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mardi 31 mars 2020

LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES A L’ENDROIT



LE MONDE 
QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE 
EST EN TRAIN DE REMETTRE 
SES IDÉES A L’ENDROIT



par Coline Serreau

Le gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.

Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre l'espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place. La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.

Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle l'intelligence collective et populaire se manifeste.

En quelques jours, les français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.

Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.

Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment "exploitants agricoles" reçoivent des centaines de milliers d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement tandis que l'industrie chimique prospère.

Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.

Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l'argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts, qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ? Ils l'ont gagné parce qu'il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues, d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité, d'eau courante, d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c’est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.

Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés financiers. Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la dette publique, de remettre les compteurs à zéro.

Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers, l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu'aux banquiers.

J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n'a fait que nous appauvrir.

Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le fric.

Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.

Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu'ils sont en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l'endroit.

Où sont les vraies valeurs ? Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?

Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?

Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?

Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?

Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu'ils ne les soignent ? Une médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?

Alors que la seule médecine valable, c’est celle qui s'occupe de l'environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.

En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d'hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s'en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles survivent, c’est un cercle vicieux qui ne peut mener qu'à des catastrophes.

Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.

Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et attaqueront leur point faible : leur système respiratoire.

Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre efficacement et à long terme contre les virus.

Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d'objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d'abord en achetant moins on devient riches.

Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient, combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.

On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s'envoie des messages qui rivalisent de créativité et d'humour.

Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.

Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n'est ni un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions avec les autres humains.

Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude, c’est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour juguler la solitude.

C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées d'assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n'ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait au bas peuple.

En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.

Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des révisions déchirantes et se réinventer. Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes complices d'un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l’idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités d'artiste qu'il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !

Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !

Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à ceux qui en ont besoin.

Coline Serreau

Réalisatrice de Trois hommes et un couffin, mais aussi de films visionnaires, écolos, humanistes et généreux comme La belle verte ou La crise.

lundi 30 mars 2020

Nucléaire / EPR : le gouvernement profite de la crise du Coronavirus pour accorder 4 ans de plus à EDF...


Nucléaire / EPR : 

le gouvernement profite 

de la crise du Coronavirus 

pour accorder 4 ans de plus 

à EDF...


 Publié le 27 mars 2020

Un décret publié ce jour au Journal officiel accorde un nouveau délai à EDF pour tenter de mettre en service le réacteur maudit en chantier à Flamanville depuis 2008




Le chantier du réacteur nucléaire EPR, lancé en 2008 à Flamanville (Manche), devait être achevé en 2012. Le 10 avril 2007, entre les deux tours de l’élection présidentielle, le premier ministre De Villepin pensait donc avoir vu très large en accordant 10 ans à EDF pour mettre le réacteur en service.

Or, les malfaçons et autres erreurs ont été si nombreuses que, en 2017, le gouvernement a été amené à accorder en catastrophe 3 ans de plus à EDF pour achever le chantier, jusqu’au 10 avril 2020, sans remettre en cause ce chantier malgré l’explosion exponentielle de son coût, passé de 2,8 milliards (*) à plus de 12 milliards .

Mais les nouvelles déconvenues rencontrées par EDF, en particulier les fameuses soudures défectueuses qui doivent encore être réparées (à supposer que ce soit possible pour 8 d’entre elles, extrêmement difficiles à reprendre), ont entraîné de nouveaux retards, rendant à nouveau insuffisant le délai pourtant généreusement accordé.

C’est avec le plus grand cynisme que le gouvernement Macron/Philippe profite de ce que l’actualité est obérée par l’affaire du Coronavirus pour accorder cette fois à EDF quatre ans de plus.

Pourtant, encore plus que celle de 2017, une telle rallonge ne va absolument pas de soi : les conditions économiques, industrielles et financières qui prévalaient en 2007 ont radicalement changé.

En particulier, le coût de la production d’électricité renouvelable s’est effondré alors que cette production est devenue massive. Entre temps, ayant été conçu au début des années 1990, le réacteur EPR est devenu un véritable dinosaure, même du point de vue pronucléaire.

Il est donc absolument nécessaire qu’un débat public soit organisé pour envisager l’arrêt définitif de ce chantier. Bien sûr, un tel arrêt signifierait que des milliards ont été gaspillés en vain, mais c’est de toute façon déjà le cas : avant même la mise en chantier de l’EPR, les groupes antinucléaires affirmaient que ce projet était une ineptie.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il est immensément plus simple de démanteler un réacteur qui n’a pas été mis en service et qui n’est donc pas radioactif. Il est donc parfaitement sensé de mettre un terme au chantier de l’EPR plutôt que de laisser EDF continuer à engloutir en vain des milliards qui seraient tellement plus appropriés dans les plans d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables.

(*) Premier chiffre annoncé par EDF, cf http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article41


Source : http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article369

dimanche 29 mars 2020

Non, le Coronavirus n’est pas notre Décroissance


Le Coronavirus a poussé la quasi totalité de l’humanité à se confiner. En toute logique, les conséquences pour l’environnement s’avèrent des plus salvatrices avec entre autres, baisses des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique. Le PIB ralentit, la planète s’en porte mieux. Les Décroissants en ont rêvé, le Coronavirus l’a fait ?

Non. La période que nous sommes en train de vivre ne ressemble en aucun cas à la société de Décroissance que nous prônons. Ce ralentissement de l’économie est des plus inquiétants d’un point de vue social, démocratique et humain. Cette récession subie aura même des conséquences totalement contraires à ce qui pourrait et devrait émerger d’une Décroissance choisie. Toutefois, il nous semble que cette crise représente une opportunité à saisir pour repenser notre modèle de société, pour qu’il soit en mesure d’éviter ce genre de chocs ou de mieux les absorber.

Le Coronavirus est un révélateur mais aussi un accélérateur des inégalités : isolement des plus vulnérables, exploitation des plus précaires, contamination des plus exposés… Dans ces conditions exceptionnelles, c’est une fois de plus le monde du travail qui impose sa marche à suivre, et génère encore plus d’inégalités. De plus, la tentation autoritaire est de retour…

Pour la Décroissance le Coronavirus n’est en aucun cas une réjouissance, bien au contraire : cette situation est un échec de plus qui nous démontre que seuls un choc et une sidération permettent de susciter du débat, des prises de consciences, et, espérons-le, des changements pérennes dans nos comportements et une transformation en profondeur de notre modèle de société mortifère.

Dans une société individualiste basée sur l’illusion de toute puissance, il a fallu un virus pour nous rappeler le sens des limites et de la mesure, pour nous rappeler notre vulnérabilité, et mettre en évidence la fragilité des systèmes complexes que nous avons construits. Nous ne contrôlons pas la nature, nous en faisons partie. De même, nous faisons face à des limites techniques et énergétiques.
Quand les frontières se ferment ou comme pour bientôt, quand le pétrole se met à manquer, c’est toute la chaîne industrielle qui s’effondre. Enfin, on ré-apprend l’humilité et le bon-sens sur le besoin de services publics, de relocalisation et de solidarités informelles.

Cette situation historique, non désirée et non désirable, est peut-être une dernière chance pour une sortie sereine de la société de croissance. Comment transformer une tragédie imposée en opportunité ? Depuis une semaine, nous devons réapprendre à ralentir, à revoir nos priorités, à nous désintoxiquer du travail, du productivisme et du consumérisme. Le hamster est sorti de sa roue et pourtant tout ne s’est pas effondré, la vie continue malgré tout…


La Décroissance que nous prônons c’est un peu ce que certains, libérés du travail, vivent ces jours-ci mais sans le confinement et avec de la convivialité, des solidarités, et en revenant à l’essentiel. La période actuelle nous enseigne qu’il est possible de ralentir, et que c’est même souhaitable, à condition d’adapter notre modèle économique à ce type de vie. L’expérience actuelle nous montre que le politique peut et doit reprendre le pouvoir sur une économie qu’il faut à tout prix remettre au service de la société, plutôt que de la protéger, de lui donner priorité, et de la mettre sous assistance, quitte à sacrifier les droits les plus élémentaires.

Elle nous recentre également sur des essentiels : l’accès à l’alimentation, à la santé apparaissent ainsi comme les deux besoins les plus vitaux. Elle questionne l’utilité même de certaines activités. En nous imposant une distanciation sociale, et un repli dans des interactions virtuelles appauvries, met violemment en évidence l’un des principes centraux de la Décroissance que rappelle notre slogan moins de biens, plus de liens : la convivialité.

Nous reviendrons dans les jours et semaines qui viennent sur ce que la Décroissance propose pour éviter ou mieux absorber des chocs d’origine sanitaire ou autr, qui ne manqueront de se reproduire si nous ne changeons rien. Cette période est une opportunité pour se reposer la question du sens de nos vies, de nos activités, de notre rapport à l’autre et à notre environnement, de ce qu’on produit ? Comment ? Pour quel usage ? De l’absurdité du toujours plus, du bougisme permanent, de la religion de l’économie. Comment penser et construire des transitions vers de nouveaux modèles de sociétés relocalisées mais ouvertes, justes, solidaires, soutenables mais surtout conviviales et souhaitables ?

La Décroissance nous y invite. Le Coronavirus, prémisse d’un effondrement annoncé et en cours, peut, avec la contrainte, nous offrir un espace pour des pas-de-côté. Mais la partie est loin d’être gagnée, tant la religion de la croissance reste présente et l’histoire nous montre que le retour à la « normale » est le plus souvent la norme. Pédagogie des catastrophes ou stratégie du choc, à nous de nous emparer de cette opportunité, en restant bien confinés, mais solidaires.



http://www.projet-decroissance.net/
contact@projet-decroissance.net




Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet et Anisabel Veillot (co-auteurs de Un Projet de Décroissance) et Thomas Avenel

Source : http://www.projet-decroissance.net/?p=2637


jeudi 26 mars 2020

Coronavirus : le jour où les animaux se révoltèrent contre les humains...


Coronavirus : 

le jour où les animaux 

se révoltèrent 

contre les humains...


 25 mars 2020 / Dimitri de Boissieu




C’est l’histoire d’une réunion de crise, celle d’un pachyderme, d’un charançon, d’un lézard des papayes et de bien d’autres animaux : et s’ils trouvaient une solution pour stopper l’extermination de masse qu’ils subissent ? L’auteur de ce conte vous invite à leur table. Sans rien vous gâcher, sachez que la chauve-souris et le pangolin finissent présidents de l’ONU.

Dimitri de Boissieu est écologue de formation et éducateur à la nature et à l’environnement. Il est l’auteur de Bolivie, l’illusion écologiste, aux éditions écosociété, 2019.

Dimitri de Boissieu.



Dans un lieu tenu secret, perdu au fin fond d’une forêt asiatique, se tint à la fin de l’année 2019 une réunion importante, qui changea la face du monde.

L’éléphant, roi des animaux, avait convoqué toute sa communauté et ses plus grands conseillers pour discuter d’un sujet grave. Les animaux étaient arrivés par centaines des cinq continents, de l’Arctique et des océans, transportés par d’agiles goélands.

L’imposant pachyderme introduisit la réunion de crise :

Chers amis, je vous ai convoqué pour que nous abordions ensemble un sujet dont nous avons malheureusement pourtant déjà maintes fois débattu. Nous savons tous que l’humain est inconséquent. Les incendies qui ont récemment ravagé le Brésil, la Bolivie et l’Australie ont décimé nombre d’entre nous. C’est pour moi la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui m’a incité à vous réunir ici aujourd’hui.
Il est grand temps de se défendre. Il est urgent de stopper l’extermination de masse dont nous sommes victimes et le réchauffement de notre Terre, qui, vous le savez, nous menace tous et toutes également. Je compte sur chacun et chacune d’entre vous pour faire preuve d’une grande inventivité, qui nous permettra de bâtir collectivement une solution rapide et sans risque d’échec. »

Un brouhaha se fit entendre. Il y avait, comme à chaque fois que les animaux abordaient ce sujet, les plus radicaux, qui souhaitaient exterminer l’humain purement et simplement, et ceux, plus conciliants, qui pensaient pouvoir raisonner l’espèce hégémonique.

Le lézard des papayes prit la parole en premier :

C’est toujours la même chose ! On parle, on parle, mais on ne fait rien. L’humain n’entend rien et ne comprend rien ! Il s’agite sans cesse et ne peut s’arrêter de détruire. Rappelez-vous de la centrale nucléaire que nous avions décidé de faire exploser au Japon il y a quelques années. Cela n’a rien donné ! L’humain répand encore et toujours l’énergie nucléaire partout sur la planète. Il nous faut trouver une solution bien plus radicale qui nous débarrasse à jamais de cette espèce. Si nous ne réagissons pas fermement, nous ne serons bientôt plus là pour en débattre. »

La tortue luth, le charançon, le singe-araignée et le streptocoque doré développèrent alors chacun leur tour un argumentaire détaillé. Il s’agissait de miser sur la prise de conscience des jeunes humains, qui se mobilisent de plus en plus pour le climat, sur le foisonnement des initiatives locales de transition et sur la prise en compte croissante de l’écologie par les partis politiques.


L’éléphant, roi des animaux, avait convoqué toute sa communauté.



La laitue, qui avait également fait le déplacement, réagit à son tour avec véhémence :

Foutaise ! Ces gens sont gouvernés par de dangereux idiots comme Trump, Poutine et Bolsonaro ou par de beaux parleurs comme Macron. Même notre ami bolivien Evo Morales jacte beaucoup, mais ne fait rien.

Peu visible dans l’assemblée mais pourtant bien là, le coronavirus toussota pour signifier qu’il désirait prendre la parole. L’éléphant la lui donna :

- « Vous savez, chers amis, que je suis capable de bien des prouesses… »
L’iguane : - « Petit mais costaud ? »
Le corona : - « C’est ça. »
Le chironome : - « Vas-y, raconte. »
Le corona : - « Je suis capable, en assez peu de temps, de rendre malade quelques millions d’êtres humains sur la planète. »
La moule d’eau douce : - « Avec une petite grippe de rien du tout ? »
Le corona : - « Certes, mais une petite grippe très contagieuse, qui décimera surtout les plus vieux humains. Une vision politique humaine plus respectueuse de la nature, portée par les plus jeunes, pourra alors émerger et déferler sur le monde. »

On sentit un certain calme se répandre dans l’assemblée forestière. L’éléphant demanda au coronavirus de poursuivre. Celui-ci expliqua qu’il avait besoin de complices. La chauve-souris et le pangolin se portèrent volontaires.


Il s’agit de miser sur la prise de conscience des jeunes humains, estime le charençon.

Après plusieurs prises de paroles complémentaires et un vote, l’éléphant conclut :
Cette stratégie, radicale mais laissant néanmoins une chance à l’humain, est validée. La chauve-souris et le pangolin se rendront dès demain matin sur le marché le plus proche, afin d’y répandre le coronavirus. »
C’est ce qu’ils firent.

En quelques semaines, l’épidémie gagna toute la Chine, puis l’Europe et tous les autres continents. Les humains malades se comptèrent par dizaines de milliers. Pour éviter la propagation de la pandémie, on ferma les écoles, les magasins et les frontières. On demanda à chacun de rester chez soi. L’économie ralentit drastiquement, les déplacements superflus furent interdits. Il y eut bien quelques mouvements de panique, des pillages de supermarchés, mais les armées contrôlèrent la situation. Quelques anarchistes tentèrent aussi de résister mais leur démarche était insignifiante. La population humaine, apeurée par la menace, se soumettait docilement aux consignes de ses dirigeants.

Faisant cela, elles eurent plus de temps disponible car elles ne travaillaient plus ou presque plus. Dans les villes, les gens se mirent à lire davantage, à écrire, à dessiner, à jouer de la musique avec leurs proches. Dans les campagnes, nombreux étaient celles et ceux qui prenaient l’habitude de partir quotidiennement se promener dans la nature, aux abords de leurs villages. La baisse drastique des déplacements motorisés fit chuter la pollution atmosphérique.

La pandémie se calmait chaque été mais revenait chaque hiver avec plus d’intensité. Elle fit de très nombreuses victimes.

Après chaque période de confinement forcé, les humains se mettaient à consommer et circuler frénétiquement, comme pour rattraper le temps perdu. Les courbes de pollution remontaient en flèche et les plans de relance économique ré-amplifiaient la croissance. Mais peu à peu, de plus en plus d’humains prirent goût à une vie plus simple, moins stressée, dans laquelle on avait droit à l’air pur et le temps de regarder les étoiles. Anticipant chaque période de confinement et de pénuries, les communautés humaines commençèrent à s’organiser localement de manière solidaire : éduquer les enfants, se soigner avec les plantes sauvages, cultiver des tomates et élever des volailles.



Le vrai basculement eut lieu lors du quatrième hiver. Un pic extrêmement sévère de la pandémie obligea à la fermeture de toutes les entreprises dans la plupart des pays du monde. Le réseau Internet s’arrêta. Les ventes par correspondance également.

Les sociétés humaines étaient alors assez organisées, autonomes et conscientes pour absorber le choc, qui devint une opportunité.

Au 23e jour du printemps 2023, l’ONU organisa une assemblée générale extraordinaire. Elle décréta le droit à la vie comme principe maître de toute action sur Terre et élit comme coprésidents... la chauve-souris et le pangolin.

Lire aussi : Le confinement, un répit pour les animaux sauvages

Source : Courriel à Reporterre
- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.
- Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.


Dessin :
Pixel Vengeur

Photo :
. chauve-souris. Pixabay
. charançon. Pixabay
. Elephant. Pauline Guilmot / Flickr

Source : https://reporterre.net/Coronavirus-le-jour-ou-les-animaux-se-revolterent-contre-les-humains

mardi 24 mars 2020

Coronavirus : les livreurs, travailleurs sacrifiés « pour des pizzas et des burgers »

Coronavirus : 

les livreurs, travailleurs sacrifiés

 « pour des pizzas et des burgers »





20 mars 2020 / Alexandre-Reza Kokabi et NnoMan (Reporterre)





 Les livreurs des plateformes comme Uber Eats et Deliveroo continuent de travailler, en dépit de la crise sanitaire. Ne disposant ni de droit de retrait ni de chômage partiel, ils apportent quotidiennement des plats à des citadins confinés.


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  • Paris, reportage
La France « en guerre » contre le coronavirus ? Le président Emmanuel Macron l’a seriné dans son allocution du lundi 16 mars au soir. Le lendemain, à midi, un confinement strict était instauré afin de ralentir la propagation du coronavirus. De nombreuses professions échappent néanmoins à cette injonction, « quand le travail à distance est impossible ». Selon le ministère du Travail, six emplois sur dix ne peuvent être exercés en télétravail. Parmi eux : le métier de coursier. Sur leurs deux-roues, ils continuent de turbiner malgré le coronavirus, vivant avec la peur d’être exposés et de contribuer à sa propagation.

Place de la République, à Paris, une dizaine de livreurs prennent leur mal en patience devant un fast-food. Depuis samedi 14 mars à minuit, les bars et restaurants, activités jugées « non indispensables » au fonctionnement de la nation, n’accueillent plus de clients. Toutefois, les livraisons à domicile ont été autorisées et les restaurants misent sur la vente « à emporter » pour maintenir leur activité. Une aubaine pour les plateformes de livraison comme Uber Eats, Deliveroo, Stuart ou Glovo, qui se présentent comme des recours pour permettre aux Français de se nourrir sans sortir de chez eux. Ainsi, certaines enseignes, rideaux de fer baissés de moitié, continuent de concocter des burgers, des pizzas ou des tacos.

Nidhal, six mois de livraisons au compteur pour la plateforme Glovo, attend une commande. Posé sur la selle de son vélo, sac isotherme jaune sur le dos, il raconte ses difficultés à décrocher des livraisons depuis le début de la crise sanitaire. Au début du confinement, certains restaurants écoulaient leurs stocks, mais ils ferment peu à peu. Il anticipe une fin de mois difficile. Rencontré en milieu d’après-midi, Moussa n’a eu « que quatre commandes depuis ce matin ». Il touchera, pour cela, une vingtaine d’euros. Une misère.

 Nidhal, six mois de livraisons au compteur pour la plateforme Glovo.

« Cette crise doit accélérer le mouvement de requalification du statut d’autoentrepreneur »


Casque de motarde vissé sur la tête, Selena trouve « le temps long ». « En temps normal, on prend nos pauses ensemble, avec les autres livreurs », mais Uber Eats et Deliveroo lui interdisent d’approcher ses camarades à moins d’un mètre. La coursière travaille neuf heures par jour, malgré la pandémie. « Les autoentrepreneurs, crise sanitaire ou pas, si on arrête de bosser on n’est pas payés, dit-elle. Je préférerais rester chez moi, je m’inquiète pour ma santé et celle des autres, mais je n’ai pas le choix, je ne peux pas bosser en télétravail. Il faut payer mon loyer, mes factures, ma nourriture. »

 Selena : « Les autoentrepreneurs, crise sanitaire ou pas, si on arrête de bosser on n’est pas payés. »


 « Contrairement aux salariés d’Amazon qui font valoir leur droit de retrait, les livreurs n’ont aucun filet de sécurité, explique Thomas Coutrot, économiste et membre d’Attac, spécialiste des questions liées au travail et à la démocratie. Ils sont contraints de recourir au statut d’auto-entrepreneur pour pouvoir travailler avec les plateformes. Ils ne peuvent pas faire valoir de droit de retrait et n’ont pas accès au chômage partiel. » En période de pandémie, les livreurs sont donc dos au mur : s’ils continuent de travailler, ils s’exposent au virus, mais s’ils arrêtent, ils ne perçoivent plus d’argent.

 Moussa.


« La crise actuelle met en lumière l’importance des protections sociales, dit Thomas Coutrot. L’ubérisation a atomisé les travailleurs, les a précarisés et les a mis en concurrence les uns avec les autres. S’ils ne vont pas travailler, d’autres les remplaceront et ils ne toucheront rien. Ça a considérablement réduit leur capacité de réaction collective et ça les oblige à travailler même dans des conditions insalubres et dangereuses. » Pour l’économiste, « cette crise doit accélérer le mouvement de requalification du statut d’auto-entrepreneur ».

Un téléphone sonne : une commande est tombée. Un livreur fait vrombir son scooter et s’élance à toute allure dans les rues désertes de la capitale. « Dans la guerre déclarée par Emmanuel Macron, nous n’avons rien à faire dehors », dénonce pourtant Vincent Fournier, un représentant des livreurs Deliveroo. Coursier depuis janvier 2019, il réduit drastiquement son temps de travail pendant la pandémie. « En temps normal, je travaille jusqu’à 60 heures par semaine mais aujourd’hui, par exemple, j’ai travaillé une heure et demie », dit-il. Il aimerait stopper totalement son activité, « par mesure de précaution », mais il continue de livrer pour éviter la banqueroute. « Pendant que les cadres des plateformes sont confinés, des coursiers s’exposent au virus et prennent le risque de le transmettre pour pouvoir payer leurs loyers et remplir leurs frigos », souffle-t-il, amer.


 Ousmane.

Dimanche, le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, a présenté un « guide des précautions sanitaires à respecter dans le cadre de la livraison de repas à domicile ». Celui-ci recommande la livraison « sans contact » afin d’« assurer une protection maximale des personnes qui préparent les repas, des livreurs et des clients ». Les plateformes ont transmis ces consignes aux coursiers. « Lors de la livraison, on doit prévenir le client, déposer la commande devant sa porte et s’éloigner, puis l’appeler », explique Ivan, livreur Deliveroo, qui espère pouvoir « continuer à bosser pour rendre service aux gens qui ne peuvent plus sortir. »

 « Le guide des bonnes pratique ne sert qu’à encourager les clients à continuer d’utiliser les plateformes »

 

« La sécurité de tous les utilisateurs est notre priorité et nous sommes résolus à mettre en œuvre toutes les recommandations du gouvernement afin de limiter la propagation de l’épidémie », assure Uber Eats. Mais ces mesures sont largement insuffisantes, selon Vincent Fournier : « Même si le livreur est de bonne volonté, la nourriture et les sacs sont manipulés par les restaurateurs et par les clients. On croise énormément de monde, on touche des ribambelles de poignées, de digicodes, de sonnettes et des lumières à longueur de journée. On se met en danger et on peut contaminer d’autres personnes. Si on est porteurs du virus, on le répand partout. »

Le « guide des précautions » enjoint également les livreurs à « régulièrement nettoyer le matériel de livraison ». Or, les livreurs rencontrés par Reporterre assurent unanimement que les plateformes ne leur ont jamais fourni de masques, de gants ou de gel hydroalcoolique.

                                                                           Ivan.


« Le guide des bonnes pratique ne sert qu’à encourager les clients à continuer d’utiliser les plateformes, de façon à ce que les coursiers bossent sans qu’on ait besoin de les indemniser », s’insurge Jérôme Pimot, cofondateur du Clap (Collectif des livreurs autonomes parisiens). « Si les coursiers étaient réquisitionnés pour livrer des produits de première nécessité, des dons de sang aux hôpitaux, on comprendrait, mais on parle ici de livraison de pizzas et de burgers, déplore-t-il. Ce gouvernement protège une nouvelle fois le business coûte que coûte, quitte à mettre en péril la vie d’auto-entrepreneurs déjà précaires. »

Pour le collectif, l’arrêt immédiat des plateformes de livraison est « une urgence absolue pour stopper la pandémie » et il doit impérativement s’accompagner d’une indemnisation pour les coursiers « sur la base des données fournies par les plateformes à l’Urssaf », qui permettent de connaître le nombre d’heures travaillées et les montants perçus par les livreurs.


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Source : Alexandre-Reza Kokabi pour Reporterre
Photos : © NnoMan/Reporterre
. chapô : À Paris, mardi 17 mars 2020.



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