Sivens :
l'Etat condamné pour faute
Les trois arrêtés fondateurs du projet de barrage ayant été cassés en juillet 2016, les travaux de défrichement de la zone humide, à l'origine de l'escalade de la violence à Sivens sont illégaux, a jugé le tribunal administratif de Toulouse. Il a condamné l'Etat à verser à chacune des deux associations, FNE Midi-Pyrenées et le Collectif Testet, la somme de 10 000 euros pour préjudice moral.
L’association FNE-Midi-Pyrénées affirme ce mardi 8 décembre que le tribunal administratif de Toulouse a condamné l’Etat pour faute dans le dossier du barrage de Sivens. Libération s'est procuré la requête indémnitaire finale, confirmant cette information. Une suite juridique logique après que le même tribunal a rendu illégal ce projet de retenue d’eau destinée à l’irrigation, en cassant le 1er juillet 2016 les trois arrêtés fondateurs – dérogation à la destruction d’espèces protégées, déclaration d’intérêt général et autorisation de défrichement.
Conséquence de cette décision de justice, les travaux entrepris en septembre 2014 pour construire le barrage, notamment le défrichementde la zone humide n' auraient pas dû être permis par l'Etat. Si le détail du jugement n’était pas connu ce mardi soir, l’Etat est bien condamné à verser 10 000 euros au Collectif Testet comme à FNE Midi Pyrénées « en réparation de leur préjudice moral ». Une « reconnaissance pleine et entière de la faute de l’Etat, de la CACG, - l’aménageur - et du conseil départemental du Tarn » qui « se sont comportés comme des délinquants pendant deux mois » réagit Thierry de Noblens, président de FNE Midi-Pyrénées. Les abattages précipités des arbres à l’automne 2014 lui restent d’autant plus en travers que l’arrêté autorisant ce défrichement (cassé depuis) n’avait été signé que douze jours après le début du chantier d’abattage, alors que la quasi-totalité de la zone humide avait été rasée et les arbres arrachés. « Tout le monde savait que ce projet ne tenait pas la route et ne respectait ni la loi ni la directive cadre européenne sur l’eau » souligne le responsable associatif.
Plus encore, ces travaux de défrichement représentent un enjeu central dans le conflit de Sivens. C’est leur démarrage précipité le 1er septembre 2014, notamment appuyée politiquement par le premier ministre socialiste d’alors, Manuel Valls, qui avait conduit à une escalade des tensions sur place. Devant l’affluence nouvelle de militants venus « défendre la zone humide » en cours de destruction, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait dépêché sur place une présence permanente de gendarmes mobiles, entraînant de nombreux cas de violences physiques contre des occupants. Jusqu’à la mort de Rémi Fraisse, manifestant pacifique tué par une grenade offensive lancée par un gendarme mobile la nuit du 25 au 26 octobre 2014. Enfin, cette décision risque d’aiguiser un peu plus la méfiance des associations quant aux conclusions du « projet de territoire » pour l’avenir de la vallée, lancé voilà déjà quatre ans. Aujourd’hui encore, l’hypothèse d’un nouveau projet de retenue d’eau dans la zone de Sivens, avec un volume global réduit de moitié, semble loin d’être abandonnée.
SIVENS :
LA JUSTICE CONDAMNE
L’ETAT POUR SES FAUTES
Plus de 5 ans après l’abandon du projet de retenue à Sivens, le tribunal administratif de TOULOUSE vient à nouveau de sanctionner l’État dans cette affaire. Si le barrage n’a jamais été édifié, d’importants travaux ont été entrepris illégalement, altérant fortement une zone humide majeure et une biodiversité riche, caractérisée par une myriade d’espèces animales et végétales protégées. La Justice condamne aujourd’hui les fautes de l’État tout en indemnisant à 10 000 € chacune, le préjudice de deux associations particulièrement actives contre ce projet depuis son origine : le collectif pour la sauvegarde de la zone humide du TESTET et FNE Midi-Pyrénées.
Un site laissé à l’abandon pendant plus de 3 ans
L’historique du barrage abandonné est malheureusement connu : afin de subvenir aux besoins hydrauliques autour de la rivière du Tescou dans le Tarn, un projet de retenue a été initié. Si le département accompagné de la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG) se sont rapidement accordés sur la création d’une retenue, nos associations environnementales se sont fermement opposées dès 2011, aux travaux envisagés, qui impliquaient l’ennoiement de 13 hectares de zone humide et des centaines d’espèces protégées, sans pour autant garantir le remplissage du barrage.
Malgré l’ensemble des avis défavorables émis pendant l’instruction du projet, les préfets du Tarn et de Tarn-et-Garonne ont délivré toutes les autorisations nécessaires à sa réalisation. Nous avons bien entendu attaqué ces arrêtés, qui ont tous été annulés en juillet 2016.
Mais entre-temps, la mise en demeure de la Commission européenne pour violation de la directive cadre sur l’eau et la disparition tragique d’un manifestant ont mené à l’abandon du projet. Pour autant les travaux de défrichement et de génie civil ayant été réalisés auparavant avec célérité ont porté gravement atteinte à l’ensemble du site comprenant plus de 18 Ha de zone humide qui est resté dans un état déplorable des années durant.
Pour Françoise BLANDEL, co-Présidente du Collectif TESTET :
L’État condamné par la Justice pour sa carence
De tels comportements ne pouvaient être laissés impunis. Nous avons donc engagé la responsabilité de l’Etat pour les nombreuses fautes commises dans la gestion de ce dossier. Dans une décision rendue ce jour, le tribunal administratif de TOULOUSE engage la responsabilité pour faute de l’État qui, en parfaite connaissance, a laissé se réaliser les travaux de défrichement en toute illégalité et a tardé à imposer la remise en état du site. Les juges ont également prononcé l’indemnisation de chacune des associations à hauteur de 10 000 €, qui veillent, alertent et s’investissent sur ce projet depuis ses débuts.
La mobilisation des bénévoles et des associations reste d’actualité puisqu’à ce jour la remise en état du site n’est toujours pas effective, et la concertation sur des alternatives au barrage mobilise tous les acteurs du territoire. Nous allons rester très vigilants pour que l’intégralité de la zone humide du Testet soit restaurée, protégée de nouvelles atteintes, et qu’elle retrouve ses fonctions essentielles et sa biodiversité remarquable
Pour Thierry de NOBLENS, Président de FNE Midi-Pyrénées :
SIVENS : LA JUSTICE CONDAMNE L’ETAT POUR SES FAUTES
COMMUNIQUE DE PRESSE :
SIVENS : LA JUSTICE CONDAMNE L’ETAT POUR SES FAUTES
Aujourd'hui 8 décembre 2020, la justice reconnaît le préjudice moral causé aux associations qui se battent depuis 8 ans pour la sauvegarde de la zone humide du Testet.
Conclusion du rapporteur public dans l'attente de la publication des conclusions du délibéré : "Responsabilité pour faute de l'Etat engagée à raison d'illégalités fautives et de la carence à faire cesser des opérations de défrichement non autorisées. "
Rappelons que ce projet a fait l'objet d'arrêtés permettant les travaux alors que :
* Le CSRPN (Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel) et par 2 fois le CNPN ( Conseil national de la protection de la nature) avaient émis un avis défavorable au projet pour l'atteinte à des espèces protégées en 2012.
* Suite à une question écrite de Catherine GREZE, députée européenne, devant la commission européenne, cette dernière avait entamé une procédure contentieuse envers l'Etat français pour non-respect de directives européennes. L'Etat en était au courant dès juillet 2014.
Malgré cela, l'Etat a laissé la CACG débuter les travaux, en septembre 2014, en s'appuyant sur les forces de police, pour imposer ce passage en force, sans même qu'elle dispose des autorisations de défricher.
Nous avons une pensée pour Rémi et sa famille et tous ceux qui se sont battus et ont été blessés dans leur chair et leur âme pour faire entendre la voix de la préservation de ce patrimoine remarquable et irremplaçable au cœur même de cette magnifique vallée de Sivens.
Le projet a fini par être abandonné et, en juin 2016, la justice a annulé les arrêtés non abrogés.
Depuis, nous nous battons pour que la raison revienne et que soient mises en œuvre des solutions permettant de répondre aux réels besoins des agriculteurs tout en préservant l'environnement, la biodiversité et surtout les zones humides dont la démonstration sur leurs rôles essentiels dans le cycle de l'eau n'est plus à faire.
La mise en œuvre d'une transition agroécologique fait déjà consensus.
Nous espérons qu'avec l'année qui s'achève, un accord sera trouvé :
* pour permettre aux agriculteurs de la vallée de vivre de leur travail avec un revenu satisfaisant,
* pour des productions de qualité,
* par le développement de filières maîtrisées par les agriculteurs dont le développement de circuits de proximité,
* en restaurant la biodiversité dans les sols et les milieux aquatiques,
* et sans porter atteinte aux zones humides, et plus particulièrement à la dernière zone humide d'importance de cette vallée, la zone humide du Testet.
Lire aussi le communiqué de FNE Midi-Pyrénées.
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