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mercredi 27 février 2019

OGM : les faucheurs volontaires de plantes mutées relaxés


OGM : 

les faucheurs volontaires 

de plantes mutées 

relaxés



par







« C’est confirmé, nous avons fauché des plantes illégales ! » Annick Bossu se réjouit de cette décision de justice. Elle fait partie des 38 faucheurs volontaires relaxés le 17 janvier dernier par le tribunal de grande instance de Dijon. Annick et 37 autres faucheurs étaient poursuivis pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion ». Le 28 novembre 2016, ils ont fauché à visage découvert trois essais de colza Clearfeald cultivés par la société Dijon-Céréales en Côte d’Or. Ces colzas, brevetés par la société BASF, ont été rendus tolérants à des herbicides suite à des mutations – on parle de « mutagénèse ». « Avec cette action, nous voulions dénoncer l’absence de transparence concernant ces cultures qui sont des OGM », explique Annick. « Les colzas détruits étaient des OGM cachés » (Basta ! vous en parlait dès 2012 : Les plantes mutées arrivent en force). Ni le parquet, ni la société coopérative Dijon Céréales n’ont fait appel du jugement. La relaxe des faucheurs est donc définitive.

Selon le site d’informations InfOgm, 37 000 hectares de colza mutés et 160 000 hectares de tournesol mutés ont été cultivés en France en 2016. Or, jusqu’à aujourd’hui, ces variétés ne sont ni évaluées, ni tracées, ni étiquetées car la directive européenne de 2001, qui encadre les OGM, exclut les variétés issues de mutagénèse de son champ d’application. Pour échapper à la réglementation encadrant les OGM, voilà bientôt 20 ans que les semenciers se sont engouffrés dans cette brèche juridique en qualifiant systématiquement leurs nouvelles techniques de « mutagénèse ».

Un arrêt historique de la Cour de justice européenne

Mais la situation devrait changer. Car entre l’action des faucheurs et le procès, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu un arrêt qui va faire jurisprudence : le 25 juillet 2018, elle a confirmé que les organismes obtenus par des techniques de mutagénèse après 2001 sont bel et bien des OGM et doivent être réglementés en tant que tels. Cet arrêt est rétroactif ce qui signifie, dans le cas des parcelles de colzas mutées visées par les faucheurs à Dijon, qu’il revient désormais au semencier de démontrer que sa variété a été traditionnellement utilisée avant 2001, et qu’elle a fait ses preuves en matière de sécurité – alimentaire et pour la biodiversité.

Pour Annick Bossu, professeure de sciences naturelle aujourd’hui retraitée, ces colzas « n’auraient jamais dû être cultivés en plein champ sans autorisation ». « La mutation chimique a été appliquée sur des grains de pollen immatures qui, après un traitement avec de la colchicine, a donné un embryon. Or, dans la nature, un grain de pollen tout seul ne donne rien, il doit féconder un ovule pour donner une plante. Les colzas clearfield sont bien des OGM. »

Clémence des juges

Dans le jugement que Basta ! a pu consulter, il est reproché aux enquêteurs de n’avoir effectué « aucune constatation matérielle (…), ni même de la nature des plants qui auraient été fauchés ». Si le juge ne se prononce pas sur le fait que les parcelles de colzas étaient ou non génétiquement modifiées, il estime que c’est à l’enquêteur qu’incombe la responsabilité de vérifier s’il s’agit ou non d’OGM. Cette décision va donc dans le sens d’un renforcement de l’information sur les parcelles cultivées.

« Compte-tenu du contexte d’action militante dans lequel s’inscrit le mouvement des faucheurs volontaires qui souhaitent voir avancer leur cause, les aveux ne sauraient suffire à caractériser l’infraction de dégradation qui leur est reprochée », précise également le jugement. Pour Annick Bossu, ces lignes traduisent la clémence des juges envers l’action qu’ils ont menée. « Nos idées avancent », analyse-t-elle.

Dans l’attente de la décision du Conseil d’État, des milliers d’hectares d’OGM sont cultivés en France sans être encadrés

Suite à l’arrêt de la Cour de justice européenne qui s’impose rétroactivement à tous les États membres, les paysans et consommateurs vont-ils enfin savoir s’ils cultivent et consomment des OGM ? Au lendemain de la publication de l’arrêt, le gouvernement français s’était fendu d’un communiqué saluant « cette clarification attendue ». Cet arrêt de la Cour de justice européenne « est une étape déterminante, qui va permettre aux juridictions et aux autorités compétentes de disposer d’un cadre harmonisé à l’échelle européenne afin de protéger les consommateurs et l’environnement, dans le respect du principe de précaution », écrivait-il.

Alors que des milliers d’hectares d’OGM illégaux sont semés en France chaque année, les regards se tournent désormais vers le Conseil d’État qui attendait de consulter la Cour de justice européenne avant de prendre sa propre décision. Va-t-il estimer nécessaire que les variétés résistantes et tolérantes aux herbicides fassent désormais l’objet d’une réglementation nationale ? Réponse dans les semaines à venir.

Photo : DijonDéTer / Twitter



Source : https://www.bastamag.net/OGM-les-faucheurs-volontaires-de-plantes-mutees-relaxes

mardi 26 février 2019

Linky - Harcèlement d'Enedis : ils paniquent

 On a reçu ça :


Bonjour, 

Différentes personnes témoignent du harcèlement qu'elles subissent, quelquefois de bon matin, de la part de la Sogetrel et d'Enedis. 

Le ton évolue, pas systématiquement mais assez souvent, vers l'agressivité ; 
des coups de fil, des menaces et des mensonges (fake-news, faisons actuel) se multiplient.

Beaucoup de personnes cèdent, surtout par lassitude, mais aussi par crainte de conséquences financières.

Me croirez-vous si je vous dis que tout cela est faux ? 

Cela fait 3 ans que je suis quotidiennement dans cette question du déploiement du Linky,  ce qui se discute au niveau national.

Je puis vous assurer 2 choses :
  •  le compteur Linky n'est pas obligatoire, que ce soit pour les abonnés qui ont le compteur à l'intérieur, ou ceux qui l'ont à l'extérieur. Ce qui nous trompe, c'est qu'Enedis s'appuie sur des articles de loi disant que les compteurs communicants (pas spécialement Linky), sont obligatoires... pour eux. Enedis a une obligation de déploiement des compteurs communicants. Pour autant, l’abonné n’a pas d’obligation de les accepter. Ceci a été confirmé en 2016 par le Tribunal de la Rochelle : l’abonné peut refuser le Linky ; il peut aussi protéger son compteur.
  •  si l’Etat décidait de rendre obligatoire ces compteurs, (et ça pourrait prendre un certain temps), en aucun cas le remplacement ne pourrait être facturé directement à l’usager, sous prétexte qu’il ne l’avait pas accepté maintenant.
Pourquoi un abonné devrait-il d’ailleurs payer 2 fois son compteur ? 

Les abonnés équipés de Linky l’ont-ils eu gratuitement ? 

Eh bien non : il est prévu que les compteurs vont être intégrés à nos factures à partir de 2021 ou 22. Qu’on en soit équipé ou non, d’ailleurs ! 

LE LINKY N’EST PAS GRATUIT ET NE LE SERA JAMAIS.

En 3° lieu, certains parlent de relève payante. Le point là-dessus. 

Actuellement les relèves sont toujours intégrées dans vos factures (ligne TURPE 5), que vous ayez le Linky ou non, le coût est mutualisé pour un peu plus de 24 €/an. 

Le prix éventuel de la relève spécifique  est envisagé par la Commission de Régulation de l’Energie mais non encore arrêté : en ce qui concerne la relève spécifique pour les gaulois résistants, le prix envisagé est de moins de 30€/par an, soit une différence à payer supplémentaire de 5€/an. 

Cela rejoint donc les prix pratiqués en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.

En dernier lieu, certains ont reçu un document d’Enedis affirmant que Linky respectent un certain nombre de normes, mais pourquoi n’évoquent-ils pas la norme NF C 14100, qui impose de mettre aux normes toute installation électrique du moment qu’on opère une modification majeure ? car un changement de compteur est une modification majeure (demandez-moi le texte si cela vous intéresse).

QUE FAIRE ?

 On est devant une manifestation clairement autoritaire, d’un pouvoir qui sait que le…pouvoir lui échappe. 
D’ici quelque temps, les plaintes déposées partout en France vont aboutir. 
Si certains motifs de plaintes peuvent être contestés parce que la loi est floue ou très permissive, il n’en est pas de même pour les infractions. 
Et la reconnaissance de l’infraction d’atteinte à la sécurité par mépris des normes, est avérée. 
Quand elle sera constatée par la Justice, alors peuvent s’ensuivre des procès en cascade pour Enedis, avec des demandes diverses :

-                  Dépose du tableau bois support du compteur ;

-                  Remise aux normes de l’installation privée aux frais d’Enedis ;

-                  Pose de filtres anti CPL pour les personnes ayant un contrat conclu avant le 01/01/2014…


Bref la facture va être salée.

On comprend maintenant pourquoi ce matraquage actuel, dans les médias, sur les ondes, au téléphone, prétendant que le compteur est obligatoire ou le sera.  

Actuellement Enedis fait traîner en demandant à la partie adverse de produire des documents, pas nécessaires, comme le contrat d’abonnement. 

Ce sont des manœuvres dilatoires afin d’éviter des jugements rendus avant la fin du déploiement et qui impacteraient celui-ci. 

D’où leur attitude qui est de vouloir poser un maximum de Linky en 2019 !  

Attention on sera plus malins je l’espère avec la 5G.

Les médias prouvent une fois encore leur manque d’Indépendance, les journalistes répétant ce qu’on leur a dit plus haut, sans vérification !. 

L’Indep n’a pas encore publié le droit de réponse que j’ai demandé suite à l’article paru le 12 février, le courrier des lecteurs n’a pas non plus fait état de mon courrier aux maires du 66…

Quelques pistes pour résister :

Au téléphone : vous n’avez pas à renseigner la Sogetrel sur les raisons qui vous poussent à refuser le Linky ; ils n’ont qu’à consulter les lettres envoyées à Enedis en LRAR pour le savoir. 

Menacez de porter plainte pour harcèlement : Le harcèlement est puni par la loi : quelle que soit l’attitude des gendarmes, déposez plainte si vous en avez les éléments (dates et heures des appels, si possible n° de tel des appelants)

Ne payez plus par prélèvements automatiques, mais par chèques ou par virements.

Affichez votre opposition en posant un autocollant (on en a des gratuits), sur vos boites aux lettres, voitures, etc : cela fait plus pour convaincre les abonnés qu’ils peuvent résister, que les bonnes raisons évoquées plus haut. 

Nous sommes encore de grands enfants.

Passez au stand, vérifiez vos connaissances de temps en temps, n’hésitez pas à vous renseigner.

Donnez-vous un an, le temps que les plaintes déposées en justice aient été traitées. 

Bien cordialement

Marie Labesse


--

Stand d'information : de 9 h à 12 h à PRADES, tous les mardis devant la biocoop s'il ne fait pas trop mauvais  
INTER-COLLECTIFS du Conflent : chaque 2° lundi du mois ( la prochaine : 11/03), à PRADES au Café Associatif l'Entonnoir, 1 rue des Marchands, 17 h 30.


POUR REFUSER :
LA LETTRE RECOMMANDEE A ENEDIS 

PROTECTION ANTI-VANDALISME

TOUS LES DOCUMENTS SONT DISPONIBLES SUR DEMANDE A CETTE ADRESSE MAIL
A défaut d’adresse mail, contactez les référents des quartiers proches de chez vous.



POUR VOUS INFORMER, TROUVER DES DOCUMENTS-TYPES :
http://info.stoplinkynonmerci.org

Pages FaceBook, Blog, sites : https://stoplinkynonmerci.org

- Les innombrables pages FaceBook consacrées à ce sujet

- Stéphane LHOMME : http://refus.linky.gazpar.free.fr/

- Annie Lobé

- Les associations Robin des toits, Priartem, Next-Up, etc.

- Les revues Nexus, l'Age de Faire, ...

- et bien d'autres connus ou moins connus...


lundi 25 février 2019

Catalogne : la honte de l'Espagne, le déshonneur de l'Europe

Catalogne : 

la honte de l’Espagne, 

le déshonneur de l’Europe

 
 
On peut être pour ou contre l’indépendance de la Catalogne. Mais on ne peut que s’indigner du procès qui s’ouvre à Madrid contre douze responsables indépendantistes catalans. Les accusés risquent de sept à vingt-cinq ans de prison. Non pas pour des faits de terrorisme ou de tentative de putsch. Mais pour avoir conduit un processus politique face à des institutions héritées du franquisme.


C'est le premier grand procès politique jamais organisé dans l'Union européenne. Et personne, ou presque, ne s'en émeut. Espace de libertés, espace de démocratie, l'Union européenne accepte sans rien trouver à y redire l'ouverture d'un procès inique organisé par l'État espagnol contre douze opposants politiques catalans. Cette nouvelle abdication européenne, qui tolère une extrême droite au pouvoir en Autriche, une droite extrême aux commandes en Italie, une ultradroite nationaliste en Hongrie et en Pologne, est un déshonneur de plus. À trois mois des élections européennes, ce procès qui s'ouvre devant le tribunal suprême à Madrid est un signal d'alarme sur la dégénérescence démocratique de l'Europe des 28.

« Nous n'unissons pas des États, nous unissons des hommes », écrivait il y a soixante-dix ans Jean Monnet en présentant l'ambition du projet européen. Les États ? Ils venaient de précipiter le continent dans deux guerres mondiales et une barbarie sans précédent. Il fallait unir les hommes, c'est-à-dire les citoyens, dotés de libertés individuelles et de droits politiques garantis : droit de manifester, droit d'association, droit d'être candidat, d'être élu, droit de mettre en œuvre le mandat confié par les électeurs et les engagements de campagne électorale.

Les accusés face au tribunal suprême, mardi 12 février. © (capture d'écran)


 Ce sont ces droits fondamentaux, socle du modèle démocratique européen, que les accusés de Madrid ont exercés. Ils sont douze à être jugés, neuf d'entre eux sont emprisonnés depuis déjà dix ou quinze mois. Ils sont des élus de premier plan, comme l’ancien vice-président du gouvernement catalan Oriol Junqueras, plusieurs ex-ministres régionaux catalans, députés européens ou l’ex-présidente du parlement régional, Carme Forcadell. Ils sont des responsables de puissants mouvements indépendantistes pacifistes, comme Jordi Sànchez ou Jordi Cuixart, que Ludovic Lamant avait interviewé le mois dernier dans sa prison de Lledoners.

Accusés de rébellion, de sédition, de malversation de fonds publics, d'appartenance à une organisation criminelle, de désobéissance à l’autorité, ils risquent de sept à vingt-cinq ans de prison. Tous ces chefs d'accusation prétendent qualifier ce qui fut un long processus politique entamé dès la fin des années 2000, rythmé par des élections successives. Ce processus a conduit à un référendum d'autodétermination le 1er octobre 2017, que les responsables catalans s’étaient engagés à mettre en place pendant leur campagne électorale régionale en 2015.

Ce 1er octobre 2017, les violences (près de mille blessés) furent d'abord le fait des forces de police dépêchées par le gouvernement de droite de Mariano Rajoy pour empêcher la tenue du référendum, déclaré illégal par le tribunal constitutionnel. Le procès qui s'est ouvert à Madrid devant le tribunal suprême n'est pas celui de rebelles, de factieux ou de putschistes. Il n'est pas celui d'indépendantistes qui « reçoivent l’appui des partis xénophobes, des personnes condamnées pour des actes terroristes et de l’extrême droite de toute l’Europe », comme croit le savoir Manuel Valls, qui a défilé dimanche à Madrid aux côtés de la droite et de l'extrême droite.

Il ne peut pas plus être comparé à ceux des indépendantistes basques de l'ETA, ou aux procès des membres d'Action directe ou de la Fraction armée rouge qui voulaient en finir avec les États français ou allemand. Il est le scandaleux procès de militants politiques pacifistes ayant voulu, avec le soutien des électeurs, redéfinir le pacte constitutionnel espagnol directement hérité du franquisme.

Aussi, la question soulevée par ce procès prévu pour durer au moins trois mois n'est pas d'être pour ou contre l'indépendance de la Catalogne. Elle est celle du respect ou non d'un certain nombre de droits politiques fondamentaux. En refusant l'extradition de Carles Puigdemont, ancien président de la région aujourd'hui en exil et également poursuivi, les justices belge et allemande ont estimé que ses actes ne pouvaient être qualifiés de « rébellion ».

Y a-t-il eu appel à des violences, à un soulèvement, à une insurrection ? Jamais. Tout au long de ce qui fut appelé le « proces », il n'y eut qu'une épreuve de force politique avec Madrid, parfois accompagnée de ce qui pourrait être qualifié de désobéissance civile.

« Pour nous, le dialogue et la négociation, et non l’emprisonnement et les poursuites pénales, auraient dû être la voie à suivre pour que les habitants de la Catalogne puissent se prononcer sur leur avenir au sein de l’État espagnol et de l'Union européenne », écrit José Bové qui, avec d'autres eurodéputés (des groupes des Verts et de la GUE), demande la libération des accusés catalans. « L'Union européenne ne peut rester silencieuse, leur liberté est notre liberté », a estimé l’eurodéputée communiste Marie-Pierre Vieu lors d'un point de presse, le 11 février.

« La relation entre la Catalogne et l’Espagne se résoudra dans les urnes, pas en prison », déclarait Ada Colau au lendemain des arrestations de dirigeants catalans, évoquant « une mesure sans précédent dans l’histoire récente des démocraties européennes ». La maire « indignée » de Barcelone, qui n’est pas indépendantiste mais défend le « droit à décider » des Catalans, a elle aussi saisi les dirigeants de l'Union européenne, samedi 9 février, pour dire son « inquiétude » et dénoncer « une situation anormale en Europe ».

Une justice réincarnation de l’État oppresseur


L’Union européenne n'a pas répondu. Le choix est de se taire après avoir, tout au long de la crise catalane, pris le parti du gouvernement Rajoy et de l'État central. Après avoir refusé tout rôle de médiateur ou de facilitateur entre Barcelone et Madrid, la plupart des dirigeants européens avaient fait savoir qu'il n'était pas question de voir remise en cause l'unité de l'Espagne. « C’est un problème interne espagnol », estimait en octobre 2017 Antonio Tajani, le président du Parlement européen, persuadé que « personne en Europe ne reconnaîtrait une Catalogne indépendante ».

Or la crise catalane est bel et bien une question européenne, comme le furent l'éclatement de l'ex-Yougoslavie au début des années 1990 (et l'Europe ne s'est pas privée d'intervenir), le référendum sur l'indépendance de l’Écosse en septembre 2014 ou le référendum d'indépendance de la Slovénie, en 1990, deux exemples qui inspirent les indépendantistes catalans (lire l'article d'Amélie Poinssot). Ou comme pourrait l'être demain un éventuel éclatement du Royaume-Uni ou une « disparition » de la Belgique si la Flandre menait à bien son projet de sécession.



Une manifestation à Barcelone, le 14 juillet 2018, contre l'emprisonnement des leaders indépendantistes catalans jugés à partir de ce mardi 12 février. © Reuters

L'Union européenne, qui revendique haut et fort sa capacité de médiation et de négociation dans les crises internationales, a abdiqué face au jusqu'au-boutisme de Mariano Rajoy, appuyé par la droite et les débris toujours présents du franquisme, soutenu par la monarchie et bénéficiant de la complicité passive du parti socialiste espagnol (PSOE). Ce qui était une profonde crise politique et institutionnelle a été livré aux mains d'une justice conservatrice, pour ne pas dire extrémiste.

Comme la justice française, la justice espagnole ne s'est pas défaite de liens resserrés avec les responsables politiques. Le processus de nomination des magistrats et l'indépendance réelle des juges sont régulièrement mis en cause par des rapports du Conseil de l'Europe. Une étude récente, rendue publique en janvier 2018 par un groupe du même Conseil, déplorait des « progrès limités » dans la dépolitisation de l'institution judiciaire et le peu de cas qui est fait des recommandations adressées à l'Espagne. C'est cette justice qu'incarne Pablo Llarena, juge à la Cour suprême depuis 2016 et qui portera l'accusation tout au long du procès.

Pour beaucoup d'indépendantistes mais aussi d'observateurs, Llarena n’est autre qu’une réincarnation d’un État oppresseur, héritier du franquisme. Son obstination à poursuivre pour « rébellion », la multiplicité des incarcérations, sa lecture même des faits sont vivement contestées. « Le Parlement catalan a désobéi au tribunal constitutionnel de manière bornée et infatigable durant deux législatures et cinq années », écrit le magistrat dans son ordonnance de mise en accusation, citée par Le Monde. Et il se dit convaincu que « la stratégie sécessionniste peut continuer de manière latente, bien qu’elle se trouve ponctuellement larvée ». 

Que va donc juger le tribunal suprême si ce n'est un différend politique entre la Catalogne et l’État central, qui a progressivement tourné en une crise sans précédent depuis la fin du franquisme ? Car la rupture remonte à la fin des années 2000. Jusqu’alors, l’indépendantisme ne séduisait pas plus de 20 % des Catalans, si l’on en croit les sondages réalisés à l’époque. Mais plusieurs raisons vont inciter des centaines de milliers de personnes à se radicaliser vis-à-vis de Madrid. 

D’abord, la décision du tribunal constitutionnel, en 2010, de rejeter certains articles clés de l’Estatut, un statut négocié sous la présidence du socialiste Zapatero, adopté par le congrès des députés en 2006 puis, la même année, par référendum en Catalogne. Le statut donnait davantage d’autonomie politique à cette région d’Espagne. C’est le Parti populaire de Rajoy qui avait obtenu l’annulation de ces articles. L’affaire avait convaincu nombre de nationalistes catalans de basculer en faveur de l’indépendance.

Autre raison : la crise financière et économique, à partir de 2007. En réaction aux politiques d’austérité décidées à Madrid, à la poussée du chômage, mais aussi à la corruption des partis politiques et aux divers scandales frappant la monarchie, les appels à en finir avec « le régime de 78 » (né de la Constitution de 1978, adoptée trois ans après la mort de Franco) se sont multipliés, pour repenser de fond en comble les institutions. C’est ici que l’indépendantisme a élargi ses bases, à gauche notamment.

Troisième point : le refus obstiné à partir de 2015 de Mariano Rajoy de construire la moindre négociation avec les dirigeants catalans. Cette course à l'abîme d'un chef de gouvernement empêtré dans les scandales de financement allait programmer la crise de l'automne 2017. 

 Le procès qui s'est ouvert ce 12 février ne résoudra rien à cette profonde crise institutionnelle et politique. Il ne peut que l'aggraver. « En cas de condamnations, la crise sera encore plus grave entre nous et le pouvoir central », estime l’exécutif catalan. D'ores et déjà, le chef du gouvernement Pedro Sánchez (socialiste) est accusé de brader « l'Espagne unie » pour avoir seulement réamorcé de timides négociations avec les indépendantistes catalans, qui sont toujours à la tête de la région. Au-delà des nationalistes espagnols exigeant seulement la vengeance, c'est pourtant bien de politique et de négociation qu'il s'agit. C'est le message que devrait porter et imposer l'Europe.


Source : https://www.mediapart.fr/journal/international/120219/catalogne-la-honte-de-l-espagne-le-deshonneur-de-l-europe?onglet=full

dimanche 24 février 2019

Fillols - Ciné-Tchatche de Pascal Rémy - Mardi 26 février - 20H30

 On a reçu ça :



Le Foyer Laïque de Fillols a le plaisir de vous inviter au

CINÉ-TCHATCHE DE PASCAL RÉMY

LE MARDI 26 FÉVRIER
salle des fêtes - 20H30



SÉLECTION DE COURTS-MÉTRAGES
RÉALISÉS PAR PASCAL RÉMY,
EN SA PRÉSENCE


Avec au programme :

-LA CONFESSE (16’) 1979
Interdit aux moins de 18 ans !!

-L’ÉCUMEUR-PIPIER (6’) 1994
Enfin la vérité VRAIE sur les pipes en écume de mer !!

-MOULINS À PAROLES (26’) 2000
14 monologues qui tissent une histoire…

-RÉTRO 2000 (12’) 2010
Paris, Franceland, 8 février 2252. En ce temps-là, presque chaque humain était accompagné par un robot androïde : son assistant-personnel, surnommé AP…

-BIEN VUE, L’AVEUGLE ! (12’) 2015/17
Une rencontre improbable entre une riche aveugle et un pauvre SDF…

-LE BEAU VIRAGE (7’) 2018
Au restaurant Le Beau Rivage, la révolte gronde…


ENTRÉE LIBRE

samedi 23 février 2019

Des drapeaux dans la classe : une atteinte à la neutralité


Des drapeaux dans la classe : 

une atteinte à la neutralité


 Posté le 17 février 2019 par ÉricZ, Nestor Romero



Un vague député de droite vient de proposer un amendement à la loi dite « L’école de la confiance » qui imposerait d’orner toutes les classes de ce pays d’un drapeau tricolore accompagné du drapeau européen et du refrain de l’hymne national. Amendement que le ministre s’est empressé d’adopter.

Cet acte déplorable constitue, ni plus ni moins, qu’un outrage à l’exigence de neutralité de l’État inscrite dans la loi elle-même et la négation de l’esprit de tolérance qui doit présider aux relations humaines en démocratie et particulièrement à l’école.

En effet voici ce que l’on peut lire sur les sites du ministère de l’Éducation nationale :

Le principe de neutralité du service public est le corollaire du principe d’égalité devant la loi consacré par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen […]. Le service public doit, par conséquent être assuré avec neutralité, c’est-à-dire sans considération des opinions politiques, religieuses ou philosophiques des fonctionnaires ou des usagers. (Les principes généraux de l’éducation – éduscol, site officiel du ministère).

Ou encore, sur education.gouv.fr :

L’enseignement public est neutre : la neutralité philosophique et politique s’impose aux enseignants et aux élèves…

Et enfin, dans la Charte de la laïcité à l’école :

Les personnels ont un devoir strict de neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leur fonction.

La question vient alors d’elle même : installer des drapeaux dans les classes (ou, du reste, au fronton des écoles) et obliger les enfants à chanter un hymne est-ce exprimer une opinion politique ou philosophique ? La réponse également vient immédiatement : évidemment ! L’opinion ainsi exprimée tient en un mot : patrie.

Et le député en question n’hésite pas à formuler et à développer cette opinion devant les caméras par ces mots terribles et affligeants : « on doit apprendre aux enfants à aimer la patrie ».

Ce qui n’est rien d’autre que l’expression d’un opinion philosophico-politique.

Car, en effet, si je dis : la notion de patrie est une absurdité car nul ne choisit de naître ici plutôt que là, car nul acte volontaire, nulle détermination de ma part ne préside à ma naissance, si en outre j’invoque les mânes de Montaigne disant :

« On demandait à Socrate d’où il était, il ne répondait pas d’Athènes mais du monde. Lui qui avait son imagination plus pleine et plus étendue embrassait l’univers comme sa ville, jetait ses connaissances, sa société et ses affections à tout le genre humain, non pas comme nous qui ne regardons que sous nous. » (Essais, Livre I, chap. XXVI).

Ou celles de Montesquieu affirmant :

« Je suis nécessairement homme et je ne suis français que par hasard. »

Ou encore celles de Lamartine assurant que :

« L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie, la fraternité n’en a pas. »

Ou, enfin, celles de Jorge Luis Borges opinant que :

« Cette idée de frontières et de nations me paraît absurde. La seule chose qui peut nous sauver est d’être citoyen du monde. »


Si donc je considère tout cela, j’exprime bien une opinion que je peux résumer ainsi : la notion de patrie est une absurdité particulièrement menaçante pour le genre humain.

Mais alors l’inverse exprimé par ce député, l’amour de la patrie, mourir pour la patrie, etc. est bien, également, l’expression d’une opinion et la présence de drapeaux dans les classes est bien l’imposition permanente de cette opinion à l’esprit d’enfants au mépris de la neutralité inscrite dans la loi.

Plus gravement encore cette opinion imposée par des drapeaux dans la classe se convertit en dogme, en vérité d’État comme nous le signale le dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson ouvert à l’entrée « neutralité » :

L’État enseigne sa vérité comme l’Eglise enseigne la sienne.

Car la vérité de l’État est la Patrie comme la vérité de l’Eglise est Dieu. 

Pour qui, alors, considère avec Socrate qu’il est citoyen du monde, avec Montesquieu qu’il n’est français que par hasard, avec Lamartine que la fraternité n’a pas de frontières et avec Borges que l’idée de nation et de frontières est une absurdité, l’imposition du dogme, Patrie ou Dieu, est une atteinte à la neutralité, une atteinte à la personne au sens kantien du terme exprimé dans l’une de ses formulation de l’impératif catégorique :

« Agis de manière à traiter l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne des autres, toujours en même temps comme une fin en soi et jamais simplement comme un moyen. »

Quand l’État impose le dogme de la patrie à l’humanité, qui plus est à des enfants, il ne traite pas ces derniers comme une fin en soi mais comme le moyen d’assurer sa propre pérennité et celle du fonctionnement social auquel il préside. Telle est la raison pour laquelle orner la classe de drapeaux (ou de crucifix) est une atteinte intolérable à la personne de l’enfant.

N’est-on pas alors en droit de s’interroger sur ce que serait une école sans dogme qu’il soit politique, religieux ou pédagogique, ce dernier s’exprimant sous la forme de l’immuable « je parle, tu écoutes et tu restitues ».

On trouve la réponse à si pertinente question tout au long de l’histoire de l’éducation exprimée par des pédagogues qui n’ont pas honte de ce mot et résumée magistralement dans le dictionnaire pédagogique par une apostrophe aux « libéraux » d’antan qui vaut encore pour les nôtres :

« Soyez libéral pour tout de bon : faites de la neutralité, mais vraie et complète. Soyez assez neutres pour respecter le droit de l’enfant à penser sans vous ! »

 
Nestor Romero


Source : https://www.questionsdeclasses.org/?Des-drapeaux-dans-la-classe-une-atteinte-a-la-neutralite

vendredi 22 février 2019

« Arrêtez de mettre des bâtons dans l’Herrou ! » "Injures publiques contre le préfet : le parquet de Nice fait appel de la relaxe de Cédric Herrou"

Deux articles aujourd'hui :



« Arrêtez de mettre des bâtons

dans l’Herrou ! »


  Ce jeudi 14 février, jour de la Saint-Valentin, le tribunal de Nice a relaxé Cédric Herrou suite à la plainte de Georges-François Leclerc, préfet des Alpes-Maritimes, pour « injure publique ». Cédric avait vexé l’édile en comparant sa politique migratoire avec celle réservée aux juifs sous Vichy. « Vive la justice indépendante ! », a déclaré le citoyen solidaire en saluant cette décision. Récit.




Ce jeudi 14 février, journée de l’amour, des cœurs et des Mon Chéri, une petite foule joyeuse et souriante est rassemblée sur la place du Palais de Justice de Nice où, pour la énième fois, Cédric Herrou est appelé à comparaître devant la chambre correctionnelle. Il fait grand soleil, et tout le monde, ici (et ce détail n’est pas anodin), parait heureux.

Pourtant, c’est un véritable duel des titans qui, aujourd’hui, va voir son accomplissement. Oubliez Kaaris contre Booba. Dans le 06, c’est une lutte bien plus dantesque qui occupe les fonctionnaires de justice.

Voici les combattants. Faites sonner la cloche. À ma gauche, Cédric, donc, dit « l’ennemi public de la Roya », 39 ans, citoyen solidaire, agriculteur et éleveur de poule. A ma droite, vraiment très à ma droite, Georges-François Leclerc, dit « le multirécidiviste du 06 » (quatre condamnations au compteur pour « atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale que constitue le droit d’asile »), 52 ans, haut-fonctionnaire, préfet des Alpes-Maritimes. Motif du litige : une « injure grave » qui aurait été proférée sur Facebook à l’encontre du second.

Je rappelle les faits. Il y a quelques mois de cela, la SCNF annonce qu’elle refuse désormais de faire transiter gratuitement les migrants pris en charge à Breil-sur-Roya vers le centre d’accueil de Nice. Cédric propose alors sur sa page Facebook, ouvrez les guillemets, et prenez garde car la violence du propos peut choquer, telle une punchline de rappeur hardcore : « Peut-être que le préfet des Alpes-Maritimes pourrait s’inspirer des accords avec la SNCF pendant la deuxième guerre mondiale pour le transport des Juifs pour gérer le transport des demandes d’asile ? »

Aussitôt, c’est le clash. La réplique de M. Leclerc, légitimement interloqué, dans son cœur fragile de haut-fonctionnaire attaché à l’excellence de sa tâche, même quand celle-ci consiste à refouler illégalement des migrants épuisés vers l’Italie, par ces mots obscènes, ne se fait pas attendre : il porte plainte pour « injure grave à un fonctionnaire ». Lors du premier procès, 5000 euros d’amende sont requis à l’encontre du brigand de la Roya.

Et en ce jour de Saint-Valentin, donc, nous allons enfin connaître le délibéré, qui avait été reporté. Rendez-vous a été donné par la bande de Défends Ta Citoyenneté (DTC), l’association lancée par Cédric et ses amis, pour venir profiter du beau temps en dégustant la cuvée nouvelle d’huile et de pâte d’olive (la récolte ayant été, sachez-le, excellente cette année, avec une cueillette abondante et savoureuse).

Aujourd’hui, pour nous, un seul mot d’ordre : face à la bêtise, garder le sourire, et ne pas perdre cet humour festif qui fait la force des justes.

J’arrive un peu en retard, mes lunettes noires sur le nez, clope au bec, et Cédric est déjà en train de passer. De toute façon, il fait trop beau pour s’enfermer dans un tribunal… Je reste donc dehors pour saluer les copains. Céline m’interpelle : « -Tu as vu nos affiches ? Pas mal, hein ? Je suis sûre que tu es jaloux ». Et comment, que je le suis. Normalement, je m’enorgueillis de trouver des slogans accrocheurs, mais cette fois-ci, les autres se sont surpassés. A côté des grilles du PJ, de petites pancartes garnies de charmantes pétales de fleurs proclament notamment : « Pour la Saint-Valentin, le préfet se fait des films Herrou-tiques » ; d’autres, accrochées en hauteur, annoncent : « Il préfet-re la mort en mer », « l'amour est dans le pré-fet », ou encore : « Arrêtez de mettre de bâtons dans l’Herrou » (sans doute mon préféré, c’est pourquoi j’ai décidé d’en faire le titre de mon papier).

Au bout d’une vingtaine de minutes d’attente joyeuse et conviviale, à jouer avec les enfants, fumer des cigarettes, prendre des nouvelles du petit dernier ou discuter avec les curieux venus demander ce pourquoi nous étions là, Céline reçoit un message : « RELAXE ! » Après un doute sur la teneur de l’information (peut-être lui indique-t-on simplement de rester calme, du genre : "relax, take it easy, il a pris six ans ferme"), la rumeur circule parmi nous, nous crions : « relaxe ! relaxe ! », et une première salve de hourras et d’applaudissement accueille la nouvelle.

Avec Axel, volontaire DTC, nous allons chercher l’huile et la pâte d’olive (qui, message à caractère informatif, diffère de la tapenade en ce qu’elle ne contient pas d’anchois) et les tréteaux dans la camionnette pourrie de Cédric garée dans le parking souterrain, et nous installons le stand dégustation sur la place.

Puis ceux qui avaient assisté à l’audience commencent à sortir du palais. Cédric arrive, escorté par Sabrina Goldman et Zia Oloumi, son duo d’avocat.e.s talentueux.es en plus d’être sympathiques, et nous les applaudissons. Cédric dit qu’il est surpris de cette décision, mais qu’il est heureux que la justice, que l’on peut critiquer sur bien des points, ait ici fait preuve de son indépendance. Il dit : vive la justice indépendante !, remercie ses merveilleux.ses avocat.e.s, puis va parler aux médias présents, dont France 3 Région et 20 minutes, qui rapporte ces propos de Zia : « Cédric Herrou a été relaxé sur le fond de l’affaire. [Cela] lui fait reprendre un peu confiance en la justice, dont il peut ressentir un certain harcèlement. Il a l’habitude d’être écouté quand il provoque, mais pas entendu quand il met le doigt sur des problèmes. »

Cédric évoque également la situation dramatique des demandeurs d’asile dans la Roya, à la frontière franco-italienne, et la pression politique qui est imposée à ceux qui tentent encore et toujours de leur venir en aide, face à des instances publiques répressives et tatillonnes. A ce titre, rappelons que le procureur de Nice vient d’ouvrir une enquête préliminaire visant la Police Aux Frontières (PAF) de Menton, à propos des infractions commises par ses agents –falsification de données, non-respect des droits des demandeurs, reconduite de mineurs… Peut-être la justice, dans cette histoire, finira-t-elle enfin par condamner les véritables criminels, les pantins de l’ordre injuste et les bourreaux, qui, si ils ont une conscience, la voient chaque jour s’encombrer de dizaines, de centaines de victimes, dans le froid mordant de la neige des hauteurs ou la bouche noire et glaçante d’une Méditerranée parfois impitoyable…

Le parquet peut toujours faire appel. Nous le saurons dans dix jours. Mais, pour le moment, cette triste tentative d’instrumentalisation de la justice par un préfet qui assume avec morgue et indécence une politique migratoire inhumaine, prend fin dans la joie et la bonne humeur, sous un soleil quasi printanier. C’est une victoire de plus, après l’annulation par la cour de cassation, en décembre 2018, de la condamnation de Cédric et Pierre-Alain pour « délit de solidarité », et il y a de quoi se réjouir.
Plus le temps passe, plus la justice française, particulièrement en Macronie, montre ses failles (procès ineptes de gilets jaunes, affaire des perquisitions chez la FI et Médiapart, poursuite des citoyens solidaires…), mais quelques lueurs d’espoir, fugaces, subsistent encore. Ce qui les rend d’autant plus savoureuses -comme l'huile d'olive nouvelle.

Prochain rendez-vous : le procès intenté par notre grand ami, le doux, tendre, chauve et tempéré Éric Ciotti, que nous apprécions tous beaucoup et qui, sans doute pour attirer son attention dans le but de quémander son amour, a porté plainte contre Cédric après que celui-ci eût posté sur Twitter : « Quand Eric Ciotti dit en 2018 « Mettons les migrants en Lybie » [des propos malheureusement authentiques, la bêtise de notre édile ne connaissant aucune limite] il dirait en 1940 mettons-les dans les chambres à gaz ». Cédric s’est expliqué auprès de Nice Matin, précisant ses propos : « D'après ses dires, on peut tout à fait imaginer dans quel camp aurait été M. Ciotti en 1940. Renvoyer les migrants en Libye, c'est les conduire directement à la mort. Tout le monde sait qu'en Libye, les hommes et les enfants sont tués, les femmes violées ». Affaire à suivre.

Mais pour le moment, nous sommes là, à parler, à rire, tout en dégustant le pain frais imbibé d’huile d’olive suave et gouleyante. J’en profite pour m’acheter des œufs certifiés Herrou, et estampillés Nature et progrès, ce qui est, comme le fanfaronne un Zia hilare, « encore plus bio que bio. C’est du super-bio, il n’y a pas mieux ». Seul vient troubler la fête un vieux bougon réac' (une denrée assez répandue à Nice), venu hurler : « Prenez-les chez vous, les migrants ! », ce à quoi nous n’avons pu que répondre : « Les prendre chez nous ? Vous êtes un visionnaire, monsieur, on n’y avait pas pensé ! » Mais nous ne lui prêtons guère plus attention : nous avons bien mieux à faire, comme par exemple, être heureux.

Mika, jeune homme fraichement arrivé à Nice pour ses études, que j’avais invité à venir et qui découvre la bande, me confie : « Je suis content d’être venu. C’est beau, toute cette douceur, toute cette tendresse. Ça inspire ». Et c’est bien vrai que c’est touchant et beau, cette atmosphère qui règne maintenant. Ça doit sans doute leur faire envie, tout cet amour, aux costume-cravate de l’autre camp.

Puis, évidemment, nous allons célébrer la victoire sur la terrasse d’un bar du coin. Il y a là Cédric, Marion, Céline, ses deux adorables filles, les avocat.e.s, les bénévoles de DTC, des réfugié.e.s ou demandeurs.ses d’asile, quelques autres potes, et nous sommes bien. La bière est fraîche. Nous nous racontons des blagues, et nous rions et sourions comme seuls savent rire et sourire ceux qui font en sorte de pouvoir se regarder dans le miroir sans frémir, et qui ont au cœur cette joie qui est le don fait aux justes par la vie (car la vie n'aime pas qu'on laisse mourir les gens au prétexte qu'ils sont pauvres et noirs).

Assis sur une terrasse au soleil, baignés par la lumière de ce Sud que nous aimons tant, malgré tous ses défauts, nous sommes bien, nous sommes heureux. On se moque gentiment de nos amis politiciens de droite du 06. On imagine la possibilité de faire monter Pamela Anderson dans la Roya (après tout, elle est déjà venue à Calais), un beau coup de com’ en perspective. On dit des conneries, quoi, on « déconne », comme dirait notre monarque, comme les couillons de pauvres et « réfractaires » que nous sommes.

Nous guettons, sur les réseaux sociaux, les réactions de l’autre camp, et voyons passer celle de M. Estrosi, humoriste involontaire local (et accessoirement maire de Nice) : « Soutien au @prefet06 et aux forces de l’ordre à nos frontières après la relaxe incompréhensible et inquiétante de Cédric Herrou qui avait osé suggérer au préfet de s’inspirer du transport des juifs pendant la 2nde guerre mondiale pour le traitement des demandeurs d’asile ».

Et nous rions. Et nous nous disons que, de l’autre côté, ils ont l’air triste, triste comme la mort, et nous avons pitié pour eux. Ces gens-là ont si peu d’humour. Ils ont l’air de rire si rarement, toujours si sérieux dans leurs costumes gris et noirs.

Il y a une barricade. D’un côté, il y a des difficultés, certes, des épreuves, de la misère même parfois, des souffrances, des violences, des humiliations, des gaz lacrymogènes, des procès et des gardes à vue, mais aussi et surtout des rires, de la joie, de la solidarité, des fêtes, des jeux, des apéros, des repas partagés, et du courage. De l’autre, il y a richesse et pouvoir, mais aussi et surtout de l’ennui, de la tristesse, de la bassesse et de la lâcheté.

Vous voulez être de quel côté ? Moi, j’ai fait mon choix depuis longtemps. Comme nous tous. Et nous y sommes bien. Et ça, aucune poursuite, aucun procès, aucune condamnation ne pourra jamais rien y faire, parce que la flamme des solidaires ne s’éteindra jamais.

En 1940 comme aujourd'hui, il s'agit de ne pas être dans le camp de l'abjection.

Vive la justice indépendante, vivent les citoyens solidaires,

Salut et fraternité,

M.D.

P.S. : le slogan utilisé en titre serait issu, à ce qui se raconte, du cerveau du sieur Herrou lui même. Mais loin de moi l'idée de dire que cet homme aurait du talent.


Compte-rendu du premier procès : https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/301018/le-citoyen-solidaire-cedric-herrou-contre-le-prefet-les-justes-juges-par-les-pantins



Source : https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/150219/arretez-de-mettre-des-batons-dans-l-herrou?fbclid=IwAR01475MM7DoY_RXl6LXbbAd9Z3CnB5M53SrLFjb5885rRe93sMesfEwKR8


 Et hop ! Ça n'a pas tardé : le parquet fait appel de cette relaxe !

Injures publiques 

contre le préfet : 

le parquet de Nice 

fait appel de la relaxe 

de Cédric Herrou


PAR Christophe Cirone
Publié le 20/02/2019




La décision du tribunal avait été accueillie sous les applaudissements, au pied des marches du TGI de Nice, jeudi dernier. Mais Cédric Herrou devra repasser par la case justice, dans l'affaire d'injures publiques qui l'oppose au préfet des Alpes-Maritimes.


L'agriculteur de Breil-sur-Roya, figure emblématique de l'aide aux migrants, était poursuivi pour un post Facebook acerbe, publié en juin 2017. Les forces de l'ordre avaient refusé d'embarquer 92 migrants, dans la Roya, à bord d'un train pour Nice. Cédric Herrou invitait le préfet à "s'inspirer des accords avec la SNCF pendant la 2e guerre pour le transport des juifs pour gérer le transport des demandeurs d'asile... Bref."

>> LIRE AUSSI.  VIDÉO. Relaxé dans le procès qui l’opposait au préfet, Cédric Herrou fait applaudir, à Nice, "l’indépendance de la justice"

Cette référence historique, volontairement provocatrice, était assimilée à des "injures publiques d'une personne dépositaire de l'autorité publique" - en l'occurrence, le préfet Georges-François Leclerc. Le parquet avait requis en conséquence 5.000 euros d'amende.

La défense avait obtenu la relaxe, au grand étonnement de Cédric Herrou lui-même. L'intéressé avait salué, face à ses partisans, "l'indépendance de la justice". Mais le ministère public, lui, estime que justice n'est pas passée, et n'entend pas en rester là. Rendez-vous est donc pris devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence, à une date qui reste à fixer.

Le 14 février, l’agriculteur de la Roya avait salué "l’indépendance de la justice" devant ses partisans.


Source : https://www.nicematin.com/justice/injures-publiques-contre-le-prefet-le-parquet-de-nice-fait-appel-de-la-relaxe-de-cedric-herrou-300428?fbclid=IwAR01VVTGI1JhQkRwKvZh7imavI-AVJUj-DCnpCRmX1-7C2fIOvIiyllezkM