Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mercredi 31 octobre 2018

Vendredi 2 novembre : Nous voulons des coquelicots ! Prades 18h30




C'est ce vendredi !

"2 NOVEMBRE, JOUR DE FÊTE NATIONALE"


"Le vendredi 2 novembre à 18H30, les signataires de l’Appel se retrouvent à nouveau devant les mairies de leurs villes et villages. Inscrivez-donc votre rassemblement sur cette page !


Ça va swinguer, coquelicots à  la boutonnière ! Nous vous avons concocté quelques chansons pas piquées des vers (à télécharger ici). Aux nouveaux venus, on souhaitera la bienvenue et on se rappellera ensemble le sens de l’Appel. Ceux qui étaient là, la fois précédente , dresseront un bilan du mois écoulé et nous imaginerons ensemble les prochaines actions à mener. Avec UN objectif central, impératif, essentiel : récolter des signatures. A l’aide des feuilles d’émargement, via une tablette ou avec votre téléphone portable. Faire signer, c’est le mot d’ordre !

Enfin, si vous avez prévu le coup, on descendra quelques verres de vin, de cidre ou d’orangeade, au milieu des cris d’enfants, des sonnettes de vélos, des tambours et des casseroles. Juré, on va à nouveau s’amuser et faire du bruit.

PS : Il nous est arrivé aux oreilles que des municipalités enquiquinent certains d’entre vous en leur réclamant des assurances ou en laissant entendre que des agriculteurs pourraient venir leur frotter les oreilles… On vous a concocté une petite note, pour rappeler l’essentiel: se rassembler est un droit (constitutionnel, même !)."


Pour les Pyrénées Orientales il y a eu 4 rassemblements le 5 octobre : Argelès, Le Soler, Perpignan et Prades.

Cette fois, nous nous retrouverons à Prades pour dire 'Nous voulons des coquelicots !' et nous demanderons l'arrêt de tous les pesticides de synthèse.

Voici ici l'Appel (à signer et à faire signer)


https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/


Nous voulons des coquelicots

Appel pour l’interdiction de tous les pesticides 

de synthèse


"Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance.

L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant. Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Il y en a des milliers.

Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans; la moitié des papillons en vingt ans; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde !

Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection.

Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides de synthèse en France. Assez de discours, des actes."

Les coquelicots de Véro (Prades)


 Source : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/agir-ensemble/

mardi 30 octobre 2018

Cette semaine à l'Atelier de l'Entonnoir


 
Mardi :
permanence collectif bienvenue aux migrants
Omnibus
l'incroyable Cantine
 
Conférence permaculture
 
Mercredi : 
Amap
grainothèque,
Projection
STAN & ULYSSE,
L’ESPRIT
INVENTIF
 
Samedi : 
Concert
Working class heroes
Entrée 5€ pour les Adhérents
10€ pour les non Adhérents
 
Lundi :
Qi Gong
 
 
 
Si vous aussi vous voulez proposer un atelier, n'hésitez pas à nous contacter :
 
06.35.39.34.31
 
 
Mardi
 
 
Permanence du collectif bienvenue migrants conflent

Tous les mardi de 10h à 12h à l'Entonnoir.
 
Permanence / information
every Tuesday from 10h to 12h at l’ENTONNOIR

لدوام / المعلومات كل يوم ثلاثاء من الساعة 10 إلى الساعة 12 في مسار التحويل
 
 
 
 

 
10-12h : La bibliothèque de l'OMNIBUS est ouverte!

Si tu veux des conseils de lecture ou choisir toi même ton livre, c'est le créneau!
Livre à consulter sur place ou à emporter pour les adhérents de l'Entonnoir
 
 

 
 
12h30 : Incroyable Cantine

C’est, bio et végétarien,
préparé par les adhérents, ...par vous la semaine prochaine...
Menu entrée/plat/dessert à 6 Euros
20 Réservations mardi matin à partir de 11h au 04 68 97 06 12
.
 
 
Mercredi
 
 
18h00 : Grainothèque
 
Libre échange de semences, ramenez les graines dont vous vous servez plus et/ou prenez en des nouvelles, venez échanger vos savoirs et savoirs faires
Livres à consulter
 

 
 
 
18h30 : AMAP du conflent
 

 
 
SAMEDI
 
 
Working Klass Heroes
Working Klass Heroes est un groupe de 6 musiciens, créer en 2010 à Perpignan.

Mêlant des sonorités Rock US, Metal, Hardcore et Electro, notre son prend sa source dans les années 90 et 2000, terreau riche de fusions et d'expérimentations.
 
 
 
 
Lundi
 
 
18H- Qi Gong
 
avec Véro et Michel
18h30
10€ / mois
 
 

www.atelierdelentonnoir.fr

Atelier de l’entonnoir
1 rue des Marchands
66500
Prades
Tel :04-68-97-06-12
contact@atelierdelentonnoir.fr

lundi 29 octobre 2018

Les bienfaits des aliments bio


Moins de cancers 

chez les consommateurs 

d’aliments bio


Communiqué | 22 oct. 2018 - 18h40 | Par INSERM (Salle de presse)



 ©Adobestock


Une diminution de 25% du risque de cancer a été observée chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bio, par rapport aux personnes qui en consomment moins souvent. C’est ce que révèle une étude épidémiologique menée par une équipe de l’Inra, Inserm, Université Paris 13, CNAM, grâce à l’analyse d’un échantillon de 68 946 participants de la cohorte NutriNet-Santé. Bien que le lien de cause à effet ne puisse être établi sur la base de cette seule étude, les résultats suggèrent qu’une alimentation riche en aliments bio pourrait limiter l’incidence des cancers. Des travaux complémentaires sont toutefois nécessaires pour la mise en place des mesures de santé publique adaptées et ciblées. Cette étude est publiée dans le JAMA Internal Medicine le 22 octobre 2018.

Le marché des aliments issus de l’agriculture biologique « bio » connaît un développement très important depuis quelques années. Au-delà des aspects éthiques et environnementaux, une des principales motivations de consommation est le fait que ces produits sont issus de modes de production sans produits phytosanitaires et intrants de synthèse et pourraient donc s’accompagner d’un bénéfice pour la santé. Toutefois, les rares données épidémiologiques disponibles ne sont pas suffisantes à l’heure actuelle pour conclure à un effet protecteur de l’alimentation bio sur la santé (ou un risque accru lié à la consommation des aliments issus de l’agriculture conventionnelle). Si la manipulation des intrants chimiques, en particulier via une exposition professionnelle chez les agriculteurs, a été associée à un risque accru de pathologies (en particulier cancer de la prostate, lymphome et maladie de Parkinson), le risque encouru via les consommations alimentaires en population générale n’est pas connu.

Des chercheurs du centre de recherche en Epidémiologie et Statistiques Sorbonne Paris Cité (Inra/ Inserm/Université Paris 13/CNAM) ont mené une étude épidémiologique basée sur l’analyse d’un échantillon de 68 946 participants (78% de femmes, âge moyen 44 ans) de la cohorte française NutriNet-Santé (voir encadré ci-dessous). Leurs données relatives à la consommation d’aliments bio ou conventionnels ont été collectées à l’inclusion, à l’aide d’un questionnaire de fréquence de consommation (jamais, de temps en temps, la plupart du temps) pour 16 groupes alimentaires[1]. Des caractéristiques sociodémographiques, de modes de vie ou nutritionnelles ont également été prises en compte dans cette analyse.


Au cours des 7 années de suivi (2009-2016), 1 340 nouveaux cas de cancers ont été enregistrés et validés sur la base des dossiers médicaux. Une diminution de 25% du risque de cancer (tous types confondus) a été observée chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bio comparés aux consommateurs plus occasionnels.


Cette association était particulièrement marquée pour les cancers du sein chez les femmes ménopausées (-34 % de risque, score bio élevé versus bas) et les lymphomes (-76 % de risque). La prise en compte de divers facteurs de risque pouvant impacter cette relation (facteurs sociodémographiques, alimentation, modes de vie, antécédents familiaux) n’a pas modifié les résultats.

Plusieurs hypothèses pourraient expliquer ces données : la présence de résidus de pesticides synthétiques beaucoup plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus d’une agriculture conventionnelle, comparés aux aliments bio. Autre explication possible : des teneurs potentiellement plus élevées en certains micronutriments (antioxydants caroténoïdes, polyphénols, vitamine C ou profils d’acides gras plus bénéfiques) dans les aliments bio.

Les conclusions de cette étude doivent être confirmées par d’autres investigations conduites sur d’autres populations d’étude, dans différents contextes. Néanmoins, ces résultats soutiennent les recommandations du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) émises en 2017 pour les futurs repères alimentaires du Programme National Nutrition Santé (PNNS) visant à privilégier les aliments cultivés selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides pour les fruits et légumes, les légumineuses et les produits céréaliers complets.

[1] Fruits, légumes, produits à base de soja, produits laitiers, viande/ poisson/œufs, féculents/légumes secs, pain/céréales, farine, huiles/condiments, plats préparés, café/thé/infusions, vin, biscuits/chocolat/sucre/confiture, autres aliments, compléments alimentaires.

L’étude NutriNet-Santé et le volet Bionutrinet
 Il s’agit d’une étude de cohorte nationale réalisée sur une large population d’adultes volontaires (qui deviennent des Nutrinautes après inscription) lancée en 2009, dont l’objectif est d’étudier les relations nutrition-santé. Dans le cadre de cette étude NutriNet-Santé, le volet BioNutriNet s’intéresse à l’impact potentiel de la consommation des aliments en fonction de leurs modes de production (bio versus conventionnel) sur l’état nutritionnel, sur des marqueurs toxicologiques, sur l’environnement et sur la santé des individus.

Le recrutement de nouveaux volontaires pour participer à l’étude NutriNet-Santé se poursuit. Il suffit pour cela de s’inscrire en ligne (www.etude-nutrinet-sante.fr) et de remplir des questionnaires, qui permettront aux chercheurs de faire progresser les connaissances sur les relations entre nutrition et santé et ainsi d’améliorer la prévention des maladies chroniques par notre alimentation.

En savoir plus : http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/BioNutriNet


Source : https://presse.inserm.fr/moins-de-cancers-chez-les-consommateurs-daliments-bio/32820/?fbclid=IwAR1ElSrp_PwAr6M1gXrW6BPrCKA0v0M7hMFykGshXTdC0hbcBzmhhF4dmzk

dimanche 28 octobre 2018

A Bure, le nucléaire entrave la parole

A Bure, 

le nucléaire entrave la parole 

 

Gaspard D'Allens, journaliste et opposant à la poubelle nucléaire CIGEO à Bure a été jugé mardi 16 octobre sans être prévenu, sans pouvoir s'exprimer et sans avocat. Il risque 3 mois de prison avec sursis, 3000 euros d'amende. Une justice expéditive qui illustre la violence de la répression contre le mouvement anti nucléaire. 

Parfois je me demande au réveil, à l’aube naissante, dans quel pays nous vivons. Il y a un an, en septembre 2017, j’ai vu débarquer à six heures du matin des dizaines de gendarmes dans mon village à Mandres-en-Barrois, près de Bure. Ils venaient fouiller des appartements et des maisons d’opposants au projet de poubelle radioactive CIGEO. Un mouvement auquel j’appartiens.

L’hélicoptère tournait au dessus de nos têtes tandis que les gendarmes forçaient les portes au pied de biche et hurlaient dans la rue « on bouge pas » armes aux poings. Ils ont embarqué au passage des dizaines d’ordinateurs, des clés USB, des téléphones portables et des livres sur l’écologie. C’était notre première perquisition. Depuis, nous en avons subi quatre autres. Dans la mêlée, mon manuscrit «  Bure la bataille du nucléaire », a été saisi. Comme pièce à conviction. Mes premiers lecteurs ont été des policiers.

Un an plus tard, Mardi 16 octobre, je me suis réveillé en apprenant que j’avais un procès le jour même. Je n’ai pas été prévenu. Je n’ai pas reçu de convocation ou de dossier pénal. Mon avocat l’a su en se rendant au tribunal pour d’autres affaires. Le procureur qui a envoyé les documents à une mauvaise adresse, me dit « radicalement introuvable ». Pourtant, je suis sous écoute depuis un an dans le cadre d’une enquête qu’il mène sur la soit-disante « association de malfaiteurs » que constituerait le mouvement d’opposition à CIGEO.

« J’ai été jugé sans même avoir la possibilité de m’exprimer, sans aucun droit de défense »

 

Je suis surveillé quotidiennement. Toutes mes conversations sont fichées, mes gestes, mes déplacements aussi. Il m’est arrivé, lors de conférences publiques à l’autre bout de la France, de voir des gendarmes filmer la salle. A Mandres-en-Barrois, dans ma maison, il n’est pas rare de croiser à la fenêtre un membre du PSIG avec son smartphone. « Click ». On nous prend en photo, cinq fois, dix fois, quinze fois par jours. « Clik ». La nuit, leurs phares éclairent ma chambre. Nous vivons sous occupation militaire. C’est comme dans le film « La vie des autres », sauf qu’ici, ils ne se cachent même pas.

En urgence, j’ai demandé mardi le report du procès. Il a été refusé. J’ai été jugé en absence, sans aucun droit de défense. Sans avocat. Sans même avoir la possibilité de m’exprimer. Je risque 3 mois de prison avec sursis, 3000 euros d’amende pour avoir d’après eux entravé des travaux au bois Lejuc, ce bois où l’Andra souhaiterait enfouir les pires rebuts toxiques de notre modernité. Des déchets radioactifs pour des dizaines de milliers d’années.

« Une opposante a été molestée par des vigiles. Sa plainte classée sans suite »

 

Je rappelle que la propriété du bois est contestée. Qu’un flou juridique plane sur cette forêt et que l’Andra a été condamnée pour avoir effectué des travaux illégalement. Je m’étais ainsi opposé à l’arrivée d’une pelleteuse, vvle 23 janvier 2017, en me mettant symboliquement devant elle. Un journaliste de France 3 était là pour filmer. Où se trouvait la violence ? Une opposante a été molestée par des vigiles. Sa plainte classée sans suite. Les bulldozers ont rasé des cabanes alors que les occupants n’étaient pas encore expulsables… Que fait-on du droit, de la légalité ? En février 2017, le tribunal administratif allait juger que l’Andra n’était pas propriétaire du bois…

La filière nucléaire n’accepte pas la contestation. Et c’est quand on lui donne de la visibilité, qu’elle déploie toute sa violence. qu’elle écrase, qu’elle atomise. Je sais que c’est pour cette raison que je suis ciblé, ce jugement pour entrave n’est qu’un prétexte pour nous intimider et nous faire taire.

Cela fait longtemps que nous voyons les dérives autoritaires se répandre comme une marée pestilentielle. Une militante historique de 60 ans s’est retrouvée en garde à vue pendant 50 heures au début de l’été. Un maraîcher a eu un procès pour avoir transporté un opinel et une pelle à tarte dans son camion. Le 20 juin 2018, notre avocat a été interpellé, mis en garde à vue et son cabinet fouillé. Une association de malfaiteurs plane sur la tête des opposants. On compte au total une cinquantaine de procès, 2 ans de prison ferme cumulés, 26 interdictions de territoire...

« J’ai passé plus de deux ans à Bure pour mieux comprendre et vivre ce qui s’y trame »

 

Je suis journaliste engagé, j’ai passé plus de deux ans à Bure pour mieux comprendre et vivre ce qui s’y trame. Depuis mon arrivée, je suis consterné. Comment se fait- il qu’un sujet aussi majeur soit autant invisibilisé ? Comment se fait-il que l’Etat ait distribué plus d’un milliard d’euros dans la région avant même l’existence légale de ce projet ? Comment se fait-il que les bilans du débat public en 2005 qui concluaient à la nécessité d’un stockage en surface n’aient pas été respectés ? Comment se fait-il qu’on ne parle jamais des deux travailleurs morts au cours du chantier ? Comment se fait-il que l’Andra offre aux notables du coin des parties de chasse dans de magnifiques domaines forestiers ? Pourquoi organise-t-elle des sorties scolaires dans son laboratoire ? Comment se fait-il que le conseil municipal de Mandres-en- Barrois ait voté l’échange du bois Lejuc avec l’Andra en 2015 alors que la population s’était prononcée contre ?

Avec la résistance qui grandit et la visibilité que nous avons tenté de donner à ce sujet, la filière nucléaire se trouve obligée de se justifier, Or, elle est injustifiable. La filière atomique, indéfendable. Pire, elle est criminelle. Jamais une civilisation n’a cédé un legs aussi empoisonné que les déchets radioactifs. Ils n’ont aucune solution pour les traiter mais ils continuent d’en produire. La poubelle nucléaire à Bure est une illusion. Un prétexte pour prolonger le désastre. CIGEO vise à enfouir le problème plus que les déchets, à 500 mètres de profondeur, dans le déni et l’hypocrisie.


« À la neutralité, j’ai préféré les amitiés. L’engagement »

 

J’ai passé deux ans à Bure, car je ne veux pas vivre le journalisme de manière désincarnée et hors-sol. J’ai fait le choix d’habiter ce territoire, de m’y ancrer à une époque où l’information défile d’abord derrière un écran, se tweet et se perd dans les limbes de l’instantanéité. A la neutralité, j’ai préféré les amitiés. L’engagement. « On peut parler de la vie ou depuis la vie » .

Face à l’ordre atomique, la neutralité serait une caution du pouvoir. On ne peut rester insensible à la désertification de ce territoire et à l’avancée inexorable du monstre nucléaire. On ne peut rester neutre face à l’obscénité politique qui impose ce projet.

L’Etat, après avoir séparé les individus entre eux avec sa politique néolibérale, voudrait maintenant séparer les individus en eux-mêmes. On ne pourrait pas être avocat et militant, journaliste et opposant. Il faudrait choisir. Se couper en deux, faire de nous des êtres atrophiés, des «  hommes unidimensionnels » comme l’écrivait Herbert Marcuse.

« 24 000 ans, c’est la demi-vie du plutonium 239. Un fardeau dont chaque génération héritera »

 

Je refuse cette mutilation. Je suis autant journaliste qu’opposant au projet CIGEO. Cela ne rend pas moins légitime mon discours. Chercher une vérité qui se donne dans un quotidien plus qu’elle ne s’objective. Que je me retrouve aujourd’hui devant la justice ne m’inquiète pas. Je continuerai mon travail.

Ce qui me fait peur c’est que nous sommes tous incarcérés dans une société nucléaire qui impose son pouvoir comme jamais un tyran n’y était parvenu. 24 000 ans, c’est la demi-vie du plutonium 239. Un fardeau dont chaque génération héritera, sans possibilité de s’en délivrer.

Alors que dire face à la justice qui essaye de nous mettre dans des cases, de nous transformer en malfaiteur, que dire si ce n’est que nous ne partageons pas le même monde, le même langage. Les mêmes espérances.

 Gaspard D'Allens

Source : https://blogs.mediapart.fr/sauvonslaforet/blog/181018/bure-le-nucleaire-entrave-la-parole