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EDITO
| Christian Vama, un écologiste kanak dans les geôles coloniales |
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Le regard doux, il explique patiemment à la caméra le sens de son
projet d’agroforesterie sur l’île des Pins, dans la province Sud de la
Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’une technique qui permet d’utiliser le
pouvoir régénérant de l’arbre pour développer des cultures sur des sols
peu productifs, détaille-t-il dans un reportage que lui consacrait la
chaîne Nouvelle-Calédonie La 1ère, il y a un an. Christian
Vama est connu sur le « Caillou » pour promouvoir l’agroforesterie, une
manière de cultiver particulièrement développée au Brésil et qui permet
de retrouver, avec une haute qualité écologique, les voies d’une
autosuffisance alimentaire pour les Calédonien·nes. Un projet éminemment
politique dans un territoire désormais extrêmement dépendant de
l’importation pour son alimentation. Passionné par les différents
types d’agriculture, il fait partie de cette jeunesse kanak, attachée à
son identité, qui s’est formée à l’étranger avant de revenir au pays
pour le faire bénéficier de son savoir. | | | |
C’est par un voyage en Hongrie, grâce au service volontaire à
l’étranger, qu’il découvre la face cachée de l’agro-industrie dans des
énormes fermes-usines. « Les vaches ressemblaient à des zombies, tout était géré par ordinateur, la terre n'avait plus la couleur de la terre »,
rapportera-t-il. Il se convainc qu’il faudra faire dans son pays
exactement le contraire. Il s’initie donc parallèlement à la
permaculture et entreprend des formations en Nouvelle-Calédonie.
Alors que le gouvernement français veut imposer au forceps le dégel du
corps électoral, qui signifie la mise en minorité des Kanak sur leur
terre, Christian Vama s’engage dans la CCAT (Cellule de coordination des
actions de terrain), organisation indépendantiste en pointe dans la
mobilisation contre cette réforme.
Accusé comme onze autres
leaders kanak d’avoir fomenté les émeutes de mai dernier sur l’archipel,
il est envoyé en métropole, à Bourges (Cher), en détention préventive à
17 000 kilomètres de chez lui. La France a choisi de faire de celui qui
avait entrepris, avec détermination, de réparer les ravages de la
colonisation sur l’écosystème calédonien, un prisonnier politique.
Alors que l’ONU vient de nous rappeler que son obstination à vouloir dégeler le corps électoral « porte gravement atteinte à leurs droits humains et à l'intégrité du processus global de décolonisation », nous ne l’oublions pas.
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