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dimanche 6 août 2023

Aux Résistantes, les petites mains vertes d’un rassemblement historique

Aux Résistantes, 

les petites mains vertes 

d’un rassemblement 

historique

 
5 août 2023

 

Les bénévoles de l'internationale boulangère mobile vont produire près d'1,5 tonne de pain pour les Résistantes.

 

Entre toilettes sèches, parking et pain frais, aux Résistantes, une légion de bénévoles font tourner un camp pas comme les autres. Ils et elles racontent leurs rôles et ce qui a motivé leur présence sur le plateau du Larzac.

Du 3 au 6 août, près de 150 collectifs des luttes locales de France se réunissent au Larzac. La rédaction de Reporterre est sur place pour vous faire vivre ce rassemblement historique.



La Couvertoirade (Aveyron), reportage

Pour accueillir convenablement 5 000 participantes et participants, près de 800 bénévoles participent aux Résistantes. Gestion des conflits, préparation des repas, organisation logistique, nettoyage des toilettes sèches… De multiples tâches réalisées en équipe et dans la bonne humeur. Reporterre a rencontré six bénévoles pour comprendre comment organiser un tel évènement.


  • Claudia, bénévole au parking

Avec sa casquette rouge et ses joyeuses directives, Claudia guide les conducteurs pour qu’ils garent leur voiture au cordeau sur le parking au milieu du champ. Pas question de gâcher de la place, il faut de l’espace pour les véhicules des 5 000 personnes attendues.

« Je suis un peu directive, mais parfois il le faut », sourit-elle en donnant des consignes à un conducteur. À 67 ans, cette retraitée, originaire d’Allemagne, est arrivée sur le plateau du Larzac en 2002. Depuis, elle est membre de la confédération paysanne locale, se dit « militante dans l’âme » et s’avoue particulièrement ulcérée par « l’état de notre monde ».

 

Dans le vent et parfois la pluie, Claudia dirige les personnes venues aux Résistantes en camion ou voiture. © David Richard / Reporterre

Pourquoi passer une partie de sa journée dans les odeurs des pots d’échappement ? « Parce que je peux me rendre utile sans avoir besoin de beaucoup de compétences ». Claudia connaît les villages alentours comme sa poche et redirige un peu vivement des locaux qui comptaient prendre l’un des chemins traversant le camp. « Vous ne pourrez pas passer, il faut faire le grand tour. »

Elle remarque que certains voisins ne sont pas vraiment ravis de la tenue des Résistantes à cause des nuisances. « Tous les évènements ont leurs inconvénients », conclut-elle philosophe.

  • Maia et Ju’ au pôle Mer’veilles

Aux Résistantes, on ne parle pas de PC sécurité mais de tente des Mer’veilles. C’est ici que sont coordonnés les tours de garde des bénévoles veillant au bon déroulement du camp. Leur rôle : prévenir la sécurité incendie en cas de feu, le pôle médiation en cas de bagarre, le pôle festive fight festival en cas d’agression sexiste ou sexuelle.

« C’est un choix politique de ne pas faire appel à un service de sécurité extérieur qui ne serait pas en accord avec les valeurs d’antirépression qu’on défend ici », explique Ju’, l’une des bénévoles.

« La présence de la police n’est ni souhaitable, ni souhaitée »

Avec Maia, elles ont été formées pendant un après-midi à repérer les situations conflictuelles ou tout simplement les campeurs qui posent leur tente en dehors des zones réservées. « C’est très bien organisé. On fait remonter tous les problèmes au pôle Mer’veilles qui redirige ensuite vers les personnes formées à chaque situation », poursuit Ju’.

Car il n’est pas question de faire appel à la police. « Ici, beaucoup de gens ont subi des traumatismes suite à des violences policières. La présence de la police n’est ni souhaitable, ni souhaité.e »

 

Ju’ et Maia font partie de l’équipe qui veille au bon déroulement du camp. © David Richard / Reporterre

  • Rose, bénévole au pôle logistique

Un bruit de perceuses sort d’une grande tente installée au milieu du camping des bénévoles. Tout autour, un bric à brac de palettes attend d’être transformé en panneau d’information, en table, en toilettes sèches.

Depuis le 10 juillet, le pôle logistique fabrique tout le mobilier nécessaire à l’évènement, notamment 60 douches et 80 toilettes. Rose, est l’une des bénévoles qui s’active sur le chantier : « Je suis contente d’être ici car j’aide à fluidifier la vie du camp et j’aime beaucoup bricoler. »

Ce n’est pas la première fois qu’elle fait du bénévolat dans un évènement militant. Elle est notamment déjà passée par la Zad du Carnet. Et tire toujours un grand plaisir à donner des coups de main.

 

Pour Rose, « cet évènement nous redonne du courage et du cœur à l’ouvrage après ces derniers mois de répression ». © David Richard / Reporterre

« J’aimerais m’installer en collectif et acheter un terrain à plusieurs, dit-elle. Tous les gens que je rencontre ici, cela peut donner naissance à des amitiés qui pourraient déboucher sur un projet commun ».

Rose espère également que les Résistantes recommenceront l’année prochaine. « Cet évènement nous redonne du courage et du cœur à l’ouvrage après ces derniers mois de répression. Il faut montrer que la lutte est joyeuse, nous fait grandir et nous donne de la force. »

  • Alexis, référent sécurité incendie

De l’hôtel Mariott aux Résistantes, il n’y a qu’un pas qu’Alexis n’a pas hésité à franchir. Ce retraité a fait toute sa carrière dans la sécurité incendie, notamment dans cet hôtel du Cap d’Agde, son dernier poste.

« Quand le site internet des Résistantes a été lancé, je me suis proposé pour aider. C’est un festival qui attire du monde et peu de gens savent bien gérer la sécurité incendie. Je suis venu par dévouement pour mon territoire, l’Aveyron », raconte-t-il.

Cela fait trois mois qu’il étudie la géographie du site pour établir un plan incendie qui soit validé par la préfecture. Un travail minutieux pour un risque élevé : les participants foulent un champ de chaumes où la moindre cendre peut provoquer un brasier.

 

Alexis, référent sécurité incendie : « Je suis venu par dévouement pour mon territoire, l’Aveyron. » © David Richard / Reporterre

 

Des points d’eau et extincteurs ont été installés partout. Des rondes sont organisées 24h/24h par des bénévoles formés. Un gros travail de prévention est également mené, avec plusieurs panneaux d’interdiction de fumer, pas toujours bien respectés. Mais jusqu’à présent, tout s’est bien passé, malgré les violentes rafales de vent.

« Je pensais que ça allait être compliqué mais pour le moment, tout se gère bien », poursuit Alexis. Membre des motards en colère, le retraité n’est pas militant, mais s’est senti bien accueilli dans le camp. Il avait repéré des ateliers sur la diversité des tactiques et des alliances entre les luttes mais n’a pas encore trouvé le temps d’y participer.

« Je suis d’une génération où les écolos existaient peu. Et aujourd’hui, je pense plutôt à mes petits-enfants qui vont avoir du boulot sur le sujet. »

  • Woody, la boulangère

Une délicieuse odeur flotte autour du stand de l’internationale boulangère mobile, abrégée en IBM. Les boulangères et boulangers bénévoles enfournent leur quatrième tournée de pain dans trois grands fours qui ressemblent à des mini roulottes.

Durant les quatre jours des Résistantes, ils et elles vont produire près de 1,5 tonne de pain. Un challenge qui ne fait pas peur à Woody, l’une des participantes. « J’aime partager mes compétences, transmettre les savoir faire, c’est chouette de faire autre chose que de l’accueil ou du parking », raconte cette membre de l’IBM depuis 2020.

 

« C’est important de militer en faisant à manger, car on ne peut se battre que lorsqu’on a le ventre plein », rappelle Woody. © David Richard / Reporterre

L’équipe est constituée d’une trentaine de personnes qui ne sont pas forcément des boulangers professionnels. Durant les Résistantes et d’autres évènements militants, ils encadrent des bénévoles qu’ils forment sur le tas.

À regarder leurs gestes précis et leurs mains expertes, il est difficile de distinguer celles et ceux qui ont appris à pétrir le matin même. « C’est important de militer en faisant à manger, car on ne peut se battre que lorsqu’on a le ventre plein », poursuit Woody.

Les fours mobiles utilisés fonctionnent avec du bois apportés par des paysans du coin. Les pains sont fabriqués avec des farines de blé ancien et local. Le tout est produit en autogestion, avec des tableaux pour organiser les équipes : la première commençant à 4 heures du matin !

  • Noisette, à l’hygiène

C’est le monsieur propre des Résistantes. Depuis le 8 juillet, il s’assure que le camp reste agréable, que les toilettes et les douches sont nettoyées et que la centaine de bénévoles qui s’en occupent aient tout le matériel nécessaire.

Il faut également vider régulièrement la centaine de poubelles installées partout. Résultat : pas un papier ne traîne au sol. « Est-ce parce que nous sommes dans un évènement écologique ? Ou parce que nous avons installé assez de poubelles ? » , s’interroge Noisette, étonné par la discipline des participants.

Noisette s’occupe des toilettes, une tâche aussi peu attirante que cruciale au bon déroulement du rassemblement. © David Richard / Reporterre

 

Cet homme de 27 ans avoue qu’il n’aurait pas forcément choisi le pôle hygiène pour devenir bénévole. « Je serais plutôt allé vers l’atelier logistique faire des trucs de gars. M’occuper des questions d’hygiène me change de ma sociabilité classique. Car j’ai été éduqué dans un système patriarcal qui m’amène à m’intéresser plus au bricolage qu’au ménage. Cet événement permet de mélanger les choses. Les filles peuvent se sentir à l’aise dans l’atelier et les gars légitimes à nettoyer les toilettes », explique Noisette.

 

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