« Israël se cache derrière l’Holocauste pour justifier l’injustifiable »

 Gaza : pas de souci, il n’y a pas de génocide

« Israël se cache 

derrière l’Holocauste 

pour justifier l’injustifiable »

Le 4 juillet 2025

 

HAZEM BADER / AFP

Pour écouter https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/israel-se-cache-derriere-l-holocauste-pour-justifier-l-injustifiable

 

OMER BARTOV, historien israélien de la Shoah, dénonce l’aveuglement et la lâcheté devant le génocide de Gaza et s’inquiète de la radicalisation de la société israélienne. D’autres historiens de l’Holocauste comme Daniel Blatman ou Amos Goldberg ne cessent d’alerter sur le crime en cours, en direct, au vu et au su du monde. Autant de voix qui peinent à passer à travers l’énorme soutien, l’énorme indifférence et l’énorme ignorance.

D’où cet entretien passionnant avec Omer Bartov (traduit par Giv Anquetil !). Israël-Palestine, c’est une guerre de cent ans, une guerre coloniale doublée du traumatisme de l’extermination. Mais aujourd’hui, dit Omer Bartov « Israël ne pourra plus invoquer l’Holocauste pour justifier sa violence, il n’a plus de crédit ». Dans sa longue étude sur la destruction des juifs d’Europe, dans son livre ANATOMIE D’UN GÉNOCIDE, il note : « rien ne sert mieux la violence que le sentiment indigné d’être une victime ». Et il revient sur « la corruption morale inévitable du régime colonial » et cette condamnation à la guerre sans fin, comme le prévoyait Moshe Dayan en 1956 : « si l’épée nous tombe des mains, nous serons anéantis ».

Vingt mois de massacres et de famine organisée, 55 000 morts, femmes et enfants en majorité. « C’est une honte ! » : Emmanuel Macron a fini par s’indigner le 13 mai dernier. Mais pas trop non plus. On lui demande : « est-ce un génocide ? ». Sa réponse relève du plus pur et du plus flagrant négationnisme : « Ce n’est pas à un responsable politique d’employer ces termes, c’est aux historiens en temps voulu ». Et il ajoute : « c’est un drame humanitaire ». Macron ne se contente pas de faire l’indigné pour mieux masquer sa lâcheté comme tout le monde, il nie carrément l’existence d’un quelconque génocide.

Et quel droit, quelle loi empêche un responsable politique d’employer ce terme ? Les historiens n’ont pas attendu « le moment venu ». Voyez le colloque organisé au Collège de France le 13 juin entre historiens et juristes : « Droit et histoire du crimes des crimes ».

Le dessin génial de Chapatte évoque le génocide des Arméniens de 1915 : « PAS DE SOUCI, LE MOT GÉNOCIDE N’EXISTE PAS ENCORE ». C’est ce que veut dire MACRON. Sauf que le mot existe, que les lois existent, que l’histoire existe et que les moyens d’agir existent au niveau de l’Europe, par des sanctions économiques, par le soutien aux tribunaux internationaux…

Mais lequel aura le prix Nobel de la paix ? Trump ou Nétanyahou ? Et pourquoi pas Emmanuel Macron ?

 

D.M.

entretien : Daniel Mermet
réalisation : Jonathan Duong
traduction : Giv Anquetil

 

Voir aussi

Omer Bartov, Anatomie d’un génocide. Vie et mort dans une ville nommée Buczacz, Flammarion, Paris, 2024

 

 

 

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