Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Enraciner
l’avenir
Source : ZAD.nadir.org et médias
Septembre 2018
Et
ailleurs : Hambach (Allemagne) - Val Tolosa (31) - ZAD du Moulin/Anti CGO (67) - LREEM à Aulnay sous bois (93) - Amassada (12) - Europa City (95) - No A 45 (42) - Atenco Mexique
- Lyon-Turin (France-Italie)
ZAD
de NDDL - 44
Carte
de la zone centrale de la Zad.
Infos du 1er au 9 septembre
Mardi
4 septembre
►rencontre à l’Ambazada avec des camarades d’Exarchéia
A
la suite des rencontres internationales de la semaine passée, on
vous attend mardi 4 septembre, à 20h30 à l’Ambazada pour discuter
avec des camarades d’Exarchéia, le quartier anarchiste d’Athènes.
Discussion
avec un réalisateur, Yannis Youloutas, des membres de Perseus 999
(contre média), Notara 261 (squat antifasciste qui fait énormément
d’hébergement solidaire) et de Rouvikonas (un groupe anarchiste
qui a fait de nonmbreuses actions directes contre le pouvoir).
►Retour
mis à jour sur la semaine intergalactique. Des comptes rendus
par nos camarades d’expansive.info,
site d’infos anti-autoritaires de Rennes et des alentours. A lire
absolument !
Un
grand merci à nos camarades d’expansive.info pour les comptes
rendus passionnants des moments de discussion de la
semaine intergalactique. Si vous n’avez pas pu venir on vous
renvoit donc vers la lecture de leur site et on vous donne
rendez-vous au prochain grand rassemblement sur la zad : Terres
communes, le weekend du 29/30 septembre 2018.
Expansive.info ? C’est
un site collaboratif de diffusion d’informations, de témoignages
et d’analyses des luttes sur Rennes et alentours. D’aspiration
révolutionnaire, anti-capitaliste et anti-autoritaire, ce site se
veut aussi être une plateforme d’organisation par et pour les
différents mouvements d’émancipation.
NDA :
des comptes rendus passionnants sur toutes les luttes en cours depuis
les années 70 (Paysans Travailleurs par exemple)
Un
bon rappel de tout ce qui se joue avec les différents combats, de
Gaza au Kurdistan en passant par l’Europe pour atterrir en Guyane
ou au Mexique, J’en recommande la lecture et trouve très
intéressante
cette semaine de « rencontres intergalactiques ».
►Ecoutez
Radio
klaxon
en ligne : sur la page de une du site, cherchez le drapeau pirate
dans la colonne de droite, appuyer sur le bouton PLAY. Le
programme est disponible ici.
Samedi
8 septembre
►Nicolas
Hulot remplacé par Francois de Rugy
(on a quelques jours de retard sur l’annonce), le bien connu vert
écolo de la région qui nous a bien fait rire (jaune) ces
dernières
années. On partage un édito qui analyse sa "vision écologique"
et porte une analyse sur "Le capitalisme vert [qui] construira
des moyens de destructions massives qui accélèreront la crise
écologique en changeant artificiellement le climat ! " :
►Du
nouveau son émergé de la zad dans cette vidéo
Infos du 10 au 16 septembre
Vendredi
14 septembre
►AntiRep
un
témoignage à lire :
Sur
le moment ni moi ni lui ne réfléchissons. Ce sont des attitudes
instinctives qui nous guident : moi après deux coups de
matraque, je m’applique à éviter les autres qu’il continue
d’essayer de me donner. Les coups ne font alors que m’effleurer.
J’entrevois le regard fou du CRS qui me frappe au travers de sa
visière de casque. Je dirais qu’il a une quarantaine d’années à
peine, je pourrais être sa mère. Il lève le bras très haut pour
faire retomber sa matraque avec force, sans précision, mais avec
force. Sans doute évite-t-il mon visage...
►Terres
communes : le programme continue à s’affiner. Il y a
notamment 2 appels spécifiques de groupes de la zad :
Appel de la bibliothèque du Taslu
Infos du 17 au 23 septembre
Lundi
17 septembre
Des membres de l’Acipa lancent une nouvelle association,
« NDDL Poursuivre ensemble »
Environ
150 personnes se sont retrouvées à Notre-Dame-des-Landes pour la
première réunion publique de la nouvelle association « NDDL,
poursuivre ensemble »,
fondée par des anciens de l’Acipa.
Après
la dissolution, dans la douleur, au mois de juillet de l’Acipa, 7
anciens dirigeants ont souhaité relancer l’aventure, en créant
cet été une nouvelle association nommée « NDDL, poursuivre
ensemble ».
Objectif :
aider à pérenniser les projets viables sur la Zad de
Notre-Dame-des-Landes, ceux notamment qui ont déposé en préfecture
des convention d’occupation précaires. Mais également, soutenir
les autres luttes contre les grands projets inutiles et imposés
comme le Grand contournement ouest de près de Strasbourg. Enfin, la
nouvelle association se donne pour but de préserver sur le long
terme la biodiversité sur l’ensemble de la zone humide, et de
lutter contre l’extension des exploitations agricoles existantes.
De
l’Acipa, les membres fondateurs n’ont pu récupérer ni le
fichier d’adhérents, ni le site, ni la lettre d’information.
Jeudi
20 septembre
Toutes
nos excuses pour ce petit passage à vide. On ne vous oublie pas et
on va essayer de rattraper notre retard !
Vendredi
21 septembre
►Zadibao n°3 - 16 septembre 2018
Après
une pause estivale, les « battements du bocage »
résonnent à nouveau. Ils se font l’écho de ceux, fracassants,
que l’on entendra durant la mobilisation des 29 et 30 septembre
prochains. Nous comptons vous retrouver alors à la zad, hors ligne
et prêts à défendre les terres communes.
Sommaire
de ce numéro :
1.
Édito : Terres communes, toutes et tous à la zad les 29 et 30
septembre !
2.
À coups de béliers : entretien avec une éleveuse de brebis de
la zad
3.
Ambazada : retour sur le chantier estival et la semaine
intergalactique
4.
Investir les lieux, réinventer les liens : plusieurs mois
d’occupations avec les exilé.e.s à Nantes, épisode 1
5.
Chantier d’automne à l’auberge des Q de plomb : interview
avec P’tit Claude
6.
Brèves et histoires courtes : Figuration zadiste / Naissance
annoncée d’une zad en Aveyron / Premier recycleur (de veste) de
France / Sortir de sa bulle / Après la dissolution de l’ACIPA,
« poursuivre ensemble » / Briser ELAN / Hambach à mine
►La ZAD vit et vivra, poursuivons notre soutien les 29 et 30 septembre à NDDL Le programme s’affine toujours un peu plus, vous pouvez y [jeter un coup d’oeil ici !->6048
La
mobilisation du 29/30 est dans une semaine, c’est génial si il ya
des coups de main pour la diffusion des tracts et affiches dans la
région sur les marchés, dans les bars, dans les rues et autres
évènements.
il
y a de nouveau des affiches et tracts disponibles à Bellevue et à
la Rolandière.
Pour
adopter les chats, contactez le 0753432728 ou passez aux Vraies
Rouges.
►Hambach :
Nous
nous excusons pour ce délai mais tenons à envoyer toutes nos
pensées aux camarades d’Hambach, en pleine expulsion pendant
laquelle une personne est morte.
Un
ami qui nous a accompagné dans la forêt depuis longtemps en tant
que journaliste, est tombé aujourd’hui à Beechtown d’un pont
suspendu de plus de 20 mètres de haut et est décédé. En ce
moment-là, la police et RWE ont tenté d’expulser le village de
cabanes dans les arbres. L’SEK était en train d’arrêter un
activiste près du pont suspendu. Notre ami y était apparemment en
route quand il est tombé.
Nous
sommes profondément bouleversé*s. Toutes nos pensées et tous nos
désirs sont avec lui. Notre compassion va à tous les parent*s,
ami*s et personnes qui se sentent concerné*s.
Nous
exhortons la police et RWE à quitter la forêt tout de suite et à
mettre fin à cette opération dangereuse. Aucune autre vie ne peut
être mise en danger.
Ce
qu’il faut maintenant, c’est un moment de repos.
Même
si cela est difficile pour vous en ce moment, tout comme il est
difficile pour nous de donner une telle indication factuelle :
Nous recommandons, afin de protéger tous les activistes, de ne faire
aucune déclaration et surtout de ne faire aucun témoignage devant
la police. L’accident doit et va être assumé et réévalué, mais
la police n’est pas l’endroit pour le faire. Leur intérêt est
de blâmer les activistes.
Pas
de justice, pas de paix !
►Gentrification : bouh !!! encore un projet d’aménagement pour Nantes Necropole, qui s’apprête à détruire toute une zone boisée pour faire des logements "en pleine nature"
Nantes champs de manœuvre
Infos du 24 au 30 septembre
Mercredi
26 septembre
►Défendre-Habiter
Le collectif Défendre-Habiter publie une vidéo : Faire des cabanes dans un monde abimé
Les
fameuses cabanes de la zad Notre-Dame-des-Landes sont un symbole fort
de la lutte victorieuse contre le projet d’aéroport. Au printemps
2018, le gouvernement a fait le choix de l’autoritarisme pour en
détruire une partie avec l’aide de 2 500 gendarmes mobiles usant
de drones, de milliers de grenades, de tanks, de flash-ball... Cette
opération sous le feu des projecteurs, montre bien l’incapacité
des dirigeants à envisager la question écologique par le prisme des
solidarités et de la sobriété. Pourtant, il n’a jamais été
aussi urgent de changer de modes de vie, de production ou de
construction. La planète montre des signes inquiétant de faiblesses
et face à la nécessité d’accueil, l’Europe se replie.
Cet
automne 2018, l’État va trancher sur l’avenir des terres. Son
étau administratif et normatif, la précarité des conventions
d’occupation précaire (COP) signées par une partie des
occupant.e.s, et l’ombre de nouvelles démolitions et expulsions
font planer toujours autant de risques sur la zad.
Les
haies, les mares, les noues, le bocage, la vie, les constructions...
rien n’est protégé à l’heure actuelle, ni par un Plan Local
d’Urbanisme, ni par d’autres mesures. Des formes d’agricultures
intensives sont aux aguets pour récupérer ces terres.
Habiter
une cabane, habiter les zads, c’est faire de la politique avec son
corps. L’habitat léger et réversible vient répondre à la
question de notre impact sur l’environnement face à un habitat
lourd, artificialisant les sols, contraignant la nature et très
énergivore.
Alors,
ce que nous avons appelé à défendre en avril 2018 par la tribune
"Comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, défendons d’autres
manières d’habiter" est toujours d’actualité. Partout des
zads, pour défendre des territoires et d’autres désirs du futur,
sont à ouvrir.
Ce film est un hommage aux cabanes, auxquelles très nombreu.se.s nous sommes attachés. Et nous vous invitons à rejoindre le bocage le 29 et 30 septembre, pour Terres Communes.
Faire
des Cabanes © Jonas Marpot
Un
film de Jonas Marpot avec le comité de soutien Défendre Habiter la
ZAD
Lecture du texte "Nos cabanes" de Marielle Macé, par
July Collignon.
Retrouvez le texte dans son intégralité ici :
aoc.media/fiction/2018/04/01/nos-cabanes. Extraits sonores avec
Geneviève Pruvost, Edwy Plenel, Jade Lindgaard. Musique de Piano
Chat -
Le
comité de soutien Défendre Habiter
►ZAD : Cette semaine l’actualité sur la zad c’est la préparation de la mobilisation TERRES COMMUNES Il reste encore quelques jours pour diffuser des tracts et affiches ou en mettre dans les lieux publics et commerces autour de chez vous. Il y a des réserves disponibles à la Rolandière au point info. Merci de toute contribution à ce niveau et pour la réussite de cette mobilisation. A partir de jeudi 9h à Bellevue auront lieu 2 jours de montage et préparation pour la mobilisation terres communes du 29/30. Des repas seront préparés et servis sur place midi et soir. Nous cherchons aussi des coups de main pour s’inscrire pendant les 29 et 30 sur des créneaux d’une heure ou deux de parkings / bar / accueil / poubelles et toilettes sèches ou pour le démontage et nettoyage du lundi. Un acceuil pour s’inscrire sur les plannings sera présent à la ferme de Bellevue à partir du samedi matin.
Jeudi
27 septembre
Vendredi
28 septembre
Sarah Vanuxem :
« La propriété collective est reconnue par le droit »
Cinq
mois après l’évacuation partielle de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes, ses habitant·e·s appellent leurs soutiens à
revenir sur la zone les 29 et 30 septembre afin de défendre l’usage
collectif des terres. Pour la chercheuse Sarah Vanuxem, la propriété
de la terre peut se fonder en droit sur la faculté d’habiter.
En
avril dernier, l’État évacuait partiellement la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes et détruisait la plupart de ses cabanes. Cinq
mois après, que reste-t-il de la zone à défendre, des projets et
des rêves de ses habitant·e·s ? Un territoire meurtri et en
reconstruction. Des projets d’activités agricoles, sociales ou
culturelles déposés auprès de la préfecture ont fait l’objet de
conventions d’occupation précaire (COP), autorisant les personnes
impliquées à rester sur place. Mais seulement jusqu’à la fin de
l'année. Le 12 octobre, une réunion entre services de l’État et
délégué·e·s du mouvement d’occupation doit ouvrir une nouvelle
séquence de négociation pour décider de l’avenir de la zone.
C’est dans ce contexte que ses
habitant·e·s appellent leurs soutiens à revenir sur les
1 600 hectares de bocage arrachés au bétonnage pour
les défendre : non plus contre l’aéroport, abandonné en
janvier par Édouard Philippe, mais contre la reprise des terres par
l’agriculture industrielle et la normalisation des pratiques de
travail, comme des formes de vie.
Le
collectif Défendre-Habiter a tourné un court film pour expliquer
les enjeux de cette nouvelle phase de la lutte de la ZAD, et faire
comprendre pourquoi « faire des cabanes dans un monde
abîmé ».
Pour
la puissance publique, des habitant·e·s de la ZAD pourraient y
rester à condition de rentrer dans les cadres de la gestion
habituelle des terres agricoles : au nom d’une activité
professionnelle reconnue en tant que telle, pour des projets
individuels tenus par des objectifs de rentabilité à court terme.
Mais les zadistes défendent un accès collectif à la terre et le
développement de l’usage commun des champs, des forêts et des
sentiers dont elles et ils prennent soin depuis dix ans. Le monde des
chambres d’agriculture et de la FNSEA rejette cette vision au nom
du respect de la propriété individuelle et veut que le même cadre
normatif s’impose à tou·te·s.
Pourtant,
le code civil reconnaît la propriété collective et les droits
d’usage des terres, explique la chercheuse Sarah Vanuxem. Dans un
livre à contre-courant de l’interprétation dominante du droit,
mais nourri d’histoire et d’une connaissance érudite des
théories juridiques, elle démontre que ce qu’on appelle
aujourd’hui « les communs » existe dans les
textes fondateurs du droit français. À partir de cette généalogie,
elle développe l'idée d'une définition de la propriété comme
« faculté d’habiter » des lieux : « Si
la propriété est la capacité à habiter les choses, c’est qu’on
n’a pas la propriété des choses en elles-mêmes. Je n’ai pas la
propriété de la terre mais la capacité d’en user. Or cet usage,
on l’a vu, est réglementé par des lois intérieures, constitué
des lois et des règlements que l’on doit respecter, notamment du
droit de l’environnement. Elles demandent au propriétaire, l’État
dans l’exemple de la ZAD, de prendre soin de l’écosystème. Cela
peut vouloir dire ne pas remettre en cause les habitants, même sans
titres, ni les actions qu’ils ont menées pour prendre soin de la
terre. Autrement dit, ils ont un “droit à l’existence”
même s’ils n’ont pas la “propriété territoriale”. »
Enseignante-chercheuse à l’université de Nice Sophia-Antipolis et
à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Sarah
Vanuxem s’en explique dans cet entretien.
Sarah
Vanuxem : Je propose non pas une vision de la propriété qui
serait différente de celle qui est dans le code civil, mais de
relire les dispositions qui s’y trouvent, et de les interpréter
différemment de la manière habituelle. L’article 544 du code
civil dit que « la propriété est le droit de jouir et
disposer des choses de la manière la plus absolue pourvu qu'on
n'en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les
règlements ». Le terme « absolu » ne
signifie pas nécessairement « exclusif ». Il peut
être interprété comme signifiant « opposable »
à tous. Le droit de propriété n’est pas nécessairement
individuel. Il peut être collectif. D’ailleurs, dans le code
civil, on a pléthore d’exemples de propriétés collectives :
la mitoyenneté des murs, l’indivision, la copropriété des
immeubles bâtis… Il y a toute une série d’exemples de
propriétés exercées à plusieurs.
Par
ailleurs, le terme « absolu » est souvent
interprété dans l’idée que la propriété est un droit
souverain. De domination. Or le code civil ne dit pas cela ; le
texte dit qu’on doit respecter les lois et les règlements. On peut
trouver des traces de l’interprétation que je propose dans les
premiers commentaires du code civil, après sa parution en 1804. Elle
peut être fondée juridiquement, historiquement, politiquement,
socialement. Elle peut être rapprochée aussi de tout le mouvement
autour des communs. Ça ne sort pas de nulle part.
En
quoi cette interprétation du code civil renforce-t-elle la
reconnaissance de droits d’usage de la terre ?
Si
l’on s’en tient à la définition classique de la propriété,
couramment enseignée dans les facultés de droit, la propriété est
un faisceau de prérogatives autour des droits d’user, de jouir et
de disposer. Mais si l’on considère la propriété comme une
« habitation » des choses, on considère que les choses
ne sont jamais, à strictement parler, appropriées. On ne peut
qu’avoir des droits relativement à la terre, mais la terre
elle-même échappe à la propriété. Si la propriété n’est
qu’un droit relativement à la terre et non pas un droit absorbant
la chose elle-même, cela permet de reconsidérer les droits d’usage.
Ils sont de nouveau des droits de propriété au sens entier du
terme. Dans la théorie classique, le droit d’usage est une
prérogative du propriétaire. Si l’on considère que le droit de
propriété est un droit d’habiter les choses, le droit d’usage
est remis sur le devant de la scène. Celui qui a le droit de
récupérer du bois dans une forêt, exerce ce qui peut être compris
comme un droit de propriété.
Parce
qu’on a retenu l’idée qu’à la Révolution française, la
propriété privée devait signifier un droit qui porte sur la chose
et l’ensemble de ses utilités. L’idée qu’une terre et toutes
ses utilités devaient se retrouver entre les mains d’une seule
personne. À la Révolution française, on a cette idée que le code
civil fait disparaître les liens de dépendances interpersonnelles
relativement aux choses, et on les remplace par des liens de
propriétaire, seul et souverain, sur sa chose. C’est le discours
discuté par l’historien Yannick Bosc, selon qui, dans la
Révolution française, il n’y a pas que la révolution bourgeoise,
créant la propriété individuelle et la possibilité d’avoir un
droit absolu souverain sur les choses. C’est aussi une révolution
de paysans qui ont remporté des luttes et, notamment, ont recouvré
la propriété collective des communaux sur des terres, des pâturages
et des forêts qui leur avaient été confisquées par des seigneurs.
Il y a un double mouvement à la Révolution française et l’idée
d’une révolution paysanne est un peu oubliée.
Sur
le terrain du droit, Mikhaïl Xifaras, professeur à Sciences Po, a
étudié les premiers commentateurs du code civil. Il s’est aperçu
que pour eux, il n’y avait pas que la « maîtrise
souveraine ». Il existait aussi ce qu’il nomme
« l’appartenance patrimoniale » et la
« réservation de jouissances ». Cette dernière
notion est fondée sur le concept de « saisine », qui
permet, lorsque l’on occupe une terre depuis un certain temps,
d’obtenir un véritable droit de la propriété. La propriété est
ainsi fondée sur la possession paisible, continue, publique…
Si
l’on prend l’article 542 du code civil, on trouve une autre
définition de la propriété. Les biens communaux sont « ceux
à la propriété ou au produit desquels les habitants d’une ou
plusieurs communes ont un droit acquis ». Donc ce n’est
pas une propriété individuelle. Les biens communaux appartiennent
aux habitants. Donc à une collectivité. La propriété collective
est donc clairement reconnue. Comment se fait-il qu’aujourd’hui
on ne parle plus de cet article ? Notamment, parce qu’il y a
un temps où des auteurs ont dit que cet article ne pouvait pas
vouloir dire ce qu’il dit. On ne peut pas concevoir que la
propriété soit collective, disent-ils. C’est une contradiction
dans les termes. Pour eux, la propriété appartient ou bien à
l’État, ou bien à des personnes de droit privé (une personne
physique, un être humain ou une personne morale, par exemple une
société ou une association). Mais dans tous les cas, elle reste une
propriété individuelle. La propriété est ce qui me permet de
repousser autrui. Ces interprétations doctrinales, de grands
professeurs de droit, ont été relayées dans la jurisprudence. Et
ainsi, on en est venu à considérer que les biens communaux
n’appartenaient pas aux habitants mais à une entité individuelle,
à une collectivité territoriale.
On
pourrait porter des cas de ce type devant les tribunaux et espérer
que les juges retiennent une interprétation littérale de l’article
542 du code civil, en disant que ce sont les habitants de la forêt
communale qui ont les droits d’usage de la forêt, et pas la
collectivité territoriale. Qu’est-ce que l’habitation ? Si
je me reporte au droit qui vaut pour les sections de commune
(hameaux) qui ont la propriété collective de pâturages, de forêts
ou de sentiers, est habitant celui qui est habitant réel et fixe,
c’est-à-dire à l’année. Mais c’est une définition
légaliste, celle du code général des collectivités territoriales.
Si l’on interroge les gens, ils vont dire qu’est habitant celui
dont la cheminée fume. Si l’on accepte l’idée que le droit
puisse aussi être autochtone, indigène, local, tout dépend de la
coutume du lieu. On peut tout à fait imaginer une assemblée
d’habitants qui décide de ce que veut dire « habiter » :
vivre là depuis six mois ou trois mois ? Ou a-t-on tout de
suite le droit de décider de la répartition des revenus forestiers
communaux ? Tout devrait être théoriquement ouvert.
C’est
une proposition de lecture. Le mot « faculté d’habiter »
n’est pas dans le code civil. Mais « faculté de dominer »
non plus ! Quand on enseigne aux étudiants que la propriété
est le droit de repousser les autres, ou de dominer la nature, on
utilise des métaphores qui ne sont pas non plus dans le code civil.
J’essaie de dire : regardez ce que vous faites. Quand vous
pensez la terre, vous la pensez de manière matérielle, comme un
substrat. Et c’est bien pour cela que vous n’arrivez pas à
concevoir la propriété de manière collective. Si vous la pensez
comme une part de gâteau, si l’on est beaucoup à en vouloir, il
n’en restera plus grand-chose. Mais si vous pensez les choses
autrement, comme des demeures, des habitats, des écosystèmes, des
milieux, on va arriver à concevoir la propriété de manière
collective. Si je pense la chose comme un paysage, on peut imaginer
en être propriétaire à plusieurs. Quelque chose à l’intérieur
de quoi l’on entre, et dont on peut jouir à plusieurs.
Les
zadistes de Notre-Dame-des-Landes disent qu’elles et ils ont pris
soin du bocage et ont le droit d’y rester, même si l’État les
considère sans droit ni titre. Est-ce une manière d’exercer une
« propriété
comme faculté d’habiter » ?
Le
lien me paraît évident car avec cette idée de faculté d’habiter,
on quitte la notion de propriété comme pouvoir sur les choses. Ça
se rapproche plutôt de la vision écoféministe du pouvoir comme
situation d’être « en capacité » d’agir. Si
la propriété est la capacité à habiter les choses, c’est qu’on
n’a pas la propriété des choses en elles-mêmes. Je n’ai pas la
propriété de la terre, mais la capacité d’en user. Or cet usage,
on l’a vu, est réglementé par des lois intérieures, constitué
des lois et des règlements que l’on doit respecter, notamment du
droit de l’environnement. Elles demandent au propriétaire, l’État
dans l’exemple de la ZAD, de prendre soin de l’écosystème. Cela
peut vouloir dire ne pas remettre en cause les habitants, même sans
titre, ni les actions qu’ils ont menées pour prendre soin de la
terre. Autrement dit, ils ont un « droit à l’existence »
même s’ils n’ont pas la « propriété territoriale ».
Surtout s’ils ont pris soin de la terre et ont permis à l’État
de respecter les lois et les règlements qui lui incombent. Celui qui
est incontestablement privilégié par rapport à une terre, parce
qu’il en est le dénommé « propriétaire », ne
saurait, dans cette vision, méconnaître entièrement le droit de la
communauté des habitants sans titre.
À
lire : La Propriété de la terre,
Wildproject, 2018, 144 pages, 15 €.
Jade
Lindgaard -
Médiapart
AILLEURS
Infos du 1er au 9 septembre
Jeudi
6 septembre
La Zad de Hambach
investie par la police
pour permettre l’exploitation du charbon
Une
importante opération de police a lieu depuis tôt ce matin mercredi
5 septembre dans la Zad de la forêt de Hambach, en Allemagne.
Cette forêt est occupée depuis 2012 par des militants écologistes
afin d’empêcher sa destruction au profit de l’agrandissement de
la mine de charbon voisine.
Plusieurs
centaines de policiers sont sur place, alors que 200 employés de la
compagnie d’énergie RWE, exploitante de la mine, démolissent les
barricades de la Zad ainsi que « tout objet qui n’appartient
pas à la forêt », selon la police régionale de
Aix-la-Chapelle. Les autorités assurent qu’il n’est pas question
de détruire les cabanes des militants et d’évacuer la ZAD.
La
compagnie RWE se prépare, au 1er octobre, à reprendre
l’abattage des arbres pour exploiter le sous-sol riche en lignite
de la forêt de Hambach. Les opposants au projet demandent au
gouvernement fédéral de mettre en place un moratoire, alors qu’une
commission doit présenter d’ici la fin de l’année un plan
national de sortie du charbon.
Source :
Violette Bonnebas pour Reporterre
- Photo :
Olivier
Krischer
Vendredi
7 septembre
Le projet de centre commercial Val Tolosa
sérieusement compromis
Deux
décisions de justice connues ce vendredi 7 septembre mettent de
sérieux bâtons dans les roues au projet de centre commercial Val
Tolosa, qui prévoit 60.000 m² de surface commerciale et 120
boutiques sur la commune de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), à
côté de Toulouse.
En
effet, le le Tribunal Administratif de Toulouse a annulé deux
arrêtés préfectoraux : le premier concernant le projet du
centre commercial, le second concernant le projet de route d’accès.
« Le
Collectif se réjouit de ces décisions qui confirment toutes celles
déjà prononcées dans le même sens par la cour d’appel de
Bordeaux et le Conseil d’État », se réjouissent dans un
communiqué de presse les opposants au projet. « Ces
derniers jugements devraient inciter les promoteurs du projet à
l’enterrer définitivement sans se perdre inutilement dans un
acharnement procédural (appel, cassation) et sans exercer de
pression politique au plus haut niveau. »
Deux
permis de construire attribués à ce centre commercial ont déjà
été précédemment annulés.
Samedi
8 septembre
À Hambach,
la police poursuit l’évacuation de la forêt
L’opération
de police engagée
le 5 septembre s’est poursuivie les jours suivants pour
évacuer les activistes qui occupent depuis plusieurs années la
forêt de Hambach, en Allemagne. Le but : permettre la
destruction de la forêt pour étendre une mine géante de charbon.
Vendredi 7 septembre, les employés de la compagnie RWE
démolissaient les cabanes installées dans les arbres sous la
surveillance de la police.
Lundi
10 septembre... Tous les signaux indiquent une opération massive
contre les arbres sur l’ensemble du tracé du GCO pour lundi 10
septembre au matin.
Nous
avons besoin d’un maximum de monde sur l’ensemble du tracé, pour
exprimer notre désaccord avec des coupes alors que des référés
juridiques sont en cours sur le projet. La ZAD Du Moulin vous
accueillera dès 5h du matin avec du café, pour organiser la
vigilance sur le réseau.
Venez
nombreux !
Infos du 10 au 16 septembre
Lundi
10 septembre
►Zad du Moulin
URGENCE EXPULSIONS Samedi avait lieu dans de nombreuses villes des marches pour le climat, à Strasbourg plus de 5000 personnes s’étaient réunis pour dénoncer le projet du GCO. Le gouvernement continue de démontrer sa capacité à prendre en compte l’avis de la rue... ce matin, 515 gendarmes mobiles (selon les précisions préfectorales) sont allés évacués la ZAD du Moulin, ils ont commencés à détruire des cabanes et tronconner des arbres. Cette opération a pour but de permettre le lancement du chantier de contournement autoroutier au profit d’une filiale de Vinci. Solidarité aux personnes en résistance sur place et partout ailleurs.
Pour suivre le flash-info de la zad du moulin c’est par là.
GCO :
évacuation de la zad de Kolbsheim
sur Taranis.news :
Les gendarmes évacuent violemment la Zad du Moulin, près de Strasbourg
Tôt
ce lundi matin, près de 500 gendarmes ont attaqué au gaz
lacrymogène la Zad du Moulin. Citoyens, élus, zadistes étaient là,
pour témoigner du refus du projet d’autoroute de la firme Vinci.
Reporterre était présent et raconte.
Kolbsheim
(Bas-Rhin), reportage
Le
tocsin a sonné à 5 heures du matin dans le village de Kolbsheim
(Bas-Rhin). Zadistes et habitants des villages environnants se sont
levés pour rejoindre les barricades. À la lisière de la forêt,
les opposants au projet de grand contournement ouest (GCO) — une
autoroute que veut construire la société Vinci — ont alors fait
face à une centaine de gendarmes mobiles. Les forces de l’ordre
chargent après deux sommations sommaires. Ils éteignent un tas de
pneus enflammés et tirent les premières grenades lacrymogènes. Une
villageoise apeurée fuit en criant : « On ne veut pas
de violence, on est pacifiste. »
Les
forces de l’ordre progressent rapidement le long de la
départementale 93. Au milieu de la forêt, à quelques mètres de
l’entrée de la Zad, un militant d’Europe Écologie Les Verts
s’avance vers les gendarmes. Il est bientôt suivi du maire de
Kolbsheim, Dany Karcher, et de l’édile écologiste de
Schiltigheim, Danielle Dambach. Face au secrétaire général de la
préfecture du Bas-Rhin, Yves Séguy, ils demandent que soit mis fin
à l’intervention et argumentent. Mais Yves Séguy n’accorde
aucune importance aux deux recours actuels de l’association Alsace
Nature. L’un d’eux porte sur l’aménagement du viaduc de
Kolbsheim.
Les
esprits s’échauffent. De nouvelles sommations sont prononcées.
Puis une nouvelle charge. Dans un nuage de lacrymogène, plusieurs
personnes tombent, dont la maire de Schiltigheim. Interrogée peu
après, elle évoque le travail de la députée bas-rhinoise, Martine
Wonner (LREM) : « Elle
pèse de tout son poids pour que le nouveau ministre de l’Écologie
accorde un moratoire sur ce projet. »
Pendant
ce temps, les forces de l’ordre ont investi la Zad du Moulin. La
préfecture de police évoque 515 personnes mobilisées. La
résistance pacifique des opposants au GCO prend fin. Une jeune
femme, volontairement attachée à un arbre, voit ses chaînes sciées
par les gendarmes. Ceux-ci empêchent les journalistes de prendre des
photos malgré la présentation d’une carte de presse.
Sur
la route départementale, les gendarmes continuent de repousser les
citoyens hors de la forêt. Parmi eux, une habitante de Kolbsheim, 89
ans, avance péniblement à l’aide de son déambulateur. Derrière
elle, des gendarmes la poussent avec des boucliers à rejoindre le
village.
Élisabeth,
61 ans, est terrifiée par la violence de l’intervention. Les
larmes aux yeux, canne à la main, elle regarde la forêt de
Kolbsheim : « Cette forêt, je m’y baladais quand
j’étais jeune… » Une soixantaine de personnes se
rassemblent devant la mairie. À 7 h 30, les cloches sonnaient
toujours l’alerte.
UN PROJET IMPOSÉ
MALGRÉ DE NOMBREUX AVIS
NÉGATIFS OFFICIELS
Les
prémisses du grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg remontent
aux années 1970. Ce projet d’autoroute payante de 24 kilomètres a
été déclaré d’utilité publique en janvier 2008 pour 10 ans. La
rocade a pour but de faciliter le transport en camion du nord au sud
de l’Europe, ce qui permettrait de délester l’autoroute gratuite
de l’A35, qui coupe Strasbourg en deux. Le projet avait été
annulé par le gouvernement Ayrault-Hollande juste après sa prise de
fonction en 2012, avant d’être relancé fin 2013, sous la pression
des pouvoirs économiques locaux, de la droite locale. Le maire de
Strasbourg Roland Ries (PS), jusqu’alors opposé, avait alors
retourné sa veste, devenant favorable, malgré ses engagements
électoraux.
Le
contrat de concession de 54 ans signé début 2016 avec Arcos,
filiale de Vinci, prévoit un allongement automatique de l’utilité
publique du projet. Mais l’opposition n’a pas cessé. Dans la
campagne alsacienne, une opposition continue se fait entendre par des
marches, manifestations, construction de cabanes et festivals. Pour
les opposants, le GCO ne règle pas les problèmes d’engorgement
qui se manifestent vers Strasbourg le matin et pour en repartir le
soir (150.000 véhicules/jour contre 165.000 sur la partie la plus
chargée en 2016).
En
juillet 2017, quelques occupants se sont installés dans la forêt de
Kolbsheim, un point névralgique au milieu du tracé, entre deux
villages et un château inscrit aux monuments historiques.
Malgré
les avis négatifs officiels relatifs aux compensations
environnementales d’instances étatiques (Conseil national de
protection de la nature, agence de la biodiversité, autorité
environnementale) et l’avis défavorable des deux enquêtes
publiques qui en résultent à l’été 2018, le préfet a validé
le projet fin août, en signant les arrêtés autorisant les travaux.
Mardi
11 septembre
La députée écologiste Karima Delli
gazée par les gendarmes sur le GCO
L’édile
de Schiltigheim, Danielle Dambach, face au secrétaire général de
la préfecture du Bas-Rhin, Yves Séguy (casqué).
À
côté du moulin, les forces de l’ordre ont déjà pris place au
cœur de la Zad. Les 515 gendarmes mobilisés ont été déployés en
plusieurs points. Les opposants ont été dépassés par l’ampleur
du dispositif mis en place. Deux heures durant, les zadistes et une
majorité de riverains ont lutté en reculant, poussés par les
boucliers des gendarmes et troublés par le gaz lacrymogène, utilisé
en spray et par des jets de grenade.
« Je n’ai plus envie de servir cet État qui écoute davantage Vinci que les citoyens »
Vers
7 h du matin, la forêt a été vidée des 200 personnes
mobilisées contre l’évacuation. À la sortie de Kolbsheim, les
visages étaient marqués par la colère et la stupeur. Élisabeth,
61 ans, se tenait sur sa canne. Elle avait les larmes aux yeux et les
lèvres tremblantes lorsqu’elle a résumé son sentiment :
Je ne m’attendais pas à tant de violence alors que nous étions tout à fait pacifiques. Alors, bien sûr, maintenant je pleure en regardant cette forêt où on se baladait quand on était jeunes. »
Dans
le village, les militants essorés se sont assis sur le trottoir. Le
maire de Kolbsheim a tenu à dénoncer encore une fois une
intervention « inadmissible ». Annie Kessouri,
deuxième adjointe, a abondé dans ce sens : « Ce
matin, j’ai enlevé mon écharpe tricolore à un moment donné. Je
n’avais plus envie de servir cet État où l’on écoute davantage
Vinci que nos citoyens… » La rancœur régnait parmi les
villageois. « Avec ce qui vient de se passer, difficile
d’avoir de l’espoir face au changement climatique », a
sifflé Valentine, habitante d’Ernolsheim-Bruche.
- Lundi 10 septembre 2018, au matin. La Zad du Moulin est évacuée.
Sans
Zad, dans cette matinée du 10 septembre, les militants
écologistes ont perdu un moyen d’empêcher les travaux de
commencer. Mais les opposants au GCO ont aussi vu un symbole de la
lutte disparaître. Au milieu des poules, à côté des cabanes
encore intactes, il n’y a plus que des gendarmes. Vêtus de gilets
orange, des géomètres s’affairaient déjà dans le pré. Un
camion de déménagement est arrivé. Un huissier de justice a
organisé la saisie des objets présents dans les caravanes et autres
baraquements. Vers 9 h du matin, un dernier zadiste était
évacué d’une cabane construite dans la cime d’un arbre. Face
aux caméras, il a crié sa rage contre ce projet « fou
et inutile ».
Mercredi
12 septembre
GCO : les gendarmes ont gazé la députée LREM Mme Wonner et le député vert M. Bové
Mercredi
matin, les gendarmes ont aspergé de gaz lacrymogène la députée
(LREM) Martine Wonner et le député européen José Bové. Ils
s’opposaient au projet autoroutier GCO, pour lequel les recours
juridiques n’ont pas été purgés. Dans un entretien avec
Reporterre, Mme Wonner raconte ce qu’il s’est passé et
interpelle le gouvernement.
Le
gouvernement persiste et signe : après que des gendarmes ont
gazé lundi soir la députée européenne (Verte), et présidente de
la commission des Transports au Parlement européen, Karima
Delli, ils ont aspergé de gaz lacrymogène, mercredi matin, la
députée du Bas-Rhin (LREM), Martine Wonner, ainsi que le député
européen (Vert), José Bové, le maire de Kolbsheim, Dany Karcher,
et une dame de 89 ans dans un fauteuil roulant. Les élus venaient
voir les machines de déboisement installées à Kolbsheim, pour
couper la forêt et permettre le chantier autoroutier du grand
contournement ouest de Strasbourg. Selon les élus, ce déboisement
n’est pas légal, puisque le tribunal doit l’étudier vendredi
14 septembre.
Reporterre
a recueilli, au téléphone, le témoignage de Mme Wonner :
Martine Wonner — Ce matin, mercredi, nous étions à Kolbsheim, moi-même, M. José Bové, M. le maire de Kolbsheim, ainsi que quelques villageois et quelques zadistes. Nou s nous sommes engagés dans les rues de Kolbsheim. Nous voulions nous approcher du bas du village, où sont les engins. Les engins sont sur le territoire de la commune depuis hier soir, mais monsieur le maire n’a pas eu l’autorisation d’aller constater lui-même que les machines étaient là. Elles sont arrivées hier en fin d’après-midi, escortées par des CRS et venant de Vendenheim, où elles ont déboisé et coupé les arbres. Elles ont été cachées dans la forêt. Monsieur le maire, qui a la responsabilité sur sa commune, a voulu aller voir et constater, il n’a pas eu le droit. C’était hier soir.
Ce matin, nous nous sommes approchés par une rue du village de la zone — il y a un périmètre de sécurité. Nous avons été confrontés à un barrage de gendarmes. M. José Bové était devant, j’étais à peine derrière, portant mon écharpe tricolore, il n’y a eu absolument aucune menace ou violence de notre part, et on a été gazés.
José Bové commençait à discuter avec les gendarmes, en disant qu’on aimerait bien passer pour aller voir, les gendarmes ont dit, « ce n’est pas possible », et là ils ont commencé à gazer. Sans plus de discussion. Ils ont sorti leurs bonbonnes et nous ont aspergé. La suite est assez difficilement racontable, parce que vous ne voyez plus rien, vous toussez. Il y avait Germaine, une dame de 89 ans, qui était assise sur son fauteuil roulant, et elle a de nouveau pris des jets.
Comment est-ce possible dans un État de droit ? Je suis députée de La République en marche, je questionne mon gouvernement, je n’ai plus confiance dans mon préfet. Je l’avais rencontré samedi après midi avec Alsace nature, à la suite de la manifestation sur le climat à Strasbourg, où nous étions 5.000. J’ai demandé un moratoire de quelques jours, puisque le vendredi 14, le tribunal administratif de Strasbourg est susceptible de prendre deux référés suspensifs. Le préfet s’est engagé à faire remonter la demande au plus haut niveau. J’ai interrogé monsieur le ministre Gérard Collomb et François de Rugy, et je n’ai pas eu d’éclairage sur cette note, qui leur serait parvenue. Je ne suis plus en confiance avec mon préfet.
Gérard Collomb, que j’ai eu au téléphone, m’a dit qu’il lui avait été dit que tous les recours étaient purgés. Il aurait été mal informé.
Les gendarmes encadrent une opération pour laquelle tous les recours qui ont été déposés — il y en a huit, dont trois sous forme de référés suspension — n’ont pas été purgés.
Reporterre - Vous êtes représentante du peuple, ainsi que M. Bové et Mme Delli. Que pensez d’un gouvernement qui laisse violenter des représentants du peuple ?
Martine Wonner —J’ai eu tout à l’heure le cabinet de Gérard Collomb au téléphone, je leur ai dit à quel point j’étais surprise de tels agissements, parce que, pour moi, les forces de l’ordre étaient plutôt là pour protéger les élus de la Nation. J’espère avoir un retour d’information quant aux suites qui vont être données à cet incident.
Propos
recueillis par Hervé Kempf
De
son côté, la députée européenne écologiste Karima Delli, elle
aussi gazée par les gendarmes lundi 10 septembre soir, va mieux
physiquement mais est encore sous le choc. Elle n’a pas pu encore
reprendre le rythme normal de son travail de députée. Elle avait
fait un malaise après avoir reçu en plein visage et à bout portant
du gaz au poivre de la part d’un gendarme. Elle était clairement
identifiable en tant qu’élue, en première ligne d’une
manifestation de personnes pacifiques. Elle compte porter plainte.
Tout comme Mme Wonner, elle ne se rendra pas au rendez-vous avec
les ministres François de Rugy et Élisabeth Borne, qui était prévu
demain jeudi. « Les violences policières sur les Zad comme
dans nos banlieues sont une dérive inquiétante pour notre
démocratie », a-t-elle indiquée dans un message
sur son compte Twitter
Hervé
Kempf et Marie Astier
-
Reporterre
Vendredi
14 septembre
►Hambach :
Qu’elle
soit pacifique ou militante, c’est la résistance qui compte !
Appel à renforts en français et en anglais à faire tourner largement !
Il va y avoir un campement de partage de savoir entre le 22 septembre et le 3 octobre. Environ cette date il y aura la réoccupation de la forêt
Il y aura une action de masse appelée Ende Gelände, entre le 25 – 29 octobre. (plus d’info sur : https://www.ende-gelaende.org)
D’autres
actions de masse sont prévues, qui n’ont pas une date fixe, mais
qui seron annoncé, au jour X, quand ils commencent à couper des
arbres.
Arrêtez
les expulsions ! Défendez les arbres ! Laissez le lignite
dans le trou !
Article
en ligne de REPORTERRE :
Le
matin du jeudi 13 septembre, les autorités allemandes ont lancé
l’assaut contre la Zad de Hambach, dans l’ouest du pays. Depuis
six ans, des écologistes y luttent pour préserver ce qu’il reste
d’une forêt millénaire, déjà mangée à 90 % par une mine
de lignite géante dont l’appétit semble insatiable.
Pour permettre l’extension
d’une mine de charbon,
la police allemande évacue la Zad de Hambach
Le
matin du jeudi 13 septembre, les autorités allemandes ont lancé
l’assaut contre la Zad de Hambach, dans l’ouest du pays. Depuis
six ans, des écologistes y luttent pour préserver ce qu’il reste
d’une forêt millénaire, déjà mangée à 90 % par une mine
de lignite géante dont l’appétit semble insatiable.
- Berlin (Allemagne), correspondance
Ils
sont arrivés peu après huit heures du matin, jeudi 13 septembre.
3.500 policiers, casqués et cagoulés, suivis par des canons à eau,
des hélicoptères, des chevaux et des grues. Les autorités
allemandes n’ont pas hésité à déployer les grands moyens pour
l’évacuation de quelque… 150 militants anti-charbon dans la
forêt de Hambach, dans l’ouest de l’Allemagne.
Depuis
six ans, ces écologistes occupent la cime des arbres. Plus de
cinquante cabanes y sont construites. Des promenades sensibilisent
les habitants à la protection d’une forêt millénaire, coincée
entre Cologne et Aix-la-Chapelle, engloutie peu à peu par les
pelleteuses. En moins de quarante ans, 90 % de son territoire a
déjà disparu pour laisser place aux excavatrices de la
compagnie électrique RWE, propriétaire de la mine de charbon
voisine.
L’Allemagne
a promis de cesser l’exploitation du charbon, mais qu’importe :
à partir du 1er octobre, RWE veut raser 100 hectares
supplémentaires pour accéder au sous-sol, riche en lignite. Après
une longue bataille devant les tribunaux, la justice allemande a
donné raison au premier énergéticien du pays. RWE compte bien
faire valoir son droit, et les autorités politiques ont clairement
choisi leur camp.
Après
avoir longtemps toléré l’occupation de la forêt, le gouvernement
régional de Rhénanie-du-Nord–Westphalie a soudainement dénoncé
une « occupation illégale » et ordonné
l’évacuation des lieux en raison d’un « risque
d’incendie élevé ». « Avec l’évacuation,
RWE franchit clairement une ligne rouge contre le climat,
explique Karolina Drzewo, de l’ONG anti-charbon Ende Gelände.
C’est un scandale que le gouvernement régional protège ici les
profits des entreprises et non le climat. »
Pour des raisons politiques,
le gouvernement tend une oreille attentive
au lobby du charbon
Sur
place, les militants ont opté pour « la résistance non
violente » face à la démonstration de force. Accrochés
aux arbres, parfois à 25 mètres de hauteur, ils n’ont pas
l’intention de faciliter la tâche des forces de l’ordre. Jeudi
soir, seule une poignée d’entre eux avait été délogée, une
cabane détruite. L’opération représente un « gros
défi » et « pourrait durer plusieurs semaines »,
a admis le porte-parole de la police régionale. Le collectif Aktion
Unterholz a annoncé une « mobilisation massive dès ce
week-end pour empêcher l’évacuation et l’abattage des arbres ».
Une manifestation organisée dans la localité voisine de Buir a déjà
rassemblé jeudi soir plusieurs centaines de personnes.
Lors d’une manifestation le 29 avril 2018 contre la mine de lignite de RWE voisine de la forêt de Hambach.
La
forêt de Hambach est devenue le symbole d’une Allemagne empêtrée
dans sa transition énergétique. Pionnier de la fin du nucléaire,
le pays freine aujourd’hui le développement des énergies
renouvelables et tergiverse sur l’avenir du charbon. « La
transition énergétique est volontairement ralentie pour garder le
plus longtemps possible le charbon dans le mix électrique,
analyse Claudia Kemfert. C’est une décision purement
politique : entre les emplois dans l’éolien et les emplois
dans le charbon, le gouvernement a choisi le charbon. »
Avec
39 % de la production d’électricité, la houille et le
lignite représentent encore la première source d’énergie en
Allemagne. Pour tenir ses objectifs climatiques, le pays sait qu’il
n’a pas d’autre choix que d’en finir avec une exploitation
ultra-polluante. Mais pour des raisons politiques, le gouvernement
tend une oreille attentive au lobby du charbon : une drôle
d’alliance constituée d’industriels, de syndicats ouvriers et de
communes dépendantes des revenus des mines et des centrales à
charbon, qui tentent de repousser sa fin le plus longtemps possible.
D’ici la COP24, en décembre prochain, une commission mise sur pied
par le gouvernement doit préciser les modalités, le financement et
le calendrier de sortie du charbon ainsi qu’un plan de reconversion
des régions concernées.
En
attendant, les zadistes réclament un moratoire sur l’abattage de
la forêt de Hambach. « Le gouvernement fédéral doit faire
stopper cette évacuation et l’abattage des arbres tant que la
commission n’a pas fini son travail », demande Gesche
Jürgens, porte-parole de Greenpeace. Mais à Berlin, la coalition
des conservateurs et des sociaux-démocrates semble pour l’instant
rétive aux arguments écologistes. Interpellé jeudi au Parlement,
le ministre fédéral de l’Économie et de l’Énergie, Peter
Altmaier, soutenait « une décision entrepreneuriale
confirmée par les tribunaux, confirmée par un Parlement, confirmée
par des décisions démocratiques ».
Le tribunal administratif de Strasbourg
suspend les travaux du GCO
En
attendant les prochaines audiences, les opposants au GCO appellent à
se rassembler à Kolbsheim samedi 15 septembre à 14h. Michael
Kugler, l’un des meneurs de la lutte contre le projet autoroutier,
évoque la venue de militants écologistes de Paris et de Lorraine.
Intitulée de la manifestation : "Aux arbres citoyens !"
Les
travaux avaient commencé avant la conclusion des requêtes en
référés. Un point dénoncé par le syndicat des avocats de France
dans un communiqué
du 13 septembre :
« Comment admettre que les gendarmes mobiles en place actuellement sur la zone facilitent un déboisement irréversible potentiellement illégal, et repoussent violemment les opposants, alors que les recours ne sont pas purgés ? »
►camarades de lutte
Voix des Quartiers : Hadama Traore et La Révolution est en marche : entretien vidéo sur Médiapart.
Avec notamment un passage sur la ZAD, l’horizontalité, les valeurs et quelques mesures concrètes.
José Bové :
« Le GCO,
c’est comme Notre-Dame-des-Landes :
un projet dépassé vieux de 40 ans »
La lutte se poursuit contre le GCO — projet autoroutier près de
Strasbourg — où des élus et des citoyens ont été gazés par les
gendarmes. Impliqué depuis le début, José Bové, député
européen, a lui aussi été victime des violences des forces de
l’ordre. Il juge que le projet autoroutier est contraire à ce
qu’il faut faire pour le climat. Entretien.
José Bové — Il n’y avait aucune nécessité pour les autorités d’intervenir cette semaine : c’est une décision du préfet, du département et de la région de commencer le déboisement et de le mener à son terme avant la fin de la semaine, alors que dès dimanche, contact était pris pour qu’une rencontre ait lieu et qu’un rendez-vous formel avait été fixé. Et en même temps, on a assisté à un déploiement de forces, à l’évacuation de la Zad, et au déclenchement de la déforestation. Tout ceci a été cautionné par l’Agglomération de Strasbourg, avec un ministère de l’Écologie totalement absent voire d’accord, puisque Mme Borne, la ministre des Transports, avant même que M. de Rugy ne prenne la parole, disait que ce contournement se ferait, qu’il était nécessaire.
Le Parlement européen a voté récemment l’obligation d’une taxe sur les transports routiers, sur les kilomètres parcourus, et l’argent qui sera récolté sera fléché vers d’autres modes de transport, pour changer la logique, notamment avec la prise en compte du réchauffement climatique. Tout cela a été acté au Parlement européen. Maintenant, c’’est aux États de le décider pour que cela s’applique.
Quelle conséquence cela aurait-il sur le projet GCO ?
Ce projet tomberait parce qu’il n’aurait plus de nécessité. Aujourd’hui, on est dans des coûts de transport moindres en France que du côté allemand, ce qui entraîne les transferts de trafic de notre côté. Avec la taxe, le transfert va se reporter de l’autre côté de la frontière.
Aujourd’hui, le projet du GCO revient à ajouter une autoroute à une autoroute existante : quand on a un problème de circulation, plutôt que de se demander comment le réduire, on se demande comment l’absorber, donc on double. Mais comme en même temps ça ne règle rien pour l’entrée à Strasbourg, on veut augmenter les voies, ce qui fait venir encore plus de camions. Au contraire, il faut inverser la logique du transport, et même se demander son intérêt et le type d’économie que cela induit. C’est un modèle global de mobilité qui est en jeu dans ce grand contournement.
Le GCO est-il compatible avec une politique écologique ?
Il y a des autres aspects qui sont largement étayés par les scientifiques au niveau de la pollution de l’air, où l’on peut dire que le GCO ne changera rien à la qualité de l’air. En ce qui concerne la biodiversité et les terres agricoles, avec l’autoroute et les échangeurs, de 330 à 350 hectares de terres agricoles seraient détruits.
Il n’y a aucune prise en compte du fait que l’on doit changer de modèle. Il y avait 5.000 personnes à Strasbourg samedi 8 septembre dans les rues contre le changement climatique, on n’avait jamais vu ça, et deux jours après, alors que les ministres disent « ça a été un succès et il faut aller plus loin », le gouvernement ne change rien et au contraire continue.
Je lui ai lancé un message en lui disant, il n’est pas trop tard, les arbres ont été détruit, on pourra replanter et refaire la forêt. Mais, au niveau des services de l’État et des lobbies — parce que Vinci est au milieu de la paroisse —, on a clairement une volonté d’aller jusqu’au bout, et je ne sens pas de la part du ministre de l’Écologie et des Transports un désir de remettre en cause ce projet.
Je dirais que c’est une logique globale. Évidemment, Vinci est très content : ce sont des bétonneurs, plus on fait de béton, plus ils sont contents. Il y aussi le lobby du transport autoroutier. Et puis surtout, une incapacité à changer de modèle. On ne peut pas faire d’un côté la COP21 et se réjouir de l’Accord de Paris, et d’un autre côté continuer comme avant.
Que va-t-il se passer maintenant sur le GCO ?
Il y a un premier élément judiciaire, un jugement en référé qui doit être rendu vendredi. Ce peut être important, d’autant plus que si on regarde le dossier, on constate que c’est le cas où il y a eu le plus d’avis négatifs des diverses commissions qui l’ont étudié. Malgré cela, le projet a continué comme si de rien n’était.
Par ailleurs, une nouvelle mobilisation aura lieu samedi à Kolbsheim. À partir de là, d’autres modes d’action vont être lancés. Beaucoup de gens sont extrêmement choqués de ce qui s’est passé.
Que pensez-vous du fait que des élus aient été aspergés de gaz lacrymogène ?
Il est clair que les ordres donnés aux gendarmes, c’est qu’on se fiche complètement de savoir s’il y a des élus ou pas. Il y a un refus que les élus puissent être des médiateurs dans une confrontation. Les élus directement concernés sur leur commune sont dépossédés de la liberté de circuler sur leur propre territoire. La députée locale ou les députés européens peuvent aussi servir de médiateurs pour faire baisser la tension. Mais c’était le refus intégral : aucun officier n’est venu à aucun moment, alors qu’on venait vérifier si les choses se passaient conformément à la loi. Je ne demande pas un traitement de faveur parce qu’on est élu, mais les élus dans ce genre de situation peuvent être des médiateurs qui changent la réalité de la confrontation.
Le pouvoir veut-il pousser à la tension ?
Ce comportement pousse clairement à la tension et crée un climat où les représentants locaux sont niés dans leurs droits — le maire théoriquement est officier de police judiciaire sur la commune. C’est une dérive, une négation des droits démocratiques.
Reporterre
— Quelle
est votre analyse sur ce qui vient de se passer ?
José Bové — Il n’y avait aucune nécessité pour les autorités d’intervenir cette semaine : c’est une décision du préfet, du département et de la région de commencer le déboisement et de le mener à son terme avant la fin de la semaine, alors que dès dimanche, contact était pris pour qu’une rencontre ait lieu et qu’un rendez-vous formel avait été fixé. Et en même temps, on a assisté à un déploiement de forces, à l’évacuation de la Zad, et au déclenchement de la déforestation. Tout ceci a été cautionné par l’Agglomération de Strasbourg, avec un ministère de l’Écologie totalement absent voire d’accord, puisque Mme Borne, la ministre des Transports, avant même que M. de Rugy ne prenne la parole, disait que ce contournement se ferait, qu’il était nécessaire.
Mardi 11 septembre
au matin, des arbres ont déjà été abattus à Kolbsheim.
Il
y a un refus entêté de prendre en compte les éléments qui ont été
apportés depuis longtemps par les opposants. C’est une situation
identique à ce qui se passe pour des grands projets inutiles comme
Notre-Dame-des-Landes, parce que ce projet, comme
Notre-Dame-des-Landes, a quarante ans. Il exprime une vision des
solutions au transport identique à celles qu’on pouvait voir sur
le transport aérien, c’est-à-dire des schémas dépassés de la
politique des transports.
Le Parlement européen a voté récemment l’obligation d’une taxe sur les transports routiers, sur les kilomètres parcourus, et l’argent qui sera récolté sera fléché vers d’autres modes de transport, pour changer la logique, notamment avec la prise en compte du réchauffement climatique. Tout cela a été acté au Parlement européen. Maintenant, c’’est aux États de le décider pour que cela s’applique.
Quelle conséquence cela aurait-il sur le projet GCO ?
Ce projet tomberait parce qu’il n’aurait plus de nécessité. Aujourd’hui, on est dans des coûts de transport moindres en France que du côté allemand, ce qui entraîne les transferts de trafic de notre côté. Avec la taxe, le transfert va se reporter de l’autre côté de la frontière.
Aujourd’hui, le projet du GCO revient à ajouter une autoroute à une autoroute existante : quand on a un problème de circulation, plutôt que de se demander comment le réduire, on se demande comment l’absorber, donc on double. Mais comme en même temps ça ne règle rien pour l’entrée à Strasbourg, on veut augmenter les voies, ce qui fait venir encore plus de camions. Au contraire, il faut inverser la logique du transport, et même se demander son intérêt et le type d’économie que cela induit. C’est un modèle global de mobilité qui est en jeu dans ce grand contournement.
Le GCO est-il compatible avec une politique écologique ?
Il y a des autres aspects qui sont largement étayés par les scientifiques au niveau de la pollution de l’air, où l’on peut dire que le GCO ne changera rien à la qualité de l’air. En ce qui concerne la biodiversité et les terres agricoles, avec l’autoroute et les échangeurs, de 330 à 350 hectares de terres agricoles seraient détruits.
Il n’y a aucune prise en compte du fait que l’on doit changer de modèle. Il y avait 5.000 personnes à Strasbourg samedi 8 septembre dans les rues contre le changement climatique, on n’avait jamais vu ça, et deux jours après, alors que les ministres disent « ça a été un succès et il faut aller plus loin », le gouvernement ne change rien et au contraire continue.
- Près de 750 personnes, selon les organisateurs, ont manifesté contre le GCO,
- mercredi 12 septembre, à Kolbsheim.
Le
nouveau ministre, François de Rugy, est-il impuissant,
malhonnête ?
Je lui ai lancé un message en lui disant, il n’est pas trop tard, les arbres ont été détruit, on pourra replanter et refaire la forêt. Mais, au niveau des services de l’État et des lobbies — parce que Vinci est au milieu de la paroisse —, on a clairement une volonté d’aller jusqu’au bout, et je ne sens pas de la part du ministre de l’Écologie et des Transports un désir de remettre en cause ce projet.
Pourquoi
cet acharnement ? Pour faire plaisir à Vinci ?
Je dirais que c’est une logique globale. Évidemment, Vinci est très content : ce sont des bétonneurs, plus on fait de béton, plus ils sont contents. Il y aussi le lobby du transport autoroutier. Et puis surtout, une incapacité à changer de modèle. On ne peut pas faire d’un côté la COP21 et se réjouir de l’Accord de Paris, et d’un autre côté continuer comme avant.
Que va-t-il se passer maintenant sur le GCO ?
Il y a un premier élément judiciaire, un jugement en référé qui doit être rendu vendredi. Ce peut être important, d’autant plus que si on regarde le dossier, on constate que c’est le cas où il y a eu le plus d’avis négatifs des diverses commissions qui l’ont étudié. Malgré cela, le projet a continué comme si de rien n’était.
Par ailleurs, une nouvelle mobilisation aura lieu samedi à Kolbsheim. À partir de là, d’autres modes d’action vont être lancés. Beaucoup de gens sont extrêmement choqués de ce qui s’est passé.
Que pensez-vous du fait que des élus aient été aspergés de gaz lacrymogène ?
Il est clair que les ordres donnés aux gendarmes, c’est qu’on se fiche complètement de savoir s’il y a des élus ou pas. Il y a un refus que les élus puissent être des médiateurs dans une confrontation. Les élus directement concernés sur leur commune sont dépossédés de la liberté de circuler sur leur propre territoire. La députée locale ou les députés européens peuvent aussi servir de médiateurs pour faire baisser la tension. Mais c’était le refus intégral : aucun officier n’est venu à aucun moment, alors qu’on venait vérifier si les choses se passaient conformément à la loi. Je ne demande pas un traitement de faveur parce qu’on est élu, mais les élus dans ce genre de situation peuvent être des médiateurs qui changent la réalité de la confrontation.
Le pouvoir veut-il pousser à la tension ?
Ce comportement pousse clairement à la tension et crée un climat où les représentants locaux sont niés dans leurs droits — le maire théoriquement est officier de police judiciaire sur la commune. C’est une dérive, une négation des droits démocratiques.
Propos
recueillis par Hervé Kempf – Reporterre
Samedi
15 septembre
Elus, zadistes et la pasteure du village
se mobilisent contre une autoroute en Alsace
Les
travaux préparatoires en vue de la mise en place, par le groupe
Vinci, d’une autoroute de contournement de Strasbourg ont commencé
lundi. Une ZAD a été évacuée, des arbres sont en cours
d’abattage. Sur place, les habitants ne décolèrent pas. Ce grand
projet, considéré comme inutile et imposé, fédère largement
contre lui.
Kolbsheim
(Bas-Rhin), de notre envoyé spécial.- Au-dessus des champs de
maïs, le ciel est gris foncé et la pluie approche déjà au loin.
Sur le chemin de terre, un camion de l’armée dépare dans le décor
champêtre de la campagne alsacienne, tout comme la présence des
gendarmes mobiles et d’un hélicoptère qui survole la scène.
À
Kolbsheim, petit village du Bas-Rhin situé à une dizaine de
kilomètres de Strasbourg, un vaste dispositif policier est déployé
depuis le début de la semaine. Objectif : évacuer une ZAD
d’une trentaine de personnes (dite « ZAD du Moulin »),
faire venir les machines et attaquer la destruction d’une parcelle
de forêt qui doit céder la place à un tronçon d’autoroute.
La
zone des travaux est interdite au public, que l’on soit zadiste,
journaliste, habitant du coin ou même maire. On s’en approche
jeudi après-midi avec Daniel, habitant de la région mais aussi
habitant de la ZAD, barbe fournie et bonnet par-dessus des
dreadlocks, la cinquantaine, Stéphane Giraud, de l’ONG Alsace
nature, et Michel Dupont, ancien assistant parlementaire de José
Bové, militant au sein du collectif « GCO Non merci ».
La
zone de déboisement en cours à Kolbsheim, protégée par des
barbelés. © CG
La
zone des travaux est entourée de barbelés posés à la va-vite ces
derniers jours. Mais même de loin, les dégâts sur la forêt sont
déjà visibles. De notre position en hauteur, on voit au premier
plan, à une centaine de mètres, une première machine s’activer
pour détruire des vignes, laissant une terre nue et poussiéreuse.
Plus loin, un autre véhicule fait tomber les arbres, puis les
débite. Le bruit des machines est masqué par celui de
l’hélicoptère, qui ne nous lâche plus.
André
approche, parapluie à la main. Cet habitant du Haut-Rhin est venu
« assister au massacre ». Il s’est déjà rendu
sur le site l’été dernier, avec son gendre. Ils avaient visité
la ZAD. « Là, ils vont tellement vite, j’en ai pleuré,
tellement c’est émouvant. » Une femme arrive à vélo.
La quarantaine, cheveux courts, elle ne se présente pas, dit
seulement qu’elle est institutrice, avant que les larmes
n’étouffent ses paroles. « Je le dis aux enfants, c’est
pas possible ce qu’ils font, c’est pas possible. » Elle
renfourche sa bicyclette et s’en va.
Kolbsheim
fait partie de la vingtaine de villages concernés par la
construction du Contournement ouest de Strasbourg (COS), autrefois
appelé « Grand contournement ouest », mais dont
le nom a changé façon novlangue quand le projet est passé de deux
fois trois voies à deux fois deux voies. Il consiste à construire à
l’ouest de Strasbourg un tronçon de 24 km d’autoroute à péage,
l’objectif étant de désengorger la ville, notoirement
embouteillée.
L’idée
ne date pas d’hier, ni même d’avant-hier, mais vient tout droit
des années 1970. Elle a resurgi dans le courant des années 2000,
générant en même temps une forte opposition parmi les populations
concernées. Une ZAD s’y est créée le 14 juillet 2017. Elle a été
expulsée lundi 10 septembre au petit matin et les cabanes ont été
détruites, y compris le « poste de secours ». Quinze à
vingt personnes vivaient en permanence sur place. Une quarantaine en
tout y aura habité.
Les
zadistes avaient vu l’expulsion arriver. Le dimanche soir, la
plupart de leurs effets personnels avaient été transportés dans la
salle paroissiale du presbytère, y compris la tireuse à bière.
Depuis, celle annexe du presbytère est devenue leur nouveau QG. Dans
la cour, une gazinière chauffe de l’eau dans une énorme marmite,
des paquets de pâtes attendent l’ébullition. En face, de l’autre
côté de la rue, la cour de l’ancienne école accueille un
barbecue où grillent des saucisses. Sous l’auvent, une vaste table
est dressée.
Jean-Marc,
pasteur à la retraite, a embarqué son beau-frère dans l’aventure.
C’est lui qui se charge des grillades. Jean-Marc « vient
filer un coup de main à la pasteure qui accueille les zadistes.
C’est bien, c’est chrétien, mais c’est fatigant ».
Cela fait trois jours qu’il s’active. « Aujourd’hui,
c’est détente. Les gens en avaient besoin. »
Luigi
a vu sa cabane détruite lundi. Il n’a pas pris grand-chose en
partant, car il n’avait « pas plus d’affaires que ça ».
Il n’empêche, la réaction de la population locale, ces derniers
jours, lui a confirmé son choix de vie : « On est sur
une bascule, les gens ont de plus en plus envie de liberté. Il faut
qu’on décide pour nous ce qui est bon pour nous. » Il
reste déterminé : « On va avoir un terrain prêté
par une habitante mais on ne sera pas sur la zone d’emprise.
L’idée, c’est donc de faire comme à Bure, de reprendre la zone
du tracé. »
Colère et inquiétude
Caroline
Ingrand-Hoffet est pasteure de la commune depuis huit ans et a suivi
la ZAD depuis son tout début. « Après José Bové, on a
dormi avec mon mari et mes deux filles dans la roulotte l’été
dernier », explique-t-elle. C’est elle qui avait la
charge de sonner les cloches du village lundi matin, à l’aube,
pour prévenir du début de l’opération policière. C’est elle
encore qui a eu l’idée du « die in » mercredi
soir, quand 750 personnes se sont retrouvées dans les rues du
village et se sont couchées au sol pour symboliser l’abattage des
arbres.
« Cette
expérience m’a profondément changée. Ça va vraiment enrichir ma
façon d’être pasteure à l’avenir, comment l’Église prend sa
place dans la société, dit-elle. Hier matin devant une
barricade, une zadiste, qui vit avec une femme, m’a dit : “Ça
me fait revoir toute ma vision de l’Église de vous voir là.”
C’était magnifique. »
Aujourd’hui,
elle n’en ressent pas moins, comme beaucoup, de la « colère »
mais aussi « de l’inquiétude ». « Je
suis inquiète de voir où va cette société. Où se prennent les
décisions ? Qu’est-ce qui régit notre société ? »
Le
maire de Kolbsheim, Dany Karcher, partage les mêmes interrogations.
« La désobéissance civile, j’assume, dit-il dans son
bureau de la mairie, mais je suis obéissant, j’obéis à ma
conscience. » Il nous fait part de son « sentiment
d’impuissance devant cette violence qui était à l’intérieur du
cordon de gendarmes, pas d[u] côté [des opposants]. »
« Je ne peux pas aller dans la forêt, j’en suis empêché
par les gendarmes, mais je vois quand même des images faites
clandestinement. J’ai un sentiment d’échec à ne pas avoir
réussi à préserver notre forêt. »
La
colère de Dany Karcher, maire de Kolbsheim © France 3 Grand Est :
https://youtu.be/DLRYoKCYQ_E
Maire
depuis 2001 et par ailleurs professeur au sein du DUT Qualité
logistique industrielle organisation à Hagueneau, Dany Karcher n’est
pas un écolo déconnecté : « Quand
je parle de flux, je sais de quoi je parle. J’ai une certaine vue
des problématiques des entreprises grandes et petites. »
« Le
jour où j’ai appris pour le projet, c’était juste après mon
élection,
explique-t-il. On
m’a dit qu’il y avait eu concertation, mais quand je demandais
autour de moi, personne n’était au courant de cette concertation.
J’étais pas contre à l’origine puis je me suis renseigné. »
Pour
lui, l’affaire est entendue : « Dans tous les
dossiers de ceux qui veulent le GCO, il y a tous les arguments pour
ne pas le faire. » Et de rappeler que 54 % de tous les
emplois du Bas-Rhin se trouvent sur la métropole de Strasbourg, que
les problèmes d’embouteillages à Strasbourg sont donc en très
grande majorité dus à des migrations pendulaires, ceux qui s’y
rendent le matin pour y travailler et ceux qui en repartent le soir
pour rentrer chez eux. Quant aux camions, « les 2/3 de ceux
qui y circulent ont quelque chose à faire dans la métropole. C’est
un document pro-GCO qui le dit ! » « Le GCO,
c’est la route qui va là où les gens ne veulent pas aller »,
résume-t-il.
Son
collègue Luc Huber, maire délégué de Pfettisheim (maintenant
rattaché à Truchtersheim), partage le même avis. Engagé contre le
projet depuis les années 2000, il insiste : « On a
toujours dit que s’il vaut mieux circuler, nous sommes d’accord,
mais on a commencé à comprendre que ce projet ne règlerait rien
aux flux pendulaires. » Le collectif « GCO non
merci » est né au début des années 2000, et a sincèrement
pensé avoir remporté la victoire en 2012, quand le projet a été
arrêté et quasi enterré. Mais une expertise du Conseil général
de l’environnement et du développement durable le ressort des
placards un an plus tard.
« Or,
quand on prenait les propres chiffres du CGEDD, poursuit Luc
Huber, on se rendait compte qu’avec le GCO, il y aurait −9 %
de camions sur Strasbourg ; avec le GCO et le PDU [plan de
déplacement urbain – ndlr], la baisse serait de 11 %.
Car les camions sur Strasbourg, la plupart chargent et déchargent. »
Le
maire de Kolbsheim, Dany Karcher, devant une barricade.
© Christoph
de Barry / Hans Lucas
Mais « l’État ne veut pas entendre les avis négatifs. Il fait croire que ce sont des avis positifs avec des réserves et que, si les réserves sont levées, ça ira », se lamente Luc Huber. Pour l’élu, « le déni de démocratie est évident ». Le préfet a en effet signé, le 30 août, « l’autorisation environnementale unique » et, dans la foulée, les arrêtés autorisant les travaux dès le 1er septembre. En raison de la présence de chauve-souris dans les arbres à abattre, les opérations ne peuvent en effet avoir lieu qu’entre le 1er septembre et le 15 octobre. Les travaux ont commencé le 10 septembre. Or, plusieurs recours étaient toujours pendants devant la justice, dont le premier a été examiné le vendredi 15 septembre (deux autres devant être examinés la semaine prochaine). Une situation d’ailleurs dénoncée par le Syndicat des avocats de France dans un communiqué.
« Bras de fer permanent »
Luc
Huber, comme Dany Karcher, évoque la longue liste des avis négatifs
émis sur le projet : l’avis défavorable de l’Agence
française de la biodiversité, les trois avis défavorables du
Conseil national de protection de la nature, l’avis extrêmement
critique de l’Autorité environnementale et, surtout, l’avis
défavorable de l’enquête publique, émis le 25 juin 2018.
Dans
ce dernier avis, la commission dénonce tous azimuts :
l’« absence de volonté de présenter un dossier lisible
et abordable » ; la « crainte d’une
augmentation des niveaux de pollution atmosphérique et autres
nuisances » ; « des doutes qui persistent sur
la bonne prise en compte de toutes les espèces protégées
atteintes » ; « des manquements du dossier en
matière de compensation environnementales ».
« Le
préfet est à l’écoute et promet de faire remonter notre demande
de moratoire au ministère de l’intérieur, explique Wonner.
Mais j’aurais dû tiquer à la fin quand il m’a demandé :
“Vous êtes bien à Tours lundi matin ?” Effectivement,
j’étais à Tours pour les journées parlementaires LREM. »
Le lundi matin, l’élue apprend donc que la ZAD commence à être
évacuée. « C’était légal après la décision du
tribunal administratif de juin dernier, mais un hélicoptère et 500
gendarmes ? Et moi qui ne suis pas informée… »
La
députée passe sa journée pendue au téléphone. Le soir, elle
croise Élisabeth Borne, ministre chargée des transports. « Elle
me dit ne pas comprendre pourquoi je suis contre ce projet. Mais
manifestement, c’est elle qui ne le connaissait pas. » Le
mardi, Martine Wonner décide de retourner en Alsace « pour
être aux côtés des élus ». Le lendemain, dans un TGV
qui devait la ramener à Paris, elle reçoit l’appel « désespéré »
de Dany Karcher, car les machines commencent à couper les arbres
de la forêt de Kolbsheim. Elle descend illico de son train et
retourne sur place.
Le maire de Kolbsheim, Dany
Karcher, enlace la députée Martine Wonner.
© Christoph de Barry /
Hans Lucas
Le
soir même, José Bové revient lui aussi sur place. Le groupe d’élus
s’approche de la barrière de gendarmes mobiles. Martine Wonner :
« On s’engage sur le chemin, Bové fume sa pipe, les
gendarmes sont présents en face. J’en vois deux qui devaient avoir
l’âge de mes enfants. Bové fait un pas et ça gaze tout de
suite. » Dans la foulée, Dany Karcher brûle son écharpe
tricolore. Wonner reçoit un message de son collaborateur, qui avait
écouté le nouveau ministre de l’environnement, François de Rugy,
expliquer sur BFM qu’il n’y avait plus rien à faire, puisque les
travaux étaient lancés. La députée décide de boycotter la
réunion prévue le jeudi matin au ministère. Personne ne se rendra
finalement à cette réunion.
« Ce
qui a été très choquant aussi pour moi, continue la députée,
c’est quand nous étions sur les hauteurs, au-dessus des
travaux. J’ai demandé à pouvoir aller voir. Il a fallu appeler la
directrice de cabinet du préfet, qui m’explique d’abord que le
périmètre de sécurité est fixé par le maître d’ouvrage !
J’insiste. Elle me rappelle cinq minutes plus tard et je peux enfin
approcher un peu, encadrée par trois gendarmes, tandis que le maire
lui, ne peut pas ! »
Wonner
dénonce un « bras de fer permanent pour faire entendre
raison aux services de l’État ». Ce bras de fer a
cependant tourné à l’avantage des opposants vendredi soir. Le
tribunal administratif a en effet donné raison à Alsace nature dans
son référé contre les travaux du viaduc de Kolbsheim. Maître
François Zind, l’avocat de l’association, précise que,
juridiquement, cela n’empêche pas les travaux actuels, qui ne sont
que préparatoires, de se poursuivre. « Mais comme les
travaux exécutés ne le sont qu’en vue de faire le viaduc, ils
sont vidés de leur sens », ajoute-t-il.
Un
espoir douché quelque temps plus tard par un communiqué d’Arcos,
la filiale de Vinci chargée du projet : « Le tribunal
administratif de Strasbourg, saisi d’une requête en référé, a
suspendu l’arrêté du préfet du 26 octobre 2017 autorisant
l’aménagement d’un viaduc du projet. L’arrêté suspendu,
dont la légalité n’a pas été jugée au fond, ne concerne pas
les travaux en cours, et n’entraîne donc pas l’arrêt du
chantier. »
Deux
autres référés doivent être examinés la semaine prochaine. Le
19 septembre, le tribunal administratif examinera l’arrêté
unique pour la totalité des travaux du GCO. Le lendemain, une autre
procédure portera sur la modification du Plan local d’urbanisme de
Brumath, nécessaire pour s’adapter à la conception de l’échangeur
nord.
Si
le référé de vendredi était plutôt technique et relevait de
l’urbanisme, celui du 19 devrait beaucoup plus porter sur les
problèmes environnementaux posés par le projet. Stéphane Giraud,
d’Alsace nature, participe depuis 25 ans à la lutte. Il a fait
partie du groupe qui a boycotté la réunion avec François de Rugy,
car, dit-il, « on va pas servir de caution à la destruction
de la nature ».
Pour
lui, ce projet est une catastrophe environnementale : « Toutes
les mesures d’évitement n’ont pas été faites. »
Concernant les chauve-souris présentes dans les arbres, Stéphane
Giraud s’étonne de la faiblesse des relevés faites par les
écologues de Vinci. « On a relevé beaucoup plus de
cavités, dans beaucoup plus d’arbres, qu’eux. » Le
grand hamster d’Alsace est lui aussi concerné. Concernant ce
rongeur, « la compensation envisagée est une mascarade ».
Mais le défenseur de l’environnement est un peu fataliste :
« On gagnera sur le fond mais les travaux seront faits. »
« Die
in » mercredi soir dans les rues de Kolbsheim. © Christoph de Barry
/ Hans Lucas
Une
nouvelle manifestation est prévue aujourd’hui samedi à Kolbsheim.
Un moment de retrouvailles pour tous les habitants, « nécessaire »
pour le maire Dany Karcher comme pour la députée Martine Wonner.
Depuis le début des opérations, les enfants du village sont
perturbés. Le maire nous montre une photo envoyée par la mère d’un
enfant de 9 ans. Avec ses Playmobils, le garçonnet a fabriqué une
scène : un groupe de quatre personnages fait face à quatre
autres, tous casqués, boucliers et matraques en l’air. Une autre
administrée a laissé un long message à Martine Wonner : ses
deux enfants de 13 et 7 ans dorment mal depuis des jours. Le plus
jeune se réveille en pleine nuit, avec des cauchemars peuplés
d’hélicoptères vrombissants.
christophe
Gueugneau -
Médiapart
Infos du 17 au 23 septembre
Lundi
17 septembre
À Kolbsheim,
la mobilisation ne faiblit pas
contre le GCO de Strasbourg
Une
manifestation a rassemblée près de 2.000 personnes à Kolbsheim,
près de Strasbourg, au terme d’une semaine agitée par les
violences de l’Etat. Dans le village, l’alliance entre les
habitants et les zadistes est totale. Et la lutte continue.
Kolbsheim
(Bas-Rhin), reportage
« Certains
zadistes sont concernés par des fiches S à caractère
terroriste » :
dans la matinée du 15 septembre à Kolbsheim, tous les
habitants se moquent de ces propos du préfet de la région Grand
Est. Ils trouvent l’article des Dernières
Nouvelles d’Alsace
qui
rapporte ces propos
d’autant plus drôles qu’ils n’ont pas pu le lire dans
l’édition de Kolbsheim : la page où le préfet Jean-Luc Marx
est citée a mystérieusement disparu des canards distribués dans le
village.
« Tout
le monde aide les zadistes. » Alix (le prénom a été
modifié) fait partie de ces Kolbsheimois en colère depuis
l’évacuation de la Zad, dans la forêt voisine. Vêtu d’un bob
gris et d’une chemise rayée, le retraité taille un plant de
tomates tout en fustigeant un projet autoroutier vieux de 45 ans :
« C’était l’époque du tout-voiture… »
Quelques
maisons à colombages plus loin, Lucie tient le même discours en
cette matinée du 15 septembre : « Les zadistes
sont là pour nous défendre. Sans eux, il y aurait déjà eu les
travaux. » Vendredi soir, cette habitante du village a
offert « une soupe de légumes et des knacks ». De
quoi nourrir une vingtaine de personnes, dont plusieurs anciens
résidents des de la Zad.
Dans cette commune au cœur de la contestation anti-GCO (Grand contournement ouest de Strasbourg), le ressentiment est sur toutes les lèvres. Chacun a une anecdote sur le sentiment de ne plus être libre de se déplacer dans son propre village à cause de la présence des gendarmes. L’une n’a pas pu cueillir ses pêches car son terrain est désormais interdit d’accès. L’autre a récolté le maïs en vitesse ce matin « avant qu’il ne soit trop tard. »
Dans cette commune au cœur de la contestation anti-GCO (Grand contournement ouest de Strasbourg), le ressentiment est sur toutes les lèvres. Chacun a une anecdote sur le sentiment de ne plus être libre de se déplacer dans son propre village à cause de la présence des gendarmes. L’une n’a pas pu cueillir ses pêches car son terrain est désormais interdit d’accès. L’autre a récolté le maïs en vitesse ce matin « avant qu’il ne soit trop tard. »
- La grâce du château de Kolbsheim serait dissipée par le bruit de l’autoroute
-
Dans
l’épicerie Label Hélène, le châtelain du village ne passe pas
inaperçu. Après avoir acheté cinq paquets de cigarettes, Erik
Grunelius rentre chez lui. Sur le chemin, il évite le sujet du
viaduc de Kolbsheim. Cette partie du Grand contournement ouest doit
passer à 507 mètres de son château. Une catastrophe sonore et
visuelle pour son château, classé monument historique. Son frère,
Jean-Marie, est plus loquace. Depuis plus d’un an, le propriétaire
du moulin éponyme de la Zad a accepté l’installation des zadistes
et a payé l’utilisation de l’eau et de l’électricité.
« C’était une demande de mon ami et maire de Kolbsheim,
Dany Karcher », dit-il.
- Hélène tient l’épicerie de Kolbsheim :
- « Plus les gendarmes sont agressifs, plus nous sommes soudés »
-
Retour
dans le seul commerce à Kolbsheim, l’épicerie. La propriétaire a
perdu sa clientèle du village voisin : « La
route entre Ernolsheim et Kolbsheim a été coupée depuis
l’évacuation »,
lundi
10 septembre.
Derrière son comptoir plein de bretzels, de gelée de pot-au-feu et
d’asperges artisanales, Hélène Scheffer décrit des zadistes
« sympathiques,
de tous les âges. »
En riant, elle évoque l’idée de « vendre
des lunettes de plongée »
pour se protéger du gaz lacrymogène utilisé tout au long de la
semaine. Avant de fermer son commerce pour l’après-midi, la
commerçante résume le processus à l’œuvre à Kolbsheim :
« Plus
les gendarmes sont agressifs, plus nous sommes soudés. »
L’heure
du rassemblement anti-GCO approche. Vers 13h, la place devant la
mairie se remplit. Depuis plusieurs jours, les zadistes se retrouvent
dans la cour de récréation de l’école. Sous un auvent, ils
peuvent y stocker leurs affaires et cuisiner. Luigi (le prénom a été
modifié) porte deux casquettes, l’une en avant, l’autre en
arrière. Il apprécie les nombreux encouragements des villageois.
Selon lui, « les relations avec les habitants de Kolbsheim
étaient déjà constructives avant l’évacuation. Ils nous
apportaient souvent de l’aide matérielle ou venaient simplement
discuter le dimanche. »
Aujourd’hui,
une dizaine de zadistes dorment sur un terrain laissé par une
habitante. Ils ont d’abord dormi dans le presbytère, mis à
disposition depuis longtemps par la pasteure. Vers 14h, Caroline
Ingrand-Hoffet s’y trouve avec plusieurs élus et membres du
collectif GCO
Non Merci
pour organiser le rassemblement « Aux
Arbres Citoyens ! »
A la sortie, elle évoque l’organisation d’un lieu de parole,
pour les nombreux habitants traumatisés par les interventions
brutales des gendarmes tout
au long de la semaine :
« Il
y a des gens qui pleurent, il y a des enfants qui font des
cauchemars. Certaines personnes me disent ressentir en eux une
violence qu’ils n’ont jamais connue. »
Depuis
une semaine, le village a repris vie. « Les gens sortent
dans la rue pour parler. Il y a une reconnaissance réciproque entre
les zadistes et les habitants. Mais cette solidarité a toujours
existé », affirme la pasteure.
La
manifestation commence. La foule remplit la rue de la Division
Leclerc. Après quelques discours sur la place de la mairie,
zadistes, villageois, élus et opposants de toute l’Alsace se
dirigent vers la forêt amputée. Ils sont plus de 2.000 à marcher
pendant une bonne demi-heure. A l’arrivée, le choc. Devant les
troncs d’arbres au sol, certains filment, d’autres fustigent un
« massacre ». L’accès au site de l’ancienne
Zad est interdit par les gendarmes.
Interrogé
par Reporterre, le maire de Kolbsheim, Dany Karcher, évoque
un « soutien pour les zadistes qui a explosé depuis
l’évacuation, tout simplement parce que beaucoup de gens les
découvrent et voient que ce ne sont pas les personnes que le préfet
a décrites. »
La
manifestation se termine par des prise de parole dans un pré voisin.
Germaine est toujours là. Malgré ses 89 ans, cette habitante de
Kolbsheim était présente lors de l’évacuation de la Zad du
Moulin. Des zadistes lui chantent un hommage : « Germaine,
c’est pour te dire que l’on t’aime / Germaine, matraque ou
lacrymo, c’est la même. » D’une voix faible, la
doyenne des opposants au GCO s’excuse de ne pas savoir que dire au
micro : « Je suis très fatigué. Espérons que l’on
garde un peu de cette forêt. »
Pour
les opposants au GCO, les prochains rendez-vous sont fixés au
tribunal administratif - en espérant que la destruction de la forêt
ne se poursuivra pas d’ici là. Deux audiences concernant des
procédures en référé se tiennent les 19 et 20 septembre. Si
le juge donne raison à Alsace Nature suite à la première audience,
les travaux engagés seraient condamnés à cesser. D’ici là,
Michael Kugler, du collectif GCO Non Merci, appelle à se rendre à
Pfettisheim et Pfulgriesheim pour s’opposer à d’autres
déboisements possibles.
Près de 9.000 personnes ont manifesté
leur soutien à la Zad de Hambach,
contre le charbon et pour la forêt
D’après
la chaîne de télévision publique allemande ARD, 28 cabanes
ont été évacuées sur 50. Il reste un peu plus de 150 zadistes sur
place. Dimanche16 septembre, entre 4.000 et 9.000 personnes ont
manifesté pacifiquement en bordure de la forêt. La situation a
dégénéré lorsque 200 manifestants ont tenté de rejoindre la Zad.
14 manifestants ont été arrêtés, 5 d’entre eux ont été
blessés. 3 policiers ont également été blessés.
Mercredi
19 septembre
Il s’appelait Steffen.
À Hambach, un blogueur militant
chute mortellement lors de l’opération policière
Un
déploiement policier massif se déroule en forêt de Hambach, pour
évacuer des écologistes qui tentent d’empêcher l’extension
d’une mine de charbon géante. Mercredi 19 septembre, un jeune
blogueur est mortellement tombé d’une cabane.
Berlin
(Allemagne), correspondance
Il
s’appelait Steffen. Proche des milieux écologistes allemands, il
couvrait depuis déjà plusieurs mois la vie des habitants de la Zad
de Hambach. Ces militants s’opposent à la destruction de la forêt
millénaire de Hambach, dans l’ouest de l’Allemagne, menée par
la compagnie électrique RWE pour étendre une mine de charbon géante
à ciel ouvert.
Ce
mercredi 19 septembre, cela faisait sept jours que le jeune
photojournaliste suivait l’évacuation surdimensionnée — 3.500
policiers, canons à eau, chevaux, hélicoptères — des quelque 150
militants de la Zad et de leurs 51 cabanes perchées dans les arbres.
Peu avant 16 heures, il a chuté d’un pont suspendu entre deux
cabanes, à 14 mètres de hauteur. Gravement blessé, il a été
transporté en urgence à l’hôpital de Cologne mais n’a pu être
réanimé et est décédé.
Dans
une conférence de presse organisée dans l’urgence, le
porte-parole de la police régionale, Paul Kemen, a assuré
qu’« aucune opération n’était alors en cours dans le
secteur où a lieu l’accident ». Selon lui, un policier
serait venu au pied de l’arbre pour donner à Steffen M. une
carte mémoire d’appareil photo. Le journaliste serait tombé en
tentant de la remonter via un système de câbles et poulies.
Mais
le collectif de zadistes Hambi Bleibt donne une autre version des
faits. « Le
SEK
[unité d’élite de la police allemande] était
en train d’arrêter un militant près du pont suspendu. Notre ami
était apparemment en chemin pour filmer l’interpellation lorsqu’il
est tombé »,
écrivent les militants sur
leur site internet.
Les
opérations d’évacuation de la Zad ont été immédiatement
suspendues. Sur place, le deuil et la stupeur règnent parmi les
militants et les policiers, selon le journaliste de la Tageszeitung
Malte Kreutzfeldt. « Nous sommes profondément
bouleversés, a réagi le collectif de militants Hambi Bleibt.
Nos pensées vont à ses proches, ses amis et tous ceux qui se
sentent concernés. »
Les
zadistes demandent l’arrêt définitif de l’évacuation. « Nous
demandons à la police et RWE de quitter immédiatement la forêt et
de stopper cette opération dangereuse. Aucune autre vie humaine ne
doit être mise en danger. » De son côté, la compagnie,
premier énergéticien d’Allemagne, a déclaré sur Twitter
« regretter un accident tragique ».
- « Hambi bleibt » est le nom du collectif de lutte de la forêt. Hambi est le diminutif de Hambach. « Hambi Bleibt » signifie à peu près : la forêt de Hambach doit survivre.
La forêt de Hambach est
devenue ces dernières années le symbole de la lutte contre le
charbon en Allemagne. Occupée depuis six ans par des militants
écologistes, elle est promise à la destruction par son
propriétaire, la compagnie d’énergie RWE, qui souhaite exploiter
son sous-sol riche en lignite. Sur les 4.100 hectares que comptait la
forêt à l’origine, il n’en reste plus aujourd’hui que 200. À
la suite du feu vert de la justice allemande, RWE entend en raser la
moitié à partir du 1er octobre. Le gouvernement régional de
Rhénanie-du-Nord-Westphalie a lancé la semaine dernière
l’évacuation de la Zad, officiellement pour « risques
élevés d’incendie ».
Jeudi
20 septembre
Le tribunal de Strasbourg
suspend l’abattage
d’un alignement d’arbres
Ce
jeudi 20 septembre, le tribunal administratif a suspendu un
arrêté autorisant la coupe de 30 faux-acacias (ou robiniers) entre
Pfulgriesheim et Pfettisheim dans le cadre des travaux du grand
contournement ouest (GCO) de Strasbourg.
Les
juges, qui
ont examiné le référé lors de l’audience du mercredi
19 septembre, ont estimé qu’il y a un « doute
sérieux »
sur la légalité des actes et donc urgence à les suspendre. La
compétence du préfet du Bas-Rhin à signer un tel texte fait
défaut, selon les trois magistrats. Depuis
l’évacuation de la Zad, c’est la deuxième victoire en une
semaine pour Alsace Nature, qui a aussi obtenu la
suspension du permis d’aménager le viaduc de Kolbsheim le
14 septembre.
L’association
Alsace Nature contestait l’absence d’alternatives à ce
déboisement, ainsi qu’un défaut d’information du public. « Il
y a des mesures de compensations, qui sont d’ailleurs très bonnes,
on ne le conteste pas, mais les mesures d’évitement n’ont pas
été essayées », a expliqué l’avocat de l’association,
Me François Zind.
D’un
point de vue plus technique, l’association s’interrogeait aussi
sur la compétence du préfet à prendre cette décision, estimant
qu’elle était du ressort du conseil départemental du Bas-Rhin,
ainsi que sur la conformité des documents, qui indiquent que les
arbres sont sur le territoire de la commune de Pfettisheim, alors
qu’ils sont sur celui de la commune voisine de Pfulgriesheim.
En
face, Me Jean-Nicolas Clément, pour le constructeur Arcos (Vinci), a
répondu que l’opération avait un « intérêt écologique
limité » et que le conseil départemental soutient aussi
le GCO. La représentante de l’État a ajouté que ce « décor
planté » avait un « motif purement paysager ».
L’avocat
d’Alsace Nature craignait une coupe entre le dépôt de sa requête.
Les déboisements majeurs à Kolbsheim et Vendenheim à l’issue de
l’évacuation de la Zad n’avaient pas attendu les recours sur
l’autorisation définitive des travaux. À l’issue de l’audience,
la société Arcos nous a indiqué qu’elle avait cette fois attendu
la décision du 20 septembre avant de procéder — ou non — à
cet abattage.
Le
jugement sur le fond sera prononcé dans les mois prochains. Le
tribunal a aussi sommé l’État à verser 1.000 euros à Alsace
Nature pour les frais de justice.
Source :
Jean-François Gérard - Reporterre
- Photo :
© Jean-François Gérard/Reporterre
►À Strasbourg, François Ruffin apporte son soutien aux opposants au GCO sur Reporterre
►La France est complice de l’exploitation du charbon allemand à Hambach sur Reporterre
https://reporterre.net/La-France-est-complice-de-l-exploitation-du-charbon-allemand-a-Hambach
NDA :
pétition pour le désengagement de la Caisse des dépôts de
l’actionnariat dans cette mine avec RWE en fin d’article
Le gouvernement lance une consultation
sur la gestion des déchets radioactifs
Le
secrétaire d’État à la Transition écologique Sébastien Lecornu
a annoncé jeudi 20 septembre le lancement d’une consultation
publique sur la gestion des matières et déchets radioactifs sur le
territoire français.
« Force
est de constater qu’aujourd’hui, il y a un problème pour lequel
il nous faut trouver une solution. Je pense que c’est cela, le
débat public, (...) il faut prendre les données techniques
telles qu’elles nous sont apportées par les ingénieurs et les
gens de science », a expliqué le secrétaire d’État à
l’issue d’une réunion sur le projet Cigéo d’enfouissement de
déchets nucléaires, à Bure (Meuse). Sous l’égide de la
Commission nationale du débat public (CNDP), ce processus est prévu
pour se dérouler de décembre à mars et doit « réactualiser
les principes qui ont présidé à la gestion des déchets nucléaires
dans notre pays et s’ouvrira à toutes les options possibles quant
à l’avenir du nucléaire dans les décennies à venir »,
a précisé le ministère dans un communiqué. Les modalités de
cette consultation seront présentées en novembre par la CNDP.
Parallèlement,
un « centre
d’information et de ressources à destination du grand public »
a été lancé jeudi sous l’adresse www.cigeo.gouv.fr
sur le projet Cigéo, qui vise à enfouir à 500 m sous terre les
déchets les plus radioactifs ou à vie longue du parc nucléaire
français.
Le
collectif « Bure stop » d’opposants au projet Cigéo
a lui fait part jeudi de « son refus de toute participation
à cette mascarade sur internet comme au débat public qui
s’annonce ». « Il s’agit de faire à nouveau
semblant d’intégrer la population française à un processus
décisionnel alors que le projet de poubelle nucléaire est sur les
rails », a dénoncé le collectif dans un communiqué.
Vendredi
21 septembre
Steffen M.,
mort à Hambach pour
« informer les gens de ce qu’il se passe »
Steffen M., 27 ans, est mort mercredi 19 septembre dans la forêt de Hambach pendant son évacuation par la police allemande. Proche des milieux écologistes, il était considéré par les militants comme un « ami » et les accompagnait « en tant que journaliste ». Sur place, l’expulsion a cessé, l’heure est au recueillement.
Berlin (Allemagne), correspondance
Un épais silence règne ce jeudi dans la Zad de la forêt de Hambach. Des bougies et des branches de fougère ont été déposées au pied des cabanes perchées dans les arbres du secteur Beech Town, là où Steffen M. a perdu la vie après avoir chuté d’un pont suspendu à 14 mètres de hauteur. Des petits groupes viennent s’y recueillir. « Allumez vos bougies, chantez ! est-il écrit sur un petit panneau de bois posé au sol. Montrez-lui qu’ici, personne n’abandonne ! »
Steffen
M., le 18 septembre, dans une vidéo où il explique avoir gagné
les arbres pour témoigner au plus près de l’évacuation
policière.
Proche
des milieux écologistes et de gauche de sa région, le jeune homme
suivait depuis un an le combat des zadistes de Hambach, des militants
qui tentent depuis six ans d’empêcher l’énergéticien RWE de
détruire cette forêt millénaire pour y étendre une mine de
charbon à ciel ouvert. « C’était un ami, qui nous
accompagnait en tant que journaliste », a confirmé
mercredi soir le collectif de zadistes Hambi bleibt !. Selon les
témoignages de ses proches recueillis par le journal allemand
Tageszeitung, il voulait documenter la vie des habitants de la
Zad au quotidien, mais travaillait aussi à un projet de réalité
virtuelle dans la forêt de Hambach, équipé d’une caméra à
360 degrés.
https://youtu.be/5YNCFix1wTA
Sur
internet, il montrait l’évacuation de la forêt lancée
mi-septembre par le gouvernement régional : les opérations des
policiers pour accéder aux cabanes, les arrestations de militants,
les discussions entre forces de l’ordre et zadistes. Travaillant
d’abord depuis le sol, Steffen M. a décidé au sixième jour
de l’évacuation de grimper dans une cabane de Beech Town.
« Suivre le travail d’évacuation et informer les gens de ce qu’il se passe »
Dans
une
vidéo, le blogueur expliquait alors sa démarche : « Comme
on a constaté ces derniers jours qu’il était difficile pour la
presse de se déplacer dans la forêt et de suivre l’évacuation,
parce que la police a bouclé tout un immense secteur, je suis
maintenant dans les arbres, à 25 mètres de haut, pour suivre le
travail d’évacuation et informer les gens de ce qu’il se
passe »,
racontait-il.
Selon
ses proches, « il
était important pour lui que toutes les parties du conflit soient
entendues »,
écrit le Tageszeitung.
« Malgré
tout son engagement, il a toujours essayé de trouver un équilibre
entre différents points de vue »,
confirme l’Académie des arts numériques de Cologne. Sa dernière
vidéo, montrant deux policiers dans une nacelle approchant d’un
zadiste suspendu à une corde, a
été postée moins d’une heure avant sa chute mortelle.
|
Depuis,
la majorité des 3.500 policiers déployés pour l’évacuation
s’est retirée. Les nacelles et plateformes utilisées par les
forces de l’ordre ont elles aussi quitté la forêt, sur décision
de leur loueur : la société a expliqué, par communiqué de
presse, « n’être absolument pas d’accord avec la façon
de procéder » sur place.
Seuls
restent les policiers chargés de sécuriser le lieu du drame et
d’autres zones potentiellement dangereuses. Un groupe d’enquêteurs
a commencé les investigations. La piste criminelle est écartée par
le parquet d’Aix-la-Chapelle. « Cela ressemble à un
accident », a affirmé la procureure générale Katja
Schlenkermann-Pitts à l’agence de presse allemande DPA.
Dès
mercredi soir, des rassemblements spontanés ont rendu hommage à
Steffen M. dans de nombreuses villes d’Allemagne, notamment
Aix-la-Chapelle, Essen et Lübeck. Ce jeudi, l’ONG Campact a
organisé une minute de silence devant le parlement régional avant
de remettre, comme prévu, une pétition signée par plus de 500.000
personnes pour demander la fin de l’évacuation et de la
destruction de la forêt de Hambach. « Après le terrible
accident d’hier, on ne peut pas continuer à évacuer [la
forêt], a déclaré l’ONG sur Twitter. Il faut une solution
politique. »
Lors
d’une minute de silence pour Steffen M., jeudi 20 septembre,
devant le parlement régional de Rhénanie-du-Nord–Westphalie.
Le
gouvernement de Rhénanie-du-Nord–Westphalie a suspendu les
opérations d’évacuation mais demande aux zadistes de quitter les
lieux. « Nous avons maintenant l’espoir que ceux qui sont
dans les cabanes sortent de la forêt, pour que rien d’autre ne se
produise », a lancé le ministre conservateur de la région,
Herbert Reul. Un appel rejeté par les occupants de Hambach.
À Hambach, les batailles de l’esprit
À
Hambach, dans l’ouest de l’Allemagne, la lutte de quelques
zadistes contre l’appétit monstrueux d’une mine géante à ciel
ouvert est un combat culturel, celui entre la sobriété heureuse et
l’infini toujours frustré du désir matériel.
Un
aspect fascinant du système de destruction de la nature qui se
déroule à Hambach, dans l’ouest de l’Allemagne, est que cette
destruction est mise en scène, présentée comme une attraction
touristique.
Dans
le désert qu’est devenue la mer d’Aral, dans la zone
interdite de Tchernobyl, dans les villages muets contaminés par
Fukushima, dans les plaines d’Alberta dévastées par les sables
bitumineux, on tente de cacher les plaies purulentes que la culture
de consommation inflige à la nature.
À
Hambach, aucune honte : au bord de chacune des trois grandes
mines à ciel ouvert qui déchirent la peau de la Terre, des points
de vue sont aménagés, agrémentés de jeux pour enfants, de
cafétérias, voire de chaises longues permettant de contempler
confortablement les immenses excavatrices qui, au loin, dévorent les
champs et les villages.
Il
s’agit d’accoutumer le touriste à la « banalité du
mal » de la dévastation du monde. J’emploie à dessein
le concept d’Hannah Arendt : il y a bien à Hambach la volonté
de banaliser, de normaliser, de rendre anodine la guerre contre la
biosphère, comme s’il s’agissait d’un fonctionnement fatal,
inévitable, innocent de la société humaine, et somme toute
admirable, puisque méritant la mise en spectacle. Et dont les
auteurs n’auraient au fond aucune responsabilité particulière,
n’étant qu’une part d’une mécanique générale qui impose sa
loi inexorable à tous.
Nulle
candeur ou ignorance, cependant, dans cette exhibition : les
maîtres de l’exposition ne peuvent aujourd’hui prétendre
ignorer la perspective des guerres, violences, chaos qu’entraînera
dans la société humaine la rupture de l’homéostasie de la
planète.
Que pèsent quarante jeunes perchés dans les arbres face à des excavatrices géantes protégées par des policiers ? Rien. Mais ils sont tout.
Entraînera ?
Oui, si le désir insatiable de disposer d’énergie sans
contrainte continue à être la boussole du système productiviste
actuel, alias capitalisme, s’il continue à rendre indispensable
d’extraire jusqu’au dernier grain charbon et lignite, de pomper
jusqu’à la dernière goutte de pétrole et de schiste bitumineux,
de prolonger jusqu’au prochain accident les centrales nucléaires,
d’aspirer jusqu’à la dernière molécule le gaz enfoui dans les
roches.
Alors,
dans l’atmosphère saturée de CO2 et de méthane, à
côté des forêts ravagées et des prairies transformées en
monocultures transgéniques, parmi les océans étouffés et
acifidiés, les sociétés humaines se disloqueront dans des
affrontements sanglants en se repliant sur elles-mêmes, à moins que
des régimes de fer imposent le joug de la gestion autoritaire de la
pénurie.
Tuer
la nature, c’est préparer l’abaissement de la dignité humaine,
l’assujettissement des êtres dans l’univers de la contrainte, la
régression durable du rêve d’émancipation et de progrès de
l’esprit.
Mais
le pire n’est jamais sûr. Ce n’est pas tant dans les
technologies qu’il faut chercher le salut que dans le cœur de
l’homme.
Que
pèsent à Hambach quarante jeunes et moins jeunes perchés dans les
arbres en écoutant le chant des oiseaux, face à des excavatrices
géantes protégées par des policiers en tenue de combat ?
Rien. Mais ils sont tout. Ils sont l’affirmation de la liberté
humaine face à la puissance de la machine. Ils sont l’expression
de la raison face à la démesure de l’avidité. Ils sont le
souffle de la Terre face au vacarme du moteur.
Nous
ne pouvons ainsi exclure l’hypothèse que les êtres libres qui se
battent à Hambach et ailleurs parviennent à enrayer la machine
destructrice et à convaincre leurs frères et sœurs humains que le
« normal » est criminel, et que l’avenir repose
sur une mutation des esprits et des modes d’existence.
« Nous
ne combattons pas pour la nature, disent-ils, nous sommes la
nature qui résiste. »
Comme
à Notre-Dame-des-Landes, comme à Rosia Montana, comme à Fukushima,
comme au Testet, comme à Belo Monte, ils disent que l’avenir de
l’humanité passe par une relation nouvelle avec ce que nous, en
Occident, appelons la nature. Qu’il faut vivre dans la forêt,
vivre avec la forêt, être la forêt, et que le temps où les
philosophes nous pensaient « maîtres et possesseurs de la
nature » est révolu.
Le
combat qui se mène à Hambach, comme en tant d’autres endroits du
globe, n’est qu’apparemment entre des militants écologistes et
des policiers qui défendent la loi du capital. Ce combat est
culturel : entre la vision d’une humanité réconciliée avec
le cosmos et la perspective d’une consommation inextinguible de ce
qui est disponible. Entre la sobriété heureuse et l’infini
toujours frustré du désir matériel. Entre la liberté de l’esprit
et la soumission à la matière.
- Ce texte est la préface d’un livre réalisé en 2014 par le photographe Marc Wendelski, Beyond the forest. Depuis plus d’un an, Marc documentait la lutte de la forêt de Hambach. Il m’avait emmené sur ce lieu saisissant, tant par l’immensité de la mine de lignité que par l’énergie des résistants dans cette forêt magnifique. C’est l’un des points de la planète où se joue notre avenir d’humains.
►Communiqué des habitants et habitantes du hameau de l’Amassada en lutte contre un énorme parc d’éoliennes. Illes vous invitent en ce moment même à la 4ème édition de la fête du vent
En Aveyron,
la bataille contre le transformateur électrique
entre dans une nouvelle phase
Initialement
prévu pour 2012, le projet de mégatransformateur électrique du sud
de l’Aveyron a été déclaré d’utilité publique en juillet, le
chantier pouvant débuter à l’automne. Les opposants, mobilisés
dans le collectif de l’Amassada, n’entendent pas se laisser
expulser sans réagir et organisent un grand week-end de lutte et
d’action en vue des batailles à venir.
- Saint-Affrique (Aveyron), correspondance
Une
dernière signature et puis s’en va. Le 16 juin, Nicolas
Hulot, encore ministre de l’Écologie, signait
la déclaration d’utilité publique pour le raccordement du
transformateur de Saint-Victor (Aveyron). Un geste suivi deux
jours plus tard par la préfète de l’Aveyron, qui autorisait la
construction d’un transformateur sur cinq hectares de la commune de
Saint-Victor-et-Melvieu par RTE
(Réseau de transport d’électricité), pour un coût total de
75 millions d’euros (transformateur et raccordement des lignes).
Les 132
copropriétaires de la parcelle de terrain mise en commun (une
indivision) ont ainsi reçu, à la mi-août, les courriers légaux
annonçant leur prochaine expulsion, dernière étape avant le
démarrage du chantier.
C’est
donc dans une atmosphère lourde que les militants « anti-transfo »
se préparent à l’offensive sur tous les fronts, à commencer par
la lutte juridique, menée par l’association Plateau survolté.
« Nous
avons déposé un recours le 18 août contre la déclaration
d’utilité publique du transformateur »,
dit Carole Joly, présidente de l’association. Depuis sa découverte
du projet
par inadvertance en mars 2010, cette conseillère municipale de
Saint-Victor-et-Melvieu épluche la documentation technique du projet
et répertorie toutes les anomalies année après année :
« En
2010, la préfecture nous promettait des réunions publiques, la
venue d’un médecin pour mesurer les impacts sanitaires, nous n’en
avons jamais vu la couleur »,
s’indigne-t-elle. Surtout, Plateau survolté estime que les
scénarios alternatifs n’ont pas été assez étudiés et que le
but réel du projet est « d’intensifier
les échanges sur le marché de l’électricité avec des autoroutes
de l’énergie à travers toute l’Europe ».
Dans le sud de l’Aveyron, le développement éolien est loin d’avoir atteint les ambitions promises
Qu’en
est-il réellement ? Selon un « justificatif
technico-économique du projet » interne à RTE et daté de
2009, 2.100 mégawatts (MW) de raccordement d’énergies
renouvelables (EnR, ici éolien et photovoltaïque) étaient
envisagés à l’horizon 2020 dans le triangle
Castres-Rodez-Montpellier. « On a eu beaucoup de mal à
mettre la main sur ce document », explique Carole Joly. En
fait, ces projections largement surestimées coïncidaient avec ce
qu’on appelait alors des zones de développement éolien (ZDE), un
modèle de développement localisé abandonné en 2013 au profit de
schémas régionaux.
- Le « justificatif technico-économique du projet » interne à RTE et daté de 2009 :
- https://reporterre.net/IMG/pdf/dossier_justif_2009_-_p5.pdf
Depuis,
force est de constater que le développement éolien, s’il est
largement visible dans le sud de l’Aveyron, est loin d’avoir
atteint les ambitions promises. Dans son dernier schéma décennal de
développement du réseau, en 2016, RTE indique bien que le
développement des EnR est passé de 572 MW installés en 2008 à
1.038 MW en 2016, soit une hausse de seulement 466 MW en
huit ans. Et il s’agit là des chiffres pour l’ensemble de la
région Occitanie et non du seul sud de l’Aveyron. Localement,
le parc des Grands Causses a d’ores et déjà limité à 150 mâts
environ le nombre maximum d’éoliennes dans le schéma de cohérence
territoriale (Scot). Pour Carole Joly, ignorer ces chiffres, « est
une manière pour RTE de ne pas considérer les solutions
alternatives à ce projet, qui seraient de simplement renforcer
l’autre transformateur déjà existant de l’autre côté de la
vallée, que RTE a déjà agrandi une fois et où il dispose déjà
de foncier ».
- L’Amassada, sur la commune de Saint-Victor-et-Melvieu.
-
De
son côté, RTE se défend en soulignant dans ses réponses aux
questions de l’enquête publique que la valeur de 2.100 MW
était « seulement
utilisée pour tester la robustesse du projet »
et évalue à 440 MW la production d’EnR connue et encore en
attente de raccordement. Mais même aujourd’hui, l’entreprise se
fonde sur des
objectifs politiques portés par la région, en fait une
« trajectoire »
sans valeur juridique pour l’instant. Ou comment construire un
grand transformateur en se fondant sur de grands besoins de
raccordement d’énergies renouvelables… qui ne pourraient
fonctionner qu’avec un grand transformateur et de nouvelles lignes
à haute tension.
Marcher ensemble « pour le soulèvement des territoires »
En
attendant une quelconque issue juridique à ce serpent qui se mord la
queue, la lutte se joue bel et bien sur le terrain, là où a été
construite l’Amassada et où s’organise le collectif du même
nom. D’une simple cabane inaugurée en janvier 2015, le lieu est
devenu un petit hameau, avec une construction principale, un dortoir
d’une vingtaine de places, une halle couverte, des fours à pain et
à poterie… C’est là que, cet été, un « appel
à se défendre »
a été lancé aux collectifs et militants qui soutiennent la cause.
Un appel qui arrive dans un contexte local particulier. Si quelques
actions éclatantes ont imprimé une image parfois trop radicale aux
yeux des sympathisants locaux un peu frileux, les soutiens au
mouvement se sont multipliés ces derniers temps. D’où l’idée
d’accueillir ces forces vives pour marcher
ensemble « pour
le soulèvement des territoires »,
demain, samedi 22 septembre. « Au
départ, on avait juste l’idée, et petit à petit, on voit de plus
en plus de gens se retrouver dans notre proposition »,
explique Guillaume, paysan-meunier membre de l’Amassada.
La
manifestation partira devant l’hôpital de Saint-Affrique
(Aveyron), emblème de la défense des services publics de santé en
milieu rural. « On va passer devant les écoles, la Poste,
tous ces services publics qui sont en péril sur le territoire »,
s’enthousiasme-t-il. Ont d’ores et déjà appelé à la marche
les associations Plateau survolté, le collectif des associations
anti éoliennes TNE-Occitanie, Alternative libertaire 12, la
section départementale de Sud Solidaires. Et, surtout, la lutte a
acquis un allié de poids avec la Confédération paysanne du
département. Si des militants de la « Conf’ »
participent à titre individuel depuis longtemps au mouvement, le
renouvellement des instances dirigeantes au printemps dernier a
entraîné une évolution des positions politiques d’un syndicat
encore fortement marqué par les orientations de José Bové, celles
d’un soutien indéfectible du projet et du développement éolien.
« Le débat a été animé, mais nous avons abouti à un
consensus pour soutenir les habitants qui s’opposent au projet et
pour dénoncer cette industrialisation des terres agricoles »,
souligne Jean-Marie Roux, secrétaire de la Conf’ Aveyron.
Ce
n’est là que le début de la nouvelle phase de la lutte car, pour
la première fois, l’Amassada, qui n’était jusqu’ici qu’un
lieu de rassemblement ponctuel, devrait entrer dans une phase
d’occupation permanente dès le dimanche 23 septembre. « On
sait que certains ont des familles, des métiers, des bêtes ou des
terres. On va essayer de se relayer pour qu’il y ait toujours du
monde sur place », explique Guillaume. L’atout de la
lutte de Saint-Victor, c’est cet ancrage local, rural, et les
années déjà passées à construire, informer et se préparer. À
voir si cette énergie sera suffisante pour contrecarrer les projets
à haute tension de RTE.
►anti GCO : Les militant.e.s contre le Grand Contournement Ouest de Strasbourg ne désarment pas : après l’évacuation de la zad
illes appellent à un rassemblement samedi
Samedi
22 septembre
Sept raisons
pour s’opposer à EuropaCity,
une lettre ouverte à un ministre
Monsieur le Ministre
Depuis sept ans, le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) dénonce inlassablement le projet EuropaCity et le centre d'affaires en projet sur le triangle de Gonesse comme absurde et dangereux, pour au moins sept raisons :
- La perte de 280 hectares de terres agricoles, parmi les plus fertiles d'Europe : ce fait s'inscrit dans un cadre national, puisqu'au train où va l'artificialisation des terres, c'est en 2050 (si l'espèce humaine survit jusque là, ce qui apparaît de plus en plus incertain), c'est la surface de deux département français qui aura disparu sous le béton. Votre prédécesseur s'en était d'ailleurs alarmé et avait déclaré qu'il fallait mettre fin à cette boulimie des terres agricoles. A l'échelle de l'Ile de France, ce projet ferait perdre toute possibilité d'autonomie alimentaire de la région.
- Une empreinte carbone démesurée : EuropaCity réalisera une performance méritant d'être inscrite dans le livre Guiness des records, celle du bilan carbone le plus lourd par unité de surface. En effet, un rapport de fin 2016, élaboré selon une méthodologie rigoureuse, évalue le bilan carbone du seul EuropaCity à celui d'une ville de 140000 habitants sur 70 hectares, et ceci sans que personne n'y habite. De surcroît, ces terres sont un puits à carbone qui serait annihilé par la bétonisation. Si EuropaCity se fait, la France aura apporté une contribution majeure au réchauffement climatique qu'elle prétend combattre. Pour toutes ces raisons, Nicolas Hulot, en réponse à la question d'une journaliste de Médiapart, avait clairement déclaré le projet incompatible avec les objectifs de la COP21, présidée par Laurent Fabius qui, pourtant, se déclarait favorable au projet. Des études récentes montrent que si notre pays n'a pas dénoncé, comme Donald Trump, les accords de Paris, il ne remplit pas mieux ses engagements que les États-Unis de Donald Trump.
Un
surcroit de chaleur pour la capitale : les conclusions de Météo
France sont sur ce point édifiantes : au lieu d'absorber la chaleur
comme le font les sols "naturels", les sols artificialisés
renvoient celles-ci dans l'atmosphère, contribuant à une
augmentation de température dans les villes. Notre capitale, dotée
d'espaces verts beaucoup moins étendus que ceux de Londres ou
Berlin, est particulièrement sensible à ce phénomène. Ainsi, la
température à Paris est déjà, en moyenne 3 à 4 degrés plus
élevée qu'à Rambouillet (figure ci-dessus) et l'ensemble des
travaux d'artificialisation des sols dans des zones proches de Paris
ferait encore monter la température dans une ville qui, à en juger
par les pics de température observés l'été dernier, n'a pas
vraiment besoin de cette surcharge calorique supplémentaire.
Un
réseau routier devenu insuffisant : si, comme le prétendent les
projections qui sont celles du promoteur, 34% des clients viendraient
en voiture, on assisterait vite à un engorgement de tous le réseau
routier environnant, y compris les accès à l'aéroport Charles de
Gaulle, déjà saturés aux heures de pointe.
Un
modèle commercial dépassé : le modèle proposé par EuropaCity
juxtaposait au départ un parc de loisirs avec des commerces
classiques. Or nous assistons depuis plusieurs années à une crise
de la grande distribution qui nous vient des États-Unis. Dans la
région parisienne, avec l'ouverture d'Aéroville et du Millénaire -
tous deux en difficulté aujourd'hui - la surface commerciale a
augmenté plus vite que la demande. Le cas de Carrefour montre bien
que l'avenir n'est plus aux grandes surfaces commerciales, mais aux
commerces de proximité porté par des surfaces plus petites
(supérettes) implantées dans les centres-ville.
Les promoteurs du projet ont cru s'adapter à cette réalité en précisant que les surfaces commerciales d'Europacity seraient dédiées aux produits de luxe pour une clientèle internationale. Cette clientèle viendra en avion ce qui aggrave encore le bilan carbone du projet. Pour le promoteur, qui cherche à minimiser ce dernier fait, ce déséquilibre n'est pas à mettre au compte d'EuropaCity, car ces touristes internationaux viendraient surtout pour visiter Paris. En admettant que ce soit vrai, la surface commerciale de 230000 m2 devient inutile, puisque les achats peuvent se faire à Paris. Et cela remet en cause la viabilité économique du projet.
Une
menace pour les commerces de centre-ville. Un gouvernement qui
affiche son intention de revitaliser les centres-ville ne doit pas
permettre qu'Europacity puisse être une menace pour le commerce de
proximité. Dans une déclaration récente, Valérie Pécresse
exprime plusieurs conditions à son adhésion au projet, dont
l'absence de commerces alimentaires dans la zone commerciale
d'Europacity.
Auchan, prix Pinnochio du
développement durable 2013
Des
emplois illusoires. Il est beaucoup trop facile de faire saliver les
décideurs politiques, qui sont prêts à écarter toute autre
considération si on leur promet la création d'emplois et les
"communicants" d'EuropaCity ne s'y sont pas trompés : avec
la promesse de création de 10.000 emplois, ils arrivent à faire
rêver le maire de Gonesse et à manipuler les jeunes gonessiens
réunis dans le collectif des "vrais gens".
Mais le problème de l'emploi est d'ampleur nationale et ne peut être résolu à l'échelle d'une commune : le parc d'attraction d'EuropaCity, qui prétend attirer 31 millions de visiteurs (deux fois plus qu'Eurodisney, excusez du peu !) ne peut que nuire à la fréquentation des autres parcs - Eurodisney ou le parc Astérix dans la proximité, mais peut-être aussi d'autres parcs plus éloignés comme le Puits du Fou. La création de 10.000 emplois sera donc, à l'échelle de la région, au mieux un jeu à somme nulle.
On a d'ailleurs appris à se méfier de ces promesses mirifiques, car ni Eurodisney - renfloué à répétition par sa maison mère - ni les centres commerciaux de création récente n'ont tenu leurs promesses en matière de création d'emplois. Et EuropaCity ne fera pas exception à la règle, car le nombre d'emplois promis est lié à des erreurs de méthodologie qui allient emplois successifs et confusion entre emplois et postes de travail qui ne représenteront pas 10.000 emplois en équivalent temps-plein.
De plus, le chômage dans les communes alentour n’est pas lié à une pénurie d’offre d’emploi (la zone de Roissy peine à trouver de la main d’œuvre localement), mais à des enjeux de formation, et de faible diversité des emplois.
Au fil des consultations successives, une opposition croissante à la construction d'EuropaCity se manifeste parmi les citoyens. On peut même dire que la dernière a valeur de sondage, car elle porte sur un échantillonnage de 2200 participants qui se sont exprimés à 87% contre le projet, mais que le Commissaire Enquêteur n'a pas jugé utile d'analyser, dans un rapport qui, pourtant, conditionne une déclaration d'utilité publique. Les pouvoirs publics préfèreraient-t-il écouter les sirènes du lobby Auchan plutôt que de prendre en considération une opposition citoyenne de plus en plus marquée ?
Monsieur le Ministre, écoutez les voix qui s'élèvent pour marquer l'urgence de l'action en faveur de l'environnement. Ces voix vous disent qu'il y a urgence à agir et que, si on ne réussit pas à empêcher les catastrophes dues au dérèglement climatique, tout autre combat est vain, y compris celui pour l'emploi, qui, dans le cas d'EuropaCity, n'est que le faux-nez du projet. Une réponse publique à toutes les questions posées par ce billet et, surtout, l'interdiction définitive de ce projet aberrant s'impose.
Dimanche
23 septembre
►Marche anti GCO :
Marche à 500
dans la forêt du Krittwald
massacrée à Vendenheim
500 personnes étaient présentes ce samedi 22 septembre près du centre canin au bord de ce qui reste de la forêt du Krittwald massacrée par le bucheronnage express de Holzinger au profit de Arcos-Vinci.
Après quelques prises de paroles que vous pourrez voir et entendre dans des vidéos, on a eu une sorte de cellule d’écoute psy sauvage où les émotions et souvenirs des un-e-s et des autres ont pu librement s’exprimer.
Ensuite, les gendarmes étant momentanément partis, les grillages ont laissé le passage à ces centaines de témoins de la saignée qui préfigure le tracé du Contournement ouest de Strasbourg en son branchement avec l’A4. C’est la SANEF qui devrait s’y coller…
Beaucoup ont ramassé les glands des chênes abattus afin, soit de les envoyer aux élus traitres et bétonneurs, soit au préfet Marx, soit de les planter ça et là.
Mais comme cela été dit par plusieurs, tant que le béton et le goudron ne coulent pas, rien n’est encore perdu, et la rocade maudite n’est pas encore construite sur ses 24 kms prévus.
Donc, le mot d’ordre est et reste résistance, de même que les lutins des bois ont réoccupé le moulin de Kolbsheim, continuons le combat!
Seules les batailles qu’on ne mène pas sont perdues d’avance.
Dimanche, 16 h, rendez-vous à Kolbsheim!
https://youtu.be/a_kDB0g48uE et https://youtu.be/JQgmXp9io-8 la suite ICI
Le blog de Jean-Claude Meyer - Médiapart
Infos du 24 au 30 septembre
Lundi 24 septembre
Mobilisation dans la Loire
contre une autoroute destructrice,
l’A45
C’est une bataille de longue date qui est engagée contre le projet d’A45, entre Lyon et Saint-Etienne, soutenu par Laurent Wauquiez. Samedi, plusieurs centaines d’opposants se sont retrouvés dans la Loire pour manifester leur désir d’alternatives au transport routier.
La Talaudière (Loire), reportage
Samedi 22 septembre, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvés à la Talaudière, dans la Loire, pour le rassemblement festif organisé par la coordination des opposants à l’A45.
L’A45, soutenue notamment par Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne–Rhône-Alpes, est le projet d’une autoroute entre Brignais (Rhône) et La Fouillouse (Loire), payante et parallèle à l’autoroute déjà existante.
Pour ses opposants, il s’agit d’un non sens économique et une aberration climatique incompatible avec les engagements pris lors de la COP21. Il détruirait de nombreuses terres agricoles et éroderait encore la biodiversité locale, sans pour autant résoudre les problèmes de mobilité dans la région
La Talaudière (Loire), reportage
Samedi 22 septembre, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvés à la Talaudière, dans la Loire, pour le rassemblement festif organisé par la coordination des opposants à l’A45.
L’A45, soutenue notamment par Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne–Rhône-Alpes, est le projet d’une autoroute entre Brignais (Rhône) et La Fouillouse (Loire), payante et parallèle à l’autoroute déjà existante.
Pour ses opposants, il s’agit d’un non sens économique et une aberration climatique incompatible avec les engagements pris lors de la COP21. Il détruirait de nombreuses terres agricoles et éroderait encore la biodiversité locale, sans pour autant résoudre les problèmes de mobilité dans la région
Ramona Gonzalez, maire de la Talaudière est catégorique : « L’A45 est un projet inutile. Cela fait plus de quarante ans qu’on en entend parler, donc si ça avait été un bon projet ça fait longtemps qu’il aurait été fait. Nous, on se bat pour les alternatives. »
Car pour les opposants à l’A45, elle sont nombreuses : rénover l’autoroute existante (l’A 47) et améliorer les infrastructures, développer le réseau ferroviaire ou les pistes cyclables… Des études récentes montrent que la plupart de nos trajets quotidiens font moins de cinq kilomètres et qu’il serait donc tout à faisable d’adapter nos transports.
Car pour les opposants à l’A45, elle sont nombreuses : rénover l’autoroute existante (l’A 47) et améliorer les infrastructures, développer le réseau ferroviaire ou les pistes cyclables… Des études récentes montrent que la plupart de nos trajets quotidiens font moins de cinq kilomètres et qu’il serait donc tout à faisable d’adapter nos transports.
Huguette :
« Ajouter des voies d’autoroute n’est pas une solution
d’avenir. »
« Ce n’est pas une solution d’avenir de rajouter des voies d’autoroute », dit Huguette, qui est engagée dans cette lutte depuis 1995.
Bien que le projet ait considérablement reculé ces deux dernières années, il n’est toujours pas abandonné et les opposants restent donc sur le qui-vive.
« La mobilisation porte ses fruits mais rien n’est gagné. L’enjeu aujourd’hui est que la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet, qui expirere en 2020, ne soit pas reconduite. Tant que ce n’est pas le cas, nous ne serons pas tranquilles », dit Huguette.
Si le rassemblement qui a eu lieu ce week-end dans cette commune (concernée par le tracé de ce projet autoroutier) s’inscrit dans la poursuite de cette mobilisation, il a également vocation à « semer les alternatives de demain » précise Maxime Combes, un animateur de la coordination des opposants à l’A45.
Bien que le projet ait considérablement reculé ces deux dernières années, il n’est toujours pas abandonné et les opposants restent donc sur le qui-vive.
« La mobilisation porte ses fruits mais rien n’est gagné. L’enjeu aujourd’hui est que la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet, qui expirere en 2020, ne soit pas reconduite. Tant que ce n’est pas le cas, nous ne serons pas tranquilles », dit Huguette.
Si le rassemblement qui a eu lieu ce week-end dans cette commune (concernée par le tracé de ce projet autoroutier) s’inscrit dans la poursuite de cette mobilisation, il a également vocation à « semer les alternatives de demain » précise Maxime Combes, un animateur de la coordination des opposants à l’A45.
Maxime
Combes et Ramona Gonzalez, maire de La Talaudière :
« Nous,
on se bat pour les alternatives. »
Toutes ces questions devraient être abordés ensemble de façon transversale mais il n’en est rien. « Quand la préfecture discute d’un plan B, elle découpe et saucissonne touts les sujets. Elle fait un sujet train avec les spécialistes du train, un sujet autoroute avec les spécialistes de l’autoroute, et donc tout est traité de manière bureaucratique et disparate », dit Maxime Combes.
Il est 12h00. Je suis à peine arrivée sur le site du rassemblement que la vélorution (partie depuis la gare de Saint-Étienne) fait son entrée sous les applaudissements des autres opposants déjà présents.
Le grand champ sur lequel est organisé le rassemblement est symbolique de la lutte puisque il se trouve sur le tracé autoroutier et pourrait disparaître au profit de l’autoroute.
Plusieurs chapiteaux ont été installés pour l’occasion. Après un délicieux déjeuner végan ou végétarien avec la cantine militante Sasouille ou les pizzas du collectif de la Mutinerie, les militants rentrent dans le vif du sujet avec une première table ronde animée : « Territoires à défendre : quels retours d’expérience ? »
Le programme de la journée est riche de promesses, de débats et d’alternatives. Les spectacles, activités et ateliers en tout genre sont répartis un peu partout sur le site.
On y trouve par exemple un village associatif, un marché paysan, une zone de troc de graines ou encore une mini ferme qui fait la joie des plus petits. Il y a également les Caresses sonores, petites pièces radiophoniques sur le thème du sentiment que petits et grands peuvent écouter au calme sur un transat tout au long de la journée.
Puis il y a les ballades organisées par le collectif des naturalistes contre l’A45 et des ateliers comme celui du collectif des géographes libertaires : ceux-ci décortiquent les problématiques d’environnement et de mobilité soulevées par le projet autoroutier, et montrent les manières dont les gens seraient affectés par le projet.
Après le spectacle Sommes nous en démocratie de la compagnie Remue Méninges et la chorale Vulvet Underground qui anime le chapiteau de la buvette toute l’après-midi, c’est la deuxième table ronde qui démarre : « Au-delà de l’A45, quel territoire voulons nous ? »
La journée s’est clôturée avec un bilan de la journée en slam avant de laisser place aux concerts de la soirée.
Le
préfet du Val d’Oise a signé le permis de construire de la gare
du Triangle de Gonesse (Val d’Oise) de la ligne 17 du Grand Paris
express, a annoncé la mairie de Gonesse le 18 septembre.
À Hambach, le temps du recueil(lement), avant que reprenne la lutte contre le charbon
Cette
gare controversée doit desservir la ZAC du même nom pilotée par
Grand Paris aménagement et qui prévoit notamment la création du
méga-complexe EuropaCity, porté par le groupe Auchan et son
partenaire chinois Wanda.
« Une
gare en plein champ, dans une zone sans habitant, c’est
complètement aberrant, a déclaré Bernard Loup, président du
Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), opposé au projet. Tant
d’autres besoins en transports en commun urgents ne sont pas
satisfaits ! Mais le gouvernement préfère céder aux lobbies,
au détriment des habitants du territoire ».
A
ce jour, la ZAC (zone d’aménagement concertée) autorisant
l’urbanisation de 280 ha de terres agricoles du Triangle de Gonesse
- dont 80 ha pour le projet Auchan - est toujours frappée
d’annulation. L’appel déposé par le gouvernement devant le
tribunal administratif de Cergy ne sera jugé qu’en 2019.
La
mairie de Gonesse, favorable au projet, s’est félicitée de ce feu
vert pour la gare, « qui conditionne le reste du projet ».
Selon le maire, Jean-Pierre Blazy, « c’est une excellente
nouvelle pour les habitants du territoire qui attendent l’arrivée
du métro avec impatience. » Les opposants rétorquent
qu’au vu de la situation géographique de la gare, en dehors de
Gonesse, « celle-ci serait très peu fréquentée par les
Val d’Oisiens, y compris les Gonessiens, qui continueront à
utiliser le RER D à proximité. »
« Plutôt
que d’investir un milliard d’euros de fonds publics — le coût
d’un détour de 5 kilomètres, la construction d’une gare
d’interconnexion et d’un échangeur autoroutier — pour la
desserte d’un projet privé de plus en plus contesté, le CPTG
soutient le Plan de Mobilisation pour les transports d’Ile-de-France,
qui comporte notamment le tram-train Ligne 11 express devant relier
Sartrouville (78) à Noisy-le-Sec (93) en passant par Argenteuil. »
Des opposants au GCO placés en garde à vue.
Le déboisement continue
Lundi 24 septembre, le déboisement continue sous la protection des gendarmes, témoigne Bruno Dalpra, un militant local : « Depuis tôt ce matin de grosses tension sur Griesheim/Souffel et Dingheim. Les gendarmes n’hésitent pas à gaser les manifestants dans les arbres. Une militante arrêtée. Pour rejoindre les lieux passer par la ferme Klein à Griesheim/Souffel ou par le stade de foot de Dingsheim. Ce sont des arbres le long du ruisseau. Abattage dans le secteur de Berstett sur la RD entre Vendenheim et le village. Toujours sous protection des gendarmes. »
Dans
la journée du vendredi 21 septembre, les travaux préalables à
l’aménagement du grand contournement ouest de Strasbourg se sont
poursuivis. Trois parcelles surplombant la RD 118, sur la
commune de Breuschwickersheim, ont été déboisées à grand renfort
de gendarmes.
Résineux,
arbres fruitiers…, au total ce sont une vingtaine d’arbres qui
ont été abattus, sous escorte. Une cinquantaine d’opposants ont
freiné l’avancée de la broyeuse et des bûcherons. Trois
militantes qui s’étaient enchaînées au pied des arbres tôt dans
la matinée ont été délogées par des membres de la Cnamo (Cellule
nationale d’appui à la mobilité), une unité de la gendarmerie
déjà déployée sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Puis, ces
mêmes militaires ont neutralisé un autre militant perché, lui, au
sommet d’un sapin. Ces quatre personnes ont ensuite été
embarquées et placées en garde à vue sous les regards abasourdis
de villageois et zadistes venus s’opposer à ce déboisement, tenus
à distance. « Vous n’avez pas le droit de faire cela ! »
a lâché une jeune femme en pleurs.
L’employée
de Vinci qui orchestrait le déboisement de vendredi se référait à
un arrêté préfectoral du 20 février 2018 pour justifier
cette opération menée sur des terres rachetées, pour certaines,
après expropriation. Mais nulle trace de ce document en mairie de
Breuschwickersheim. Le premier magistrat a réceptionné par courriel
une version électronique du document en fin d’après-midi, alors
que le déboisement était quasiment bouclé.
Après
Vendenheim, Kolbsheim et dans une moindre mesure Breuschwickersheim,
ou encore Ernolsheim où des coupes ont aussi été effectuées la
semaine passée, le déboisement préalable aux travaux est mené
tambour battant, alors que le tribunal administratif doit encore se
prononcer, demain mardi, sur la suspension ou non de l’arrêté
préfectoral autorisant les travaux du GCO. Si cette décision ne
concerne pas les travaux préalables, elle n’en reste pas moins
cruciale pour les opposants.
Source :
Bruno
Dalpra et
DNA→https://www.dna.fr/environnement/2018/09/22/deboisement-en-force]
sur
Reporterre
Mardi
25 septembre
À Hambach, le temps du recueil(lement), avant que reprenne la lutte contre le charbon
Dans la forêt allemande de Hambach, les opposants à l’extension d’une mine de lignite sont venus par milliers ce week-end. Ils témoignaient de leur peine après le décès d’un activiste lors de l’évacuation policière. Reportage.
Forêt de Hambach (Allemagne), reportage
Dans la forêt de Hambach, 33 cabanes sont tombées. Un journaliste aussi. Mortellement. Les opposants à l’extension d’une mine de lignite souffrent depuis le début de l’intervention policière. Samedi 22 septembre, trois jours après l’accident, la chute de 15 mètres de Steffen M. reste dans tous les esprits. L’évacuation a cessé, mais les endeuillés restent sur le qui-vive. À tout moment, les opérations peuvent reprendre - et de fait, elles ont repris lundi 24. 4.000 policiers ont été réquisitionnés. Mais ce samedi, ils sont en retrait. « La présence policière reste très forte », affirme la porte-parole des forces de l’ordre.
Jeudi, un camp avait été installé près du village presque abandonné de Manheim. « Il permet d’accueillir des familles, des personnes âgées, des riverains tout comme des habitants de la forêt et des militants », explique Fizzo [*], actif à Hambach depuis plusieurs semaines. À quinze minutes de marche de la forêt, de nouveaux opposants apprennent comment réagir en cas d’arrestation. Plus loin, ils s’exercent à grimper aux arbres. Voltaire travaille dans l’équipe presse et éducation. Il est 14 h. Le militant du parti des Verts doit se rendre à la gare la plus proche.
De nombreux regards fixent le vide ou restent rivés au sol
Manheim,
village fantôme, destiné à la destruction pour qu’on extrait le
lignite qui gît dessous.
Sur
le chemin, les rues de Manheim ont l’allure d’un village fantôme.
Il y a six ans, 1.600 personnes vivaient ici. Aujourd’hui, la
plupart des maisons ont les volets fermés. Des bulldozers côtoient
des façades détruites pour que l’énergéticien RWE exploite le
lignite du sous-sol. « La plupart des habitants actuels sont
des réfugiés », indique le militant. Un jeune Syrien
croisé lors de la manifestation du lendemain confirme : « Nous
sommes encore entre 50 et 60 à Manheim », installés à
côté du village. À six km de là, un nouveau village,
Manheim-Nouveau, est sorti de terre en 2012.
Gare
de Buir. Près de soixante personnes sont rassemblées sur le quai.
De nombreux regards fixent le vide ou restent rivés au sol. Les
mains tiennent une bougie, une pancarte, des fleurs. Les
organisateurs refusent toute interview pendant cette marche en
hommage à Steffen. La foule silencieuse descend les escaliers,
suivie par quelques policiers.
Voltaire
attend l’arrivée du train régional. À l’intérieur, une
trentaine de jeunes, venus visiter la forêt de Hambach.
« D’eux-mêmes, ils ont proposé cette visite »,
dit Thomas, responsable de l’association Eirene (la « paix »,
en grec). Avant de rencontrer les occupants des bois, les étudiants
écoutent une présentation sur le changement climatique et la
biodiversité menacée par la mine de lignite.
Au
bout de cette forêt de plus de 200 hectares (elle en comptait 4.000
avant l’arrivée de l’énergéticien RWE), Lorien fait partie des
quelques « villages » de cabanes encore debout.
Devant la police, certains dansent sur de la musique punk rock.
D’autres portent de lourds troncs et construisent des barricades.
Sous
un tipi perché à quatre mètres de haut, Malya occupe les lieux
depuis une semaine. Elle est venue se battre contre « un
État de droit qui protège des entreprises comme RWE ». La
jeune femme dénonce l’irrespect du deuil par les policiers :
« Jeudi, ils ont même arrêté quelqu’un pendant la
minute de silence. Hier aussi, ils ont essayé d’approcher les
cabanes pendant cinq heures… »
À
sept mètres du sol, dans une des quelques quinze cabanes qui restent
dans la forêt, quatre occupants discutent dans le « salon ».
Il y a des outils, de la nourriture pour plusieurs jours, du matériel
d’escalade et un canapé. Un homme de noir vêtu, casquette sur la
tête, interrompt la conversation : en construisant des
barricades, un obus de tank a été trouvé à côté. Bientôt une
douzaine de personnes débattent dans l’habitacle. Que faire ?
L’un estime qu’il faut utiliser cette information : « C’est
un symbole super fort ! Ça veut dire qu’on est prêt à
mourir ici ! » L’autre demande « des
réactions plus pragmatiques ». On demande au journaliste
de sortir.
« We love you and we won’t forget »
Un peu plus loin, six cabanes voisines semblent atteindre les cimes. Ici, Steffen est mort. Des bougies éclairent un étendard à l’effigie du journaliste : « We love you and we won’t forget », Nous t’aimons et nous ne t’oublierons pas. Un homme s’est agenouillé devant des dizaines de roses et de tournesols. À peine visible dans la pénombre, une femme monte en rappel. Une voiture de police passe à une centaine de mètres. Un chien aboie et la pluie glisse sur les feuilles.
Le lendemain, dimanche 23 septembre, les éléments semblent se liguer contre la manifestation de ce jour. Averse continue et trains annulés… « Comme par hasard, le train de Cologne, bondé la semaine dernière, ne circule pas », souffle une militante du camp, photographie à l’appui. Ce dimanche, la police a interdit l’accès à la forêt. Dès 11 h 30, la majorité des opposants (7.000 à nouveau, selon les organisateurs) s’engouffre au milieu des arbres, par des chemins détournés.
À quelques mètres du mémorial pour Steffen, des centaines de manifestants transportent de lourds troncs vers les barricades. La plupart seront défaites dans la soirée par la police.
Les
militants de Hambach occupent encore une zone réduite à la lisière
de la forêt et de la mine. La situation semble critique face aux
milliers de policiers prêts à intervenir. Pour les opposants à
l’extraction du lignite, les raisons d’espérer viennent plutôt
de l’extérieur. Les dons de nourriture sont de plus en plus
nombreux. Les actions et manifestations à venir aussi.
Mais
lundi 24 septembre, la police a repris ses opérations
d’évacuation. Mort ou pas, climat ou pas, les autorités veulent
arracher à la terre le lignite, source d’énergie - et de gaz à
effet de serre.
Mercredi
26 septembre
GCO :
au nom de « l’ordre public »,
le tribunal administratif autorise les travaux
Les juges estiment que, malgré des doutes sur la légalité des arrêtés, des « troubles à l’ordre public » sur les travaux préparatoires conduisent « à titre exceptionnel » à ne pas suspendre les travaux du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg.
Strasbourg (Bas-Rhin), correspondance
Le tribunal administratif de Strasbourg n’a pas suspendu mardi 25 septembre les arrêtés préfectoraux qui autorisent les travaux du grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg. L’association Alsace Nature contestait notamment le « saucissonnage » du dossier et de ses impacts, entre l’autoroute payante avec son échangeur nord et les projets connexes (le TSPO vers Molsheim, la transformation de l’A35, la VLIO, la liaison avec l’aéroport d’Entzheim, le remembrement des terres agricoles).
Les trois juges ont estimé qu’il y a bien « un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée », mais « à titre exceptionnel » refuse de les suspendre, car les travaux préparatoires « s’accompagnent de troubles à l’ordre public nécessitant la présence des forces de l’ordre ». La suspension porterait « une atteinte d’une particulière gravité à l’intérêt général », ajoute le tribunal. Les magistrats rappellent que la déclaration d’utilité publique avait été confirmée sur le fond en 2010.
Le cas jugé était le recours juridique le plus important, puisqu’il concerne les premières coulées de béton. L’association Alsace Nature a maintenant deux semaines pour se pourvoir en cassation. Très surpris, son avocat, Me François Zind, dit à chaud « n’avoir jamais vu ça ».
L’association écologiste s’est logiquement appuyée sur les avis négatifs des enquêtes publiques pour les mesures environnementales du printemps, que ce soit pour l’échangeur nord, ou la rocade de 24 kilomètres. « Non actualisé, incohérent, incomplet, contradictoire, insuffisant, inexact, illisible... » a notamment attaqué dès le début de l’audience mercredi 19 septembre, son avocat, François Zind. Une succession d’adjectifs qu’il a puisé dans les rapports des commissaires enquêteurs remis au début de l’été.
« Les remarques de la commission
sont des réserves,
des avis pour perfectionner notre dossier »
Parmi ses autres reproches, l’étude de « variantes » du tracé, mais pas « d’alternatives » à l’autoroute, telles qu’écotaxe, voies réservées au transit, aux transports en commun ou au covoiturage, ainsi que l’absence d’estimations du coût des mesures de compensations. Selon le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, le constructeur Arcos (filiale de Vinci) avait en effet indiqué que compte tenu des exigences des compensations, qui vont au-delà de certains seuils réglementaires, elles auraient « très vraisemblablement des conséquences sur le planning et les coûts ».
Enfin, l’avocat d’Alsace Nature a souligné que l’étude d’impact contient « une erreur méthodologique » sur la pollution, « focalisée sur les particules fines » (ou microparticules, PM10). « Le dossier ne contient pas d’actualisation du parc automobile », a regretté François Zind. Selon Alsace Nature, il faut aussi s’intéresser aux nanoparticules, ou « particules ultrafines » (non-réglementées et donc non-mesurées), sur lesquelles des médecins tentent d’alerter depuis quelques années.
En face, Me Jean-Nicolas Clément pour Arcos a minimisé ces avis officiels mais consultatifs opposés au GCO : « Les remarques de la commission sont des réserves, des avis pour perfectionner notre dossier. » Sur le « saucissonnage » (terme repris par l’avocat), il « n’est en rien irrégulier ». « Ce qui pourrait l’être, c’est s’il a permis de bénéficier d’un effet de seuil. A-t-il été malicieux ? A-t-il trompé le public ou l’administration ? Non. » Sur le coût des mesures, il a répliqué que des conventions étaient « annexées » au dossier.
Sur ce point, les juges administratifs n’ont pas suivi l’avocat d’Arcos qui demandait à ce que les avis soient « requalifiés », en avis favorables avec réserves.
Vers un début des travaux de terrassement
Parmi les arguments sur le fond, le GCO répondrait « à une vision globale », à « un axe de transit européen fort », permettrait « la création d’emploi » ou encore « la baisse des gaz à effet de serre », en détournant une partie des camions de l’A35, tout ceci ayant de « l’attractivité pour le territoire ».
L’ampleur de certaines compensations ont aussi été présentées. Par exemple, les 4 hectares à la forêt de la Bruche doivent être remplacés par 40 hectares à Vendenheim, tout en reconnaissant que cela « ne peut pas garantir à 100 % l’équivalence fonctionnelle ».
Le jour de l’audience, la société Arcos nous avait indiqué attendre cette décision pour procéder aux travaux autorisés par cet arrêté.
Un jugement sur le fond est attendu dans les mois à venir. Les opposants ont prévu de se retrouver ce soir à 18 h à Strasbourg, place Broglie. Début septembre, la justice administrative a suspendu un permis d’aménager le viaduc à Kolbsheim et l’abattage de 30 arbres. Mais le préfet et le département, favorables au déboisement, peuvent rédiger de nouveaux actes pour se conformer à la règlementation.
DEUX CONDAMNATIONS INDIVIDUELLES
►Hambach : En retard sur cette nouvelle que nous aurions voulu partager plus rapidement, nous envoyons toute nos pensées auprès de nos camarades de Hambach. Un opposant bloggeur qui suivait la lutte dans cette forêt est décédé en tombant d’un pont de singe alors qu’il essayer de rejoindre une des zones qui était en train de se faire expulser.
Avec amours et rage, on pense à tout ses proches.
Le lendemain de ce décès, le gouvernement à demander aux occupants de quitter les arbres volontairements et devant le refus, les expulsions ont reprises.
Malgré tout, le camp d’échange de savoir prévu du 22 septembre au 3 octobre aura bien lieu. Nous invitons toutes les personnes qui le peuvent à aller soutenir cette lutte.
Plus d’info sur leur site internet, un peu en francais, beaucoup plus en anglais ou en allemand. https://hambachforest.org
Jeudi 27 septembre
Lutte
d’Atenco, Mexique
En 2001, est annoncé la construction d’un nouvel aéroport pour la ville de Mexico sur le site de l’ancien lac Texcoco, au nord-est de la ville. En 2006, les habitant.e.s et paysann.e.s des villages de la région d’Atenco, organisé.e.s en tant que Frond des Peuples en Défenses de la Terre (FPDT) se révoltent contre la construction de l’aéroport et bloquent l’autoroute Texcoco-Lecheria, repoussant les policiers avec leurs machettes. Le projet a été suspendu mais cette victoire a été chèrement payée, puisque Peña Nieto, l’actuel président mexicain, ordonnait les 3 et 4 mai 2006 une violente opération policière ayant entraîné deux morts, des centaines d’incarcérations, et le viol de plusieurs dizaines de femmes embarquées par les forces de police.
En 2014, Peña Nieto a relancé le projet de construction sur les terres d’Atenco du « Nouvel Aéroport International de la ville de Mexico » faisant fi des recours juridiques en cours, tandis que des groupes armés par les entreprises et le gouvernement mexicain tirent désormais à balles réelles sur les opposants aux travaux.
Plus grand aéroport des Amériques, il doit coûter 11,5 milliards d’euros et accueillir jusqu’à 70 millions de passagers par an. Outre l’aéroport, doté de trois pistes et un terminal géant de 750 000 mètres carrés, plusieurs autoroutes d’accès sont en cours de construction, y compris sur des terres communales dont les habitant.e.s ont été expropriés par la force.
Les défenseurs et défenseuses de la Tierra madre du FPDT se sont solidarisé à plusieurs reprises avec la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et nous souhaitons diffuser en retour des informations sur leur luttes.
Annulation ou non du gigantesque mégaprojet de nouvel aéroport à Mexico city ?
Depuis l’élection du "progressiste » Andrés Manuel Lopez Obrador à la tête du Mexique le 1er juillet dernier, la question hante quotidiennement les gros titres de la presse mexicaine. Bien qu’il ait martelé son opposition déterminée au méga-projet et à ses désastreuses conséquences écologiques au cours des dernières années, le futur Président mexicain propose désormais d’organiser une « consultation citoyenne » le 28 octobre prochain pour décider si poursuivre ou non sa construction. Face à la pression du multimilliardaire Carlos Slim et devant l’ampleur des intérêts capitalistes en jeu, à peine élu, Lopez Obrador se prépare-t-il à retourner sa veste ?
Depuis Atenco, le Front des Villages en Défense de la Terre en appelle à la solidarité internationale...
Partie 1 : Un aéroport en lieu et place du dernier lac de la vallée de Mexico
Construire un gigantesque aéroport international en lieu et place de l’ultime résidu lacustre de l’ancien lac de Texcoco. C’est sur ce pari farfelu que s’édifie, depuis 4 ans déjà, le plus grand projet d’aéroport d’Amérique latine, pour un coût exorbitant de près de 13 milliards d’euros. L’impact environnemental et les dangers d’une catastrophe écologique majeure pour la ville de Mexico sont immenses. Mais pour mieux comprendre ce qui est actuellement en jeu, un retour en arrière s’impose...
(prochains chapitres : "un nouvel aéroport international pour "Mister Slim"/ "Les jeux de dupes de Lopez Obrador"/"relancer la solidarité internationale contre l’aéroport")
►Depuis Atenco, lettre à la ZAD et aux organisations du monde entier !
Lutte d’Atenco, Mexique
En 2001, est annoncé la construction d’un nouvel aéroport pour la ville de Mexico sur le site de l’ancien lac Texcoco, au nord-est de la ville. En 2006, les habitant.e.s et paysann.e.s des villages de la région d’Atenco, organisé.e.s en tant que Frond des Peuples en Défenses de la Terre (FPDT) se révoltent contre la construction de l’aéroport et bloquent l’autoroute Texcoco-Lecheria, repoussant les policiers avec leurs machettes. Le projet a été suspendu mais cette victoire a été chèrement payée, puisque Peña Nieto, l’actuel président mexicain, ordonnait les 3 et 4 mai 2006 une violente opération policière ayant entraîné deux morts, des centaines d’incarcérations, et le viol de plusieurs dizaines de femmes embarquées par les forces de police.
En 2014, Peña Nieto a relancé le projet de construction sur les terres d’Atenco du « Nouvel Aéroport International de la ville de Mexico » faisant fi des recours juridiques en cours, tandis que des groupes armés par les entreprises et le gouvernement mexicain tirent désormais à balles réelles sur les opposants aux travaux.
Plus grand aéroport des Amériques, il doit coûter 11,5 milliards d’euros et accueillir jusqu’à 70 millions de passagers par an. Outre l’aéroport, doté de trois pistes et un terminal géant de 750 000 mètres carrés, plusieurs autoroutes d’accès sont en cours de construction, y compris sur des terres communales dont les habitant.e.s ont été expropriés par la force.
Les défenseurs et défenseuses de la Tierra madre du FPDT se sont solidarisé à plusieurs reprises avec la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et nous souhaitons diffuser en retour des informations sur leur luttes.
Enquête en 4 parties sur le méga-projet aéroportuaire le plus polémique du Mexique sur le site du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte.
Vendredi
28 septembre
Les commerçants s’engagent contre Europacity
Le gouvernement a relancé le projet de mégacentre commercial Europacity, à Gonesse, dans le nord de Paris. Depuis, les membres du collectif Europas du tout arpentent les marchés des villes voisines pour dénoncer les risques que le projet fait peser sur les centres-villes. Jeudi 27 septembre, Reporterre les a suivis à Aulnay-sous-Bois.
Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), reportage
Ce jeudi 27 septembre dans la matinée, le marché d’Aulnay-sous-Bois a accueilli le rassemblement du collectif Europas du tout, qui dénonce la menace que représente le mégacentre commercial Europacity pour les commerces de proximité et la qualité de vie des centres-ville.
Sur un fond de musique jazzy diffusé par les haut-parleurs du marché, l’animateur a pris le micro toutes les 10 minutes pendant plus de 3 h pour inviter les badauds à signer la pétition qui dit « Non au mégacentre commercial Europacity ».
Pendant ce temps, des membres du collectif Europas du tout se sont répartis sur le boulevard de Strasbourg où le marché s’installe trois fois par semaine, chapeau de paille sur la tête, pétition vierge et stylo à la main.
Résultat au bout de 3 h : plus de 1.000 signatures. Beaucoup de signataires viennent d’eux-mêmes et certains s’étonnent même de devoir signer à nouveau : « Je croyais qu’il était abandonné, ce projet fou d’Europacity ! » s’étonne Michel, un Aulnaysien de longue date. En effet, comme Reporterre vous le racontait en mai dernier, Europacity a été relancé par le gouvernement et le feuilleton qui dure depuis 2010 a repris de plus belle.
Dans ce nouveau chapitre, les commerçants et les élus ont choisi d’unir leurs forces pour enterrer définitivement ce « projet mortifère et nocif, destructeur des commerces de proximité et des terres du triangle de Gonesse », comme le souligne le maire d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza (LR).
Dans ce nouveau chapitre, les commerçants et les élus ont choisi d’unir leurs forces pour enterrer définitivement ce « projet mortifère et nocif, destructeur des commerces de proximité et des terres du triangle de Gonesse », comme le souligne le maire d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza (LR).
« Ici, on n’a pas besoin d’un centre commercial supplémentaire ! Dans un périmètre de quatre kilomètres, on en a déjà trois, et ça, c’est sans compter les supermarchés ! » s’exclame Maria Dasilva, représentante en Île-de-France de la Fédération des marchés de France, qui a rejoint le collectif Europas du tout il y un an et demi. « Le tsunami Europacity va nous détruire, on n’en veut pas ! Ce mégacomplexe est toxique et ce sont nos qualités de vie qu’il met en danger », ajoute-t-elle pendant sa prise de parole.
Évelyne et Josiane (de gauche à droite ci-dessous), deux commerçantes à la retraite, sont venues au rassemblement pour renforcer l’opposition au projet. « Un centre commercial supplémentaire, c’est trop ! Ils vont se bouffer les uns les autres. En plus, ce genre de centres, ce sont toujours les mêmes grandes enseignes. Les indépendants n’y vont pas, c’est trop cher ! » explique Josiane sur un ton révolté. « Oui, c’est au minimum 10 fois plus cher », ajoute Évelyne.
Une position appuyée par Kamel Lakal (ci-après à droite), le président de l’association des commerçants Au cœur des commerces d’Aulnay : « C’est très compliqué de faire vivre les centres-ville et les zones commerçantes. Dès que les commerçants disparaissent, les problèmes reviennent et l’âme des centres-ville disparaît. Sans compter que, si Europacity voit le jour, c’est une saturation assurée du trafic routier. » Kamel s’exaspère également de l’action contradictoire du gouvernement avec le plan Mézard, du nom de l’actuel ministre de la Cohésion des territoires : « On veut construire un centre commercial de 500 boutiques sur 230.000 m2 là où les centres-ville essaient de se restructurer, ça n’a pas de sens ! » Ce plan gouvernemental de revitalisation des centres des villes petites et moyennes, baptisé « Action cœur de ville », a officiellement été lancé en décembre 2017.
Alain Boulanger (ci-dessus à gauche), président de la Capade (Comité aulnaysien de participation démocratique) affirme, quant à lui, que « le débat public qui a eu lieu en 2016 a abouti sur un désaccord entre les deux départements concernés par Europacity : le Val-d’Oise et la Seine-Saint-Denis, mais c’était un débat orienté. Aujourd’hui, on veut que la région Île-de-France, qui a une vision globale, se prononce en s’appuyant sur les études réalisées et que donc, elle abandonne Europacity ».
Pendant le rassemblement, on croise aussi des habitants de Gonesse qui agissent de plus en plus étroitement avec les organisations mobilisées des communes alentour. On retrouve Bernard Loup, le président du Collectif pour le triangle de Gonnesse, qui porte le projet Carma dont l’objectif est de « maintenir l’agriculture dans le triangle de Gonesse et de la faire évoluer vers une agriculture bio. Le cœur du projet est de développer des champs partagés, en lien avec les communes de Gonesse et Roissy notamment, pour une restauration collective locale et bio ».
Julien, 20 ans et Steven, 21 ans (de gauche à droite ci-dessous) sont deux jeunes Gonessiens qui ont également tenu à être présents. En discutant avec Évelyne (à droite), aulnaysienne, trésorière de la Capade, ils se trouvent des points communs puisque tous les trois défendent une participation citoyenne active dans l’avenir de leur territoire. Pendant plusieurs années, Julien et Steven étaient tous les deux membres du conseil municipal des jeunes de la ville de Gonesse. « On s’est heurtés à un refus de débattre de la part du maire de Gonesse, qui n’aime pas vraiment être contredit. Quand on proposait des questions pour le débat public autour d’Europacity, il voulait avoir un droit de regard et la plupart de nos questions étaient édulcorées. En 2014, il a même supprimé le poste de président du conseil municipal des jeunes », explique Julien.
Aujourd’hui, les deux étudiants, qui ont constaté que les jeunes de leur génération ont une conscience écologique accrue et d’autres aspirations de vie que les emplois proposés par le projet Europacity, ont créé en mars 2018 l’association Nous Gonessiens. Leur objectif : proposer un projet alternatif aux municipales 2020.
Julien considère qu’à Gonesse, « le débat est endormi par la propagande politique. En face de la mairie, la Maison du triangle de Gonesse accueille régulièrement des enfants de l’école. Il leur montre la grande maquette d’Europacity sans parler, évidemment, des conséquences écologiques et sociales désastreuses ».
Le collectif Europas du tout
entend bien continuer à sillonner les marchés pour ensuite aller toquer
à la porte du gouvernement et lui remettre les milliers de signatures
qui disent non au mégacentre commercial d’Europacity, dont les
conséquences néfastes évoquées dans la pétition ressemblent à une liste à
la Prévert : faillite des commerces de proximité et des centres
commerciaux existants, 8.000 emplois menacés, fragilisation des lieux
culturels de proximité, perte de lien social, désertification des
centres-ville, engorgement des axes de circulation, artificialisation
des sols, destruction de terres agricoles fertiles, étalement urbain,
transformation des lieux de vie en villes dortoirs.
Marion Esnault - Reporterre
Samedi 29 septembre
Grande fête franco-italienne contre le Lyon-Turin, à Villarodin-Bourget (Savoie)
Marion Esnault - Reporterre
Samedi 29 septembre
Grande fête franco-italienne contre le Lyon-Turin, à Villarodin-Bourget (Savoie)
Samedi 29 septembre 2018, à partir de midi, grande fête franco-italienne contre le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin.
Source : Courriel à Reporterre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire