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samedi 28 novembre 2020

Soutien aux migrants : « On aimerait que notre engagement de fraternité soit respecté par le gouvernement »

 

Soutien aux migrants : 

« On aimerait que notre engagement 

de fraternité soit respecté 

par le gouvernement »

 

Par Benjamin Delille

Au lendemain de l’évacuation violente d’un campement de migrants sur la place de la République à Paris, plusieurs centaines de personnes s’y sont rassemblées pour réclamer que tous les exilés soit abrités.

Les images de la veille sont dans toutes les têtes. Des policiers qui s’emparent de tentes où se reposent des migrants jetés au sol. D’autres matraquant un journaliste, ou faisant un croche-pied à un exilé en train de fuir. « C’est plus que choquant ce qu’il s’est passé », s’indigne Céleste, 22 ans, avant de brandir une pancarte « Evacuez la violence ». Avec son amie Lucile, elles sont membres de deux associations d’aide aux mineurs isolés, la Casa, et les Midis du mie. Elles étaient déjà désabusées par les interminables procédures auxquelles font face les jeunes qu’elles côtoient, les voilà dépitées. « Franchement ça nous sape la confiance en la France, soupire Lucile, l’événement d’hier, c’était pour réclamer un peu de décence à l’égard de personnes qui fuient des horreurs, et on leur répond par des gaz lacrymo… »
 

« So, so, so… solidarité… avec les réfugiés ! » Le slogan résonne depuis 18 heures, aux pieds de Marianne en plein centre de la place de la République, au cœur de la capitale. Des petits drapeaux flottent ici et là, au milieu d’une foule un peu réduite mais qui s’étend tout de même sur toute la largeur de la place. Il y a des partis de gauche, mais surtout de nombreuses associations d’aide aux migrants. Notamment la Cimade et son président Henry Masson : « Ce qu’il s’est passé hier n’est pas acceptable. Mais nous sommes surtout là pour réclamer que toutes les personnes qui étaient dans le camp de Saint-Denis soient abritées. »

« Ouvrir les yeux »

Car c’était bien le but de l’événement de la veille : passer la nuit dans des tentes sur la place pour rappeler que plusieurs centaines de migrants du camp de l’Ecluse, démantelé le 17 novembre, n’ont pas été pris en charge. Pire, ils ont été pourchassés selon les associations qui tentent de les aider. « On aimerait que notre engagement de fraternité, car c’est bien de cela qu’il s’agit, soit respecté par le gouvernement, continue Henry Masson, et je pense que cela passe par plus de sensibilisation de l’opinion publique. Il faut leur ouvrir les yeux. »

 

Photo Michael Bunel pour Libération
 
 
Pour de nombreux militants, déjà au fait du calvaire des migrants depuis des années, l’indignation des images de la veille crée une certaine frustration. « Ce n’est pas nouveau, ce genre de scène on les vit toutes les semaines à Calais longtemps », souffle un jeune homme habitué des distributions d’aide alimentaire. « Le vrai sujet, c’est de trouver un toit à ces personnes », tranche Ariel Weil, maire (PS) du secteur Paris centre. Il est entouré de plusieurs adjoints, tous vêtus de leur écharpe tricolore. « La ville de Paris fait des propositions, certes temporaires, et maintenant la préfecture doit s’en saisir », insiste l’édile.

D’autres semblent tout aussi touchés par les violences policières de la veille. On entend le nom du ministre de l’Intérieur dans de nombreuses discussions. « C’est le chef de la police, il est responsable de ce qu’il s’est passé », estime Stéphanie, 23 ans. La jeune femme est très remontée contre Gérald Darmanin qui « ferait presque oublier qu’il est un violeur présumé tant il enchaîne les horreurs ». Avec son ami Arthur, gilet jaune sur le dos, elle l’accuse de vouloir museler la presse avec l’article 24 de la loi de sécurité globale, adoptée ce mardi à l’Assemblée. « On a l’impression que la police, désormais, ce sont des criminels en bande organisée », s’emporte le jeune homme.

Boucliers dressés 

Pas de CRS aux abords de la place ce soir. Des dizaines de camions attendent en revanche dans des boulevards non loin de là, au cas où. « Ils n’interviendront pas, il y a trop de médias », explique-t-on ici ou là. Finalement alors que 20 heures sonnent, des centaines de manifestants quittent la place par le boulevard du Temple. « On part en sauvage ! », s’excite l’un d’eux. Quelques poubelles sont incendiées, dont une nourrie de cartons, ce qui la rend visible du bout de la rue. Mais les forces de l’ordre arrivent rapidement et repoussent les dizaines de manifestants qui entonnent à tue-tête « Tout le monde déteste la police ! »

De retour sur la place de la République, il ne reste plus grand monde. Face à eux, un mur de CRS soutenu par une longue file de cars dont les lumières bleues envahissent la rue du Temple. « Tout ça pour nous ? C’est trop, fallait pas », s’amuse une jeune femme, bière à la main. La scène tourne à l’absurde avec quelques manifestants qui tentent de couper la circulation. Quelques voitures et des scooters réussissent à se faufiler entre les manifestants qui chantent et les CRS en position. Deux joggeuses tentent même de se frayer un chemin. Mais à part quelques bouteilles qui s’écraseront face aux boucliers dressés des policiers, il n’y aura pas d’affrontement jusqu’à ce que la foule éparse, peu à peu, se disperse.

 

Benjamin Delille

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