Bretagne :
des toilettes sèches
dans une résidence,
une première
De plus en plus de toilettes sèches s’invitent dans les festivals ou au fond des jardins 52737275/Björn Wylezich - stock.adobe.com |
FIGARO
DEMAIN - Pour économiser de l’eau potable et réutiliser les matières
organiques, des habitants d’un ensemble d’immeubles en construction ont
imaginé de nouvelles installations sanitaires, sans eau. Une solution
jamais installée en collectivité dans l’Hexagone.
» A écouter dans l’esprit d’initiative sur France Inter
« Les toilettes sèches qui seront installées dans notre résidence sont vraiment différentes de celles que l’on trouve sur les festivals par exemple », affirme Irène Cerquetti, membre de l’association de l’habitat participatif Ôooberge. Les toilettes permettront de récupérer différemment les matières solides et liquides. Une sorte de petit tapis roulant permettra de différencier les deux flux.
Les habitants n’auront pas besoin de sciure pour couvrir leurs besoins puisqu’une trappe actionnée au moyen d’une pédale s’ouvrira pour aspirer les matières. Ces dernières tomberont dans deux cuves différentes : l’une recueillera le solide et l’autre le liquide. Ensuite, une société viendra collecter les excréments pour les composter. « Nous cherchons encore une société pour récupérer les urines », indique Irène Cerquetti. Autre idée: le phosphore présent dans les urines pourrait être transformé en engrais.
Par ailleurs, tout est prévu pour que les habitants ne subissent pas de désagréments. Ainsi, une ventilation mécanique (VMC) sera installée pour empêcher les mauvaises odeurs. Ce système imaginé par la société française Ecosec a ainsi convaincu l’ensemble des habitants de la future résidence de souscrire au projet et de se doter de ces installations.
Les déchets deviennent des ressources
Rien ne les oblige à installer ce type de toilettes pourtant puisque le bailleur social, Emeraude Habitation, a aussi prévu un système de raccordement au réseau des eaux usées. Ainsi, chaque habitation pourra choisir l’assainissement écologique ou des toilettes plus classiques relié au tout-à-l’égout. Outre l’argument écologique, l’atout économique a pu être décisif dans le choix des habitants. De fait, les toilettes sèches permettent d’économiser de l’eau potable or elle est particulièrement onéreuse en Bretagne, souligne Irène Cerquetti. D’autant que la consommation des WC peut représenter un tiers des consommations d’eau familiales. De plus, ces eaux ne seront pas retraitées, ce qui représente un coût moindre pour la collectivité. Le conseil régional de Bretagne encourage d’ailleurs ce projet au moyen d’une subvention.
De fait, de déchets coûteux à retraiter via le tout à l’égout, les eaux usées deviennent des ressources valorisées. Le système permet ainsi de recréer des cycles de nutriments détruits par les stations d’épuration. Or, tous les engrais vendus aux agriculteurs sont composés de potassium, de phosphore et d’azote, tous présents dans nos excréments très complets pour nourrir les plantes. Mieux vaut donc utiliser cette matière abondante à des fins utiles plutôt que de recréer des engrais chimiques destructeurs pour la planète. D’autant que les résidus chimiques des produits phytosanitaires se retrouvent dans les fleuves et ruisseaux qu’il faut retraiter pour rendre cette eau potable.
Les travaux viennent de débuter et les immeubles devraient être livrés d’ici 2020. Et le projet est suivi de près par d’autres habitats participatifs qui pourraient s’en inspirer.
Source : http://www.lefigaro.fr/conso/bretagne-des-toilettes-seches-dans-une-residence-une-premiere-20190423
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