Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan. Mais pas que. Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...
BLOG EN COURS D'ACTUALISATION... ...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...
Le 31 janvier dernier, le tribunal administratif de Paris avait demandé au ministère de l’Intérieur de mettre fin aux activités de surveillance des « actions de nature idéologique »
de la cellule Déméter de la gendarmerie. Les ministres de
l’Agriculture, Julien Denormandie, et de l’Intérieur, Gérald Darmanin,
ont décidé, lundi 21 février, de faire appel de cette décision.
Les ministres soulignent dans leur communiqué « la
contribution de la gendarmerie à la mission de renseignement, en vue de
prévenir les atteintes et actions violentes contre les exploitations
agricoles et les agriculteurs ».
La cellule Déméter, créée en octobre 2019, avait été contestée devant
le tribunal administratif par les associations de lutte contre les
pesticides Pollinis et Générations futures, et par l’association
animaliste L214. Ces associations se sentaient directement attaquées par
les missions attribuées à la cellule de gendarmerie, prévue pour lutter
contre les vols dans les exploitations agricoles, mais également pour
surveiller les « actions de
nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de
dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des
répercussions matérielles ou physiques », selon le ministère de l’Intérieur.
Ainsi, la lutte contre les militants animalistes est une priorité
affichée du ministère, mais depuis la création de la cellule plusieurs
opposants à l’agriculture industrielle et aux pesticides ont également été visés.
Fin janvier, le tribunal administratif de Paris avait donné deux mois
au ministère de l’Intérieur pour que la cellule cesse ses activités
concernant les « actions de nature idéologique », sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par jour.
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Il y a longtemps les poulets avaient des dents et les animaux tremblaient dans le coeur des forêts
Cocorico ! Le grand méchant Poulet passe tout son temps à terroriser
la population. Du matin au soir, il plane au-dessus des maisons pour en
faire sortir les habitants et les croquer. De nombreux animaux ont fui
le pays, mais cette nuit, enfin, la résistance s’organise. Loup, Lapin
et Souris décident de tendre un piège à leur tyran. Ils doivent donc
fait preuve de courage, de force et de solidarité.
À bas la tyrannie !
La marionnettiste, seule en
scène, interprète les 5 personnages de l’histoire – tous délicieusement
impertinents – au cours d’une performance vocale et gestuelle
jubilatoire.
Le
soudaqui est la monnaie locale mise en circulation dans le département
en janvier 2018 par un collectif de bénévoles dans le but de privilégier
le commerce de proximité, les circuits courts et de qualité, de
valoriser les richesses naturelles et culturelles des terroirs et de
renforcer les liens sociaux et le dialogue entre tous. Un soudaqui égale
1 euro et se décline en billets de 1, 2, 5 et 10 soudaquis. Deux
commerçants pradéens procèdent à l’échange de monnaie.
Sandra Essid et Alain Vivès ont été du groupe fondateur du soudaqui et aujourd’hui ils dressent le constat. "Les contraintes liées à la Covid depuis 2 ans ont fortement impacté la circulation de la monnaie locale, précise Alain. Les
particuliers utilisateurs ayant d’autres problématiques liées à la
crise sanitaire ont pris de la distance. Le confinement a mis de
nombreuses initiatives au ralenti et les utilisateurs se trouvent moins
nombreux qu’au lancement de la monnaie. Nous avons besoin de trouver un
second souffle".
Besoin de renfort
Sandra poursuit : "De
six bénévoles que nous étions, nous ne sommes plus que trois pour gérer
ce système monétaire et nous avons besoin de renfort. La réunion que
nous avons tenue le 9 février dernier a rassemblé 25 participants, ce
qui est bien la preuve de l’intérêt que les gens portent aux valeurs de
la monnaie locale. Les participants ont pris connaissance du
fonctionnement de l’équipe de gestion et ont souhaité une seconde
réunion d’information pour avoir plus d’éléments avant de s’impliquer
pour certains. Cette deuxième réunion de sauvetage se tiendra le mercredi 9 marsà partir de 18 h à l’Alchimie".
AVERTISSEMENT : contenu très sensible.
Cet article contient la description de violences sexuelles et physiques
susceptibles de heurter la sensibilité de certaines personnes.
Arrivée en Libye après avoir fui le Nigeria
pour des raisons économiques, Abi est battue, violée et laissée pour
morte. La publication de son témoignage, extrait de l’ouvrage Les naufragés de l’enfer de Marie Rajablat,
veut faire entendre la voix de ces femmes rescapées qui ont osé
raconter les sévices inhumains subis par nombre d’entre elles.
Témoignage recueilli le 11.12.2016 à bord de l'Aquarius.
Abi a eu 18 ans il y a quelques mois. Elle est originaire du Nigeria.
Avant-dernière d’une très grande fratrie, elle a quitté la maison
familiale avec sa sœur aînée, alors qu’elles avaient respectivement 14
et 16 ans, car il n’y avait pas assez d’argent pour les nourrir.Elles
ont vécu dans la rue et se sont débrouillées comme elles ont pu pour
survivre. En mars 2015, sa soeur ainée a décidé de tenter sa chance en
Europe, sur les conseils d'un ami. Abi partira accompagnée de la tante
d'une connaissance de son quartier, le 3 juin 2016.
« La traversée du Niger s’est faite sans problème. Par contre, tout a basculé en Libye... »
Quelques heures après avoir passé la frontière, en plein désert,
leur chauffeur a été arrêté par des Asma Boys [hommes armés] et a été
abattu sur place. Abi et la tante, terrorisées, se sont mises à hurler.
L’un des hommes les a frappées à coups de poings et de pieds. Elles ont
été violées toutes les deux par deux autres hommes. Elles ont ensuite
été hissées dans un 4X4 et amenées à la ville suivante oùelles ont été vendues au propriétaire d’une maison de passe, puis séparées.Si au début, Abi a refusé de se prostituer, elle a vite compris qu’elle risquait d’y perdre la vie :
« Il m’a emmenée avec lui au dernier étage, il s’est
déshabillé et comme j’ai refusé de coucher avec lui, il m’a poussée par
terre et il m’a battue avec sa ceinture puis il m’a rouée de coups de
pied partout… Il a sorti un couteau et il m’a tailladée… Après, il m’a
violée… De tous les côtés...
« Je ne sentais plus rien... Il est venu avec d’autres hommes »
Je suis restée là plusieurs jours, mais je ne sais
pas combien de temps exactement… Je sais qu’il partait et qu’il
revenait... J’entendais la porte… Je ne sentais plus rien... Il est venu
avec d’autres hommes… Je crois que je me suis évanouie... Je ne sais
pas combien de temps tout ça a duré… Quand je me suis réveillée, pendant
quelques secondes, je ne savais pas si j’étais morte ou vivante. Et
puis la douleur est arrivée d’un seul coup… Elle m’a déchiré le ventre
et là j’ai compris que j’étais en enfer… J’ai pleuré...
« Si ma famille au pays apprenait ce qui m’est
arrivé, ce serait une honte pour elle… Du coup, je ne pourrai jamais
plus rentrer chez moi... »
J’aurais tellement voulu rentrer chez moi, revoir ma
mère… Mais en même temps, j’ai su à ce moment-là qu’il n’y avait aucun
retour possible. J’ai compris aussi ce qui avait dû arriver à ma sœur et
pourquoi elle ne me donnait pas de numéro où la joindre…
Si ma famille au pays apprend ce qui m’est arrivé,
ce serait une honte pour elle… Du coup, je ne pourrai jamais plus
rentrer chez moi... »
* Le prénom et la photo ne correspondent pas à la personne qui témoigne ici afin de préserver son anonymat.
Crédit photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE
La
Caisse des dépôts fait plein de choses, y compris gérer des forêts. Si
elle assure respecter la biodiversité, sur le terrain, la réalité est
tout autre.
Charmante
Caisse des dépôts et consignations (CDC). Il s’agit d’un groupe public
surpuissant que personne ne connaît, et qui emploie directement 30 000
personnes. Brassant des dizaines de milliards d’euros, elle gère la
retraite d’un salarié sur cinq et des fonds d’épargne comme le Livret
A ; investit dans des milliers de projets, souvent à long terme. Elle
est l’investisseur institutionnel par excellence.
Parmi
de si nombreuses activités, elle a créé une société forestière qui
administre autour de 300 000 hectares pour divers (gros) clients. Et,
bien entendu, elle est écologiste comme il n’est pas permis. Extrait de propagande : « Le
changement climatique conduit la Société Forestière à réviser en
profondeur les modèles de production de la ressource bois et à
reconnaître la biodiversité comme révélateur de résilience et de santé
des écosystèmes. » Dans ces conditions, pourquoi s’étonner que la
CDC soit labellisée « entreprise engagée pour la nature » par l’État et
l’Office français de la biodiversité ? Mais allons jeter un oeil sur le
terrain.
De purs sagouins sont en train de changer ce paradis en enfer
La
forêt de Comminges (Haute-Garonne) couvre 800 hectares à environ 90 km
au sud-ouest de Toulouse, classée territoire d’exception écologique
(ZNIEFF). De purs sagouins sont en train de changer ce paradis en enfer
pour les bêtes et les plantes. Des espèces strictement protégées par la
loi y crèvent et y crèveront. Sept jours sur sept, des machines
arrachent et découpent des arbres, créant sur des dizaines d’hectares un
de ces déserts qu’on appelle une coupe rase.
Deux
ou trois employés venus du Tarn suffisent pour le massacre, qui
pourrait « sortir » 8 000 m3 de bois en 2022, après en avoir boulotté
15 000 les deux années précédentes. Et le gestionnaire, énorme surprise,
est la CDC, qui œuvre en l’occurrence pour le compte du fonds Amundi,
filiale du Crédit agricole. À l’arrivée, comme il s’agit de satisfaire
des actionnaires, on plantera à la place de ce qui aura été détruit des
arbres à croissance rapide, comme le pin maritime, le sapin de Douglas
ou le cèdre du Liban.
Résumons
le propos. La CDC, publique, prétend contre l’évidence être au service
de la biodiversité. Et ainsi fait le Crédit agricole, le proprio des
lieux. Dans la liste de ses engagements-la-main-sur-le-coeur, après avoir blablaté interminablement sur le dérèglement climatique, on trouve cette perle à propos de la biodiversité : « La
Banque ne financera pas de projets ou d’activités qui nécessiteraient
une conversion de terres présentant une grande valeur en termes de
biodiversité. » Ah ! grandioses tartufes !
Attention !
Tout est en règle. Amundi dispose d’un label international – PEFC – qui
certifie le caractère « écologique » du bois utilisé. L’édition et la
presse – entre tant d’autres – arborent au reste fièrement ce
certificat, qui prétend que le bois est coupé de manière vertueuse. En
Tasmanie, île proche de l’Australie, des entreprises forestières ont
flingué à la tronçonneuse et au napalm – oui, au napalm – des forêts
uniques au monde, pleines d’arbres-cathédrales. On parlait dès 2009 de
140 000 hectares détruits. Il s’agissait de « cramer les souches et laisser la place à des plantations d’eucalyptus à croissance rapide.
Comme avec les Douglas du Morvan, napalm en moins. Pour que les
bestioles qui auraient survécu ne puissent boulotter les tendres pousses
d’eucalyptus, du poison neurotoxique a comme de juste été épandu autour
des plants. Le tout pour fabriquer du papier. Du papier à chiottes, par
exemple. Et ce saccage dégueulasse a reçu le label PEFC4 ».
Évidemment,
ça proteste. Le 29 décembre, une centaine de riverains – Thierry de
Noblens, merci – se sont retrouvés en pleine forêt, près du lac de
Saint-André-Fabas. Ils ne lâcheront plus les équarrisseurs, mais qui
peut atteindre la Caisse des dépôts ? Comment attaquer un titan comme le
Crédit agricole ? En attendant ce jour béni, cette évidence :
l’Amazonie est proche. Les assassins de la forêt ne sont pas seulement
sous les tropiques. Et certains agissent avec du bon argent public. En
notre nom ? ●
Sous
la pression de la population, le gouvernement serbe a mis un terme au
gigantesque projet minier de Rio Tinto. Le géant australien aurait
extrait assez de lithium dans la vallée de Jadar pour construire
1 million de voitures électriques par an.
Des
habitants inquiets de l'impact environnemental d'une mine de lithium
ont bloqué des axes routiers majeurs en Serbie. (Oliver Bunic/AFP)
C'est
un revers pour le développement de sources d'approvisionnement de
lithium sur le Vieux Continent. Le gouvernement serbe a enterré le
projet de Rio Tinto
qui voulait exploiter le plus grand gisement de lithium en Europe.
Jeudi soir, la Première ministre Ana Brnabic a annoncé avoir mis « un
point final » aux ambitions du géant australien. Dans sa déclaration
retransmise par la télévision publique, la dirigeante explique avoir
« satisfait toutes les revendications des protestataires ».
Dans
la vallée de Jadar à l'ouest de la Serbie, le groupe minier entendait
extraire suffisamment de lithium pour alimenter la construction de plus
d'un million de véhicules électriques par an. Pour atteindre cet
objectif, il était prêt à investir 2,4 milliards de dollars. Cette mine,
à quelques heures de route de l'Allemagne, coeur battant de l'industrie
automobile, aurait propulsé Rio Tinto et la Serbie parmi les principaux
producteurs de lithium d'ici à 2030. Avec l'explosion de la demande, les prix de l'or blanc explosent .
Blocages routiers
Les
populations de la région se sont toutefois massivement soulevées fin
2021, occupant et bloquant des axes routiers majeurs, y compris l'une
des autoroutes qui traverse Belgrade. Habitants et écologistes
dénonçaient l'impact environnemental d'un tel projet, alors que la
Serbie est déjà l'un des pays les plus pollués du continent.
Le
gouvernement et le président Aleksandar Vucic ont même été accusés de
s'être entendus en secret avec Rio Tinto et de dissimuler les études
d'impact. Le sujet est devenu tellement sensible qu'il est venu
parasiter la classe politique à trois mois des élections
présidentielles. Pour calmer les esprits, l'exécutif a, dans un premier
temps, promis un référendum et Rio Tinto a accepté de geler son projet. Sous la pression, le gouvernement a finalement dû céder et il a retiré les permis d'exploitation.
Le
groupe australien assure avoir toujours agi en conformité avec la
réglementation serbe et mène actuellement une réflexion sur l'avenir de
ses activités en Serbie. Mais pour lui, c'est un double camouflet.
D'abord, ce retrait retarde le positionnement du groupe sur les métaux
de la transition énergétique. Surtout, Rio Tinto n'arrive toujours pas à
redorer son image, écornée par le dynamitage d' un site archéologique d'une valeur inestimable , une grotte vieille de 40.000 ans considérée comme sacrée par la communauté aborigène en Australie.
Les mines n'ont pas la cote
Ce dossier est symptomatique du grand paradoxe de la transition énergétique. Le monde a besoin d'une quantité colossale de métaux
- pour atteindre la neutralité carbone, la demande globale de lithium
va être multipliée par 42 d'ici à 2050 - mais les projets miniers
doivent composer avec une opposition locale toujours plus importante. Ce
phénomène touche même les pays habitués à l'extraction minière, comme
au Pérou et au Chili pour les mines de cuivre, vues d'un mauvais oeil en
raison de leur consommation d'eau.
Au
niveau de l'Union européenne, l'abandon du projet sape les ambitions
visant à sécuriser l'approvisionnement en métaux. Une batterie de
voiture électrique contient en moyenne 45 kg de lithium. Pour le moment,
la quasi-totalité des matières premières est importée, notamment de
Chine. Or, Bruxelles souhaite par tous les moyens - ouverture de mines
ou recyclage
- réduire cette dépendance vis-à-vis de l'étranger. Un autre projet de
mine au Portugal peine à avancer en raison, là-bas aussi, de
l'opposition des habitants.