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dimanche 7 janvier 2018

Mardi 9 Janvier à 20h45 au Lido : "12 Jours" Prades (66500)


 
 


Mardi 9 Janvier à 20h45

Les Ciné-Rencontres vous proposent






TELERAMA


Douze jours : en vertu d’une loi de septembre 2013, c’est le délai maximal au terme duquel les patients sont présentés devant un juge des libertés et de la détention qui doit décider de prolonger ou non l’hospitalisation. Ce sont ces audiences, dans un bureau ordinaire, que Raymond Depardon a filmées, à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, à Lyon. Abordée dans San Clemente et Urgences, la folie croise ici un autre sujet cher au cinéaste : le fonctionnement judiciaire (Délits flagrants ; 10e Cham­bre. Instants d’audience). Hormis quelques intermèdes, dans le parc, la cour ou les couloirs de l’établissement, il se con­centre, une fois encore, sur la parole, l’échange, l’écoute, avec ce souci de respect et d’empathie qu’on lui connaît. Certes, le premier plan — un travelling avant exagérément lent dans un couloir désert, soutenu par un son grave — n’est pas très heureux. Il instaure une menace artificielle et contredit le reste du film : un face-à-face humain, sur la détresse extrême, entre un patient et un magistrat, placés à égalité dans des champs-contrechamps plein cadre. Les juges, parfois un peu hautains dans leur façon de parler, sont bienveillants la plupart du temps. Attentifs, posant de bonnes questions, essayant d’évaluer, en s’appuyant sur le rapport du psychiatre, si la liberté est envisagea­ble. Les patients, dont beaucoup veulent sortir, paraissent un peu hébétés par les médicaments. Mais ce qui leur reste de force saisit. A travers leurs délires, plaintes ou sarcasmes, transparaît une forme de lucidité aussi terrible qu’extra­ordinaire. Leurs propos nous touchent car ils sont le reflet évident des maux de notre société. Et de nos vulnérabilités.

Les dialogues peuvent se révéler ­cocasses, émaillés de lapsus, de malentendus, d’incompréhension réciproque. Une forme de théâtre de l’absurde émerge alors, une autre logique de pensée, de langage. Ces patients détiendraient-ils une vérité, comme peut le laisser croire la citation de Michel Foucault placée en exergue du film, « De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou » ? Peut-être, mais c’est moins leur particularité que leur proximité avec nous qui rend leur abîme de souffrance si poignant.

Jacques Morice









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