Cause animale :
la riposte saignante
des industriels de la viande
Par Jérémy Pain (MEDIACITÉS LYON)
Depuis la diffusion de vidéos chocs par l’association lyonnaise L214,
« l’antispécisme » et le bien-être des animaux d’élevage ont fait
irruption dans le débat public. D’abord débordée par le mouvement, la
filière viande passe à la contre-offensive à coups de procès, d'actions
de lobbying et de campagnes de com’.
De notre partenaire Mediacités à Lyon.
- « Pour sauver un paysan, mangez un végan » : les banderoles de la Coordination rurale ne font pas dans la dentelle. Un peu partout en France, le 26 septembre dernier, le syndicat agricole organisait une riposte à 269Life Libération animale. « Face aux associations animalistes, nous ne devons pas laisser le terrain vide », revendique Michel Manoury, responsable de la section viande. La Coordination rurale a ciblé les endroits où 269Life avait organisé ses “Nuits debout devant les abattoirs”, des événements pour « la fin de toute exploitation animale ». Dans la région, le site de La Talaudière, au nord de Saint-Étienne, propriété du groupe coopératif Sicarev, en fut l’un des théâtres.
Riposte, contre-riposte : un mois après les manifestations du syndicat agricole, les activistes de 269Life sont de retour à La Talaudière. 70 d’entre eux occupent pendant vingt-quatre heures le toit de l’abattoir, qui stoppe momentanément son activité. Actions des uns et banderoles des autres témoignent de l’ambiance électrique qui règne au sein d’une filière viande en difficulté, mise sur le gril par les mouvements animalistes.
« Nous nous attaquons à un système et voulons mettre en lumière ces lieux [les abattoirs] que personne ne voit, martèle Tiphaine Lagarde, co-présidente de 269Life. Tenir un petit stand sur le marché le samedi ne suffit plus. Il faut frapper fort. » Avec son discours radical, cette doctorante en droit de 34 ans s’est imposée depuis un peu plus d’un an comme l’une des nouvelles figures de l’antispécisme.
Antispécisme ? Cette notion désigne le mouvement de rejet de toute discrimination en fonction de l’espèce et donc de toute domination des humains sur les animaux. Le mot – qui a fait son entrée dans Le Petit Robert en 2017 – a été popularisé en France par l’essai d’Aymeric Caron Antispéciste, publié en 2016, ou encore et surtout par l’association L214, elle aussi basée à Lyon.
Fondée en 2008, celle qui revendique 30 000 membres et peut se prévaloir d’une maîtrise parfaite de la communication s’est fait connaître en diffusant régulièrement des vidéos chocs, parfois insoutenables, pour dénoncer la maltraitance animale à l’œuvre dans certains abattoirs ou élevages avicoles. Son nom fait référence à l’article L214 du code rural rédigé en 1976 et dans lequel les animaux y sont pour la première fois désignés en tant qu’êtres sensibles.
« Il y a 25 ans, dénoncer la viande, c’était passer pour un blasphémateur et remettre en question sa consommation faisait de vous un anti-humain », se souvient Yves Bonnardel, un des fondateurs, en 1991, des Cahiers antispécistes, revue lyonnaise à l’origine, qui fait référence dans le domaine. « Aujourd’hui, aborder le sujet n’est plus ridicule, poursuit-il. En témoigne l’apparition du discours antispéciste dans le débat public. »
« La profession a été prise de vitesse. Nous n’avons pas été assez pro-actifs face à la montée en puissance de cette approche animale », considère Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, le plus important syndicat des exploitants agricoles. « Ils [les associations antispécistes] ont profité de la déconnexion de la population avec les pratiques agricoles. Les gens ne s’intéressaient plus à ce qui se passait dans l’agriculture, à ce qu’ils mangeaient. Ils tapent là où ça fait mal, sur les dérives de l’agriculture industrielle », ajoute Laurent Pinatel, éleveur bovin bio dans la Loire et porte-parole de la Confédération paysanne.
Le malaise est palpable parmi les acteurs de la filière, conscients de la mauvaise image accolée aujourd’hui à la viande. Un jour, elle est mise en cause pour son impact sur l’environnement : selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre. Un autre, pour son impact sur la santé : en octobre 2015, le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), classe la viande rouge comme « probablement cancérogène pour l’homme » et les produits carnés transformés (essentiellement la charcuterie) comme « cancérogènes pour l’homme ». Quand elle n’est pas tout simplement pointée du doigt sur la question du bien-être des animaux.
Résultat : qu’elles émanent d’acteurs politiques ou d’ONG, les injonctions à réduire la consommation de viande se multiplient. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation préconise de limiter « les viandes rouges » et la charcuterie ; le rapport Terra Nova, de diviser leur consommation par deux ; Greenpeace mène une campagne contre une trop grande quantité de protéines animales dans les cantines scolaires. Quant au ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, il propose d’y introduire un repas végétarien par semaine.
Effets immédiats ? Si la production mondiale de viande explose avec l’accroissement de la population et une amélioration des conditions de vie dans de nombreux pays, les Français la délaissent de plus en plus. Selon une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), ils consommaient 52,5 grammes de viande de boucherie par jour et par personne en 2013, contre 58 grammes en 2007. Une réduction qui fait écho à l’émergence du phénomène végan.
La part des adeptes du véganisme est estimée en France à 1 % de la population, celle des végétariens à 3 % alors que « les flexitariens » – les faibles consommateurs de viande – représentent désormais, toujours selon le Crédoc, un quart de la population. Difficile de mesurer précisément le boom du phénomène, car de telles statistiques sont relativement récentes. Toutefois, les chiffres de la consommation sont sans équivoque : l’offre de produits végans a bondi de 82 % en supermarché en 2016, selon une étude de l’institut Xerfi. Si leur chiffre d’affaires de 30 millions d’euros reste encore très modeste, les gammes végétales fleurissent chez les distributeurs tels que Carrefour ou Monoprix comme chez les industriels spécialistes… de la viande, tels Herta ou Fleury Michon.
Mais dans la guerre de la viande, les professionnels sont loin d’avoir rendu les armes. Réunis au sein d’Interbev, l’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, les acteurs de la filière s’organisent pour redorer l’image de leurs métiers. Pas facile pour un groupe aussi disparate, qui agrège gros exploitants et petits agriculteurs. Tous se retrouvent néanmoins pour dénoncer l’attitude « extrémiste » des associations animalistes. « Quand on fait croire aux gens que tous les éleveurs sont des assassins, c’est faux, s’insurge Laurent Pinatel de la Confédération paysanne. Nous devons être les premiers à défendre le bien-être animal et à reconnaître, quand c’est le cas, qu’il y a des pratiques inacceptables. »
Loin des manifestations et contre-manifestations médiatiques, les industriels ont ouvert un front sur le terrain judiciaire. Le 11 octobre dernier, à la suite d'une action de blocage de l’abattoir de Corbas, au sud de Lyon, les deux co-présidents de 269Life ont été condamnés à une peine de trois mois de prison avec sursis. « Vous avez vos idées sur les animaux, la place des hommes… Très bien. Mais que vous imposiez, par la force, vos idées, vos opinions, ça s’appelle du fascisme », s’est emporté à la barre l’avocat de l’abattoir lors du procès auquel Mediacités a assisté.
Le 22 décembre dernier, Tiphaine Lagarde et son compère Ceylan Cirik sont à nouveau condamnés pour une peine de trois mois de prison avec sursis assortis de deux ans de mise à l’épreuve et 16 000 euros d’amende pour avoir, cette fois, bloqué l’abattoir Palmid’Or de Trambly, en Saône-et-Loire, en juillet 2017 (ils ont fait appel de cette deuxième décision, ce qui suspend la perspective de devoir effectuer de la prison ferme). À chaque audience, la jeune association croise sur sa route les grands groupes de la viande tels que Bigard ou LDC mais aussi Interbev, qui se portent systématiquement parties civiles.
« Ils cherchent à faire taire des associations opposées à leur système. Éplucher un discours avec une dizaine d’avocats pour trouver que tel mot est diffamatoire, c’est se servir d’un portefeuille bien garni et des appuis pour écraser financièrement une petite structure », se désole Tiphaine Lagarde.
Ces procès deviennent autant de tribunes pour les associations animalistes. « Nous défendons l’intérêt général et le droit à l’information contre les industriels de la viande et l’État qui leur apporte son soutien », revendique la jeune femme. Son engagement ne va pas sans poser de sérieux problèmes professionnels à celle qui était jusqu’à peu enseignante-chercheuse : « J’ai été suspendue de l’université Lyon 3, je ne peux plus donner de cours. On me dit qu’il y a une obligation de neutralité dans l’enseignement alors que je n’évoque pas ce sujet [l’antispécisme]. »
Les militants de L214 sont également confrontés à la justice. Le 10 octobre 2017, l’association est condamnée à une amende de 6 000 euros pour s’être introduite dans un abattoir et y avoir installé des caméras. Pour la porte-parole Brigitte Gothière, la stratégie des acteurs de la viande s’appuie sur cette offensive devant les juges : « Ils ne veulent plus rien laisser passer. Ils savent que l’asphyxie judiciaire, ça peut marcher. Toutes les associations ont des moyens limités, c’est une manière de nous faire perdre du temps et de l’argent. »
De manière plus discrète, Interbev mène par ailleurs une intense activité de lobbying. En jeu : encourager la consommation de viande, à rebours de la tendance actuelle, et défendre une filière qui pèse 500 000 emplois. Inscrite comme “représentant d’intérêts” auprès de l’Assemblée nationale, l’interprofession estime entre 100 000 et 150 000 euros ses coûts annuels liés à ses activités auprès du Parlement. Dans son bras de fer avec les associations antispécistes, elle reçoit régulièrement l’appui d’élus : en octobre 2016, le sénateur socialiste des Landes, Jean-Louis Carrère, réclame, sans succès, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le mouvement animaliste ; début septembre 2017, le député Les Républicains des Côtes-d’Armor, Marc Le Fur, interpelle la ministre de la justice au sujet de L214. Il dénonce les « méthodes parfois violentes » de l’association et appelle à « poursuivre les auteurs de ces exactions ».
L’association lyonnaise tente elle aussi d’impliquer les politiques sur les questions animales. Sur la plate-forme Politique & Animaux, L214 recense les prises de position des élus en fonction de leur sensibilité à la cause. Où l’on découvre que l’ancien maire de Lyon Gérard Collomb, gratifié d’un 2,5/20, est classé parmi les personnalités qui « agi[ssent]t contre les animaux » pour avoir accueilli sur sa commune des cirques utilisant des animaux sauvages. Quand la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, obtient un 17,5 pour avoir notamment interpellé le gouvernement contre le commerce de la viande et des peaux d’ours blancs.
La bataille se joue également sur le front de la communication grand public. En 2016, le budget d’Interbev s’élevait à 36,5 millions d’euros, dont une bonne partie dédiée à la promotion de la viande. Le syndicat bénéficie en outre de financements publics nationaux et européens dans cette démarche. En 2018, l’Union européenne déboursera ainsi 8 millions d’euros (pour un coût total de 10 millions d’euros) pour une campagne promotionnelle de l’agneau dans quatre pays, une viande boudée par les jeunes ménages depuis des années.
Pour rassurer les consommateurs, la filière fait feu de tout bois : Interbev et son bras armé, le Centre d’information des viandes (CIV), distribuent « des livrets d’information » dans les salles d’attente des médecins ou dans les pharmacies pour vanter les bienfaits de la viande. Les deux entités proposent aussi des activités pédagogiques et animations gratuites au sein des écoles et des cantines. L’hiver dernier, elles affichaient l’objectif de sensibiliser 225 000 enfants dans 1 500 restaurants scolaires. Ces interventions ont déclenché la colère des associations animalistes et de certains parents d’élèves. À coups de pétitions à l’adresse de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation nationale, ils dénonçaient « le lavage des cerveaux des élèves » ou encore des magazines qui « occultent bien entendu la réalité du fonctionnement des élevages industriels et des abattoirs ».
Une accusation que les acteurs de la filière tentent de contrer avec l’organisation annuelle de rencontres « Made in viande », opérations portes ouvertes pour faire découvrir les différentes activités de la filière, de l’élevage jusqu’à la commercialisation… à l’exception notable des abattoirs. « Le consommateur n’a pas envie de voir ça. Il voit les animaux, il voit son assiette. Mais il ne veut pas voir entre. En revanche, il veut que ça soit bien fait », admet l’éleveur Philippe Dumas, président d’Interbev Auvergne-Rhône-Alpes et président du groupe coopératif Sicarev qui exploite huit sites d’abattage et de découpe, dont celui de La Talaudière.
Question de communication là aussi et parce qu’ils ont pris conscience de certaines attentes de la société, les professionnels de la filière ont entamé un dialogue avec les associations. Du moins avec certaines – L214 et 269Life n’en sont pas. Interbev mène un travail de concertation avec quatre ONG (Green Cross France et Territoires, France nature environnement, la Fondation pour la nature et l’homme – ancienne Fondation Nicolas Hulot – et le WWF France) sur la protection de l’environnement. Elle se rapproche aussi d’organisations “welfaristes” (OABA, CIWF, LFDA ou encore Welfarm), partisanes de l’amélioration du bien-être animal sans pour autant remettre en cause le principe de l’élevage.
Arnaud Gauffier, responsable agriculture et alimentation au WWF France, a participé à une de ces concertations. Il reconnaît les bienfaits de la démarche, mais se montre prudent quant aux débouchés et à la stratégie de la filière pour redorer son blason : « Il faut être lucide. Nous sommes tombés sur des accords, sur l’environnement notamment avec l’élevage des vaches allaitantes à l’herbe par exemple. En revanche, lorsque nous portons le message d’une baisse de la consommation, Interbev ne suit pas. » « Les associations qui font évoluer la cause, ce sont celles avec lesquelles on travaille, qui parlent bien-être animal, vante Philippe Dumas, d’Interbev. Mais ce sont les moins visibles. C’est frustrant : on est dans un monde où il faut être vu pour exister… C’est à celui qui aura les images les plus trash ! »
Diviser pour mieux régner ? Les associations sont partagées sur l’attitude à adopter vis-à-vis des acteurs de la viande. « Je ne blâme pas les ONG qui participent à ces réunions de concertation mais elles servent de caution aux industriels, estime Brigitte Gothière, de L214, qui regrette la mise à l’écart de son mouvement. Un comité national d’éthique des abattoirs s’est mis en place il y a quelques mois. Nous avons été tenus à distance des discussions alors que nous avons des propositions concrètes à apporter. »
De fait, après s’être fait connaître avec ses vidéos chocs – loin de faire l’unanimité parmi les associations de défense des animaux –, L214 se concentre désormais sur une approche « pas à pas ». « Nous demandons par exemple l’interdiction des élevages de poules pondeuses en cage. Tous les distributeurs ont pris cet engagement d’ici à 2025 et les acteurs de la restauration à domicile aussi. C’est une avancée énorme », s’enthousiasme Brigitte Gothière. Au risque d’une nouvelle ligne de fracture au sein des défenseurs de la cause animale…
« C’est jouer le jeu des industriels, s’emporte la coprésidente de 269Life, Tiphaine Lagarde. Il ne faut pas dénoncer les conditions d’élevage mais l’élevage en lui-même. Dans tous les combats – contre l’esclavage, contre les discriminations raciales ou contre les violences envers les femmes –, on n’a jamais procédé par paliers. » À l’inverse de l’évolution de L214, les militants de 269Life privilégient les actions de désobéissance civile, à coups d’introductions dans les abattoirs et d’exfiltrations d’animaux vers des sanctuaires dont la localisation reste tenue secrète.
Ces derniers mois, la cause animale s’est discrètement invitée sur le terrain électoral. Lancé en France en novembre 2016, le Parti animaliste a présenté 147 candidats aux élections législatives de juin dernier – signe distinctif : aucune photo des candidats sur les affiches électorales mais un chaton aux grands yeux verts et attendrissants à la place.
Déjà implanté dans plusieurs pays européens (aux Pays-Bas, il compte un député européen et sept élus nationaux), ce mouvement décline un programme entièrement tourné vers la défense des animaux. Si celui-ci ne préconise pas l’interdiction de l’élevage, il prône un encadrement très poussé (installation de caméras, interdiction sous 10 ans de tout élevage en cage, fin des abattages sans insensibilisation, etc.).
Avec 1,1 % des voix au niveau national et au moins 1 % dans plus de 50 circonscriptions, le Parti animaliste bénéficiera de financements publics pendant la durée de la législature. Comme une première étape pour ce nouvel acteur qui a en ligne de mire les élections européennes de 2019.
Mediacités est un journal en ligne d’investigation locale. Media indépendant, fondé par sept journalistes issus notamment des rédactions de L’Express et de L’Expansion, Mediacités renoue avec les fondamentaux du journalisme en mettant à l’honneur des sujets d’enquête. Politique, économie, environnement, société, sport, culture, éducation. Chaque semaine et dans chaque agglomération couverte par le journal, une enquête approfondie sera proposée aux lecteurs de Mediacités.
Mediacités ambitionne d’être présent dans les dix plus grandes métropoles de France (hors Paris) d’ici trois ou quatre ans. Lancé à Lille en décembre 2016, le journal en ligne s’est implanté à Lyon le 10 mai et à Toulouse le 24 mai. Sans publicité, ce nouveau journal en ligne fait le choix d’un modèle par abonnement (6,90 euros par mois ; 59 euros par an).
Mediapart accueille avec enthousiasme ces nouveaux confrères, espérant pouvoir développer des partenariats éditoriaux comme cela se fait déjà avec d’autres équipes de journalistes en région (Marsactu à Marseille et Le Ravi, mensuel satirique de la région PACA). Nous avons déjà coproduit avec Mediacités plusieurs enquêtes sur le club de football de Lille (à lire ici, ici, et ici). Et publié des enquêtes sur le train de vie du directeur de l’Opéra de Lyon, ou sur un projet de mine contesté en Ariège, ou encore sur les monnaies locales en quête d'un nouveau souffle.
Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/030118/cause-animale-la-riposte-saignante-des-industriels-de-la-viande?onglet=full
- « Pour sauver un paysan, mangez un végan » : les banderoles de la Coordination rurale ne font pas dans la dentelle. Un peu partout en France, le 26 septembre dernier, le syndicat agricole organisait une riposte à 269Life Libération animale. « Face aux associations animalistes, nous ne devons pas laisser le terrain vide », revendique Michel Manoury, responsable de la section viande. La Coordination rurale a ciblé les endroits où 269Life avait organisé ses “Nuits debout devant les abattoirs”, des événements pour « la fin de toute exploitation animale ». Dans la région, le site de La Talaudière, au nord de Saint-Étienne, propriété du groupe coopératif Sicarev, en fut l’un des théâtres.
Riposte, contre-riposte : un mois après les manifestations du syndicat agricole, les activistes de 269Life sont de retour à La Talaudière. 70 d’entre eux occupent pendant vingt-quatre heures le toit de l’abattoir, qui stoppe momentanément son activité. Actions des uns et banderoles des autres témoignent de l’ambiance électrique qui règne au sein d’une filière viande en difficulté, mise sur le gril par les mouvements animalistes.
« Nous nous attaquons à un système et voulons mettre en lumière ces lieux [les abattoirs] que personne ne voit, martèle Tiphaine Lagarde, co-présidente de 269Life. Tenir un petit stand sur le marché le samedi ne suffit plus. Il faut frapper fort. » Avec son discours radical, cette doctorante en droit de 34 ans s’est imposée depuis un peu plus d’un an comme l’une des nouvelles figures de l’antispécisme.
Devant l’abattoir de La Talaudière (Loire). © Coordination rurale |
Antispécisme ? Cette notion désigne le mouvement de rejet de toute discrimination en fonction de l’espèce et donc de toute domination des humains sur les animaux. Le mot – qui a fait son entrée dans Le Petit Robert en 2017 – a été popularisé en France par l’essai d’Aymeric Caron Antispéciste, publié en 2016, ou encore et surtout par l’association L214, elle aussi basée à Lyon.
Fondée en 2008, celle qui revendique 30 000 membres et peut se prévaloir d’une maîtrise parfaite de la communication s’est fait connaître en diffusant régulièrement des vidéos chocs, parfois insoutenables, pour dénoncer la maltraitance animale à l’œuvre dans certains abattoirs ou élevages avicoles. Son nom fait référence à l’article L214 du code rural rédigé en 1976 et dans lequel les animaux y sont pour la première fois désignés en tant qu’êtres sensibles.
« Il y a 25 ans, dénoncer la viande, c’était passer pour un blasphémateur et remettre en question sa consommation faisait de vous un anti-humain », se souvient Yves Bonnardel, un des fondateurs, en 1991, des Cahiers antispécistes, revue lyonnaise à l’origine, qui fait référence dans le domaine. « Aujourd’hui, aborder le sujet n’est plus ridicule, poursuit-il. En témoigne l’apparition du discours antispéciste dans le débat public. »
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« La profession a été prise de vitesse. Nous n’avons pas été assez pro-actifs face à la montée en puissance de cette approche animale », considère Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, le plus important syndicat des exploitants agricoles. « Ils [les associations antispécistes] ont profité de la déconnexion de la population avec les pratiques agricoles. Les gens ne s’intéressaient plus à ce qui se passait dans l’agriculture, à ce qu’ils mangeaient. Ils tapent là où ça fait mal, sur les dérives de l’agriculture industrielle », ajoute Laurent Pinatel, éleveur bovin bio dans la Loire et porte-parole de la Confédération paysanne.
Le malaise est palpable parmi les acteurs de la filière, conscients de la mauvaise image accolée aujourd’hui à la viande. Un jour, elle est mise en cause pour son impact sur l’environnement : selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre. Un autre, pour son impact sur la santé : en octobre 2015, le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), classe la viande rouge comme « probablement cancérogène pour l’homme » et les produits carnés transformés (essentiellement la charcuterie) comme « cancérogènes pour l’homme ». Quand elle n’est pas tout simplement pointée du doigt sur la question du bien-être des animaux.
Tiphaine Lagarde, co-présidente de 269Life. © J. Pain |
Résultat : qu’elles émanent d’acteurs politiques ou d’ONG, les injonctions à réduire la consommation de viande se multiplient. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation préconise de limiter « les viandes rouges » et la charcuterie ; le rapport Terra Nova, de diviser leur consommation par deux ; Greenpeace mène une campagne contre une trop grande quantité de protéines animales dans les cantines scolaires. Quant au ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, il propose d’y introduire un repas végétarien par semaine.
Effets immédiats ? Si la production mondiale de viande explose avec l’accroissement de la population et une amélioration des conditions de vie dans de nombreux pays, les Français la délaissent de plus en plus. Selon une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), ils consommaient 52,5 grammes de viande de boucherie par jour et par personne en 2013, contre 58 grammes en 2007. Une réduction qui fait écho à l’émergence du phénomène végan.
La part des adeptes du véganisme est estimée en France à 1 % de la population, celle des végétariens à 3 % alors que « les flexitariens » – les faibles consommateurs de viande – représentent désormais, toujours selon le Crédoc, un quart de la population. Difficile de mesurer précisément le boom du phénomène, car de telles statistiques sont relativement récentes. Toutefois, les chiffres de la consommation sont sans équivoque : l’offre de produits végans a bondi de 82 % en supermarché en 2016, selon une étude de l’institut Xerfi. Si leur chiffre d’affaires de 30 millions d’euros reste encore très modeste, les gammes végétales fleurissent chez les distributeurs tels que Carrefour ou Monoprix comme chez les industriels spécialistes… de la viande, tels Herta ou Fleury Michon.
Peines de prison et amendes salées
Mais dans la guerre de la viande, les professionnels sont loin d’avoir rendu les armes. Réunis au sein d’Interbev, l’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, les acteurs de la filière s’organisent pour redorer l’image de leurs métiers. Pas facile pour un groupe aussi disparate, qui agrège gros exploitants et petits agriculteurs. Tous se retrouvent néanmoins pour dénoncer l’attitude « extrémiste » des associations animalistes. « Quand on fait croire aux gens que tous les éleveurs sont des assassins, c’est faux, s’insurge Laurent Pinatel de la Confédération paysanne. Nous devons être les premiers à défendre le bien-être animal et à reconnaître, quand c’est le cas, qu’il y a des pratiques inacceptables. »
Loin des manifestations et contre-manifestations médiatiques, les industriels ont ouvert un front sur le terrain judiciaire. Le 11 octobre dernier, à la suite d'une action de blocage de l’abattoir de Corbas, au sud de Lyon, les deux co-présidents de 269Life ont été condamnés à une peine de trois mois de prison avec sursis. « Vous avez vos idées sur les animaux, la place des hommes… Très bien. Mais que vous imposiez, par la force, vos idées, vos opinions, ça s’appelle du fascisme », s’est emporté à la barre l’avocat de l’abattoir lors du procès auquel Mediacités a assisté.
Le 22 décembre dernier, Tiphaine Lagarde et son compère Ceylan Cirik sont à nouveau condamnés pour une peine de trois mois de prison avec sursis assortis de deux ans de mise à l’épreuve et 16 000 euros d’amende pour avoir, cette fois, bloqué l’abattoir Palmid’Or de Trambly, en Saône-et-Loire, en juillet 2017 (ils ont fait appel de cette deuxième décision, ce qui suspend la perspective de devoir effectuer de la prison ferme). À chaque audience, la jeune association croise sur sa route les grands groupes de la viande tels que Bigard ou LDC mais aussi Interbev, qui se portent systématiquement parties civiles.
Actions de 269Life contre un site du groupe Bigard. © KM/269Life |
« Ils cherchent à faire taire des associations opposées à leur système. Éplucher un discours avec une dizaine d’avocats pour trouver que tel mot est diffamatoire, c’est se servir d’un portefeuille bien garni et des appuis pour écraser financièrement une petite structure », se désole Tiphaine Lagarde.
Ces procès deviennent autant de tribunes pour les associations animalistes. « Nous défendons l’intérêt général et le droit à l’information contre les industriels de la viande et l’État qui leur apporte son soutien », revendique la jeune femme. Son engagement ne va pas sans poser de sérieux problèmes professionnels à celle qui était jusqu’à peu enseignante-chercheuse : « J’ai été suspendue de l’université Lyon 3, je ne peux plus donner de cours. On me dit qu’il y a une obligation de neutralité dans l’enseignement alors que je n’évoque pas ce sujet [l’antispécisme]. »
Les militants de L214 sont également confrontés à la justice. Le 10 octobre 2017, l’association est condamnée à une amende de 6 000 euros pour s’être introduite dans un abattoir et y avoir installé des caméras. Pour la porte-parole Brigitte Gothière, la stratégie des acteurs de la viande s’appuie sur cette offensive devant les juges : « Ils ne veulent plus rien laisser passer. Ils savent que l’asphyxie judiciaire, ça peut marcher. Toutes les associations ont des moyens limités, c’est une manière de nous faire perdre du temps et de l’argent. »
De manière plus discrète, Interbev mène par ailleurs une intense activité de lobbying. En jeu : encourager la consommation de viande, à rebours de la tendance actuelle, et défendre une filière qui pèse 500 000 emplois. Inscrite comme “représentant d’intérêts” auprès de l’Assemblée nationale, l’interprofession estime entre 100 000 et 150 000 euros ses coûts annuels liés à ses activités auprès du Parlement. Dans son bras de fer avec les associations antispécistes, elle reçoit régulièrement l’appui d’élus : en octobre 2016, le sénateur socialiste des Landes, Jean-Louis Carrère, réclame, sans succès, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le mouvement animaliste ; début septembre 2017, le député Les Républicains des Côtes-d’Armor, Marc Le Fur, interpelle la ministre de la justice au sujet de L214. Il dénonce les « méthodes parfois violentes » de l’association et appelle à « poursuivre les auteurs de ces exactions ».
L’association lyonnaise tente elle aussi d’impliquer les politiques sur les questions animales. Sur la plate-forme Politique & Animaux, L214 recense les prises de position des élus en fonction de leur sensibilité à la cause. Où l’on découvre que l’ancien maire de Lyon Gérard Collomb, gratifié d’un 2,5/20, est classé parmi les personnalités qui « agi[ssent]t contre les animaux » pour avoir accueilli sur sa commune des cirques utilisant des animaux sauvages. Quand la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, obtient un 17,5 pour avoir notamment interpellé le gouvernement contre le commerce de la viande et des peaux d’ours blancs.
La bataille se joue également sur le front de la communication grand public. En 2016, le budget d’Interbev s’élevait à 36,5 millions d’euros, dont une bonne partie dédiée à la promotion de la viande. Le syndicat bénéficie en outre de financements publics nationaux et européens dans cette démarche. En 2018, l’Union européenne déboursera ainsi 8 millions d’euros (pour un coût total de 10 millions d’euros) pour une campagne promotionnelle de l’agneau dans quatre pays, une viande boudée par les jeunes ménages depuis des années.
Philippe Dumas (Sicarev), en audition à l’Assemblée nationale. © Capture Youtube. |
Pour rassurer les consommateurs, la filière fait feu de tout bois : Interbev et son bras armé, le Centre d’information des viandes (CIV), distribuent « des livrets d’information » dans les salles d’attente des médecins ou dans les pharmacies pour vanter les bienfaits de la viande. Les deux entités proposent aussi des activités pédagogiques et animations gratuites au sein des écoles et des cantines. L’hiver dernier, elles affichaient l’objectif de sensibiliser 225 000 enfants dans 1 500 restaurants scolaires. Ces interventions ont déclenché la colère des associations animalistes et de certains parents d’élèves. À coups de pétitions à l’adresse de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation nationale, ils dénonçaient « le lavage des cerveaux des élèves » ou encore des magazines qui « occultent bien entendu la réalité du fonctionnement des élevages industriels et des abattoirs ».
Une accusation que les acteurs de la filière tentent de contrer avec l’organisation annuelle de rencontres « Made in viande », opérations portes ouvertes pour faire découvrir les différentes activités de la filière, de l’élevage jusqu’à la commercialisation… à l’exception notable des abattoirs. « Le consommateur n’a pas envie de voir ça. Il voit les animaux, il voit son assiette. Mais il ne veut pas voir entre. En revanche, il veut que ça soit bien fait », admet l’éleveur Philippe Dumas, président d’Interbev Auvergne-Rhône-Alpes et président du groupe coopératif Sicarev qui exploite huit sites d’abattage et de découpe, dont celui de La Talaudière.
Le parti des « welfaristes »
Question de communication là aussi et parce qu’ils ont pris conscience de certaines attentes de la société, les professionnels de la filière ont entamé un dialogue avec les associations. Du moins avec certaines – L214 et 269Life n’en sont pas. Interbev mène un travail de concertation avec quatre ONG (Green Cross France et Territoires, France nature environnement, la Fondation pour la nature et l’homme – ancienne Fondation Nicolas Hulot – et le WWF France) sur la protection de l’environnement. Elle se rapproche aussi d’organisations “welfaristes” (OABA, CIWF, LFDA ou encore Welfarm), partisanes de l’amélioration du bien-être animal sans pour autant remettre en cause le principe de l’élevage.
Arnaud Gauffier, responsable agriculture et alimentation au WWF France, a participé à une de ces concertations. Il reconnaît les bienfaits de la démarche, mais se montre prudent quant aux débouchés et à la stratégie de la filière pour redorer son blason : « Il faut être lucide. Nous sommes tombés sur des accords, sur l’environnement notamment avec l’élevage des vaches allaitantes à l’herbe par exemple. En revanche, lorsque nous portons le message d’une baisse de la consommation, Interbev ne suit pas. » « Les associations qui font évoluer la cause, ce sont celles avec lesquelles on travaille, qui parlent bien-être animal, vante Philippe Dumas, d’Interbev. Mais ce sont les moins visibles. C’est frustrant : on est dans un monde où il faut être vu pour exister… C’est à celui qui aura les images les plus trash ! »
Action de blocage d’un abattoir de Charal par les activistes de 269Life. © 269Life |
Diviser pour mieux régner ? Les associations sont partagées sur l’attitude à adopter vis-à-vis des acteurs de la viande. « Je ne blâme pas les ONG qui participent à ces réunions de concertation mais elles servent de caution aux industriels, estime Brigitte Gothière, de L214, qui regrette la mise à l’écart de son mouvement. Un comité national d’éthique des abattoirs s’est mis en place il y a quelques mois. Nous avons été tenus à distance des discussions alors que nous avons des propositions concrètes à apporter. »
De fait, après s’être fait connaître avec ses vidéos chocs – loin de faire l’unanimité parmi les associations de défense des animaux –, L214 se concentre désormais sur une approche « pas à pas ». « Nous demandons par exemple l’interdiction des élevages de poules pondeuses en cage. Tous les distributeurs ont pris cet engagement d’ici à 2025 et les acteurs de la restauration à domicile aussi. C’est une avancée énorme », s’enthousiasme Brigitte Gothière. Au risque d’une nouvelle ligne de fracture au sein des défenseurs de la cause animale…
« C’est jouer le jeu des industriels, s’emporte la coprésidente de 269Life, Tiphaine Lagarde. Il ne faut pas dénoncer les conditions d’élevage mais l’élevage en lui-même. Dans tous les combats – contre l’esclavage, contre les discriminations raciales ou contre les violences envers les femmes –, on n’a jamais procédé par paliers. » À l’inverse de l’évolution de L214, les militants de 269Life privilégient les actions de désobéissance civile, à coups d’introductions dans les abattoirs et d’exfiltrations d’animaux vers des sanctuaires dont la localisation reste tenue secrète.
Ces derniers mois, la cause animale s’est discrètement invitée sur le terrain électoral. Lancé en France en novembre 2016, le Parti animaliste a présenté 147 candidats aux élections législatives de juin dernier – signe distinctif : aucune photo des candidats sur les affiches électorales mais un chaton aux grands yeux verts et attendrissants à la place.
Affiches électorales lors des législatives 2017, ici dans la circonscription de Villeurbanne. © N.Barriquand/Mediacités |
Déjà implanté dans plusieurs pays européens (aux Pays-Bas, il compte un député européen et sept élus nationaux), ce mouvement décline un programme entièrement tourné vers la défense des animaux. Si celui-ci ne préconise pas l’interdiction de l’élevage, il prône un encadrement très poussé (installation de caméras, interdiction sous 10 ans de tout élevage en cage, fin des abattages sans insensibilisation, etc.).
Avec 1,1 % des voix au niveau national et au moins 1 % dans plus de 50 circonscriptions, le Parti animaliste bénéficiera de financements publics pendant la durée de la législature. Comme une première étape pour ce nouvel acteur qui a en ligne de mire les élections européennes de 2019.
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Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/030118/cause-animale-la-riposte-saignante-des-industriels-de-la-viande?onglet=full
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