de bonne qualité située dans les nappes souterraines pour la stocker en surface. En parallèle, on pompera l’eau de surface pour faire de l’eau potable, qu’il faudra traiter car elle est plus polluée », estime Amandine Pacault. De son côté, la Coop de l’eau met en avant une liste d’engagements imposés aux agriculteurs qui utiliseront les bassines, notamment sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires ou sur la conversion en agriculture bio ou à haute valeur environnementale (HVE). Des engagements insuffisants pour les militants.

« Nous avons aujourd’hui des gens qui sont venus de très loin parce que notre cause n’est pas locale, mais nationale. Les bassines dans les Deux-Sèvres sont un projet pilote qui se déploiera sur toute la France. Il faut gagner cette bataille si on veut éviter leur développement au niveau national », assure Julien Le Guet. Il parle de projets dans le Cher ou encore en Haute-Vienne.

Il évoque même le chiffre de 1 000 bassines en projet sur l’ensemble du territoire français. Sollicitée par Reporterre, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) n’a pas répondu à nos questions sur ce chiffre. Le syndicat, nous a-t-on dit, était trop occupé à préparer son congrès, qui se tenait à Niort en même temps que la manifestation contre les bassines, pour répondre. Présent au congrès, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a d’ailleurs « déploré » l’action menée par les opposants. « Il n’est pas possible d’avoir une agriculture sans eau, aujourd’hui on voit bien qu’avec les effets du changement climatique, il faut trouver les moyens pour pouvoir aussi assurer la ressource en eau de notre agriculture », a-t-il déclaré sur France Bleu.

En attendant, les activistes ne décolèrent pas et appellent d’ores et déjà à d’autres mobilisations les 6 et 7 novembre. « J’ai participé à la lutte contre le barrage de Sivens [1] et j’ai été traumatisé par son issue. Il est dommage d’utiliser la force pour lutter contre ces projets, mais aujourd’hui, on ne peut plus tolérer la confiscation d’un bien commun au profil de quelques-uns », conclut Benoît Biteau.

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Source : https://reporterre.net/Megabassines-bataille-contre-le-hold-up-sur-l-eau-de-l-agriculture-intensive