« Ni droite ni gauche, ça veut dire ni gauche, ni gauche ».
Martine Aubry
Un journaliste c’est objectif, ça ne prend pas parti, c’est ni de
droite ni de gauche, c’est contre les extrêmes. Telle est notre mission
sacrée à nous autres journalistes. Les extrêmes c’est comme un fer à
cheval. Extrême droite et extrême gauche se ressemblent et se
rejoignent. Il faut les renvoyer dos à dos pour éviter le face à face. À
longueur de journée on vous le répète, c’est pareil.
Vraiment ?
Mais comment cette équivalence s’est imposée entre le RN, héritier du
Front National, et la gauche, dans sa version France Insoumise ou
Nouveau Front Populaire ? Comment un parti cofondé par des malfrats
d’extrême-droite (dont un waffen SS !) et dirigé par un antisémite avéré
et négateur des chambres à gaz, condamné à six reprises, peut être
assimilé à une gauche qui n’a plus le moindre couteau entre les dents,
pas le plus petit canif, voire plus de dent du tout ?
Un RN dont la clé de voûte principale est « la priorité nationale »
qui vise à rétablir « le droit du sang », aboli depuis des siècles. Un
parti qui ne peut pas cacher son racisme obsessionnel et dont le
philosémitisme est le paravent de sa haine acharnée contre les arabes
et les musulmans.
Pour les législatives du 7 juillet dernier, on a vu comment les
investitures contredisent la « normalisation » du RN. Au moins une
centaine de profils assez problématiques : antisémites, nostalgiques de
Vichy, nombreux candidats liés à la Russie, opposants à la vaccination,
climatosceptiques, militants anti IVG, identitaires, racistes divers,
etc...
Voit-on quelque chose de comparable du côté gauche de l’extrémisme ?
L’antisémitisme de Mélenchon ? Vous êtes sûrs ?
Alors dans ce cas il faut porter plainte, car c’est un grave délit.
Sinon il faudrait envisager qu’il s’agit-là, encore une fois, d’une
instrumentalisation de l’antisémitisme à des fins politiques.
En attendant remettons la balle au centre.
Le centre c’est l’équilibre, c’est la sagesse, c’est la pondération en
toutes choses. Et répétons le, c’est l’objectivité. Qu’est-ce que
l’objectivité pour le journaliste, direz-vous ?
Voilà un exemple d’objectivité suggéré par un certain Godard Luc.
Quelque chose que vous auriez pu écouter sur votre Volksempfänger, c’est
à dire votre récepteur de radio, identique aux 16 millions que Goebbels
fit fabriquer dans les années 30 afin que la propagande vous atteigne
efficacement. À noter que durant la guerre, tenter d’écouter une radio
étrangère était passible de la peine capitale.
Voici donc :
« Bonsoir chères auditrices et chers auditeurs, nous sommes ce soir en direct depuis Auschwitz-Birkenau pour notre émission « Les Juifs et le Reich »
et je remercie tout nos participants. Chacun de deux groupes opposés ce
soir aura un temps de parole égale, c’est-à-dire cinq minutes chacun,
afin que nos auditrices et nos auditeurs puissent se faire leur opinion
sur cette situation particulière. Ainsi chères auditrices et chers
auditeurs, vous pourrez vous faire votre opinion en tout objectivité ».
Bien sûr, un journaliste doit rester objectif, mais peut-il risquer
de compromettre l’avenir du média qui l’emploie et l’avenir de ses
collègues dans le cas où, à terme, un repreneur rachèterait ce média ?
Imaginons : un grand média de service public qui serait privatisé et
racheté par un genre de Bolloré. Il vaut mieux ne pas hypothéquer
l’avenir.
Déjà le patronat, avec beaucoup de réalisme, à basculé côté RN. Mais il n’est pas le seul. Voyez la « Loi immigration »
adoptée le 19 décembre dernier et voulue par l’exécutif (c’est-à-dire
par monsieur Macron), loi qui consacre la préférence nationale et qui
est une véritable rupture politique en direction de l’extrême droite.
Déjà le 5 février dernier le député RN Jean Philippe Tanguy remerciait chaleureusement le Premier ministre Gabriel Attal : « Monsieur
Attal, avec vous à Matignon, nos victoires idéologiques s’accélèrent.
Ce ne sont plus seulement nos constats et nos diagnostics qui s’imposent
à vous mais désormais nos valeurs et nos solutions ».
Concernant la vertueuse neutralité de l’extrême centre, l’historien de la Révolution française Pierre Serna est clair : « La
vie politique française n’est pas bloquée par une lutte handicapante
entre droite et gauche, mais par un poison : celui d’un extrême centre,
flexible, prétendu modéré mais implacable, qui vide de sa substance
démocratique la République en la faisant irrémédiablement basculer vers
la république autoritaire ».
Mais c’est à Bertolt Brecht qu’il faut laisser la parole pour finir :
« Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais le prolongement de la démocratie en période de crise ».
Il n’y a pas trois blocs qui s’affrontent aujourd’hui en France, il n’y en a que deux. Et une barricade n’a que deux côtés.
À chacun de choisir. En toute objectivité.
Daniel Mermet
Quelle baffe ! Quel pied !
À 20 heures pile, ce dimanche 7 juillet de l’an 2024, un même
hurlement de joie est sorti de millions de gorges depuis les quatre
coins de l’Hexagone. Une vaste et belle mobilisation a permis aux
castors que nous sommes de faire barrage à cette gadoue brune et pas
drôle. Ça redonne confiance, ça nous sort de cette résignation qui est
notre pire ennemie. Il y a du boulot, on n’a pas le choix sinon ils
passent, faut pas lâcher l’affaire. Un répit oui, un repli non.
Préparons la prochaine baffe, la vraie : https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/quelle-baffe-quel-pied
Chants de bataille #38 : « Le Monde de demain »
« Quelle chance, quelle chance / D’habiter la France / Dommage que
tant de gens fassent preuve d’incompétence ». Olivier Besancenot vous
raconte aujourd’hui l’histoire de cette chanson du groupe NTM sortie en
1990 (!) qui résiste au temps : https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/chants-de-bataille-38-le-monde-de-demain
Gérard Mordillat : « Ils n’ont même pas honte ! »
Gérard Mordillat se dit que la honte est un sentiment trop méconnu des contempteurs du nouveau Front populaire… : https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/gerard-mordillat-ils-n-ont-meme-pas-honte
Le RN et les identitaires européens comme cul et chemise vous saluent bien
Le RN, à l’abri des lumières des premiers rangs, progresse dans
l’hémicycle malgré ses brebis galeuses, et tisse sa toile en Europe : https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/le-rn-et-les-identitaires-europeens-comme-cul-et-chemises-vous-saluent-bien
Le Ciné Là-bas de juillet, chaque mois des beaux films pour nos abonnés adorés
– CENTRAL DO BRASIL, un road movie du réalisateur Walter Salles, en
compagnie de Dora, une institutrice à la retraite, qui prend sous son
aile le jeune Josue pour tenter de retrouver son père,
– TIENS TA DROITE et TIENS TA DROITE 5 ans plus tard, encore deux
petites pépites documentaires de nos voisins Belges qui suivent Fabian,
un militant qui ne sait pas encore conduire mais tient déjà très bien sa
droite,
– BAT TIME et WOLF, mais que peuvent bien faire les animaux quand la
nuit tombe ? Réponse avec ces deux films d’animation pour les petits (et
les grands) lardons : https://la-bas.org/la-cinematheque-de-la-bas/le-cine-la-bas-de-juillet-chaque-mois-des-beaux-films-pour-nos-abonnes-adores
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