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mardi 30 août 2022

Chanson : DÉCONNECTÉ


              

      DÉCONNECTÉ

La # La        Mi

Pétrifié sous les néons
La#                 La               Mi
D’une ville sans fleur et sans nom
La#               La          Mi
Je claque des dents sur le bitume
La #               La           Mi
Dites-moi d’où vient la brume ?

J’ai pourtant branché les plugs
Bien activé l’anti bug
Mon téléphone est vidé
La#                  Do     Si La La La# La   Si La La La# La
Je suis déconnecté

Dites-moi quelles sont ces couleurs
Ces sensations ces odeurs
J’ai dû choper un virus
Faites donner l’Angélus

Faites monter des satellites
Appelez les tireurs d’élite
Sonner le branle bas de combat
Arrachez-moi de la peur

Refrain :

La           Sol La#          La
Je vois le ciel et des oiseaux
La                Sol             La
J’ai croisé les yeux d’une femme
La        Sol La#       La
Hypnotisé par le réseau
La                  Sol        La
J’ai perdu le reflet des âmes
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Abandonné du wi-fi          
Plus d’ondes à tuer l’envie         
J’invite à nouveau l’essence         
Un retour à l’enfance                  

Virtuel aux oubliettes
Sans panique et sans paillettes
Mon destin est sous contrôle
Laisser tomber les rôles
Je reconnais ces visages               
De démons et de grands sages
De flics et de hors la loi
Ils sont tout à la fois

Refrain :

J’entends l’appel de la forêt
Je suis des chemins inconnus
Pour discerner le faux du vrai
Je fuis, je ne reviendrai plus

(Reprise du 1er couplet)  

William

lundi 29 août 2022

Chanson : Excusez-moi


                

   EXCUSEZ- MOI

Do7m                   Ré7m     Ré7m#  Ré7m    Do7m
Excusez-moi, je ne voudrais pas troubler vos solitudes
Do7m                       Ré7m Ré7m#      Ré7m  Do7m
Mais en allant faire un petit tour sous d’autres latitudes
Do7m      Ré7m Ré7m# Ré7m Do7m
J’ai trouvé la solution
Do7m        Ré7m     Do7m
Elle s’imposait d’évidence

Etant donné les motivations pour le moins délétère
Administrées par des cheffaillons aux relents mortifères
J’appelle à désobéir
Partout en toutes circonstances

Refrain : 

               Sol7              La7#             Ré7m
               La justice va mieux elle est devenue borgne
              Sol7           La7#           Ré7m
              Tous les césars sont lâchés
              Sol7        La7#  Ré7m
              Il est capital en démocratie
              Sol7                La7#      Ré7m
              De ne pas faire la confusion
              Do7m    Ré7m       Fa7m#      Do7m Ré7m Sol sol7
              Entre le son et l’écho


Excusez-moi, je ne voudrais pas troubler l’ordre public
Ou inspirez des comportements aux allures fanatiques
Mais j’ai l’envie d’essayer
Même s’il est déjà trop tard

D’élever le niveau d’innocence jusqu’à son apogée
D’opposer à ces satanées sciences des esprits libérés
Déchirer la camisole !
Ici et sans distinction

Refrain : 

La police va mieux, elle ne sert plus, elle cogne
             Avec des matraques en or
             Il est capital depuis trop longtemps
             De fermer les concessions
             De détourner l’étalon

Excusez-moi, je ne voudrais pas troubler la république
Mais les lois sont imprimées surtout à l’encre antipathique
Nul n’est sensé l’ignorer
Nul n’est sensé l’ignorer

Excusez-moi, je ne voudrais pas troubler l’ordre mondial
Par des réflexions incontrôlées, mues par un idéal
Contre un délire de puissance
J’ai fais vœu d’humanité

Refrain : 

La justice va mieux elle est devenue borgne
             Tous les Césars sont lâchés
             Il est capital depuis trop longtemps
              De changer nos conditions
              Contre des ordres absolus
                        (Contre le désordre absolu)

William

dimanche 28 août 2022

Un parc éolien d’une multinationale canadienne va détruire la deuxième plus grande forêt bretonne

Un parc éolien d’une multinationale canadienne va détruire la deuxième plus grande forêt bretonne

 

La durée légale d’exploitation du parc éolien s’élève à 20 ans, au terme desquels le démantèlement des plates-formes en béton est laissé à la discrétion du propriétaire, qui pourra les conserver « pour contribuer à l’activité sylvicole future », comme le stipule le permis de construire.

 


13 juillet 2022 - Augustin Langlade

 L’impression d’un immense gâchis. Le samedi 2 juillet, une poignée de manifestants se sont rassemblés devant la mairie de Mohon, dans le Morbihan, pour protester contre la construction d’un parc éolien en pleine forêt de Lanouée. Après sept ans de bataille judiciaire, la cause du deuxième plus grand massif forestier de Bretagne semble aujourd’hui désespérée.

Pour comprendre ce dossier à tiroirs en passe d’être définitivement refermé, un peu de chronologie s’impose. En mai 2007, la forêt de Lanouée est acquise par Louis-Dreyfus. Ce groupe français spécialisé dans les matières premières agricoles crée alors une filiale, Les Moulins du Lohan, afin d’engager la construction d’un grand parc éolien au milieu des arbres.

Le projet comprend 17 éoliennes de 186 mètres de haut capables d’alimenter, avec leur puissance cumulée de 64,6 MW, environ 32 000 foyers en électricité, selon le promoteur. Établi au sud-est de la forêt, le futur parc éolien couvrira un périmètre de 331 hectares (soit 8,7 % du massif), dont une quinzaine seront défrichés pour les socles des turbines et les voies d’accès.

En 2014, l’industriel obtient ses permis de construire, d’exploitation et de défrichement auprès de la préfecture ; et en 2015, le massif et la filiale Les Moulins du Lohan sont revendus à la multinationale canadienne Boralex, qui entame les travaux.

Saisi par des riverains et la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), le tribunal administratif de Rennes annule cependant, deux ans plus tard, toutes les autorisations délivrées au promoteur, invoquant la richesse écologique de la forêt et les dimensions « hors d’échelle » du parc éolien.

Pour remporter cette procédure judiciaire, la SPPEF a fait valoir la présence, sur le site des travaux, d’au moins 60 espèces protégées, parmi lesquelles le hérisson d’Europe, l’écureuil roux, des rapaces comme le busard Saint-Martin et l’épervier, des passereaux tels que le pipit des arbres ou le pouillot siffleur, tous nicheurs, ainsi que des reptiles, des amphibiens et de très nombreuses plantes.

Crédit : Vent de Forêt

Sévère décision du Conseil d’État

En 2019, nouveau retournement de situation : alors que le projet paraît au point mort, le jugement de première instance est cassé par la cour d’appel administrative de Nantes. La SPPEF porte le dossier devant le Conseil d’État, mais la décision de celui-ci, rendue le 15 avril 2021, douche toutes les espérances des défenseurs de l’environnement.

Soulignant « le caractère fragile de l’approvisionnement électrique de la Bretagne », qui importerait 90 % de son électricité, la plus haute juridiction administrative estime, de concert avec les juges nantais, que l’implantation de sources d’énergies renouvelables prévaut réglementairement sur la protection de la biodiversité.

Selon le Conseil d’État, l’emplacement de la forêt de Lanouée serait par ailleurs pleinement justifié, dans la mesure où le parc éolien se trouverait de ce fait « à plus d’un kilomètre des habitations, situation particulièrement rare en Bretagne où l’on observe un étalement de l’urbanisation et un habitat dispersé ».

Panorama des espèces menacées – Crédit : Vent de Forêt

 

Mise en service prévue pour 2023

Jugée « très sévère » par maître Sébastien Collet, l’avocat des requérants, cette décision fera sans doute jurisprudence dans les conflits qui opposent de plus en plus souvent les promoteurs des énergies renouvelables – éolien et photovoltaïque en tête – et les citoyens refusant que les derniers espaces naturels soient sacrifiés sur l’autel de la transition.

En attendant que d’autres projets voient le jour, celui de Lanouée va bon train : ayant repris en septembre dernier, les travaux devraient s’étendre jusqu’en 2023, si l’on en croit le calendrier de Boralex, date où les turbines seront mises en service.

 

Crédit : ZAD Lanouee

La durée légale d’exploitation du parc éolien s’élève à 20 ans, au terme desquels le démantèlement des plates-formes en béton est laissé à la discrétion du propriétaire, qui pourra les conserver « pour contribuer à l’activité sylvicole future », comme le stipule le permis de construire.

Bien que toutes les possibilités de recours soient épuisées, les riverains et les opposants essaient tant bien que mal de montrer leur désaccord. Depuis le début de l’année, trois manifestations ont eu lieu autour de la forêt de Lanouée, avec une nette décrue, toutefois, du nombre de participants.

La première, en février, a réuni 80 personnes sur les lieux du chantier, et a été émaillée de heurts avec les forces de l’ordre. Certains manifestants exhortaient alors à créer une zone à défendre (ZAD) aux Forges-de-Lanouée, sans succès face aux forces de l’ordre.

La seconde manifestation, en avril, a attiré une trentaine de personnes ; et la troisième, enfin, ce samedi 2 juillet, à Mohon, n’a rassemblé qu’une quinzaine d’irréductibles, soit 85 personnes de moins que le nombre de gendarmes mobilisés par la préfecture du Morbihan, qui avait également affrété un hélicoptère de surveillance…

L’avenir de la forêt de Lanouée semble plus que jamais compromis.

Crédit photo couv : GoogleMaps

13 juillet 2022 - Augustin Langlade

 

Source : https://lareleveetlapeste.fr/un-parc-eolien-dune-multinationale-canadienne-va-detruire-la-deuxieme-plus-grande-foret-bretonne/?fbclid=IwAR3gLECPwV4iDL_syEZ9mWUBKBkpLl92rvO-LLmyNDmzkSEHQOcWb8X_EWI

samedi 27 août 2022

Objectif 2030 : déréglementer la plupart des OGM en Europe ?


Objectif 2030 : 

déréglementer 

la plupart des OGM 

en Europe ?

 

 

Le 22 juillet 2022 se terminait la consultation publique menée par la Commission européenne sur un potentiel futur encadrement différencié des OGM obtenus par « mutagénèse dirigée et cisgénèse ». En parallèle, se tenait une consultation ciblée de différents acteurs européens, consultation menée par un cabinet d’étude mandaté par la Commission européenne. Selon le questionnaire adressé par ce cabinet, la Commission européenne envisage une déréglementation complète de nombreux OGM à l’aune de 2030.

 

Jin Mikami

En septembre 2021, la Commission européenne a lancé une procédure législative qui pourrait aboutir à une modification importante de l’encadrement des OGM dans l’Union européenne. Dans le cadre de cette procédure, une consultation publique a été organisée du 22 avril au 22 juillet 2022. Les questions très orientées de cette consultation [1] laissaient entendre que la Commission européenne avait une préférence pour l’adoption d’une réglementation plus souple pour les OGM obtenus par «  mutagénèse dirigée et cisgénèse » visés par cette procédure législative. Seuls 2300 participants y ont d’ailleurs répondu [2]. Lors d’une précédente consultation organisée fin 2021 sur le même sujet, 70 000 réponses, publiées en ligne, avaient été recueillies. Elles étaient très largement défavorables à un changement du cadre réglementaire [3]. Des révélations récentes viennent confirmer l’impression que cette nouvelle consultation grand public était purement procédurale. En parallèle, la Commission européenne mène en effet une enquête confidentielle auprès d’acteurs choisis. Une enquête qui est encore plus précise sur certaines options réglementaires qu’elle envisage...

Une enquête ciblée confidentielle

Une lettre ouverte du groupe parlementaire des Verts européens a informé le public qu’une enquête auprès de certains acteurs ciblés est organisée par la Commission européenne concernant l’encadrement futur des OGM. C’est une enquête parallèle, menée alors même que la consultation publique était encore en cours. Dans cette lettre datée du 20 juillet 2022 [4], les députés Verts européens font part à la Commission européenne de « leurs réflexions quant au plan de la Commission européenne visant à introduire une législation différente pour les plantes génétiquement modifiées produites par certaines « nouvelles techniques génomiques » tel que présenté dans la consultation publique [alors] en cours et l’enquête ciblée pour l’analyse d’impact ». Or, le contenu de cette « enquête ciblée » n’avait jusqu’alors aucune existence publique. Cette enquête n’a pas été annoncée par la Commission européenne sur le portail dédié aux consultations publiques et encore moins sur la page réservée à la consultation publique sur l’initiative législative sur les OGM obtenus par mutagénèse dirigée et cisgénèse. Or, un article publié le 21 juillet 2022 par le site d’information anglophone GM Watch révèle les différents scénarios que la Commission européenne envisage et qu’elle n’a à ce jour jamais évoqués publiquement [5]. Il est aisé de comprendre pourquoi puisque, comme nous allons le voir, ces scénarios dévoilent ce que cache le discours rassurant que la Commission européenne a toujours tenu publiquement.

Les scénarios envisagés par la Commission

Le questionnaire aborde d’abord des questions générales sur les impacts des OGM obtenus par mutagénèse dirigée et cisgénèse, puis il interroge les sondés sur les trois scenarios échafaudés. C’est l’occasion de comprendre comment la Commission européenne envisage jusqu’où pourrait aller une éventuelle évolution législative d’ici la période 2030 – 2035. Dans les grandes lignes, il apparaît qu’elle souhaite formaliser deux notions déjà présentes depuis plusieurs mois sinon années dans son discours.

La première est de mettre en place un traitement particulier pour les OGM qui pourraient, selon elle, « également être obtenus naturellement ou par sélection conventionnelle ». Tout d’abord de tels organismes ne sont pas identiques à ceux qui seraient obtenus par croisement du fait de tous les effets hors-cible présents à chaque étape d’une méthode de modification génétique. Mais, plus fondamentalement, cela montre que la volonté est de restreindre la nature d’un OGM à la seule description génétique du nouveau trait revendiqué. Au produit et pas à son histoire. Peu importe donc la méthode utilisée et les autres modifications génétiques et épigénétiques qu’elle peut entraîner.

La seconde est de créer un traitement particulier pour les OGM qui contribueraient « aux objectifs de durabilité ».

Voici donc les deux scénarios résumés par nos soins dans les deux colonnes, le troisième qu’on ne présente pas, étant de ne rien changer à la législation actuelle.

 


















Annoncés dans les grandes lignes lors d’une première consultation (publique elle) à l’automne 2021, les scénarios imaginés par la Commission sont donc cette fois plus détaillés. Un détail qui va plus loin que les demandes portées par de nombreux États membres.

Ainsi, concernant l’évaluation des risques, elle serait tout simplement supprimée si l’OGM modifié par « mutagénèse dirigée ou cisgénèse  » devait être défini comme pouvant également «  être obtenus naturellement ou par sélection conventionnelle ». Une proposition qui va à l’encontre de ce que la Commission annonçait elle-même en mai 2021 aux ministres de l’Agriculture des États membres quand elle déclarait qu’elle n’allait « pas proposer une dérèglementation ou abaisser les normes de sécurité » [6] et qu’elle répétait à l’automne 2021 aux citoyens européens que son objectif est de « maintenir un haut niveau de protection de la santé humaine et animale ainsi que de l’environnement » [7]. Sauf à considérer, comme l’ancien ministre français de l’Agriculture Denormandie, que ces nouveaux OGM ne sont pas des OGM ! La Commission ne l’a pas encore dit, mais si d’aucuns avaient compris que l’évaluation des risques préalables à une autorisation serait maintenue, le quiproquo est maintenant levé [8].

Mais c’est bien la question de l’étiquetage et donc de l’information du consommateur qui représente la plus importante révélation de ces scénarios. En décembre 2021, les ministres de l’Environnement européens avaient été clairs sur leur volonté que l’étiquetage des produits commercialisés soient conservés [9]. Une demande qui ne paraissait pas aller à l’encontre des plans de la Commission puisque cette dernière avait déjà indiqué en mai 2021 vouloir « garantir que les consommateurs reçoivent l’information dont ils ont besoin pour exercer une véritable liberté de choix » [10]. Pour ne pas se dédire, la Commission envisage toujours, dans les questions posées, la possibilité d’une information sur un registre public et non par étiquetage : double langage ? Ou tromperie puisqu’un tel registre peut renseigner l’existence d’un « évènement OGM » mais pas nécessairement l’ensemble des produits qui le contiennent ou en sont issus et qu’il est probable par ailleurs que très peu de monde ira le consulter avant de faire ses courses.

Une enquête menée par une partie prenante du débat ?

L’enquête se présente sous la forme d’un questionnaire aux réponses à choix multiples mais à la rédaction très ambivalente. Ceux qui veulent répondre à toutes les questions doivent d’abord accepter le prérequis d’une forte augmentation de l’offre d’OGM issus de ces nouvelles techniques, puis choisir une des options de déréglementation proposées. Le choix du maintien de la réglementation actuelle n’est en effet plus proposé au-delà de la troisième question.

L’objectif affiché de l’enquête est de « collecter les points de vue sur les différents impacts des éléments d’options politiques futures concernant la législation sur les plantes produites par certaines nouvelles techniques génomiques » [11]. Le questionnaire présente « différents changements qui pourraient être envisagés pour réglementer spécifiquement les plantes obtenues par mutagénèse dirigée et cisgénèse ». Mais seuls sont invités à y répondre un groupe d’experts et parties prenantes sélectionnés. Qui, comment, pourquoi ? Aucune information à ce stade, de même qu’il n’est donc pas possible de savoir si des citoyens ou acteurs non européens ont aussi été consultés. Par contre, on sait que la structure menant cette enquête, un bureau d’études basé à Bruxelles, se nomme Technopolis. Si cet acteur n’est pas connu comme une partie prenante du débat sur les OGM, il n’en est pas de même pour un des sous-traitants de Technopolis, à savoir l’Université de Recherche de Wageningen (Pays-Bas) [12]. Ce choix est particulièrement surprenant car cette université est active dans le débat sur les OGM. Elle participe à des projets de mise au point d’OGM cisgénique, dont une pomme [13], et elle est à l’initiative d’une base de données recensant les OGM qui rend floues les définitions légales de ce qu’est un OGM [14]. Surtout, cette université a régulièrement pris position en faveur de la déréglementation de ces OGM. À ce titre, dans un rapport publié en 2022 sur les impacts du Green Deal, elle conclut que pour « réduire/compenser les effets négatifs de la réduction des pesticides et des nutriments, [...] il y a un besoin accru d’innovations dans les techniques de protection des cultures, telles que le biocontrôle, la sélection, l’agriculture de précision, les biostimulants et autres techniques qui contribuent à la résilience de la production végétale contre les ravageurs, les mauvaises herbes et les maladies. La suppression des obstacles législatifs aux nouvelles techniques de sélection [NDLR : c’est-à-dire les nouvelles techniques de modification génétique], afin de raccourcir considérablement le processus de sélection, pourrait y contribuer » [15]. L’association CEO rapportait en mars 2022 que ce rapport a été notamment financé par l’industrie semencière [16].

De quels OGM parle-t-on ?

Mais le problème vient aussi du fait que les termes «  mutagénèse et cisgénèse  » ne sont pas définis précisément, ni juridiquement, ni scientifiquement. Ces termes regroupent en effet de multiples techniques pouvant suivre des protocole très différents les uns des autres, surtout celui de mutagénèse. Ils pourraient ainsi recouvrir la grande majorité des OGM produits demain avec les nouvelles techniques de modification génétique [17]. En effet, les trois types de modifications pouvant être conduites dans un génome sont l’insertion de séquence génétique (transgenèse et cisgénèse), les mutations et la délétion de séquence génétique. En adoptant le cadre de lecture de la Commission européenne et des entreprises qui souhaitent ne prendre en compte que les modifications revendiquées et non les effets non intentionnels, l’expression même de mutagénèse dirigée est une expression qui pourrait, selon une lecture partisane, recouvrir toutes les techniques de mutagénèse. Dérèglementer les produits obtenus par mutagénèse dirigée et cisgénèse induirait donc que seuls les OGM transgéniques resteraient concernés par la législation actuelle.

Les intentions précises de la Commission européenne auront donc finalement été révélées par un sondage ciblé des parties prenantes et non public. Consultés par deux fois, les citoyens européens n’ont quant à eux pas eu la chance que la Commission leur indique ses véritables intentions. Alors que cette enquête ciblée est toujours en cours, ses résultats serviront à établir l’étude d’impact qui accompagnera la proposition de la Commission européenne de modifier la réglementation sur les OGM, prévue pour le printemps 2023 [18]. La précision des scénarios présentés témoigne de l’importance que la Commission accorde à cette consultation fermée. Il y a donc fort à craindre que la consultation publique à laquelle des citoyens ont répondu pèse peu dans le futur législatif de l’Union européenne et que l’arrêt de la Cour de Justice européenne de 2018 concernant ces nouveaux OGM soit bafoué…

Notes

[2Les réponses au questionnaire n’ont pas été mises en ligne.

[8A priori, une pré-notification sera obligatoire pour déterminer si l’OGM aurait ou non pu « être obtenu naturellement ou par sélection conventionnelle ».

[11

Le formulaire de Technopolis (en anglais)

[12Technopolis a en effet annoncé qu’il allait travailler avec trois sous-traitants, à savoir Technopolis BV (Pays-Bas), Arcadia International (Belgique) et l’Université de Recherche de Wagenigen (Pays-Bas). Voir Protection of your personal data, vu en utilisant le lien non public et non rendu public par GM Watch.

[15Bremmer, J., Gonzalez-Martinez, A., Jongeneel, R., Huiting, H., Stokkers, R., & Ruijs, M. (2021), Impact assessment of EC 2030 Green Deal Targets for sustainable crop production. (Report / Wageningen Economic Research ; No. 2021-150), Wageningen Economic Research.

[18Arcadia international, un des sous-traitants, a annoncé sur sur sa page LinkedIn que les résultats de l’enquête ciblée sont prévus mi-20213 (consultée le 22 juillet 2022).

 

Source : https://www.infogm.org/7482-objectif-2030-dereglementer-plupart-ogm-europe

vendredi 26 août 2022

Vols d’eau, jacuzzis percés, golfs rebouchés… La guerre de l’eau a commencé en France

Vols d’eau, jacuzzis percés, 

golfs rebouchés… 

La guerre de l’eau a commencé 

en France

 

 « On a détruit des zones humides, on a détruit des haies, on a rééquilibré des cours d’eau, on a appauvri les sols avec le modèle agricole productiviste de ces dernières années. »

 


17 août 2022 - Maïté Debove  

 

Cet été 2022, à la suite d’une troisième vague de chaleur, l’hexagone est entièrement passé en vigilance « sécheresse », et plus d’une centaine de communes ont mis en place des restrictions d’eau. Les températures mensuelles en juillet s’élevaient à 4,7 ° au-dessus de la moyenne, le niveau des nappes phréatiques est de bas à très bas, et plus de 50 % des départements subissent des déficits de pluie. Après des débuts de vols d’eau, des jacuzzis percés et des contestations face à la gestion parfois privilégiée de l’eau, les questions de la gestion de l’eau et d’une potentielle guerre de l’eau se posent. Le 12 août, France Inter a réuni des spécialistes dans une émission sur le sujet.

Le 16 juillet, une réserve remplie d’eau d’une capacité de 600 m³ de la communauté de communes du bassin d’Aubenas (CCBA), en Ardèche, ne contenait plus que 200 m³ au petit matin, du fait d’un vol. La collectivité à déposé une plainte fin juillet. Le bassin en question est destiné à assurer la sécurité incendie. Max Tourvieilhe, président de la CCBA, s’est exprimé pour le Dauphiné Libéré :

« Après les incendies que nous venons de vivre, il faut qu’il y ait une vraie prise de conscience. Le vol d’eau n’est pas acceptable. Il en va de la sécurité de tous. »

L’affaire a finalement été résolue : le club de moto-cross s’est dénoncé le 7 août. Roger Kappel, le président du club, a expliqué pour France Bleu que l’eau était destinée à l’arrosage de la piste, mais également à la sécurité, pendant un événement qui réunit 2000 personnes. Il développe :

« Il y a 2000 personnes. Il y a quelques années, il y a eu un incendie sur une piste de moto cross. » Le club a déjà commencé à remplir de nouveau le bassin.

Selon Novethic, dans le massif des Vosges, plusieurs jacuzzis ont été percés ou éventrés. Des mots ont été laissés aux propriétaires ; ils dénoncent un gaspillage d’eau : « L’eau, c’est fait pour boire. »

En période de sécheresse, les greens des golfs continuent à être arrosés de nuit, et la consommation d’eau à cet effet ne doit être réduite que de 20 %. Des sentiments d’injustice s’élèvent. A Toulouse, des militants se sont introduits dans deux golfs pour dégrader les pelouses et remplir les trous avec du ciment. Des panneaux ont été plantés à leurs abords :

«  Ce trou boit 227 000 litres d’eau par jour. En buvez-vous autant ? » ou bien encore «  Ce trou aurait pu abriter des racines, le plaisir bourgeois en a décidé autrement »

Dans un tel contexte, les méga bassines posent également un problème majeur. En moyenne de huit hectares, soit environ huit terrains de foot, elles pompent dans les cours d’eau et les nappes phréatiques, par d’importants financements provenant de l’argent public. Leur mise en place se fait au détriment de la biodiversité, dans un contexte de nécessité de réparation des milieux. Antoine Gatet, vice-président de France Nature Environnement, s’exprime pour l’émission de France Inter :

« On a détruit des zones humides, on a détruit des haies, on a rééquilibré des cours d’eau, on a appauvri les sols avec le modèle agricole productiviste de ces dernières années. » 

Il explique qu’auparavant, les milieux naturels s’autogéraient dans la conservation des eaux d’hiver et leur relargage progressif dans les eaux d’été, en particulier grâce aux sols. Dans le domaine agricole productiviste, l’eau n’est pas restituée aux milieux et s’évapore, ce qui pose un problème fondamental dans sa gestion.

D’après lui, la gestion de l’eau, même hors période de sécheresse, relève ainsi d’un problème social et politique et une réflexion sur sa priorisation s’impose, même hors période de crise. Aujourd’hui, l’anticipation de la mesure du niveau des cours d’eau n’est pas encore tout à fait bonne, faute de moyens pour ce mécanisme de suivi des sécheresses, qui a été réformé en juin 2021. Il explique : « La sécheresse est révélatrice de l’échec de la politique de gestion de l’eau en France depuis 30 ans »

Sylvain Barone, spécialiste des politiques de l’eau à l’Institut National de Recherche pour l’agriculture, l’Alimentation et l’Environnement, estime : « La consommation nette d’eau concerne à 45 % l’agriculture et cela monte à 80 % l’été. Il faut revoir notre modèle agricole, d’autant que si les eaux utilisées par les particuliers sont rejetées, les eaux agricoles sont absorbées. »

Pour Marie Pettenati, hydrogéologue au Bureau de Recherches Géologique et Minières, il faut repenser la gestion de l’eau sur chaque filière agricole : « Ça va passer par des mesures qui vont directement concerner des échanges, comme des choses qui se font déjà sur Clermont-Ferrand, [telle que] l’irrigation des cultures à partir d’eaux usées traitées (…) C’est aussi des mesures de révision du matériel d’irrigation, et des changements de pratiques de culture. C’est sûr que ça va prendre du temps. Il faut qu’il y ait de la pédagogie, de la formation pour qu’on arrive à progresser dans les futures années pour agir sur cette demande en eau qui doit absolument diminuer. »

Pour l’hydrogéologue, la restriction est la première solution. D’après elle, le dernier bulletin hydrologique a montré que les restrictions qui ont été mises en place ont eu une incidence sur le ralentissement de la baisse du niveau des nappes. Il est important également de rassembler des données sur les prélèvements pour comprendre comment vont réagir les systèmes, sans créer de nouvelles ressources.

Pour Antoine Gatet, aujourd’hui, les principaux consommateurs ne paient pas l’eau en France :

« Il faudrait commencer par taxer les usages de consommation massive, et en particulier l’agriculture irriguée. Il faut des mécanismes de sanction. »

Il ajoute :

« Un certain nombre de lobbies, et en particulier le lobby agricole productiviste, posent de vrais problèmes sur la définition des volumes prélevables, sur les mesures à mettre en œuvre, donc on a aussi ce problème là qui fait que la justice sociale aujourd’hui n’est pas effective. »

D’après Magali Reghezza, géographe et membre du conseil pour le climat pour Novethic, les acteurs des territoires sont accompagnés et soutenus, la guerre de l’eau n’est donc pas pour tout de suite, et ce malgré certains conflits locaux. 

Elle estime cependant que les tensions en relation avec l’eau sont un signe indicateur à ne pas ignorer : « Ce qui est préoccupant, c’est le degré d’exaspération dans certains territoires. Ce n’est pas propice à un dialogue apaisé sur la gestion durable de la ressource, et cela laisse peu de marge de manœuvre pour réaliser des transitions indispensables. Le conflit est toujours un révélateur des tensions préexistantes. Si guerre de l’eau il y a, le changement climatique n’en est pas la cause unique. Ce sont les vulnérabilités aggravées par l’accumulation des crises, l’inaction et le statu quo, qui le sont. » 

 

Source : https://lareleveetlapeste.fr/vols-deau-jacuzzis-perces-golfs-rebouches-la-guerre-de-leau-a-commence-en-france/?fbclid=IwAR2kFzhFspFZWcFEm-KzOQ58GqDDKcNWxnUiE2hkzskR6MErKIygNYsb994

jeudi 25 août 2022

Le Pays Basque durcit les règles des locations touristiques pour endiguer la crise du logement

 

Le Pays Basque 

durcit les règles 

des locations touristiques 

pour endiguer 

la crise du logement

 

« On est très contents car c’est à la fois une victoire sociale et écologique. 
D’une part, on stoppe le phénomène de prolifération des meublés de tourisme qui empêche 
les locaux de se loger à l’année. 
Et d’autre part, on produit des logements sans artificialiser les sols, sans bétonner, sans rien construire ! » se réjouit Xebax Christy, porte-parole de l’association Alda, 
auprès de La Relève et La Peste

29 juillet 2022 - Laurie Debove
 

La pression populaire a gagné contre les lobbies des plateformes comme Airbnb ! Face à l’explosion des meublés touristiques entraînant une spéculation immobilière et de graves difficultés à se loger pour les locaux, la Communauté d’Agglomération du Pays basque a adopté une mesure radicale : une règle de compensation.
Concrètement, à partir du 1er mars 2023, les propriétaires qui voudront mettre en place une location saisonnière permanente devront obligatoirement proposer un autre bien à la location à l’année dans la même commune. Cela va remettre des milliers de logement dans le parc locatif annuel.

Une victoire populaire

A la suite de nombreuses métropoles françaises, le Pays basque veut freiner l’expansion des meublés touristiques. Au conseil du 5 mars 2022, la communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) avait voté à une large majorité une nouvelle règle de compensation concernant les meublés touristiques.

Ce nouveau règlement obligeait les propriétaires (personnes morales comme personnes physiques) des 24 communes de la zone tendue du Pays basque à compenser tout logement mis en location comme meublé touristique permanent par la mise en location à l’année d’un autre logement issu de la transformation d’un local non destiné à l’habitation, décent, de surface au moins équivalente et dans la même commune.

La mesure concerne les locations de résidence principale supérieures à 120 jours par an et toutes les résidences secondaires.

Pour protéger le commerce de proximité, ce nouveau règlement exclut la possibilité d’utiliser pour cette compensation les locaux commerciaux de rez-de-chaussée. Seules exceptions : les logements loués au moins neuf mois de l’année aux étudiants et les locations faites à l’intérieur de la résidence principale.

Cette mesure compensatoire avait été attaquée à six reprises par des agents immobiliers et propriétaires d’appartements, jusqu’à ce que le Tribunal Administratif de Pau donne raison à certains requérants début juin.

C’était sans compter la détermination des élus basques à endiguer la crise du logement qui laisse de nombreuses personnes à la rue. Samedi 9 juillet 2022, une nouvelle mesure compensatoire a été adoptée à 98% avec quelques modifications et une entrée en vigueur le 1er mars 2023, le temps pour les personnes morales de prendre les mesures nécessaires.

 

Lire aussi : Pays Basque : les habitants en colère après la suspension d’une règle anti-AirBnb par un tribunal

Cette mesure de compensation avait déjà été mise en place dans des métropoles telles que Paris, Bordeaux, Lyon ou Nice. Avec leur progression bloquée dans les grandes villes, les plateformes comme Airbnb avaient alors décidé de se déployer en force sur les petites communes du littoral et les zones rurales françaises.

Avec sa situation attractive entre Océan et montagne, le Pays basque a été particulièrement touché par la prolifération des meublés touristiques. Selon l’Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées (Audap), les hébergements de courte durée ont augmenté de 130% entre 2016 et 2020. Plus de 16000 meublés touristiques sont recensés dans les 24 communes concernées.

 

L’emplacement des 24 communes du Pays basque en zone immobilière tendue –
 
 
Lire aussi : L’association basque Alda s’attaque à Airbnb pour endiguer la crise du logement

 

Cette mesure répond ainsi aux revendications de la population locale, dont l’accès au logement est de plus en plus difficile. A l’initiative de l’association Alda, en novembre 2021, 8000 personnes avaient manifesté à Bayonne pour réclamer des logements accessibles au Pays basque ainsi que la fin de la spéculation immobilière, dont la flambée des prix est devenue invivable pour les locaux.

 « On est très contents car c’est à la fois une victoire sociale et écologique. D’une part, on stoppe le phénomène de prolifération des meublés de tourisme qui empêche les locaux de se loger à l’année. D’après la CAPB, ce sont 10 000 logements qui vont devoir être mis à disposition de la population. Et d’autre part, on produit des logements sans artificialiser les sols, sans bétonner, sans rien construire ! » se réjouit Xebax Christy, porte-parole de l’association Alda, auprès de La Relève et La Peste

Alda a ainsi été particulièrement impliquée dans l’élaboration de ce nouveau règlement.

 

Lire aussi : Contre la spéculation immobilière, plus de 8000 personnes ont manifesté à Bayonne

 

Le fléau des « résidences secondaires »

Sur les 16.000 logements concernés par cette réglementation (loués sur les plateformes Abritel et Airbnb, selon le décompte de l’Audap), 11 000 meublés seront concernés. Pour les autres, la mesure n’est pas rétroactive. Les propriétaires des meublés touristiques actuels ont donc trois ans pour anticiper, moment où ils devront refaire une demande de changement d’usage délivrée par les communes.

« C’est la première fois que la compensation est votée dans un territoire de moins de 200 000 habitants ce qui a fait peur aux lobbies, d’où toutes ces attaques en justice lors du premier vote de la mesure de compensation. Ils prétextent que le droit au logement ne doit pas empiéter sur le droit à la propriété. Nous, au contraire, on affirme que les logements ne sont pas des actions en bourse car des gens habitent dedans et en ont besoin pour une vie digne. On ne peut pas les considérer comme de simples produits financiers, le droit d’avoir un logement doit passer avant celui d’en avoir deux. » explique Xebax Christy, porte-parole de l’association Alda, auprès de La Relève et La Peste

L’association Alda espère que cette nouvelle mesure de compensation aura un effet boule de neige positif. En effet, la prolifération des meublés touristiques tirait le prix des résidences secondaires vers le haut car les aspirants propriétaires incluent les revenus de la location touristique dans leur plan de financement.

La France est le pays européen ayant le plus de résidences secondaires. En France, un logement sur dix est une résidence secondaire, ce qui représente 3,2 millions de logements selon les derniers chiffres de l’INSEE. Une résidence secondaire sur dix appartient à une personne résidant à l’étranger.

Aujourd’hui, un million de ménages français sont des « maxi-propriétaires » qui possèdent au moins cinq logements, selon l’Insee. Résultat, alors qu’ils ne représentent que 3,5% des ménages, ils possèdent à eux seuls la moitié des logements que des particuliers louent en France, ainsi que le rappelle cette enquête de FranceInfo.

Malgré ce phénomène inquiétant, qui aggrave les inégalités et réduit l’accès à la propriété depuis 20 ans pour les ménages français, la question du logement est un sujet complétement délaissé par la plupart des candidats à la présidentielle. Sur certaines communes basques, comme Guéthary, plus de la moitié des logements sont des résidences secondaires, louées ou non aux touristes selon les cas.

Pour Roland Irrigoyen, co-auteur du texte et vice-président de la CAPB en charge de l’Habitat et du Logement, cette mesure de compensation est une avancée mais n’est pas suffisante pour endiguer la spéculation immobilière qui s’abat sur le Pays basque depuis quelques années. Pour l’élu, l’encadrement des loyers, la réhabilitation des logements vacants et les mesures fiscales favorisant les locations à l’année, sont tout aussi essentiels. Un constat partagé par l’association Alda.

« Le but final, c’est d’encourager les propriétaires à louer à l’année et il y a un travail d’information à faire pour leur dire comment se protéger et les dispositifs fiscaux intéressants pour eux, en lien avec l’Agence nationale de l’habitat. Ces avantages sont mal connus ce qui fait que beaucoup de propriétaires ont peur de louer à l’année. Cela n’a pas de sens que la fiscalité avantage les meublés de tourisme plutôt que les locations à l’année. » précise Xebax Christy, membre d’Alda, pour La Relève et La Peste

Reste maintenant à savoir comment les contrôles vont être effectués. L’association basque plaide auprès des élus pour la création de postes d’agents de contrôle qui seraient employés par la communauté d’agglomération du Pays basque.

« Les amendes sont tellement élevées pour les contrevenants que créer 3 postes pour faire des contrôles peut vite être rentabilisé. Et le contrôle est très important pour avoir un effet dissuasif auprès de ceux qui seraient tentés de tricher. A Lyon, une propriétaire qui ne respectait pas la compensation a été condamnée à 20 000 euros et à remettre le logement dans le parc locatif. Le montant des amendes peut aller jusqu’à 50 000 euros. » détaille Xebax

De son côté, Alda va continuer à faire son travail de veille pour évaluer le nombre d’annonces disponibles et voir comment la situation évolue, notamment concernant le devenir des meublés de tourisme qui reviennent dans le parc locatif annuel.

Crédit photo couv : DAT VO

29 juillet 2022 - Laurie Debove

 

 Source : https://lareleveetlapeste.fr/le-pays-basque-durcit-les-regles-des-locations-touristiques-pour-endiguer-la-crise-du-logement/?fbclid=IwAR36lfl_M6SudWf3RZ5Dd9D4rIEkx1KssXThzNADKaD9S1u8CtZOCLm7hRI

mercredi 24 août 2022

Annuler les dettes des agriculteurs est indispensable pour permettre un changement de modèle alimentaire

Annuler 

les dettes des agriculteurs 

est indispensable 

pour permettre 

un changement de modèle alimentaire

 La dette a un terrible pouvoir de coercition et de soumission, de silence, de honte et de stress, au point de générer des suicides dans des proportions particulièrement importantes au sein des métiers agricoles.

 


 14 mai 2020 - Aline Fares

La production alimentaire est prise dans les mêmes logiques que des pans toujours plus vastes de notre société : concurrence, productivité, endettement, épuisement, perte de sens. Dans l’agriculture, les effets en sont particulièrement tragiques, et colère et détresse de ceux et celles qui ont faim, et des agriculteurs et agricultrices dans des situations financières catastrophiques, ne font que s’étendre et s’intensifier.

La crise sanitaire entraîne une crise alimentaire

En ces temps de pandémie, le net ralentissement des circuits logistiques internationaux a montré à quelle point l’organisation de la production agricole mondiale est fragile. Cela dit, ce sont encore les populations les plus précarisées d’un côté, et les agriculteurs et agricultrices de l’autre, qui paient le prix de cette organisation complètement dysfonctionnelle. 

Après plusieurs semaines de confinement et de perte importante de revenus pour une partie de la population, la question de la faim se pose dans des pays qui se prétendent à la pointe du développement et de la modernité. Au sein des populations qui ont encore les moyens de se payer une nourriture de qualité, on prête une plus grande attention aux circuits courts tout en réalisant qu’on est bien loin du compte.

Les gouvernements nous parlent de relocalisation de la production sans que les moyens ne soient mis en place pour y parvenir.

Pendant ce temps, poussés depuis des décennies dans une logique de production ultra-intensive et tournée vers l’exportation, des cultivateurs de France et de Belgique se retrouvent avec des centaines de milliers de tonnes de pommes de terre sur les bras faute de débouchés, alors que l’importation de pommes de terre extra-européennes continue.

Aux deux bouts de la chaîne agro-alimentaire se trouvent les dindons de la farce, agriculteurs et agricultrices, mangeurs et mangeuses. Alors qui rigole dans l’histoire ? On pense bien sûr aux multinationales de la chaîne agroalimentaire, mais il peut aussi être intéressant de remonter un peu plus haut.

Salon international de l’élevage SPACE à Rennes. – Martin Bertrand / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La concentration des richesses

Depuis 2008, le creusement des inégalités s’est accéléré : on a sauvé le système financier par un endettement public massif. Le choix de l’austérité, qui veut que la dette soit payée par la population à coup de réduction des budgets publics dans la santé, à coup de contrôle des allocataires sociaux ou de réduction des investissements dans les infrastructures… affecte particulièrement les personnes qui étaient déjà en situation de précarité.

De l’autre côté, en sauvant le système financier, on a aussi sauvé ceux qui en profitent le plus : la partie de la population dont le patrimoine était déjà grand et qui tire une part importante de ses revenus de loyers, de dividendes et autres plus-values. Sans surprise, l’appauvrissement des un.e.s a nourrit l’enrichissement des autres.

Tous ces capitaux accumulés de manière accélérée depuis 2008 cherchent encore et toujours des débouchés, des endroits, des activités, dans lesquelles « investir » pour en tirer de la valeur, et ce encore plus en période d’incertitude comme celle que nous traversons. Comme ce capital n’en finit pas de croître – et qu’il n’est pas confiné, lui – il lui faut toujours plus de débouchés ; et comme les marchés connaissent quelques remous, les « investisseurs » courent à la recherche des opportunités de « placement » les plus rentables et sûres.

Les terres sont ainsi considérées par les investisseurs comme des « valeurs refuge » : on peut y mettre une partie de son capital à l’abri. Les « matières premières agricoles » (blé, riz, etc…) peuvent aussi devenir des « valeurs refuge ». L’intrusion des financiers sur ces « marchés » a contribué à faire monter les prix, à limiter l’accès des cultivateurs à la terre, et à rendre l’alimentation de base inaccessible pour des millions de personnes.

La chaîne agro-alimentaire est dominée par des multinationales qui produisent elles aussi des opportunités d’investissement, des débouchés pour les détenteurs de capitaux. Constructeurs de machines agricoles, semenciers, fournisseurs de produits phytosanitaires, industries de transformation alimentaire ou entreprises de la grande-distribution : toutes répondent à la même logique.

Ces entreprises sont dirigées par des individus dont le mandat est de contenter actionnaires et créanciers. La communication aux investisseurs est au premier rang de leurs préoccupations. L’action de leur entreprise doit être vue comme un investissement désirable, plus désirable que l’entreprise ou le secteur voisin, et pour cela, il faut générer toujours plus de bénéfices pour reverser toujours plus de dividendes aux actionnaires. Cela suppose de minimiser les coûts de production.

Ainsi, les industriels de l’alimentation chercheront à minimiser le prix auxquels ils achètent les matières premières, en l’occurrence, le fruit du travail des agriculteurs.

Cela suppose aussi de maximiser les revenus : les semenciers chercheront à vendre un maximum de leurs produits sur des territoires toujours plus grands, utilisant un marketing intense, usant de leur influence pour empêcher des réglementations qui risqueraient d’augmenter leurs coûts de production même s’il en va de la santé des agriculteurs

C’est la valeur de l’action et la satisfaction des actionnaires et créanciers qui est en jeu, car si on ne les contente pas, ils vendront leurs actions et la valeur de celles-ci baissera – et le bonus des dirigeants avec. Tout ce petit monde a donc intérêt à maintenir une pression constante, à la baisse sur les coûts, et à la hausse sur les revenus.

Mais comment faire en sorte que toutes ces machines toujours plus sophistiquées et coûteuses, tous ces intrants et semences toujours plus innovants, soient abordables pour des agriculteur.trice.s dont les revenus sont tellement sous pression ?

 

Crédit : Polina Rytova

L’emprisonnement du système-dette

Depuis ses débuts, le système agricole moderne et mécanisé, celui qui s’est déployé après-guerre, a reposé sur l’endettement : créer de la dette, pour faire tourner un nouveau système. C’est la même histoire que celle des ouvrier.e.s et employé.e.s dont les revenus ne suffisent plus à assurer une vie digne : on se tourne vers la banque, on contracte un crédit.

Les banques n’ont pas d’autre intérêt que celui de nous « offrir » un crédit : sans crédit, pas de revenus pour elles, elles ont besoin qu’on leur emprunte, et elles n’oublient pas de nous le rappeler à travers leurs campagnes de publicité. Elles pousseront d’ailleurs, s’il le faut, car elles aussi répondent aux attentes de leurs actionnaires.

Pourtant, la dette a un terrible pouvoir de coercition et de soumission, de silence, de honte et de stress, au point de générer des suicides dans des proportions particulièrement importantes au sein des métiers agricoles.

Ce système se moque des surproductions, il s’en nourrit : trop de lait, c’est un prix qui baisse et une marge plus élevée pour les multinationales du yaourt. Trop de céréales, c’est plus d’intrants vendus, plus de machines aussi. Trop, c’est plus de besoins d’investissements, plus de crédits, plus d’intérêts. Et puis il faut bien nourrir les pauvres !

Alors ils et elles deviendront la « poubelle de la surproduction agro-alimentaire ». Pendant ce temps, les entreprises agroalimentaires ont pris leurs bénéfices. Les actionnaires sont contents. L’enrichissement continue. Ce système les nourrit très bien, eux, ils n’ont donc aucun intérêt à le changer.

Nombreuses sont celles et ceux qui appellent à une transition du modèle de production agricole, mais peu évoquent sérieusement le sujet du poids de la dette. Pourtant, comment parler sincèrement de transition agricole sans se pencher sur ce qui tient le système actuel, sans parler des modalités d’annulation au moins partielle de cette dette ? Les agriculteurs et agricultrices ne peuvent pas porter une telle revendication seules, et pourtant elle doit être évoquée car elle constitue une condition nécessaire à la transition.

Une crise financière s’est déclenchée suite aux incertitudes liées à la crise sanitaire. Une crise bancaire pourrait encore suivre, et ce malgré les centaines de milliards déjà injectés dans le système. Les arrêts d’activité et pertes de revenus mettent des entreprises et des personnes dans l’incapacité de rembourser leurs crédits.

Le monde agricole ne fera pas exception : comment des agriculteurs et agricultrices déjà surendetté.e.s au point de détenir le triste record des taux de suicides pourraient faire face à ces récoltes qui pourrissent sur pied, sont détruites ou ne trouvent pas preneur ?

Les banques vont donc essuyer des pertes – et cela a déjà commencé. Alors pourquoi ne pas aller plus loin et en faire une opportunité pour que ceux qui en ont vraiment les moyens épongent ces pertes ? Les banques sont construites sur des montagnes de dettes : elles empruntent et continuent d’emprunter des quantités colossales de capitaux dont elles sont vitalement dépendantes. Elles empruntent aux marchés financiers : autres banques, multinationales, sociétés d’assurances, fonds de pension, fonds d’investissement, fonds monétaires, et derrière ces différents fonds, des particuliers.

En Belgique, 85% des titres financiers sont détenus par 10% de la population. Les 15% restants ne sont pas détenus par 90% de la population, puisque nombreux sont ceux et celles qui n’ont aucun titre financier en leur possession. En France, moins de 9 % de la population a un patrimoine lié à la bourse.

Cela signifie que si une banque est en difficulté au point de menacer de faire faillite, nous pourrions exiger que les pertes soient imputées aux créanciers de la banque, c’est-à-dire que ces créanciers ne récupèrent tout simplement pas leur mise. La question des « petit.e.s épargnant.e.s » ne manquera pas d’être alors posée, mais elle ne doit pas nous empêcher de penser l’annulation de ces dettes. Il faudra s’y confronter, en pensant par exemple à des compensations pour les personnes qui se retrouveraient véritablement en difficulté du fait de ces non-remboursement.

Il y aurait destruction de capital, ce qui diminuerait la pression que ce capital exerce – et au passage nous pourrions socialiser les banques. Est-ce que cela ne vaudrait dès lors pas la peine de soutenir des agriculteurs et agricultrices qui s’organiseraient pour amorcer un changement de modèle, avec pour objectif la construction d’une autonomie alimentaire à l’échelle d’une région, d’un pays, grâce à l’annulation de dettes qui les maintient dans des pratiques qui ne bénéficient à presque personne ? La mise en œuvre d’une telle proposition n’a certes rien d’évident, mais cela ne semble plus exagéré de dire que c’est une question de survie.

14 mai 2020 - Aline Fares 

 

Source : https://lareleveetlapeste.fr/annuler-les-dettes-des-agriculteurs-est-indispensable-pour-permettre-un-changement-de-modele-alimentaire/?fbclid=IwAR3NiTaZFN2zWOTbLOplNcJ5Ilm2YitSpicdn8zzWl65uWMwdTsNTa0VI1E