Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan. Mais pas que. Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...
BLOG EN COURS D'ACTUALISATION... ...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...
10h30 : prises de paroles et échanges avec des collectifs et organisations locales
12h30 : marches des casseroles vers Codalet
Musiques et repas partagé sur site
Partout sur le territoire émergent des projets de lotissements dont nous, habitants du pays, voulons questionner la pertinence.
À Codalet, Catllar, Los Masos, Prades, Ria, Fillols, Vernet-les-Bains… des terres agricoles sont menacées de destruction au nom d’une politique d’urbanisation déconnectée des enjeux réels de notre époque, menée sans la moindre concertation et servant en premier lieu les intérêts des promoteurs immobiliers et autres spéculateurs.
Qui en est informé ? Qui décide ? Au bénéfice de qui ?
Un forum populaire, c’est une petite expérience de démocratie vivante où chacun et chacune est invité à débattre de sujets qui nous concernent.
Ce forum du 6 novembre, c’est l’occasion de s’informer et de discuter des projets d’urbanisation sur notre territoire, puisqu’élus, collectivités locales et institutions rechignent à en faire une question publique.
Réfléchissons collectivement et agissons pour préserver les terres nourricières, en Conflent et ailleurs.
Faisons barrage
à l’artificialisation galopante
de nos meilleures terres !
Refusons leur destruction irréversible.
Rien n’est joué d’avance !
Rien ne se fera sans nous !
Tous à Prades le
samedi 6 novembre !
A l’appel du Collectif Els Brulls Terres Agricoles et de l’association La Terre C’est Nos Oignons, avec le soutien du collectif Codal’Terre, Bien Vivre en Pyrénées catalanes, Bien vivre en Vallespir, Aspahr, Alternatiba66, Greenpeace, Confédération Paysanne, En Commun 66, Frêne 66, Plus Jamais Ça 66, Attac Vallespir, Terres Vivantes, Collectif SETA (Albères), Ligue des droits de l’Homme 66.
Texte à l’appui. UNE BARRICADE N’A QUE DEUX CÔTÉS. Un texte de Daniel Mermet
Enfin toute la vérité sur le PCPE,
le plus grand parti au monde !
Le
Qu’est-ce que le PCPE ?
PCPE signifie : « Pas de Couilles, Pas d’Embrouilles » (en anglais, PCPE se dit NBNT : « no balls, no trouble »).
Précisons tout de suite que le PCPE n’est pas exclusivement masculin.
Beaucoup de femmes en font partie, PCPE signifie aussi « Pas de Courage, Pas d’Embrouilles ».
Les initiales PCPE désignent aussi bien la personne qui en fait partie que le parti lui-même.
Le PCPE a pour emblème la manche à air
La manche à air ne fait rien
par elle-même, c’est le vent qui la gonfle et la dirige. De même, le
PCPE se laisse gouverner et ne prend pas parti. Il conteste, il rechigne
mais il finit par se soumettre au vent dominant. Pour le PCPE, ceux qui
prennent parti sont des idéologues, des extrémistes de tous bords, des
fascistes ou des gauchistes, ce qui pour lui revient au même. Le PCPE
n’est ni de gauche ni de droite, bien au contraire.
Comment reconnaître un PCPE ?
On le reconnaît aisément aux expressions qu’il emploie abondamment tel que :
« c’est plus compliqué que ça »
« c’est pas tout noir tout blanc »
« ça dépend »
« on sait jamais »
« on peut en penser ce qu’on veut »
« on n’y peut rien »
« faut pas se prendre la tête »
« je ne me mêle pas de ça »
« c’était mieux avant »
« je peux pas, j’ai piscine », etc.
On trouve des PCPE partout
dans le monde, dans tous les milieux et à tous les âges. Il y a une
grande variété de PCPE, nous n’en évoquerons ici que quelques-uns. Pour
les toutologues (les experts en toute chose), le PCPE, c’est
l’opportuniste, le courtisan, le fayot, le faux-cul. Évidemment, le PCPE
ne se reconnaît pas dans ces termes péjoratifs, pas plus d’ailleurs
qu’il ne se reconnaît comme PCPE. Souvent, il se voit même comme un
toutologue, qui n’hésite pas à fustiger le PCPE. Tout comme le bobo
parisien méprise le bobo parisien, le PCPE méprise le PCPE.
Sociologie du PCPE
Le PCPE est présent aussi
bien chez les dominants que chez les dominés. Le PCPE dominant tient le
dominé à distance, par la loi, par la culture ou par le gaz lacrymogène.
Il proclame que c’est l’ordre naturel des choses, naturel et même
nécessaire. Chacun son monde, chacun sa manière de voir, apprend-il à
ses enfants. C’est le développement séparé des classes. Ses enfants
hochent la tête. Entièrement dévouée à son service, il dispose d’une
élite politique, médiatique et intellectuelle bien dressée qu’il
récompense d’une petite tape sur le derrière. Il aime faire le modeste
qui est parti de rien, l’homme tout simple d’origine paysanne ou
ouvrière qui ne manque pas de dire son admiration pour l’authenticité du
pauvre pour sa gouaille, sa frugalité et son sens du rythme si c’est un
pauvre de couleur.
Le PCPE dominé ne conteste
pas cet ordre naturel. Il y a toujours eu des riches, il y en aura
toujours, apprend-il à ses enfants. S’il n’y avait plus de riches, qui
achèterait les produits de luxe qui donnent du travail aux pauvres ? Et
qui servirait de modèle au pauvre ? Sans le riche, c’est le goulag et la
Corée du nord. Chacun son monde. Ses enfants hochent la tête. Chacun sa
manière de voir. Et d’ailleurs, le PCPE dominé admire la splendeur du
riche, ses yachts et ses jets privés, tout comme il compatit à ses
déboires et à ses joies. Si l’homme le plus riche du monde est un
Français, il en ressent de la fierté. Mais ce PCPE cache parfois son
jeu. Le PCPE dominant a beau veiller à bien l’attacher à sa niche, il
arrive que le dominé casse sa laisse et s’en aille mordre le monde et y
mettre le feu. À maintes reprises dans l’histoire, ce PCPE-là s’est
montré bien ingrat. Aussi le dominant – bien à contrecœur – a dû
quelquefois faire rétablir l’ordre dans un grand bain de sang salvateur.
Tout comme la manche à air se
soumet au vent, le PCPE se soumet au chef. Il préfère occuper un rôle
subalterne plutôt que de prendre des risques. Le PCPE ne prend pas de
risque. En cas de grève, il sera en arrêt maladie ou posera un congé. Il
n’oublie jamais de complimenter son supérieur sur sa taille fine et son
bronzage. Mais attention, il arrive que le valet devienne le maître de
son maître. Il arrive que le PCPE, par ruse ou par hasard, se retrouve
sur le trône du monde à bénir des foules immenses, ou qu’il chevauche à
la tête d’une armée à la conquête de la Pologne. Mais ce n’est pas très
fréquent.
D’où vient le PCPE ?
Le PCPE est immortalisé par
la figure du petit singe qui n’a rien vu, rien entendu, et qui n’a rien à
dire. On trouve beaucoup d’exemples pour illustrer l’histoire du PCPE.
Depuis Ponce Pilate qui s’en lave les mains jusqu’à Brassens chantant ce
bourgeois qui possède « pour tout cœur un viscère sans fièvre ».
On le retrouve faisant allégeance à la France de Vichy. Mais attention,
le vrai PCPE ne s’engage pas dans la collaboration, ce serait prendre
trop de risques. Non, lui, c’est celui qui dénonce ces soi-disant
résistants qui, par leurs actions terroristes, entraînent des
représailles qui frappent des innocents. Tout comme la manche à air
obéit au vent dominant, le PCPE obéit à la loi. Si la loi fait
obligation aux Juifs de porter une étoile jaune, en bon citoyen, le PCPE
signalera tout manquement aux autorités, mais discrètement et de façon
anonyme, il ne voudrait pas être récompensé pour un acte civique aussi
naturel.
Quelques genres de PCPE
Un poltron ? Un mouton ? Une
chiffe molle ? Pas toujours. Le PCPE est parfois radical, inflexible
même. Entre le fromage et le dessert, il lui arrive de se déclarer
bruyamment partisan de l’homme fort qui va remettre le pays debout car
il marche sur la tête. Chaque jour, des policières sont égorgées par des
islamistes, des tueurs en série sont remis en liberté, des sans-papiers
violent des vieilles dames, des drogués pédophiles prennent en otage
nos fillettes, sans parler des vélos qui roulent sur les trottoirs. Pour
ramener l’ordre et la sécurité, il faut un pouvoir fort, une police
forte, et des chars s’il le faut ! Résistance ! Sa femme lui dit pas si
fort, pas si fort, et il reprend un peu de gâteau. Souvent dans
l’histoire, le PCPE est ce ventre mou d’où sortent des matières brunes
et des chants virils.
Le PCPE et l’histoire
Le PCPE a joué un rôle majeur
dans l’histoire humaine, et les exemples abondent. Ainsi, en 1942, lors
de la Seconde guerre mondiale, le gouvernement polonais en exil à
Londres adressa aux gouvernements alliés un rapport documenté sur
l’existence des camps d’extermination dans la Pologne occupée. La
réaction des gouvernements anglais et américain fut l’incrédulité et le
déni. Et l’inaction. Ces informations irréfutables furent passées sous
silence. Combien de centaines de milliers de victimes sont imputables
aux PCPE ? Aux États-Unis, même les quotas d’immigration des
ressortissants juifs ne furent pas revus à la hausse. Les responsables
nazis furent condamnés lors du procès de Nuremberg en 1946, mais ces
PCPE restèrent impunis et gardèrent leurs mains blanches, faisant le V
de la Victoire.
Si le PCPE est chez lui dans
le monde politique, il prolifère tout autant dans le monde médiatique.
Il en est le principe même : la neutralité. Il en est son dogme,
l’équilibre, le débat, le même temps de parole, cinq minutes pour les
Juifs, cinq minutes pour les nazis. Entre deux verres, un illustre
directeur de France Inter le répétait dans la bonne humeur à ses
journalistes : « pas de couilles, pas d’embrouilles ! »
Le PCPE et le RWANDA
On peut parcourir toute
l’histoire humaine, on trouvera le PCPE à chaque détour. Le 17 octobre
1961, la police parisienne sous les ordres du préfet de police Maurice
Papon assassinait des dizaines de manifestants algériens pacifiques. Ce
massacre en plein Paris, aux yeux de tous, est passé sous silence
pendant trente ans. Lorsqu’une rare voix évoquait ce pogrom, il se
trouvait toujours un PCPE pour en douter, affirmant : « si c’était vrai,
ça se saurait ». Durant les années de cette guerre, le PCPE fut souvent
à gauche. La gauche « enlisée dans une misérable prudence », disait l’écrivain Jean-Paul Sartre.
Mais dans l’histoire récente,
c’est lors du génocide des Tutsis du Rwanda que le PCPE s’est surpassé.
En 1994, durant cent jours, le monde entier a laissé faire sans rien
faire. 800 000 Tutsis et nombre de Hutus modérés furent massacrés au vu
et au su de toute l’humanité. Jusqu’à cinq cents tonnes de cadavres par
jour sans que personne ne fasse un geste pour s’opposer aux tueries qui
se déroulaient sous les yeux de millions de témoins. Les reportages se
succédaient, des images de tas de cadavres en décomposition d’hommes, de
femmes et d’enfants torturés étaient publiées dans tous les médias,
dans l’indifférence générale.
Depuis longtemps,
l’insaisissable « communauté internationale » était informée des
préparatifs d’une extermination massive. Belgique, Vatican, Afrique du
Sud, États-Unis, France… l’apathie cynique des responsables politiques
en fit les complices des génocidaires. Aucun n’a été poursuivi pour
complicité de crime contre l’humanité.
Pour justifier la
non-intervention des États-Unis, Bill Clinton et Madeleine Albright
s’acharnèrent à imposer l’expression « crise humanitaire », mais surtout
pas génocide. Ce qui fit dire à Rony Brauman, président de Médecins
sans frontières, « si Auschwitz avait eu lieu dans les années 1990, ce
serait une crise humanitaire ». Lors du génocide du Rwanda, seul le
petit État du Ghana, l’un des plus pauvres au monde, se déclara résolu à
intervenir. Ses gouvernants demandèrent un soutien militaire aux
États-Unis, qui leur fut refusé.
PCPE, COURAGE, FUYONS !
Partout, on retrouve ce PCPE
caché derrière son petit doigt et les jambes à son cou. Courage,
fuyons ! On sourit. Le PCPE suscite aussi notre indulgence, car nous
avons tous en nous quelque chose de PCPE. C’est le grand timide, c’est
l’anti-héros. En amour, c’est celui qui n’entreprend rien dans la
crainte d’essuyer un refus, c’est celle qui garde le sac de sa copine,
c’est celui qui plie son pantalon. Le PCPE, c’est aussi le dilettante,
le chantre du farniente, l’évitiste, l’aquoiboniste. C’est celui qui,
dans son hamac, se laisse bercer par les alizés, cet oisif que
l’athénien Thucydide montrait du doigt en disant « il faut choisir : se reposer ou être libre ».
Le PCPE est celui qui se repose, le cool qui ne se prend pas la tête,
celui qui se dit libre alors qu’il est prisonnier derrière les barreaux
de son ignorance.
La soumission à l’autorité
On se souvient de
l’expérience de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité. En 1963,
ce chercheur en psychologie sociale a montré comment 65 % d’entre nous,
nous les braves gens ordinaires, comment nous sommes capables
d’infliger des tortures à autrui pour peu qu’on nous en donne l’ordre.
Le scientifique en blouse blanche peut bloquer notre capacité de penser
par nous-mêmes et nous conduire à torturer notre semblable en restant
insensible à ses cris de douleur. Cette expérience dérangeante a mis le
PCPE en évidence. Le brave appelé en Algérie par exemple, celui qui
faisait tourner la machine à torturer, la gégène, parce qu’il en avait
reçu l’ordre. Quelle leçon a-t-on tiré de la démonstration de Milgram ?
Quelle prévention ? Quelle éducation ? L’expérience a été reproduite
depuis à plusieurs reprises, avec sensiblement les mêmes résultats.
Le PCPE joue un rôle
considérable par le fait même qu’il refuse de jouer un rôle, par
crainte, par ignorance ou par choix. Son contraire, l’homme « engagé »,
n’est pas toujours un progressiste, et tout ce qui bouge n’est pas
rouge. Mais le PCPE, le « dégagé » qui ne fait rien risque de faire
autant de grabuge que celui qui fait quelque chose. Personne ne peut
prétendre à la neutralité, et une barricade n’a que deux côtés. Comme
disent les toutologues, nous sommes responsables de nos actes même si
nous n’agissons pas. Le « black bloc » qui casse la vitrine de la banque
est moins nuisible que le banquier qui se terre à l’intérieur.
Le PCPE d’aujourd’hui
Si le PCPE est aussi ancien
que l’humanité, on le rencontre de plus en plus souvent de nos jours.
Pourquoi ? Avec le triomphe du néolibéralisme, la précarité s’est
généralisée. Intermittent, auto-entrepreneur, nous sommes dans l’ère de
l’individu-entreprise. Chacun gère sa petite boutique dans sa petite
rue. Or la précarité mène à la docilité. Et la précarité générale
conduit à la docilité générale. Finies les grandes contestations
collectives, les grèves générales et les pavés d’enthousiasme. Le PCPE
est au néolibéralisme ce que l’homme nouveau fut au stalinisme. Si le
PCPE était auparavant synonyme d’opportunisme et d’égoïsme, aujourd’hui
il est devenu banal, il est partout, revenu de tout, désenchanté et
résigné à un avenir sans surprise. Il est dans la vie comme un eunuque
dans un harem. Mais notre malheur ne vient pas seulement de l’action
des méchants, il vient de l’inaction des gentils. C’est à eux,
c’est-à-dire à vous que ces révélations s’adressent. À vous et à nous
tous. Comme dit le vieux Gaston Bachelard, le futur n’est pas ce qui
arrive, c’est ce que nous en faisons.