Pyrénées-Orientales :
cinquante faucheurs
de "tournesol mutant"
devant le tribunal le 15 octobre
Trois hectares de tournesol avaient été détruits en août 2016 sur la route du bocal du Tech.
Le tribunal de grande instance de Perpignan se penchera ce jeudi 15 octobre 2020 sur la destruction, au début du mois d'août 2016, de trois hectares de tournesol rendu tolérant à un herbicide sur la commune d'Elne. Un seul faucheur est inculpé. Mais une cinquantaine d'autres ont souhaité comparaître volontairement. Le collectif anti-OGM et la Confédération paysanne appellent à la mobilisation.
L'opération s'était déroulée de nuit au tout début du mois d'août 2016. Une cinquantaine de faucheurs volontaires auraient pris part à l'action, qui s'est soldée par la destruction de trois hectares de tournesol rendu tolérant à un herbicide plantés dans le secteur du bocal du Tech.
Si la justice n'a formellement inculpé qu'un seul des participants (qui avait selon nos informations oublié son sac et ses papiers sur place), une cinquantaine d'autres personnes ont demandé à comparaître elles aussi. "Par solidarité". Mais pas seulement.
Désobéissance civile
"Nous revendiquons nos actes collectivement, explique Françoise, faucheuse volontaire et membre du collectif anti-OGM. Nous avons agi dans le cadre de la désobéissance civile. Ce champ visait à produire des semences de tournesol rendu tolérant à l'herbicide. Il y en avait assez pour ensemencer la France entière ! Or, on n'a jamais évalué l'impact de cette variété. De plus, l'usage de pesticides peut avoir des conséquences pour les insectes ou l'eau. La loi stipule que toute personne a le devoir de préserver l'environnement. Nous estimons avoir fait notre devoir."
Pour mémoire, dans les années qui ont précédé le fauchage, les détracteurs locaux de la culture de tournesol "muté" ont multiplié les rencontres avec les différents acteurs impliqués (entreprise, pouvoirs publics...). Ils ont également distribué pas moins de 3000 sachets de graines de tournesol bio. Pour contrecarrer la culture d'hybrides, qui nécessite l'absence d'autres variétés de tournesol dans un rayon de 3 km.
Un défaut d'évaluation ?
"Ce ne sont pas les faucheurs volontaires qui devraient être jugés mais l'État pour son inaction illégale et inacceptable", estime de son côté la Confédération paysanne, qui appelle, comme le collectif anti-OGM, à manifester ce 15 octobre, en début d'après-midi, entre la place Rigaud et le tribunal.
Le syndicat agricole semble faire ici allusion à une récente décision du Conseil d’État (février 2020) qui enjoint notamment le gouvernement à "mieux évaluer les risques liés aux variétés rendues tolérantes aux herbicides".
Pour sa défense, l'entreprise à l'origine de la plantation du champ (qui restait injoignable ce vendredi après-midi) assurait dès 2016 que son tournesol tolérant à l'herbicide était "issu de plantes sauvages qui se sont adaptées suite à une mutation naturelle".
De beaux débats en perspective ce 15 octobre au tribunal de Perpignan.
Sollicité, le Groupement interprofessionnel des semences et plants n'a pas donné suite.
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