Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant ce mois de décembre 2017 ; on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, de l'anti CGO de Strasbourg, et de plein d'autres sujets.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source : ZAD.nadir.org et médias
Décembre 2017
Et ailleurs : Amassada (12) - Solidarité avec les migrant-es à Lyon (69) - Bure (55) - A45 (42) - Roybon (38) - Anti TT Cotentin (50) - Rouen (76) - Anti CGO Strasbourg (67) - Narbonne (11) - Villeneuve les Avignons (30) - Chalchihuitan (Chiapas Mexique) - Angers (49)
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 1er au 10 décembre
Samedi
2 décembre
Rassemblement de soutien au jardin des Ronces,
à Nantes (Loire-Atlantique)
Face au projet urbain des Gohards,
défendons le jardin des ronces !
Déjà
bientôt 4 ans que ce grand jardin collectif a vu le jour. Cet espace
est désormais largement reconnu dans le quartier et ailleurs. Depuis
tout ce temps, le collectif de jardiniers s’est agrandi et
structuré. Nous apprenons progressivement à cultiver nos légumes
sur cette terre sablonneuse. Le jardin s’est aussi beaucoup
diversifié : serre, four à pain traditionnel et ruches sont
désormais présents sur la parcelle. Et bientôt un verger !
Cet
espace est aussi un lieu de promenades ; un lieu culturel (la
fête du jardin en est un bel exemple) ; un lieu ’politique’
où l’on réfléchit et agit directement sur le monde qui nous
entoure ; mais aussi un lieu de vie pour quelques personnes
vivant dans la précarité.
Nous
avons appris dernièrement que Nantes Métropole comptait démarrer
des travaux dès cet hiver sur la parcelle, dans le cadre du projet
urbain des Gohards. Nous refusons toujours la transformation à venir
du quartier, symbole de la métropolisation en cours. Nous ne
laisserons la place ni au béton, ni à des projets de vitrines
agricoles urbaines qui ne servent qu’à verdir l’image de la
ville et la destruction massive de terres cultivables.
Nous
souhaitons continuer à faire de cet espace public un espace des
communs, ouvert à toutes et à tous, et géré directement par ses
usagers. Un espace d’expérimentation, de rencontres, de création,
loin de la morosité induite par les politiques concurrentielles des
grandes métropoles.
-
courriel à Reporterre
►ZAD :
Des
échos de la journée des sentiers du 26 novembre à lire ici ,
avec
beaucoup de photos.
►Collectif syndical contre l’aéroport
Le collectif syndical contre l’aéroport de NDDL a publié un article en amont des rencontres sur l’autogestion ouvrière qui auront lieu à Nantes et sur la zad les 15 et 16 décembre
►La
gadoue commence à envahir les champs... ce qui n’empêche pas une
belle journée de temps en temps ! Aujourd’hui, gros soleil
sur la zad pour les derniers préparatifs du rassemblement hip-hop
qui se tiendra à la Grée, demain, dès 14h. Au programme : des
concerts, du graff, du breakdance, bouffe végane...
RASSEMBLEMENT
HIP-HOP LE 9 DÉCEMBRE A LA GRÉE
Pourquoi
ce rassemblement :
Depuis
quelques années nous développons plusieurs activités artistiques
sur la zad, notamment du rap, avec un studio d’enregistrement
D.I.Y. où s’y déroulent des ateliers d’écriture et
d’enregistrement, ouverts à tous.tes. Mais aussi une scène pour
les concerts. Outre la question de porter musicalement nos idées,
cela permet à de nombreuses personnes de s’exprimer par ce biais
et de se former techniquement dans leurs pratiques. Également s’en
trouvent renforcés les liens avec nos camarades des quartiers. C’est
donc dans le but de pouvoir réorganiser des événements comme
celui-ci d’une manière autonome, qu’une partie des fonds
récoltés, participera à l’achat de matériel de sonorisation.
Le
9 décembre à la Grée se déroulera un rassemblement HIP-HOP,
l’ouverture du site se fera à 14h avec du graff, nous invitons
tous-tes les graffeurs-euse à ramener leurs bombes pour une jam
sessions. A partir de 16h c’est le début d’un open mic de 2h
ouvert à tout le monde.
Et
tout au long de la journée de la sérigraphie (ramène tes
fringues)
Restauration
à prix libre, bar. L’entrée est à prix libre ou pour les plus
joueurs.ses, aux dés. Scène et stands couvèrent.
►Contre le patriarcat :
Du
partage des outils à la mixité choisie.
►Queer :
►ZAD :
Allez hip, allez hop, un petit retour en images sur le festival hip-hop hier à la Grée : le plein de bon son et de bonnes ondes notamment grâce aux co-pirates de Radio Klaxxon qui ont pouêt-pouêtté en direct toute la soirée. Sans oublier la cantine végane, l’atelier sérigraphie, la décoration d’extérieur avec le graf et les coktails explosifs de la bar Bue…
Infos du 11 au 17 décembre
Lundi
11 décembre
►« il
n’y a aucune urgence à construire un nouvel aéroport à
Notre-Dame-des-Landes. Même en comptant l’évolution du trafic
aérien, vous pouvez faire encore dix ans avec l’aéroport
actuel »,
estime Bertrand Piccard, créateur
de l’avion solaire,
►Francis
Lemasson
est secrétaire du syndicat CGT au siège de la société Vinci,
à Rueil-Malmaison. Les syndicats du groupe ont pris position
contre le projet d’aéroport.
Pourquoi demandez-vous à vos
collègues de Vinci de ne pas travailler sur l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes ?
►Solidarité avec les migrant-e-s
URGENT : occupation du château de la fac de Nantes pour loger des mineur.es isolé.es. / : ultimatum posé par Gastineau, le vice president. Expulsion du château prévue à 18h par les flics. Venez le plus tôt possible pour préparer la résistance. Faites tourner ce message.
Mardi
12 décembre
Remise du rapport sur Notre-Dame des Landes :
l’épreuve de vérité
Le
rapport sur Notre-Dame-des-Landes sera remis le mercredi 13 décembre
au Premier ministre. Plusieurs Organisations Non Gouvernementales
saluent la méthodologie de la mission de médiation, mais estiment
que « l’abandon du projet de nouvel aéroport aurait dans tous les
cas un coût moindre pour les finances publiques, une consommation
plus faible de foncier agricole et naturel, une meilleure adéquation
aux objectifs climatiques de notre pays, un moindre impact en termes
de biodiversité ».
Le
13 décembre, la mission de médiation remettra son rapport au
premier ministre. Nous escomptons que ce rapport apporte enfin un
comparatif rigoureux des options en présence permettant d’éclairer
la décision que devra prendre le gouvernement.
En
tenant en compte de manière approfondie des éléments apportés par
toutes les parties prenantes, en intégrant les compléments d’études
et de données qui avaient été jusque-là écartées, en organisant
les controverses argumentées quand les différents acteurs en
étaient d’accord, et après vérification et tierce-expertise de
données avancées préalablement grâce à la commande précise de
compléments auprès d’organismes reconnus, la mission a conduit
ses travaux d’une façon dont nous n’avons pas de raison de
douter du sérieux.
Pour
notre part, nous estimons que l’abandon du projet de nouvel
aéroport aurait dans tous les cas un coût moindre pour les finances
publiques, une consommation plus faible de foncier agricole et
naturel, une meilleure adéquation aux objectifs climatiques de notre
pays, un moindre impact en termes de biodiversité. C’est à l’aune
de ces critères trop longtemps ignorés que nous lirons
attentivement le rapport de médiation.
Nous
appelons le gouvernement à un choix courageux qui intègre vraiment
les objectifs climatiques et environnementaux et écologiques. Il est
temps d’adapter nos choix d’aménagement aux limites de notre
planète, en prenant en compte des considérants nouveaux. Il serait
pertinent que le gouvernement s’engage à revisiter régulièrement
la programmation en matière d’infrastructures, de façon à
pouvoir ajuster les choix à l’évolution des contextes. Au
lendemain du sommet « One planet summit » sur le climat, l’abandon
du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes serait la première
application concrète de la règle d’or climatique que nos
associations appellent de leurs vœux pour mettre en cohérence la
future loi sur les mobilités et la programmation des investissements
dans les transports avec l’accord de Paris sur le climat.
Dans
la foulée de la décision à venir, nos organisations demandent aux
collectivités du Grand Ouest, en lien avec les services de l’Etat
et tous les acteurs locaux, d’engager autour d’une alternative à
NDDL l’élaboration d’un projet de territoire « positif », dans
le cadre d’un « Contrat de Transition Ecologique ». Nous devons
imaginer ensemble un avenir à ce territoire qui fasse la part
indispensable aux biens communs, qui intègre les besoins de l’urbain
et du rural, qui donne à tous un horizon intégrant une
soutenabilité économique, sociale et environnementale.
Les
signataires: France Nature Environnement – FNH – LPO - Réseau
Action Climat (RAC) – FNAUT - Agir pour l'Environnement
sur
Médiapart
Un nouvel aéroport coûterait
beaucoup plus cher
que rénover celui de Nantes
Alors
que le rapport des médiateurs sur le projet d’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes doit être remis demain mercredi 13 décembre
au Premier ministre, Édouard Philippe, plusieurs annexes à ce
rapport ont fuité dans les journaux régionaux Ouest
France
et Le
Télégramme
lundi soir. Les documents avaient été mis par erreur en ligne sur
le site des médiateurs, avant d’être retirés.
Les
annexes, consultables en ligne grâce à Ouest France sont :
- Annexe 8 : Le tableau des prévisions du traffic
- Annexe 15 : Carte des bruits
- Expertise sur les impacts qu’aurait une augmentation du trafic à Nantes-Atlantique sur l’avifaune du lac du Grand-Lieu
Les
documents montrent que les médiateurs ont sérieusement étudié
l’option de l’agrandissement de l’aéroport actuel de
Nantes-Atlantique, en conservant l’hypothèse que Nantes
accueillerait à terme 9 millions de passagers aériens et 80.000
mouvements d’avions.
De
nouvelles expertises ont été demandées par les médiateurs, et
elles évaluent le coût de cet agrandissement entre 415 et 545
millions d’euros. C’est environ deux fois moins que les chiffres
qui avaient été annoncés par l’étude de la DGAC (Direction
générale de l’aviation civile) dans une étude de 2013 (elle
annonçait un coût de 825 millions d’euros). C’est également
bien moins que le coût estimé de la réalisation du projet
d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui tout compris pourrait
atteindre le milliard d’euros, voire trois à quatre milliards,
selon les chiffres assemblés par le Canard
enchaîné
en 2008 (lire
ici).
Par
ailleurs, selon l’expertise retenue par les médiateurs, les
travaux de réaménagement de l’aéroport demanderaient une
fermeture de la piste « d’environ 9 semaines ».
En 2013, l’étude de la DGAC avait retenu une durée de 3 à 6
mois.
Les
médiateurs ont également commandé une étude comparative des
empreintes carbone des deux options : construction de
Notre-Dame-des-Landes ou réaménagement de Nantes-Atlantique. Cette
dernière option, selon les calculs, émettrait moins de CO2.
Mais la différence est minime, soulignent les auteurs de l’étude,
car elle « est du même ordre de grandeur que l’incertitude
inhérente au calcul d’empreinte carbone ».
Autre
élément crucial dans le débat : la carte du bruit en cas
d’extension de Nantes-Atlantique. Celles retenues par la médiation
montrent un impact moindre que celui envisagé dans les précédentes
études.
Reste
à connaître l’intégralité du contenu du rapport, dévoilé
demain mercredi matin. Le gouvernement ne se prononcera pas tout de
suite, mais le Président de la République a promis une décision en
janvier au plus tard.
Source :
Ouest
France
et
Reporterre
Notre-Dame-des-Landes :
les expertises des médiateurs
sont plutôt favorables aux opposants
Les
expertises jointes en annexe du rapport des médiateurs remis
mercredi au premier ministre ont été publiées par erreur, puis
retirées, lundi 11 décembre. Sans préjuger du contenu du rapport
final, certains documents, que Mediapart a pu consulter, remettent en
cause les arguments pour la construction de l'aéroport de
Notre-Dame-des-Landes.
C’est
peut-être le rapport d’experts le plus verrouillé du début du
quinquennat Macron. Confiée le 1er
juin à trois personnalités chacune reconnue dans leur champ
d’expertise, la médiation de sortie du conflit de
Notre-Dame-des-Landes (NDDL) remet le résultat de ses auditions et
analyses mercredi 13 décembre au premier ministre. Rien n’en avait
fuité, pas même l’heure de mise en ligne, jusqu’à lundi
après-midi.
Avec
48 heures d’avance, les rapports d’expertise sur lesquels se sont
basés les médiateurs pour rendre leurs recommandations se sont
retrouvés en ligne. Ils ont très vite été supprimés du site de
la médiation, mais sont restés visibles suffisamment longtemps pour
être téléchargés par les internautes les plus réactifs. C’est
sur la base de ces documents que Presse
Océan,
Ouest-France
et Le
Télégramme
ont publié, lundi, une série d’articles sur l’évaluation
économique des deux aéroports.
Mediapart a pu récupérer une
grande partie de ces dossiers d’expertise, mais ni le contenu du
rapport ni la conclusion de ses auteurs. Il faut donc attendre la
publication de l’intégralité du document, mercredi matin, pour en
apprécier la tonalité générale. Il est déjà possible d’écrire
que les documents d’expertise publiés en annexe du rapport
apportent des arguments favorables au réaménagement de l’actuel
aéroport de Nantes-Atlantique (NA) sur des points techniques
importants.
Le sort de Nicolas Hulot est-il dans la balance ? Le ministre de l’écologie, qui déclarait fin novembre à L’Obs, que le dossier constituait une « ligne rouge », a affirmé dimanche qu’il « prendrait ses responsabilités en fonction de ce qu’il y a dans le rapport », précisant que « cela ne veut pas forcément dire démissionner ».
Pour Françoise Verchère, co-présidente du Cédpa (Collectif des élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes), ce ne sont que des annexes qui ont été publiées, mais elles révèlent tout de même quelques points intéressants. « Pour l’instant, c’est assez positif », estime-t-elle, « il y a là des documents majeurs qui battent en brèche certains arguments des pro-Notre-Dame-des-Landes. »
Les coûts économiques
C’est
le débat le plus intense entre les partisans et les opposants de
Notre-Dame-des-Landes : combien coûterait ce nouvel aéroport,
et, surtout, combien coûterait de réaménager l’actuel aéroport
de Nantes-Atlantique pour accueillir, à l’horizon 2040, 9 millions
de passagers contre 5 actuellement ? Ce dernier point divergeait
énormément selon que l’on prenne les chiffres de la Direction
générale de l’aviation civile (DGAC) ou bien ceux des opposants.
La DGAC évaluait, en 2013, l’aménagement de Nantes-Atlantique
(NA) à 825 millions d’euros pour 9 millions de personnes. Les
opposants, eux, à 145 millions.
Les
experts interrogés de l’Ifsttar (Institut français des sciences
et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux)
et du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques,
l’environnement, la mobilité et l’aménagement) établissent le
coût de ce réaménagement entre 415 et 545 millions pour 9 millions
de passagers. Soit peu ou prou le coût initialement prévu pour la
construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, mais pour 4
millions de passagers seulement.
L’Atelier
citoyen, ce collectif d’architectes, urbanistes, comptables et
ingénieurs, qui a entièrement contre-expertisé les sujets
techniques du dossier, a mis la main sur l’étude architecturale de
la DGAC qui évalue à 900 millions d’euros le coût du nouvel
aéroport de NDDL pour 9 millions de passagers. Soit deux fois plus
cher que pour l’aménagement de l’actuelle aérogare. Les experts
estiment en outre à entre 4 et 11 semaines la fermeture de la piste
de l’aéroport de Nantes-Atlantique, avec une perte d’exploitation
estimée à 35 millions d’euros. Les opposants estimaient qu’il
n’était pas nécessaire de fermer la piste alors que la DGAC
parlait en 2013 d’une fermeture pendant « trois à six
mois ».
La
direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages du
ministère de la cohésion des territoires a été interrogée sur
l’impact d’un éventuel abandon de NDDL au profit d’une
extension de l’actuel sur le SCOT (Schéma de cohérence
territoriale) de Nantes-Saint-Nazaire et les PLUI (Plan local
d’urbanisme intercommunal) en cours d’élaboration. Le service du
ministère conclut qu’un maintien de Nantes-Atlantique aboutirait à
une révision du SCOT et donc des PLUI en cours d’élaboration,
mais sans modifications majeures.
Il
note, dans sa réponse de quatre pages, que « si
le nouvel aéroport est abandonné, il n’aura pas pour effet
d’apporter de changements majeurs au Plan d’aménagement et de
développement durable. Au contraire, il aurait pour conséquence de
gommer les contradictions entre la priorité donnée à la transition
écologique et énergétique du territoire et l’affirmation de ce
projet ».
C’est
un point important car l’un des principaux arguments des
pro-aéroport était que la construction d’un aéroport dans le
bocage préserverait son écosystème de l’étalement urbain. Sur
ce sujet, l’administration leur donne tort.
Nantes-Atlantique
entraînerait légèrement moins de pollution au CO2 selon le rapport
commandé à Carbone 4. « L’étude révèle que
l’empreinte carbone de l’option NDDL est supérieure à celle de
Nantes-Atlantique, de près de 200 kilotonnes, soit 12 % des
émissions calculées pour 20 ans d’exploitation »,
écrivent les experts. Avant de mettre un bémol à leurs calculs :
« Il est notable que cet écart d’émissions est du même
ordre de grandeur que l’incertitude inhérente au calcul
d’empreinte carbone. »
Les
experts soulignent par ailleurs que « dans les deux options,
ce sont les émissions des déplacements au sol des passagers qui
sont nettement prépondérantes avec près de 80 % de
l’empreinte carbone évaluée ». Le fait de construire
des dessertes de transport en commun est donc capital. « L’empreinte
carbone est sensible à la desserte des aéroports en transports en
commun, notamment la desserte par les transports ferrés qui sont
envisagés : prolongement d’un tramway pour NA, construction
d’un tram-train pour NDDL », écrit Carbone 4.
Si
la construction de ces dessertes est de nature à faire baisser le
bilan carbone de l’un ou l’autre des aéroports, cela ne
changerait pas les grands équilibres et la différence d’émission
de CO2 resterait la même. « Ce document donne
l’avantage au maintien de Nantes-Atlantique », se
félicite Françoise Verchère du Cédpa.
La
DGAC s’est livrée, à la demande des médiateurs, à une « étude
sommaire » concernant la construction d’une seconde piste
sur l’aéroport actuel. Celle-ci présenterait l’avantage de
diminuer le survol des zones habitées. Deux hypothèses ont été
étudiées. La première – la construction d’une piste en V
par rapport à l’existante – est jugée « intéressante »,
mais pose le problème du survol de Rezé. « Cette commune
n’est actuellement pas survolée à l’atterrissage. Proche de
l’aéroport, elle sera soumise à des nuisances et des contraintes
d’urbanisme nouvelles », note la DGAC.
L’autre
alternative étudiée serait de créer une nouvelle piste qui
couperait la première en formant un angle droit. « Cette
hypothèse imposerait l’acquisition de plus de 200 ha de foncier et
conduirait à une redistribution des équipements et des
infrastructures sur la plateforme », écrit la DGAC.
Les
zones humides
L’augmentation
du trafic sur l’aéroport de Nantes-Atlantique – qui
passerait de 5 millions de passagers aujourd’hui à 9 millions en
2040 – n’aurait pas d’impact sur la zone Natura 2000 qui
borde le site. « Ce document est très important, car
il tord le cou définitivement au mythe de l’aéroport »,
souligne Françoise Verchère. « La réputation du lac
de Grand-Lieu au niveau international repose en très grande partie
sur l’importance de ses effectifs de grands oiseaux coloniaux
reproducteurs », détaille Jean-Philippe Siblet, du Muséum
national d’histoire naturelle.
Celui-ci
ajoute plus loin dans son rapport d’une vingtaine de pages que
« l’impact des avions commerciaux sur l’avifaune de
Grand-Lieu est d’autant plus improbable qu’ils ne survolent que
la rive orientale du lac en phase d’atterrissage, moteurs à faible
régime (de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, à une altitude élevée,
jusqu’à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, à plusieurs centaines de
mètres d’altitude), très éloignée des colonies des grands
oiseaux coloniaux ».
Jean-Philippe
Siblet conclut donc qu’« il est clair que ni les
mouvements actuels des avions ni l’augmentation future du trafic de
l’aéroport de Nantes-Atlantique ne sont susceptibles d’engendrer
un impact significatif sur les populations d’oiseaux du lac de
Grand-Lieu ».
En
revanche, l’extension de la piste vers le sud entraînerait la
destruction de plusieurs zones humides. « Il y a toutefois
lieu de s’interroger sur le projet d’extension de l’actuelle
piste vers le sud. En effet, un tel scénario aurait pour conséquence
la destruction de milieux naturels à caractère humide. Il est
toutefois peu probable que si cette solution était retenue, elle
puisse modifier les conclusions de cette expertise », dit
l’expert qui indique en outre que « l’aménagement de
l’aéroport actuel aura comme conséquence d’éviter les risques
d’extension de l’urbanisation de la rive nord du lac qui, elle,
pose des problèmes considérables en matière d’artificialisation
des sols ».
Là
encore, c’était un point majeur de désaccord entre pro et
anti-aéroport. L’ancien directeur du site naturel du lac de
Grand-lieu est devenu la bête noire des pro-NDDL après avoir
expliqué que les oiseaux de la zone étaient habitués aux avions et
n’étaient donc pas particulièrement en péril à cause de l’essor
éventuellement à venir du trafic aérien.
La
commission a également demandé à la DGAC d’établir de nouvelles
cartes d’exposition au bruit pour les habitants proches de l’actuel
aéroport. Cette nouvelle étude revoit à la baisse la zone C du
plan d’exposition au bruit. Cette zone est particulièrement
scrutée parce qu’elle interdit dans son périmètre toute nouvelle
construction et augmentation de population. Le centre-ville de Nantes
n’est pas concerné par cette nouvelle étude et la construction du
futur CHU sur l’île de Nantes ne devrait finalement pas être
concernée par le nouveau plan d’exposition au bruit.
En
revanche, les communes de Bouguenais-les-Couëts,
Saint-Aignan-de-Grand-Lieu et Trentemoult se trouvent toujours dans
la zone C. L’argument des nuisances sonores et du risque
d’accident à cause du survol de Nantes a été récemment relancé
par les pro-aéroport. Les nouvelles cartes du bruit publiées par
les médiateurs montrent qu’à l’horizon 2040 avec un trafic de 9
millions de passagers, compte tenu des évolutions technologiques des
aéronefs et de l’évolution de leur emport (ce qu'ils peuvent
transporter), les nuisances sonores seraient à peine plus
importantes qu’aujourd’hui.
Les médiateurs ont établi
(c’est l’annexe 6), un état des lieux des contentieux passés ou
en cours. 179 contentieux sont ainsi dénombrés et détaillés. Cinq
sont encore en cours d’instruction : trois devant le Conseil
d’État et deux devant le tribunal administratif de Nantes. Ce
dernier doit se prononcer sur deux arrêtés préfectoraux « portant
dérogation “campagnol amphibie” » pour la réalisation de
l’aéroport de NDDL. Le Conseil d’État est saisi sur deux
consultations citoyennes et sur la déclaration d’utilité
publique.
Reste
une grande inconnue encore jusqu’à la publication de l’intégralité
du rapport : les médiateurs abordent-ils le sujet du devenir de
la ZAD ? Une audition discrète a été consacrée aux projets
pour la zone si le nouvel aéroport est abandonné. La place que le
rapport accordera à ce sujet très sensible aura un poids symbolique
particulier.
Rajout
du mercredi 13 :
Dans
son intervention à la réception du rapport, le premier ministre
Edouard Philippe a semblé en tout cas déterminé à, comme il le
dit lui-même, « garantir un retour à la normale notamment
s’agissant des questions relatives à l’ordre public ».
Mercredi, les médiateurs ont défendu l'idée d'un contrat de
territoire et d'une maîtrise du foncier de la zad par l'Etat.
Christophe
Gueugneau et Jade
Lindgaard – Médiapart
L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
deux fois plus cher
que moderniser celui de Nantes
« Réhabiliter
Nantes-Atlantique coûterait deux fois moins cher que construire
Notre-Dame-des-Landes. »
C’est l’une des premières conclusions tirées du rapport des
médiateurs sur le projet de Notre-Dame-des-Landes, et livrées par
le quotidien Ouest-France.
Remis au premier ministre ce mercredi 13 décembre, le rapport a été
coordonné par trois médiateurs
nommés en juin dernier par le gouvernement. Leur mission ?
Synthétiser les avantages et inconvénients de chacune des options –
construire un nouvel aéroport à Notre-dame-des-Landes ou aménager
celui de Nantes Atlantique – et formuler des recommandations. Près
de 200 personnes - essentiellement des hommes - représentant les
élus, le monde des entreprises, le monde agricole, les associations
favorables ou hostiles au projet de NDDL, ont été auditionnées. « L’objet
des auditions était d’écouter les points de vue exprimés par les
personnes auditionnées, pour comprendre les arguments avancés par
chacun dans les débats en cours. »
En
plus de ces auditions, les médiateurs ont pris en compte les
nombreux travaux et rapport existants sur le sujet. Ainsi que les
conclusions des nouvelles expertises qu’ils ont commandées :
les impacts environnementaux d’un éventuel aménagement de
l’actuel aéroport sur la réserve naturelle de Grand Lieu, située
à quelques kilomètres au sud des pistes, les besoins de réfection
de la piste de Nantes-Atlantique, et l’évaluation du bilan carbone
des différentes options.
Ces
expertises complémentaires ont amené les médiateurs à conclure à
un coût global deux fois plus élevé pour la construction d’un
nouvel aéroport. Pourquoi une telle différence avec les estimations
passées ? Le coût indirect de la fermeture de la piste de
Nantes-Atlantique pendant le temps des travaux était évalué par
l’étude de 2013 de la direction générale de l’aviation civile
(DGAC) à 85 millions d’euros, avec trois à six mois de fermeture.
L’expertise commandée par les médiateurs, qui sera rendue
publique ce mercredi 13 décembre, retient 35 millions d’euros,
pour neuf semaines de fermeture environ. Au total, réaménager
Nantes Atlantique en vue d’accueillir 9 millions de passagers en
2040 coûterait de 415 à 545 millions d’euros ; contre 992
millions d’euros pour le projet prévu par l’État à
Notre-Dame-des-Landes. Un nouvel aéroport serait donc deux fois plus
cher qu’une modernisation de l’existant.
Nolwenn
Weiler Bastamag
Notre-Dame-des-Landes :
avant le rapport des médiateurs,
tout ce qui s’est passé depuis deux ans
Ce
mercredi 13 décembre, en fin de matinée, les trois médiateurs
nommés il y a six mois vont rendre leur rapport sur le projet
d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et ses alternatives.
Reporterre vous fait le résumé des épisodes qui ont précédé
pour bien comprendre les enjeux.
Ce
mercredi 13 décembre, une nouvelle étape cruciale se joue dans
le dossier du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes :
les trois médiateurs vont rendre leur rapport au Premier ministre
(nous vous les avons présentés
ici). Nommés il y a six mois, leur mission était d’« envisager
les solutions permettant de répondre aux impératifs d’aménagement,
dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de
l’ordre public »,
selon la commande d’Édouard Philippe. En somme, « étudier
l’ensemble des options »,
pour reprendre les mots plusieurs fois utilisés par le Premier
ministre et le président de la République. Certaines
annexes du rapport ont fuité lundi 11 décembre au soir,
montrant que l’option d’un agrandissement de l’aéroport actuel
de Nantes-Atlantique, plutôt que la construction d’un nouveau à
Notre-Dame des Landes, a été sérieusement étudiée. Et qu’elle
coûterait beaucoup moins cher.
Mais
l’essentiel du contenu n’est pas encore connu, pas plus que la
décision de l’exécutif, qui se prononcera en janvier au plus
tard. En attendant, Reporterre
vous rappelle les épisodes précédents, depuis notre
dernier point en janvier 2016.
25 Janvier
2016 :
Les paysans et « habitants historiques »
de
la ZAD jugés « expulsables »
Ce
jour là, onze familles et quatre paysans, propriétaires de maisons
et de fermes sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ayant refusé de
partir, sont
déclarés expulsables par le tribunal de grande instance de
Nantes. « On
va augmenter le nombre de squatteurs à Notre-Dame-des-Landes »,
raille le coprésident de l’Acipa (Association citoyenne
intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport
de Notre-Dame-des-Landes), Dominique Fresneau. « De
toute façon, on ne partira pas »,
lancent les paysans concernés. L’État est attendu au tournant :
ce premier obstacle levé, va-t-il décider d’employer la force
pour vider la Zad (Zone à défendre) de ses occupants ? Le
Premier ministre Manuel Valls donne
quelques jours plus tard « rendez-vous
à l’automne »,
le gouvernement assure que ce
sera un « moment
décisif »
pour l’engagement des travaux…
Printemps
2016 :
un « référendum local » ?
en fait, une
« consultation »
Coup
de théâtre le 11 février 2016 : François Hollande,
président de la République, annonce
un « référendum
local »
sur le projet. « À
un moment, il faut prendre une décision et nous savons que les
travaux doivent commencer au mois d’octobre »,
explique-t-il sur le plateau de TF1
et France
2.
« Si
c’est oui et que la population veut cet aéroport, alors tout le
monde devra accepter cette décision. Et si c’est non […] l’État
en tirera les conséquences. »
S’en remettre à la décision populaire doit lui permettre de se
sortir par le haut de l’impasse.
Commence
alors un
débat sur les conditions de ce « référendum ».
Est-il compatible avec la Constitution ? Quelle sera la question
posée ? Dans quel périmètre (département de Loire-Atlantique
ou plus largement la Bretagne) ? Finalement, une modalité
juridique est trouvée, ce
sera une « consultation
locale ».
Le Conseil d’État valide
la formule auprès des habitants du département de la
Loire-Atlantique, alors que c’est tout le « Grand Ouest »
qui est en principe concerné.
Entretemps,
le
5 avril 2016, trois experts remettent un rapport à la
ministre de l’Écologie Ségolène Royal et écrivent noir sur
blanc que « force
est de constater que le projet, fruit d’une conception ancienne,
est surdimensionné ».
Mais la perspective de la consultation atténue l’impact du
document.
Après
une campagne acharnée, le dimanche 26 juin au soir, le verdict
tombe : 55,17 % des votants se sont dits favorables au
« projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique
sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ». Le taux de
participation dépasse les 50 %. Les opposants dénoncent une
consultation « illégitime » et se préparent à
une expulsion de la Zad.
Automne
2016 :
La pression monte… puis retombe
La
détermination des opposants reste intacte, et leur traditionnel
festival du mois de juillet rassemble
plus de 25.000 personnes dans le bocage. Tout l’été et
au-delà, les zadistes se
préparent activement à l’éventualité d’une intervention
policière. Celle-ci se fait de plus en plus probable, alors que le
gouvernement publie
mi-septembre les deux derniers arrêtés qui manquaient encore à
l’État pour permettre le début des travaux.
Démonstration
de force des opposants, un
rassemblement début octobre mobilise près de 40.000 personnes.
Au sommet de l’État, c’est la cacophonie : Manuel Valls
affirme qu’une expulsion aura lieu pendant l’automne, Ségolène
Royal se dit « défavorable
à toute évacuation par la violence. »
Finalement, on apprend le 9 décembre 2016 que, selon des
sources gouvernementales citées par l’AFP, le gouvernement a
abandonné le projet d’expulsion. L’excuse invoquée est le
contentieux entre la France et l’Union européenne : cette
dernière demande une évaluation des impacts cumulés des
infrastructures du projet d’aéroport.
Début 2017 :
place à la campagne présidentielle
Le
gouvernement de François Hollande a raté le dernier créneau. La
campagne électorale pour l’élection présidentielle commence. Les
candidats sont invités à se positionner : pour ou contre
l’aéroport ? Le candidat Emmanuel Macron manque de clarté
sur le sujet. Il
se déclare d’abord favorable début février 2017, avant de
mâtiner ses déclarations quelques jours plus tard devant le WWF. Il
annonce qu’il nommera un médiateur qui aura six mois pour
étudier les alternatives, et ajoute : « Je
ne veux pas d’évacuation et de brutalité. »
Fin
avril, la
Commission européenne lève un nouvel obstacle juridique,
classant sans suite ses poursuites contre la France sur le projet
d’aéroport. Quelques jours plus tard, le 7 mai 2017, Emmanuel
Macron est élu président de la République. Le 1er juin, il
tient parole, le Premier ministre, Édouard Philippe, annonce la
nomination
de trois médiateurs : Michel Badré, Gérard Feldzer et
Anne Boquet. Après la Commission du dialogue mise en place en 2012
par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, puis le rapport
d’experts rendu à Ségolène Royal en 2016, cette annonce d’un
nouveau rapport laisse dubitatifs les opposants. Le profil des
médiateurs, parmi lesquels deux sont soupçonnés d’être
défavorables au projet, irrite au plus haut point les partisans de
l’aéroport.
Un
peu plus de six mois plus tard, leur rapport est très attendu. Les
premières fuites, révélées par Ouest
France
et Le
Télégramme
lundi soir, indiquent que l’option d’un agrandissement de
l’actuel aéroport de Nantes-Atlantiques
coûterait
au moins deux fois moins cher
que la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Edouard
Philippe :
« Le choix se formalise désormais ainsi :
’Notre-Dame-des-Landes ou
le réaménagement de Nantes
Atlantique’ »
Edouard Philippe a parlé ce mercredi midi 13 décembre. Son intervention et le rapport des trois médiateurs est à écouter et à télécharger dans cet article. Reporterre vous fait suivre cette journée qui marque une étape cruciale dans ce dossier.
12h00 : Edouard Philippe a pris la parole devant les journalistes réunis à Matignon pendant quelques minutes. Lors de son intervention, il a salué le travail des trois médiateurs, qui ont "écouté et rencontré 300 personnes en six mois, et commandé des expertises indépendantes nouvelles". D’après lui, ce rapport a permis "d’identifier des sujets qui n’avaient pas fait l’objet d’analyses et d’apporter des éléments nouveaux", comme notamment "le réaménagement complet" de l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique.
Edouard
Philippe a présenté les "trois éléments" qui lui
semblent importants dans ce "travail intéressant".
|
D’abord,
« les besoins liés au développement du transport aérien
dans le Grand ouest justifient la réalisation d’une plate-forme
qui sera dimensionnée sur les hypothèses connues, c’est-à-dire
le doublement du trafic aérien d’ici 2040 ».
Le
gouvernement prendra « avant la fin du mois de janvier une
décision ».
Télécharger
le rapport :
https://reporterre.net/IMG/pdf/rapport_de_la_mission_de_me_diation_ae_roport_du_grand_ouest.pdf
- 11h30 : le Premier ministre Edouard Philippe procède à une séance photo à Matignon, avant la remise du rapport des médiateurs autour de midi.
Les
ministres Nicolas Hulot et Elisabeth Borne vont recevoir les élus et
parties prenantes qui le souhaitent sur les conclusions du rapport.
13
h 20 : Les trois médiateurs, Anne Boquet, Michel Badré et
Gérard Feldzer, commencent leur « explication de texte »
au ministère de la Transition écologique et solidaire.
|
Les premières réactions
►Le
député LREM Mathieu Orphelin applaudit : « Le
réaménagement Nantes-Atlantique est enfin considéré comme une
alternative crédible !
►Joël
Carn, ingénieur membre des Ailes pour l’Ouest (pro-aéroport) :
« Il n’y a rien de nouveau, lors de la consultation du
26 juin 2016, le peuple concerné a clairement dit oui" au
transfert de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes ».
C’était mardi soir…
Ce
mercredi 13 décembre, une nouvelle étape cruciale se joue dans
le dossier du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes :
les trois médiateurs vont rendre leur rapport au Premier ministre
(nous vous les avons présentés
ici). Nommés il y a six mois, leur mission était d’« envisager
les solutions permettant de répondre aux impératifs d’aménagement,
dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de
l’ordre public »,
selon la commande d’Édouard Philippe. En somme, « étudier
l’ensemble des options »,
pour reprendre les mots plusieurs fois utilisés par le Premier
ministre et le président de la République.
Certaines
annexes du rapport ont fuité lundi 11 décembre au soir,
montrant que l’option d’un agrandissement de l’aéroport actuel
de Nantes-Atlantique, plutôt que la construction d’un nouveau à
Notre-Dame des Landes, a été sérieusement étudiée. Et qu’elle
coûterait deux fois moins cher.
Ce
mercredi matin, invité de France
Bleu Loire Océan, l’ancien Premier ministre et ardent
défenseur du projet de Notre-Dame-des-Landes Jean-Marc Ayrault a
réaffirmé que « ce
n’est pas un projet du passé. Mais un projet relancé dans les
années 2000 par le gouvernement Jospin avec Dominique Voynet comme
ministre ».
Il a ajouté : « il
faut savoir si ce sont ceux qui sont dans l’illégalité qui
l’emportent. (...) Tous les contentieux en justice ont été perdus
par les opposants, et il y a eu le référendum ! Le président
Macron ne peut pas être insensible au droit et à l’état de
droit »
Reporterre
►ZAD
13/12. Une bien belle date…pour la réception officielle par jupiter du rapport de médiation sur l’aéroport de Notre dame des landes.
La
reprise du grand jeu de la patate chaude, c’est maintenant ! Le
but étant de jongler avec ou de la refiler, mais sans se cramer.
Aïe, aïe, aïe, pas gagné ! En attendant d’avoir des infos,
la presse se déchaine. Certains bon petits soldats font bien le
job : préparant l’opinion a un abandon du projet (l’occasion
pour jupiter de ramasser les lauriers du plus vert), tout en
resservant le couplet gras de la « zone de non droit », à
évacuer…ou pas.
►Solidarité avec les migrant-e-s :
Un toit pour tous-tes. On relaie l’appel à soutien pour la suite de l’occupation de l’université de Nantes. Des infos mises à jour ici.
Notre-Dame-des-Landes :
et maintenant, gagner la bataille de la paix
Une
nouvelle phase de l’histoire de Notre-Dame-des-Landes commence. Et
si le gouvernement abandonne le projet, la Zad peut devenir une zone
à imaginer, lieu d’expérimentation écologique et sociale. À
condition de vouloir, des deux côtés, discuter.
La
remise du rapport de médiation sur Notre-Dame-des-Landes, mercredi
13 décembre, marque un tournant majeur dans une longue et
passionnante histoire. Les trois médiateurs concluent - conclusion
avalisée par le Premier ministre Edouard Philippe - que
l’aménagement de l’aéroport nantais existant est réaliste,
possible, et moins coûteux que la construction d’un nouvel
aéroport dans le bocage.
C’est
la confirmation de ce que suggéraient les opposants depuis de
longues années. Un rapport gouvernemental vient enfin donner raison
à ce que les citoyens proposaient bien antérieurement. Que de temps
et d’énergie perdus !
Les
médiateurs éclaircissent aussi la question des nuisances sonores et
innovent en soulignant les enjeux d’étalement urbain
qu’impliquerait la construction d’un aéroport à
Note-Dame-des-Landes.
En
tout cas, le gouvernement a en main les éléments lui permettant de
prendre la décision rationnelle qui s’impose : abandonner
enfin ce projet de Notre-Dame-des-Landes.
L’ordre public, c’est la paix, pas les gaz lacrymogènes
On
ne peut affirmer qu’il le fera. Mais il est légitime d’en faire
l’hypothèse. C’est alors un autre problème qui se pose :
celui du destin des 1.650 hectares de terres disputés, et que l’on
appelle la "Zone à défendre", la Zad.
Il ne fait pas de doute que le gouvernement soupèse la possibilité de tenter une « évacuation » de la Zad, avec force gendarmes, CRS, drones, et autres engins et armes de toutes sortes. Mais si M. Macron avait assuré en février qu’il se « préoccupait de l’ordre public », il assurait : « Je ne veux pas d’évacuation, il n’y aura pas de brutalité ».
Mercredi,
M. Philippe a parlé d’ordre public : la décision du
gouvernement permettra « de garantir un retour à la
normale, notamment s’agissant des questions relatives à l’ordre
public ». Mais l’ordre ne signifie pas mécaniquement la
présence de soldats et de policiers ; il désigne une situation
calme, où l’on vaque à ses activités dans le respect des règles
collectives et d’autrui.
Voici
la porte qui s’ouvre : les paysans et les habitants de ce
qu’on appelle encore la Zad veulent simplement vivre là, dans un
coin de bocage qui reste un milieu écologique riche et divers. Un
lieu où s’est élaborée en quelques années une façon d’être
ensemble différente de la société de consommation, mais originale
et prometteuse, où se vit la sobriété matérielle qui est une voie
d’avenir pour éviter le chaos climatique et la dégradation
accélérée de l’environnement. Des naturalistes, des paysans
observent qu’il est possible de mettre en œuvre, ici, une
agriculture fructueuse mais respectant le milieu. Et les médiateurs
proposent que la Zad devienne « un terrain d’expérimentation
de pratiques agroenvironnementales rénovées, sous le pilotage des
acteurs locaux. »
Il
est temps de transformer la Zad en Zaï : Zone à imaginer. De
la concevoir comme un bien commun, un terrain d’expérimentation,
une zone où le collectif de celles et ceux qui y vivent pourrait
élaborer les formes écologiques et sociales d’une communauté
écologique exemplaire. Il faut du courage imaginatif des deux
côtés : du côté du gouvernement, pour ne pas céder aux
sirènes hystériques qui l’appellent à la guerre civile ; du
côté des opposants - zadistes, paysans, associatifs, naturalistes,
habitants, élus - pour accepter de la rendre possible cette
évolution, en négociant avec l’Etat. Il s’agit au fond
d’imaginer la paix, qui est l’ordre librement consenti par tous.
[1] Oream
Nantes-Saint-Nazaire, Projet
d’aéroport Nord de Nantes,
21 septembre 1973.
Les zadistes sont tournés vers l’avenir
La
Zad reste prudente quant au rapport des médiateurs. On y prévoit
une fête pour la victoire d’étape et une mobilisation quoi qu’il
arrive. Mais le grand sujet, c’est de préparer l’avenir et les
usages de la terre. Reportage.
Notre-Dame-des-Landes
(Loire-Atlantique), reportage
La
Zad se mouille consciencieusement. Même pour répondre aux
journalistes et même si le sujet du rapport des trois médiateurs ne
les excite pas plus que ça. « Rien ne change. C’est vrai,
l’abandon du projet d’aéroport ne va pas nous laisser
indifférents, mais la seule question qu’on a envie de poser, c’est
qu’est-ce qu’on fait après ? », dit une zadiste
en remontant sa capuche, pluie en biais oblige.
« Dès
qu’une mouche pète, on voit débouler les journalistes, mais c’est
juste parce que le gouvernement est dans la merde, ajoute le
fromager de la ferme de Bellevue. On ne les intéresse pas pour ce
qu’on fait ici. Ca fait dix fois que je bouge mes camemberts devant
des caméras, juste pour faire des images, alors que l’activité de
fromager, c’est surtout du temps à laver et relaver des trucs...
Nous, on continue à vivre, à produire, à habiter. » Pas
sûr que beaucoup de zadistes épluchent en détail les 63 pages
cosignées par Anne Boquet, Michel Badré et Gérard Feldzer.
|
Ce
mercredi 13 décembre, loin de Matignon, la pluie est aussi
grasse que grise, suintant d’un ciel bas que pique mollement le
phare pointant au-dessus de La Rolandière, la longère qui accueille
notamment le groupe presse de la Zad. « Les médiateurs
apportent des éclairages techniques, mais la question de l’aéroport
est avant tout politique, ça n’a jamais été un dossier
technique, dit une des Camilles porte-parole. Comme on s’y
attendait, il y a deux options. On attend donc la décision que
prendra le gouvernement. Nous, ce qui nous importe, c’est l’avenir
de la Zad. »
S’opposer
à l’aéroport et à « son
monde »
n’est pas qu’une formule, l’abandon du projet ne peut être vu
que comme une étape. « On
est sur un territoire qui a toujours été défendu et qui garde
intacte la détermination à promouvoir les usages vis-à-vis de la
propriété. Il n’y a qu’à relire ce que disait déjà Michel
Tarin
[syndicaliste
paysan, militant historique contre l’aéroport, décédé en
2015] dans
les années 70. La force du mouvement, c’est sa détermination à
construire ensemble l’avenir de la Zad. Plus généralement, on
traverse un moment, une époque où on a conscience d’aller droit
dans le mur. On a besoin d’espoir, pas de gesticulations ni de One
Planet Summit. Ici, on incarne la construction de formes de vie
autour de communs, dans la solidarité, avec un impact écologique
plus léger, loin de la surconsommation. »
L’Assemblée des usages
Créée
en septembre, l’« assemblée
des usages »
a tenu quatre grandes réunions avec de 50 à 120 personnes. « Les
commissions, on peut en parler ? »
(au journaliste). Rapide échange entre deux porte-parole pour éviter
de fâcher des composantes. « Oui
oui, pas de problème. »
Des commissions, donc, analysent les scénarios vis-à-vis des
terres, délégation de propriété de l’Etat ou autres hypothèses.
Les propositions d’installations agricoles sont étudiées pour
conseiller, aiguiller les postulant·es à une création de fermes
vivrières, à vocation marchande, sans exploitation animale, voire
sans motorisation, selon celles et ceux qui veulent s’y investir.
On
y discutant des conflits d’usage et des possibles règles de
partage des terrains, voire du règlement des litiges sur les
manières d’y cohabiter, d’accéder à des parcelles, de
circuler. Tout s’y discute, se projetant un peu plus dans un
autogouvernement durable de la zone, dans l’esprit du texte-charte
dit des « Six
points pour l’avenir de la Zad ».
Les
paysans du collectif Copain ne sont pas très prolixes : « On
avait décidé dès le départ de ne pas participer à la médiation.
On a laissé la Confédération paysanne intervenir sur
l’artificialisation des sols. Le volet technique, c’est pas trop
notre logique. Bien sûr, c’est intéressant que, pour la première
fois, l’aménagement de l’actuel aéroport soit pris en compte.
Mais tant qu’on n’a pas la réponse du gouvernement... »
dit Cyril Bouligand.
La fiesta de la victoire
Depuis
l’été, le climat est plutôt à un étrange optimisme. La
composition du trio de « médiateurs »,
qui sont plutôt apparus comme des consultants du gouvernement, et
les retours des groupes qui ont joué le jeu des auditions, laissait
présager une écoute plus sincère des arguments des opposants,
notamment sur l’idée de faire avec l’existant en améliorant
l’actuel aéroport au sud-ouest du centre-ville. « Mais
on reste toujours prudents. C’est vrai les détails techniques
relevés par le rapport des médiateurs, confortent la majorité des
arguments des opposants mais tout peut être retourné comme une
crêpe. On se souvient du point de vue contre le projet émis et
argumenté par la rapporteure publique à la cour administrative
d’appel de Nantes en
novembre 2016 qui, à la surprise générale des juristes,
n’avait pas du tout été suivi. »
Pour
anticiper, certains évoquent depuis septembre l’éventualité
d’une fête à improviser sur place en cas d’annonce de l’abandon
du projet d’aéroport et d’afflux de militants voulant se
retrouver pour marquer ça en réjouissances. « Oui, on
s’accordera un moment de célébration de la victoire, chacun aura
une joie d’avoir contribué, mais rien ne sera joué à ce
moment-là, lors de l’annonce de la décision politique. Toutes les
parties vont forcément montrer les muscles... »
L’idée
de fiesta en cas de victoire sur le projet d’aéroport entend
réaffirmer que le combat ne s’arrêterait pas là mais évoluerait
sur la défense d’une zone d’expérimentation de pratiques
agricoles, de production, d’échanges ou autres, hors des diktats
de l’économie capitaliste.
Un bien commun des luttes
Au
même moment, le message de mobilisation est réactivé auprès des
comités de soutien dans toute la France : lors de l’annonce
de la décision du gouvernement, rassemblement devant les préfectures
partout en France.
C’est un rappel des appels « S’ils
reviennent…
Mobilisations, occupations, blocages »
[de fin 2016>
https://zad.nadir.org/spip.php?article3188]
quand l’expulsion de la Zad paraissait plausible et imminente.
Parallèlement,
chacun a conscience sur le terrain que la machine à fantasmes est
repartie à plein. Un journaliste de France Info parle ce
13 décembre de zadistes « prêts à faire couler le
sang ». Quatre jours avant, Valeurs Actuelles croit
savoir que le bocage est truffé de pièges à couper des pieds,
copiés sur la guérilla vietnamienne. Son journaliste, ancien du
ministère de l’Intérieur de l’ère Sarkozy, reprend les
élucubrations les plus absurdes de la paranoïa policière, assurant
aussi que les zadistes cachent un armurerie, et sont prêts à tuer,
entraînés par des anciens commandos des forces spéciales devenus
anarchistes...
« Ce
n’est pas la première fois qu’on entend ce genre de fables,
dit un zadiste. Il va falloir démonter ces fictions, redire que
le mouvement est composé de beaucoup de gens différents,
naturalistes, paysans, militants politiques qui ont su se forger un
horizon commun. En stigmatiser une partie est un grand classique,
jusqu’à inventer des proto-terroristes, pour nier tout ce qu’a
d’inspirant ce mouvement, et bien au-delà de Notre Dame des
Landes, au point que certains l’ont qualifié de "bien
commun des luttes"... »
Les
comités anti-aéroport se préparent aussi à une grande
mobilisation sur la Zad pour la fin de la DUP (déclaration d’utilité
publique) du 8 février 2018. Comme on le voit, le calendrier de
l’avenir commence tout de suite.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MOUVEMENT
ANTI-AÉROPORT -
VENDREDI 15 DÉCEMBRE 2017
Notre-Dame-des-Landes :
appel à mobilisation le 10 février 2018
Le
mouvement anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes a pris acte du
rapport des médiateurs et attend la décision du gouvernement.
Quelle que soit cette décision, l’ensemble du mouvement appelle à
une mobilisation sur la zad, le samedi 10 février, date de
l’échéance de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP)
Acipa,
Coordination des Opposants, COPAIN, les Naturalistes en Lutte, des
habitants.e.s de la zad
Contacts :
Acipa :
D. Fresneau 06 71 00 73 69
Coordination
des Opposants :
G. Coiffard 06 80 84 19 89
Naturalistes
en lutte : JM
Le Dean 07 69 40 45 75
COPAIn :
C. Bouligand 06 21 04 76 84
Zadpresse :
+33 6 95 06 81 49
►Un
article paru dans la presse mainstream qui se gausse des déclarations
caricatures sur la zad qui fleurissent dans les médias ces dernières
semaines. [à
lire ici]
A Notre-Dame-des-Landes,
“le Vietnam des pauvres”
menace la France d’une “guérilla”
Samuel Gontier - Télérama
Lien vers l'article de Samuel Gontier
https://lemurparle.blogspot.fr/2017/12/a-notre-dame-des-landes-le-vietnam-des.html
NDA :
Difficile de ne pas gerber devant la propagande des mediatocrates et
des flics ou d’en rigoler peut-être
Que
faire de Notre-Dame-des-Landes dans l’hypothèse où l’État
aurait renoncé au projet d’aéroport ? Des centaines
d’occupants, installés pour longtemps dans le bocage, poursuivent
de prometteuses innovations, révélatrices des évolutions profondes
de la société française. Les auteurs de cette tribune plaident
pour un règlement global et pacifique, qui transformerait ce conflit
en solution d’avenir, pour le bien de tous.
Journaliste
engagé pour l’écologie, Fabrice
Nicolino
est chroniqueur à
La Croix et
à
Charlie Hebdo. François
de Beaulieu
a publié depuis 1967 une soixantaine de livres et plusieurs
centaines d’articles sur le patrimoine naturel et culturel de la
Bretagne et est engagé dans la protection de la nature et
spécialement des
landes bretonnes.
Jean-Paul Besset, journaliste, a été député européen écologiste
de 2009 à 2014.
Rien
n’est terminé, tout peut recommencer, le pire peut encore se
produire. Le texte qui suit n’envisage qu’une possibilité et une
seule : l’abandon du projet d’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes par le gouvernement, au terme d’une médiation
intelligente de quelques mois. Mais, même dans ce cas, il resterait
à régler la redoutable question de la présence de plusieurs
centaines d’occupants sur le site. Selon nous, une intervention
policière, même après le renoncement à toute construction,
conduirait à des affrontements graves, potentiellement meurtriers.
Pour quantité de raisons, dont celle-ci : bon nombre
d’occupants sont devenus paysans, éleveurs, tisserands, maçons,
charpentiers. Notre-Dame-des-Landes est devenu leur pays.
Avant
de développer notre proposition, il nous semble nécessaire de
garder à l’esprit que la société française est en train de
vivre une révolution aussi vive que rapide de ses habitudes
alimentaires. La consommation de produits bio, qui n’en est qu’un
aspect, a augmenté de 20 % l’an passé, et de 278 % en
neuf ans. Quel secteur économique pourrait en dire autant ?
Neuf Français sur dix ont acheté des produits bio en 2016. La
surface agricole dédiée à la bio a grossièrement triplé depuis
2007, et la demande, loin de s’essouffler, oblige à importer
massivement.
C’est
un mouvement de fond, qui atteint un modèle agricole déjà en crise
depuis des années pour des raisons structurelles. Il existe dans le
fond culturel de la société française une aspiration massive à
manger mieux et autrement. Pesticides, antibiotiques, chimie de
synthèse, intensification des productions et concentration des
animaux d’élevage sont des méthodes du passé.
Des
millions de Français le savent ou le pressentent, et parmi eux, un
nombre croissant d’agriculteurs, coincés par un système qui les
aura enrichis avant de les ruiner. Il existe une base sociale capable
d’entendre de nouveaux discours et de soutenir des projets
audacieux. À deux conditions au moins : qu’ils soient bien
entendu porteurs d’avenir et qu’ils soient aidés avec sincérité
et dans la durée par la puissance publique.
Où en est-on à Notre-Dame-des-Landes ?
Les
changements de pied du pouvoir politique, si fréquents depuis une
dizaine d’années, ont cristallisé un sentiment de défiance
généralisé. Plus personne ne croit plus personne. Les partisans de
l’aéroport restent nombreux, mais ils ont clairement perdu le
leadership qu’ils croyaient durable à la suite de la consultation.
Bruno Retailleau, qui aurait pu incarner politiquement cette
position, surtout s’il était entré au gouvernement, a perdu la
main. Il reste des intérêts épars, qui sont loin d’être tous
cohérents. Mais avouons-le, cela peut encore changer.
Du
côté des opposants organisés, on peut distinguer quatre forces de
tailles disparates :
- La structure dite Copain, qui regroupe des paysans engagés de longue date dans ce combat. Son cœur est la Confédération paysanne, qui a dans le département de Loire-Atlantique des attaches historiques. Copain dispose d’une vraie légitimité dans le monde agricole local, qui a résisté en partie au conflit.
- L’Acipa, bien sûr, actrice historique, est parvenue à organiser, à fédérer un très grand nombre d’initiatives qui ont débouché sur la création de comités dans la plupart des villes importantes du pays. L’Acipa, qui jouit d’une grande considération, a toujours voulu, et c’est à noter, conserver des liens vivants, bien que parfois tendus, avec les occupants du site. Il n’est pas interdit de parler d’une dialectique avec ces derniers.
- Les Naturalistes en lutte sont un groupe informel, né fin 2012 dans l’esprit de François de Beaulieu et de Fabrice Nicolino. Pendant trois ans, une centaine de naturalistes — des amateurs éclairés, des biologistes, des salariés de bureaux d’études évidemment bénévoles — ont sillonné le bocage. Cette mobilisation sans précédent dans ce secteur de l’opinion a conduit à des publications, et fait émerger une question jusque là ignorée : la nature. La défense de la biodiversité est entrée en fanfare dans la bagarre et en est devenue une sorte d’épicentre fédérateur. Où a-t-on vu 30.000 personnes défiler derrière un triton géant, sinon dans les rues de Nantes ?
- Les Occupants, cela va de soi. Leur présence sur place a permis de donner au projet d’aéroport la dimension d’un vaste débat national, puis européen, et parfois mondial. Ne revenons pas sur le sujet de la violence exercée par une minorité d’entre eux, car notre but est précisément de la laisser derrière nous tous. Le fait est et demeure que les plus pragmatiques d’entre eux sont devenus d’étonnants entrepreneurs sociaux, qui entretiennent cette vaste zone humide et la protègent, tout en commençant à produire des biens agricoles de qualité, et en construisant des bâtiments en bois d’une esthétique indiscutable. Et ce n’est pas toujours le cas dans nos campagnes.
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Tenir le territoire de
Notre-Dame-des-Landes
pour un tout
Notre
projet repose sur une idée fondatrice : personne ne doit partir
des 2.000 hectares autrefois destinés à la construction de
l’aéroport. Tel est notre changement de perspective :
personne ne part. Ou plutôt, personne n’est contraint de partir,
car comme on le verra, certains parmi les plus énervés du lieu
partiront nécessairement, mais sur la durée.
La
première question est à coup sûr celle du foncier. Que faire de la
surface — 850, 1.250, 1.400 hectares ? — déjà préemptée,
entre les mains pour l’heure d’Aéroport Grand Ouest-Vinci ?
Cette zone peut bien entendu être remise entre les mains du système
agricole dominant. Il est probable dans ce cas que, la Safer [société
d’aménagement foncier et d’établissement rural] aidant,
quelques propriétaires locaux trouveraient là le moyen de
s’agrandir, au travers d’un mini-remembrement fait d’arasement
au bulldozer de nombreux talus boisés. L’un des soubassements de
la lutte contre l’aéroport — la défense intransigeante de la
nature — disparaîtrait avec. Est-ce bien souhaitable ?
Il
existe heureusement d’autres voies, dont certaines sont puissamment
originales.
Certains
imagineraient volontiers qu’on crée sur la Zad la réserve
naturelle nationale justifiée par de nombreux critères européens.
Cela suppose un fort investissement financier et que l’on chasse
les occupants. Or, nous sommes dans une configuration toujours
affirmée sur le papier mais jamais réalisée dans les faits où la
population d’un lieu fait siens les objectifs de protection de la
biodiversité dans la durée d’un espace naturel habité. Mieux
encore, cette étonnante population le fait gratuitement.
Sur
cette base, il convient donc de reprendre la question foncière moins
insoluble qu’il y parait. Quand François Mitterrand s’est
retrouvé face à Valéry Giscard d’Estaing pour l’élection
présidentielle de 1981, il a dû composer avec un vote écolo —
5 % au premier tour pour Lalonde et Bouchardeau — et a promis
l’abandon de l’extension du camp militaire du Larzac.
Vainqueur,
Mitterrand tint parole, mais il restait à décider la destination de
plusieurs milliers d’hectares achetés par l’État en vue de son
projet. En 1985, grâce à un montage juridique astucieux, 6.300
hectares furent rétrocédés à la Société civile des terres du
Larzac, sous la forme d’un bail emphytéotique de 60 ans. La terre
revenait aux paysans du plateau, sous la forme étonnante d’un bien
commun. Nous reviendrons sur cette dimension.
Est-il possible d’imaginer quelque chose de proche mais de différent avec les terres de l’aéroport ? Sans aucun doute. Les centaines d’hectares de zone humide bocagère sont un pur joyau écologique, presque banal en apparence, mais dont la cohérence et la richesse globales ne se retrouvent plus que rarement en France. On peut à bon droit parler d’une butte-témoin, rappel des temps où les activités humaines pactisaient avec les écosystèmes. Et c’est pour cette raison un synonyme d’espoir.
Lâcher
ce territoire serait, sans jeu de mots, une défaite collective en
rase campagne. Il faut imaginer, ensemble, une vision utile à
l’avenir et à nous tous.
Nous
pensons qu’il faut donc tenir le territoire de
Notre-Dame-des-Landes pour un tout. La société et la politique
l’ont transformé à jamais en y faisant apparaître des acteurs
nouveaux — les occupants —, dont la plupart entretiennent
des rapports de confiance avec une partie des paysans locaux, ceux de
Copain notamment. Il faut leur proposer un pacte global qui tienne
compte des singularités et conformations de leur collectif. Son
caractère novateur devrait être assumé sous le nom de laboratoire
écologique et social.
|
Rappelons
qu’en France, les deux tiers des exploitations menées par des plus
de 55 ans n’ont aucun successeur. Or, les chefs d’exploitation
ont en moyenne 48 ans, ce qui annonce une nouvelle vague de déprise
agricole au moment même où se posent de nouvelles et radicales
questions sur le dérèglement climatique et l’alimentation de
bientôt neuf milliards d’humains.
En somme et en résumé, la Zad deviendrait une terre pacifiée et constructive
Le
pacte consisterait bien sûr en une charte des engagements de part et
d’autre. Soit l’usage de la terre en échange de conditions
vérifiables, disons tous les dix ans. Et bien sûr sous la forme de
communs,
terme ancien revenu
à la mode,
qui renvoie ici au mode de gestion traditionnel du million d’hectares
de landes qui couvraient la Bretagne avant la première révolution
agricole. N’entrons pas dans les détails : il s’agit
pour une communauté de définir un mode de gestion de biens,
naturels ou non, dans le but de les gérer et de les conserver au
mieux. On pourrait voir dans ces constructions sans appropriation
individuelle une élucubration, mais signalons, parmi tant d’autres,
les travaux d’Elinor Ostrom et Oliver Williamson, qui leur ont valu
le prix Nobel d’économie en 2009. Elinor Ostrom ouvre grandes les
portes d’un avenir où la décision collective des communautés
deviendrait, au travers des communs,
le centre de l’activité économique.
Oui,
on peut imaginer sur place une bouillonnante expérience dans
laquelle les occupants tiendraient toute leur place. Y compris ceux
qui — minoritaires selon nous — ne rêvent que d’affrontements
avec la police ? Non, sans eux. Un projet de cette sorte
fixerait la population qui pratique déjà quantité d’activités
durables, et découragerait peu à peu ceux qui n’auraient plus
l’occasion d’en découdre en se réclamant d’une cause qui
aurait définitivement changé. En somme et en résumé, la Zad
deviendrait une terre pacifiée et constructive.
Comme
on s’en doute, cela ne saurait suffire à régler la situation, car
la réputation des occupants est, dans la région épouvantable. Et
c’est à ce point de l’histoire qu’il faut se montrer encore
plus grand, en commençant par un vaste travail de pédagogie
assistée. Auprès de qui ? Mais des paysans, évidemment !
Fixons pour commencer deux points fondamentaux. Un, il existe déjà
une frange importante de paysans sympathisants ou membres de Copain,
qui doivent être invités au premier rang, en coopération avec le
syndicat minoritaire de la Confédération paysanne, très présent.
Deux, le syndicat majoritaire — la FDSEA 44 — a plusieurs fois
pris position contre l’aéroport, notamment au regard des terres
agricoles sacrifiées.
Mais
cela ne suffira pas encore, en toute hypothèse. Il faut proposer un
accord qui inclue tous les paysans volontaires de la zone — et même
de sa périphérie —, quel que soit leur profil. Nous devons
parler à
tous
en leur promettant ceci : un engagement solennel sur 25 ans,
signé et contresigné, qui leur offre un statut expérimental
généreux, en échange de la participation, fût-elle symbolique —
nous souhaitons au passage désarmer les plus acharnés — à
l’aventure commune. En deux mots, il s’agirait de rejoindre le
mouvement réel de la société, qui réclame toujours plus des
productions de qualité, sans chimie ni maltraitance animale, et du
même coup garantisse la pérennité des exploitations et la
considération de tous.
Inutile
de dire que l’opération, complexe et incertaine, serait de vérité
sur l’état de la France. Ce pays est-il capable d’une sorte de
« paix des braves » à Notre-Dame-des-Landes entre
ceux qui défendent le système ancien de production agricole et les
autres ? Cette phase, périlleuse entre toutes, pourrait
s’étendre sur un temps compté en mois, pendant lequel quantité
de spécialistes du sol — les Bourguignon —, de la terre en
général — Pierre Rabhi —, des arbres — Jean-Yves
Morel —, des friches — Gilles Clément — , de l’eau —
Jean-Claude Pierre —, de grands cuisiniers, des paysans
d’ailleurs — Via Campesina — viendraient éclairer le débat de
leurs savoirs et de leurs pratiques, sous la forme de rencontres, de
conférences, ce que plusieurs groupes d’occupants ont déjà
engagé. Sans un considérable effort de pédagogie vivante, soyons
lucides, l’idée a peu de chances d’aboutir.
Une cause permet de réunir la plupart des opposants à l’aéroport : la biodiversité
Faisons
maintenant une pause et résumons avant de passer au très concret.
Compte tenu d’évolutions réelles de la société, de nouvelles
perspectives apparaissent. Il existe dans le bocage nantais des
forces disponibles, dont certaines doivent désormais se parler et se
comprendre. L’intérêt bien compris d’un ministre écologiste
est d’aider au renouveau sur une terre devenue malgré elle un
symbole international. Mais quoi proposer publiquement, qui puisse
claquer comme notre étendard à tous ?
Eh
bien, les discussions que nous avons eues avec les occupants et
l’Acipa nous permettent de dire qu’une cause permet de réunir la
plupart des opposants à l’aéroport : la biodiversité. Et
c’est d’autant plus intéressant que celle-ci, à
Notre-Dame-des-Landes, nous éloigne des habituelles gesticulations
médiatiques. En ce qu’elle porte sur une nature ordinaire d’une
part — loin des images de baleines ou d’éléphants — et
d’autre part, qu’elle est le fruit d’une longue cohabitation
entre les humains au travail et quantité d’espèces végétales et
animales qui ont su s’adapter à ce cadre. Toute personne
considérant l’avenir du monde doit convenir que tel est l’enjeu
qui domine les autres : comment cohabiter ? Comment faire
en sorte que la présence des hommes ne conduise à la disparition de
tout le reste ? De la réponse heureuse à cette question
angoissée dépend en partie la suite de la crise écologique.
Donc,
la biodiversité. Nous tenons là l’occasion peut-être unique de
sortir des phrases convenues pour ouvrir enfin un chantier qui
pourrait, par-delà tant de divergences, nous rendre collectivement
fiers de l’œuvre accomplie. Sous quelle forme ? Nous
proposons pour commencer la création d’un :
Observatoire
de la biodiversité.
Cet organisme neuf, ouvert aux non-professionnels, se chargerait de
collecter pour tous le maximum d’éléments scientifiques sur
l’évolution de la faune et de la flore du site, un site que nous
souhaitons, rappelons-le, parcouru par les hommes et leurs troupeaux.
D’évidence, ici plus qu’ailleurs, l’intelligence collective
doit primer. Un état des lieux serait régulièrement réalisé,
numérisé, disponible partout dans le monde. Ce bilan, répété sur
des années, servirait de fil conducteur à une réflexion
transdisciplinaire et permanente sur les liens entre l’homme et la
nature simple où il vit et travaille. Décliné sous une infinité
de formes — vidéo, livres et livrets, conférences et entretiens,
classes vertes —, il pourrait servir de base à une
revivification de tout l’enseignement de ce qu’on n’appelle
plus les sciences naturelles dans l’enseignement secondaire.
Il
faut également envisager le lancement d’un :
Centre
international de l’agroécologie,
adossé à l’université de Nantes. Notre pays manque cruellement
d’une formation de haut niveau, universitaire, qui rende compte de
pratiques de plus en plus répandues, et qui permettend’en tirer
tous les enseignements, tout en fournissant une formation théorique
digne de ce nom. Il est invraisemblable que l’Université française
soit à ce point absente de ce grand questionnement. Notons que c’est
tout à côté de Notre-Dame-des-Landes, à Granjouan-en-Nozais, qu’a
été créée en 1830 la première école d’agriculture de tout
l’Ouest.
Pourquoi
pas un Centre
de recherche sur l’écoconstruction ?
Une telle initiative, outre qu’elle permettrait sans doute
d’intégrer sur place des occupants très inventifs — et bien
d’autres de la région, jeunes ou moins jeunes — serait un
encouragement institutionnel à tous ceux qui veulent habiter d’une
manière plus raisonnable l’espace qui est le leur.
En
complément, et en cohérence, imaginons :
Un
centre international de l’alimentation et des productions
alimentaires,
ouverte aux étudiants du monde entier. L’avenir — faut-il le
rappeler ? — est avant tout autre chose alimentaire.
Encore
deux projets, qui complètent les précédents :
Un
festival international du goût et de l’alimentation,
dans le droit fil du Salone del Gusto, de Carlo
Petrini. Nantes, le pays nantais et bien sûr
Notre-Dame-des-Landes pourraient accueillir un rendez-vous bisannuel
de toutes les saveurs, senteurs et productions du monde. Depuis le
café sauvage de la forêt d’Harenna (Éthiopie) jusqu’à
l’oignon violet de Zalla (Espagne) et le piment serrano de Tlaola
(Mexique), passant par le sel de Baleno (Afrique du Sud) ou encore le
cumin d’Alnif (Maroc).
Une
bibliothèque de l’écologie, de l’agriculture, de la nourriture,
avec un prolongement numérique accessible à tous.
Quand donc la France acceptera -t-elle efin de jouer un rôle moteur
dans la diffusion de connaissances aussi décisives ? On peut,
on doit viser 100.000 volumes en dix ans. En attendant mieux. C’est,
bien sûr, le prolongement de la belle initiative de la bibliothèque
du Taslu créée sur la Zad.
Et
tout cela ne serait rien encore si les futurs habitants du
merveilleux bocage de Notre-Dame-des-Landes ne disposaient d’un
label conforme à la qualité de leur terre et de leurs pratiques
respectueuses. Oui, il est concevable — mais des conditions
strictes sont à réunir — d’imaginer d’ici quelques années un
label de qualité pour les productions locales. Pour les miels, les
laits et fromages, les viandes, les pains, les charpentes. Un tel
renversement, de nature économique, serait une manière presque
parfaite de tourner la page de dix ans de tensions et
d’affrontements. Tel serait pour nous le meilleur moyen de garantir
l’avenir d’un bocage qui a failli disparaître.
Infos du 18 au 24 décembre
Lundi
18 décembre
►Rappel des différents appels émanant du mouvement contre l’aéroport et son monde en prévision de l’annonce gouvernementale à propos de NDDL qui tombera, peut-être, un jour [à lire ici]
►Sème ta Zad fait un appel à dons ! Pour participer, c’est par ici
►Radio Klaxon
Programme Klaxon du 18 décembre à la fin de l’année [à voir ici]
Brune Poirson :
« l’État privilégiera le dialogue,
nous tendrons la main aux zadistes »
Brune
Poirson, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition
écologique, a parlé de la Zad de Notre-Dame-des-Landes dimanche
17 septembre sur BFM. Elle a assuré que « l’État
privilégiera le dialogue ; nous tendrons la main aux
zadistes ». Mais « si les zadistes n’acceptent
pas (la) main tendue », « le bras de l’État
sera extrêmement ferme » parce que « c’est une
zone de non-droit ».
Le
rapport des médiateurs rendu le 13 décembre propose
que l’État conserve
les terres de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et en fasse « un
terrain d’expérimentation de pratiques agroenvironnementales
rénovées, sous le pilotage des acteurs locaux. »
Source :
Reporterre
avec BFM
TV.
JDD/ZAD :
0/1
Dans l’emballement médiatique actuel autour du rendu de la médiation, du possible abandon du projet d’aéroport, des questions pour l’avenir ici, le Journal du dimanche a fait fort et s’est bien ridiculisé (et la gendarmerie avec). Ils ont publié le 16 un article entier d’affabulations criminalisantes initialement intitulé « Les photos secrètes de la ZAD », montrant soi disant nos super défenses. Mais il a vite été dévoilé que leurs photos secrètes existaient déjà sur les réseaux sociaux, et qu’ils n’avaient demandé aucune autorisation pour les utiliser. Et ils ont dû s’excuser, c’est la moindre des choses, pendant que nous on rigole bien de leur bêtise (mais on rigole moins quand on pense que certain-e-s pourraient y croire).
Tapis dans le bocage :
la vérité sur les armes secrètes
des "zadistes"
Alors
que l’hypothèse d’un abandon officiel du projet d’aéroport se
dessine enfin, on assiste en parallèle à une campagne politique et
médiatique de diabolisation des "zadistes". A partir de
quelques photos et informations diffusées par des services de
gendarmerie, nous voyons, depuis quinze jours, enfler des fables
reprises sans aucune gêne d’articles en plateau télé par une
cohorte d’"analystes", élu.e.s et journalistes. Ceci
sans que les un.e.s ou les autres semblent souvent se préoccuper de
vérifier quoi que ce soit avant publication.
Dans
une atmosphère digne d’une mauvaise Cendrillon, un puits se
transforme alors en tunnel viet-cong, des bâtons plantés dans un
talus en une herse sanguinaire, des zadistes kamikazes attendent du
haut des arbres pour mourir en se jetant sur la police et les
sentiers empruntés quotidiennement par tout un chacun sur la zad
sont piégés de toute part.
Au
final, la zad serait habitée par une bande de 150 fous furieux tapis
depuis des années dans le bocage le couteau entre les dents, occupés
à essayer tant bien que mal de souder dans la boue des lames de
rasoir sur des boules de pétanque. Il arrive heureusement parfois
que des journalistes fassent aussi leur travail et que certains des
mensonges les plus grossiers soient démasqués : le couple
mascotte de riverains indignés contre la zad au printemps 2016
étaient de faux voisins ; le JDD a dû s’excuser mardi pour
ses fausses "photos secrètes des armes de la zad"...
Ce
n’est pas la première fois que nous avons à faire face à ce type
de campagnes médiatiques, qui nous informent avant tout sur les
fantasmes de leurs auteurs. Leurs boniments hargneux peuvent bien
nous faire rire parfois lors des veillées hivernales. Mais nous
n’oublions pas, qu’au-delà de vendre du papier, ils appuient des
objectifs précis et pourraient avoir des conséquences funestes.
Pour
préparer l’opinion à une éventuelle évacuation de la zad, il
faut, de nouveau, créer l’image la plus étrangère et la plus
anxiogène possible des personnes que l’on s’apprête à
réprimer. Il s’agit d’opérer, dans les représentations, le
glissement de la catégorie de "militant.e.s" vers celle de
"terroristes". Ce que le tableau des "djihadistes
verts" vient alors légitimer, c’est que l’on emploie
éventuellement demain des moyens de répression extrêmement brutaux
et possiblement inédits contre nous.
On
retrouve dans tous ces récits la traduction d’une volonté
classique de diviser un mouvement, en tentant de stigmatiser et
d’isoler de leurs alliés les franges qui apparaissent comme les
plus gênantes. Il faut dire qu’il y a visiblement dans ce pays une
foule de décideurs pour qui la zad et le mouvement anti-aéroport
représentent dans leur ensemble un insupportable affront. Pour ceux
qui sentent bien que, pour une fois, le vent pourrait tourner en leur
défaveur, le mot d’ordre semble clair : "Aéroport ou
pas, vengez nous au moins des zadistes !". Et ce quand bien
même le sens de la décision annoncée par le gouvernement finirait
par donner raison à celles et ceux qui auront défendu ce morceau de
bocage.
Mais
si la question de l’évacuation de la zad est restée depuis 2012
ingérable pour l’Etat, cela n’a jamais tenu en soi à la
question de 150 soi-disant "ultra-violents", finalement
aisément éjectables en d’autres circonstances. Ce que celles et
ceux qui crient au loup cherchent à gommer c’est que le
gouvernement fait face depuis des années à un mouvement populaire
impliquant des voisin.e.s et des paysan.ne.s, des associations et des
groupes informels, des syndicats ou des comités de soutien dans
toutes la France. Et ce mouvement, dans toute son hétérogénéité,
a l’insolence de s’être donné les moyens de faire front commun.
Si le ministère de l’Intérieur, à l’automne dernier, prévoyait
en cas d’expulsion de mobiliser jusqu’au deux tiers des effectifs
policiers disponibles dans ce pays, ce n’est pas parce qu’il
devrait régler le problème d’une quelconque avant-garde
combattante isolée, mais bien parce qu’il ferait face à des
dizaines de milliers de personnes prêtes à résister sur le
terrain. Ces dizaines de milliers de personnes ce sont, entre autres,
celles qui sont venues planter leurs bâtons le 8 octobre 2016 sur le
sol de la zad et qui demain, si le gouvernement s’entêtait,
seraient partout sur les routes et dans les champs pour arrêter la
police et les tractopelles. Ce sont aussi toutes ces personnes qui
aux quatre coins du pays iraient occuper leur mairie, leur préfecture
ou les places de leur ville en signe de protestation.
Cette
détermination n’a rien de nouveau. Déjà à l’automne 2012,
2000 policiers avaient été mis en échec par des semaines
d’opposition physique extrêmement hétérogène - des personnes
derrière des barricades ou dans des cabanes dans les arbres,
d’autres allongées sur les routes ou entrelacées sur les toits
des maisons, des tracteurs enchaînés et des chantiers constants de
reconstruction. Ce que cette résistance improbable avait alors
suscité c’était un élan de soutien massif dans toute la région.
Ce qui a changé depuis 2012, c’est que la zad est devenue plus
emblématique encore et que les solidarités multiples qu’elle
suscite se sont densifiées.
Dans
le fond, ce que la focalisation pour les "pièges cachés"
et les "boules de pétanque" cherche à mettre sous le
tapis c’est qu’il ne s’agit pas simplement pour les habitants
et usagers de la zad, anciens et nouveaux, d’empêcher la
destruction d’un territoire mais aussi de réinventer d’autres
mondes possibles. A ce niveau, il convient de préciser qu’il n’y
pas sur la zad des "ultra-violents" d’un côté et des
"néo-ruraux" de l’autre, mais une diversité de
personnes déterminées à vivre et lutter ensemble. Nous ne
séjournons pas dans des casernes mais construisons pas à pas depuis
des années des formes de vie, d’habitat et d’activités fondées
sur le partage, la rencontre, le soin du vivant et des biens communs.
Pour
tous ceux qui, derrière leurs beaux discours, comptent bien
continuer à tirer profit de la destruction des ressources
naturelles, des inégalités croissantes et de la domestication des
populations, il est visiblement inacceptable que quiconque essaie de
s’organiser - de manière un tant soit peu visible et conséquente
- à contre courant de leurs valeurs mortifères. Et pourtant, on
peut parier, face à un monde qui va droit dans le mur, que ce qui se
tente concrètement sur la zad de Notre-Dame-Des-Landes - et dans
d’autres espaces - pour reprendre sa vie en main, continuera à
être jugé essentiel et soutenu par un nombre de plus en plus
important de personnes.
Des
habitant.e.s de la zad.
►Pourquoi la Confédération paysanne 44 participe au projet urbain de la ferme des Gohards ?
►Comités locaux
Le comité NDDL 37 a participé à une émission de radio pour parler des actualités et des enjeux autour de la zad. [émission à écouter ici]►Médias libres
Mediapart - Quel avenir pour la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Si l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est abandonné, que pourrait devenir la Zad ? Une zone d’expérimentations où cohabiteraient paysan.ne.s et anciens squatteurs défend le mouvement qui s’est battu contre l’aérogare. Discussion entre Thomas et Camille, deux habitant·e·s, Angélique, paysanne et Jean-Marie, naturaliste en lutte. Reportage►Jef Klak - « Pour que la ZAD demeure un grenier de luttes » : Entretien fleuve avec des occupant·es de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Article
« Évacuer la Zad » ?
Et si on se calmait, plutôt ?
Article déjà paru sur le blog ici :
Infos du 25 au 31 décembre
Mardi 26 décembre
Le but premier de la médiation, c’est la division !
Communiqué
de la réu des habitant-es du 21 décembre 2017
Après
première lecture en réu des habitant-es le jeudi 14/12, amendements
puis publication dans le ZAD News du 18/12, le communiqué ci-dessous
a été validé en réunion des habitant-e-s de la ZAD du jeudi
21/12.
LE
PREMIER BUT DE LA MÉDIATION,
C’EST LA DIVISION !
Ce
texte n’a pas pour but d’étudier le rapport de la médiation sur
NDDL ou la possible décision du gouvernement à sa suite. Il vise à
critiquer le travail de division du mouvement effectué par les
médiateur.ices à travers leur présentation de "la zad"
et de ses habitant.es et occupant.es.
Dans
la répression des mouvements qui contestent son autorité, le
premier travail de l’État est toujours de nommer, de catégoriser
ses opposant.es, pour produire les distinctions qui serviront à
mettre en œuvre son travail répressif (par ex. entre bon.nes et
mauvais.es manifestant.es, syndiqué.es et casseur.euses, radic.ales
et pacifistes, etc.). Le rapport des médiateur.ices sur NDDL
participe à cette stratégie dominante de division, classant ainsi
les "occupants hétérogènes" de la zad :
les « historiques » : exploitants agricoles présents de longue date et impactés par le projet (…).
les « néo ruraux » implantés le plus souvent sans titre à partir de 2005 (...). [Leurs] options philosophiques et leurs motivations couvrent le spectre très large des mouvements altermondialistes et écologistes (...).
un noyau dur d’une cinquantaine d’individus radicaux et violents, en lien avec d’autres militants implantés dans d’autres sites en France et dans le monde. » (cf. « Annexe comparative » du rapport de médiation, p.96)
les « historiques » : exploitants agricoles présents de longue date et impactés par le projet (…).
les « néo ruraux » implantés le plus souvent sans titre à partir de 2005 (...). [Leurs] options philosophiques et leurs motivations couvrent le spectre très large des mouvements altermondialistes et écologistes (...).
un noyau dur d’une cinquantaine d’individus radicaux et violents, en lien avec d’autres militants implantés dans d’autres sites en France et dans le monde. » (cf. « Annexe comparative » du rapport de médiation, p.96)
La
présence d’agriculteurs dits "historiques" est bien une
réalité de cette lutte – qui fut d’abord une lutte pour la
préservation des terres agricole, avant de s’ouvrir au milieu des
années 2000 et de s’élargir en une lutte ’contre l’aéroport
et son monde’. Mais la distinction entre gentils "néo ruraux"
aux "options philosophiques et motivations" acceptablement
"altermondialistes et écologistes", et méchants
"individus radicaux et violents en lien avec d’autres
militants en France et dans le monde" (*), cette distinction
n’est qu’une fiction qui n’a pas d’autre but que de nous
diviser pour mieux préparer la répression violente et judiciaire
d’une partie du mouvement.
Depuis
le début de l’occupation des terres, le mouvement de lutte contre
l’aéroport et son monde s’est enrichi de la diversité de ses
pratiques et de la complémentarité des tactiques mises en œuvre
pour s’opposer au projet : par la contestation juridique et
l’agitation médiatique, par la production d’expertises
citoyennes et d’analyses politiques radicales, par l’occupation
et la mise en culture des terres et la tentative d’y inventer de
nouveaux modes de production et de partage, tout autant que par le
sabotage, le piratage, et l’opposition physique, pacifique ou non,
face aux forces répressives et aux machines de chantier envoyées
par l’État et Vinci.
C’est
grâce à cette diversité que nous avons su résister et arracher ce
morceau de bocage à la main-mise de l’aménagement capitaliste du
territoire et à l’extension de la métropole. Surtout, il n’y a
rien d’exclusif entre ces différentes formes de résistance.
Celles et ceux qui un jour cultivent, cuisinent, soignent ou
construisent, peuvent très bien se masquer le lendemain pour aller
affronter la police ou saboter une machine, quand la situation – et
l’État – ne leur laisse pas le choix. Occupant.es, habitant.es
ou camarades de la zad, peu importe le moment de notre arrivée, les
formes de notre résistance ou que nous ayons des pratiques agricoles
ou non, nous savons que cette diversité est notre richesse et notre
force. Ces pratiques de lutte, nous les assumons collectivement, et
nous ne laisserons pas l’État s’en servir pour nous diviser et
criminaliser certain.es d’entre nous.
Des
habitant.es et des occupant.es de la zad réunies le jeudi 21
décembre 2017.
(*)
Phrase qui ne veut magnifiquement rien dire, tout en sous-entendant
le pire : Des "individus" dont on ne sait ni d’où
ni quand iels sont arrivé.es, n’ayant contrairement aux autres ni
"motivations" ni "options philosophiques", mais
étant uniquement définis par leur radicalité et leur violence.
Définis aussi par leurs liens "avec d’autres militants
implantés dans d’autres sites en France et dans le monde", ce
qui ne veut pas dire grand chose non plus - qui n’a pas des liens
avec d’autres personnes en France ou dans le monde, personnes qui
sont parfois militantes ? - mais laisse planer la menace de
l’appartenance à d’obscurs réseaux internationaux. L’emploi
d’exactement le même lexique utilisé habituellement pour parler
du "terrorisme international" n’est pas innocent, même
si le terme de terroriste n’est pas employé directement…
►AG
du mouvement : 9 janvier 20h30 Wardine
exceptionnellement,
la première AG de 2018 du mouvement ne sera pas le 1er mardi du
mois, mais le 9 janvier,
►Et
en bonus, il y a le 3 janvier à 20h à la Rolandière une réunion
de préparation de la mobilisation du 10 février
Samedi
30 décembre
10 février - Pour un avenir sans aéroport - tous et toutes sur la zad --- Rdv à 10h30.
## Pourquoi converger massivement
sur la zad le 10 février ?
Depuis
des décennies, les 1650ha de la zad sont menacés par un projet
d’aéroport climaticide, destructeur de terres nourricières, de
zone humides et de liens sociaux. En lieu et place de ce projet, des
paysan.ne.s résistant.e.s ont continué de vivre sur leurs terres et
de nouveaux.elles habitant.e.s sont arrivé.e.s dans les 10 dernières
années. Il s’invente sur la zad des formes de vie, d’habitats et
d’agriculture fondées sur le partage, la rencontre, le soin du
vivant et des biens communs.
Le
9 février, la Déclaration d’Utilité Publique du projet
d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes aura 10 ans. Si le
gouvernement, à l’issue de la médiation nommée il y a 6 mois,
décide enfin d’abandonner ce projet mortifère, le 9 février
marquera la fin officielle de la Déclaration d’Utilité Publique.
Nous serons alors heureux de célébrer la préservation de ce
bocage, avec toutes celles et ceux qui ont accompagné cette longue
histoire de lutte au cours des dernières décennies. Nous
convergerons pour poser ensemble les prochains jalons de l’avenir
de la zad de Notre-Dame-des-Landes.
Si
le gouvernement décidait envers et contre tout de s’entêter, il
nous faudrait alors être aussi fort nombreux.ses à réaffirmer
notre volonté d’empêcher le démarrage des travaux et de toute
expulsion sur la zad.
Quelle
que soit la position du gouvernement suite au rapport de la
médiation, et en espérant le meilleur pour la suite, nous vous
appelons donc à vous organiser dès aujourd’hui pour se retrouver
sur la zad le 10 février et enraciner son avenir.
Nous
rappelons ci-dessous les bases communes que s’est donné le
mouvement dans la perspective d’un avenir sans aéroport au-delà
de l’abandon du projet.
— Pour des demandes de renseignements spécifiques sur le 10 février : 10fevndlzad@riseup.net
## Parce qu’il n’y aura pas d’aéroport
(Texte des 6 points sur l’avenir de la ZAD)
Ce
texte en 6 points a pour but de poser les bases communes nécessaires
pour se projeter sur la ZAD une fois le projet d’aéroport
définitivement enterré.
Il
a été réfléchi au sein d’une assemblée régulière ayant pour
objet de penser à l’avenir des terres une fois le projet
d’aéroport abandonné. Assemblée qui regroupe des personnes
issues des différentes composantes du mouvement de lutte. Ce texte a
été longuement débattu, à plusieurs reprises, dans de multiples
composantes et espaces d’organisation du mouvement.
Nous
défendons ce territoire et y vivons ensemble de diverses manières
dans un riche brassage. Nous comptons y vivre encore longtemps et il
nous importe de prendre soin de ce bocage, de ses habitant-e-s, de sa
diversité, de sa flore, de sa faune et de tout ce qui s’y partage.
Une
fois le projet d’aéroport abandonné, nous voulons :
2. Que les agriculteurs-ices impacté-e-s, en lutte, ayant refusé de plier face à AGO-VINCI, puissent continuer de cultiver librement les terres dont il-elles ont l’usage, recouvrir leurs droits et poursuivre leurs activités dans de bonnes conditions.
3. Que les nouveaux habitant-e-s venu-e-s occuper la ZAD pour prendre part à la lutte puissent rester sur la zone. Que ce qui s’est construit depuis 2007 dans le mouvement d’occupation en terme d’expérimentations agricoles hors cadres, d’habitat auto-construit ou d’habitat léger (cabanes, caravanes, yourtes, etc), de formes de vies et de luttes, puisse se maintenir et se poursuivre.
4. Que les terres redistribuées chaque année par la chambre d’agriculture pour le compte d’AGO-VINCI sous la forme de baux précaires soient prises en charge par une entité issue du mouvement de lutte qui rassemblera toutes ses composantes. Que ce soit donc le mouvement anti-aéroport et non les institutions habituelles qui détermine l’usage de ces terres.
5. Que ces terres aillent à de nouvelles installations agricoles et non agricoles, officielles ou hors cadre, et non à l’agrandissement.
6. Que ces bases deviennent une réalité par notre détermination collective. Et nous porterons ensemble une attention à résoudre les éventuels conflits liés à leurs mise en oeuvre.
Nous
semons et construisons déjà un avenir sans aéroport dans la
diversité et la cohésion. C’est à nous tout-e-s, dès
aujourd’hui, de le faire fleurir et de le défendre.
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