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lundi 23 décembre 2024

Occuper des arbres, est-ce légitime ? Un « écureuil » anti-A69 en procès

Occuper des arbres, 

est-ce légitime 

Un « écureuil » anti-A69 

en procès

 

12 décembre 2024

 

Les militants de la zad contre l'autoroute A69 à Saïx (Crem'arbre), dans le Tarn, en janvier 2024.

 

Un militant a comparu le 11 décembre à Castres pour avoir grimpé dans un arbre et retardé le chantier de l’autoroute A69. Un procès symbolique qui interroge la légitimité de ce mode d’action face à l’urgence climatique.

Castres (Tarn), reportage

« J’ai essayé de lutter par tous les moyens légaux à ma disposition, mais personne ne nous écoute. » Mercredi 11 décembre, dans une salle d’audience pleine à craquer au tribunal judiciaire de Castres, un homme de 26 ans comparaissait pour « opposition par voie de fait à l’exécution de travaux publics ou d’utilité publique ».

Ce jeune agriculteur s’était installé dans les arbres en février dernier à la zad de la « Crem’Arbre » à Saïx, dans le Tarn, pour empêcher les abattages et la poursuite des travaux de l’A69, qui doit relier Castres à Toulouse : une autoroute écocidaire et socialement injuste. « L’écureuil », un surnom donné aux militants qui « occupent » ainsi les arbres, avait été interpellé par la Cnamo — la cellule de la gendarmerie spécialisée dans les interventions périlleuses — le 21 février.

« En quoi cette action constitue un acte nécessaire pour empêcher le réchauffement climatique ? » a demandé la procureure Mme Frédérique Pujol-Suquet. L’action de cet homme de 26 ans est une « infraction caractérisée puisqu’il avait conscience de retarder les travaux », a-t-elle assuré : elle a requis 300 euros d’amende assortis d’un sursis. Délibéré le 5 février.

« Je n’ai pas pu rester indifférent »

Appelé à la barre du tribunal judiciaire de Castres, celui qui se fait surnommer Rocket Georges a évoqué les raisons qui l’ont poussé à grimper aux arbres. « Je n’ai pas pu rester indifférent face à cette autoroute qui détruit le territoire. À travers mon engagement, j’avais envie de donner une voix à tous les agriculteurs qui subissent la perte de leurs terres, aux familles qui voient des usines à bitume s’installer à côté de chez elles ou aux scientifiques qui alertent sur l’inutilité de cette autoroute et le réchauffement climatique » a-t-il expliqué d’une voix claire devant la présidente.

L’avocate plaide « l’état de nécessité »

Me Claire Dujardin, avocate du prévenu, a elle évoqué « la violence déployée contre les opposants à la Crem’arbre, qui a été dénoncée par le rapporteur de l’ONU Michel Forst, alors que les travaux étaient illégaux sur cette zone ».

Quelques jours avant l’interpellation de Rocket Georges, les forces de l’ordre avaient envahi la zad et instauré un siège, en harcelant et en privant de nourriture les militants dans les arbres. Après quarante jours de présence policière, les écureuils avaient finalement pu descendre le 24 mars en obtenant un répit pour l’abattage des arbres.

Pour son avocate, « le seul moyen [à la disposition du militant pour empêcher le chantier] c’était de grimper aux arbres. Il n’avait pas d’autres choix que de désobéir et de se mettre dans l’illégalité. Et bien entendu, protéger les arbres, c’est endiguer le réchauffement climatique ».

Elle s’est appuyée sur « l’état de nécessité », une notion définie dans le Code pénal qui permet à une personne de ne pas être condamnée à partir du moment où ses actes se révèlent nécessaires au regard du danger, en l’occurrence l’urgence climatique, qui s’impose à elle ou à autrui. L’avocate a aussi évoqué l’article 10 de la Cour européenne des droits de l’Homme sur la liberté d’expression pour demander la relaxe de son client.

Une « mise à l’écart du processus décisionnaire »

Entendue en qualité de témoin, Marine Yzquierdo, avocate de l’association Notre affaire à tous a insisté sur le manque de prise en compte des inquiétudes des opposants à l’A69, notamment au regard de la Convention d’Aarhus. Ces derniers « sont laissés à l’écart du processus décisionnaire ».

L’avocate de l’association a soutenu que « face à l’inaction climatique de l’État, la désobéissance civile est légitime. Le rôle de la justice est de protéger les défenseurs de l’environnement ». Venus en nombre dans la salle d’audience, les soutiens de Rocket Georges suivaient attentivement les débats, certains en prenant des notes.

Lire aussi : Poursuite du chantier de l’A69 : « C’est un nouveau passage en force de l’État »

Cette saga juridique est loin d’être finie, puisque l’autorisation du chantier est toujours en suspend au tribunal administratif de Toulouse, et une soixantaine de procès impliquant des opposants à l’A69 doivent encore avoir lieu d’ici à fin 2025.

 

Source : https://reporterre.net/Au-proces-d-un-ecureuil-anti-A69-l-avocate-plaide-l-etat-de-necessite

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