Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant cette première moitié du mois de janvier 2018 ; on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, de l'anti CGO de Strasbourg, et de plein d'autres sujets.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
PROJET
D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source
: ZAD.nadir.org et
médias
janvier
2018
Et
ailleurs : Hambach
(Allemagne) – Amassada
(12) – Bure
(55) – Médias :
De
Johnny à Champigny -
Anti
rep –
Chiapas (Mexique) – procès
sur la mort
de Rémi Fraisse (81) – anti
GCO (67) – Attaque
de squat à Lyon (69) -
Infos du 1er au 7 janvier
►Lecture :
ACRIMED
- Désinformation sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes : les
médias au garde-à-vous.
« En
bref, une campagne de désinformation réussie pour la gendarmerie.
Le journalisme de préfecture a décidément de beaux jours devant
lui. »
Frédéric Lemaire - Acrimed
Le Premier ministre réunira les élus locaux à partir de vendredi
Édouard Philippe réunira à partir de vendredi et la semaine prochaine les élus locaux sur le projet controversé d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, a-t-il indiqué ce mercredi 4 janvier sur France 2.
« La
décision, nous la prendrons d’ici la fin du mois de janvier. Mais
avant la fin du mois de janvier (...), je veux pouvoir discuter avec
l’ensemble des élus concernés, les élus municipaux, les élus
régionaux et les parlementaires, à partir de vendredi et la semaine
prochaine », a déclaré le Premier ministre alors que le
rapport des médiateurs remis en décembre laisse ouverte une
possibilité d’abandon du projet.
« J’ai
beaucoup de réunions organisées à mon agenda où je vais pouvoir
les entendre sur leur conception de ce qu’il faut faire, ce qu’il
ne faut pas faire mais aussi sur la façon dont ils interprètent le
rapport que nous avons demandé au mois de juin et qui est à
l’origine finalement du choix entre le réaménagement de l’actuel
aéroport de Nantes Atlantique puis le développement d’une
nouvelle plateforme aéroportuaire », a-t-il ajouté.
Interrogé
sur une éventuelle évacuation du site, le Premier ministre estime
que « quelle que soit la décision que nous prendrons, il y
aura une composante d’ordre public ».
« Je
sais que cette décision est une décision difficile à prendre, je
sais qu’elle sera regardée (..), peut-être impopulaire (...) mais
à un moment, il faut en sortir, il y a un moment, il faut prendre
des décisions et les assumer », a-t-il justifié.
Programme de janvier 2018 au Taslu
Bonjour
à toutes et à tous,
Toute
l’équipe du Taslu vous souhaite une excellente année 2018. En
attendant que le gouvernement prenne ses bonnes résolutions, vous
trouverez ci-dessous le programme de la bibliothèque pour ce premier
mois de l’année avec en pièce jointe la présentation plus
détaillée de chaque évènement.
Les 12 et 13 janvier à 18h, le Taslu vous propose deux jours de rencontre avec Wilfrid Lupano, scénariste de bande dessinée, dont « Les vieux Fourneaux » et « Un Océan d’Amour ».
Vendredi
12 janvier à 18h, Wilfrid Lupano discutera avec le groupe « Vivre
à tout âge sur la zad ». Dans la série de bande dessinée
« Les Vieux Fourneaux », nous suivons les périples d’une
bande de vieux révolutionnaires infatigables. Avec une bonne dose
d’humour, l’auteur interroge la transmission et l’héritage de
cette génération, mais aussi la manière dont elle peut continuer à
s’engager activement dans les luttes actuelles.
Samedi
13 janvier à 18h, discussion avec Wilfrid Lupano autour du rapport à
l’engagement politique à travers les imaginaires déployés dans
ses bandes dessinées. Wilfrid Lupano puise son inspiration aussi
bien dans l’actualité, l’histoire, la politique, la philosophie
que les planctons. « Les héros solitaires et leurs
superpouvoirs, assoiffés de vengeance, jetés dans le monde pour
combattre le mal et faire régner la justice me font peur. Je pioche
au contraire dans les destinées des gens de la moyenne, de groupes
le plus souvent. Ce sont les aventures que vivent ces individus qui
les rendent beaux, pas ce qu’ils sont au départ. »
Dimanche 28 janvier à 18h, le Taslu reçoit Vivian Petit à l’occasion de la sortie de son livre « Retours sur une saison à Gaza ». Celui-ci est le fruit du voyage réalisé par l’auteur dans cette étroite bande de terre de février à avril 2013, période durant laquelle il a travaillé comme enseignant au Département de français de l’université Al-Aqsa. Alors que l’annonce le mois dernier par Donald Trump du déplacement de l’ambassade américaine en Israël dans la ville Jérusalem n’a pas déclenché la nouvelle Intifada que d’aucuns pressentaient, l’auteur également militant international de la cause palestinienne pourra nous transmettre au cours de cette soirée des nouvelles fraîches de la situation sur place et quelques propositions pour exercer notre solidarité.
Consultations à Matignon vendredi sur Notre-Dame-des-Landes
Le
Premier ministre français, Edouard Philippe, consulte à partir de
vendredi les élus locaux avant une décision, prévue d'ici la fin
du mois, sur la construction ou non d'un aéroport à
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
PARIS
(Reuters) - Le Premier ministre français, Edouard Philippe, consulte
à partir de vendredi les élus locaux avant une décision, prévue
d'ici la fin du mois, sur la construction ou non d'un aéroport à
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
Sénateurs
et députés de Loire-Atlantique seront reçus à Matignon, ainsi que
les maires et présidents d'intercommunalités concernés par le
projet d'aéroport du Grand-Ouest.
Selon
un agenda transmis par les services du Premier ministre, d'autres
consultations sont prévues tout au long de la semaine prochaine,
jusqu'à vendredi.
Jeudi
soir, le journaliste de RMC Jean-Jacques Bourdin a écrit sur son
compte Twitter que la décision avait été arrêtée concernant ce
projet controversé, ce que l'Elysée a démenti.
"Décision
prise: pas d'aéroport à NDDL. L'Etat a choisi l'extension de
l'aéroport de Nantes. Aménagements promis aux élus. La ZAD sera
évacuée", peut-on lire.
Interrogé
à ce sujet, l'entourage d'Emmanuel Macron a répondu : "Ce
n'est pas une position du gouvernement qui n'a pas encore pris sa
décision."
Vieux
de plusieurs dizaines d'années, ce projet d'aéroport, contesté par
des militants dont certains sont installés sur le site, a été
validé par un référendum local.
Un
rapport remis au gouvernement en décembre a ouvert une seconde
piste, celle d'un réaménagement de l'actuel aéroport de Nantes.
Avant
de décider, "je veux pouvoir discuter avec l’ensemble des
élus concernés, les élus municipaux, les élus régionaux et les
parlementaires, à partir de vendredi et la semaine prochaine",
a dit Edouard Philippe mercredi sur France 2.
"Quelle
que soit la décision que nous prendrons, ce sera une décision
difficile (...) et il y aura une composante d’ordre public", a
ajouté Edouard Philippe, en référence à la zone à défendre
(ZAD) occupée par 200 à 300 "zadistes" à
Notre-Dame-des-Landes. "Nous le ferons sérieusement, en le
préparant avec les forces de l'ordre."
Agence
Reuters sur Médiapart
Le plan de José Bové pour Notre-Dame-des-Landes
Déjà paru sur le blog ici
Lien
vers un article du Figaro, ou comment formater les esprits !
LN
- Café repère du Conflent (66)
Recherche hébergements pour le 10 février
Pour le grand rassemblement du 10 février nous recherchons notamment des hébergements aux alentours afin de loger les personnes venues de loin ainsi que les artistes et techniciens. Si vous habitez dans les parages et que vous avez un peu (ou beaucoup) de place chez vous, on compte sur vous ! C’est tout simple, il vous suffit d’aller poster votre annonce sur ce site, et les gens intéressés prendront directement contact avec vous : http://www.annonces-ndl.org/
En
cas de problème ou de question, n’hésitez pas à répondre à
cette adresse mail : hebergementnddlzad@riseup.net
Merci
et au 10 février !
►Selon des élus recus par le gouvernement, la décision sur l’aéroport est attendue « entre le 15 et le 30 janvier » (source : Le Monde).
Infos du 8 au 14 janvier
« ...A
court terme, la bataille à gagner est celle de
Notre-Dame-des-Landes. Il faut que le projet absurde d’aéroport
soit abandonné. Et que la solution
de la paix permettant à la formidable expérience de la Zad
puisse continuer. »
Hervé
Kempf - Reporterre
►Jeudi
11 janvier, 20h, à La Mob : Concerts de soutien à la Légal
Team.
Le sondage bidonné qui prétend que les Français
veulent l’évacuation de la Zad
En
sondant 1.006 personnes le 4 janvier pour France Info et Le
Figaro, l’institut de sondage Odoxa a conclu : « Près
de 6 Français sur 10 se déclarent favorables à l’emploi de la
force pour déloger les zadistes de NDDL. » Sauf que, explique
l’auteur de cette tribune, ce sondage est grossièrement orienté
pour faire croire à sa conclusion.
Odoxa
a encore frappé ! En
sondant 1.006 personnes,
les gourous de l’opinion publique en sont venus à la conclusion
suivante [le
4 janvier 2018] :
« La
demande de fermeté est renforcée : près de 6 Français sur 10
se déclarent favorables à l’emploi de la force pour déloger les
zadistes de NDDL. »
Sortez les hélicos et les matraques, les gens n’attendent que ça,
à ce qu’il paraît. Sauf que ce sondage a été construit
n’importe comment, sans aucun respect des règles de base en la
matière.
Première
règle de base :
un sondage doit être réalisé en évitant de mélanger les choses,
les premières réponses étant susceptibles d’influer les réponses
suivantes. Par exemple, si vous commencez par poser des questions sur
l’intoxication alimentaire, pas la peine de demander aux gens s’ils
ont peur de consommer des légumes abîmés…
Attention
la blague : le thème principal du questionnaire d’où est
extrait notre sondage, c’est l’insécurité ! Et même pire,
le titre officiel du document c’est : « Regard des
Français sur le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. »
Quel rapport avec NDDL ? Et pourquoi pas poser la question en
lien avec des problématiques urbaines ou environnementales ?
Chez Odoxa, on a préféré introduire le débat sur NDDL juste après
la question suivante : « Selon vous, aujourd’hui,
l’insécurité a-t-elle plutôt tendance à augmenter, à diminuer
ou à rester stable ? » Insécurité et NDDL, vous
voyez le lien ? Si vous ne le voyez pas, pensez à vous faire
déradicaliser vite fait.
Seconde
règle de base :
poser la question de la façon la plus neutre possible, en évitant
les détails superflus et les termes connotés. Et voici la
formulation à laquelle est parvenu l’institut de sondage :
« Le
ministre de l’Intérieur a annoncé que le gouvernement serait
“obligé d’employer la force” pour déloger les zadistes qui
occupent actuellement la zone de l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes. Vous personnellement, êtes-vous favorable ou
opposé au recours à la force si nécessaire pour les déloger ? »
Houla,
mais ça va pas du tout, ça ! C’est même du grand n’importe
quoi. D’abord, si « le ministre a annoncé », on
ne voit même pas pourquoi la question est posée. Autant dire oui
tout de suite plutôt que s’opposer à un ministre, de l’Intérieur
qui plus est. En plus, il a annoncé que le gouvernement « serait
obligé ». Futur + verbe obliger = pas
d’autre choix possible, d’autant plus quand « le
gouvernement » est sujet de la phrase (le ministre ne
devait pas suffire). La suite n’est pas mieux. Que fait ici le
verbe « déloger », considéré comme du langage
familier ? On déloge des indésirables, des gens qui dérangent
ou des animaux considérés nuisibles. Ou des « zadistes »,
qualificatif retenu par Odoxa, qui décidément ne doit pas aimer la
formule classique et déjà plus neutre : expulser des
occupants. Ces chers zadistes, toujours selon Odoxa, « occupent
actuellement la zone de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ».
Ah ! mais il fallait me le dire si l’aéroport était déjà
fait ! Moi je pensais qu’ils occupaient un joli bocage !
S’ils dorment sur le bitume d’une piste de décollage, autant les
foutre dehors, c’est mieux pour eux.
Au
cas où le sondé n’aurait pas compris, on lui pose enfin la
véritable question en prenant soin d’insister encore une fois sur
le fait qu’on va « déloger » des affreux
nuisibles, surtout pas des agriculteurs écolos. Et au passage, on
précise bien que la force sera employée « si nécessaire ».
Précision inutile puisque le ministre a dit qu’il serait
« obligé ». Mais on ne sait jamais, il reste
peut-être quelques abrutis capables de dire non.
Troisième
règle de base :
rester prudent dans l’interprétation des chiffres. 6 Français sur
10 sont favorables ! Pas mal, bon score ! De quoi faire des
titres bien racoleurs, comme sait le faire ce cher Figaro :
« Notre-Dame-des-Landes :
six Français sur dix encouragent Collomb à utiliser la force. »
Bon en fait, le résultat exact, c’est 56 %, pas 60 %,
mais on n’est pas à quelques points prêts, hein. Ça, c’est
comme le « si
nécessaire »
qui figurait dans la question d’origine : pas bon pour vendre
du papier. On va plutôt dire que les Français encouragent la force,
ça, c’est beau, on dirait du Star
Wars.
Bon
et puis il y a la marge d’erreur, qui s’élève à 3 % quand
on interroge seulement 1.000 personnes. Ce qui veut dire que le
chiffre exact se situe entre 53 % et 59 %. À 53 %,
avec un échantillon comme celui-ci, on considère habituellement que
le résultat est mitigé, les sondés sont indécis. Mais c’est
tellement ennuyeux, les gens indécis. Les journaux veulent du
violent et Odoxa est là pour en donner, c’est tellement facile
après tout.
L’institut
de sondage a tellement l’habitude de produire de l’opinion à
partir de rien qu’il ne cherche même pas à cacher le sien. Dans
une synthèse détaillée de l’étude (très courte en définitive),
le directeur d’Odoxa, Gaël Sliman, n’hésite pas à s’adresser
à son cher ministre de l’Intérieur et à l’encourager
chaleureusement à dépasser ses peurs : « Si Gérard
Collomb craint une sanction de l’opinion face à un excès de
fermeté de sa part, il se tromperait lourdement. » Vas-y
Gérard, fonce mon copain !
Autant donner directement des consignes au ministre
Non,
mais autant donner directement des consignes au ministre ! Ah,
mais, c’est ce qu’ils font, en présentation du document, sans
prendre de pincettes : « Dans le contexte sécuritaire
“tendu” du moment, il serait important que Gérard Collomb
puisse “renverser la vapeur” en montrant qu’il est
capable de fermeté — peut-être à l’occasion de l’évacuation
de NDDL — et ainsi pleinement occuper aux yeux des Français son
statut de premier “flic de France”. » Au passage, on se
demande pourquoi l’Institut utilise tous ces guillemets, alors que
personne n’est cité. Soit les sondeurs entendent des voix (ce qui
est tout à fait respectable), soit ils n’assument pas leurs
opinions (ça l’est beaucoup moins).
Être
obligé de sonder mille personnes pour enfin pouvoir brandir sans
honte des idées réactionnaires… pas facile la vie chez Odoxa et
compagnie…
Puisque
la loi les y oblige, les instituts de sondage publient certaines
données de base de leurs enquêtes. Les données utilisées sont
disponibles ici.
Avec
les vraies données brutes, on pourrait sûrement aller plus loin
dans la remise en cause. Mais sans devenir statisticien, on peut
critiquer les sondages plus globalement en considérant qu’ils
fabriquent une opinion plutôt qu’ils ne la recueillent, comme le
sous-entend la fameuse sentence de Bourdieu : « L’opinion
publique n’existe pas. »
Ce
texte n’a donc pas vocation à exiger de « bons
sondages », contre de « mauvais sondages ».
Il s’agit plutôt de chercher à comprendre comment des médias
dominants magouillent grossièrement des techniques qu’ils
connaissent pourtant très bien, pourquoi ils ne posent pas les
questions selon des règles qu’on peut apprendre en première année
de fac de sociologie.
David
(Paris luttes info) sur Reporterre
Paysans, ils ont choisi de s’installer
sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes
Virginie
et Xavier, paysans-herboristes depuis cinq ans en Ille-et-Vilaine,
viennent de s’installer à Notre-Dame-des-Landes. Un choix dicté
par le désir d’imaginer d’autres possibles.
|
Notre-Dame-des-Landes
(Loire-Atlantique) reportage
C’est le premier jour de l’hiver à la Zad de Notre-Dame-des-Landes. La température est plutôt douce, mais le soleil, lui, reste invariablement caché derrière l’épaisse couche de grisaille. Côté ouest de la zone, à deux pas de la ferme de Bellevue, une parcelle fait sa mue depuis quelques mois. À l’entrée, un grand hangar et des outils disposés pêle-mêle. Une centaine de mètres derrière, plusieurs rangées de plantes aromatiques et médicinales. Certaines — comme la verveine — sont recouvertes par un voile. D’autres, tels le romarin et la sauge, moins farouches, résistent au froid. La paille, un peu partout, protège le sol. Nous sommes au Très petit jardin bio de Virginie Philippe et Xavier Richard. Le couple nous invite à l’intérieur de sa caravane. L’odeur de café et des galettes sur le billig fumant réchauffent le petit intérieur. Aux murs, une carte illustrée de la Zad et l’affiche-manifeste « Les 6 points pour l’avenir de la Zad – Parce qu’il n’y aura pas d’aéroport ». Sur la table, la dernière édition du Zad news, journal réalisé par des habitants.
Virginie, 45 ans, et Xavier, 51 ans, se sont installés ici, petit à petit, à partir du printemps dernier. Ils sont paysans herboristes depuis 2012 et ont fait un choix singulier et risqué. Établis à Sainte-Anne-sur-Vilaine, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Notre-Dame-des-Landes depuis cinq ans, ils ont déménagé leur activité à la Zad en 2017. « On loue également une petite maison en dehors, notamment pour stocker nos plantes séchées, car ici le séchoir n’est pas encore terminé et elles risqueraient de prendre l’humidité », précise Xavier. Il leur a fallu déplanter — et replanter — toutes leurs espèces (70 en tout), en prenant soin de bien choisir le moment pour ne pas les tuer. S’ils se sont embarqués dans cette aventure, c’est parce qu’ils sont contre le projet d’aéroport, bien sûr, mais aussi pour envoyer un signal fort, montrer qu’on peut fonctionner autrement, dans une dynamique collective.
« Le projet qui se construit ici depuis dix ans
est enthousiasmant »
Le couple, séparément puis ensemble, est lié à la Zad depuis longtemps. Virginie a notamment fait partie de l’organisation du Camp action climat en 2009. « C’est là qu’on s’est croisés pour la première fois », sourient-ils. Ils sont depuis venus régulièrement visiter des amis et étaient présents, en 2012, lors de la violente tentative policière d’évacuation. À l’époque, Xavier, père d’une jeune ado, a choisi de ne pas s’installer à la Zad pour ne pas s’éloigner de sa fille, dont il s’occupait alors en garde partagée. « Quant à moi, le squat me faisait peur et j’avais aussi en projet d’avoir un enfant », précise Virginie. C’est finalement l’an dernier qu’ils ont décidé de franchir le pas.
|
« Le fait de rejoindre la Zad nous a aussi fait changer. On propose désormais des cueillettes sauvages collectives et chaque semaine des chantiers ouverts à tous. C’est pour nous une occasion de transmission. Certaines personnes viennent, ne connaissent pas forcément grand-chose au jardin, n’ont parfois jamais mis les mains dans la terre. Alors, on discute et on partage. Ça nous apprend aussi beaucoup, puisqu’on n’avait pas l’habitude d’expliquer, de raconter ce que l’on fait. On s’est rendu compte qu’on s’était peu à peu isolés à Sainte-Anne-sur-Vilaine », détaillent-ils sans se quitter du regard.
« S’il se passait quelque chose,
on perdrait tout ce qu’on a investi,
qui n’est rien d’autre que ce que l’on a »
Le couple de paysans-herboristes a une idée en tête : que tout soit fin prêt pour le tout début du printemps, temps des premières récoltes. L’éventuelle évacuation de la Zad est-elle dans leurs têtes ? « S’installer ici, c’était un risque conscient, mais on apprend à affronter nos peurs. S’il se passait quelque chose, on perdrait tout ce qu’on a investi, qui n’est rien d’autre que ce que l’on a. On a parfois ici un seul exemplaire de telle ou telle variété de plantes. Malgré tout, de mon côté, certaines de mes affaires sont stockées dans la petite maison qu’on a louée. J’avais besoin de ça pour mon “confort” personnel », explique Virginie.
|
Le couple se rappelle aussi 2012. « Cette année-là, on a gagné, l’évacuation n’a pas eu lieu. Ça donne de la force. » De la force sans « boules de pétanque hérissées de lames de rasoir » ou « pièges dissimulant des pieux » — comme on a pu le lire récemment dans la presse —, ironisent-ils. « Bon, on en rigole, mais ce n’est pas très drôle… On pense aussi à la résistance et au courage de ceux qui sont installés ici depuis longtemps, qui ont lutté, de diverses manières, pour préserver ces terres. Là, vous voyez, aujourd’hui, des avions pourraient être en train de décoller, on est précisément sur le trajet de la piste. Ils ont mis leur vie et ce qu’ils avaient en danger pour sauver un bien commun, on ne va pas lâcher maintenant. »
►France
3 : en
cas d’abandon de Notre-Dame-des-Landes, quel manque à gagner pour
Vinci et les collectivités ?
PAYSANNES
ET PAYSANS DU COPAIN
PLUS MOBILISÉS QUE JAMAIS !
Face à la cacophonie politique et médiatique générée par la longue séquence de médiation et de réflexion gouvernementale avant une décision annoncée prochaine, nous paysannes et paysans du collectif Copain du 44 et de toute la France tenons à rappeler et réaffirmer nos convictions et positions.
Confortés par les préconisations des médiateurs, nous sommes plus que jamais déterminés à tout faire pour que les terres de Notre Dame des Landes conservent leur vocation nourricière.
Si le gouvernement, pour des raisons qui ne pourraient être que politiques, décidait malgré tout de poursuivre le projet de transfert de l’aéroport, nous serons tous, soit dans le bocage pour en empêcher sa destruction, soit partout en France pour dénoncer le sacrifice des terres nourricières pour des projets inutiles. Rappelons que l’ensemble des syndicats agricoles y sont opposés.
Si, comme nous le souhaitons, le gouvernement fait le choix de la modernisation de l’aéroport actuel, nous resterons tous mobilisés pour l’enjeu majeur qui en découlera : faire perdurer le projet collectif et alternatif qui se construit depuis plusieurs années sur le territoire de Notre Dame des Landes.
Nous voulons que les terres sauvées du bétonnage soit destinées à l’installation de nouveaux projets paysans respectueux de l’environnement et de la biodiversité et non à l’agrandissement des fermes existantes.
Nous demandons donc, dès maintenant, que soit alors immédiatement mis en place un gel du mode d’attribution usuel de l’usage du foncier. Ceci pour donner le temps à l’émergence de ces nouveaux projets qui nécessitent deux à trois ans pour leur mise en œuvre.
Nous réclamons que la gestion des usages sur ce territoire soit confiée à une entité représentative du mouvement qui aura obtenu sa sauvegarde. Nous participons depuis plusieurs mois à sa constitution.
Nous œuvrerons à ce que la richesse des propositions alternatives qui s’y inventent depuis dix ans puisse s’y développer, dans l’objectif d’un avenir constructif et pacifié, en lien étroit avec le voisinage et les collectivités concernées. C’est possible, ça c’est fait ailleurs (Larzac, marais de Guérande, ...)
Rappelons à ceux qui voudraient utiliser la force en entretenant la fantasmagorie d’une zad, bastion fortifié de radicaux ultra violents, que ce sont bien les milliers de paysannes et paysans qui se mobilisent depuis des années pour protéger et entretenir ce territoire aux côtés des habitants historiques et des dizaines de milliers de militants qu’ils devront évacuer.
Nous vous appelons tous, quelle que soit la décision du gouvernement, à converger le samedi 10 février autour de la Ferme de Bellevue à Notre Dame des Landes, emblème de notre lutte, occupée et entretenue depuis janvier 2013, pour défendre notre projet pour un autre avenir pour le territoire de Notre Dame des Landes mais aussi pour l’agriculture, l’alimentation, et l’environnement.
Copain 44
CONTACTS PRESSE : 06 87 52 34 26 - 06 21 04 76 84
►Et sur « La bas si j’y suis » la chronique écosocialiste de Corinne Morel-Darleux appelant à la manif du 10 février :
https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/que-faire-de-la-zad (à priori pour les abonnés) :
https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/que-faire-de-la-zad (à priori pour les abonnés) :
Que faire de la ZAD ?
Jonathan Duong — On va faire le point sur ce qui constitue « la plus vieille lutte de France », à savoir l’opposition à la construction de l’aéroport du Grand Ouest sur la commune de Notre-Dame-des-Landes, puisque le gouvernement va rendre sa décision avant la fin du mois de janvier : soit le maintien du projet en cours à Notre-Dame-des-Landes, soit l’extension de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique.
Corinne Morel Darleux — On approche du dénouement. Le Premier ministre Édouard Philippe fait un dernier tour des élus locaux, et la décision tombera avant la fin du mois. Avec une grosse question qui agite tout le monde : l’avenir de la ZAD (« Zone À Défendre ») sur laquelle sont aujourd’hui installés à peu près 150 zadistes.
Et voilà que RMC nous apprend [1] que le plan d’évacuation est déjà en réalité en cours de mise en œuvre.
RMC annonce que 2 500 militaires et gendarmes vont être mobilisés pour cette évacuation, ce qui est évidemment un chiffre énorme et surprenant, quand on pense aux 150 zadistes en face. D’autant que selon RMC, une grande partie de ces zadistes pourraient rester sur place, puisque beaucoup se sont installés, travaillent sur place, sont agriculteurs, et donc ceux-là auraient le droit de rester. On a donc 50 individus armés pour déloger 1 zadiste, ce qui paraît évidemment disproportionné.
Avec le risque de violences policières que ça peut engendrer : il ne faut jamais oublier Rémi Fraisse, tué en 2014 par un gendarme alors qu’il manifestait contre la construction du barrage de Sivens. Et là encore, aujourd’hui, on a l’impression que les pouvoirs publics s’apprêtent à mener une véritable guérilla.
Absolument, et c’est d’ailleurs cocasse de parler de guérilla dans ce sens-là. On a plutôt entendu parler de guérilla dans l’autre sens ces derniers temps. On a eu toute une série d’articles dans le JDD [2] ou dans Valeurs Actuelles [3] notamment, qui ont parlé de camps retranchés, de miradors, de guérilla digne du Viêtnam. On a entendu parler de zadistes prêts à se laisser tomber des arbres pour tuer des gendarmes en tombant sur eux…
Les nouveaux kamikazes !
Autant de fake news démontées depuis, dont beaucoup d’ailleurs ont été basées sur des photos détournées, qualifiées de « photos secrètes » exclusives alors que c’était des photos parfaitement publiques.
Tout ça a été démonté [4], tant et si bien que le JDD a fini par devoir s’excuser [5].
Et puis à force de creuser on s’est rendu de compte de certaines choses : déjà que le journaliste de Valeurs Actuelles était un ancien du cabinet de Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. D’autre part, on a appris que ces photos soi-disant secrètes, avec leurs légendes alarmistes, avaient finalement étaient fournies aimablement au journaliste (qui, lui, n’a jamais été sur place) par… les services de gendarmerie. Et selon France 2 : « pour les gendarmes, insister sur les armes qui seraient détenues par les zadistes serait un moyen de s’adresser à leur hiérarchie militaire pour obtenir le maximum de moyens. » [6]
On est donc dans un cas classique de fabrique de la peur, où on fait passer les zadistes pour des terroristes, ce qui permet de préparer l’opinion publique à une évacuation musclée et en même temps d’obtenir davantage de moyens pour cette opération.
Pourtant, certaines voix se font entendre, notamment celle de José Bové [7], pour dire que les habitants de la ZAD pourraient rester sur le terrain à l’image de ce qui s’est fait dans le Larzac dans les années 1980.
D’abord parce que, comme l’a rappelé Fabrice Nicolino, un certain nombre d’entre eux sont devenus paysans, éleveurs, tisserands, maçons, charpentiers… et ils travaillent et vivent sur le terrain de Notre-Dame-des-Landes [8]. Ce qui devrait d’ailleurs plaire à notre cher président qui aime beaucoup l’entreprenariat social et toutes ces initiatives individuelles vers le travail et le mérite…
Elle est là, la start-up nation !
Exactement ! Et puis effectivement, il y a un précédent, le Larzac, avec un bail emphytéotique accordé par l’État, pour que les acteurs locaux puissent s’auto-organiser sur place. C’est d’ailleurs l’un des éléments qui est dans le rapport des médiateurs : « un terrain d’expérimentation de pratiques agro-environnementales rénovées, sous le pilotage des acteurs locaux » [9]. Ça a d’ailleurs déjà commencé puisqu’à Notre-Dame-des-Landes, il y a de l’autogestion, il y a une assemblée des usages, il y a des commissions qui aident les agriculteurs qui souhaitent s’installer, qui s’occupent de la répartition des terres ou des éventuels conflits de cohabitation dans la zone. Donc les outils sont présents, et c’est vrai que se serait intéressant d’avoir là un pôle d’agro-écologie, d’éco-construction, en lien pourquoi pas avec l’université de Nantes, ce qui permettrait d’avoir un petit lieu d’utopie dans cette grande zone d’ubérisation qu’est en train de devenir la France.
En tout cas, quelle que soit la décision prise par le gouvernement, il y en a un qui va gagner à tous les coups, c’est Vinci ! Parce que soit l’aéroport se fait et les bénéfices de l’exploitation iront dans les caisses de Vinci, soit il ne se fait pas et l’État va être légalement contraint d’indemniser Vinci, et on parle d’un montant de 300 millions d’euros.
Oui c’est ça, et c’est un élément qui n’a pas été pris en compte pour l’instant dans le rapport des médiateurs, parce qu’il est très difficile à évaluer : donc les médiateurs ont laissé cet arbitrage aux discussions qu’il y aura entre l’État et Vinci. Mais la compensation peut effectivement aller de 0 à 350 millions d’euros, ce qui est la somme la plus importante prévue par le contrat de concession.
En tout cas, quelle que soit la décision, rendez-vous le 10 février à Notre-Dame-des-Landes, soit pour fêter la victoire et préparer la suite, soit pour continuer le combat.
Exactement, le 10 février ce sera le lendemain de la fin de la déclaration d’intérêt public mise en place il y a 10 ans. Et c’est donc une date symbolique pour aller manifester notre soutien sur place à Notre-Dame-des-Landes.
chronique : Corinne Morel Darleux - journaliste : Jonathan Duong - sur Là-bas si j’y suis
►Notre-Dame-des-Landes : la boue, le froid et « quelque chose » d'inébranlable – Politis – 29-03-2013 (toujours d’actualité)
https://youtu.be/PY1fot7QyV8
►La zad oubliée - L’info du Vrai du 26/10 – CANAL+ - 26-10-2017
https://youtu.be/xbbN97K3_hk
►[STORY] NOTRE DAME DES LANDES – Taranis news – 07-12-2017
Cinq ans après le lancement de « l’Opération César », et alors que le gouvernement se pose la question d’une nouvelle évacuation : retour sur la chronologie vidéo des évènements à Notre Dame des Landes, avec l’intégralité de nos reportages publiés depuis octobre 2012 jusqu’à aujourd’hui.
http://taranis.news/2017/12/story-notre-dame-des-landes/
Jeudi 11 janvier
►Une petite vidéo à diffuser et relayer qui appelle au rassemblement du 10 février (4 mn 13)
VIDÉO - La Zad racontée par celles et ceux qui y vivent
« Ce
weekend-là, sur la Zad, j’ai compris le sens du commun. » La
narratrice de cette vidéo raconte la première fois qu’elle est
venue à Notre-Dame-des-Landes, combien elle a été touchée par cet
« étrange miracle » d’une lutte dont la « puissance
(…) brise les sombres tempêtes qui se lèvent aujourd’hui ».
Il
y a quelques jours encore, on pouvait voir sur la Zad tel ou tel
habitant parcourir la zone à vélo pour tourner les derniers plans
de ce film. L’enjeu : montrer concrètement ce qui se vit ici,
et faire pièce aux images projetées par les médias dominés,
prétendant que la Zad est une zone de non-droit et de violence.
Voici
donc Je n’étais jamais venue sur la Zad, un petit film né
de la collaboration entre des habitantes et habitants, le réalisateur
Léo Leibovici et l’actrice Lizzie Brocheré.
Il
est aussi un aussi un appel à toutes et tous à venir à la grande
mobilisation du 10 février 2018, pour « enraciner
l’avenir à Notre-Dame-des-Landes »
Ta première fois sur la zad
A quelques jours de la décision du gouvernement sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, une vidéo envoyée depuis la zad ouvre une fenêtre sur un territoire fécond d’expérimentations sociales et sensibles.
Vidéo postée sur ce blog ici : https://lemurparle.blogspot.fr/2018/01/je-netais-jamais-venue-sur-la-zad_12.html
Et toi, c’était comment ta première fois sur la Zad ? Question personnelle, réponse forcément intime et politique, engagée et peut-être légère à la fois.
Dans
cette vidéo tombées dans la boîte mail mercredi matin et déjà en
ligne, la voix féminine parle lentement, chuchotant presque. « Ce
week-end là, j’ai compris le sens des communs. ça m’a bien
secouée. Quand j’suis retournée travailler en ville, je me
sentais, chais pas. Bizarre. Vraiment bizarre. Tu sais, si jamais ils
viennent construire leur aéroport, j’y serai. Et même s’ils
abandonnent, je reviendrai. Ecraser la Zad, cette expérience? C’est
comme s’ils voulaient rendre l’espoir illégal ».
Pendant que la jeune femme prononce ces paroles, les visages
d’habitant·e·s et de visiteur·e·s de la zone se succèdent à
l’écran. Yeux ouverts. Yeux fermés. Yeux ouverts, sans ciller.
A
quelques jours de la décision du gouvernement sur l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, cette carte postale envoyée depuis la zad
ouvre une fenêtre sur un territoire fécond d’expérimentations
sociales et sensibles. Un personnage y raconte sa découverte de la
Zad en octobre 2016, lors d’un rassemblement massif au-cours duquel
des milliers de manifestant·e·s sont venu·e·s y planter des
bâtons. Venue pour défendre le territoire pour empêcher la
construction de l’aéroport, la jeune-femme découvre un lieu
d’autogestion, de liberté et d’autonomie, où l’on construit
son lieu de vie, cultive collectivement les terres et fabrique son
propre pain.
A
toi qui a vu défiler les photos et les légendes choc des médias à
sensation sur le supposé camp retranché de zadistes prêts à en
découdre avec les gendarmes, prends le temps de regarder ces 4
minutes et 13 secondes de récit de la zone. On y parle de tout autre
chose.
Jade
Lindgaard – Médiapart
►Lecture :
Lettre ouverte aux habitant-e-s de la Zad de Notre dame des Landes, et plus particulièrement à celles et ceux qui, selon le gouvernement, légitimeraient l’usage de la force. http://www.descolarisation.org/index.php/accueil/propagande-nationale/570-soutien-inconditionnel-aux-zadistes :
SOUTIEN INCONDITIONNEL AUX ZADISTES
Lettre ouverte aux habitant-e-s de la Zad de Notre dame des Landes, et plus particulièrement à celles et ceux qui, selon le gouvernement, légitimeraient l'usage de la force.
Ces jours-ci je scrute avec inquiétude et perplexité la stratégie gouvernementale habilement relayée par les médias pour en finir avec la Zad de Notre Dame des Landes. Vous avez récemment publié deux excellents articles sur le site de la ZAD :
Tapis dans le bocage, la vérité sur les armes secrètes des zadistes et Le but de la médiation c'est la division…
Dans ces articles, relayés assez largement sur internet, vous évoquez avec beaucoup de justesse l'immonde usage par la presse de mots très connotés pour vous décrire et vous stigmatiser, et pour faire émerger plusieurs catégories de zadistes. D'un côté les plutôt « bons », en tout cas ceux qu'on peut comprendre dans une certaine mesure et avec qui on est prêt à dialoguer (agriculteurs ou zadistes agriculteurs, voire quelques gentils utopistes rêveurs un peu déconnectés du monde réel mais qui ne feront pas d'esclandres et partiront d'eux-mêmes en cas d'intervention musclée des forces de l' « ordre), et de l'autre les « méchants », qui sont résolument et intrinsèquement ralliés sous le mot d'ordre contre, donc violents, donc exclus des négociations, et donc expulsables quels que soient les moyens utilisés. Toute la stratégie du pouvoir repose sur une conception simpliste et très manichéenne du mouvement et du monde.
Depuis quelques semaines, on assiste, via les médias, à un cheminement lent mais acharné de la part du gouvernement vers la diffusion d'une volonté guerrière à votre encontre, qui se diffuse, qui s'affirme peu à peu comme une évidence dans l'esprit des masses: un tel mot choisi pour désigner les habitant-e-s de la ZAD, une image très suggestive d'un feu de palette en fond d'écran du JT, un sondage qui assoit le soutien de la nation aux opérations d' « évacuation » par la force, l'intervention d'un ministre qui derrière la volonté supposée de paix annonce -avec un dédoublement déconcertant- l'usage nécessaire de la violence (faire la guerre pour être en paix, toujours la même rengaine, l'usage de LEUR violence étant toujours légitime, sympathique, bienveillante même, alors qu'une riposte ou une défense face à leurs méthodes coercitives est considérée comme éminemment dangereuse pour LEUR ordre public…).
Quiconque ignore à qui appartiennent les médias, quiconque méconnaît les techniques utilisées pour orienter un sondage, quiconque est dupe quand à la partialité de l'état français dans sa collaboration à la toute-puissance de l'économie mondiale se laisse hypnotiser et convaincre par ce discours lancinant… Au goutte à goutte, on assiste à la mise en place dans la conscience collective de cette volonté certaine d'en finir avec l'expérience zadiste, expérience que l'état ne parvient pas à encadrer, à comprendre, à accepter, expérience hors norme, hors de l'imaginaire restreint des hommes de pouvoir, expérience qui présage d'autres possibles et d'autres issues à notre triste société routinière de l'hyper consommation et du burn-out, expérience qui fait voler les murs gris du quotidien pour proposer d'autres horizons. Et cela, non, c'est impossible… Octroyer à une partie du peuple, à ceux qui ne se reconnaissent pas dans l'actuelle forme de société imposée, 1600 hectares sur les 64 millions qui constituent la France, soit une miette, une poussière, non, jamais !
En cela, l'État affirme sa répugnance à s'ouvrir à d'autres formes d'expérimentations de la vie collective, sa curiosité est NULLE, il veut TOUT. Rétablir l'État de droit ??? Quels droits pour ceux et celles qui rêvent à un autre monde ? Et si, de manière définitive, certain-e-s ne se reconnaissent pas dans le modèle en place, d'après une logique qui leur est propre et qui demanderait à être débattue publiquement, largement, pour tester sa validité ? Quelle place pour eux, pour elles, sinon aujourd'hui l'oubli, le mépris voire l'anéantissement???
Le gouvernement ne pourrait-il pas laisser vous laisser 0,000025 % du territoire qu'il « gère », par curiosité, pour une expérience inédite, vivante, d'une autre forme de société humaine ? Est-il à ce point arrogant et sûr de lui pour affirmer ainsi que son modèle est le seul qui puisse exister, le seul valable ??? Quel manque de recul, alors, si jamais ses perspectives et plans s'annoncent pernicieux et funestes, quelle bêtise d'avoir verrouillé toutes les portes de secours pour s'acheminer vers un monde plus viable ! Quelle posture dangereuse pour tout-un-chacun, et en miroir, quelle joie de vous voir explorer d'autres formes de vie commune !!!
Ces derniers jours, donc, nouvelle stratégie à votre encontre, nouvelle illusion de négociations dans un scénario où l'enjeu est d'éradiquer cette expérience collective : José Bové vient, en symbole corrompu et institutionnalisé de la résistance du Larzac, se placer aux côtés de Nicolas Hulot, le modèle de l'écologie bourgeoise au service des multinationales et des banques. Et derrière cette iconographie destinée à séduire les réfractaires bien-pensants au projet d'expulsion de la ZAD, derrière ces deux Che Guevara de la ménagère gauchiste, quel discours peut-on lire entre les lignes ?
Encore et toujours, la vénération absolue de l'Argent par le biais de l'Insertion Sociale par le Travail… Ou comment l'État brandit son nouvel appât pour brouiller les cartes et tricher une fois de plus, fait semblant de vouloir concilier et comprendre, mais impose son cadre et sa législation pour reprendre le contrôle sur la Zad, pour vous diviser, et diviser l'ensemble du peuple. Les agriculteurs, eux qui paient des cotisations annuelles à l'État français, eux qui participent malgré tout à l'économie du pays, au PIB et à tout le bousin, eux qui versent l'impôt, restent MALGRÉ TOUT de bons contribuables qui graissent les rouages de la machine capitaliste ; ils seront donc au centre des négociations. Les zadistes-agriculteurs, ceux qui ont déclaré une activité salariée, ceux qui sont enregistrés et détiennent leur numéro d'identifiant à la MSA, eux aussi auront leur chance et pourront tirer leur épingle du jeu, dans cette stratégie qui ne vise qu'à diviser et à éradiquer le cœur du mouvement qui est : l'entraide collective et l'expérimentation au jour le jour d'un autre modèle...
José Bové se présente en héros du terroir et du bon fromage, en valeureux paysan, à l'écoute de ceux qui sont là pour prendre soin de la terre, (traduire à l'écoute de ceux qui l'exploitent et en tirent un bénéfice, ceux qui monnayent leur travail dans le circuit conventionnel imposé, ceux qui sont soumis à l'axiome sur lequel la société entière repose : Travail au service du dieu Argent). Que les choses soient claires, je ne fustige en rien les agriculteurs de la Zad, loin de là, je pense que c'est la diversité de vos différentes postures qui fait la force du mouvement. Simplement, le point d'entrée du gouvernement pour chercher à vous diviser est pour moi très clair et repose sur une illusion puissante sur laquelle repose l'ensemble de la société actuelle.
L'État, avec toute sa miellerie, tous ses sourires hypocrites, nous endort une fois de plus en faignant un compromis, accommodant pour tout-un-chacun afin de sortir de la crise, alors que ses propositions rétablissent de manière unilatérale et dans son intégralité son fonctionnement de principe qui perdure depuis trop longtemps, et qui est l'adhésion de gré ou de force au monde du travail ; il n'y a aucun contrat où chaque partie après de longues négociations débouche sur un accord, l'état propose SA solution, en l'enveloppant de sucre et de sa mascotte José Bové pour faire croire à un compromis, et n'envisage aucune option ou proposition qui émanerait de la partie adverse.
Mais quid de la question centrale de l'expérience zadiste avec l'apparition de José Bové à la rescousse des agriculteurs ? Éradiquée, volatilisée, soufflée. Au mieux, les gens partiront d'eux-mêmes (sous-texte : il n'y a et aura de toute façon aucune place pour eux). La majorité des habitant-e-s de la Zad ne s'inscrivent pas dans la logique de l'emploi au sens tristement classique qu'on lui attribue, donc ils ne sont pas, ils sont effacés. Celui ou celle qui œuvre, depuis de nombreuses années, sur ce territoire, qui l'aménage, construit, cultive, vit, expérimente, plante, récolte, joue, rit et pleure : son existence n'a aucune validité puisqu'elle ne s'inscrit dans aucun projet professionnel. Ils sont des sous-humains, leur vie a moins de poids et de substance que celle de ceux qui cotisent et conséquemment le traitement qui leur sera infligé visera à leur faire comprendre où est leur place. Quelle violence inouïe, quelle cruauté, quel manque de poésie et d'imagination !!! L'État affirme et réaffirme toujours l'unique potentialité du genre humain qu'il autorise : la mise sous servitude. L'image de José Bové, sa main tendue vers les agriculteurs, les méritants, les travailleurs, a pour conséquence directe l'oubli et l'effacement de tous les autres habitants du lieu et leur mépris le plus total.
N'oublions pas, nous, que sans vous, zadistes « inclassables », zadistes « oublié-es », « stigmatisé-e-s » l'expérience vécue de la Zad n'aurait pas tout ce sens porteur d'une promesse ouverte sur demain.
Bien loin de la calomnie injuste qui vous frappe, habitant-e-s de Notre dame des Landes, je vous adresse toute ma gratitude et mon respect, frères et sœurs, pour ce que vous écrivez dans le présent du monde.
Mathilde
Anstett
Notre-Dame-des-Landes :
le gouvernement envisage l’annulation du contrat avec Vinci
en raison d’une « clause bizarre »
Le
gouvernement pourrait demander l’annulation du contrat qui lie
l’État au groupe Vinci pour la construction et l’exploitation de
l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), révèle
Franceinfo, vendredi 12 janvier. Alors que le Premier ministre,
Edouard Philippe, doit annoncer d’ici la fin du mois si l’aéroport
sera construit ou non, l’exécutif étudie la possibilité de
contester le contrat sur le plan juridique, en raison d’une
« clause bizarre ».
L’accord
signé en décembre 2010 prévoit que le groupe Vinci construise et
exploite la future plateforme aéroportuaire pour 55 ans. En cas
d’abandon du projet, l’État devrait verser jusqu’à 350
millions d’euros d’indemnités. Cette clause est « tellement
favorable au concessionnaire » qu’elle en est suspecte,
assure un ministre interrogé par franceinfo mais qui souhaite rester
anonyme. Il avance deux motifs juridiques d’annulation du contrat :
« L’enrichissement sans cause » et « L’aide
directe à une entreprise ».
« Il
y aura débat », précise ce membre du gouvernement. « Rien
n’est décidé », rappelle l’exécutif ces derniers
jours. Edouard Philippe reçoit, vendredi après-midi, les élus
locaux membres du Syndicat mixte aéroportuaire du Grand Ouest,
notamment la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, et le président PS
du département de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet. Ce sera le
dernier rendez-vous de discussion avant la décision finale.
►#MemePasDUP :
On nous apprend qu’afin de bien occuper le week-end et de retrouver le sourire, des gens ont lancé le jeu #MemePasDUP !
Mais, immédiatement, deux trolls sont apparus pour jauger le concurrent à leur concours de grosse *BIP* préféré... 🐸 Tu crois quoi toi ? #MemePasDUP ! Créez vous aussi votre moquerie de #FakeNews pour inviter tout le monde à en rire le #10fevrier sur la zone à détendre de #NotreDameDesLandes 💚 🔴
Taguez-nous avec le lien https://zad.nadir.org/spip.php?article4992 et rigolons [ensemble] pour faire de grandes rivières
+ image sur différents supports : https://nantes.indymedia.org/tumbles/39734 https://twitter.com/NONago_NDDL/status/951799017972871169 https://www.facebook.com/nonaeroportNotreDamedesLandes/photos/a.204003813041339.41608.119994038108984/1436300709811637
Edouard Philippe en visite à Notre-Dame-des-Landes
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a effectué samedi matin une visite surprise à Notre-Dame-des-Landes (Loire Atlantique), où il est s'est rendu sur le site de l'aéroport au coeur d'un dossier brûlant et a rencontré le maire de la commune, a rapporté la chaîne BFM.
PARIS (Reuters) - Le Premier ministre, Edouard Philippe, a effectué samedi matin une visite surprise à Notre-Dame-des-Landes (Loire Atlantique), où il est s'est rendu sur le site de l'aéroport au coeur d'un dossier brûlant et a rencontré le maire de la commune, a rapporté la chaîne BFM.
Le chef du gouvernement avait achevé vendredi ses consultations sur l'avenir du projet d'aéroport, dernière étape avant l'annonce de l'exécutif, qui doit dire, d'ici la fin du mois, si l'aéroport verra ou non le jour.
Agence Reuters sur Médiapart
NDDL. Le point de vue d'un pilote de ligne
N.D.
DES LANDES : UN AVIATEUR REMET LES PENDULES A L'HEURE
J’ai
bientôt 70 ans, 40 années dans l’aéronautique, 15 comme
commandant de bord, 14 500 heures de vol. Je ne connais pas tous les
aéroports du monde mais j’en connais beaucoup, franchement
beaucoup. Néanmoins, si je veux comprendre quelque chose dans cette
polémique, je dois faire comme tout le monde, procéder par
comparaisons.
On
me dit que l’aéroport de Nantes est dangereux car les avions
passent sur la ville. Ah bon ? J’ai passé ma vie de pilote à
survoler des agglomérations à basse altitude, tant au décollage
qu’à l’atterrissage, avec des procédures spécifiques à chaque
endroit.
Ici il faut virer sitôt l’attitude de sécurité atteinte, là il faut réduire la puissance, ailleurs c’est la pente qui est réglementée, etc.
Ici il faut virer sitôt l’attitude de sécurité atteinte, là il faut réduire la puissance, ailleurs c’est la pente qui est réglementée, etc.
Bref,
je ne veux pas trop m’étendre sur les détails techniques, mais
les aéroports où les pilotes sont peinards et peuvent gérer les
approches et les décollages comme bon leur semble sont rares. Aussi
rares que les villes non survolées par les avions.
Je
connais Nantes pour avoir pratiqué cet aéroport plusieurs fois par
semaine il y a quelques années et n’ai pas souvenir de
spécificités particulières. Si on reconnaît Nantes dangereux, il
faut interdire plusieurs milliers d’aéroports dans le monde et
commencer par rayer de la carte celui de Chambéry.
Hé
oui les savoyards ! L’aéroport de Chambéry le Bourget est coincé
entre deux montagnes sur ses flancs, le lac à un bout de piste, la
ville à l’autre bout. Pourtant les gros jets se posent et
décollent sans scandales, ni polémiques. Ne parlons pas de celui de
Hongkong : là, jusqu’en 1998, c’était carrément un spectacle.
Hongkong était dans un délire, Nantes aussi mais en sens inverse.
Si
on considère maintenant l’autre volet de l’affaire, c’est à
dire l’augmentation de l’activité, on va se retrouver encore une
fois dans les arguments spécieux et délirants.
On
me dit que cet aéroport avec ses 3,5 millions de passagers en 2011
se trouve « à l’étroit » et qu’il faut prévoir l’avenir.
On voudrait me faire croire que cette infrastructure arrive à saturation.
On voudrait me faire croire que cette infrastructure arrive à saturation.
Lors
de l’éruption volcanique islandaise de l’année passée, Nantes
qui était hors zone, a multiplié son trafic par trois pendant
plusieurs jours, et tout s’est très bien passé !
Les
aéroports de la taille de Nantes sont les plus nombreux et il suffit
de comparer avec d’autres pour se rendre compte de l’importance
des balivernes prononcées sur le sujet.
Un
exemple parmi tant d’autres : Genève, cet aéroport a reçu
l’année passée plus de 12 millions de passagers. Oui vous avez
bien lu : en fait, presque 13 millions (je n’ai pas le chiffre
exact).
Une seule piste, des contraintes de proximité urbaine et une plate-forme aussi grande que Nantes. Il est vrai que les Suisses sont en (véritable) démocratie et ne se font pas enfumer !
Une seule piste, des contraintes de proximité urbaine et une plate-forme aussi grande que Nantes. Il est vrai que les Suisses sont en (véritable) démocratie et ne se font pas enfumer !
Le
premier prix au championnat du monde du genre revient à San Diego en
Californie : une seule piste, plate-forme beaucoup plus petite qu’à
Nantes, des contraintes incroyables d’environnement et
d’interdictions de nuit : 18 millions de passagers l’année
passée.
Oui chers amis écolos, 5 fois plus que Nantes.
Oui chers amis écolos, 5 fois plus que Nantes.
Bon
il faut reconnaître le grand professionnalisme des contrôleurs
aériens américains et aussi celui des pilotes. Les contrôleurs
français sont également très bons et les pilotes pas maladroits et
on voudrait nous faire croire que Nantes sera à saturation en 2020
avec… 5 millions de passagers ! 5 millions en 2020, c’est tout ?
Et
qui nous les fait ces prévisions ? Et basées sur quoi ? Si c’est
aussi sérieux que le reste, on est encore en droit de douter.
Même si le chiffre est dérisoire. Pour le moment présent ce n’est que moins de 4 millions.
Même si le chiffre est dérisoire. Pour le moment présent ce n’est que moins de 4 millions.
Puisque
personne ou presque dans ce pays n’écoute les arguments écolos,
il me semble qu’il serait bon d’en employer d’autres : ceux qui
frappent les esprits, ces arguments par exemple. L’essentiel
n’est-il pas dans le résultat ?
Sauver
des terres agricoles et permettre aux petits oiseaux de continuer de
voler c’est bien, c’est même essentiel mais puisque personne
n’écoute, tenons donc un autre langage !
Éviter
de dépenser un demi-milliard d’euros dans une lamentable stupidité
à la gloire de ces hommes politiques qui auront disparu dans
l’enfumage des irresponsabilités lorsque le projet réalisé
révélera la bêtise.
Se
préserver du gaspillage à une époque qui, nous dit-on, va devenir
encore plus dure : Cela devrait suffire à convaincre les plus sourds
non ? Et surtout renvoyer les pelleteuses au garage.
On
peut aussi continuer de subir l’oligarchie, se complaire dans ce
système corrompu de pseudo démocratie dite représentative. Honorer
577 députés, gaver 350 sénateurs et leur permettre de donner leur
nom aux édifices construits avec l’argent public.
Concernant
l’aéroport de Nantes je propose Ayrault port.
On peut aussi espérer qu’un jour peut-être, les Français découvriront que la solution n’est pas dans les hommes politiques mais dans l’action citoyenne responsable.
On peut aussi espérer qu’un jour peut-être, les Français découvriront que la solution n’est pas dans les hommes politiques mais dans l’action citoyenne responsable.
Qu’ils
soient de droite, de gauche, du milieu ou de Mars, les politiques ne
sont pas la solution : ils sont le problème.
FIN
DE CITATION
Le
blog de Zackary – Médiapart
►L’émission
radio "les matinales de France Culture" aura lieu en
direct de la bibliothèque du Taslu mardi matin à 7h30 !
(attention
journal d’info de 15 minutes au milieu de l’émission…) 94.2
Infos du 15 au 21 janvier
Nouveaux soutiens en défense
de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Une vingtaine d’associations, syndicats et partis politiques s’engagent publiquement en faveur d’un maintien de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en cas d’abandon du projet d’aéroport. La décision du gouvernement est attendue d’un jour à l’autre.
Pour la première fois, une vingtaine d’associations, syndicats et partis politiques s’engagent publiquement en faveur d’un maintien de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en cas d’abandon du projet d’aéroport, dans une tribune publiée par Mediapart et Reporterre. Alors que la décision du gouvernement est attendue d’un jour à l’autre et qu’Édouard Philippe multiplie les rencontres avec les élus locaux, ce texte est l’occasion pour des organisations de la société civile de faire entendre leur voix.
La
grande majorité des maires, députés et sénateurs reçus à
Matignon depuis dix jours est favorable à la construction d’une
nouvelle aérogare dans le bocage de la périphérie nantaise, et à
l’évacuation sans délai des 1 650 hectares occupés
depuis près de dix ans pour bloquer le projet. À l’inverse, les
signataires de la tribune s’opposent au projet d’aéroport et à
l’expulsion « de celles et ceux qui auront su prendre soin
de ce territoire ». Pour Greenpeace, 350.org, Agir pour
l’environnement, les Amis de la Terre, Alternatiba, Attac, la
Confédération paysanne, Droit au logement, EELV, Ensemble et
Solidaires, parmi d’autres signataires, « il est […]
impensable de laisser le gouvernement mettre fin brutalement à
l’expérience singulière qui s’est construite à
Notre-Dame-des-Landes ».
Ces associations et partis, à la fois redoutent le déferlement de violences que risque d’entraîner une évacuation de force de la zone, et défendent en soi l’expérimentation sociale à ciel ouvert qui se déroule sur les hectares occupés par le mouvement anti-aéroport. « Dans un monde miné par l’individualisme, le gaspillage des ressources naturelles, les crises sociales et environnementales, le bocage de Notre-Dame-des-Landes doit rester une terre d’inspiration et d’espoir, nourrie par l’idée des biens communs, les solidarités et le soin du vivant », écrivent-ils.
Pour
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France,
« il existe aujourd’hui une occasion historique de mettre
fin à ce projet du passé. Il est important d’en sortir
collectivement par le haut et de soutenir ce texte contre la fin des
modes de vie alternatifs qui se passent sur la ZAD, alors que nous
sommes en plein questionnement sur la transition écologique et
climatique ». En 2012, l’ONG avait déployé une
banderole de 250 m2 sur la Pyramide du Louvre :
« Aéroport Notre-Dame-des-Landes, sa place est au musée. »
Mais elle ne s’était pas encore publiquement engagée pour le
maintien de la ZAD. Président des Amis de la Terre, Florent Compain
explique : « Nous soutenons une sortie non-violente du
conflit. Cette tribune est une ouverture au dialogue. Pour un
gouvernement qui dit mettre en avant la société civile, dire que
l’avenir de la ZAD doit être discuté avec les parties prenantes
serait cohérent. » De son côté, l’Union syndicale
Solidaires soutient la ZAD car « elle montre que d’autres
choix de vie sont possibles, à l’encontre de ce qui se passe
aujourd’hui dans la société », explique l’animateur
de sa commission écologie, Didier Aubé. « Le choix de
l’autogestion, qui va à l’encontre du système capitaliste, est
tout à fait possible. Cela crée des emplois, et cela permet à des
jeunes de s’installer. »
Pour
Maxime Combes, économiste et militant à Attac : « Dans
une période de graves dysfonctionnements climatiques et de perte de
la biodiversité, on doit soutenir les initiatives qui ne sont pas
dans le quotidien de cette vie économique et sociale qui empêche
d’ouvrir des pistes nouvelles. » Le mouvement milite
contre l’aéroport depuis plusieurs années et avait critiqué en
2013 les mesures compensatoires aux destructions d’espèces
végétales et animales du projet, largement insuffisantes. « Ce
texte rouvre la donne et ouvre des perspectives collectives de
discussions sur l’avenir de la ZAD. Alors que le discours contre
l’aéroport gagne du terrain, il serait incompréhensible qu’on
envoie 2 500 policiers et gendarmes pour évacuer des
maisons et des terrains dont on ne sait plus bien à qui ils
appartiennent. » Cet argument est repris à son compte par
Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement : « Nous
sommes contre l’expulsion sur la ZAD. La trêve hivernale n’est
pas terminée. Et il y a des vices de procédure dans les ordonnances
sur requête d’expulsion. Elles ne respectent pas le droit à la
défense des habitant·e·s. »
De
Greenpeace, ONG antinucléaire, à 350.org qui milite pour le
désinvestissement des énergies fossiles ; d’Attac et de la
Confédération paysanne, acteurs historiques de la lutte contre
l’aéroport, à Alternatiba et ANV-COP21, qui s’en étaient
désolidarisés après les heurts et la casse commise à Nantes lors
d’une manifestation en février 2014 ; en passant par EELV,
Ensemble ! et le Parti de gauche, alors que les partis
politiques sont rejetés par principe par une partie des zadistes, la
liste des signataires est particulièrement large. Elle témoigne
ainsi d’une nouvelle motivation de ces organisations à agir
ensemble en défense de la ZAD.
Elles
soutiennent l’appel du mouvement contre l’aéroport à un
rassemblement sur la ZAD le 10 février.
Jade
Lindgaard
- Médiapart
Notre-Dame-des-Landes :
nous nous engageons pour l'avenir de la zad
Pour la première fois, des Organisations Non Gouvernementales, des associations et des syndicats qui œuvrent pour la défense de l'environnement s'associent avec des partis politiques et s'engagent publiquement pour un maintien de la zad en cas d'abandon du projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes. A lire aussi dans Reporterre.
Depuis presque cinquante ans, des paysan.ne.s et habitant.e.s de la région nantaise résistent contre un projet d’aéroport qui viendrait détruire 1650 ha de terres agricoles et de zones humides. Le gouvernement a annoncé qu'il trancherait en ce mois de janvier sur ce dossier brûlant devenu emblématique d'enjeux de fond et de choix de société. Au niveau national, nos organisations, associations et syndicats se sont engagés au fil du temps dans un mouvement large et populaire contre ce projet.
La
commission de médiation nommée il y a sept mois par le gouvernement
a mis en évidence la faisabilité de la rénovation de l’aéroport
actuel, alors même que les tenants du projet de transfert vers
Notre-Dame-des-Landes s’évertuent depuis des années à refuser de
prendre en compte les études qui le démontrent.
Emmanuel
Macron s'est engagé à agir vigoureusement contre le réchauffement
climatique et pour la préservation de la biodiversité. Il serait
alors absurde et dramatique que le gouvernement s'entête à vouloir
construire cet aéroport. Il serait tout aussi dramatique qu'après
avoir enfin abandonné ce projet, l'exécutif s'enferme dans une
logique répressive visant à expulser celles et ceux qui auront su
prendre soin de ce territoire. Il est pour nous impensable de laisser
le gouvernement mettre fin brutalement à l'expérience singulière
qui s'est construite à Notre-Dame-des-Landes. Dans la foulée de
l'abandon espéré du projet d'aéroport, nous appelons au contraire
au dialogue. Les différentes composantes du mouvement contre
l'aéroport et pour l'avenir de la zad ont fait savoir qu'elles y
travaillent depuis des mois et qu'elles sont prêtes à s'engager en
ce sens dès l'abandon du projet.
- la nécessité pour les paysan.ne.s et habitant.e.s résistant.e.s ayant refusé la vente amiable à AGO-Vinci et étant allés à l'expropriation de pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite ;
- le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venus habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et qui souhaitent continuer à y projeter leurs vies et leurs activités ;
- une volonté de prise en charge à long terme des terres de la zad par une entité issue du mouvement dans toute sa diversité ;
- le fait que les terres sauvegardées aillent à de nouvelles installations et pas à l'agrandissement d'exploitations existantes ;
- la nécessité de continuer à préserver et faire vivre ensemble les patrimoines naturels et agricoles exceptionnels de cette zone.
Pour
qu'un projet pérenne, en cohérence avec les valeurs portées par le
mouvement, puisse se constituer, une période de gel de la
redistribution institutionnelle des terres est nécessaire. Nous
savons que cette voie est possible : par le passé et en d’autres
lieux, des terres agricoles préservées ont continué à être
prises en charge collectivement par celles et ceux qui s’étaient
battu.e.s pour elles.
Au-delà
des justes combats contre des projets destructeurs, nous sommes
convaincu.e.s de la nécessité que puissent aussi se développer des
espaces où des personnes réinventent d'autres formes d'habitats,
d'agricultures, de rapports au travail et de relations sociales. Dans
un monde miné par l'individualisme, le gaspillage des ressources
naturelles, les crises sociales et environnementales, le bocage de
Notre-Dame-des-Landes doit rester une terre d'inspiration et
d'espoir, nourrie par l'idée des biens communs, les solidarités et
le soin du vivant.
Nous
relayons en ce sens l'appel du mouvement contre l'aéroport et pour
l'avenir de la zad à converger massivement dans le bocage le 10
février, au lendemain des 10 ans de la Déclaration d'Utilité
Publique du projet d'aéroport. Il s'agira alors, espérons-le, de
saluer ensemble une décision d'abandon et de soutenir avec
détermination l'horizon souhaité collectivement pour l'avenir de ce
territoire préservé. D'autres rendez-vous sont d'ores et déjà
prévus sur la zad, entre autre les 7 et 8 juillet pour le
rassemblement annuel de la Coordination des organisations
anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Premiers
Signataires :
Signatures
nationales :
350.org,
Agir pour l'Environnement, Agter, Amis de la Terre, Alofa Tuvalu,
Alternatiba, ANV-COP21, Attac, Confédération Paysanne, Les
Désobéissants, Droit Au Logement, EELV, Ensemble !, Greenpeace
France, Parti de Gauche, Union Syndicale Solidaires, réseau CIVAM,
Fédérations SUD-rail, SUD-PTT, SUD-BPCE
Signatures
locales :
Bretagne
vivante, Coordination des opposant.e.s au Lyon Turin, Coordination
Bure Stop, Collectif pour la Sauvegarde de la zone humide du Testet
(Sivens), Solidaires Bretagne, EELV Pays de la Loire, EELV Bretagne,
Groupe d'Action Nantes Cathédrale de la France insoumise, Ensemble!
44, Groupe d'Action Clisson de la France Insoumise, Groupe d'Action
Pontchateau et environ, EELV Lorraine, PG 44, Rezé à Gauche Toute,
Place au Peuple 44, Sortir du nucléaire Pays nantais, MNLE Pays de
la Loire, les Amis de la Terre 38, Asodedra 88, Bure Stop 55, Cedra
52, Eodra (Ass. Elus de Lorraine opposés à l'enfouissement des
déchets radio actifs), MNE 55, Mirabel Lorraine, Habitants Vigilants
de Gondrecourt 55, Habitants Vigilants de Void 55. SDN 57,
Alternatiba Nantes, Groupe d'Intervention des Grenouilles
Non-Violentes (GIGNV)...
Lettre aux comités locaux, aux soutiens du mouvement,
et à toutes celles et ceux qui se reconnaissent
dans le mouvement contre l’aéroport et son monde
On assiste ces dernières semaines à un déluge de déclarations médiatiques autour de la zad de NDDL et de son avenir – aéroport ou pas, expulsions ou pas, nouveau Larzac ou pas, blablabla. Autant dire qu’on ne s’y retrouve pas forcément, voire pas du tout, voire au contraire. Quelques retours nous portent à croire que c’est pas toujours très clair, pour les membres des comités locaux, les soutiens et les sympathisant.e.s, surtout celleux qui sont un peu loin. C’est à vous qu’on adresse cette lettre, parce qu’on a envie d’expliquer ce qu’on comprend de la situation, et aussi de porter une autre voix que celles qui se font le plus entendre.
On,
c’est quelques habitant.es / occupant.es, de différents lieux de
la zad, qui n’ont pas toujours les mêmes positions, mais se
rejoignent souvent sur la volonté que la zad conserve une certaine
radicalité qui ne soit pas que de façade, en restant attaché.es à
ce que chacun.e puisse trouver sa place dans ce qui se vit ici.
Où on en est ?
Durant
l’année qui vient de s’écouler, les relations entre les
différentes composantes du mouvement contre l’aéroport et au sein
des occupant-es ne se sont pas simplifiées. L’heure était plutôt
à la crispation, sur fond d’incompréhensions mutuelles et/ou de
désaccords politiques. Certain.es continuent néanmoins à
maintenir et créer des ponts entre ces réalités qui se frottent et
se heurtent. C’est plus que compliqué, et en même temps
passionnant. On ne l’échangerait pour rien au monde avec une vie
bien rangée. Mais ça nous pose beaucoup de questions qu’on
aimerait partager, et c’est difficile de raconter tout ça sans
rentrer dans les détails.
Même
si ces frottements ne sont pas nouveaux, la perspective de l’abandon
de l’aéroport, que semble ouvrir le rapport de la médiation, met
une pression supplémentaire autour de ces embrouilles. Pourtant,
l’enjeu de penser ensemble l’avenir de la zone reste fondamental
pour beaucoup.
Les
structures d’organisation du mouvement ont aussi évolué, avec
deux transformations principales :
1)
il y a quelques mois a été créée une "assemblée des usages"
suite à des discussions autour de l’avenir des terres. Des
personnes des différentes composantes, comités, associations... y
participent tous les mois. Elle s’est donné des objectifs
ambitieux : d’une part, discuter/gérer au présent l’usage
des espaces communs sur zone, sur la base des six points, les
différentes pratiques qui y existent, et les conflits qui peuvent
éventuellement en découler ; d’autre part penser l’avenir
de la zad après l’abandon du projet. En son sein, un
fonctionnement par commissions s’est mis en place autour de
différents thèmes. Ces commissions travaillent sur des questions
plus ou moins précises, font remonter leurs travaux sous forme de
propositions à l’assemblée des usages. Les composantes en
discutent ensuite en "interne", puis rapportent leur accord
ou leurs contre-propositions à l’assemblée des usages suivante
pour qu’une décision y soit prise.
Ce
nouveau fonctionnement répond aux attentes de certain-es qui le
considèrent comme plus "efficace", et à une certaine
forme de fatigue/lassitude liée aux difficultés d’avancer
ensemble. On voudrait essayer de ne pas retomber dans les mêmes
travers qu’ailleurs, en terme de confiscation de la parole et de
séparation des décisions de celleux qu’elles concernent, bref de
prises de pouvoir, et c’est un pari difficile à tenir. Réflechir
et décider ensemble demande du temps, et donc aussi une capacité à
s’extraire de l’agenda imposé par l’Etat. Pour certain.es
d’entre nous, la diversité des paroles des occupant.es peinait
déjà à s’exprimer en AG du mouvement, et l’AG des usages ne
règle pas ce problème. Pour d’autres, ça semble quand même
important d’essayer cette forme au vu des enjeux, tout en gardant
ces questions en tête.
2)
Par ailleurs, il s’est aussi passé des choses au sein du mouvement
d’occupation. La réu du jeudi était jusqu’ici le seul espace
vraiment commun de discussion des occupant.es. Mais entre la place
prise par l’organisation du quotidien et le temps nécessaire à
trouver des accords à la mesure de notre diversité, ça devenait
difficile de discuter des sujets vraiment complexes. Des occupant.es
ont donc décidé de créer une "AG des occupant.es",
mensuelle, pour poursuivre ces débats de fond.
« C’est quoi cette histoire de négociation ? »
Ces
derniers temps, on entend souvent parler de « la possibilité
de négocier » (entre l’État et le mouvement anti-aéroport).
Pas mal de monde (des comités, soutiens, etc.) semble se poser des
questions à ce sujet. Il a été décidé, dans le cadre de
« l’assemblée des usages », de la formation d’une
« délégation intercomposante », dont la mission serait
de dialoguer avec l’État sur le devenir de la Zad sans aéroport.
Pour
nombre d’entre nous il semble important de rester uni.es face à
l’État, alors que celui-ci fait tout pour nous diviser entre
bon.nes et méchant.es, intégrables et réprimables.
C’est
pourquoi, après des débats difficiles, il a été décidé que des
occupant.es participeraient à cette délégation, notamment parce
que les autres composantes vont de toute façon y aller. Beaucoup
parmi nous ne sont pas d’accord ou n’en attendent pas
grand-chose, parce que face à l’État, on ne gagne que ce qu’on
peut prendre et tenir par la lutte, pas ce qu’il veut bien nous
concéder. Mais dans un moment aussi critique, nous avons
certainement intérêt à voir et savoir ce qui nous lie et nous a
lié pendant ces années. C’est au-delà de la lutte contre
l’aéroport que nous espérons trouver cette cohésion, parmi les
occupant.es et entre composantes du mouvement.
Nous
ne voulons pas croire qu’à ce moment clé, que certain.es
appellent « victoire » et d’autres « abandon de
l’aéroport », notre mouvement se déliterait et que l’on
bataillerait chacun.e pour sa part du gâteau, dont la cerise serait
l’accord bienveillant de l’État. Nous souhaitons au
contraire signifier à l’État, ainsi qu’à celleux que notre
mouvement effraie, qu’ensemble nous ne sommes pas seulement des
obstacles à leurs projets, mais des entraves à leur logique, avec
ou sans aéroport.
Que
par le biais des négociations, l’État ait une prise sur ce qu’il
se passera ici, c’est un fait. Mais ça ne signifie pas pour autant
que nous lui ouvrons grand les portes de ce que nous avons construit,
ensemble et sans lui. Il est et restera, pour nous, un adversaire
politique, et nous continuerons à construire nos réalités.
Dénonciation des fantasmes des médias
Pour
l’État et ses représentant.es, inciter des éditorialistes sans
aucune connaissance des luttes sociales à assimiler les mouvements
subversifs à des terroristes, est un stratagème habituel de
désignation d’ennemi intérieur. Une diversion bien pratique en
plein chantier de casse sociale, qui lui permet en prime d’utiliser
un arsenal judiciaire visant à surveiller, entraver ou museler les
militant-es. Bref, de légitimer sa propre violence. En effet, comme
on a pu le voir la liberté d’expression a pour frontières les
notions floues de terrorisme.
Rapport à l’évacuation/aux expulsions
La
zad n’a donc rien a voir avec l’image de camp retranché de
dangereux décérébrés, véhiculée par les médias afin d’occulter
le fond politique de ce qui est inventé ici au quotidien. Pour
autant, la vie sur la zone n’est pas non plus une carte postale de
gentil.les néo rural.aux en goguette. Comme partout, il y a
des conflits d’usages, des embrouilles, des dérapages. Mais ici,
nous tentons de régler ces questions collectivement, sans recours à
des flics, à des juges, des matons ou des psys. Nous y mettons
beaucoup d’énergie parce que nous croyons que c’est possible. Ce
que certain-es appellent « zone de non-droit » est pour
nous une zone où nos fonctionnements sont pensés, discutés,
questionnés quotidiennement, et soumis à l’épreuve des
différentes réalités. C’est leur loi qui punit les pauvres et
protège les riches, leur loi qui met hors-la-loi, réprime la
solidarité, les personnes sans-papiers, l’habitat libre et tant
d’autres. Ce qu’ils appellent "non-droit", nous
l’appellons "hors-normes". Et ce n’est pas plus la
légalité que l’illégalité qui nous semble le critère pour
juger de la justesse de nos actes. L’invention d’un modèle
social en constante expérimentation, c’est parfois chaotique et
forcément imparfait, mais c’est une tentative légitime même si
elle pousse du coude les cadres et les normes. Et cette expérience
collective, vécue, soutenue et rejointe par de milliers de personnes
depuis une dizaine d’années, donne de l’espoir et du sens dans
une époque ou le capitalisme ravage ce qui reste de respirable en ce
monde. C’est pourquoi nous serons nombreuses à défendre la ZAD en
cas d’intervention policière, ciblée ou totale, comme nous
l’avons fait en 2012.
Nous savons que comme alors, la lutte
ne se jouera pas uniquement dans le périmètre de la ZAD, mais au
sein de toute la constellation de liens, de luttes amies et de
soutiens, présents pour certaines depuis des années. Et malgré
l’asymétrie du rapport de forces annoncé (3000 CRS ?
6000 ?!!), nous résisterons au mieux avec l’ensemble du
prisme de nos modes d’actions. Car notre force est toujours cette
diversité complémentaire, qui fait tant rager ceux qui veulent
séparer les bons résistant-es des mauvais-es.
N’oublions
jamais que la violence vient et viendra d’abord du système et de
l’Etat qui en définit le niveau. Le gouvernement prépare ainsi
l’opinion pour une évacuation d’une extrême violence, allant
peut-être jusqu’au meurtre, comme a Sivens, avec l’aide des
médias qui rabâchent jusqu’à la nausée les propos gendarmesques
sur "la possibilité d’un mort".
Ce qu’on veut : défendre la zad pour lutter
contre le monde de l’aéroport
Alors
que l’État laisse entendre qu’il pourrait abandonner le projet,
des personnes plus ou moins éloignées de notre réalité dévoilent
dans les médias leurs projets pour la zad. Nous ne les avons pas
attendu.es pour penser notre avenir. L’État et le système qu’il
défend nous emmènent droit dans le mur, et plutôt que de
contribuer au désastre en cours, nous nous sentons légitimes à
essayer ici de vivre différemment.
Comme
convenu avec l’ensemble du mouvement, nous voulons un gel de la
situation foncière une fois les historiques revenu.es dans leurs
droits , afin de créer une entité issue du mouvement qui prendra en
charge ces communs. On peut souvent lire ou entendre qu’une zad
d’après l’abandon reviendrait peu ou prou à sa vocation
uniquement agricole d’avant le projet. Si cette lutte fut dès ses
débuts une lutte pour la défense des terres, elle s’est depuis
élargie, notamment avec l’arrivée des occupant.es. Des gens
vivent et luttent ici, y ont développé d’autres pratiques depuis
des années, et entendent bien continuer.
N’en
déplaise à ceux qui veulent nous aménager en zone pacifiée de
commerce équitable, nous souhaitons continuer à produire et/ou
vivre, hors cadre et hors normes. Nous voulons aussi continuer à
inventer d’autres manières de partager et d’échanger en dehors
du seul lien marchand, pour être moins dépendant.es de l’état et
du marché, mais aussi pour nos voisin.e.s et pour soutenir d’autres
luttes. Nous désirons aussi continuer à définir nos propres
règles et gérer nos conflits. On n’a pas de réponse prémâchée
sur comment vivre autrement dans ce monde, sur les contradictions qui
nous traversent, et les compromis qu’on est prêt.es ou pas à
accepter.
Nous
voulons prendre soin ensemble des espaces communs (routes, espaces
boisés, prairies, lieux de réunion...) ; travailler à
renforcer les liens de confiance qui nous unissent déjà à nos
voisin.e.s, et à déconstruire les préjugés et les fantasmes qui
nous séparent de beaucoup d’entre elleux (notamment via
l’organisation d’info-tours dans les bourgs alentour, la
participation à la dynamisation du bourg voisin...). Pour autant,
nous ne voulons pas d’une zad où seul.e.s pourraient rester
celleux qui présenteraient bien devant les journalistes,
accepteraient de prendre un statut légal ou pourraient/voudraient
bien payer des factures. En d’autres termes celles et ceux qui ne
feraient pas tâche sur la photo de famille. Nous voulons que
la zad reste diverse et surprenante, qu’y cohabitent des gens aux
pratiques variées, parce qu’attaché-es à des idées politiques
différentes. Nous avons défendu cette zone ensemble, nous
continuerons à l’habiter ensemble. Nous voulons donc que TOUT le
monde puisse rester, sans exception. Certain.es partiront peut-être,
d’autres arriveront, d’autres ne feront que passer. Comme ça a
toujours été le cas. Mais qu’il n’y ait ni expulsion, ni aucune
forme d’intervention policière visant à réprimer certain.es
d’entre nous. Nous pensons aussi à toutes celles et ceux qui
ont déjà subi la répression. Nous souhaitons l’amnistie pour les
personnes condamnées dans le cadre de la lutte contre l’aéroport.
Nous sommes prêt.es et déterminé.es à lutter pour.
Enfin
et peut-être surtout, nous souhaitons que la zad reste une zone de
lutte. Ensemble, nous avons sorti ces terres de leur destruction
programmée, y avons mis en place des formes de vie qui nous
correspondent, plus collectives et autonomes et ne souhaitons pas
nous arrêter là. Nous luttons contre l’aéroport et son monde. Et
même si le projet est abandonné, son monde continuera d’exister,
et nous continuerons de le combattre de toutes les manières qui nous
sembleront pertinentes. Nous continuerons à lutter contre les
infrastructures et les projets d’aménagement du territoire ;
contre les politiques migratoires et le racisme d’État, aux côtés
de celleux qui subissent plus que nous la violence systémique. Nous
continuerons à prendre la rue, à occuper des bâtiments et des
places publiques avec les travailleureuses, chomeureuses, étudiantes,
précaires (que nous sommes parfois) contre les politiques
capitalistes qui nous mettent un peu plus à la merci de l’économie.
Nous continuerons aussi le travail de déconstruction des dominations
qui traversent notre société (sexisme, racisme, specisme,
agisme...) en les visibilisant et en les combattant, sur la zad et en
dehors.
Alors
que le mouvement envisage le triste jeu des négociations avec
l’état, nous espérons réussir à préserver ensemble les espaces
de liberté qui font de la zad une zone un peu plus respirable que le
reste du monde. Ce pari, nous ne sommes pas du tout sûr.e.s de
le gagner, mais on préfère tenter plutôt que de se laisser
diviser.
D281
Quant
à la portion de la D281 qui traverse la Zad, la dite « route
des chicanes », elle est à nouveau au centre de l’attention.
Des voix s’élèvent dans les médias (venant parfois du mouvement)
pour réclamer son « ouverture », voire sa "libération".
Le
moins que l’on puisse dire est qu’il n’existe pas sur la zad de
position consensuelle à son sujet. Depuis sa (re)naissance
lors de l’opération César, elle a été le théâtre de conflits
politiques, d’usages et/ou de voisinage, et nous rencontrons des
difficultés pour trouver des solutions qui conviennent à tou.te.s -
habitant.es, occupant.es, riverain.es et autres usager.es, ou autres
composantes du mouvement. Nous n’y avons pas les mêmes évidences,
ni les mêmes intérêts.
Fermée
par les autorités depuis 2013, la route est à la fois habitée en
plusieurs lieux de manière plus ou moins stable, traversée de
nombreux chemins quotidiens, et circulante aux véhicules légers et
tracteurs. Elle voit donc coexister plusieurs pratiques et enjeux.
S’y croisent celleux qui y vivent, celleux qui y voient une
situation de rencontre -même muette- entre des mondes, celleux qui
l’empruntent quotidiennement, à pied, en vélo, à quatre pattes,
à côté de véhicules dont la vitesse est réduite, celleux qui
l’empruntent pour des raisons pratiques, de travail ou d’accès
rapide...
On
sait aussi que certain-es n’osent pas ou plus la prendre, excédé.es
ou effrayé.es par des histoires parfois avérées, relevant parfois
de la rumeur ou de l’exagération. Il est clair qu’il y a eu sur
cette route des actes et comportements abusifs, auxquels les
occupant.es n’ont pas toujours su réagir de manière adéquate.
Mais nous ne pouvons pas réduire le débat ou les conflits autour de
la route à ces actes.
Au-delà
de nos difficultés à trouver une forme pérenne d’existence à
cette route vivante, ce qui dérange c’est aussi l’idée d’un
espace commun dont la gestion autonome échappe aux lieux de pouvoir.
De nombreuses agglomérations sont parsemées de ralentisseurs, de
zones où la circulation est limitée ou réservée aux riverains
(voire totalement privatisées). Pourtant, rarement l’on y voit
tant d’ardeur à contester l’existence de ces dispositions.
La
défense et la protection face à l’État ne sont plus depuis
longtemps les seuls enjeux de l’occupation de cette route. Nous
savons bien qu’une barricade n’arrête pas un bulldozer protégé
par des flics, pas longtemps en tout cas. Pour autant, notre
attachement à cette route ne relève pas d’un "folklore
barricadier" à balayer d’un revers de main ou à muséifier
(même si des fois on aime bien cette carcasse de voiture rouillée
taguée RÉVOLTE, où s’autogère une plate-bande sauvage).
Nous
accordons au contraire une importance proprement politique au devenir
de cet espace et de ce qui s’y joue : lLa remise en cause de
la vitesse, de la place de la voiture dans nos vies et sur le
territoire, enfin d’une certaine vision fonctionnelle de l’espace
qui en décide l’usage d’en haut plutôt que sur le terrain. Ces
questions seront toujours d’actualité après une hypothétique fin
de la menace policière. Pour nombre d’entre nous, cette route est
aussi une part, petite mais vitale, de cette lutte de l’imaginaire.
Voilà
pourquoi si cette route redevenait une simple route, au détriment de
tous les usages qui s’y sont créés depuis 5 ans, une partie du
mouvement le vivrait comme le début de la normalisation de la Zone.
Nous savons que faire coexister des réalités si multiples demande
de l’implication, de l’énergie et des actes marquants. Nous nous
sommes déjà réuni.es afin de se poser cette question
collectivement et continuerons à le faire. On considére souvent ici
les conflits d’usage et politiques comme l’un des sels de cet
espace. Et si l’excès de sel nous fait tirer la langue, un plat
fade ne nous tente pas.
La suite
Vous
le savez sûrement : quelle que soit la décision du
gouvernement, nous vous invitons à nous rejoindre sur la zad le 10
février pour fêter cette victoire si elle est actée, ou la hâter
le cas contraire. Nous vous attendons nombreu.ses pour préparer
la suite, en veillant à laisser de la place à ce qui nous a rendu
fort.es jusque là : la coexistence dans un même combat de
nombreuses cultures de luttes se complétant mutuellement, cette
diversité qui ne laisse pas d’angle d’attaque au gouvernement.
Les liens qui tissent cette lutte forment une trame qui ne saurait
disparaître avec la fin de la zone à défendre. Soyons fort.es de
ce passé commun pour construire la suite de ce récit, pour
continuer nos recherches d’un monde plus juste et réfléchi plus
communément, pour préserver ces connexions qui ont tellement
impacté nos vies et se multiplieront encore.
La
zad vivra, pas parce que nous sommes une « cinquantaine
d’irréductibles ultras-violents », mais parce que nous
sommes des milliers à avoir un attachement fort à cet espace, pour
des milliers de raisons. Et ça, ça ne changera pas avec un abandon.
Comme
peuvent l’être Bure, la No Tav ou Roybon, ce projet d’aéroport
n’est qu’un symptôme d’une société en crise profonde, à la
fois économique, politique et sociale. Des symptômes auxquels
d’autres tentent de répondre par l’accueil de réfugié.es, la
recherche d’une agriculture respectueuse du vivant, ou le féminisme
radical (entre mille autres luttes que nous devrions citer ici).
Ce
monde est empreint d’oppressions et d’inégalités, et si l’idée
n’est pas de le jeter complètement à la poubelle, elle est au
moins d’y provoquer des changements, profonds, radicaux c’est à
dire qui s’attachent à la racine. Peu importe les préjugés que
fait naître ce mot, il y a en nous de radical tout ce qui cherche un
changement profond dans quelque chose. Nous sommes tou.tes
radical.aux.
En
ça, notre lutte ne s’arrête pas aux portes d’un aéroport
abandonné. Elle se poursuit au-delà, et tant que des bétonneurs
sans scrupules continueront à piller des ressources et des espaces,
nous continuerons d’entraver leurs machines. Sans pour autant que
l’on ait envie de quitter cette zone, qui, dès lors que son avenir
sera acquis au mouvement anti-aéroport, pourra constituer une base
arrière solide pour ouvrir d’autres brèches, et faire exister de
la solidarité là où l’état et le marché nous séparent et nous
isolent.
Bien
sûr, l’abandon du projet d’aéroport, s’il se confirme,
sonnera comme une victoire. Cela enverra un message à toutes les
autres personnes et collectifs en lutte : les états et les
multinationales ne sont pas tout puissants. Nous n’avons pas à
accepter et subir tous leurs désirs. Nous pouvons dire Non, nous
organiser pour les faire reculer. Nos luttes peuvent être
victorieuses.
Néanmoins,
nous sommes beaucoup sur cette zone à considérer que l’abandon de
l’aéroport ne constitue qu’une victoire partielle. Alors que
nous tentons d’empêcher la construction d’un aéroport, plus de
400 autres sont en
projets ou en construction dans le monde.
Alors que nous déclarons, Pas d’aéroport, ni ici, ni ailleurs,
celui de Nantes Atlantique sera tout de même agrandi, au mépris de
toute considération pour le changement climatique et ses effets déjà
bien perceptibles. Certes, le projet est sur le point d’être
enterré, mais le monde qui va avec est, lui, encore bien vivant et
va continuer son oeuvre prédatrice.Il serait dommage que la
formidable force collective qui s’est constituée avec des
centaines de comités et des milliers d’individu.e.s impliqués
dans cette lutte s’éteigne. On aura encore à lutter ensemble pour
préserver et arracher des marges de liberté, ici et ailleurs. Car
des zones à défendre, il en existe des milliers.
Quelques
occupant.es de la zad
France
culture – L’invité des matins – 7H40 - 8h00 (de
la bibliothèque du Taslu) – Quel avenir pour la Zad ?
France
inter – journal de 9H00 :
« A
propos de l’aéroport de NDDL, la décision serait imminente. Le
gouvernement devrait annoncer après demain qu’il renonce au projet
du nouvel aéroport et ce matin le ministre de l’intérieur Gérard
Collomb assure que la zad sera en tout cas évacuée des éléments
les plus radicaux. »
Pas d’autre Rémi Fraisse
à Notre-Dame-des-Landes
Plusieurs
jours de suite, certains médias sensationnalistes ont bien chauffé
l’opinion à propos des « zadistes » qui ont largement
contribué au sauvetage du site de Notre-Dame-des-Landes contre la
création de l’absurde nouvel aéroport nantais. On retrouve
l’ambiance médiatique qui avait précédé la violence mortelle
dont a été victime à Sivens le jeune Rémi Fraisse. Ici et là, on
entend déjà dire qu’il faut s’attendre à des morts. C’est
inadmissible. Soyons clairs : l’évacuation du site de
Notre-Dame-des-Landes n’a aucun sens parce qu’elle n’a aucune
utilité. Si l’aéroport ne se fait pas là, quel est l’intérêt
de l’expulsion de gens qui s’y trouvent ? Qui oublie que ce
sont des militants ? Certains resteront pour créer des surfaces
agricoles ? Où est le problème ? Les autres partiront
vers d’autres secteurs en lutte. Pourquoi vouloir les agresser ?
On craint donc deux choses en
examinant cette agitation menaçante. La première est que les
rumeurs de renoncement à cet aéroport soient un leurre destiné a
permettre une attaque contre la ZAD dans le but ensuite de continuer
l’aéroport sur un terrain désormais dégagé. L’autre hypothèse
est que l’on se paie d’images de violence pour se donner le rôle
de l’autorité au moment où le renoncement à construire à cet
endroit met en cause les raisons pour lesquelles toutes les autorités
depuis quarante ans, contre vents et marées, ont soutenu un projet
totalement inutile. Je n’admets pas qu’on reproduise la
préparation des esprits comme cela a été fait jusqu’au point de
conduire à la mort de Rémi Fraisse. Car sur ce point non plus, il
ne faut pas lâcher l’affaire….
NDA : Suite à la rubrique
Rémi Fraisse (ailleurs) de ce jour
Jean Luc Mélenchon
►Alors
que les roulements de tambours se font entendre, bien orchestrés
avant l’annonciation prévue en grandes pompes ces jours-ci,
on perçoit ausssi des bruits de bottes, largement relayés par une
presse qui fait son beurre et son buzz. Porte parole attitré de la
gendarmerie, ouestorch
nous apprend que « les grandes manœuvres ont commencé »,
et que la bleusaille se positionne en « sécurisation urbaine »
dans les points chauds (plus chauds, plus cho qu’la lacrymo ;)
Pendant
ce temps, oklm, sur france 2, gérard le colon joue la division et
déclare que sur la ZAD, « les plus radicaux seront
évacués »...
Pressé,
pépé, de commémorer mai ? Mais ouéééé gégé, bonne idée.
Penser printemps, c le bon moment !
On
rappelle juste qu’en cas d’évacuation même partielle, on en
appellera à la solidarité et à la résistance ici et partout
ailleurs...
►Les habitant.e.s de la zad ne sont toujours pas légalement expulsables, alors faudrait arrêter de délirer, et de nous menacer à tout va !
Les habitant.e.s de la zad ne sont toujours pas légalement expulsables
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/150118/notre-dame-des-landes-nous-nous-engageons-pour-lavenir-de-la-zad )
Par
ailleurs, nous entendons beaucoup parler de mouvement de troupes et
de volonté d’"expulser au plus vite aéroport ou pas".
Au-delà de toute considération politique ou logistique sur la
légitimité et la faisabilité d’expulser les habitants de
Notre-Dame-des-Landes, il nous semble nécessaire de rappeler que
cela n’est aujourd’hui tout simplement pas légalement possible.
Nous
l’avions démontré dès l’automne 2016, appuyé en cela par le
Syndicat des Avocats de France, le DAL et le Syndicat de la
Magistrature et la situation légale n’a pas évolué depuis :
les
14 lieux d’habitation de la zad ayant été l’objet de procédures
d’expulsion bénéficient tous de la trêve hivernale. Ceux-ci ne
sont donc pas expulsable avant le 31 mars.
plus
de 60 autres habitats situés sur la zad n’ont pas encore été
l’objet de procédures d’expulsion. Le droit français est strict
à ce sujet : tout.e habitant.e d’un lieu considéré comme
son logement principal, même sans doit ni titre, doit pouvoir
bénéficier d’une procédure nominative avant qu’un juge décide
de son expulsion et que la préfecture puisse ensuite accorder le
concours de la force publique pour la mettre en oeuvre.
Il
serait donc bon que ceux qui brandissent des menaces d’expulsion à
tout va commencent par respecter le droit dont ils se prétendent
garant.
Ainsi qu’à celui des occupant.e.s de la zad sur la trêve hivernale avec une carte des lieux non expulsables à ce titre : https://zad.nadir.org/spip.php?article4166
—
Liste de communication de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes.
06.95.06.81.49 zadcontactpresse@riseup.net
►Rions un peu avec M.Valls. Vous savez, ce type qui était ministre de l’intérieur et puis premier ministre sous Hollande. Il n’aurait "toujours pas compris pourquoi la ZAD n’a pas été évacuée en 2012". Alors Manuel, on va t’expliquer : résistance populaire, occupant.e.s déterminé.e.s, soutien massif des voisines et voisins, mobilisation des paysan.ne.s... en gros, vous avez cru pouvoir nous faire plier et vous avez du abandonner. Franchement, tacler les membres de ton équipe, c’est vraiment être mauvais joueur !!!!
Maraîchage, boulangeries, entraide :
les vrais visages de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
Le gouvernement s’apprête à rendre une décision définitive sur le devenir du projet d’aéroport, tout en brandissant la menace d’une expulsion « quoi qu’il arrive » des occupants de la « Zone à défendre ». Sur place les activités quotidiennes se poursuivent, bien loin des fantasmes médiatiques alimentés par l’appareil sécuritaire. Une guérilla armée en plein bocage ? On y trouve bien plus d’installations agricoles, de boulangeries, d’auberges autogérées que de caches d’armes... ainsi qu’une gestion collective des terres, en lien avec des paysans locaux et de nombreux citoyens. Une utopie en actes que les occupants entendent bien prolonger, une fois le projet d’aéroport abandonné. Reportage et photos non truquées.
Jour d’hiver à Notre-dame-des-Landes. Le ciel, gris, est menaçant. Chaussés des bottes ou des godillots de rigueur pour affronter la boue, plusieurs membres du collectif de Bellevue, une ferme située à l’ouest de la « Zone à défendre » (la Zad), viennent de faire monter des bœufs dans une grande remorque. Direction : leur ferme de naissance, où l’éleveur les récupérera. « Certains agriculteurs du coin nous prêtent des veaux, qu’on laisse grandir ici, en les faisant pâturer, explique Camille [1]. C’est aussi une manière de soutenir la lutte, car cela nous permet d’occuper l’espace. »
Dans
une salle attenante à la maison, Carla s’active. Elle est arrivée
tôt ce matin pour mouler ses fromages et doit se dépêcher :
elle est attendu au Liminbout, le hameau voisin, où siègent les « Q
de plomb ». Dans cette auberge qui organise des festins sur
commande, cohabitent certains occupants « historiques »
de la Zad. Il y concoctent des petits plats à partir de productions
locales qui seront dégustés par des visiteurs. « Les gens
viennent par exemple fêter un anniversaire, décrit Carla. La
plupart des convives habitent hors de la Zad, beaucoup ne sont jamais
venus avant. Les « Q de plomb », c’est vraiment un lieu
de brassage. D’ailleurs, c’est pour cela qu’il a été créé. »
Des zadistes armés... de toute leur bonne humeur
À Bellevue, au Liminbout, et ailleurs dans le bocage, on a beaucoup ri en apprenant que les occupants de la Zad avaient été propulsés experts en attaques terroristes par des éditorialistes et journalistes parisiens n’ayant jamais posé un pied à Notre-Dame-des-Landes. Le 13 décembre dernier, les trois médiateurs désignés par le Premier ministre pour émettre un énième avis sur le projet de construction d’un aéroport remettaient leur rapport au gouvernement. L’évacuation de la Zad fait alors la une des JT et des journaux. Certains s’en donnent à cœur joie, prétendant que les occupants sont lourdement armés, et ont préparé de terribles pièges [2].« On n’a toujours pas trouvé comment souder des lames de rasoir sur des boules de pétanque », s’esclaffe Basile, allusion à des propos relayés par France
Un
banquet au « Q de plomb », lieu de fête et de brassage
de la Zad / © ValK
|
Le
jeune homme rappelle aussi que le terrain pressenti pour construire
l’aéroport, et défendue depuis des dizaines d’années par
diverses générations de résistants, est une « zone
humide ». Contrairement aux inquiétudes relayées par le
Journal du dimanche, il est donc « impossible »
d’y creuser un tunnel. « Le problème avec cette
diabolisation de la lutte, glisse Carla, c’est que cela crée
l’opinion. Un journaliste étranger nous a carrément appelé en
demandant s’il y avait des femmes et des enfants sur place…
D’autres demandent à confirmer qu’on n’est pas armés ! »
« Personne ici ne cherche à tuer ni à mourir, clarifie
Basile. On a autre chose à faire que de se sacrifier. »
Des cultures, deux boulangeries et même des fromageries
« Ce
que l’on défend ici, y compris physiquement si nécessaire, c’est
l’autonomie, précise le jeune homme. D’abord matérielle :
nous produisons assez de céréales pour alimenter deux boulangeries
en farine. Nous disposons aussi de deux lieux de maraîchage, de très
nombreux jardins, et de divers projets d’installations. Nous
cultivons des plantes médicinales, des vergers ont été plantés.
Il y a des fromageries qui tournent. » Des ateliers de
charpente, de réparation d’outils agricoles, de coupes de bois, se
tiennent régulièrement….
A
la Noé Verte, située à l’extrémité est de la zad, une
conserverie se met peu à peu en place. Une dalle a été coulée à
l’entrée du jardin pour accueillir le futur bâtiment. La
charpente devrait être montée pendant l’hiver. En attendant, les
bocaux s’alignent sagement sur diverses étagères de la
maison. « La nourriture, c’est un peu la base de
l’autonomie », dit Gibier, qui a choisi de s’installer
comme maraîcher à deux pas de la Noé verte, de manière
« officielle », c’est à dire reconnue par les services
administratifs, la Mutuelle sociale agricole et le répertoire des
entreprises.
Sur
la zad, plusieurs producteurs ont fait le choix d’une
installation « officielle », en boulangerie, en brassage
de bière, ou encore en élevage laitier. Ils cohabitent avec ceux et
celles qui s’installent officieusement, c’est à dire en ne
déclarant rien à personne. De même qu’avec les paysans
« historiques », installés ici depuis des dizaines
d’années – voire depuis plusieurs générations – et qui ont
toujours refusé de quitter leurs fermes. Cette diversité de profils
et de façons d’occuper la terre fait partie des richesses
revendiquées du mouvement de lutte contre l’aéroport. « Le
mouvement tient depuis toujours à maintenir cette diversité,
insiste Basile. Elle fait partie de nos forces. Et elle permet de
nous entraider. »
Des activités agricoles déclarées
Les
occupants de la Zad tiennent aussi à entretenir des liens avec les
autres luttes sociales. « La cagette des terres » compte
par exemple une cuisine mobile et un réseau de producteurs prêts à
se mobiliser rapidement pour aller faire à manger sur des piquets de
grève. « Les paysans ont une capacité d’organisation
logistique considérable, juge Gibier. c’est un potentiel
pour le mouvement social. Il y a de l’espace pour accueillir du
monde, des outils pour bricoler, des hangars, à manger pour tout le
monde. C’est génial, par rapport à la ville, où on galère pour
trouver de l’espace, pour recevoir du monde, pour organiser des
manifs. Ici, on a beaucoup plus de liberté. »
« J’ai
envie de vivre de mon travail, reprend Gibier, et j’assume
cela. Il faut que je puisse satisfaire mes besoins, même s’ils
sont modestes, ainsi que ceux de ma famille. Il me faut un salaire,
que j’entends tirer de la vente de mes légumes. Et pour avoir le
droit de faire les marchés, je dois être déclaré. Cotiser à la
MSA, c’est également important pour moi parce que je trouve que la
mutualisation a du sens. Et puis j’ai besoin d’un système de
protection santé. Dans mon histoire, tout est officiel. Sauf que
j’occupe des terres illégalement. »
Cette
occupation illégale ne semble pas déranger qui que ce soit. On
retrouve ce scénario du côté des paysans « historiques »
expropriés de leurs terres en décembre 2015, et qui continuent leur
activité comme si de rien n’était. « On s’est demandés
s’ils allaient continuer à toucher les aides de la PAC (politique
agricole commune, ndlr), par exemple. Et bien oui, s’étonne
Carla. La laiterie continue aussi de passer récupérer leur
production, cela ne semble poser aucun problème qu’ils soient sous
le coup d’une expropriation. »
« Le plus important ici, c’est l’autonomie politique »
« Ici, on ne travaille pas que sur l’autonomie matérielle, souligne Basile. Ça, des éco-lieux le font très bien ailleurs en France. Ce qui est unique ici, et sans doute le plus important, c’est l’autonomie politique, avec une capacité d’auto-organisation et d’auto-décision. » Trois assemblées rythment la vie de la Zad : l’assemblée du mouvement, qui se réunit tous les mois avec l’Acipa (association historique de lutte contre l’aéroport) et les comités de soutien extérieurs, « prend les décisions stratégiques, détaille Carla. Quelles manifs on organise, qu’est-ce qu’on répond aux médiateurs du gouvernement, etc. » Si le projet d’aéroport est abandonné, l’assemblée du mouvement s’effacera sans doute, pour laisser plus de place à l’assemblée des usages. On y traite des relations avec la société de chasse locale, de la gestion des routes, ou encore des conflits qui peuvent apparaître. L’assemblée dépasse la question de la lutte contre l’aéroport, et ne comprend pas que des occupants de la Zad [3].
Assemblée
d’information, rassemblant différents collectifs de soutien / ©
ValK
|
Enfin,
la troisième assemblée s’appelle « Sème ta Zad ».
Elle s’occupe de la distribution des terres achetées par l’État
et Vinci pour construire l’aéroport, mais récupérées par le
mouvement de lutte. Les paysans qui ont accepté de vendre leurs
terres peuvent continuer à les exploiter moyennant la signature de
baux précaires d’un an. « Mais désormais, chaque année,
au moment d’attribuer les baux précaires, la chambre d’agriculture
appelle la Zad, pour savoir quelles terres on récupère,
commente Gibier. Ils ne viennent même pas sur place. Nous leur
montrons, sur plan, quelles parcelles on va occuper. On est dans un
rapport de force étonnant. »
Le 10 février, une « Fête de la victoire »
Pas
d’expulsion, retour des gens qui ont lutté dans leurs droits,
maintien des projets hors-cadre, gestion commune des terres :
telles sont, pour le mouvement, les bases non négociables du futur
de la Zad. « D’ici-là, le plus important, c’est de
cultiver les terres tous les jours, avance Gibier en déchargeant
la structure métallique de son futur bâtiment agricole, pour
repousser l’arrivée des tractopelles, et rendre toute intervention
de plus en plus difficile. » Selon Basile et Carla, le
gouvernement n’est pas clair : va -t-il négocier ? Avec
qui ? Pour obtenir quoi ? « Son but évidemment,
ça va être d’atomiser les différentes situations »,
devine Basile. Mais la capacité à rassembler des militants très
divers, et à utiliser des ressorts très variés de lutte –
recours juridiques, occupations de lieux publics, manifestations,
soutiens logistiques aux occupants... – avait surpris tout le monde
lors de l’intervention de 2012, et valu au gouvernement une
cuisante défaite.
Le
« hangar de l’avenir », près de la ferme de Bellevue,
sera consacré aux métiers du bois / © ValK
|
Depuis,
les liens se sont largement renforcés, à l’intérieur de la Zad
comme avec les voisins immédiats, et avec des comités de soutien
qui se sont multipliés à travers le pays. Ce sont eux qui ont tracé
les trois circuits pédestres permettant d’arpenter la Zad pour
aller à la rencontre des projets qui y sont développés.
Nolwenn
Weiler - Photos : © ValK
– Bastamag
Notre-Dame-des-Landes :
Ferrand évoque une décision ce mercredi
Le
chef de file des députés La République en marche (LaRem) Richard
Ferrand, proche d'Emmanuel Macron, a déclaré mercredi penser que le
gouvernement allait rendre sa décision dans la journée sur le
projet contesté de construction d'un aéroport à
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
PARIS
(Reuters) - Le chef de file des députés La République en marche
(LaRem) Richard Ferrand, proche d'Emmanuel Macron, a déclaré
mercredi penser que le gouvernement allait rendre sa décision dans
la journée sur le projet contesté de construction d'un aéroport à
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
"J'ai
l'intime conviction" qu'une décision a été prise, a déclaré
mercredi Richard Ferrand sur LCP.
Prié
de dire si le gouvernement allait annoncer sa décision dans la
foulée du conseil des ministres prévu dans la matinée - à l'ordre
du jour duquel figure une discussion sur le sujet, Richard Ferrand a
répondu "Je le pense."
Il
a cependant précisé ne pas savoir de quel côté pencherait la
décision.
Les
préparatifs liés à l'évacuation de la zone à défendre (ZAD) de
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) semblent s'accélérer,
Ouest-France ayant fait état mardi de l'arrivée de forces de
sécurité dans les régions de Nantes et de Rennes.
Agence
Reuters sur Médiapart
11h00 :
INFO :
Une journée décisive ! Comme indiqué dans les médias, le
Conseil des Ministres se réunit ce matin et pourrait déboucher sur
une décision du Gouvernement quant à l’abandon du projet
d’aéroport. Celle-ci pourrait tomber en fin de matinée et sera
suivie par un communiqué de presse de l’ensemble du mouvement. Il
y aura une conférence de presse environ deux heures après la
décision du gouvernement. Elle aura lieu à la Vache-Rit.
Ce
n’est plus un secret que les forces de l’ordre sont présentes
dans les villes aux alentours de la Zad, mais il n’y a actuellement
rien à signaler sur la Zad. On en saura plus dès l’annonce du
Gouvernement, et en attendant on demande à toutes les personnes qui
souhaitent nous soutenir de rester vigilant.e.s et d’attendre un
appel clair de notre part avant de venir sur la Zad. Le site
zad.nadir.org et le site de l’ACIPA restent les sources
d’information officielles du mouvement et vous tiendront au
courant.
A
très vite.
13h00 :
France inter : ABANDON
DU PROJET NDDL
NDA :
Ayrault, Retailleau,
Valls et Cie l’ont dans le baba ! On a gagné la 1ère manche
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