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mardi 31 juillet 2018

Fuilla - Mercredi 1er août - Nous Sommes Quelques-Uns... au Festival Musique et Nature

NOUS SOMMES QUELQUES-UNS... 

au Festival Musique & Nature 2018 ! 


Mercredi 01 Août, à 20h30 à la Casa dels Veinats (FUILLA - 66820) 

retrouvez "Nous Sommes Quelques-Uns..."  un documentaire de  Florence MOEGLING et Laurent GIACALONE, distribué par FORCE DE L'IMAGE PRODUCTION.

Synopsis : A Latour de France, dans les Pyrénées Orientales, le célèbre collectif de vignerons "La Bande De Latour" cultive des terroirs exceptionnels, avec pour convictions profondes, le respect de la Terre, la solidarité et l'humanisme.
 
ENTRÉE GRATUITE
 
 

lundi 30 juillet 2018

Libye : détérioration des conditions de vie des migrants dans des centres de détention surpeuplés


Image d'archive d'un centre de détention en Libye, en septembre 2017. Crédit : Reuters

Libye : 

détérioration des conditions 

de vie des migrants 

dans des centres de détention surpeuplés




 Par Leslie Carretero


En Libye, plus de 9 000 migrants sont actuellement en centre de détention, contre 5 000 il y a quelques mois. L’ONG Médecins sans frontières alerte sur la détérioration de leurs conditions de vie et accuse l’Union européenne d’être responsable de cette situation.


"Cela fait plus d’un an que je travaille sur place, je n’ai jamais vu les centres de détention de la région de Khoms et Misrata aussi remplis. La situation est effrayante". Ces mots sont ceux d’un médecin de Médecins sans Frontières (MSF) dont des membres interviennent dans les centres de détention libyens, cité dans un communiqué de l’association publié mercredi 25 juillet.

Depuis le début de l’année, près de 12 000 migrants ont été interceptés en Méditerranée et ramenés en Libye par les garde-côtes libyens, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). D’après l’Organisation internationale des migrations (OIM), le nombre de personnes détenues dans les centres est passé de 5 000 à 9 300 ces trois derniers mois.


Chaque migrant qui est intercepté en mer par les garde-côtes libyens – y compris "les enfants non accompagnés ou les personnes sévèrement malades" signale MSF - est systématiquement transféré dans les centres de détention situés le long des côtes libyennes.


"Plus les garde-côtes libyens enverront automatiquement en détention les migrants qui sont secourus en mer, plus les centres seront surpeuplés", a déclaré Othman Belbeisi, chef de mission de l’OIM en Libye, à l’agence de presse Reuters, ajoutant que la situation pour les migrants en Libye n’a jamais été aussi "sombre".

Détérioration des conditions de vie

MSF alerte également sur les conditions de vie des migrants enfermés en centre de rétention, et signale une "nette détérioration de leur situation", causée par la surpopulation.

Promiscuité, détention arbitraire, besoins élémentaires non respectés, manque d’hygiène, violences… sont le quotidien des migrants qui vivent dans les centres de détention officiels.

"Il y avait plus de 300 personnes, y compris de très jeunes enfants, enfermées dans un centre de détention qui pouvait contenir 120 personnes maximum", explique Anne Bury, coordinatrice médicale adjointe pour MSF en Libye. "Il n’y a pas d’aération et dans la chaleur étouffante les détenus manquent d’eau potable. Ils n’ont accès qu’à un mélange d’eau de mer et d’eaux usées. Dans une des cellules, il y avait environ 150 personnes qui restaient nuit et jour sans être autorisées à en sortir", raconte-t-elle.


L’OIM, qui intervient dans les centres libyens pour notamment proposer aux migrants des retours volontaires dans leur pays, ne cesse de demander à la Libye de ne plus renvoyer les migrants interceptés en mer en centre de détention. "On veut la fermeture des centres fermés, que les migrants puissent circuler librement et que les femmes et les enfants soient séparés des hommes", dit à InfoMigrants Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM en Italie.


Les réseaux de contrebande "plus organisés et plus forts"

L’augmentation du nombre de migrants en détention et plus largement en Libye est une aubaine pour les trafiquants. Les réseaux de contrebande "deviennent plus organisés et plus forts", a déclaré Othman Belbeisi de l’OIM. "Moins de personnes qui arrivent en Europe ou qui prennent des bateaux ne signifie pas qu’il y a moins de migrants. Cela signifie le contraire, ils sont bloqués [en Libye]", dit-il encore.

"Certains migrants détenus sont enfermés durant une longue période, d’autres disparaissent du jour au lendemain et peuvent se retrouver à nouveau dans les mains de passeurs et de trafiquants", assure MSF qui accuse l’Union européenne d’être responsable de la situation des migrants en Libye.

L’UE a en effet signé plusieurs accords avec le gouvernement d’Union nationale libyen. Elle fournit une aide matérielle et financière importante à la Libye pour empêcher les migrants d’atteindre l’Europe. Elle équipe, forme et soutient notamment les garde-côtes libyens qui sont pourtant soupçonnés par plusieurs ONG, dont Amnesty International, de travailler main dans la main avec les réseaux de trafiquants. Ils sont notamment accusés de faits de torture pour extorquer de l’argent aux migrants.

Ces accords ont bien réduits les arrivées en Italie mais ont encore plus fragilisé les personnes bloquées sur le territoire libyen : les actes de torture se sont accentués et les trafiquants demandent davantage d’argent, avaient estimé en avril dernier des membres du HCR.

"La fermeture des frontières a pour conséquence directe le développement des trafiquants", conclut Flavio Di Giacomo. 


Source : http://www.infomigrants.net/fr/post/10875/libye-deterioration-des-conditions-de-vie-des-migrants-dans-des-centres-de-detention-surpeuples

dimanche 29 juillet 2018

Arrêt historique de la justice européenne: la mutagénèse produit bien des OGM

Arrêt historique 

de la justice européenne : 

la mutagénèse produit bien 

des OGM 

 

25/07/18 à 19:22 - Mise à jour à 19:21
Source : Afp


Les organismes issus de la technique génétique de mutagenèse sont bien des OGM et doivent donc être soumis aux mêmes règles et précautions, a tranché mercredi la justice européenne, dans un arrêt qualifié d'"historique" par des associations de protection de l'environnement.


© iStockphoto


La décision de la Cour de justice de l'UE (CJUE) était très attendue par les acteurs environnementaux, qui réclament que ces produits soient logés à la même enseigne que les OGM classiques, même s'ils sont obtenus sans insertion d'un ADN étranger.

Les organismes obtenus par cette méthode sont eux aussi des OGM "dans la mesure où les techniques et méthodes de mutagenèse modifient le matériel génétique d'un organisme d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement", a estimé la Cour basée à Luxembourg.

Ils relèvent donc "en principe, du champ d'application de la directive sur les OGM" qui prescrit un ensemble de règles d'autorisation, de traçabilité, d'étiquetage et de surveillance, a-t-elle conclu.

Tandis que les OGM classiques sont issus de l'introduction d'un gène extérieur dans une semence (transgenèse), la mutagenèse permet de modifier le génome d'une espèce vivante sans y insérer d'ADN étranger. Ces techniques ont notamment permis de développer des variétés de semences résistantes à certains herbicides, dont le statut fait débat depuis plusieurs années.

Une exception 

Les organismes obtenus par mutagenèse doivent être soumis à la directive sur les OGM, sauf pour une exception, lorsqu'ils sont le fruit de techniques "qui ont été traditionnellement utilisées pour diverses applications et dont la sécurité est avérée depuis longtemps", précise la CJUE.

La Cour affirme en revanche que la directive et ses contraintes s'appliquent bien aux organismes obtenus grâce à de nouvelles techniques de mutagenèse qui n'existaient pas lors de l'adoption de la législation européenne en 2001.

En effet, les risques liés à l'emploi de ces nouvelles techniques "pourraient s'avérer analogues à ceux résultant de la production et de la diffusion d'OGM par voie de transgenèse". Notamment parce qu'elles permettent une production de variétés "à un rythme et dans des proportions sans commune mesure" avec ceux de la mutagenèse classique.

C'est une affaire en France qui a donné lieu à l'arrêt de la CJUE: la Confédération paysanne, un syndicat agricole, avait contesté avec d'autres organisations l'exclusion de ces organismes du champ d'application des règles concernant les OGM devant le Conseil d'Etat, qui a sollicité à son tour l'avis de la justice européenne, rendu mercredi.

"Décision historique" 

"On est content de cette décision", a déclaré à l'AFP l'un des fondateurs de la Confédération Paysanne, Guy Kastler, se félicitant que "tous les produits, y compris les animaux, obtenus par des techniques développées après 2001 (...) doivent être réglementés comme des OGM".

Il a aussi qualifié d'"intéressante" la possibilité d'adopter des règles nationales pour les plantes obtenues par les techniques plus anciennes. "L'Etat ne pourra plus nous répondre que la réglementation européenne l'empêche de les réglementer", a souligné M. Kastler, qui s'attend à une forte pression "des industriels sur les Etats".

Greenpeace a aussi salué la décision de la justice européenne, qui confirme selon elle les "mises en gardes des scientifiques qui ont soutenu que ces modifications génétiques peuvent causer des dégâts involontaires à l'ADN avec des conséquences inattendues".

"La dissémination de ces nouveaux OGM dans l'environnement sans mesures de sécurité appropriées est illégale et irresponsable", a estimé Franziska Achterberg, directrice de la politique alimentaire de Greenpeace.

Le réseau d'associations Friends of the Earth a également applaudi une "décision historique qui va à l'encontre de la dernière tentative de l'industrie biotechnologique d'imposer des produits génétiquement modifiés non désirés dans nos champs et dans nos assiettes".

Un groupe de chercheurs, l'Association Française des Biotechnologies végétales (AFBV), a au contraire fustigé une décision "stupéfiante" de la Cour. "Ce n'est pas à la justice de faire la science mais aux instances scientifiques de se prononcer sur les faits scientifiques", a-t-elle estimé dans un communiqué.

Selon l'AFBV, la décision de la justice européenne risque de mener à "l'interdiction de fait dans l'UE de ces nouvelles technologies" avec à la clé "des années très noires pour l'avenir des agricultures européennes".

Source : http://www.levif.be/actualite/sciences/arret-historique-de-la-justice-europeenne-la-mutagenese-produit-bien-des-ogm/article-normal-870621.htm

 

samedi 28 juillet 2018

Dans le Lot, les résidus de la méthanisation polluent les sols

Dans le Lot, 

les résidus de la méthanisation 

polluent les sols




18 juillet 2018 / Jean-Louis Lasserre








Le Lot connaît un fort développement de la méthanisation, ce procédé de production de gaz à partir de déchets organiques. Or, selon l’auteur de cette tribune, la solution choisie dans le département d’épandage massif des résidus menace directement la faune et les eaux potables.

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Jean-Louis Lasserre est ingénieur retraité et vit dans le Lot.

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Le Lot subit un fort développement de la méthanisation. Ces unités sont de type industriel (Bioquercy à Gramat ; 64.000 tonnes d’intrants), ou semi-industriel (Mayrac : 14.500 tonnes). Quatre autres (68.000 tonnes au total) sont en cours d’étude. Ces unités produisent du biogaz, transformé en l’électricité, avec production d’eau chaude et de digestat. Ce dernier, résidu du processus de méthanisation, est stocké puis épandu.

Ce digestat brut liquide est la forme la moins élaborée, la moins coûteuse et la plus impactante pour les sols très peu épais sur les calcaires du causse. Il est partiellement « hygiénisé », c’est-à-dire qu’il n’est pas dénué de tout germe pathogène agressif (kystes de parasites, Bacillus cereus et clostridies), de virus émergent, ni de résidu d’antibiotiques. Assimilé à un engrais, il vient en substitution des engrais minéraux et des lisiers, sans toutefois les remplacer complètement. Il est très sensible au ruissellement. La surface totale concernée dans le Lot englobe plus de 10.000 ha. Son épandage constitue une menace majeure pour les eaux souterraines et nos captages AEP (alimentation en eau potable), parce qu’une partie de ces produits a toutes les chances d’être lessivée et entraînée rapidement dans l’eau souterraine, origine exclusive de l’eau du robinet de tout le département du Lot.

Le type de digestat répandu dans le Lot.  




Nous ne sommes absolument pas opposés à la méthanisation, mais à la manière dont elle est conduite ici : épandage de digestat brut liquide et non de compost, qui serait sur nos terrains calcaires très fissurés et de très faible épaisseur (5 à 15 cm) la seule alternative viable. Ce point est souligné par de nombreux scientifiques [1] et par le guide d’épandage des effluents en milieux karstiques réalisé par les administrations et les institutionnels du Doubs [2].

Ce digestat brut liquide qui n’est pas stabilisé n’est pas adapté aux sols karstiques 

 

Ces épandages conduisent aussi à une mortalité constatée massive et quasi immédiate des abeilles au voisinage des champs et prairies épandus, associée à une mortalité aussi importante des vers de terre. Ces derniers remontent à la surface et meurent ! Que se passe-t-il pour d’autres variétés d’insectes ?

Un collectif de paléontologues de renommée internationale a alerté, sans succès, les ministères de la Culture et de l’Environnement sur l’impact des épandages vis-à-vis des grottes préhistoriques ornées et de la faune cavernicole.

Les abeilles d’une ruche à proximité d’un champ d’épandage peu après celui-ci.



Ce digestat brut liquide qui n’est pas stabilisé n’est pas adapté aux sols karstiques, comme l’affirme le guide d’épandage des effluents. En effet, avec un rapport C/N (carbone sur azote organique) inférieur à 8, un effluent ne doit pas être épandu sur des sols dont l’épaisseur est inférieure à 25 cm. Or les digestats produits ont des C/N très faibles, compris entre 1,2 et 3 ! Cela signifie que les excès d’azote vont être entraînés dans le milieu souterrain, sans être utilisés par les sols, mais en polluant l’eau.

Nous avons d’ailleurs constaté des pollutions avérées, en particulier 360 m3 déversés sur le causse à Alvignac, sur plus de 700 m, à la suite d’une rupture de vanne sur une poche souple, à proximité d’un captage AEP (réseau souterrain de Padirac).

Ces pollutions ont permis de récupérer du digestat (provenant de Bioquercy). Les analyses mettent en évidence la présence de plusieurs métaux lourds en grande quantité et aussi des siloxanes, dont le D4, (reprotoxique, considéré comme perturbateur endocrinien [PE]). Que doit-on penser de l’épandage de tels effluents liquides sur des sols calcaires fissurés ? Chacun sait que la circulation des eaux en milieu calcaire s’effectue de manière souterraine et pour une grande partie rapidement.

La mortalité constatée des abeilles et des vers de terre interpelle. Celle des abeilles observée ici est massive et quasi immédiate après les épandages qui en sont la cause de manière incontestable. Les ruches sont situées à proximité de la prairie épandue avec du digestat brut liquide. Elle est probablement due au dégagement de gaz ammoniac et de gaz soufré.

Dans d’autres départements, d’autres solutions sont retenues pour les résidus de méthanisation 


Pour les vers de terre, que doit-on penser ? Leur diminution est spectaculaire, comme souligné par des scientifiques, de deux tonnes à l’hectare en 1950, il semble que l’on passe actuellement à 200 kg ! Ces derniers se reconstituent-ils ? La réponse ne semble pas connue si l’on se réfère à la feuille de route de juin 2017 de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur la méthanisation :
Les verrous spécifiques au traitement, à la transformation et à la valorisation agronomique du digestat sont :
  • le déficit de solutions de récupération de la matière organique, des macronutriments (N, P, K, S) et micronutriments ;
  • le manque de connaissances sur les conséquences du retour au sol des digestats sur la vie des sols, de l’humus ; sur le bilan à long terme ; sur l’impact de la méthanisation sur la dégradation de la matière organique.

Les vers de terre remontent mourir à la surface.



Il est légitime de s’interroger, au vu de ce document et des effets déjà constatés, sur les conséquences à grande échelle, pour notre département, d’un épandage de digestat non adapté. De plus, compte tenu de sa composition, ce dernier soulève d’autres interrogations par rapport aux teneurs maximales en métaux lourds et PCB à ne pas dépasser, qui sont spécifiées dans les arrêtés préfectoraux d’autorisation. D’autres composés nocifs ne sont pas recherchés (siloxanes par exemple).

L’ensemble des politiques et décideurs du département et de la région (parc naturel régional des Causses et du Quercy, M. Malvy, président du comité de bassin Adour-Garonne, M. Launay, président du comité français de l’eau et coordinateur des assises nationales de l’eau, etc.) ont été informés du dossier mais n’ont pas encore donné suite.

Nous constatons que dans d’autres départements, d’autres solutions sont retenues pour les résidus de méthanisation : production de digestat avec séparation de phase, qui permet l’obtention de compost, non impactant pour les sols karstiques (parc régional des Grands-Causses). Ce développement de la méthanisation, tel qu’il est pratiqué dans le Lot, à grande échelle, conduit dans une impasse environnementale, vis-à-vis de l’eau, des sols et des insectes.


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[1La Vie quercynoise du jeudi 7 décembre 2017 : « Enjeux pour la santé publique (1er volet) : La communauté scientifique s’élève contre les projets de méthanisation dans le Lot » et La Vie quercynoise du jeudi 21 décembre 2017 : « Enjeux pour la santé publique (2e volet). Pourquoi le type de méthanisation adopté dans le Lot fait-il courir un risque sanitaire ? ».

[2Guide d’épandage en milieu karstique, Urfac - chambres d’agriculture, agence de l’eau Rhône-méditerranée-Corse, conseil régional de Franche-Comté, 2015.


Lire aussi : La méthanisation, une bonne solution menacée par le gigantisme
Source : Courriel à Reporterre
Photos : © Lasserre sauf :
. chapô : une unité de méthanisation des effluents d’élevage à Mayrac, dans le Lot. Wikipedia (GrandBout/CC BY-SA 4.0)
- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.
- Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.



Documents disponibles

  « La Vie quercynoise » du jeudi 7 décembre 2017 : « Enjeux pour la santé publique (1er volet) : La communauté scientifique s’élève contre les projets de méthanisation dans le Lot ». 

  « La Vie quercynoise » du jeudi 21 décembre 2017 : « Enjeux pour la santé publique (2e volet). Pourquoi le type de méthanisation adopté dans le Lot fait-il courir un risque sanitaire ? » 


Source :  https://reporterre.net/Dans-le-Lot-les-residus-de-la-methanisation-polluent-les-sols


vendredi 27 juillet 2018

La privatisation des barrages menace la gestion de l’eau



La privatisation des barrages 

menace la gestion de l’eau



17 juillet 2018 / Nathan Méténier



Sous l’impulsion de l’Union européenne, le gouvernement français prépare la mise en concurrence des concessions des barrages hydroélectriques. Ce projet inquiète l’auteur de cette tribune, qui rappelle le rôle joué par les barrages dans la régulation des eaux, dans la transition énergétique et dans l’indépendance du pays.


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Nathan Méténier est étudiant à Sciences Po Grenoble.

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Le 30 mai dernier, Marie-Noëlle Battistel, députée (PS) de l’Isère, présentait devant la commission des Affaires économiques les conclusions du groupe de travail sur les concessions hydroélectriques. La rapporteuse s’alarme notamment de la possible mise en concurrence des 662 barrages qui représentent 10 % à 12 % de la production d’électricité en France.

Le 22 décembre 2015, l’Union européenne a adressé à la France une mise en demeure de favoriser la concurrence, dénonçant « la position dominante d’EDF ». Dans une note datée du 22 janvier 2018, dévoilée dans la presse, le gouvernement semble aller dans ce sens en proposant l’ouverture à la concurrence de plusieurs lots de 3 à 5 concessions. 150 concessions hydrauliques arrivent en effet à échéance en 2023, dont les infrastructures nécessitent, pour la plupart, d’être rénovées. Si cette proposition se confirme, elle pourrait mettre à mal les objectifs de la loi de transition énergétique promulguée le 18 août 2015.


Un levier essentiel du développement des énergies renouvelables


Les grands ouvrages hydrauliques sont aujourd’hui l’un des seuls moyens de produire une énergie renouvelable fiable, efficace et rentable. Par le biais des stations de transfert d’énergie par pompage [1], l’énergie hydraulique est devenue stockable et on peut désormais la mobiliser en fonction des pics de consommation. Représentant plus des deux tiers de la production d’électricité renouvelable en France, l’énergie hydraulique est un levier essentiel pour porter, comme inscrit dans la loi de transition énergétique, les énergies renouvelables à 32 % de la consommation finale brute d’énergie contre seulement 18,4 % en 2017. Cependant, comme le souligne Marie-Noëlle Battistel, « la gestion des concessions ne doit pas être abordée sous le seul angle de la production d’énergie ». Les barrages tiennent en effet un rôle structurant dans la gestion de la ressource en eau. Ils sont des instruments de régulation de la ressource pour l’irrigation agricole ou encore l’eau potable. On oublie bien souvent que les barrages stockent 75 % des réserves d’eau douce de surface en France. Les concessionnaires doivent impérativement prendre en compte les contraintes de l’amont et de l’aval des centrales également pour les enjeux touristiques. Au barrage de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, par exemple, EDF et les collectivités territoriales sont en contact permanent pour définir des niveaux d’eau satisfaisants tout à la fois pour les besoins de turbinage et pour les diverses pratiques nautiques. Les barrages jouent également un rôle fondamental dans la sécurité des populations en aval, en régulant les crues, en évitant les inondations et sont notamment en lien avec Météo France. À ce jour, toutes ces prérogatives incombent pour plus des deux tiers à un seul opérateur, qui n’est autre qu’EDF, détenu par l’État à plus de 80 %. Et c’est là où le bât blesse pour l’Union européenne.





















La station de transfert d’énergie par pompage (Step) de Revin (Ardennes).


Acteur historique, EDF est reconnue pour son expertise et son travail avec les collectivités pour préserver l’intérêt général. La mise en concurrence ouvrirait la porte à de nouveaux exploitants n’ayant pas la même connaissance du parc hydraulique français.

« Un risque pour la souveraineté énergétique et la maîtrise de la production » 


En fragmentant le réseau, il existe un risque de « désoptimisation » des chaînes de production hydraulique existantes. Disposées au gré des rivières et des fleuves, les centrales composent de véritables vallées hydrauliques en interface avec les collectivités territoriales pour la gestion du débit et des sédiments. Ouvrir à la concurrence les barrages imposerait d’écrire des cahiers des charges, prévoyant les usages futurs de la ressource en eau dans un contexte de changements climatiques. Or cet exercice semble difficile. Par ailleurs, pour s’assurer que les contrats de concession seront bien respectés, les pouvoirs publics devront se doter d’un outil de contrôle inexistant à ce jour. L’enjeu est de taille : assurer une qualité de service équivalente à celle des exploitants historiques, garantir la sûreté des barrages et prévenir les risques naturels.

L’autre pierre d’achoppement est la question de l’ouverture des marchés. Comme le martèle Marie-Noëlle Battistel, « elle introduit un risque pour la souveraineté énergétique et la maîtrise de la production ». Si des entreprises étrangères venaient à exploiter les grands ouvrages hydrauliques français, l’État pourrait ne plus être en mesure de garantir l’indépendance énergétique du pays.
La mise en concurrence ne pourrait-elle pas pourtant permettre de réduire les coûts de l’électricité ? Rien n’est moins sûr. « Le consommateur, pour sa part, ne souffre en aucune manière de l’absence de concurrence. » Pour Marie-Noëlle Battistel, « la situation actuelle permet à l’usager français de bénéficier de tarifs acceptables et parfois plus accessibles que dans les pays ouverts à la concurrence ». Il faut admettre que les Français sont plutôt bien lotis au regard de leurs voisins européens et en particulier allemands, qui ont payé en moyenne, sur l’année 2017, deux fois plus cher leur électricité ! À ce jour, aucune étude n’a été menée pour prouver les effets potentiellement positifs sur les tarifs d’une mise en concurrence des barrages.

Le gouvernement semble donc avancer à l’aveuglette pour répondre à une exigence de la commission qui tiendrait davantage du dogme économique que d’une décision raisonnée. Espérons que cette tentative ne sera pas la goutte d’eau qui fera déborder le vase.

POUR ALLER PLUS LOIN


  • Revol Michel, « Et si les barrages EDF devenaient privés  ? », Le Point,, 4/6/2018 ;
  • Rouzies Bertrand, « Privatisation des barrages français : un acte de haute trahison », sur le Club de Mediapart, 16/6/2018 ;
  • Wakim Nabil, « La France pourrait ouvrir des barrages hydroélectriques à la concurrence dès 2018 », Le Monde,, 14/02/2018 ;
  • « Prix de l’électricité  : légère baisse en 2017 », Euronews,, 7/12/2017 ;
  • Méténier Béatrice, Huret Christophe et Bordenave Aurélie, Demain, l’énergie : paroles de chercheurs, ARC énergies, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2015 ;
  • Battistel Marie-Noëlle et Straumann Éric, « L’hydroélectricité : une place à part dans le mix énergétique français », Rapport d’information no 1.404, commission des Affaires économiques, octobre 2013.


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[1Les Steps sont des installations qui stockent l’énergie via des pompes et des turbines, permettant de faire remonter l’eau en cas d’excédent d’électricité afin de pouvoir la turbiner à nouveau pour produire de l’électricité.

Lire aussi : La privatisation des barrages met en péril la transition énergétique

Source : Courriel à Reporterre
Photos :
. chapô : le barrage de Monteynard (Isère). Wikimedia (David Monniaux/CC BY-SA 3.0)

. Step de Revin : © Jean-Louis Gaby

- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.

- Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.


Source : https://reporterre.net/TRIB-Mise-en-concurrence-des-barrages-la-gestion-de-l-eau-et-l-independance


jeudi 26 juillet 2018

Fumer nuit gravement à la santé des poissons


Fumer nuit gravement 

à la santé des poissons


La pollution des mégots, dont une grande quantité finit dans les océans, a des conséquences néfastes sur la biodiversité aquatique.

LE MONDE |

 Par























Des mégots de cigarettes jonchant le sol. EMMANUEL FOUDROT / REUTERS



Deux milliards de mégots environ (350 tonnes) sont ramassés chaque année à Paris. 500 millions à Marseille et 200 millions à Bordeaux. Les chiffres du ministère de la transition écologique et solidaire donnent une idée de l’enjeu écologique que cette pollution urbaine représente. Car nombre de ces déchets toxiques finiront dans les fonds marins et océaniques.



Une fois l’ultime bouffée de cigarette ingérée, son abandon sur le trottoir signe potentiellement le début d’un long périple. Certains mégots n’échappent pas aux aspirateurs des agents de nettoyage urbains. Pour les rescapés, le ruissellement de la pluie suffit pour provoquer une chute par le caniveau, malgré les grilles dont certaines sont dotées. « Ces grilles réduisent fortement la concentration de déchets dans les eaux pluviales ou les rejets urbains de temps de pluie, mais laissent passer quantité de mégots », souligne Johnny Gasperi, maître de conférences au Laboratoire eau, environnement et systèmes urbains (LEESU, université Paris-Est-Créteil et Ecole des Ponts ParisTech). Ces mailles franchies, le destin des mégots dépend du type de réseau de drainage des eaux qu’ils ont à traverser.


Lire aussi :   L’eau des égouts, ressource d’avenir pour les territoires 


Le réseau d’assainissement « unitaire » achemine eaux domestiques et pluviales vers la même station d’épuration. « Quasiment tous les vieux centres historiques sont équipés d’un réseau unique, précise Johnny Gasperi. Paris intra-muros et la première couronne sont dans ce cas. » Le mégot chemine donc vers la station d’épuration, mais sa course est arrêtée juste avant de franchir la ligne. « Les stations font d’abord un dégrillage de l’eau pour évacuer tous les macrodéchets. » Et les mégots, ainsi que tous les autres détritus pêchés (résidus de plastique, cotons-tiges, etc.), finissent alors brûlés ou dans un centre d’enfouissement des déchets.

Les choses se compliquent en cas de grosse averse. « Lorsqu’une grande masse d’eau arrive, le surplus est stocké dans des cuves. Mais une fois ces ouvrages saturés, le trop-plein est directement déversé dans les cours d’eau. », explique le spécialiste. A Paris, ces eaux non-traitées se retrouvent dans la Seine. Et les mégots avec.



Lire aussi :   Pollution des mégots : les fabricants de tabac reçus jeudi au ministère de la transition écologique




Le réseau séparatif, quant à lui, draine les eaux domestiques et les eaux pluviales via des canaux distincts. « Les nouveaux quartiers ou les extensions de centres-villes très récents en sont quasiment tous équipés. », affirme Johnny Gasperi. Dans ce système, seules les eaux domestiques sont soumises au traitement en station d’épuration. « Les eaux de pluie – chargées des détritus amassés – sont déversées dans les cours d’eau généralement sans être traitées. » 

Et une fois que les mégots plongent dans un cours d’eau, aucun filtre n’entrave leur course jusqu’à l’océan.

Déchets dangereux


« Lorsque les mégots se décomposent dans le milieu naturel, le relargage de polluants est alors direct », note l’enseignant-chercheur. Une récente étude menée à l’Université technique de Berlin estime qu’un mégot de cigarette peut contaminer jusqu’à 1 000 litres d’eau.

Les résidus de cigarette sont composés d’un cocktail d’éléments chimiques, parmi lesquels des métaux lourds (cadmium, plomb, chrome, mercure), du goudron et de la nicotine. Sans oublier le filtre lui-même, souvent fabriqué à partir d’acétate de cellulose, une matière plastique non biodégradable.





« La nicotine, nous apprend l’étude allemande, est utilisée en tant qu’insecticide depuis le XVe  siècle. Son emploi [en tant que pesticide] est très encadré aux Etats-Unis, au Canada et en Europe à cause de sa toxicité sur la biodiversité aquatique. » Or, cette molécule est très soluble dans l’eau. En septembre 2017, un rapport d’étude de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) classe les mégots comme « déchets dangereux ». C’est notamment « le contenu en nicotine, substance analysée au cours des investigations, [qui] conduit au classement des mégots au titre de la propriété HP 6 (toxicité aiguë) », précise le rapport.

Poissons et micro-organismes aquatiques, fumeurs passifs

 

L’étude de l’INERIS met notamment en évidence la toxicité des mégots sur des micro-organismes aquatiques (bactéries, microcrustacés, micro-algues) à partir d’« évaluations par essais ». Certains résultats sont éloquents : le microcrustacé Ceriodaphnia dubia ne parvient plus à se reproduire après 96 heures en présence de seulement 0,06 % de l’éluat réalisé à partir de mégots broyés. La croissance des micro-algues P. subcapitata, quant à elle, est paralysée après 72 heures en contact de 0,77 % de l’éluat. Ces essais écotoxicologiques conduisent également à attribuer aux mégots « la propriété de danger HP 14 (écotoxique) ».

Les poissons font aussi partie des victimes de cette pollution des eaux. Un seul mégot de cigarette peut suffire à décimer la moitié d’une population de poissons nageant dans un litre d’eau. C’est ce qu’affirment des chercheurs de l’Université d’Etat de San Diego, en 2011, dans une étude menée sur des poissons marins (Atherinops affinis) et d’eau douce (Pimephales promelas).

Les travaux sur la pollution des eaux par les mégots de cigarette, longtemps considérée comme négligeable, sont encore peu nombreux. Mais le sujet agite de plus en plus la communauté scientifique. Le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE) est partenaire d’un projet de recherche européen dont l’un des volets vise précisément à mesurer l’impact que pourraient avoir les mégots sur les espèces marines.



                   Tabac : comment les industriels ont menti sur la composition des cigarettes

Cliquer sur ce lien pour voir la vidéo


Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/17/fumer-nuit-gravement-a-la-sante-des-poissons_5332789_3244.html

mercredi 25 juillet 2018

Alain Damasio : “la ZAD est un îlot qu’il faut défendre”


Alain Damasio : 

“la ZAD est un îlot 

qu’il faut défendre”



 Par Helen Dziri I Publié le 17 Juillet 2018


Dans l'ouvrage collectif "Éloges des mauvaises herbes", 15 intellectuels s'unissent pour défendre l’intérêt démocratique et avant-gardiste de la Zone à défendre de Notre-Dame-des-Landes. Parmi eux, Alain Damasio, écrivain incontournable de la science-fiction française, qui y imagine la ZAD de 2045. Entretien.



Alain Damasio (crédit : Wikimedia Commons) 



 Intellectuels, artistes, écrivains... Ils sont 15 à cosigner l'ouvrage collectif Éloges des mauvaises herbes, ce que nous devons à la ZAD. L'objectif : défendre l’intérêt démocratique et avant-gardiste de la Zone à défendre de Notre-Dame-des-Landes. Alain Damasio est l’un d’entre eux. A travers une nouvelle inédite, Hyphe…?, cet auteur star de la science-fiction imagine la ZAD en 2045, dans un contexte économique catastrophique où l’État aurait définitivement cédé aux multinationales. Il livre son analyse, pour We Demain, de ce mouvement et ses complexités.


* We Demain : Pourquoi avoir collaboré à cet ouvrage collectif ?


 Alain Damasio : La réponse est assez évidente. Il s’agit de permettre une meilleure compréhension de ce qu'est la ZAD pour le grand public, dont la vision est souvent déformée ou confuse sur cette communauté complexe et plurielle. Donner envie aux gens de la soutenir. Révéler ce qu'elle apporte en terme d'expériences concrètes et de vie alternative au quotidien. Bref, rendre hommage à la dignité et à la beauté de cette lutte qui est aussi la magnifique construction, forcément tempétueuse et difficile, d'un monde différent.


* Vous avez visité la ZAD de Notre-Dame des Landes plusieurs fois. Quel a été votre ressenti sur place ?


 Ta perception de la ZAD dépendra de l’endroit choisi pour découvrir le lieu. La première fois je suis arrivé par l'est de la zone, là où se trouve la bibliothèque du Taslu. C’était assez féérique car il s'agissait d'auto-constructions très belles avec un côté fortement utopique même un peu SF (science-fiction). Les autres fois je suis rentré par l'ouest, par Saint-Jean du Terp, qui est un des lieux historique où les gens ont résisté dès le départ. Cette fois-ci je suis rentré dans le concret de la lutte au quotidien, au sein des projets qui se développaient.



 Une des nombreuses habitations construites par des zadistes. Capture d'écran de la vidéo "P comme Puissance - Abécédaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes" de la chaîne youtube "camille camille" (crédit : Creative Commons)


Une des nombreuses habitations construites par des zadistes. Capture d'écran de la vidéo "P comme Puissance - Abécédaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes" de la chaîne youtube "camille camille" (crédit : Creative Commons)


 J'ai trouvé ça extrêmement inspirant dans le sens où, pour une des rares fois en France, il y a vraiment un lieu où il y a une tentative concrète, quotidienne et extrêmement dynamique. C'est costaud ! Et quand les gens parlent de glandeurs dans la ZAD, c'est qu'ils n'y ont jamais mis les pieds. Les zadistes ont des corps très vivants et sont mentalement extrêmement habités, avec une culture et une réflexion très forte.

D'un côté il y a une activité manuelle d'auto-construction aspirant à une autonomie forte et de l’autre toute une réflexion d’un fonctionnement communautaire qui essaie de sortir du capitalisme. Par exemple, on ne parle jamais d'argent à la ZAD. Il y a une boulangerie, une forge, une scierie, des ateliers de création de charpentes, etc... Et tous les échanges se font sous la forme de trocs. 


 Une des nombreuses habitations construites par des zadistes. Capture d'écran de la vidéo "P comme Puissance - Abécédaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes" de la chaîne youtube "camille camille" (crédit : Creative Commons)


 Le pain sera fourni à la forge qui en échange va forger des têtes de pioche qui serviront à cultiver les céréales pour la boulangerie. Il y a aussi une généralisation du prix libre notamment au marché (re-baptisé "le non-marché") qui a lieu toutes semaines. Comme dans cette grange remplie de pommes de terres où tu prends la quantité qu’il te faut et tu mets ce que tu peux dans la caisse et personne ne va aller vérifier ce que tu y as mis. Mais ce qui est le plus inspirant, ce sont les gens. Ils dégagent beaucoup de générosité, ils sont dans l'entraide. C'est la première chose qui m'a touché.


* Dans votre nouvelle nous sommes en 2045. Les villes sont en faillite budgétaire et sont mises aux enchères, rachetées et gérées des multinationales. La ZAD n’a pas été épargnée et les zadistes se sont retrouvés à devoir essayer d’acheter leur terre. Pensez-vous que toute révolution est voué à une forme de compromis ?



 Alain Damasio, Le 30 octobre 2016, lors de son passage à la ZAD, devant la bibliothèque du Taslu. Capture d'écran de la vidéo "P comme Puissance - Abécédaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes" de la chaîne youtube "camille camille" (crédit : Creative Commons)



 Non, pas forcément. Le problème dans toute révolution, c'est comment garder  des intensité de vie suffisamment élevées pour ne pas retomber dans les travers habituels. Et moi ce qui me plaît dans la ZAD aujourd'hui, c'est qu'il y a des gens qui sont dans une intensité, justement, de vie, d'activité qui est extraordinaire. La ZAD de Notre Dame des Landes est en train de négocier avec l'État, ce qui est déjà une victoire extraordinaire.

Pour moi, cela veut dire que enfin la ZAD a un poids. Elle est une force qui peut entrer en rapports de négociation avec les lois républicaines avec l'État et essayer de créer cette zone d'expérimentation qui est au coeur du projet. Donc même dans ma nouvelle, je ne vois pas ça comme quelque chose de négatif. Racheter les terres peut être stratégiquement la bonne solution à un certain moment.

Cela devient possibilité de se libérer du combat permanent face à ces lois qui protègent la propriété privée. De toute façon, le problème ce n'est pas la révolution, le problème c'est l'alternative. C'est quel type de société tu arrives à mettre en place dans ce système capitaliste extrêmement invasif, intrusif et totalitaire qui envahit nos vies.


 Une des nombreuses habitations construites par des zadistes. Capture d'écran de la vidéo "P comme Puissance - Abécédaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes" de la chaîne youtube "camille camille" (crédit : Creative Commons)


 Ce que je trouve intéressant au sein de la ZAD c’est qu’il existe plusieurs postures très riches. Je pense au CMDO, Comité de maintien des occupations, qui a créé l'Assemblée Des Usages. Avant cette dernière, il y avait une Assemblée des habitants qui a existé pendant longtemps et qui regroupait tout le monde, mais qui tournait trop en rond autour des problèmes individuels de chacun.


 L’Assemblée des usages est dédiée aux usages collectifs et composée d’associations, paysans, naturalistes, voisins, d’habitants des environs... Toutes ces personnes gèrent collectivement la ZAD et s’organisent pour savoir ce qu’il faut faire au niveau agricole, forestier, artisanal, en gros comment on habite et on travaille ensemble. Et à partir des usages de fonder une forme de droit, ou à la rigueur une forme de règle, qui va associer et souder les gens sur la ZAD. J'ai trouvé ça très fort.

La ZAD, avec sa zone de rayonnement qui est très forte, fait partie de ces îlots émergents et c'est pour ça qu'il est très précieux de les défendre et de les encourager car ils montrent qu’autre chose est possible. L'anti-capitalisme est là, à la ZAD, et en plus il est concret. 



L'intérieur d'une des nombreuses habitations construites par des zadistes. Capture d'écran de la vidéo "P comme Puissance - Abécédaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes" de la chaîne youtube "camille camille" (crédit : Creative Commons) 

 * Pensez-vous que la science-fiction soit un vecteur de changement social ?

 Complètement ! Pour moi, la SF (science-fiction) est le genre le plus propice pour potentialiser un changement. Notamment celle qui est française, qui est très orientée science humaine. Elle part d'enjeux sociologiques et politiques et qui se nourrit d'anthropologie. Il y a un facteur d'anticipation qui est présent dans beaucoup de romans de SF.

Il y a un côté lanceur d'alerte, d'incitation du pire et du meilleur, l'utopie, la capacité à pré-scénariser des types de communauté, des types de fonctionnement politiques ou sociologiques qui peuvent être très féconds. J'ai décidé d'entrer en écriture pour proposer des livres qui changent la perception des gens, c'est ma principale motivation. Et ça pour moi c'est vraiment une force de la SF.





Éloges des mauvaises herbes, ce que nous devons à la ZAD
Les Liens Qui Libèrent, 13/06/2018

 À LIRE AUSSI : "Défendre la ZAD, c'est résister à Emmanuel Macron et à son monde"

Reportage : 24 heures avec les zadistes


Source : https://www.wedemain.fr/Alain-Damasio-la-ZAD-est-un-ilot-qu-il-faut-defendre_a3447.html

mardi 24 juillet 2018

L'Atelier de l'Entonnoir programme de la semaine


 
 
Mardi : permanence collectif bienvenue aux migrants, Omnibus,l'incroyable Cantine, La  Photographe ambulante
 
Mercredi : Atelier enfants Marionnettes, Amap, grainothèque mise en place du bac des INCROYABLES COMESTIBLES(Mini bac à legumes destinés et accessibles à tous à l'entrée de l'entonnoir)Si vous avez quelque plants en trop, amenez les, MERCI
 
Samedi :
CONCERT DANSANT
LA COMPAGNIE DES CABANIERS
 
 
 
 
 
Si vous aussi vous voulez proposer un atelier, n'hésitez pas à nous contacter :
 
06.35.39.34.31
 
 
Mardi
 
 
 
 
 
Permanence du collectif bienvenue migrants conflent

Tous les mardi de 10h à 12h à l'Entonnoir.
 
Permanence / information
every Tuesday from 10h to 12h at l’ENTONNOIR

مداولة العلم و الترحيب بالمهاجرين كل يوم الثلثاء من الساعة 10الى 12بقاعة النطنوار

 
 
 
 
 
 
10-12h : La bibliothèque de l'OMNIBUS est ouverte!

Si tu veux des conseils de lecture ou choisir toi même ton livre, c'est le créneau!
Livre à consulter sur place ou à emporter pour les adhérents de l'Entonnoir
 
 
 
12h30 : Incroyable Cantine

C’est, bio et végétarien,
préparé par les adhérents, ...par vous la semaine prochaine...
Menu entrée/plat/dessert à 6 Euros
20 Réservations mardi matin à partir de 11h au 04 68 97 06 12
.
 
 
 
 
 
Mercredi
 
 
18h00 : Grainothèque
 
Libre échange de semences, ramenez les graines dont vous vous servez plus et/ou prenez en des nouvelles, venez échanger vos savoirs et savoirs faires
Livres à consulter
Mise en place du bac des INCROYABLES COMESTIBLES(Mini bac à legumes destinés et accessibles à tous à l'entrée de l'entonnoir)Si vous avez quelque plants en trop, amenez les, MERCI
 
 
 
18h30 : AMAP du conflent

Legumes Bio cultivés à catllar par Julie et Fromage de chèvre fabriqué par Marjolaine à Arboussols.
Infos et inscription sur place.

 
 

 
 
SAMEDI
 
 

Trio familial dont le répertoire est essentiellement axé sur les musiques et chants à danser du Languedoc. Outre les pas standards des bals trad (bourrées à trois temps, aà quatre temps, scotich, brise pieds, cercles circatiens, valses…), le danseur découvrira quelques particularités locales. La formule se décline sous forme d’un concert dansant, émaillé de chants et d’improvisations. Il pénètre le public sous l’angle festif, favorise la communication entre les auditeurs et les générations, urbains et ruraux, avec une immédiateté qui le rend accessible à tous les publics et une énergie qui soulève les jambes des danseurs !
 
 
 

www.atelierdelentonnoir.fr

Atelier de l’entonnoir
1 rue des Marchands
66500
Prades
Tel :04-68-97-06-12
contact@atelierdelentonnoir.fr