Charente-Maritime :
des pesticides,
dont certains interdits
d’utilisation,
détectés jusqu’au cœur
de La Rochelle
L’observatoire ATMO Nouvelle-Aquitaine a mesuré la présence de sept herbicides et d’un insecticide extrêmement volatiles au cœur de La Rochelle, en complément de relevés effectués à proximité de la plaine d’Aunis.
Si la présence de pesticides dans l'air à proximité des champs était une évidence, leur concentration jusqu'au centre-ville de La Rochelle (Charente-Maritime) inquiète. AFP/Philippe Huguen
« Cette fois, c’est confirmé. Les vents emmènent les pesticides jusqu’en ville », résume avec amertume Marc Maigné, médecin et élu chargé des politiques de santé environnementale auprès de l’agglomération de La Rochelle (Charente-Maritime). ATMO Nouvelle-Aquitaine vient de publier une étude portant sur les pesticides dans l’air détectés à l’échelle de ce bassin de vie. Cet observatoire multipliait déjà les prélèvements hebdomadaires dans la plaine d’Aunis – à Montroy et Saint-Christophe – et vient d’y ajouter de nouveaux résultats recueillis au cœur de La Rochelle, place de Verdun, une adresse située à 1,9 km de la toute première parcelle agricole cultivée.
Cette nouvelle campagne a été conduite au cours de l’automne et de l’hiver 2023. Au total, et en agrégeant les trois sites étudiés, ATMO Nouvelle-Aquitaine a détecté onze molécules parmi les 109 recherchés dont un fongicide, sept herbicides et trois insecticides. Sans surprise, le prosulfocarbe – utilisé comme herbicide sur les céréales d’hiver – figure en tête de ses molécules. La pendiméthaline, autre herbicide, a également été mesurée dans l’agglomération comme quatre autres substances pourtant interdites de longue date à l’instar du lindane et de la perméthrine.
Interdit depuis 1998, présent dans tous les échantillons
Attendus dans la plaine céréalière, ces résultats l’étaient peut-être moins au cœur de La Rochelle. Les sept herbicides et un insecticide y ont également été mesurés durant la période ciblée par ATMO Nouvelle-Aquitaine et notamment le lindane, interdit en 1998 et détecté dans… 100 % des échantillons évalués. Durant les périodes étudiées par l’observatoire, la concentration hebdomadaire moyenne a pu atteindre, place de Verdun, 3,9 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’air pour les herbicides. À Montroy et Saint-Christophe, ces mêmes taux ont atteint 13,2 ng/m3 et 11,8 ng/m3.
Sur les onze molécules détectées, dix ont pu être quantifiées, précise ATMO Nouvelle-Aquitaine, qui évoque comme « explication la plus plausible […] le transfert des molécules par l’air depuis les surfaces agricoles vers [la] zone urbaine » de La Rochelle. « Ces résultats, même si les concentrations restent faibles, doivent attirer notre attention. Le problème tient à la volatilité de ces produits », précise Marc Maigné en appelant les agriculteurs à « de bonnes pratiques ». Selon cet élu, l’agglomération rochelaise, qui réclame depuis 2022 un moratoire sur l’utilisation du prosulfocarbe, entend densifier prochainement le maillage de capteurs et le nombre de mesures.
Source : https://tinyurl.com/h74nctt3
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