Mardi 9 Janvier à 20h45
Les Ciné-Rencontres vous proposent
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TELERAMA
Douze
jours : en vertu d’une loi de septembre 2013, c’est le délai maximal au
terme duquel les patients sont présentés devant un juge des libertés et
de la détention qui doit décider de prolonger ou non l’hospitalisation.
Ce sont ces audiences, dans un bureau ordinaire, que Raymond Depardon a
filmées, à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, à Lyon. Abordée dans San Clemente et Urgences, la folie croise ici un autre sujet cher au cinéaste : le fonctionnement judiciaire (Délits flagrants ; 10e Chambre. Instants d’audience). Hormis
quelques intermèdes, dans le parc, la cour ou les couloirs de
l’établissement, il se concentre, une fois encore, sur la parole,
l’échange, l’écoute, avec ce souci de respect et d’empathie qu’on lui
connaît. Certes, le premier plan — un travelling avant exagérément lent
dans un couloir désert, soutenu par un son grave — n’est pas très
heureux. Il instaure une menace artificielle et contredit le reste du
film : un face-à-face humain, sur la détresse extrême, entre un patient
et un magistrat, placés à égalité dans des champs-contrechamps plein
cadre. Les juges, parfois un peu hautains dans leur façon de parler,
sont bienveillants la plupart du temps. Attentifs, posant de bonnes
questions, essayant d’évaluer, en s’appuyant sur le rapport du
psychiatre, si la liberté est envisageable. Les patients, dont beaucoup
veulent sortir, paraissent un peu hébétés par les médicaments. Mais ce
qui leur reste de force saisit. A travers leurs délires, plaintes ou
sarcasmes, transparaît une forme de lucidité aussi terrible
qu’extraordinaire. Leurs propos nous touchent car ils sont le reflet
évident des maux de notre société. Et de nos vulnérabilités.
Les
dialogues peuvent se révéler cocasses, émaillés de lapsus, de
malentendus, d’incompréhension réciproque. Une forme de théâtre de
l’absurde émerge alors, une autre logique de pensée, de langage. Ces
patients détiendraient-ils une vérité, comme peut le laisser croire la
citation de Michel Foucault placée en exergue du film, « De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou » ? Peut-être, mais c’est moins leur particularité que leur proximité avec nous qui rend leur abîme de souffrance si poignant.
Jacques Morice
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