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vendredi 26 août 2016

L'argent ou la vie

 On a reçu ça :

Bonjour.

Ici Jean Monestier.

Il ne suffit pas de connecter les personnes. Il faut aussi connecter les informations. On s'aperçoit ainsi que dans un journal local comme l'Indépendant, les informations sont publiées, mais en ordre dispersé, et il faut alors les rapprocher, dans sa tête.

Mais les gens ont-il envie de savoir qu'il va falloir à tout prix diminuer nos émissions de carbone et renforcer notre résilience en protégeant notre autonomie alimentaire ?

Ci-joint en PJ une lettre de lecteur en ce sens avec les trois publications concernées en annexes. Une reprise de la rédaction décrivant les articles concernés sans obliger le lecteur à s'y référer est toujours possible. C'est pourquoi la création d'un média synthétisant vraiment tous ces liens entre le global et le local me parait sans doute indispensable, car une rubrique "écologie" restera toujours une expression séparée des autres, comme "vie locale", "nouvelles des PLU", etc.

Le résultat de ce compartimentage de la pensée, c'est  que l'autonomie alimentaire, par exemple, reste un impensé de la plupart des élus et des fonctionnaires.




Objet : L’argent ou la vie.
   
Je me permets de rapprocher deux articles lus récemment dans l’Indépendant : le premier, du 30 juillet 2016, où le Professeur Henri Got nous rappelle que la biosphère continue à se dégrader de façon accélérée ; le deuxième, du 8 août 2016, où Marc Maillet, président de Frene 66, commente la conclusion d’un conflit juridique avec la commune de La tour-de-Carol au sujet de la préservation des terres nourricières.

Ajoutons à ce tandem une pincée d’information sur la récolte de blé 2016 donnée en bas d’une page du 6 août 2016, et nous en avons assez pour comprendre, si nous avons envie de comprendre (mais avons-nous envie de comprendre ?), que le problème majeur qui se profile d’ici cinq à dix ans, comme l’évaluent certains experts, n’est pas l’augmentation des tarifs de la CTPM sans amélioration des horaires, ni le nouveau nom de la Région, ni les J.O., ni, hélas, les attentats, mais le maintien d’une biosphère habitable, qui commande TOUS LES AUTRES.

Henri Got nous rappelle que, en 2015, c’est le 20 août que nous avons outrepassé les « capacités de reconstitution » de la planète. Chaque année, loin de nous contenter des « intérêts », nous grignotons le « capital », de plus en plus vite, puisque, l’année suivante, un capital diminué donnera encore moins d’intérêts.

La raison principale : une économie mondiale en croissance. Ici ou là, on se réjouit d’un « découplage relatif » entre la création de Valeur Ajoutée et les prélèvements de ressources grâce à certains gains d’efficacité marginaux, mais force est de constater que le « découplage absolu », mesuré globalement au niveau de la planète, ne s’amorce absolument pas. Et le « jour du dépassement » avance inexorablement vers le 1er janvier, du fait de l’augmentation de la population, du fait de notre appétit incontrôlé pour toutes sortes d’innovations que nous nous réjouissons de diffuser sans aucune limite, comme en poseraient la mutualisation des usages ou l’interdiction de l’obsolescence programmée, et, enfin, du fait, dont on parle moins, d’un rendement décroissant de nos activités extractives, notamment pour l’énergie et les métaux.

C’est ainsi que les sables bitumineux du Canada, pour ne donner qu’un seul exemple, sont un pactole économique au-delà de 80 dollars le baril, mais une catastrophe écologique, puisque, afin d’en tirer du carburant, il faut mettre en jeu trois barils pour en utiliser finalement un, les deux autres étant dévorés par le processus. Quand cette ressource, dont les réserves sont immenses, montera en puissance, la fameuse voiture « verte », qui ne consomme « que 4 litres aux 100 », provoquera en fait des émissions de carbone pour 12 litres aux 100. Plus vert que moi, tu meurs. L’argent n’est qu’une convention humaine, dont on peut créer sans problème des milliers de milliards, par exemple pour juguler un crash bancaire. Il faudrait au plus vite appuyer nos calculs économiques sur les Joules ou les calories, c'est-à-dire privilégier la vie, qui est d’abord de l’énergie, avant l’argent, qui n’est qu’un fétiche, un signe, un outil de mesure, qui se réfère au prix et non à la valeur des choses, c'est-à-dire à lui-même.

Relativement au débat sur les terres nourricières qui agite La tour-de-Carol, comme nous le rappelle l’Indépendant du 8 août 2016, il est atterrant de constater comment la véritable question n’arrive pas à émerger. Les défenseurs de ces surfaces cultivables, dont le potentiel de résilience alimentaire sera définitivement détruit par l’artificialisation des sols, passeraient bientôt, dans la bouche des responsables locaux, pour des « écoterroristes judiciaires » (qualification dévoyée), accusés de vouloir étouffer l’économie locale, massivement focalisée sur le tourisme. 

En Cerdagne, mais aussi ailleurs dans le département, « créer de l’activité », « faire de l’argent », serait donc la seule priorité de ces responsables, pour lesquels la notion d’autonomie alimentaire est un impensé tenace, une zone aveugle. Et pourtant, la petite « brève » parue dans l’Indépendant du 6 août 2016 sur la récolte de blé devrait être un avertissement sans frais ; les céréaliers du Nord de la Loire vont boire le bouillon, mais la récolte mondiale est abondante. Le climat commence à jouer au yo-yo avec notre agriculture. On pourra objecter que ce fut déjà le cas en 1788, dont la mauvaise moisson fut une des causes de la révolution française. Mais les phénomènes se multiplient et s’amplifient, comme le constatent les compagnies d’assurances, et notre agriculture industrielle, dopée à l’énergie fossile, est terriblement fragile. 

A quelle révolution, à quelle émeute de la faim pourrions-nous être confrontés aujourd’hui ? Faut-il rappeler, avec Olivier De Schutter, rapporteur auprès de l’ONU, que, dans le monde actuel, contrairement aux apparences, les petits paysans produisent l’essentiel de la nourriture ? La France artificialise tous les 8 à 10 ans la superficie d’un département moyen, et les autres pays suivent la même voie. Quand le climat va sonner la fin de la récréation, la Cerdagne, mise au pied du mur de sa résilience, n’aura ni l’argent des touristes, ni la nourriture provenant de ces hectares artificialisés. 

Pourtant, nous gardons encore des moyens de choisir de nous modérer. Quelqu’un a dit « On ne commande à la Nature qu’en lui obéissant. » C’était peut-être, au fond, le premier « écoterroriste ». En 1945, en France, les dits « terroristes » étaient du côté des libérateurs. Ne faudrait-il pas souhaiter que, aujourd’hui, d’autres nous libèrent de la mortelle dictature de l’argent ? Déjà, en 1945, l’ensemble de la population a basculé dans l’allégresse de la Libération. Donc, tout espoir n’est pas perdu pour que nous fassions passer la vie avant l’argent.

Jean Monestier.

Diplômé en économie auprès de l’Université de Toulouse.
Etudiant en collapsologie,
Défenseur d’une biosphère humainement habitable.


P.S. : tout ce que j’avance est appuyé sur de nombreux livres dont on peut obtenir les références au 06 83 99 03 25, y compris pour « Ecoterrorisme », dont je viens d’achever la lecture.




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