Dans ce bail éphémère de la vie,
Sur ce grain de Terre paumé dans l’univers,
Dans ce bal d’étoiles et de folies,
Il faut sortir le soir, à minuit, saluer la lune, écouter la chouette et le silence,
Le renard dans les fourrés.
Il faut écouter la lumière remonter,
Il faut au cœur du déluge d’eau, de sang, d’ignorances, de cynisme et de feu,
Demain, forger la beauté.
Il faut plaquer nos certitudes,
Et cesser de prévoir,
De trébucher sur du binaire.
Il faut comprendre nos tempêtes,
Les rivières, les bêtes et les éclairs,
Ressortir nos équerres.
Il faut comprendre le vent et lui parler,
Il faut laisser la terre, le sol respirer.
Reprendre enfin son pouls,
Cesser d’engraisser les valses tristes,
Tenir à distance l’abîme, le précipice,
Et porter en soi des rêves encore plus fous.
Oui, il faut dans le chaos, les difficultés,
Remettre son désir de vie sur le métier,
Et demain forger de la beauté.
Nous sommes des mômes impatients, des cerveaux dirigés,
Nous sommes avec la Terre, l’eau, l’air, les mers, des enfants mal élevés,
Dessus nous essuyons nos pieds.
Autant de génie pour détruire, mais combien pour bâtir un demain habitable et sortir nos têtes ébouillantées d’économie ?
Nous sommes des boussoles agitées, des clics, des pulsions,
Qui en vain cherchons le nord, l’illusion,
On voudrait juste trouver la paix, un havre, un port,
Une colline où planter des arbres, des fleurs, des haies pour les abeilles.
Retrouver ce glissement d’oiseau en fuite,
Et le goût de la treille.
Tenir, tenir tête aux mensonges, agir et résister,
Eviter le faux pas au soleil du néant,
Sortir juste un peu d’amour du fond de nos tiroirs
Sans jamais piétiner l’espoir.
Et faire le ver luisant pour attirer l’amant
Pour demain, toujours forger, forger de la beauté.
Il faut planter d’autres graines,
Dans nos sols, nos esprits,
Pour raviver nos corps,
Faire ensemble avec nos énergies,
Et façonner l’égrégore,
Il faut semer des jeunes moins bêtes, moins imprévoyants,
Et bons à autre chose que fabriquer de l’argent.
Alors oui, ce soir minuit, une dernière feuille arrachée au calendrier : vous souhaitez un corps en bonne santé et ensuite ce que vous voulez, même de gagner au loto de la biodiversité.
Saluez le vivant, la paix, les fleurs endormies, préservez ce qui est encore possible, en buvant les larmes des derniers glaciers.
Et faisons monter un autre levain,
En forgeant de la beauté pour demain.
Thierry Cheissoux (C02 Mon Amour)
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