On a reçu ça
Bonjour,
Voici notre dernière livraison : https://www.
mercredi 20 juillet 2022
par
Jean-Manuel Traimond (collectif Passerelle)
A un demi-siècle de distance, Pierre Messmer, premier ministre, et
Emmanuel Macron, président de la République, tiennent deux discours si
frappants de similitude, qu’on ne peut y voir que des versions
successives d’un même discours fondamental. L’un à la télévision, le 6
mars 1974 ; l’autre à Belfort, le 10 février 2022.
Face à la similitude des contextes - le choc pétrolier suivant la «
guerre du Kippour », en 1974 ; et la crise énergétique, résultant en
2022 de l’explosion de la consommation, de la raréfaction des
ressources, et du renoncement aux énergies carbonées (pétrole, charbon) ;
l’Etat français réagit de la même façon. Le développement éperdu de sa
filière électronucléaire accompagné d’une offensive rhétorique visant à
justifier et à glorifier cette ruée vers l’atome.
L’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, soit 14 jours après le
discours de Macron, et les divers embargos, d’origine russe ou
occidentale, frappant les exportations de gaz, de charbon et de pétrole
russes, ne peuvent que renforcer cette impression de déjà-vu.
De ce discours du nucléaire, on peut relever quelques lieux communs.
1) La revendication du « progrès » fondé sur la rationalité
techno-scientifique. C’était déjà l’ultima ratio de Pierre et Marie
Curie, lors de leur discours de Stockholm, le 6 juin 1905 : « Je suis de
ceux qui pensent, avec Nobel, que l’humanité tirera plus de bien que de
mal des découvertes nouvelles (1). »
2) La revendication d’une tradition et d’une excellence nationales en la
matière, remontant aux héroïques époux Curie, et poursuivie par leur
fille et leur gendre, Irène et Frédéric Joliot-Curie, eux-mêmes
pionniers de la Bombe et fondateurs du Commissariat à l’énergie atomique
(2). Cette même excellence étant censée garantir la sécurité des
Français vis-vis de tout risque de pollution radioactive ou d’accident
nucléaire.
3) La défense de l’indépendance et de la souveraineté nationales, grâce
au nucléaire, que ce soit en matière d’énergie ou en matière militaire –
les deux étant d’ailleurs intrinsèquement liées, puisque toute
technologie est duale, civile et militaire.
4) La « chasse aux gaspis » (1974). « L’énergie est notre avenir,
économisons-la » (2022). L’appel aux citoyens et aux particuliers pour
réduire, sinon pour rationner leurs dépenses énergétiques (chauffage,
éclairage), afin de maintenir l’alimentation de l’Etat industriel. Cette
participation au devoir civique induisant une soumission indiscutée aux
consignes gouvernementales jugées vertueuses puisque, précisément, il
s’agit de réduire la gabegie.
5) L’« ouverture » et même le « soutien » aux « énergies alternatives »
et « renouvelables », éolienne, solaire, hydroélectrique, etc., censés
prouver que l’Etat nucléaire n’est pas monopolistique. A condition bien
sûr que ces « énergies de flux », qui ne peuvent fournir pour le moment
qu’une « énergie d’appoint », soient technologisées et industrialisées –
notamment sous la direction du Commissariat à l’énergie atomique et aux
énergies alternatives (3).
6) La lutte contre l’effet de serre et le réchauffement climatique, mise
en avant dès 1976 par Louis Néel, directeur-fondateur du Commissariat à
l’énergie atomique de Grenoble (1956), et prix Nobel de physique 1970,
pour justifier l’industrie nucléaire et la construction de Superphénix,
puisqu’il n’est pas question de remettre en cause « une société de
consommation », avec une « certaine expansion industrielle (4) ». Où
l’on voit ce que signifie vraiment cette injonction à « écouter les
scientifiques », aussi bien répétée par Greta Thurnberg, la petite
mascotte du pseudo - « mouvement climat », que par toutes les autorités
politiques et médiatiques.
Bref. Nous avons demandé à Jean-Manuel Traimond et à ses amis du
collectif Passerelle de lire pour nous ces deux discours de Messmer et
de Macron, tels qu’ils se dupliquent à un demi-siècle de distance. On
trouvera ici leur introduction, suivie des deux textes en question : https://www.
NOTES
1) Eve Curie, Madame Curie, Hachette, 1958, p.175
2) Cf. Françoise d’Eaubonne à Grenoble, par Le Casse-Noix, Pièce détachée n°95
3) Cf. Frédéric Gaillard, Le soleil en face, rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives, L’Echappée, 2012
4) Cf. Françoise d’Eaubonne à Grenoble, par Le Casse-Noix ; « Creys-Malville, le dernier mot » sur www.piecesetmaindoeuvre.com et dans Memento Malville, Pièce détachée n°14
Merci de faire circuler,
Pièces et main d’œuvre
(Pour lire le texte, ouvrir le document ci-dessous.)
De Messmer à Macron le discours du nucléaire
Version prête à circuler
398.9 ko
Source : https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1719
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