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vendredi 31 juillet 2020

Coronavirus : le masque que vous portez est-il le produit du travail forcé des Ouïgours ?





Et si le masque que vous portez pour vous protéger du coronavirus était le produit d’un travail forcé ? C’est la question que soulève le quotidien The New York Times dans une enquête mise en ligne dimanche 19 juillet. Sur la base d’une centaine de vidéos des autorités chinoises, mais aussi de photographies, de documents gouvernementaux, ou encore de suivis de cargaisons, le journal révèle comment Pékin a contraint de nombreux Ouïgours et d’autres membres de minorités ethniques musulmanes de Chine à rejoindre ses usines de fabrication d’équipement de protection individuelle (PPE, personal protective equipment), utilisés dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Selon les chiffres de l’Administration nationale chinoise des produits médicaux, cités par le journal : avant la crise sanitaire, seules quatre entreprises du Xinjiang, immense territoire semi-désertique situé dans le nord-ouest du pays, produisaient des PPE. Au 30 juin, elles étaient 51. Et, « au moins » 17 d’entre elles participent au programme de rééducation par le travail mis en place par Pékin il y a quelques années, insiste le New York Times.

Les Ouïgours constituent l’un des 56 groupes ethniques du pays, dont les Han sont l’ethnie majoritaire. Ils représentent près de la moitié des 25 millions de personnes vivant dans le Xinjiang. La zone a été le théâtre de plusieurs attentats meurtriers, attribués par les autorités chinoises à des séparatistes et des islamistes.



Lire aussi le reportage : Comment la Chine tente d’effacer les minorités musulmanes
 
 

C’est dans ce contexte que Pékin a mis en place, il y a quelques années, un programme de rééducation par le travail. Officiellement, son objectif est de permettre à la population de la région de trouver un emploi et de l’éloigner ainsi de toute tentation extrémiste ou terroriste.

Dans ce cadre, le gouvernement a facilité le transfert massif de citoyens ouïgours et d’autres minorités ethniques du Xinjiang vers des usines situées dans tout le pays. Là, les nouvelles recrues sont astreintes à l’apprentissage du mandarin et elles déclarent leur allégeance au drapeau lors de cérémonies hebdomadaires.

Sollicité par le New York Times, le porte-parole de l’ambassade de Chine aux Etats-Unis a expliqué que ce programme aide « les résidents locaux à sortir de la pauvreté grâce à l’emploi et à mener une vie satisfaisante ».

« La loi de l’offre et la demande »


Mais pour les défenseurs des droits de l’humain, derrière le programme loué par Pékin se cache en réalité un « nouvel archipel du goulag ». Les « centres de formation professionnelle » sont, disent-ils, l’instrument d’une politique féroce d’internement, d’endoctrinement et de travail forcé des minorités musulmanes, d’ailleurs régulièrement pointée du doigt par la communauté internationale.


Lire aussi l’enquête : Kazakhs et Ouïgours dans l’enfer du goulag chinois
 
 

Car Pékin a déterminé des quotas de travailleurs, et de lourdes pénalités sont encourues par ceux qui refusent de coopérer, rendant la notion de volontariat toute relative. Un rapport du centre de réflexion Australian Strategic Policy Institute (ASPI), publié le 1er mars, dévoilait ainsi que 27 usines ont fait travailler sous la contrainte des milliers de Ouïgours. Parmi ces usines figuraient des sous-traitants de 83 grandes marques internationales, comme Apple, Nike, Adidas, Bosch, ou encore Alstom…

Selon l’étude, entre 2017 et 2019 plus de 80 000 personnes ont été transférées hors du Xinjiang pour venir grossir les rangs des ouvriers à travers la Chine, certaines ayant été préalablement internées dans des camps de détention.


 
Lire aussi Des travailleurs ouïgours enrôlés de force dans des usines chinoises
 

« Tout est régi par la loi de l’offre et de la demande », résume, de son côté, The New York Times, qui précise que si la majorité des biens produits dans ces usines sont destinés au marché domestique, certains se sont toutefois retrouvés aux Etats-Unis, ou encore au Brésil.


 
Lire aussi Coronavirus : toute la planète cherche à acheter des masques de protection en Chine
 

La France n’est pas directement citée dans cette enquête, mais elle a été le récipiendaire de centaines de millions de masques en provenance de Chine durant la pandémie. Encore au cours de ces dernières semaines, des cargaisons sont arrivées à Dunkerque, Nantes ou en Ile-de-France, notamment pour reconstituer les stocks stratégiques dans le pays.



Le Monde




 

jeudi 30 juillet 2020

Lettre ouverte : le Ministre de l'Intérieur doit dissoudre la cellule Déméter


Lettre ouverte : 

le Ministre de l'Intérieur 

doit dissoudre 

la cellule Déméter




Dans une lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, France Nature Environnement et 12 organisations demandent la résiliation immédiate de la Convention de partenariat signée entre le ministère de l’Intérieur, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles et les Jeunes agriculteurs et sollicitent la dissolution de la cellule de renseignement « Déméter ». Cette cellule, visant à réprimer les « actions symboliques de dénigrement du milieu agricole », constitue une injustice et une menace pour tous les défenseurs de l’environnement.


vendredi 17 juillet 2020
Monsieur le Ministre,

À l’occasion du remaniement ministériel, le Président de la République a annoncé de nouveau vouloir tenir compte des enjeux environnementaux, tandis que le nouveau Premier ministre affirmait que « l’écologie n’est pas une option, elle est entrée dans toutes les têtes »[1]. Alors que vous prenez vos fonctions, nous souhaitons attirer sans tarder votre attention sur un sujet qui inquiète grandement la société civile : la cellule de renseignement dite « Déméter ». Instaurée par votre prédécesseur, elle constitue une injustice et une menace pour tous les défenseurs de l’environnement, et nous vous demandons de bien vouloir la dissoudre dans les meilleurs délais.

Le 13 décembre 2019, Monsieur Castaner a signé avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA) une convention de partenariat « renforçant la sécurisation par la gendarmerie des exploitations agricoles » par l’organisation d’un partage d’informations privilégié et la mise en place d’un réseau de surveillance. Cette convention[2] a été rendue publique par le journal Le Monde le 13 février 2020.

Le communiqué de presse du ministère de l’Intérieur, daté du 13 décembre 2019, indique que ce partenariat est l’un des éléments de mise en oeuvre de la cellule « Déméter » (Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole) créée le 3 octobre 2019 sous l’impulsion du ministère de l’Intérieur pour faire face à « l’agribashing ». Ce terme, récemment imposé par des communicants de la FNSEA et des lobbyistes, n’a aucune base juridique et entretient une confusion entre la critique justifiée des ravages de l’agro-industrie sur l’environnement, la biodiversité et la santé, et le prétendu dénigrement des agriculteurs eux-mêmes.

On peine à comprendre les objectifs réellement poursuivis par le ministère de l’Intérieur dans la mesure où les actes visés (vols, dégradations, violations du domiciles, etc.) sont des infractions déjà réprimées par la loi. Par ailleurs, les « actions de nature idéologique » comprenant « de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole »[3] relèvent en fait de la liberté fondamentale de communiquer des informations ou des idées et ne constituent pas des infractions dans un système démocratique.

À ce mandat douteux s’ajoute le fait que le partenariat signé entre le ministère de l’Intérieur, la FNSEA[4] et les JA crée une rupture d’égalité entre les différents syndicats agricoles représentatifs français , confie une mesure de police à des acteurs privés et incite les agriculteurs à des opérations de dénonciation à l’encontre de ceux qui utilisent leur liberté d’expression, comme s’il s’agissait de délinquants.

Les dérapages n’ont pas tardé : on citera à titre d’exemples un entretien d’une heure de la gendarmerie avec le Président de l’association Alertes Pesticides Haute Gironde concernant l’organisation des « États généraux des riverains » autour de la question des pesticides en décembre 2019 ; la présence de la gendarmerie lors d’une réunion de préparation d’actions en vue de la « Semaine pour les alternatives aux pesticides » dans le Tarn en février 2020 ainsi que la convocation à la gendarmerie d’un juriste, porte-parole de l’association Sources et rivières du Limousin pour une interview où ce dernier s’opposait à la construction de serres industrielles à tomates hors-sol en juin 2020...

La dissolution de cette cellule a été demandée à plusieurs reprises à votre prédécesseur[5]. Dans sa réponse à l’une de ces demandes, Monsieur Castaner affirmait que cette cellule avait été créée pour s’occuper des « groupes criminels ». Les associations précédemment citées sont-elles considérées comme criminelles ?

Extrêmement inquiètes face aux nombreuses dérives possibles d’une cellule de renseignement au mandat flou, reposant sur un partenariat public-privé, des associations[6] environnementales ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris le 10 avril 2020 afin d’obtenir l’annulation de la convention de partenariat organisant le partage d’informations entre la gendarmerie nationale et deux syndicats agricoles, fervents défenseurs du modèle agricole conventionnel.

Alors que la loi permet déjà de protéger les agriculteurs contre les actes de vandalisme, nous remettons en cause les méthodes d'intimidation – permises par la cellule « Déméter » et la convention de partenariat – visant les défenseurs de l’environnement qui décideraient de s’exprimer contre les pratiques agricoles conventionnelles.

Sur la base de ce qui précède, nous demandons donc la résiliation immédiate de la convention de partenariat signée entre le ministère de l’Intérieur, la FNSEA et les JA ainsi que la dissolution de la cellule de renseignement « Déméter ».

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre plus haute considération.

Signataires :

Franck Bernard et Michel Vampouille, représentants de Terre de Liens ; Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) ; Maxime Combes, porte-parole d’Attac France ; Khaled Gaiji, président Les Amis de la Terre ; Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne ; Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ; Nicolas Laarman, délégué général de POLLINIS ; pour le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) : Cédric Letourneur, secrétaire national ; Fabrice Nicolino, président de Nous voulons des coquelicots ; Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement (FNE) ; François Veillerette, directeur de Générations Futures ; Dominique de Viviès et Jean-François Hivert, co-président.e.s. des Chrétiens dans le monde rural (CMR).
 

[1] Interview à la PQR, le 2 juillet 2020 ; sur TF1, le 3 juillet 2020.
[2] Convention de partenariat entre le ministère de l’Intérieur, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles et Jeunes Agriculteurs renforçant la sécurisation par la gendarmerie des exploitations agricoles.
[3] Dossier de presse - Présentation de « DEMETER », site du ministère de l’Intérieur, 13 décembre 2019
[4] La représentativité est déterminée par une série de critères prévus à l’article L.2121-1 du code du travail, et au niveau national par les critères de l’article L.2122-9 du même code.
[6] Générations Futures et POLLINIS.
Télécharger le communiqué en PDF 

mercredi 29 juillet 2020

Ce dimanche 2 août à l'Alchimie, Prades 66500


Ce dimanche 2 août à l'Alchimie



Au mois d'août on se fait plaisir les dimanches avec "les dimanches ciné-tartes"

On ouvre les portes à 18h, pour apéroter, échanger, papoter, manger des parts de tartes accompagnées de salade et puis on attaque une projection à 20h30.

On commence le dimanche 2 août avec le film documentaire expérimental culte qu'est KOYAANISQATSI, laissons nous emporter pendant 1h26...
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Le film n'est pas une œuvre narrative mais documentaire. Il propose des images où l’on joue sur les échelles d’espace et de temps pour montrer au spectateur le monde où il vit sous un angle différent, et l’inviter lui-même à conclure dans le sens qu’il jugera bon. On peut considérer ce film par moments comme une description enthousiaste de la technologie, parfois au contraire comme une vive critique de celle-ci. Le réalisateur admet avoir voulu montrer ce qu’il nomme la beauté de la bête.

La bande originale de l'oeuvre est composée par le talentueux Philipp Glass... what else ?
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Tout le mois d'août l'alchimie sera fermé les samedis, on reprendra le rythme normal à partir de septembre...
Copyright © 2020 l'Alchimie
3 Rue de l'Hospice, 66500 Prades, France

mardi 28 juillet 2020

Cette semaine à l'Atelier de l'Entonnoir

Adhésion obligatoire, toujours à 5€, 
toujours en conscience !

Pour recevoir le mail hebdomadaire 
(la Gazette pour les intimes), 
vous pouvez désormais vous inscrire 
sur le site de l'asso !



Nous continuons de vous inviter à rejoindre l'équipe des supers bénévoles qui font vivre ce lieu unique et indispensable 
et en profitons pour remercier à l'infini 
celles et ceux qui s'impliquent 
à travers les petites et grandes réalisations.

! Wanted !

Nous recherchons activement plusieurs individus 
qui seraient en possession d'une grande dose 
de bonne humeur et de joie de vivre, 
d'une forte envie de partager de bonnes recettes 
et de passer un moment convivial 
dans les cuisines de l'Atelier !

Dates : 

Mardi 4 & 11 Août 2020 (et plus si affinités :)

Lieu :
L'Incroyable Cuisine, 1 rue des Marchands à Prades

Horaires :
Dès le lundi soir à partir de 17h pour les préparations
Puis le mardi de 9h30 (pour un bon café) à 15h

Missions :
Couper, éplucher, assembler, cuire, 
goûter, rigoler, assaisonner, re-goûter, 
se faire plaisir, profiter, servir, sourire, papoter, se délecter, 
et surtout... 
PARTAGER !! 


Si l'aventure vous tente, contactez Laëtitia
au 06 98 82 28 77

Et pour aider au bar c'est Simon qui vous accueille 
au 06 47 04 37 26 

MERCI !!

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MARDI

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MERCREDI

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SAMEDI

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 Toutes les activités 

citées ci-dessus 

se feront 

exclusivement 

EN EXTERIEUR, 

dans la cour de l'asso !
contact
Atelier de l'entonnoir                         

Copyright © 2020 Atelier de l'entonnoir
1 Rue des Marchands, 66500 Prades, France

lundi 27 juillet 2020

En quête d’espace, la filière photovoltaïque lorgne les terres agricoles


En quête d’espace, 

la filière photovoltaïque 

lorgne les terres agricoles


 13 juillet 2020 / Grégoire Souchay (Reporterre)






 Toujours à la recherche de nouveaux espaces pour s’implanter, la filière photovoltaïque s’intéresse de plus en plus aux terres agricoles. Après avoir investi les toitures et les hangars, une faille réglementaire permet à la filière de s’implanter sur les parcelles elles-mêmes.

 ____________________________

  • La Couvertoirade (Aveyron), reportage
Les histoires du Larzac sont souvent celles de rencontres improbables. Quand Guy Degreef, ancien avitailleur à Anvers débarqua en Aveyron au détour des années 1990, il arriva au Salvetat, hameau au cœur du plateau. À côté vivait Francis Roux, éleveur de brebis, exploitant une partie des 6.300 hectares gérés par la Société civile des terres du Larzac (SCTL) [1] Ces terres, propriété de l’État, ont retrouvé leur vocation agricole après la lutte contre l’extension du camp militaire. Vingt ans après son arrivée, Guy Degreef est devenu ingénieur en énergie renouvelable au sein de C2A, petite entreprise locale d’installation de panneaux photovoltaïques. Sur le Larzac, les sociétaires de la SCTL s’interrogeaient sur le devenir des toitures en mauvais état de certaines fermes. On évoquait l’option des panneaux solaires, « mais on avait peur, on entendait des histoires d’arnaques », raconte Francis Roux. Ils ont alors fait appel à Guy pour construire le projet Lum del Larzac.

Cette société, détenue majoritairement par la SCTL, exploite aujourd’hui seize panneaux photovoltaïques de neuf kilowatts-crête (kWc). S’y ajoute une autre toiture de 100 kWc, sur le hangar de stockage de plaquettes forestières issues des repousses des bois du plateau. Aujourd’hui, l’investissement est presque amorti et les paysans réfléchissent à lancer une nouvelle vague de toitures solaires ou bien à utiliser les bénéfices issus de la revente d’électricité pour restaurer le reste du bâti.

C’est à ce genre d’histoires que le photovoltaïque agricole pourrait ressembler : aucune conséquence pour les terres elles-mêmes, de l’énergie produite et un revenu complémentaire pour les paysans.


 Francis Roux et Guy Degreef.


Pourtant, depuis quelques années, le secteur prend d’autres visages. Celui par exemple de sociétés vantant des solutions clefs en main de construction de hangars agricoles. Des investisseurs immobiliers qui voient là une opportunité de construire des bâtiments et des panneaux, en échange d’un hangar neuf présenté comme « gratuit » pour les agriculteurs. L’argent issu de la revente d’électricité permet selon les cas d’amortir en dix à quinze ans le coût du bâtiment – hors raccordement et terrassement. Des projets qui se sont parfois avérés, comme dans le photovoltaïque résidentiel, des arnaques, avec des coûts administratifs additionnels, des coûts cachés et des hangars parfois jamais construits.

Alors que le marché du photovoltaïque résidentiel reste morose depuis la crise des années 2010, celui des moyennes toitures (jusqu’à 100 kW) est en croissance continue depuis 2015, selon l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque. Une croissance toutefois bien en deçà du rythme d’installations prévu par la Programmation pluriannuelle de l’énergie qui vise le doublement de la production photovoltaïque du pays d’ici 2028. La solution la plus immédiate reste la construction de centrales au sol, sur des terrains en friche ou dégradés. Un type de photovoltaïque qui exclut théoriquement les parcelles agricoles, selon un décret de 2009. Mais entre la règle et la réalité, nombreuses sont les voies de contournement. La première consiste simplement à pousser les mairies à modifier leurs plans locaux d’urbanisme pour déclasser des terres agricoles et y implanter leurs centrales solaires.

Un champ de panneaux sur un champ de vignes

 

D’autres envisagent désormais une solution plus élaborée : l’agrivoltaïsme. Pionnière en la matière, l’entreprise Sun’R, via sa filiale Sun’Agri, réalise depuis 2010 des « persiennes agricoles avec des systèmes photovoltaïques dynamiques ». Le principe : poser au-dessus d’une parcelle cultivée un quadrillage de panneaux qui vont en pivotant selon un axe horizontal « optimiser les besoins de la plante en soleil et en ombrage grâce à des systèmes intelligents », explique Antoine Nogier, directeur de Sun’R. Des projets qui se développent notamment près de la Méditerranée, territoire fortement exposé aux pics de chaleur et sécheresses. Une installation pilote fonctionne depuis fin 2018 à Tresserre, dans les Pyrénées Orientales sur 4,5 hectares de vignes.




Selon Antoine Nogier, « on arrive à y limiter les pics de chaleur de 3 à 5 °C, c’est un vrai outil d’adaptation au changement climatique ». Son objectif est de créer des projets sur 300 exploitations et 1.500 hectares d’ici 2025. Mais pas à n’importe quel prix prévient-il : « Il faut que ces projets agrivoltaïques restent avant tout des projets agricoles, notamment avec une vraie utilité climatique. Parce qu’on ne peut pas optimiser à la fois la production d’électricité et celle des terres ! » Même analyse de Xavier Bodard, gérant d’Éco Solutions Énergie. Cette entreprise basée près de Montpellier travaille quant à elle sur l’agrivoltaïsme d’élevage : on pose des panneaux fixes surélevés qui diminuent la consommation d’eau pour les troupeaux en plein air et les cultures. « On dimensionne le parc photovoltaïque en fonction des besoins agricoles, c’est d’abord de l’agronomie. »


 Une toiture de 100 kWc, sur le hangar de stockage de plaquettes forestières issues des repousses des bois du plateau, dans le cadre du projet Lum del Larzac



Le recul est encore très faible concernant les impacts à long terme pour la biodiversité de ces installations. Les premières études notent une « modification des cortèges d’espèces » pour les habitats fortement transformés (Visser, 2016) mais aussi « une augmentation de la diversité floristique sur des parcelles auparavant en exploitation intensive ». (Parker et McQueen, 2013 ; Montag et al., 2016). En France, tous les projets agrivoltaïques relevant de l’appel d’offre « solaire innovant » sont tenus de réaliser un suivi par une structure externe, avec un espace témoin, et de transmettre chaque année les données au préfet.

« La plupart des opérateurs qui arrivent sur ce marché ne connaissent rien à l’agriculture »

 

Tout l’enjeu de cet « agrivoltaïsme » est que l’agriculture ne soit pas un simple prétexte pour poser des panneaux en plein champ. En la matière, certains ne sont pas animés par une fibre paysanne. Ainsi, le groupe Total, via sa filiale Quadran, a annoncé fin mars le déploiement d’une solution « photovoltaïque bifaciale verticale (…) principalement destiné à l’agrivoltaïsme ». Un mois plus tôt, la multinationale annonçait un accord avec InVivo, première coopérative agricole du pays avec l’objectif de déployer 500 MW agrivoltaïques d’ici 2025. Selon plusieurs spécialistes interrogés par Reporterre, les promoteurs sillonnent depuis des années le pays en quête d’hectares pour des projets photovoltaïques en milieu agricole. « Ils attendent juste le coup de feu pour tout lancer, s’inquiète Simon Cossus, directeur d’Enercoop Languedoc-Roussillon, mais la plupart des opérateurs qui arrivent sur ce marché ne connaissent rien à l’agriculture. » Pour lui, même si « au cas par cas » il est possible de penser ces solutions, l’agrivoltaïsme reste un sujet « hautement toxique ».


 Une centrale agrivoltaïque sur vignes dans les Pyrénées-Orientales, en 2018.


Sur le Larzac, hors de question d’utiliser ces solutions sur les terres de la SCTL. Après s’être battus contre le projet de centrale au sol Solarzac – en cours de redimensionnement selon le promoteur – il n’est pas question de céder un pouce des terres arables au photovoltaïque. « Si on n’a pas une règlementation hyper sévère, il faut fermer les portes tout de suite », avertit Guy Degreef.

Car l’enjeu est aussi celui du foncier. « Entre le prix d’une parcelle agricole ou d’une autre qui fournit de l’énergie, on passe d’une échelle de un à dix » confirme Xavier Bodard. L’inflation des fermages et des prix de vente des terres jusqu’à 15.000 euros par hectare risque d’accentuer les difficultés d’installations de nouveaux entrants. L’Agence de la transition écologique (Ademe) qui mène actuellement une étude sur l’agrivoltaïsme, assure vouloir intégrer l’ensemble des problématiques dans son guide de recommandations qui sera présenté aux décideurs début 2021.

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Puisque vous êtes ici…
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[1La Société civile des terres du Larzac a été créée en 1984 après dix ans de lutte (1971-1981) contre l’extension du camp militaire sur le causse. L’État a mis ses terres à disposition à travers un bail emphytéotique, récemment prolongé jusqu’en 2083.


Lire aussi : Le Larzac se lève contre un projet géant de centrale solaire

Source : Grégoire Souchay pour Reporterre
Photos :
. chapô : Photo issue du site de la société Sun’R.
. Hangar recouvert de panneaux. © Grégoire Souchay/Reporterre
. Première centrale agrivoltaïque au monde. Démonstrateur sur vignes dans les Pyrénées-Orientales. Wikipedia [https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:AVD_Domaine_de_Nidol%C3%A8res_Tresserre_vue_du_ciel_(3).jpg]





Source : https://reporterre.net/En-quete-d-espace-la-filiere-photovoltaique-lorgne-sur-les-terres-agricoles?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

dimanche 26 juillet 2020

Et si le mouvement écolo se mettait au sabotage ?


Et si le mouvement écolo 

se mettait au sabotage ?

02/07/20

Dans Comment saboter un pipeline, le maître de conférences en géographie humaine en Suède et militant pour le climat Andreas Malm appelle le mouvement écolo à passer très concrètement “de la protestation à la résistance”. Arguments historiques à l’appui. 


Les éditorialistes de droite qui serrent les dents sur les plateaux télévisés depuis le soir du 28 juin, après le triomphe (certes relatif compte tenu du taux d’abstention du 58,4 %) des écologistes au second tour des municipales, risquent de faire une fausse route s’ils tombent sur le livre d’Andreas Malm. Et si certains d'entre eux partent d’un grand éclat de rire à s’en faire péter les boutons de la chemise en lisant son titre – Comment saboter un pipeline (La Fabrique) –, ils s’étrangleront sans doute en se rendant compte qu’il est on ne peut plus sérieux.

Dans cet opuscule, le maître de conférences en géographie humaine en Suède, militant de longue date pour le climat, défend une idée qui a le mérite d’être claire : pour être efficace, le mouvement écologiste devrait “réapprendre à [se] battre, à l’heure qui pourrait bien être la plus défavorable de toute l’histoire de la vie humaine sur cette planète”. Et par “se battre”, Malm a une proposition précise en tête : “Endommager et détruire les nouveaux dispositifs émetteurs de CO2. Les mettre hors service, les démonter, les démolir, les incendier, les faire exploser.”

“Le mouvement a été d’une douceur et d’une modération extrêmes”

 

Avant d’en arriver à cette conclusion toute prosaïque, cet habitué des camps climat, engagé dans le mouvement Ende Gelände (qui bloque des mines de lignite à ciel ouvert en Allemagne), procède à un raisonnement logique. Depuis la première COP en 1995, les écologistes ont invariablement été pacifiques. Sages comme des images, même : “Jusqu’ici, le mouvement pour empêcher la catastrophe climatique n’a pas été seulement civil : il a été d’une douceur et d’une modération extrêmes”, écrit-il.

>> A lire aussi : La CIA a-t-elle vraiment “fabriqué” Unabomber ?


Pensons aux militants d’Extinction Rebellion (XR), généreusement gazés à bout portant par les forces de l’ordre sur le pont de Sully à Paris en juin 2019 : leur douceur est d’autant plus patente qu’elle n’est pas réciproque.



 Cliquer sur ce lien pour voir la vidéo :
https://twitter.com/i/status/1144570911028318208



  Cliquer sur ce lien pour voir la vidéo :



Pourtant, les résultats sont loin d’être à la hauteur de cette autodiscipline – même si l’on considère la montée en puissance électorale des partis verts –, puisque les courbes des investissements dans le pétrole, le gaz, le charbon n’ont pas cessé d’augmenter, bien au contraire.

Un “refoulement actif”

 

D’autre part, un mouvement comme XR, qui revendique la radicalité, a fait de la désobéissance civile non-violente un véritable mantra en s’appuyant sur des exemples historiques censés prouver son efficacité : l’abolitionnisme, le mouvement des suffragettes, la lutte indépendantiste de Gandhi, le mouvement des droits civiques ou encore la victoire sur l’apartheid.

>> A lire aussi : Un mouvement écolo radical se déclare officiellement “en rébellion” en France

Or cette lecture des faits relève du “refoulement actif”, pointe l’auteur, qui rappelle que chacune de ces luttes n’a pu être victorieuse qu’en mêlant mobilisation de masse et actions directes offensives. Il cite le vandalisme des suffragettes (qui brisaient des vitrines et incendiaient des bâtiments), le flanc radical du mouvement des droits civiques incarné par Malcolm X, ou encore le MK (branche militaire du Congrès national africain) qui avait fait du sabotage son principal modus operandi. “Loin d’exclure la mobilisation de masse, ces actions allaient de pair avec elles”, souligne-t-il.

“Que de temps précieux a-t-on perdu !”

 

Evidemment, il n’est pas question d’armer le mouvement écologiste, ni de répéter le solo funèbre d’Unabomber. Mais si l’objectif est bien la “prohibition mondiale de tout nouveau dispositif émetteur de CO2”, le sabotage est un moyen d’y arriver qui ne peut plus rester tabou. On en arrive donc aux pipelines. Depuis les luddites au XIXe siècle, “des dispositifs émetteurs de CO2 ont été endommagés […] par des groupes subalternes indignés par les pouvoirs qu’ils servaient – automatisation, apartheid, occupation… - mais pas encore en tant que forces destructrices en soi”, note Andreas Malm. Alors pourquoi pas pour le climat ?

De fait, des actions de dégonflage de SUV ont déjà eu lieu. Et deux militantes des Catholic Workers, Ruby Montoya et Jessica Reznicek, ont revendiqué des actions de sabotage du pipeline Dakota Access, dans l'Iowa, en 2017. On pourrait ajouter, même si cela ne relève pas uniquement de l'environnement, qu’un mouvement de sabotage d’antennes relais pour protester contre la 5G est en cours actuellement en Europe.

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Est-ce l'aube d'une nouvelle ère du point de vue des pratiques militantes ? Pour Andreas Malm, qui n’est pas le dernier à avoir lu Lénine et Trotski, la situation est mûre pour l'avènement d'un flanc radical du mouvement écolo, qui n'hésiterait plus à recourir à la destruction de biens tactiques. Et de citer le leader de la IVe Internationale, en 1931 : “Que de temps précieux a-t-on perdu ! A vrai dire, il n’en reste pas beaucoup.”





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Comment saboter un pipeline, d'Andreas Malm, éd. La Fabrique, 216p., 14€


 Source : https://www.lesinrocks.com/2020/07/02/idees/idees/et-si-le-mouvement-ecolo-se-mettait-au-sabotage/