Paru dans la lettre d'infos de Télérama du 13 janvier 2021
Humeur
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“Allô place Beauvau” :
David Dufresne raccroche
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« Allô @Interieur_Gouv, c’est pour une fin. »
Ainsi David Dufresne a-t-il annoncé sur Twitter, mardi 12 janvier, qu’il mettait un terme à son colossal travail de signalement des violences policières.
Commencé il y a un peu plus de deux ans, en réaction à la répression subie par les Gilets jaunes (et sous l’appellation “Allô place Beauvau”), cette recension a pris une ampleur que le journaliste, auteur et réalisateur, n’avait pas imaginée. « Sans m’en rendre compte, je me suis transformé en lanceur d’alerte », confie-t-il à Mediapart, qui compile et catégorise sur son site les signalements, au nombre de 993.
S’il s’arrête aujourd’hui, c’est parce que le journaliste, auteur et réalisateur ressent « une forme d’épuisement », nous dit-il. Pas seulement physique (c’est un travail de veille harassant, sept jours sur sept) mais aussi « psychologique » (face à la souffrance des victimes et de leurs familles) et « intellectuel » (face au déni du pouvoir et des syndicats policiers). Surtout, « démonstration a été faite, on a montré que les violences policières constituaient un problème systémique. Et le débat sur ces violences est devenu central ».
Mission accomplie, donc, en parallèle à la mobilisation d’autres acteurs qu’il tient toujours à associer à son travail : journalistes, chercheurs, avocats, collectifs « justice et vérité »…
D’ailleurs, David Dufresne encourage qui voudra à prendre la relève, sous une forme ou une autre. En attendant, il continue à militer contre la loi Sécurité globale (prochaines manifs ce samedi). Et l’on peut toujours lire son roman, Dernière Sommation (Grasset), et voir son film, Un pays qui se tient sage (en salles… si elles rouvrent, et bientôt en DVD et VOD).
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