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dimanche 14 janvier 2024

Toujours plus vite vers le désastre : chronique d’un capitalisme suicidaire


Toujours plus vite 

vers le désastre : 

chronique d’un capitalisme 

suicidaire

11 janvier 2024


Poissons du Golfe, lait de Nouvelle-Zélande et glace du Groenland

 

Il y a les beaux discours sur la « sobriété énergétique », la « transition climatique » ou le « capitalisme vertueux » et il y a les actes. Les dirigeants et les capitalistes multiplient les choix suicidaires les plus scandaleux qui soient. À tel point que l’on peut se demander s’il ne s’agit pas de provocations délibérées :

Poissons du golfe

À Lorient, dès cette année 2024, des tonnes de poissons venus du sultanat d’Oman, à plusieurs milliers de kilomètres dans le Golfe Persique, pourront être amenés par avion pour être vendus dans ce port de pêche breton ! Des responsables du port de pêche de Lorient veulent « développer leur activité à l’étranger. Dans le cadre d’un consortium omano-français, le deuxième port de pêche français va investir dans le développement d’un ensemble portuaire de 250 hectares, au sud du sultanat d’Oman » écrit le quotidien Ouest-France qui ajoute que « sur la criée du port, des poissons en provenance du sultanat feront peut-être bientôt leur apparition ».

Une folie promue par la société Ker’Oman qui a décroché un appel d’offres pour concevoir et gérer ce nouveau port dans le sultanat. Son responsable explique : « L’avion, c’est un transport normal pour du poisson aujourd’hui. » La « normalité » est désormais de faire venir par les airs des poissons de l’autre bout du monde plutôt que de consommer ceux pêchés localement. Cela alourdirait « de 10 fois l’empreinte carbone du poisson » alertent des écologistes, et les pêcheurs lorientais craignent une mise en concurrence désastreuse.

Lait de Nouvelle-Zélande

Le Parlement Européen a approuvé, mercredi 22 novembre, à une large majorité, la ratification d’un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Nouvelle-Zélande. Celui-ci prévoit de faciliter les « échanges commerciaux » entre l’Europe et cette île située à 20.000 kilomètres de la France.

Pour importer des produits très spécifiques qu’on ne peut pas produire ici ? Pas du tout. Cet accord qui entre en vigueur en 2024 va supprimer les droits de douanes sur les oignons, les pommes, le poisson, le vin, le lait et la viande de Nouvelle-Zélande. Encore une absurdité complète. D’abord parce que la France est un grand pays agricole qui n’a absolument pas besoin d’importer de lait ou de viande : nous en produisons trop et en exportons ! Ensuite parce que cela va créer une concurrence entre les agriculteurs européens et néo-zélandais, sachant que le pays est le premier producteur mondial de lait. Enfin, il va sans dire qu’importer à 20.000 kilomètres des produits agricoles que l’on fabrique ici est une catastrophe écologique. Tout cela est totalement irrationnel et même criminel, mais cela paraît sous doute cohérent dans la tête de ceux qui pensent que le monde n’est rien d’autre qu’un grand marché.

Glaçons du Groenland

Dans le même esprit, une start-up du Groenland, Arctic Ice, a choisi de « récolter » de la glace du pôle nord pour l’envoyer aux Émirats Arabes Unis, selon une information du journal anglais The Guardian. L’entreprise utilise un bateau équipé d’une grue, arrache des gros bouts de glace du Groenland qui sont ensuite envoyés au Danemark puis vers Dubaï.

Difficile de trouver une métaphore plus évidente de la fin du monde : les glaces du Pôle Nord sont condamnées par le réchauffement climatique, mais elles seront sirotées dans les cocktails de riches résidents d’une pétromonarchie située sous d’autres latitudes.

La start-up se vante d’exporter des glaces datant de milliers d’années qui « n’ont pas été en contact avec des sols ou contaminées par des polluants produits par les activités humaines. Cela fait de l’Arctic Ice l’eau la plus propre de la planète ». Le cynisme complet : les pires pollueurs veulent de l’eau pure dans leurs glaçons. Avec un peu de chance, un émir se retrouvera bientôt contaminé par un virus néolithique et pourra le refiler au reste de la planète.

Et le pire, c’est que la start-up Artic Ice prétend ainsi « aider le Groenland dans sa transition écologique ». Dans un monde où les mots n’ont plus de sens, c’est sans doute un argument logique dans pour les conseillers marketing de l’entreprise.

 

Source : https://contre-attaque.net/2024/01/11/toujours-plus-vite-vers-le-desastre-chronique-dun-capitalisme-suicidaire/

 

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