Une communauté indigène,
« village magique »
de Oaxaca,
exige la fermeture
d’exploitations minières
Au cœur de la Sierra Norte de Oaxaca, la communauté de Capulálpam de Méndez, un village zapotèque, s’est prononcée contre l’exploitation minière qui a dévasté son environnement et sa santé. Les autorités agraires et communales ont exigé du gouvernement fédéral et de l’État la fermeture définitive de la mine La Natividad, considérant que l’extraction des minerais a causé des dégâts irréversibles depuis 2003. Le collectif « Flor de la palabra », commission de traduction francophone du Voyage pour la vie, nous a transmis cette dernière production du podcast Cabina Clandestina.
Le 1er juin, les habitants de Capulálpam ont intercepté un camion de l’entreprise minière La Natividad, chargé de minerais. Cette action était un acte de protestation contre une activité qui, selon les dénonciations des habitants, a entraîné l’assèchement de 13 nappes phréatiques et a contaminé d’autres sources d’eau vitales pour la communauté. En signe de détermination, ils ont aussi bloqué la route fédérale menant à San Juan Bautista Tuxtepec, ce qui a entraîné la suspension des élections présidentielles dans la ville le lendemain.
La communauté a déposé des plaintes auprès du tribunal fédéral de protection de l’environnement (Profepa) et du ministère de l’environnement et des ressources naturelles (Semarnat). Cependant ses demandes sont restées en grande partie sans réponse. « Les lois en matière de protection de l’environnement et des droits de notre communauté n’ont pas été appliquées », déplore le responsable des biens communaux.
Le 3 octobre 2019, ils se sont adressés directement à Victor Manuel Toledo, titulaire responsable de la Semarnat cette année-là, lui demandant une entrevue directe pour l’informer « de l’impact environnemental sévère et chronique causé par l’extraction des minerais sur notre communauté ainsi que sur plus de 25 communautés de la Sierra Juárez de Oxaca ». L’impact environnemental sur les territoires de propriété communale et les écosystèmes de la montagne est et a été grave historiquement. Il est le fait de la Compagnie Minière la Natividad y Anexas, de Continuum Resources LTD et autres entreprises associées.
Encore un sexénat d’indifférence
Les courriers, demandes et appels successifs adressés aux différentes instances du gouvernement fédéral n’ont servi à rien, dont l’une d’entre elles où la présence de fonctionnaires originaires de Oaxaca est prédominante, comme l’Institut national des peuples indigènes (INPI) qui est resté indifférent à l’exigence de mesures administratives et interinstitutionnelles pour freiner l’exploitation minière dans la Sierra Norte et l’État de Oaxaca. Même le ton de ces documents a changé au fur et à mesure que l’administration fédérale, qui prendra fin en septembre 2024, avançait.
En août 2020, un document de la communauté indique que « le mécontentement et la colère règnent dans la communauté car depuis de nombreuses années, il n’y a pas de changement, ça n’avance pas dans le sens de solutions concrètes », « étant donné qu’il n’y a aucune nouvelle information à donner à la communauté, car les représentants de la Semarnat qui viennent n’ont pas de pouvoir de décision ». À l’époque, Mayolo Hernández Hernández, qui s’était présenté comme coordinateur des accords du ministère et représentant de la Sermarnat, avait promis de donner suite à l’affaire. Mais les mois ont passé, Victor Manuel Toledo a quitté la Semarnat et, comme on peut le constater aujourd’hui, tout en est resté à l’état de promesses.
Pendant le mandat de María Luisa Albores González, les demandes de la communauté se sont poursuivies. En septembre 2022, par le biais d’une lettre officielle, la communauté a demandé des informations concernant les avancées qui auraient pu être réalisées à la date par l’organisme en vue de la fermeture de la mine. Elle a aussi demandé que, dans le cadre de ses attributions, il n’approuve pas de résolutions environnementales en faveur de la mine. Un nouvel envoyé de la Semarnat, Daniel Quezada Daniel, a été en contact avec la communauté pour donner suite à cette affaire. Mais une nouvelle fois, tout en est resté au stade des promesses. C’est ainsi qu’en 2024 est arrivé le moment où la communauté a décidé de bloquer un camion de l’entreprise et de barrer la route.
L’indignation de la communauté s’est intensifiée encore plus après l’incendie de forêt criminel du 5 juin qui a causé des dommages irréversibles. Grâce au soutien intercommunutaire et à l’intervention rapide des villages voisins comme Ixtlán de Juárez, Santa María Yahuiche, San Miguel del Río et Guelatao de Juárez, l’incendie a pu être maîtrisé. Les autorités communautaires ont salué la solidarité et la fraternité qui se sont manifestées dans cette tragédie. Elles ont aussi remercié les organisations, les habitants et les médias qui ont apporté leur soutien en fournissant de la nourriture, de l’eau, des médicaments et en assurant une couverture responsable des faits.
L’incendie a laissé une marque indélébile dans la communauté non seulement en raison des dommages matériels mais aussi en raison de la réaffirmation de l’unité entre les villages de la région. « Cette tragédie nous a permis de mettre en évidence les liens fraternels entre nos communautés qui ont réagi rapidement pour éteindre l’incendie, et cela nous a fortifiés », ont reconnu les autorités de Capulálpam. Malgré la rapidité de l’intervention, les dégâts ont été qualifiés d’« extrêmement importants et irréversibles ».
Tel est le résumé de l’indignation face à un nouveau mandat de six ans qui s’achève, alors que le saccage minier se poursuit dans l’État de Oaxaca.
Productions Cabina Clandestina.
Traduction : collectif « Flor de la palabra »,
Commission de traduction francophone du Voyage pour la vie.
Source : https://lundi.am/Une-communaute-indigene-village-magique-de-Oaxaca-exige-la-fermeture-d
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