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dimanche 26 juillet 2020

Et si le mouvement écolo se mettait au sabotage ?


Et si le mouvement écolo 

se mettait au sabotage ?

02/07/20

Dans Comment saboter un pipeline, le maître de conférences en géographie humaine en Suède et militant pour le climat Andreas Malm appelle le mouvement écolo à passer très concrètement “de la protestation à la résistance”. Arguments historiques à l’appui. 


Les éditorialistes de droite qui serrent les dents sur les plateaux télévisés depuis le soir du 28 juin, après le triomphe (certes relatif compte tenu du taux d’abstention du 58,4 %) des écologistes au second tour des municipales, risquent de faire une fausse route s’ils tombent sur le livre d’Andreas Malm. Et si certains d'entre eux partent d’un grand éclat de rire à s’en faire péter les boutons de la chemise en lisant son titre – Comment saboter un pipeline (La Fabrique) –, ils s’étrangleront sans doute en se rendant compte qu’il est on ne peut plus sérieux.

Dans cet opuscule, le maître de conférences en géographie humaine en Suède, militant de longue date pour le climat, défend une idée qui a le mérite d’être claire : pour être efficace, le mouvement écologiste devrait “réapprendre à [se] battre, à l’heure qui pourrait bien être la plus défavorable de toute l’histoire de la vie humaine sur cette planète”. Et par “se battre”, Malm a une proposition précise en tête : “Endommager et détruire les nouveaux dispositifs émetteurs de CO2. Les mettre hors service, les démonter, les démolir, les incendier, les faire exploser.”

“Le mouvement a été d’une douceur et d’une modération extrêmes”

 

Avant d’en arriver à cette conclusion toute prosaïque, cet habitué des camps climat, engagé dans le mouvement Ende Gelände (qui bloque des mines de lignite à ciel ouvert en Allemagne), procède à un raisonnement logique. Depuis la première COP en 1995, les écologistes ont invariablement été pacifiques. Sages comme des images, même : “Jusqu’ici, le mouvement pour empêcher la catastrophe climatique n’a pas été seulement civil : il a été d’une douceur et d’une modération extrêmes”, écrit-il.

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Pensons aux militants d’Extinction Rebellion (XR), généreusement gazés à bout portant par les forces de l’ordre sur le pont de Sully à Paris en juin 2019 : leur douceur est d’autant plus patente qu’elle n’est pas réciproque.



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Pourtant, les résultats sont loin d’être à la hauteur de cette autodiscipline – même si l’on considère la montée en puissance électorale des partis verts –, puisque les courbes des investissements dans le pétrole, le gaz, le charbon n’ont pas cessé d’augmenter, bien au contraire.

Un “refoulement actif”

 

D’autre part, un mouvement comme XR, qui revendique la radicalité, a fait de la désobéissance civile non-violente un véritable mantra en s’appuyant sur des exemples historiques censés prouver son efficacité : l’abolitionnisme, le mouvement des suffragettes, la lutte indépendantiste de Gandhi, le mouvement des droits civiques ou encore la victoire sur l’apartheid.

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Or cette lecture des faits relève du “refoulement actif”, pointe l’auteur, qui rappelle que chacune de ces luttes n’a pu être victorieuse qu’en mêlant mobilisation de masse et actions directes offensives. Il cite le vandalisme des suffragettes (qui brisaient des vitrines et incendiaient des bâtiments), le flanc radical du mouvement des droits civiques incarné par Malcolm X, ou encore le MK (branche militaire du Congrès national africain) qui avait fait du sabotage son principal modus operandi. “Loin d’exclure la mobilisation de masse, ces actions allaient de pair avec elles”, souligne-t-il.

“Que de temps précieux a-t-on perdu !”

 

Evidemment, il n’est pas question d’armer le mouvement écologiste, ni de répéter le solo funèbre d’Unabomber. Mais si l’objectif est bien la “prohibition mondiale de tout nouveau dispositif émetteur de CO2”, le sabotage est un moyen d’y arriver qui ne peut plus rester tabou. On en arrive donc aux pipelines. Depuis les luddites au XIXe siècle, “des dispositifs émetteurs de CO2 ont été endommagés […] par des groupes subalternes indignés par les pouvoirs qu’ils servaient – automatisation, apartheid, occupation… - mais pas encore en tant que forces destructrices en soi”, note Andreas Malm. Alors pourquoi pas pour le climat ?

De fait, des actions de dégonflage de SUV ont déjà eu lieu. Et deux militantes des Catholic Workers, Ruby Montoya et Jessica Reznicek, ont revendiqué des actions de sabotage du pipeline Dakota Access, dans l'Iowa, en 2017. On pourrait ajouter, même si cela ne relève pas uniquement de l'environnement, qu’un mouvement de sabotage d’antennes relais pour protester contre la 5G est en cours actuellement en Europe.

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Est-ce l'aube d'une nouvelle ère du point de vue des pratiques militantes ? Pour Andreas Malm, qui n’est pas le dernier à avoir lu Lénine et Trotski, la situation est mûre pour l'avènement d'un flanc radical du mouvement écolo, qui n'hésiterait plus à recourir à la destruction de biens tactiques. Et de citer le leader de la IVe Internationale, en 1931 : “Que de temps précieux a-t-on perdu ! A vrai dire, il n’en reste pas beaucoup.”





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Comment saboter un pipeline, d'Andreas Malm, éd. La Fabrique, 216p., 14€


 Source : https://www.lesinrocks.com/2020/07/02/idees/idees/et-si-le-mouvement-ecolo-se-mettait-au-sabotage/




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