Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

dimanche 31 janvier 2021

Lettre d'info de l'Alchimie, lieu culturel associatif de Prades, 66500

 


Bonjour à vous. Février pointe le bout de son nez et apparemment le froid sera encore plus vigoureux (hiver, couvre-feu et protocole sanitaire), bien que la marge de manœuvre soit réduite, les possibilités restent nombreuses, place à la créativité ...

En outre, notre association lance une campagne de ré adhésion. Bien que l'ouverture n'ait pas était possible pendant le confinement et que les consignes sanitaires actuelles ne permettent qu'une ouverture partielle, l'association a besoin de votre "présence" et on vous invite à ré adhérer.

Consignes : adhésion annuelle de date à date, donc vérifiez votre carte adhérent ou venez mardi pour vous renseigner et ré adhérons massivement pour le maintien de notre association !

 

Bonne semaine à nous !

 

Merci de nous contacter si vous avez des idées ou envies pour que nous puissions animer ce lieu avec et pour vous : contact@assoalchimie.org

LUNDI


La gouvernance partagée n'est pas qu'un idéal. Aujourd'hui nous l'expérimentons !

Si vous voulez vivre et faire vivre la gouvernance partagée à l'Alchimie, cela continue ce Lundi 1 février à 13h30. Néanmoins au vue des restrictions en cours, il faut s'inscrire pour cette rencontre afin que l'on puisse adapter le lieu aux règles sanitaires en vigueur.

Merci de manifester votre venue avant Lundi

sur notre mail contact@assoalchimie.org ou au par SMS au 07.83.36.77.31

 

MARDI

Grande campagne de ré adhésion, venez soutenir votre association en ré adhérant !

Si ce jour ne vous convient pas, faites-le savoir en prenant contact avec Tatiana et elle pourra vous recevoir à votre convenance !

Et... Boissons chaudes au marché du mardi ... mmm... cappuccino, crème, Macchiato allongé ou infusion Yogi   

Des bons gâteaux et empanadas à l'indienne inspiration Fab  et de la convivialité matinale au Menu. Tout ça et encore à travers la fenêtre OUVERTE, quelle joie !

JEUDI

 

16h-18h

Distribution paniers légumes et œufs aux adhérents de l'AMAP La Kajette Bio

Vous avez un peu de temps à consacrer à ce joli projet qu'est l'Alchimie? Devenez bénévole!

Un appel à bénévolat est lancé pour la gestion du parc informatique : imprimante (achat et installation de cartouches), achat et installation d'un nouvel ordinateur ainsi que d'une tablette

Au plaisir de vous voir par ici ou par là

Lucile et Tatiana pour L'Alchimie

Contact : contact@assoalchimie.org

            : 0783367731


Copyright © 2021 l'Alchimie
3 Rue de l'Hospice, 66500 Prades, France

samedi 30 janvier 2021

Le nucléaire conduit la France dans une impasse

 

Le nucléaire 

conduit la France 

dans une impasse

 10 décembre 2020 / Corinne Lepage 


 Les dirigeants français, comme récemment Emmanuel Macron, vantent l’excellence de la filière nucléaire nationale et son caractère indispensable à notre pays. Sauf que cette rengaine n’a plus lieu d’être, pour l’autrice de cette tribune, qui explique en quoi le nucléaire, aujourd’hui, empêche la France de mener une politique énergétique ambitieuse.

 _______________________________

 Corinne Lepage est présidente de Cap21/Le Rassemblement citoyen ancienne ministre de l’Environnement et avocate.

Corinne Lepage.
 ____________________________

Le président de la République a très récemment affirmé qu’il avait besoin du nucléaire. C’est possible mais la France, elle, doit faire en sorte de ne plus en avoir besoin, et ce pour une série de raisons, qui sont d’abord d’ordre financier et économique.

Tout d’abord, un paradoxe : plus la facture est élevée, plus le retard de Flamanville [EDF y construit un réacteur nucléaire de type EPR, dont la facture explose à mesure que s’accumulent les difficultés du chantier]- s’allonge, plus les recommandations de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) deviennent sévères et plus le lobby nucléaire s’active, non pas pour répondre aux critiques qui sont faites, mais pour vanter un projet devenu totalement virtuel et irréaliste : celui d’une France championne du monde du nucléaire, championne du monde de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, indépendante énergétiquement et dotée de l’énergie la moins chère du monde ; et, enfin, il n’y a aucun problème de sécurité et de sûreté. Tout est faux.

  • Nous avons été mais nous ne sommes plus depuis longtemps des champions du monde et, on peut le regretter, nous avons perdu notre savoir-faire, d’où la catastrophe financière et technologique de la filière nucléaire, vitrine d’une perte de compétences françaises ;
  • Nous ne sommes pas le champion du monde de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Conseil d’État a rappelé, dans un arrêt qualifié de « tsunami juridique », le fait que nous n’étions pas dans les clous pour la période 2015-2020 et que l’État avait trois mois pour justifier qu’il l’était pour la période postérieure. La vérité est que nous faisons du surplace et que notre folie hexagonale à maintenir un nucléaire à très haut niveau a pour conséquence inévitable de nous condamner à ne pas pouvoir respecter nos engagements climatiques. On reviendra sur ce point ci-dessous ;
  • le nucléaire ne signifie pas l’indépendance nationale. Du reste, l’Allemagne ne compte pas le nucléaire au rang des énergies « indépendantes ». Aller chercher l’uranium au Niger ou au Mali n’est pas sans conséquence ; seuls, le vent, le soleil et l’eau, y compris de mer, nous donnent l’indépendance énergétique ;
  • L’énergie la moins chère du monde parce que payée au départ par le contribuable devient la plus chère du monde. Non seulement les coûts initiaux du nucléaire n’intègrent pas la totalité du cycle, qui selon la Cour des Comptes donnerait un coût de l’ordre de six centimes du kilowatt-heure, mais aussi, les coûts du nouveau nucléaire, qu’il s’agisse du nucléaire ancien après l’opération de « grand carénage » ou du nucléaire EPR, sont près de 0,10 € du kilowatt-heure pour le premier et de l’ordre de 0,12 € pour le second. Dans le même temps, le coût du solaire a baissé de 75 % et continue à baisser, pour arriver, dans les pays très ensoleillés, à un ou deux centimes du kilowatt-heure et, dans nos contrées, à cinq centimes. Idem pour l’éolien terrestre, l’éolien marin restant beaucoup plus cher. La massification des renouvelables grâce à l’autoconsommation collective, à l’utilisation de tous les toits agricoles et des grandes surfaces, à l’utilisation de la biomasse présente le triple avantage d’assurer le développement des territoires, de leur garantir des revenus et d’abaisser considérablement les coûts. Mais, la décentralisation énergétique est incompatible avec 56 réacteurs nucléaires pour toute la France, qui assurent une totale centralisation ;
  • Enfin, la sécurité et la sûreté deviennent un réel problème, que le dérèglement climatique accroît. En effet, la pénurie d’eau contraint à réduire voire à arrêter le fonctionnement des centrales, comme celle de Chooz, entre autres, cet été. Le plus grave est sans doute la mise à l’arrêt d’un certain nombre d’installations pour des raisons de sûreté à la demande de l’ASN et pas seulement pour assurer les opérations d’entretien indispensables qui n’auraient pas pu être mis en œuvre pendant le confinement. Ainsi, la récente communication de l’ASN devrait faire réfléchir nos décideurs. Elle affirmait que la prolongation au-delà de 40 ans des centrales nucléaires n’allait pas d’elle-même et qu’un examen approfondi nécessitant des investissements considérables serait indispensable. Est-il vraiment raisonnable d’investir entre 50 milliards et 100 milliards d’euros pour mettre à niveau notre parc de 56 réacteurs plutôt que d’investir cette somme, ou une partie d’entre elle, pour accélérer la massification du développement du renouvelable et investir dans la sobriété énergétique ?


Des objectifs climatiques contrecarrés par le nucléaire 

En réalité, les choix actuels vont se révéler totalement contre-productifs, et ce dans tous les domaines :

  • La sécurité d’approvisionnement énergétique grâce au nucléaire est remise en cause du fait de la non-disponibilité de nos centrales (près de la moitié du parc a été arrêté cet été), non-disponibilité qui va s’accroître en raison de la chaleur croissante et des coûts immenses de mise à niveau. Comme dans le même temps l’État a tout fait pour bloquer le développement du renouvelable (par des mesures réglementaires, par des coûts astronomiques, par des problèmes de raccordement, etc.), rien n’est prêt pour monter en puissance et contrebalancer la baisse inéluctable du nucléaire. Ce n’est pas seulement dû aux engagements du président Macron de réduire la part du nucléaire pour l’année 2035, année dont nous savons d’ores et déjà qu’elle ne verra plus sa présidence. C’est contre-productif ;
  • Une énergie relativement bon marché pour doper l’économie française est désormais hors de portée. Certes, l’efficacité et la sobriété énergétique conduisent à avoir des prix relativement élevés de l’énergie mais, le coût de revient et le prix de vente sont des notions différentes et les efforts développés pour rendre les énergies renouvelables difficiles d’accès et les plus chères possibles nous pénalisent doublement. Les investissements massifs qu’EDF doit faire et dont il ne dispose pas oblige à des acrobaties juridico-financières compte tenu des règles européennes et fait reposer sur le contribuable, en définitive, le coût non seulement de la mise à niveau indispensable depuis Fukushima (soit dix ans de retard ) mais aussi du financement de nouveaux réacteurs vers lesquelles la folie nucléocratique semble vouloir nous orienter. Rappelons simplement que le coût de Flamanville serait désormais compris entre 16 et 19 milliards d’euros ! Soit la facture énergétique la plus chère du monde ;
  • Un retard industriel et territorial incontestable dans les énergies renouvelables. Nous n’avons pas de filière d’énergie renouvelable puissante comme l’ont nos voisins allemands ou espagnols ou encore nordiques. D’autre part, nous sommes très en retard, de telle sorte que les économies d’échelle sont difficiles à réaliser et que les territoires n’ont pas pu tirer jusqu’à présent tous les avantages qu’ils auraient pu tirer du développement économique énergétique. Ainsi, alors que nos voisins commencent à dépasser le stade de 50 % d’énergies renouvelables dans leur électricité (comme l’Allemagne, qui a réduit la part du charbon et du lignite à 25 % — une division par deux), nous n’avons même pas atteint les 20 %, soit trois points de moins que nos engagements communautaires pour 2020 et sommes pour le moment totalement hors course pour 2030. Ainsi, nous avons perdu sur les plans économique, industriel et financier ;
  • L’impossibilité d’atteindre nos objectifs de réduction des émissions des effets de serre est largement due au nucléaire. En effet, si le bilan de départ français était effectivement bon et meilleur que celui de nos voisins, notre addiction à l’énergie nucléaire et les coûts pharaoniques qu’elle génère ont non seulement interdit le développement du renouvelable, dont le bilan énergétique est bien meilleur, mais, surtout, elle a privé de financement la politique de sobriété et d’efficacité énergétique. De plus, la fragilité actuelle du système nucléaire impose, lors des pics de consommation, d’utiliser des sources très carbonées et d’importer alors même que le choix du chauffage électrique fait que la France est à l’origine de 50 % des pics de consommation européens lorsqu’il fait froid ;
  • Des difficultés communautaires inévitables, en particulier avec l’Allemagne. La France se bat pour que le nucléaire bénéficie des avantages financiers du renouvelable, ce qui est évidemment inconcevable et refusé par nos voisins. Mais, pour défendre le nucléaire, nous sommes dans l’obligation d’abandonner la défense d’autres d’intérêts qui seraient beaucoup plus fondamentaux pour l’avenir. De plus, la politique en ciseaux [1], qui nous écarte de plus en plus de l’Allemagne, est lourde de conséquences. Certes, on peut continuer à essayer de faire croire à nos concitoyens que les choix allemands sont stupides et que l’abandon du nucléaire outre-Rhin a favorisé le charbon. Les toutes prochaines années démontreront que, non seulement, l’Allemagne s’est dotée d’une industrie du renouvelable efficace, qu’elle dépasse largement ses objectifs en matière d’énergies renouvelables mais que le programme d’abandon du charbon est une réalité, le débat portant actuellement sur la rapidité de cet abandon. L’isolement de la France en Europe occidentale va peser sur la politique énergétique de l’Union européenne parce que tous nos voisins ont abandonné l’énergie nucléaire et que le Brexit ajoute des difficultés aux conséquences notamment financières d’Hinckley Point [où EDF construit deux EPR]).

En définitive, non seulement les prétendus avantages du nucléaire n’existent pas mais, surtout, les objectifs qui sont les nôtres dans le cadre de notre besoin de développement économique compatible avec l’épuisement des ressources et la priorité à la lutte contre le dérèglement climatique sont contrecarrés par le nucléaire.

Jusqu’où ira l’aveuglement des décideurs actuels qui ne tiennent que par les politiques de désinformation qu’ils utilisent !

 

[1L’Allemagne sortira du nucléaire en 2022 et dépasse d’ores et déjà les 50 % d’électricité d’origine renouvelable dans son mix électrique ; la France a choisi de rester plus longtemps dans le nucléaire (2035 au lieu de 2025) et, avec l’EPR, de continuer tout le XXIe siècle. Dans le même temps, le renouvelable ne progresse pas.


Lire aussi : En coulisses, l’État prépare le financement de six nouveaux réacteurs EPR

Source : Courriel à Reporterre

Photos :
. chapô : Emmanuel Macron devant les salariés de Framatome de l’usine du Creusot, le 8 décembre 2020. © Laurent Cipriani/POOL/AFP
. portrait : © Corinne Lepage
. EDF © Alain Jocard/AFP

- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.
- Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.

 

Source : https://reporterre.net/Le-nucleaire-conduit-la-France-dans-une-impasse

vendredi 29 janvier 2021

Ouïghours : Etats-Unis, Canada et Royaume-Uni frappent les importations

Ouïghours : 

Etats-Unis, Canada 

et Royaume-Uni 

frappent les importations

 Par Julien Lecot  

 

Des policiers inspectent un train originaire du Xinjiang en avril à la frontière entre la Chine et le Kazakhstan. Photo Chinatopix via AP

 

Les trois pays ont décidé de bloquer des produits soupçonnés d'utiliser du travail forcé en Chine, notamment le coton et la tomate.

 

Enfin. En l’espace de quarante-huit heures, trois des nations les plus influentes du monde ont décidé de suspendre des importations chinoises soupçonnées d’utiliser le travail forcé des Ouïghours. «Nous devons nous assurer que les produits que nous achetons au supermarché ne proviennent pas de ces camps», a expliqué mardi Dominic Raab, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, condamnant face aux députés une «barbarie que l’on espérait reléguée au passé». Dans le même temps, de l’autre côté de l’Atlantique, son homologue canadien annonçait lui aussi des mesures visant à s’assurer qu’aucun produit importé par le Canada ne participe au «travail forcé» et aux «transferts massifs des travailleurs du Xinjiang vers des provinces chinoises».

A lire aussi Ouïghours : esclavage moderne dans les champs de coton chinois

Les Ouïghours, un peuple musulman turcophone qui compte environ 11 millions d’habitants dans cette région du nord-ouest de la Chine, subissent une persécution inouïe depuis quatre ans, notamment basée sur un enfermement à grande échelle dans des camps dits de «rééducation politique» ou de «formation professionnelle». Mi-décembre, une nouvelle enquête accablante révélait comment près d’un demi-million de Ouïghours sont employés de force dans les camps de coton du Xinjiang, où est produit 20% du coton de la planète. 

Près de 9 milliards de dollars de pertes annuelles 

Alors que Londres et Ottawa sont restés assez vagues sur les mesures qu'ils comptent mettre en place, Washington a décidé mercredi de bannir tout produit contenant des fibres de coton produites dans le Xinjiang, s’alarmant par la voix du secrétaire d’Etat à la Sécurité intérieure d’une «forme moderne d’esclavage». Une mesure qui devrait à elle seule faire perdre près de 9 milliards de dollars (7,4 milliards d’euros) chaque année, selon le ministère. Egalement dans le viseur des Etats-Unis, les conserves, sauces ou autres produits issus des tomates cultivées en grande quantité dans la région, que les Ouïghours sont également contraints de récolter, comme l’avait révélé le journaliste Jean-Baptiste Malet dans son enquête l’Empire de l’or rouge

«Il ne faut pas croire que l’économie chinoise va s’écrouler car on sanctionne les entreprises pour leur lien avec le travail forcé», tempère Sébastien Jean, directeur du CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales), rappelant qu’aucun pays n’a vraiment les moyens de résister à la puissance économique chinoise. Pour le chercheur, il est difficile d’anticiper l’impact de ces pressions politiques, et si elles permettront d’améliorer les conditions des Ouïghours en Chine.

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«La Chine presse les Etats-Unis d’annuler leur décision de bannir les importations de tomates et de coton en provenance du Xinjiang», s’est insurgé ce jeudi Zhao Lijian, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, demandant aux Américains d’arrêter «d’interférer dans les affaires internes chinoises». La veille, il avait déjà dénoncé les mesures canadiennes et britanniques «basées uniquement sur de la désinformation», assurant qu’il n’y avait ni camps d’internement ni Ouïghours détenus, et encore moins de travail forcé au Xinjiang, et ce malgré les multiples rapports et témoignages.

La pression s’accentue 

Une réponse prévisible pour Sébastien Jean : «S’il y a bien un principe fondamental pour la Chine, c’est que toute tentative d’ingérence est particulièrement mal vue, ce qui rend le dossier délicat. D’autant plus quand on voit qu’elle passe vite à l’offensive pour dissuader du moindre affront.» Dernier exemple en date, l’Australie, qui s’est attiré l’ire du gouvernement chinois pour avoir notamment demandé que des investigations soient menées en Chine sur l’origine du virus, et accueilli des Honkongais désireux d’échapper à la liberticide loi sur la sécurité nationale.

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Reste que, même si «on n’impose rien à la Chine», reprend Sébastien Jean, «ces sanctions économiques d’origine politique ne sont pas anodines», d’autant plus qu’elles sont menées de concert par trois pays qui pèsent à l’international. Et elles s’inscrivent dans un contexte où les pressions sur le régime communiste chinois se font plus fortes. En juillet, les Etats-Unis avaient déjà infligé des sanctions inédites à l’encontre de plusieurs dirigeants chinois, puis mis en place des restrictions sur des séries de produits. Côté européen, fin décembre, un accord sur les investissements avec l’Union européenne a failli capoter après sept ans de négociations, faute de garanties sur les droits humains. Finalement, l’Union européenne s’est contentée d’une vague promesse de la Chine de ratifier des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Julien Lecot 
 
 
Source : https://www.liberation.fr/planete/2021/01/15/ouighours-etats-unis-canada-et-royaume-uni-frappent-les-importations_1817300?xtor=EREC-25-%5BNL_quot_matin_2021-01-15%5D-&actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkNUcvuQDVN7a57ET3fWtrS90SVGouFRqw1jk3aySqrmQ&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=506699
 
 

jeudi 28 janvier 2021

Gare SNCF Prades vendredi 29 janvier - 10h30 - Rassemblement pour le ferroviaire public

 On a reçu ça :


Rassemblement pour le ferroviaire public

 
 
L'association "Train en Têt" n'est pas à l'origine de cette convocation. Chacun de ses adhérents jugera selon son libre arbitre de sa participation ou non selon sa sensibilité et ses convictions.
 
"Train en Têt" affirme sa volonté d'agir en concertation avec les diverses organisations syndicales et les divers acteurs du ferroviaire sur la ligne Perpignan-Villefranche de Conflent et l'ensemble du département.
 
Enric Balaguer
Président

 

Voici le texte qui accompagne la convocation
 
 
"Bonjour,
 
Alors que le contexte sanitaire et social a réaffirmé l'utilité d'un service public ferroviaire fort (TGV sanitaires, Fret, Trains du quotidien), les dirigeants de l'entreprise sont au diapason d'une idéologie presque antiferroviaire. 
 
Renoncement aux appels d'offre, mise en avant des filiales, externalisation à outrance, abandon des outils industriel, réorganisations à outrance,...
 
Sur Perpignan, cela se traduit par l'abandon du train primeur et du Fret ferroviaire, la suppression de nombreux TGV, la mise en concurrence des cheminots entre activité TER, TGV et Fret, la ligne Perpignan/cerbère fortement menacée,...
 
Pas un service n'est épargné par des pertes d'emplois, de compétences et la dégradation des conditions de travail !
 
LA CGT, À L'OFFENSIVE, LANCE UNE DÉMARCHE 
POUR MOBILISER 
L'ENSEMBLE DES USAGERS ET CHEMINOT-E-S 
DE LA RÉGION :
 
- Pour le développement de l'offre ferroviaire !
- Pour des trains en toute sécurité, avec du personnel à bord !
- Pour un Fret ferroviaire de proximité qui réponde aux circuits courts !
- Pour la création d'emplois répondant aux besoins en termes de sécurité, de service et de conditions de travail !
- Pour le passage des CDD en CDI !
 
TOUS ENSEMBLE, 
USAGERS ET CHEMINOT-E-S
INITIATIVE à Prades
 
VENDREDI 29 JANVIER à 10h30 à la gare de Prades
 
Vous trouverez ci-joint un tract aux usagers de Perpignan.
 
Fraternellement.
 
Le Syndicat des cheminots de Perpignan

 


 

mercredi 27 janvier 2021

Cancer et glyphosate : le complément d’expertise de l’Anses n’aura pas lieu

 

Cancer et glyphosate : 

le complément d’expertise 

de l’Anses n’aura pas lieu

 

Donneuse d’ordre d’une étude sur l’herbicide controversé, l’agence française a exigé du Centre international de recherche sur le cancer qu’il collabore avec les industriels, ce que celui-ci a refusé.

Par

Publié le 1er janvier 2021

 

Une boîte de désherbant au glyphosate, dans un champ de moutarde, à Ouzouer-sous-Bellegarde (Loiret), en 2017. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

Le glyphosate est la plaie des agences réglementaires. En mars 2018, le gouvernement avait saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin qu’elle mette sur pied et finance une série d’études susceptibles de trancher la controverse sur la cancérogénicité de l’herbicide.

Le premier volet de ces travaux avait été confié à un consortium de laboratoires publics qui s’est retiré mi-juillet 2020. Le second était attribué au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), mais lui aussi vient de signifier à l’Anses qu’il renonce.

Le gendarme français des pesticides l’a annoncé début décembre 2020 avec une singulière discrétion, en ajoutant à l’un de ses communiqués de presse, daté du 23 juillet, une brève note de bas de page de deux lignes. « En octobre 2020, peut-on y lire, le CIRC a fait part à l’Anses de sa décision de retirer son programme d’étude sur la toxicité du glyphosate afin de se recentrer sur de nouvelles priorités de recherche. » Une version qui diffère sensiblement de celle du CIRC.

Conflits d’intérêts

En juin 2020, la révélation de conflits d’intérêts internes à la procédure d’attribution des fonds de recherche avait déjà créé le trouble. Plusieurs chercheurs ayant été choisis par l’Anses pour établir le cahier des charges des études à mener avaient en effet candidaté et leur laboratoire avait remporté l’appel d’offres. Le cahier des charges avait été validé par un groupe d’experts de l’Anses dans lequel siégeait de surcroît l’un des chercheurs lauréats.

Cette situation avait été dénoncée à l’Assemblée nationale par les députés Delphine Batho (Génération écologie, Deux-Sèvres) et Loïc Prud’homme (La France insoumise, Gironde). Devant la controverse, le consortium désigné par l’Anses avait renoncé, à la mi-juillet, à conduire les études en question.

Cette  fois,  ce  sont  les  exigences  de  l’Anses  à  l’égard  du  CIRC  qui  ont  conduit  à  un  désaccord  sur l’implication  des  industriels  dans  le  projet,  et  finalement  au  retrait  de  celui-ci. «  A l’origine,  le  CIRC  a répondu  à un appel d’offres de l’Anses  pour  étudier  les  mécanismes  d’action  potentiels  du  glyphosate  sur le  développement  du  cancer  », explique-t-on  à  l’agence  onusienne  basée  à  Lyon,  et  chargée  d’animer  la recherche  sur  le  cancer  au  niveau  mondial. 

Le but  du projet  proposé par le CIRC était «  d’apporter  des  données  de  qualité  sur  les  mécanismes d’action  épigénétiques  du  glyphosate  liés  au  développement  du  cancer  » . Selon l’agence onusienne, « ce projet  dans  son  ensemble  n’a  pas  été  retenu  pour  financement  par l’Anses,  qui  a  décidé  de  financer uniquement  la  partie  consacrée  à  l’effet  génotoxique [toxicité pour  l’ADN]  du  glyphosate  ». 

Mais en septembre 2020, l’Anses  aurait  requis  du  CIRC  qu’il  collabore  avec  les  sociétés commercialisant  des  produits  à  base  de  glyphosate,  réunis  au  sein  du  Glyphosate  Renewal  Group (GRG),  qui  réunit  des  firmes  comme Bayer, Syngenta, Nufarm, etc. «  L’Anses  a  formulé  deux  requêtes, assure-t-on  au  CIRC. Le  glyphosate  qui  sera testé  dans  l’étude  du CIRC  devra provenir du GRG  et le protocole  utilisé  devra  être  transmis  à  ce  dernier.  » 

Créée au milieu des  années  1960  à  l’initiative du président  Charles  de Gaulle pour animer la  recherche sur le  cancer autant que  pour préserver celle-ci des influences extérieures, l’agence  onusienne  est généralement  jalouse  de  son  indépendance. 

Conditions « inacceptables » 

Ces  deux  conditions  ont  été  jugées «  inacceptables  », selon le CIRC, et «  la  décision  de  se  retirer  du projet  a  été  communiquée à l’Anses  le  2  octobre  »  . Trois  jours  plus  tard,  raconte-t-on à  l’agence onusienne,  l’Anses faisait  machine arrière et  se disait  finalement  prête à  financer l’étude aux conditions  du  CIRC,  sans  implication  des  industriels  et  sans  partage  du  protocole  de  recherche.  Trop tard. 

«  Une évaluation  du glyphosate  ayant  déjà  eu  lieu  et  restant  valide  à  ce  jour,  il  nous  a  semblé  préférable de  ne pas prendre part à ce projet  sur  la  génotoxicité  en  France  »,  conclut-on au  CIRC. En  2015,  l’agence onusienne a  en effet  classé le glyphosate,  pesticide le plus utilisé au monde,  comme «  cancérogène probable »   pour l’homme,  ouvrant  une controverse majeure avec  les agences réglementaires américaines  et  européennes,  qui  contestent  cette  classification. 

Sollicitée,  l’Anses  n’est  pas  en  mesure  de  répondre  aux  questions  du Monde  et  renvoie à  l’audition de son directeur  général,  Roger  Genet,  par  les  parlementaires  de  la  mission  d’information  sur  le  suivi  de la  stratégie  de  sortie  du  glyphosate. «  J’ai  le  regret  de  vous  annoncer  que  le  CIRC (…) nous a écrit début octobre  pour  nous  indiquer  qu’il  renonçait  »  a  déclaré  M.  Genet au cours de son audition  du 27 octobre  

« La directrice  générale  du  CIRC  m’a  indiqué  que,  dans  le  cadre  de  leur  nouveau  plan  stratégique 2021-2025,  le  choix  du  CIRC  a  été  de  se  reconcentrer  sur  des  études  épidémiologiques,  de  faire  des  choix et  finalement  de renoncer  à conduire  un certain  nombre de travaux qui étaient  plus  des  travaux in  vitro sur  des  cultures  cellulaires, a-t-il  poursuivi. Elle  m’a  donc  adressé  un  courrier  final  le  23  octobre  pour m’indiquer  que,  compte  tenu  de  ces  réorientations  des  priorités  scientifiques,  le  CIRC  préférait  renoncer aux travaux  pour lesquels  il  avait  soumis  un  projet.  » 

Ainsi,  aucune  des  études  sur  le  glyphosate  pilotées  par  l’Anses  ne  verra  finalement  le  jour  avant  la réévaluation  de  l’herbicide  controversé,  en  cours  au  niveau  européen.  Cette  réévaluation  doit s’achever en  2022  et déterminera la réhomologation  du célèbre  herbicide.

Stéphane Foucart

 

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/01/cancer-et-glyphosate-le-complement-d-expertise-de-l-anses-n-aura-pas-lieu_6064983_3244.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3l2Vq-wKtn8U4pMypdby3TWB7d7kI-ZBvTeBjZnyKfmkQhD816Emem3bw#Echobox=1609513760

 

mardi 26 janvier 2021

APPEL à MOBILISATION «Stop Amazon à Rivesaltes», samedi 30 janvier, 12h

 


ICI COMME AILLEURS, 

STOPPONS AMAZON 

AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD ! 


APPEL à MOBILISATION 

Samedi 30 janvier, Perpignan 


Pour dénoncer l'installation du géant de la vente en ligne Amazon et l'opacité qui règne à l'Agglomération Perpignan Méditerranée, concernant la cession d'un terrain de 5ha dans la zone logistique de Rivesaltes.


Manifestons le samedi 30 Janvier,


 RDV 12h 


devant l'Hôtel d'Agglomération Perpignan Méditerranée 


(face à la gare TGV)
 

Les décideurs de l’agglomération ont-ils d’ores et déjà engagé une procédure de cession d’un terrain dans la zone logistique de Perpignan-Rivesaltes au profit d’une société immobilière agissant pour le compte de la firme de vente en ligne Amazon ? 

 Une opacité insoutenable entoure cette affaire.

 

Le collectif

  «Stop Amazon à Rivesaltes» 

réclame que toute la lumière soit faite sur les intentions de l’agglomération.

La justification du projet par la création d’emplois ne serait qu’un trompe l’œil et ses conséquences sur l’économie locale pourraient au contraire s’avérer préjudiciables. Un moratoire s’impose sur l’attribution de ce terrain de 5 ha.

A l’heure où les commerces et les entreprises sont fragilisés par la crise sanitaire, et alors que le Conseil Communautaire et la Région financent des campagnes de communication pour soutenir et valoriser le commerce de proximité, l’agglo accepterait-elle l’implantation d’une multinationale du e-commerce championne de la concurrence déloyale ?

Pourquoi faut il agir ?  

Cette action vise à interpeller les habitants et les élus sur les questions que posent l'implantation et le développement des activités du géant Amazon, sur l'économie locale et les répercussions sociales et environnementales impliquées. En effet partout en France et en Europe la multinationale se déploie pour acquérir une position dominante sur le marché du e-commerce, en pleine expansion. En France  14 nouveaux entrepôts ont été construits en 2020 et plus de 10 sont prévus en 2021.

Déroulement de l'action 

"Ici comme ailleurs, stoppons Amazon avant qu'il ne soit trop tard" 

le 30 janvier 2021.

 
Cette action statique, visuelle et symbolique, ne durera tout au plus que 30 à 45 minutes.
Le but est de prendre une photo et de communiquer dans la presse,
sur les réseaux sociaux,
de provoquer un débat au sein de la population et du Conseil Communautaire.


- 12h* Rassemblement devant l'Hôtel d'Agglo,


Une banderole "Stop Amazon et son monde" sera déployée, tout le monde sera invité à se placer derrière (pour rester clair, une seule banderole, un seul message).

 
Au-dessus, des personnes, auront brandi des cartons peints NI ICI, NI AILLEURS et au-dessus sera visible la façade du siège de d'agglomération "Perpignan Méditerranée Métropole" en lettres blanches.
La presse est invitée. Cette manifestation sera déclarée en Préfecture.

*En raison des nombreuses manifestations prévues samedi prochain à Perpignan, il ne restait plus que midi (et pourquoi pas ?) pour caler au mieux cette mobilisation d'alerte sur l'implantation d'Amazon à Rivesaltes. Une journée qui s'annonce bien chargée pour défendre l'environnement, l'économie locale, nos libertés et nos droits.


- 10h30 devant le Conseil Départemental, quai Sadi Carnot, "mobilisation contre un 4ème pont à Céret", organisée par Bien Vivre en Vallespir.


- 12h devant l'Hôtel d'Agglomération, (face à la gare TGV) "Stop à l'installation d'Amazon à Rivesaltes"


- 14h Castillet Marche des Libertés "Stop loi sécurité globale"


- 16h Castillet Rassemblement LGB , défense de la loi éthique

Pour celles et ceux qui ont l'intention d’enchaîner les manifs, prévoir le sac à dos avec le casse-croûte, on se répartira en petits groupes pour aller pique-niquer.

Eric Le Balier p/Alternatiba66  06 74 71 52 95



lundi 25 janvier 2021

Andreas Malm : « Pour mettre fin à la catastrophe, il faut s’en prendre aux classes dominantes »

 

Andreas Malm : 

« Pour mettre fin 

à la catastrophe, 

il faut s’en prendre 

aux classes dominantes »


14 janvier 2021 / Propos recueillis par Laury-Anne Cholez et Hervé Kempf

 

 


Comment agir efficacement pour protéger le climat et nos existences ? Dans cet entretien, Andreas Malm s’attache à souligner le rôle central du capitalisme, souvent passé sous silence, dans l’enchaînement actuel des catastrophes écologiques. Et plaide pour le dépassement des idéologies arc-boutées sur le principe de « non-violence » en faveur d’un sabotage de biens matériels choisis.

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Andreas Malm est maître de conférences en géographie humaine en Suède et militant pour le climat. Il est notamment l’auteur de L’Anthropocène contre l’histoire (2017), Comment saboter un pipeline (2020) et La chauve-souris et le capital (2020), aux éditions La Fabrique.


Reporterre — Comment interprétez-vous la réaction face à la pandémie de Covid-19 ?

Andreas Malm — C’est comme si on faisait face à une nouvelle normalité, comme si le problème devenait chronique. Cette crise pourrait se prolonger longtemps et nous pourrions voir apparaître de nouvelles souches de ce virus ou de nouveaux virus. Quand je circule dans une ville comme Berlin et que je vois tous ces habitants masqués, j’ai l’impression qu’ils sont reliés par des millions de fils invisibles à la crise profonde qui frappe la nature : la destruction continue de la nature sauvage cause l’apparition de nouvelles maladies infectieuses. Mais les gens n’en semblent pas conscients.

Il est remarquable de voir à quel point la dimension écologique de cette crise est absente du débat. Maintenant, on parle des élevages de visons, mais il n’y a pas eu jusqu’ici de discussion sur les causes des catastrophes comme celle que nous vivons. Le débat porte uniquement sur les restrictions qui doivent être mises en place, sur la nécessité d’un confinement ou non, sur l’utilité des masques, sur quand on disposera des vaccins. Les populations humaines ont souffert en Europe, c’est une conséquence de la crise écologique, mais la crise n’a quasiment pas été abordée sous cet angle.


Quelles sont les raisons de notre aveuglement sur la dimension écologique de la pandémie ?

Nous voulons pouvoir continuer comme par le passé. Ce qui rend cet aveuglement extraordinaire, c’est que nous avons vécu une année anormale et que l’approche du business as usual a été rendue impossible. On n’avait jamais vu des gouvernements décréter la fermeture de pans entiers de l’économie. On aurait donc pu s’attendre à ce que les citoyens soient plus disposés à s’interroger. Mais non. Pourquoi la réaction en 2020 est-elle si différente de ce qu’on a pu observer lors de l’été 2018, marqué par des canicules, par la sécheresse ainsi que par des feux de forêt ? À l’époque, en Europe, la population a rapidement fait le lien avec le réchauffement climatique. Il a été discuté par ceux pour qui la crise climatique est un fait aussi bien que par les climatosceptiques, dont une grande partie de l’extrême droite européenne. Mais le caractère exceptionnel de l’été 2018 a également donné naissance au phénomène Greta Thunberg, à la grève des vendredis pour le climat, et au mouvement Extinction Rebellion. L’année 2019 a vu une montée en puissance de la mobilisation pour le climat. 

Comment expliquer ce contraste entre 2018 et 2020 ? En partie par le fait que la climatologie existe depuis longtemps, qu’elle s’est institutionnalisée et a vulgarisé les résultats de ses recherches auprès du grand public. Le réchauffement climatique fait en quelque sorte partie de la culture générale. Par ailleurs, le militantisme pour le climat est très actif depuis de nombreuses années. Les militants et les scientifiques avaient annoncé que de tels phénomènes se produiraient. La population était donc mentalement préparée à ce qu’un événement climatique extrême se produise, même en Europe. En revanche, les travaux scientifiques consacrés aux zoonoses et aux maladies infectieuses émergentes sont restés plus confidentiels, ils n’ont pas réussi à pénétrer autant le débat public et n’ont pas été accompagnés d’un mouvement militant. C’est pourquoi cette pandémie peut continuer à être perçue comme un éclair dans un ciel d’été, comme un accident imprévisible, comme un impact d’astéroïde.

 

Une mine de charbon à Anglesea (Victoria). En dépit des incendies gigantesques qui ont dévasté l’Australie en 2019, le pays n’a pas cessé ses activités aggravant le changement climatique, comme l’extraction de charbon.

 Comment expliquez-vous le choix qu’ont fait les gouvernements de mettre l’économie à l’arrêt ?

C’est un fait remarquable. À un certain niveau, cela s’explique très simplement : si un gouvernement ou les élus des partis qui le composent ne s’avèrent pas compétents dans la gestion de la crise sanitaire et s’ils ne réussissent pas à réduire le taux d’infection et de mortalité, ils peuvent craindre une sanction lors de prochaines élections. C’est ce qui s’est passé lors des élections étasuniennes : la défaite de Donald Trump s’explique en partie par son incapacité à gérer la pandémie.

Une autre motivation est que la pandémie a touché dans un premier temps une population relativement riche dans l’hémisphère Nord, alors que la crise climatique affecte principalement les populations pauvres dans l’hémisphère Sud. Ceci étant dit, c’est bien dans le sud que l’on trouve le plus grand nombre de morts dus au Covid en 2020 : parmi les pays les plus touchés, après les États-Unis, on compte l’Inde, le Mexique et le Brésil.


Dans votre dernier ouvrage, « La Chauve-Souris et le Capital », vous établissez un lien très fort entre Covid et changement climatique. Pourriez-vous l’expliquer ?

En Chine, les populations de chauve-souris se déplacent et le réchauffement climatique est une des raisons qui expliquent ces migrations. Plus les températures augmentent, plus les chauves-souris migrent vers le nord pour retrouver les températures auxquelles elles sont habituées et qui leur conviennent. Dans leur migration, il arrive qu’elles s’installent près de villes comme Wuhan, où elles apportent des pathogènes. Mais on ignore si cette hypothèse peut s’appliquer aux chauves-souris hébergeant le nouveau coronavirus. En revanche, il existe un lien direct entre l’accroissement des températures et le risque d’épidémies dues à des zoonoses. En effet, plus il fera chaud et plus la faune sauvage migrera, entrant ainsi en contact avec les populations humaines et partageant des pathogènes, pour lesquels ces rencontres de populations sont une occasion d’évoluer, de muter et de favoriser l’émergence de zoonoses. Le réchauffement climatique va semer le chaos parmi les populations animales et nous risquons de voir apparaître plus fréquemment de nouvelles pathologies.


Quel serait le lien entre le Covid et le capitalisme ?

Revenons au cas des visons. Pourquoi existe-t-il des élevages de visons ? Des entreprises génèrent des revenus en enfermant ces animaux dans de petites cages et en les nourrissant jusqu’à ce qu’ils soient abattus pour leur fourrure, vendue comme produit de luxe pour de riches consommateurs. Le problème du trafic des espèces sauvages ou de l’exploitation d’animaux d’élevage n’est pas propre à la Chine. Il s’enracine dans une logique essentielle au capitalisme, à savoir que si l’on peut tirer des bénéfices de la vente de quelque chose sur un marché, cette chose doit être transformée en marchandise. Or l’accumulation de capital est possible sur un marché de niche comme celui de la fourrure de vison. Enfermer des animaux dans un espace très étroit est idéal pour permettre à des virus de se propager d’un individu à l’autre, puis d’évoluer et de muter. Le virus a tout à voir avec la tendance systémique du capitalisme à soumettre les animaux et d’autres parties de la nature à la propriété privée et à les transformer en marchandises.

Toute accumulation de capital résultant de l’exploitation commerciale d’animaux sauvages élevés en captivité doit être abolie si l’on veut éviter l’apparition de nouveaux virus et le risque de nouvelles pandémies. À un niveau plus abstrait, on peut affirmer que le capitalisme a tendance à faire surgir ces nouvelles maladies parce qu’il est incapable de renoncer à exploiter les écosystèmes naturels. Le capitalisme est obligé d’envahir ces écosystèmes et de les transformer en sources de profit. Il est intrinsèquement incapable de se rendre compte qu’il y a des limites à l’expansion et qu’il faut respecter ces limites, par exemple en s’interdisant d’envahir certaines forêts tropicales dont la destruction entraînera le chaos environnemental. Respecter des limites est une impossibilité pour le capitalisme, qui doit donc se les voir imposer de l’extérieur.


Imposer des limites au capitalisme, n’est-ce pas y mettre fin, puisqu’il a besoin d’être en constante expansion ?

Certes, mais je ne pense pas que toute limitation puisse immédiatement mettre fin au capitalisme. Certains pays européens avaient par exemple mis en place un État-providence fondé sur la démarchandisation de certains secteurs. Il s’agissait de limites imposées à l’expansion capitaliste, notamment dans les domaines de l’éducation ou de la santé. Cela n’a pas mis fin au capitalisme. Même aux plus beaux jours de l’État-providence suédois, quand des secteurs économiques entiers avaient été soustraits à l’économie de marché, il a coexisté avec le système capitaliste qui a grandement bénéficié aux riches. Mais dans les années 1970 et 1980, le capitalisme a réussi à faire de premières incursions dans les domaines qui lui avaient été soustraits et a commencé à les soumettre à son besoin d’expansion pour l’accumulation de capital. Cela s’est terminé par sa victoire. Résultat, le système éducatif suédois est désormais privatisé plus que partout ailleurs dans le monde occidental.

Imposer des limitations environnementales sérieuses au capitalisme, comme l’a fait par exemple Lula au Brésil contre la déforestation, ne signifie pas mettre un terme au système capitaliste. Le capitalisme a pu y faire son retour et imposer la suppression de toute limite d’abord à l’occasion du coup d’État contre Dilma Rousseff, puis sous Bolsonaro. La leçon à en tirer est que si l’on veut assurer la pérennité des limites, le capitalisme reviendra tôt ou tard en force et luttera pour faire abolir ces limites. Si l’on veut maintenir ces limites, on est donc amené à remettre en question l’existence même d’un système qui ne tolère aucune limite.

 

À l’image des entrepôts Amazon toujours plus nombreux et démesurés, Andreas Malm soutient que le capitalisme est incapable de limiter de lui-même sa destruction de l’environnement.

 Dans « La Chauve-Souris et le Capital », vous prônez un « léninisme écologique ». Pourriez-vous nous expliciter cette idée ?

Mon raisonnement part du fait que nous sommes en situation de catastrophe écologique. Or Lénine et ses camarades bolcheviks — Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht — faisaient face à une catastrophe, celle de la Première Guerre mondiale, qui présente certaines ressemblances avec la catastrophe écologique. Leur position était que lorsque la guerre mondiale éclaterait, il faudrait essayer de retourner la crise contre elle-même en s’attaquant aux moteurs de la crise, à ce qui alimentait la guerre, sous peine de voir se répéter sans cesse les conflits mondiaux. Il s’agissait donc de transformer la Première Guerre mondiale en crise révolutionnaire visant à renverser les élites qui étaient responsables de la catastrophe et voulaient poursuivre la guerre en envoyant de plus en plus d’hommes se faire massacrer par millions.

On peut reprocher beaucoup de choses à Lénine et aux bolcheviks, mais il faut leur reconnaître que c’est ce qu’ils ont réussi à faire en renversant le gouvernement provisoire responsable de la poursuite de la guerre côté russe. Ils ont ainsi mis fin à la Première Guerre mondiale pour les Russes en se retirant du conflit.

Le parallèle avec notre époque est que nous sommes en situation de catastrophe, un état qui devient permanent et voit se succéder une catastrophe après l’autre, événements météorologiques extrêmes ou pandémies. Notre mission stratégique doit être de transformer ces moments de crise des symptômes en crise pour les moteurs. Quand nous subissons une catastrophe naturelle, météorologique ou climatique, nous devrions agir exactement comme l’a fait le mouvement pour le climat en 2018 et 2019 mais à une échelle plus grande et de manière plus intense, en ciblant les causes du désastre. Tant que nous ne nous attaquerons pas aux moteurs de crise, nous en subirons sans fin les symptômes. En ce sens, ce que j’ai proposé d’appeler « léninisme écologique » repose simplement sur une comparaison avec la stratégie de Lénine pendant la Première Guerre mondiale : pour mettre fin à la catastrophe — qu’il s’agisse du conflit mondial ou du massacre écologique —, il faut s’en prendre aux classes dominantes, qui ont intérêt à ce que la catastrophe se poursuive.
 

Pourquoi préférez-vous la notion de Capitalocène à celle d’Anthropocène ?

Il est simplement inexact de prétendre que l’ensemble de l’espèce humaine se comporte de la même manière. Un récent rapport d’Oxfam et de l’Institut environnemental de Stockholm indique que les émissions de gaz à effet de serre (GES) des 1 % les plus riches depuis les années 1990 représentent plus du double des émissions de la moitié la plus pauvre de l’humanité. Ce qui est en jeu ici n’est pas seulement les émissions des plus riches mais leur idéal de vie, qui alimente une spirale consommatrice de plus en plus destructrice.

Remplacer la notion d’Anthropocène par celle de Capitalocène, c’est vouloir être plus précis en disant que c’est le capital — comme processus et comme structure particulière d’interaction humaine fondée sur l’inégalité et le pouvoir — qui s’est transformé en facteur de changement géologique destructeur, et non pas l’espèce humaine. Ce qui se passe ne relève pas de nos caractéristiques biologiques en tant qu’espèce Homo sapiens, mais d’une évolution historique et sociale particulière.


Le capitalisme numérique est devenu aussi puissant que les « majors » pétrolières. Comment analysez-vous cette évolution au sein du capitalisme et quel rôle joue le capitalisme numérique ?

On imagine à tort que les technologies numériques possèderaient une immatérialité résultant de leur découplage d’avec le monde matériel, les plaçant dans la post-destruction. Cette vision ne correspond aucunement à la réalité. Des rapports ont établi à quel point Internet contribue à la consommation mondiale d’énergie, y compris fossile. On peut bien entendu rétorquer que ces machines fonctionnent aussi bien à l’énergie renouvelable. Mais le capitalisme numérique a clairement augmenté la cadence à laquelle nos sociétés produisent et consomment en général. N’oublions pas les nombreux autres effets du capitalisme numérique, notamment son incidence idéologique qui provoque chez l’être humain un détachement croissant du monde naturel, un glissement intellectuel, mental et culturel. Les gens passent un temps infini devant leurs écrans plutôt que d’interagir avec le monde extérieur. Cela ne me semble pas positif et je crois que notre conscience de l’environnement ne bénéficie pas de notre propension à disparaître dans le monde numérique.


Dans « Comment saboter un pipeline », vous critiquez la non-violence. Pourquoi ?

Je ne suis pas contre les méthodes d’action non violentes en politique, j’ai d’ailleurs participé à bon nombre d’entre elles. Ce à quoi je m’oppose, c’est l’idée que ces méthodes sans aucun dégât matériel, ni rien qui puisse être considéré comme de la violence, soient les seuls moyens d’action que nous puissions employer au sein du mouvement climat. Prenons par exemple Extinction Rebellion. Pour eux, un mouvement social est condamné à perdre le soutien de la population dès qu’il recourt à des méthodes qui pourraient sembler ne serait-ce qu’un peu violentes. Je ne pense pas que cette analyse s’appuie sur une compréhension historiquement exacte des mouvements sociaux et je ne crois pas qu’il soit sage pour le mouvement climatique de prononcer des vœux perpétuels de non-violence absolue.

Le mouvement Black Lives Matter inflige par exemple un démenti complet à la théorie du pacifisme stratégique. Il a vraiment décollé quand des habitants de Minneapolis ont pris d’assaut et incendié le commissariat de police de cette ville. Si le pacifisme stratégique disait vrai, cet événement aurait dû entraîner la diabolisation de Black Lives Matter. Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Cet incendie a permis de prendre de conscience que la police n’est pas au-dessus des lois aux États-Unis. Black Lives Matter a rassemblé ensuite un grand nombre de courants ; certains choisissant la destruction de biens, renversant des statues érigées à la gloire de propriétaires d’esclaves, d’autres affrontant la police lors d’émeutes urbaines. Et la plupart manifestant dans le plus grand calme.

Cela nous apprend que la diversité des tactiques est indispensable à tout mouvement. Le rôle qui incombe à la frange radicale militante est d’insuffler à ceux qui ne veulent pas s’engager sur la voie du militantisme actif le courage de descendre manifester dans la rue pour faire entendre leur voix. Appliquer la leçon de Black Lives Matter au mouvement pour le climat, c’est chercher des modes d’action qui soient équivalents à la destruction du commissariat à Minneapolis ou aux statues renversées. Je n’incite pas à la violence contre les personnes, mais je pense que la destruction de biens a joué un rôle dans pratiquement tous les mouvements sociaux qui ont atteint leur but. En France, cela est encore plus vrai que dans n’importe quel autre pays. Vous êtes des champions dans ce domaine parce que vous êtes le pays en Europe où les conflits sociaux sont encore assez réguliers. Les Gilets jaunes n’auraient pas autant marqué le paysage politique français s’ils avaient été un mouvement entièrement non violent.

 

Le collectif La Ronce a appelé à subtiliser des bouchons de paquets de sucre pour protester contre la réautorisation des pesticides néonicotinoïdes.

 Quelle stratégie le mouvement pour le climat devrait-il suivre aujourd’hui ?

Avec la pandémie, on a assisté à un suicide du mouvement pour le climat : il s’est effacé tout seul. La grève pour le climat (Fridays for Future) a par exemple décidé de cesser son action en raison de la crise sanitaire. C’était une erreur. Toute la dynamique patiemment construite en 2019 a été perdue. Le mouvement pour le climat aurait dû faire comme Black Lives Matter : continuer à descendre dans la rue et à occuper l’espace public tout en portant des masques et en respectant la distanciation physique. Le mouvement ne peut exister si nous nous contentons de manifester derrière nos écrans. Il faut poursuivre les grèves ou des actions de désobéissance civile. Mais, au vu de l’extrême urgence à laquelle nous faisons face, nous devons monter en puissance et enrichir notre répertoire d’action en y incluant des tactiques de militantisme actif.

La démarche est risquée, car elle peut évidemment échouer. Mais je pense que nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de n’utiliser que des tactiques ne comportant aucun risque. Prenons un exemple : j’ai lu que les activistes d’Extinction Rebellion à Bordeaux ont dégonflé les pneus de SUV dans les quartiers les plus aisés de la ville. C’était une excellente initiative. Si de nombreux activistes font cela, ils peuvent attirer l’attention sur les émissions du luxe et saper la légitimité de ce type de consommation tout simplement injustifiable. Si les États sont incapables d’y remédier, c’est aux citoyens d’agir.


Comment pratiquer le sabotage dans un contexte très répressif ?

Je ne dis pas que tout le monde doit pratiquer le sabotage, ni que celui-ci est la panacée. Mais je pense qu’il y a des activistes frustrés par l’inadéquation complète de la réponse à la crise climatique et qui souhaitent passer au niveau supérieur. Et je crois que le mouvement pour le climat ne devrait pas leur déconseiller de le faire, mais plutôt les encourager. Et puis, certaines formes de sabotage ne sont pas très risquées. En 2007, quand nous avons dégonflé des pneus de SUV en Suède, une de nos camarades a été arrêtée. Elle n’a pas été condamnée. Évidemment, si ce geste était pratiqué à grande échelle, les sanctions encourues pourraient devenir sérieuses. Mais il reste possible de mener certaines actions de sabotage sans courir le risque d’une répression forte. Et comme le dit très justement le collectif La Ronce dans son manifeste, c’est parce que les technologies à base d’énergies fossiles sont quasi omniprésentes qu’on peut facilement les cibler. Il faut réfléchir soigneusement aux types d’action menées, tâcher d’éviter la répression autant que possible et ne pas se précipiter dans les bras de la police, comme XR aime à le faire.


La Ronce appelle aux sabotages individuels. Pensez-vous que ces actions puissent être efficaces ?

Quand un groupe lance un appel à l’action, on dépasse le phénomène individuel. Il s’agit bien de quelque chose de collectif et de politique. J’en veux pour preuve l’idée de boycott telle qu’elle a été appliquée pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. On pourrait dire que refuser d’acheter des produits sud-africains relevait d’une décision individuelle. Et pourtant, c’était un phénomène collectif et politique. Il me semble que cela s’applique ici aussi. Le risque des actions de La Ronce, même si je manque de connaissances précises sur les intentions de ce collectif, c’est de finir par tout cibler sans distinction en s’en prenant à l’ensemble de la civilisation industrielle. C’est ce qu’on a vu avec les mouvements de « sabotage écologique » dans les années 1980 et aussi 1990.

Quand les défenseurs de l’environnement optent pour le sabotage, ils pensent qu’il n’y a rien dans la civilisation industrielle qui ne soit pas destructeur et qu’il faut donc l’attaquer dans tous ses aspects. Mais tout cibler, c’est ne rien cibler. Ce qui rend le sabotage intéressant, c’est d’être précis et sélectif. En choisissant telle ou telle cible, on souligne son caractère destructeur et on suscite le débat public en espérant la priver de légitimité pour entraîner sa disparition.

Les SUV se prêtent bien au sabotage, car il est possible de créer un effet de dissuasion à l’achat. À force de voir se dégonfler leurs pneus — c’est ce que nous avons vu en Suède — les acheteurs de voitures finissent par se dire que s’ils choisissent un SUV, ils risquent de se retrouver à plat le lendemain matin. Il est nettement préférable de concentrer ses forces sur une ou deux cibles et si on atteint le premier objectif, on peut en poursuivre un autre. De plus, il faut vraiment veiller à cibler la consommation des riches. Les SUV représentent un symbole de statut social, relevant de la consommation ostentatoire. On pourrait aussi s’en prendre aux yachts de luxe ou à d’autres cibles représentant des émissions de luxe absolument injustifiables. Enfin, quand on pratique le sabotage, il faut expliquer aux gens pourquoi on le fait. Il faut être capable de publier des communiqués et des manifestes ou des tracts qui exposent très clairement les raisons qui motivent une action. Il ne suffit pas d’ouvrir des canettes de coca au petit bonheur la chance dans des supermarchés et de s’enfuir en courant.

  • Propos recueillis par Laury-Anne Cholez et Hervé Kempf

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 Lire aussi : Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme et adepte du sabotage


Source : Laury-Anne Cholez et Hervé Kempf pour Reporterre

Photos :
. chapô : Andreas Malm
. Mine de charbon : John Englart / Flickr
. Entrepôt Amazon : © Mathieu Génon/Reporterre
. Bouchons : © Collectif La Ronce

 

Source : https://reporterre.net/Andreas-Malm-Pour-mettre-fin-a-la-catastrophe-il-faut-s-en-prendre-aux-classes-dominantes