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dimanche 31 mars 2024

Pyrénées-Orientales, vers de nouvelles restrictions d’usage de l’eau ?

 

Pyrénées-Orientales, 

vers de nouvelles restrictions 

d’usage de l’eau ?

 


En cette fin mars, le comité qui regroupe l’ensemble des acteurs de l’eau dans les Pyrénées-Orientales s’est réuni. Ce comité eau rappelle la situation catastrophique et insiste sur ce nouvel hiver sans pluie qui n’a, une nouvelle fois, pas permis de recharger les nappes.

La préfecture communique sur les restrictions déjà en vigueur, les bonnes pratiques et insiste sur l’état de la ressource, nappes, débit des fleuves, ou sécheresse des sols.

Dans les Pyrénées-Orientales des restrictions d’usage en cours et des contrôles à venir

Le communiqué de presse diffusé par le préfet aux rédactions ce 27 mars au soir, ne laisse guère de doute à l’interprétation. Le préfet annonce un nouvel arrêté à venir où il reconduira les restrictions d’usage déjà en vigueur. Les services de la préfecture en appellent aussi au civisme pour réduire la consommation en eau. « C’est une question d’équité mais aussi d’efficacité », insiste le préfet.

« L’année dernière, nous avons prouvé qu’en économisant de manière importante l’eau (-30 % sur le territoire de la communauté urbaine de Perpignan à l’été 2023) nous étions capables de passer le cap et de tenir en limitant les impacts sur notre économie. »

Rappel des intentions en vigueur. Il est entre autres interdit de laver son véhicule en dehors des stations qui recyclent l’eau. L’arrosage des arbres et arbustes est autorisé seulement s’ils disposent d’un paillage retenant l’humidité autour du tronc. L’arrosage des jardins potagers est permis seulement dans les communes qui ont donné l’autorisation et seulement à des horaires bien définis.

Au-delà des bonnes pratiques et des appels au civisme, le préfet entend muscler son propos et informe qu’une campagne de contrôles administratifs est désormais lancée. En clair, si la pluie ne vient pas, ce seront les amendes qui pleuvront. Pour rappel, pour un particulier, ne pas respecter un arrêté de restriction de l’eau peut coûter jusqu’à 1.500 euros.

Un état de la ressource toujours alarmant

Avec son communiqué de presse, la préfecture a adjoint le bulletin hydrologique du mois de mars. Dans ce document aux multiples graphiques et données, la conclusion est sans appel : malgré la fonte de la neige en montagne, « la situation reste tendue sur tous les bassins versants du département. »

Et même s’il a plu près de 25mm le 27 mars sur le Cap Béar, « la situation reste extrêmement tendue sur la majeure partie du département. (…) Les sols restent secs, les débits des rivières peu élevés et les nappes connaissent des niveaux bas historiques. »

La direction départementale des territoires et de la mer chargée d’établir ce document précise « l’absence de recharge hivernale, ou du moins très faible, sur la grande majorité des secteurs (en CRISE), sans réelle dynamique positive observable, et au mieux une stabilité toute relative. »

En clair, l’hiver n’ayant pas permis de rétablir une situation correcte en termes de ressource en eau, la situation est plus grave que celle de 2023 à la même époque. À demi-mot, ce point d’étape de la ressource prévient notamment les secteurs les plus gourmands en eau, tourisme ou agriculture, qu’il va à nouveau falloir s’adapter voire faire des sacrifices face à des restrictions à venir.

Un département en recherche de solutions de plus long terme

Face à la gronde populaire suscitée par le golf de Villeneuve-de-la-Raho, le ministre de la transition écologique était à Perpignan la semaine passée. S’il a décidé de nommer un « Monsieur eau », il a aussi prévenu que les solutions miracles n’existaient pas et que les actions proposées ne pourraient pas régler l’état de la ressource dans l’immédiat. Il a insisté sur la nécessité de s’adapter et surtout d’utiliser l’eau plusieurs fois. En clair, l’eau des piscines doit servir, entre autres pour les pompiers, et celle des stations d’épuration pour l’arrosage des cultures ou pour le lavage des voiries.

 

Source : http://madeinperpignan.com/pyrenees-orientales-vers-de-nouvelles-restrictions-dusage-de-leau/?fbclid=IwAR1o0RBZt_-RtcUQ8uYzPXpmw8W-8ZhgYJyoIwuwKkCpLLPE53wzK26mBFM_aem_AX95jl5FF-cau1TMCYN89Fg6hA9gr8d69RWX0KwxEWVLjEvXVeMI3lmnJUXwuORYorj4ZUderuzQwAP9QdFpp4G5

samedi 30 mars 2024

À voir : Sainte-Soline, “Autopsie d’un carnage”


À voir : Sainte-Soline, 

“Autopsie d’un carnage”

 


 


“L’histoire de Serge, de Mickaël, d’Alix, d’Olivier aucune chaîne de télé n’a osé la raconter. Or, étouffer les voix de celles et ceux qui ont vécu Sainte-Soline dans leur chair, c’est les écraser une deuxième fois”.

Le documentaire co-produit par Reporterre et Off Investigation est disponible en accès libre depuis le 22 mars 2024 sur YouTube.

Quasiment un an jour pour jour après la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline, les réalisatrices Clarisse Feletin et Maïlys Khider reviennent minute par minute et en images sur cette journée de carnage qui visait à écraser, terroriser le puissant mouvement écologiste.

Un documentaire nécessaire pour retracer le déroulement des faits, rétablir la vérité. Un film pour démasquer, et remettre en lumière les mensonges du pouvoir. Expliquer comment le narratif et les éléments de langage des autorités, sur “l’ultra-gauche”, les “éco-terroristes” ou les “black-blocs” ont permis de légitimer la répression macabre à Sainte-Soline. Expliquer comment la machine répressive s’est refermée sur les manifestant.es.

Le documentaire analyse comment la manifestation écologiste a été traitée par les services du ministère de l’Intérieur. C’est-à-dire un plan conçu et imaginé comme une grande opération militaire anti-terroriste. On y apprend que l’environnement autour de la bassine était découpé en zones comme lors d’un attentat ou d’une prise d’otages. Une zone rouge excluait l’intervention des secours, au mépris des blessé.es les plus graves, notamment les personnes en état d’urgence absolue. Un État prêt à tuer pour défendre un trou dans la terre.

Les intervenant.es – paysan.nes, journalistes, élu.es, militant.es, streetmédics et blessé.es – décortiquent le piège, le traquenard tendu par la Préfecture des Deux-Sèvres contre des personnes venues défendre les ressources en eau. 3200 agents de la gendarmerie nationale sur le chantier de la bassine, en mode fortin, surarmés et sur-équipés, ont tirés plus 5000 grenades en moins de deux heures, de manière totalement indiscriminée sur la foule.

C’est aussi l’histoire de dizaines de milliers de justes venus participer à une mobilisation pour la défense des communs, des solidarités tissées sur place dans la chaos des détonations et des gaz lacrymogènes. Ce sont les témoignages essentiels d'Alix, Serge, Mickaël ou Olivier, grièvement meurtris dans leurs chairs par les tirs de LBD ou de grenades. Les récits dignes de leur reconstruction et de leur soif inexpugnable de continuer à lutter, malgré la tentative d’anéantissement et d’intimidation préméditée du gouvernement contre l’un des plus grand mouvement écologiste européen de notre temps.

“Autopsie d’un carnage” est un documentaire puissant, qui dissèque les violences d’État du 25 mars 2023, en donnant la parole à celles et ceux qui l’ont vécu et qui permettra de préparer les prochaines échéances pour un juste partage de l’eau. Un documentaire utile afin de ne pas retomber dans le piège à loup tendu par les forces de l’ordre et la préfecture.


Le documentaire est disponible en accès libre sur Youtube

Pour faire un don à Off Investigation et Reporterre

 

Source : https://contre-attaque.net/2024/03/24/a-voir-sainte-soline-autopsie-dun-carnage/

jeudi 28 mars 2024

Un policier violent multirécidiviste condamné à de la prison ferme


 

Un policier violent multirécidiviste condamné à de la prison ferme

 

Six mois ferme et interdiction d’exercer en tant que policier pour avoir passé à tabac un jeune

 22/03/2024

 Par Jeanne Actu

Le 11 octobre 2021, deux jeunes de St Ouen sont frappés par des policiers. L’un perd même deux dents. L’agent Franck V., qui a donné l’essentiel des coups, est un multirécidiviste dont la réputation violente est déjà bien connue des prétoires.

Tribunal de Bobigny (93) – « Je ne sais plus. » Le policier Franck V. n’a décidément que cette formule à la bouche lorsque le tribunal le questionne. Du côté des deux victimes, Rayan S. et Enzo D., les souvenirs des violences policières que l’agent leur a infligées le 11 octobre 2021 à Saint-Ouen (93) sont pourtant encore clairs et frais.

Ce jour-là, vers 21h30, une équipe de six policiers de la Compagnie d’intervention du 19ème – une formation de la BRAV-M, les motards de la police – plonge dans un quartier populaire de Saint-Ouen pour « montrer [à des collègues] une cité connue pour le trafic, dans le but d’interpeller » selon une policière présente lors de l’intervention, interrogée par l’IGPN. Enzo D. et Rayan S. sont posés à l’entrée des tours et discutent calmement. Le premier sur une chaise, le second sur un pot de fleurs.

La bouche en sang

Voyant les policiers arriver d’un chemin sombre, Enzo – qui fait office de guetteur – crie « Artena » pour prévenir de l’arrivée de la police. L’équipe de policiers cagoulés jusqu’au nez, à l’exception du chef, court alors dans la direction des jeunes, qui ne bougent pas. L’agent Franck V. saute sur les jeunes. Il donne un coup de matraque dans la bouche de Rayan, déjà étranglé par un autre policier. Puis un coup-de-poing dans l’œil d’Enzo. Rayan tombe au sol, il a la bouche en sang, deux dents sont cassées et l’œil d’Enzo se met à gonfler. Rayan raconte :

« J’ai pas eu le temps de parler que je me suis pris un coup dans la bouche. C’était un coup de matraque porté de manière gratuite. »

Il est ensuite traîné au sol jusque dans « un endroit sombre », se rappellent les victimes. Les deux jeunes sont fouillés face à un mur par les policiers qui se seraient moqués d’eux : « On s’en bat les couilles de tes dents », « J’espère que t’as une bonne mutuelle », « Tu peux même pas tenir sur tes deux jambes ». « Fils de pute », leur aurait même lancé un bleu. Les policiers relâchent les deux jeunes hommes après avoir trouvé sur Enzo 140 euros et un peu de cannabis dans les poches.

Suite aux violences, Rayan court chez lui. Sa grand-mère et sa tante le retrouvent avec la bouche et les mains pleines de sang. La matriarche crie par la fenêtre en direction des forces de l’ordre, toujours en bas du bâtiment, pour avoir des explications. « Ferme-là et vient récupérer ses affaires », auraient lancé les policiers à la retraitée.

Amnésie sélective

Rayan veut porter plainte. Au commissariat, on lui répond de se tourner vers l’IGPN. Une enquête est ouverte et les policiers sont auditionnés. Très rapidement, les soupçons se portent sur Franck V., reconnu par Enzo et Rayan, malgré l’absence totale de numéro RIO pour toute l’escouade. De nombreuses versions se font face chez les bleus. Certains disent que l’équipe a fait usage de la force, tandis que d’autres nient ou offrent différentes explications pour les blessures de Rayan. Il ne serait pas tombé, il se serait cassé les dents juste avant le contrôle ou bien ce serait des dealeurs qui lui auraient cassé les dents. Des versions ne plaisent pas au tribunal qui y trouve des « discordances majeures, qui interrogent », selon une juge assesseur.

Dans la salle d’audience, c’est au tour du policier Franck V. d’expliquer sa version des faits. Il bégaie et n’est pas très confiant. L’homme en chemise moulante, jean, chaussures de sport et au tatouage tribal le long de l’oreille joue la carte de l’amnésie. Ses « Je ne sais pas » récurrents ont le don d’agacer les magistrats. L’un des juges s’exclame :

« C’est trop facile de ne se souvenir de rien. Si c’est votre seule défense, les bras m’en tombent. »

Le policier continue de bafouiller : « Je l’ai dit dans l’audition, je ne me rappelle pas de grand-chose, il s’était rien passé de… Je ne me souviens pas de toutes mes interventions de tous les jours ». Pour justifier les différentes versions de ses collègues, Franck V. ajoute que c’est normal, avec le temps, « tout le monde ne se rappelle pas la même chose de l’intervention ». « C’est rare qu’on ait à 100% tous la même version », affirme-t-il. Mais malgré l’amnésie, une chose est suffisamment sûre pour qu’il affirme droit dans ses baskets : « Je n’ai pas porté le coup ce jour-là. » Selon lui, il n’aurait d’ailleurs « même pas » eu de matraque en main. Et selon le policier, si Rayan « était en sang avec des dents cassées, il ne serait pas reparti comme ça. On aurait appelé les pompiers ou on l’aurait gardé avec nous ».

Déjà deux condamnations pour violence

Cet ancien militaire se dit « habitué à être remis en cause ». Un euphémisme : si sa direction le décrit comme « ayant du mal à canaliser son énergie et son surplus de dynamisme », il a surtout déjà été condamné à deux reprises par son « moyen respect de la déontologie ». Pour la première, il reçoit une amende pour un coup de matraque dans l’arcade d’un jeune à Pantin. La deuxième, en 2019, c’est même une condamnation à trois mois de prison avec sursis pour avoir frappé une femme, lui provoquant 20 jours d’ITT. Il avait à l’époque créé une cagnotte pour l’aider à payer ses frais juridiques, partagée sur le groupe Facebook pro-police « Hors Service » où il indiquait agir parfois « trop virilement ».

L’agression de Rayan est la fois de trop. Après environ trois heures d’audience, le tribunal condamne l’agent à six mois d’emprisonnement ferme. Il lui est interdit définitivement d’exercer en tant que policier et son port d’armes lui est retiré pour cinq ans. Il doit verser 6.513 euros à Rayan et un euro symbolique à Enzo – conformément à sa demande. 

Source : https://www.streetpress.com/sujet/1711125369-policier-multirecidiviste-violences-condamne-prison-ferme-saint-ouen

mercredi 27 mars 2024

Projet de golf à Villeneuve-de-la-Raho : vers un durcissement des positions ?

Projet de golf 

à Villeneuve-de-la-Raho : 

vers un durcissement 

des positions ?


Alors que le juge des référés a débouté les deux recours des opposants au projet de golf de Villeneuve-de-la-Raho ce vendredi 22 mars, chaque partie décide de camper sur ses positions. Le mouvement pourrait se durcir du côté des opposants.


Vendredi 22 mars 2024 

Le chantier de terrassement du futur golf de Villeneuve-de-la-Raho est en cours © Radio France - Clothilde Jupon

Première douche froide pour les opposants au projet de Villeneuve-de-la-Raho : le juge des référés a débouté les deux recours déposés par Frene 66, ainsi que par Agissons et Pays Catalan Écologie, ce vendredi 22 mars.

La sécheresse remise en question

Les opposants demandaient la suspension de la déclaration d'utilité publique du projet de complexe immobilier et du golf mais le juge a estimé qu'il n'y avait "aucune urgence à interrompre le projet" car, selon lui, "la sécheresse n'est pas un argument suffisant".

Pour Nicolas Berjoan, secrétaire départemental des Ecologistes c'est la douche froide : "on se ment aujourd'hui, on ne veut pas regarder la vérité en face ! Depuis 20 ans, les scientifiques annoncent que le Roussillon va développer un climat semi-aride, donc je ne comprends pas que certains osent dire que la sécheresse dans notre département est seulement conjoncturelle".

Le plaidoyer des opposants s'appuyait sur plusieurs études montrant que le département connaît une sécheresse sans précédents depuis presque trois ans.

Laurent Gauze, le président de la chambre de commerce et d'industrie du département, persiste : "Le projet il faut le maintenir dans son état global, c'est un projet qui est attractif et résilient, et qui propose beaucoup de solutions pour le département avec la réutilisation des eaux usées", avant d'ajouter "s'il en est autrement un jour, ce serait une faiblesse juridique".

L'Etat ne soutient pas le projet

Désormais, c'est au tribunal administratif d**'examiner le fonds du dossier**, et la demande d'annulation du projet des opposants. Ils attendent également beaucoup du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui a promis d'apporter des réponses très prochainement, après avoir rencontré les acteurs autour de ce projet.

Invité ce vendredi matin sur France 2, Christophe Béchu a déclaré "je ne soutiens pas" le projet de construction, confirmant que "dans 15 jours la maire de Villeneuve et l'aménageur seront dans mon bureau, pour que je leur fasse part de mon analyse, de mes critiques et des points sur lesquels j'attends des explications".

Si rien n'était fait pour arrêter le projet, les opposants notamment des Soulèvements de la Terre se disent déjà prêts à durcir le mouvement.

 "On ne s'interdira rien !" nous ont-ils confié.


Source : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/projet-de-golf-a-villeneuve-de-la-raho-vers-un-durcissement-des-positions-7079494?fbclid=IwAR03G1qCZIXD0ZNMxFmULL3njWaJDhOoO2AsJk-l3mAzBY6yC6GQdnSaa5U

dimanche 24 mars 2024

Nucléaire - Avec le projet de fusion « la sûreté va subir un coup extrêmement dur »

 

Avec le projet de fusion 

« la sûreté va subir 

un coup extrêmement dur »

 | Mediapart

 

by  • 

Ce qui nous rassemble ici aussi,

ce qui nous guide ici aussi,

ce qui nous habite ici aussi,

c’est la sûreté nucléaire !

L’Association Ma Zone Contrôlée siège au Conseil d’Administration de l’ANCCLI…


Alors que les députés examinent lundi 11 mars le projet de loi de refonte de la sûreté nucléaire, le président des commissions locales d’information du public, maillons importants du système, alerte dans Mediapart contre « un projet technocratique dangereux »…

Source : Nucléaire : avec le projet de fusion, « la sûreté va subir un coup extrêmement dur » | Mediapart 

Jade Lindgaard

C’est une organisation peu connue du grand public mais qui se trouve au cœur du système français de sûreté nucléaire. L’Association nationale des comités et commissions locales d’information (Anccli) a été créée en 2000 pour organiser le dialogue entre le public vivant à proximité des installations nucléaires (réacteurs de production d’électricité, stockage de déchets, usines de combustibles, etc.) et les exploitants (EDF, Orano, CEA, Andra), ainsi que les instances de sûreté (ASN et IRSN).

L’information des habitant·es est considérée en France comme un pilier du système de sûreté et repose sur un principe de transparence exigé des exploitants. Dans ce but, un Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTSIN) a été créé en 2006.

C’est au double titre de président de l’Anccli et de membre du HCTSIN que Jean-Claude Delalonde alerte aujourd’hui sur la précipitation du gouvernement à fusionner les instances de sûreté nucléaire : « C’est un projet technocratique dangereux. Le principe de précaution serait d’exiger un rapport sérieux. Il existe 12 groupes de travail aujourd’hui à l’ASN et l’IRSN qui travaillent sur ce projet. Laissons le temps de travailler aux gens qui font la confiance du nucléaire. Il n’y a aucune urgence. »

Lundi 11 mars, jour anniversaire de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, les député·es commencent l’examen du projet de loi de fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Depuis un an, il fait l’objet d’un rejet massif des personnels de ce dernier ainsi que d’une grande partie du monde de l’atome. En commission début mars, les député·es ont adopté un amendement rejetant le démantèlement de l’IRSN. Mais le gouvernement devrait revenir à la charge lundi dans l’hémicycle. Pour Jean-Claude Delalonde, « ces gens-là seront responsables et passibles de poursuites en justice en cas d’accident nucléaire ».

Mediapart : Pourquoi vous opposez-vous au projet de loi de fusion de l’IRSN et de l’ASN ?

Jean-Claude Delalonde : Je suis catastrophé quand j’entends Roland Lescure [ministre de l’industrie – ndlr], que j’ai eu au téléphone à sa demande il y a 15 jours, dire que si l’on émet le moindre doute, le moindre désaccord avec ce projet, cela veut dire qu’on est antinucléaire. Ces gens-là seront responsables et passibles de poursuites en justice en cas d’accident nucléaire. C’est notre sûreté et notre sécurité qui sont en jeu : notre bien-vivre avec le nucléaire.

Je voudrais leur rappeler que les CLI [commissions locales d’information sur le nucléaire – ndlr] que nous représentons existent depuis quarante-trois ans. L’Anccli existe depuis vingt-quatre ans et je la préside depuis vingt ans. Les CLI sont à la main, dans leur composition, des présidents des départements où se trouvent des installations nucléaires. Ces CLI sont composées à 75 % de gens favorables au nucléaire et à 25 % de personnes « contre ». À l’Anccli, nous sommes 125 personnes qui en constituent la gouvernance, avec 75 % d’entre elles qui sont favorables au nucléaire et 25 % qui lui sont défavorables. Pour un quart, ce sont des élus politiques, pour un autre quart, des syndicalistes qui travaillent dans les instances nucléaires, pour un autre quart encore, ce sont des associations de défense de l’environnement, souvent antinucléaires. Et pour le dernier quart, ce sont des personnes dites qualifiées. Depuis vingt ans que je préside l’Anccli, toutes les positions et toutes les décisions ont été prises à l’unanimité. Parce que ce qui nous rassemble, ce qui nous guide, ce qui nous habite, c’est la sûreté nucléaire.

Quels sont les problèmes de ce projet de loi, selon vous ?

Je ne suis pas en désaccord avec le gouvernement quand il dit que, du fait du programme de relance du nucléaire, il faut adapter notre organisation et être plus efficaces. Mais quand on fait cela, on commande un audit, une analyse sérieuse de notre organisation pour voir là où le bât blesse.

C’est ce qui avait été fait, il y a vingt ans, par le parlementaire président de l’OPECST – l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques – Jean-Yves Le Déaut, dans un rapport qui a donné naissance à l’IRSN et à l’ASN.

Mais aujourd’hui, il n’y a même pas de rapport. Il n’y a rien ! C’est un projet technocratique dangereux. Le principe de précaution serait d’exiger un rapport sérieux. Il existe 12 groupes de travail aujourd’hui à l’ASN et l’IRSN qui travaillent sur ce projet. Laissons le temps de travailler aux gens qui font la confiance du nucléaire. Il n’y a aucune urgence

Que pensez-vous sur le fond de l’idée de fusionner l’ASN et l’IRSN au sein d’une nouvelle entité : l’ASNR ?

Je ne suis pas contre le principe de la réforme. Mais il n’y a aucune urgence à légiférer. Il y a une unanimité dans les personnels de l’ASN, dans les personnels de l’IRSN et du CEA [Commissariat à l’énergie atomique] – dont le conseil national, l’équivalent d’un comité d’entreprise, demande à sa direction d’appuyer auprès du gouvernement pour abandonner ce projet.

L’année dernière, on a voté une loi d’accélération du nucléaire. Il fallait aller vite : 51,3 milliards d’euros ont été annoncés pour financer trois paires de nouveaux réacteurs EPR. Et il y a quelques jours, on apprend que les EPR vont coûter 30 % de plus que prévu et qu’on perd déjà un an sur le calendrier. Mais c’est scandaleux ! Aucune étude sérieuse n’avait donc été faite.

Manifestation contre le démantèlement de l’IRSN à Paris, le 8 février 2024. Photo: Jade Lindgaard.

Concernant la réforme de la sûreté, nous ne sommes pas contre. Mais nous sommes contre cette précipitation. Si demain il y a un accident nucléaire, alors que depuis vingt ans notre système est robuste, je pose la question au président de la République, aux ministres Roland Lescure, Christophe Béchu [écologie], Bruno Le Maire [économie], et à tous les parlementaires qui auront voté cette loi : accepterez-vous de passer en justice s’il y a un accident à cause de cette réforme, car vous aurez été trop vite ? Vous serez responsables et coupables. Il y aura une révolte citoyenne et vous serez les fossoyeurs du nucléaire.

Après le rejet de cette fusion par les parlementaires en 2023, l’OPECST a publié un rapport sur les conséquences d’une éventuelle réorganisation de l’ASN et de l’IRSN, rédigé par le député Jean-Luc Fugit et le sénateur Stéphane Piednoir. Ce n’est pas suffisant ?

Ce rapport dit qu’il faut fluidifier le système et regrouper l’ASN et l’IRSN dans une seule autorité. Mais ce n’est pas ce que fait la loi. Elle démantèle. Elle disperse. Actuellement, il y a une ASN qui a des experts en son sein, et il y a une IRSN qui a la maîtrise totale et reconnue internationalement de l’expertise. Mais avec la nouvelle entité intégrée, une partie des experts de l’IRSN vont partir au ministère de la défense et au CEA. On dit qu’on va regrouper, mais ce n’est pas vrai. On disperse les forces en distinguant les chercheurs et les experts. Alors que tout le monde sait qu’un bon chercheur devient un bon expert et que pour devenir un bon expert, il faut aussi être chercheur. Tous ces gens qui travaillent ensemble depuis vingt ans vont être disséminés.

Autre point : la nouvelle autorité n’intègre pas la sécurité [la protection contre les menaces externes, à distinguer de la sûreté qui concerne les dysfonctionnements techniques internes – ndlr]. Alors que les trois présidents successifs de l’ASN depuis 2008, André-Claude Lacoste, Pierre-Franck Chevet et Bernard Doroszczuk, demandent de regrouper sécurité et sûreté. Résultat : la sûreté va subir un coup extrêmement dur. Ce n’est donc pas du tout la question d’être pour ou contre le nucléaire, c’est un faux débat.

Selon « Le Canard enchaîné », l’ancien patron CEA, Daniel Verwaerde, a écrit un rapport classé secret-défense demandant le démantèlement de l’IRSN. L’avez-vous lu ?

Si ce rapport existe, il est grave de ne pas le sortir. Nous demandons que ce rapport soit mis à la disposition des experts de l’ASN et de l’IRSN qui ont été mandatés officiellement pour préparer le rapprochement. Donnons-leur les éléments pour voir s’il y a des pistes de réflexion à mener sérieusement et à présenter au Parlement.

Ça fait vingt ans que je travaille avec les exploitants et EDF. On arrive à dialoguer, même si on n’est pas toujours d’accord. Mais je n’ai jamais réussi à dialoguer avec le CEA. Je vais vous raconter une anecdote. Je suis membre du Haut Comité pour la transparence du nucléaire depuis sa création. Lorsqu’il a été installé en 2008, son président s’appelait Henri Revol, un ancien sénateur. À l’époque, siégeait aussi au Haut Comité l’administrateur du CEA, Bernard Bigot, aujourd’hui décédé. Quand il a quitté le CEA, il est devenu le grand patron d’Iter et a été remplacé par Daniel Verwaerde.

Un jour, M. Revol m’invite à l’accompagner pour rencontrer M. Bigot à son bureau du CEA pour lui demander de partager au Haut Comité des informations que le CEA ne voulait pas donner. Après nous avoir fait attendre pendant une heure, l’entretien a duré cinq minutes. Et le président du Haut Comité s’est entendu dire par M. Bigot : « Vous savez à qui vous parlez ? Au vice-premier ministre de la France. » Quand [le mathématicien] Cédric Villani parle d’une technostructure dangereuse, c’est de cela qu’il parle. Des gens peut-être compétents mais qui ont un sentiment d’impunité. Ils pensent qu’ils peuvent tout faire.

Le CEA est-il une boîte noire du nucléaire ?

Non. Je comprends que le CEA travaille sur des sujets secret-défense qui ne doivent pas être mis sur la place publique. J’entends qu’il existe des secrets industriels et commerciaux. Mais ce n’est pas une raison, quand on demande des explications, pour nous répondre systématiquement : « Circulez, il n’y a rien à voir. » Je ne suis pas un antinucléaire. Je fais partie de ceux qui sont pour le nucléaire. Mais dans de bonnes conditions.

Le monde du nucléaire souffre-t-il d’un excès d’assurance ?

Je vais vous citer une autre anecdote. Lorsqu’il y a eu l’accident de Fukushima, beaucoup se sont félicités de la transparence de l’IRSN et de son suivi de la situation internationale. Il a été demandé à son directeur général, Jacques Repussard, d’évaluer le coût économique d’une catastrophe nucléaire. À partir des éléments provenant de ses experts, et de tous ceux qui travaillaient sur le sujet, il a sorti un chiffre qui a fait polémique : environ 450 milliards d’euros. Et il s’est retrouvé sur le banc des accusés.

L’année dernière, j’ai fait partie d’une mission avec le Haut Comité à la transparence à Fukushima. J’ai rencontré les responsables ministériels en charge de la sûreté et de l’équivalent de l’ASN. Nous avons rencontré Tepco, l’opérateur de la centrale nucléaire. J’ai posé la question aux responsables du ministère japonais de l’économie : douze ans après, combien avez-vous dépensé pour la catastrophe nucléaire de Fukushima, en dehors des dépenses liées à la gestion du tsunami ? Ils m’ont répondu : 450 milliards d’euros.

Notre système de sûreté nucléaire, aujourd’hui robuste, basé sur quatre piliers, est le résultat de vingt ans de dialogue et de négociations. Nos exploitants sont sérieux, même si, de temps en temps, il y a des falsifications et des malversations. On a un gendarme du nucléaire, l’ASN, qui est sérieux. On a des experts, à l’IRSN, qui sont compétents. Et on a une société civile vigilante avec les CLI et l’Anccli. Ces quatre piliers constituent la robustesse de notre système de sûreté. Si on la met à mal, demain, un accident va survenir.

Et nos députés, d’un revers de la main, comme s’ils venaient de naître, donnent l’impression d’avoir oublié Tchernobyl et Fukushima et de penser que s’il y a un accident nucléaire, ce n’est pas grave, il s’arrêtera aux frontières de la France. Ou du Pas-de-Calais, si l’accident se passe à Gravelines. Ce n’est pas sérieux.

vendredi 22 mars 2024

Communiqué de presse - Victoire d’étape contre la déréglementation des OGM/NTG !

 



Bagnolet, le 19 mars 2024

Communiqué de presse

Victoire d’étape 
contre la déréglementation 
des OGM/NTG !

 

La Confédération paysanne aux côtés de la Coordination européenne de la Via Campesina se réjouit d’une importante victoire contre la déréglementation des OGM issus de nouvelles techniques génomiques. En effet, sauf à déroger aux règles habituelles de fonctionnement de l’Union européenne, les négociations au sein du trilogue du texte adopté par le Parlement européen le 7 février dernier ne pourront aboutir avant les élections européennes du 9 juin prochain.

La question du brevetage du vivant est devenue centrale. Malgré les alertes répétées de la Confédération paysanne [1] depuis plus de 10 ans, la Commission avait préféré balayer d’un revers de main le sujet en promettant une étude d’impact en 2026. Nos efforts ont cependant fini par payer car c’est maintenant le point de blocage principal sur lequel les pays membres de l’UE n’arrivent pas à trouver de consensus au sein du Conseil européen.

Le Parlement européen a aussi entendu nos arguments et a adopté des amendements qui ne permettent pas l’application du texte en l’état. En effet, le texte adopté par le Parlement européen exige une modification des règles de l’Office Européen des Brevets, organisation ne dépendant pas de l’UE.

Le texte proposé initialement par la Commission européenne est bloqué par la question des brevets mais il vient également de subir un sérieux revers venant cette fois de l’ANSES. La clef de voûte du texte reposait sur le mensonge grossier selon lequel les plantes génétiquement modifiées par ces nouvelles techniques génomiques seraient identiques à celles issues de sélection traditionnelles. Or l’ANSES vient de publier deux avis [2] coup sur coup disant exactement le contraire et incite les pouvoirs publics à prendre les mêmes précautions qu’avec les OGM issus de transgénèse, OGM de première génération.

Face à tant de contradictions il est grand temps que la présidence belge de l’Union européenne prenne ses responsabilités et rejette définitivement ce texte.


Contacts :
- Laurence Marandola, porte-parole nationale : 06 31 66 10 83
- Sylvie Colas, secrétaire nationale : 06 70 31 90 71
- Guy Kastler, commission semences et OGM : 06 03 94 57 21
- Caroline Nugues, chargée de communication : 06 95 29 80 78

jeudi 21 mars 2024

Prades - Projection débat sur l’agriculture au Lido - Aujourd'hui, jeudi 21 mars, 20h30

Projection débat 

sur l’agriculture au Lido

jeudi 21 mars 

20 h 30

Publié le

Nature et progrès 66 organise une projection 

suivie d’une discussion débat 

animée par Fanny Gonson (ingénieure écologue) 

 

 jeudi 21 mars à 20 h 30 au cinéma Le Lido de Prades. 

 

Une soirée à thème autour du film documentaire Paysans du ciel à la terre.

Alors que les sécheresses récurrentes affectent gravement l’agriculture, ce documentaire apporte un éclairage sur la dégradation des sols qui retiennent de moins en moins l’eau et sur les limites de nos modes de production agricole. Il met en avant des agriculteurs qui cherchent et trouvent des solutions, que ceux-ci soient en bio ou en agriculture dite conventionnelle. Dans ce film-enquête entre ciel et terre, la parole est donnée aux agriculteurs et agricultrices. Qu’ils pratiquent l’agriculture dite conventionnelle, bio ou de conservation des sols, on comprend qu’ils sont nombreux à innover et mettre en œuvre avec succès des solutions concrètes pour préserver la vie des sols et accroître leur fertilité. Que l’on soit acteur du monde agricole ou consommateur, ce documentaire démontre la nécessité de changer notre modèle de production agricole et l’évidence que cette transition se fera en favorisant la relation au vivant. La gestion des sols est cruciale pour l’avenir.

mercredi 20 mars 2024

En pleine sécheresse, des milliers de manifestants contre « le golf de trop »

 

En pleine sécheresse, 

des milliers de manifestants 

contre « le golf de trop »

 

Par Henri Frasque et David Richard (photographies)

18 mars 2024

 
Selon les organisateurs, 4 500 personnes ont manifesté le 16 mars contre ce projet de golf.

Les Pyrénées-Orientales connaissent la pire sécheresse depuis 65 ans. Pourtant, les travaux d’un méga golf ont démarré à Villeneuve-de-la-Raho, près de Perpignan. Une aberration selon les habitants.

Villeneuve-de-la-Raho (Pyrénées-Orientales), reportage

« On mange pas du gazon ! On boit pas du béton ! Non, non, non, à ce projet bidon ! » Des milliers de personnes ont convergé de toutes les Pyrénées-Orientales pour dire leur refus d’un méga golf, samedi 16 mars, sur les berges du lac de Villeneuve-de-la-Raho dans la première couronne de Perpignan.

Cette commune a, pour les organisateurs, vu défiler autant de personnes qu’elle compte d’habitants — 4 500 — (1 500 selon la gendarmerie) contre ce projet qui s’approprierait 160 hectares, avec 529 logements, et le tout en bordure du lac.

Pour les manifestants matinaux, qui ont progressé dans un joyeux cortège, égayé par des fanfares, et ponctué par des démonstrations de « castell » — des pyramides humaines —, ce projet, c’est clairement « le golf de trop », dans un département touché depuis deux ans par une sécheresse historique.

 

Le chantier du Golf de Villeneuve-de-la-Raho a déjà commencé. © David Richard / Reporterre

 

« On a besoin de l’eau pour autre chose que pour un golf. Pour boire, pour faire pousser les légumes », nous explique Justine, 12 ans, venue avec ses parents et sa petite sœur. La famille habite Villeneuve-de-la-Raho. « À cause des restrictions d’eau, on ne remplit plus la piscine, et on ne fait plus pousser de légumes dans le jardin, raconte sa maman Élodie, orthophoniste. On est d’accord pour faire ces efforts. Mais pas pour qu’on utilise l’eau pour un golf. » « Il y a 20 ans, pourquoi pas, renchérit le papa Thomas, enseignant. Mais aujourd’hui, avec une telle sécheresse, c’est complètement aberrant. »

« La priorité, c’est de défendre les terres agricoles »

Le projet fédère largement contre lui. Une vingtaine de partis et d’associations ont appelé à cette manifestation, organisée par Les Écologistes et le mouvement autonomiste Unitat Catalana, depuis le NPA jusqu’aux partisans locaux d’Edouard Philippe.

« La priorité, c’est de défendre les terres agricoles », revendique Victor Tublet, éleveur en bio dans le centre du département et adhérent de la Confédération paysanne. La FDSEA n’a pas appelé à battre le pavé, mais certains de ses adhérents sont venus.


 

Élodie, Thomas, Justine et Lola ont manifesté dans leur commune contre ce « projet d’un autre temps », qui « n’a aucun sens ». © David Richard / Reporterre

 

Seuls défenseurs déclarés du projet : le maire RN de Perpignan Louis Aliot, et le monde économique local, Chambre de commerce et Medef en tête. Et la maire LR de Villeneuve-de-la-Raho, Jacqueline Irles, qui porte à bout de bras ce projet depuis 20 ans, malgré les nombreux recours. L’élue assure que le golf ne puisera pas dans le lac voisin — il en a l’autorisation — mais traitera aux UV les eaux grises de la station d’épuration.

« Ça ne tient pas, balaie Roland Castanier, élu communiste de la ville voisine d’Elne. Ces eaux partent dans l’Agouille de Mar, ce qui permet un renouvellement de l’eau dans les couches superficielles. »

Les Pyrénées-Orientales sont en état de sécheresse depuis deux ans, avec des restrictions de l’usage de l’eau pour ses habitants.© David Richard / Reporterre
 

Quatre-vingt-douze universitaires et chercheurs de l’université de Perpignan ont signé une tribune dans le quotidien local, L’Indépendant, pour dénoncer un projet qu’ils jugent « hors sol ». L’une des signataires, Justine Renard, enseignante en écologie, géosciences et transition des territoires, a pris la parole au mégaphone, devant la mairie, en conclusion de la manifestation, pour rappeler les enjeux face au changement climatique : « Convertir ces 160 ha en green, c’est exclure les êtres vivants, les pollinisateurs, dont nous dépendons de manière vitale », alors que « l’abondance des insectes a chuté de 80 % dans certaines régions agricoles, notamment par l’usage de pesticides ».

« Une aberration »

C’est aussi, a-t-elle dit, « réduire les chances d’assurer la sécurité alimentaire du territoire et de réduire les émissions de nos chaînes d’approvisionnement ». « Accaparer ces terres, cette eau, pour un usage de loisirs destiné à une population privilégiée » est à ses yeux « une aberration » dans un département « parmi les plus pauvres de France ».

À part des élus locaux de droite et d’extrême droite ainsi que les institutions de l’économie, l’opposition au golf est largement partagée. © David Richard / Reporterre

Plusieurs recours ont été déposés par les opposants contre le golf, notamment auprès du ministre de la Transition écologique, pour lui demander de désavouer le préfet du département.

Celui-ci a reconduit la déclaration d’utilité publique du projet en novembre dernier, permettant le démarrage des travaux. Dans le département voisin de l’Aude, le représentant de l’État vient de mettre un coup d’arrêt à un autre projet de méga golf, dans la Montagne noire, le jugeant « d’un autre temps ».

 

Les opposants au golf se sont rendus au lac de la Raho, très touché par la sécheresse.

Rémi Le Fay, 31 ans, cuisinier à Perpignan : « On me dit de ne pas arroser mon potager l’été. Et à côté on va construire un golf. Cette aberration me révolte. »
 

À droite, Ancha, 21 ans, étudiante en génie biologique à Perpignan : « L’eau qui va être utilisée pour ce golf devrait servir à l’agriculture. »

Victor, éleveur à Mosset et adhérent de la Confédération paysanne, Priscilla, assistante maternelle, et leur fils Lou, 3 ans : « La priorité, c’est de défendre les terres agricoles. »
 

Marie Pochon, députée Les Écologistes de la Drôme : « Ce projet va à contre-sens, pour la tenue de nos objectifs climatiques, pour notre résilience en matière de consommation d’eau, et pour notre autonomie alimentaire. »
 

Pour Justine Renard, enseignante en écologie, géosciences et transition des territoires à l’IUT de Perpignan, « accaparer ces terres, cette eau, pour un usage de loisirs destiné à une population privilégiée » est à ses yeux « une aberration » dans un département « parmi les plus pauvres de France ».
 

Justine Renard, enseignante en écologie, géosciences et transition des territoires à l’IUT de Perpignan : « Convertir ces 160 ha en green, c’est exclure les êtres vivants, les pollinisateurs, dont nous dépendons de manière vitale. »
 

Source : https://reporterre.net/En-pleine-secheresse-des-milliers-de-manifestants-contre-le-golf-de-trop?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne