Le Soler, le 25.01.2014
Jean Monestier
19,
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66270 LE
SOLER
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Courrier
des lecteurs
2,
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66007
PERPIGNAN CEDEX
Réf courrier : 14J25LTA
Objet : Un forfait économique et
écologique
Un grand
fabricant de logiciels (1), ces programmes d’instructions qui nous permettent
de faire des choses si diverses avec nos ordinateurs, s’apprête à abandonner un
système d’exploitation (2) très répandu dans les entreprises.
Le système
d’exploitation est en soi une sorte de logiciel de base qui traduit les
informations entre les logiciels et la machine qu’ils pilotent.
J’ose une
comparaison : le système d’exploitation fait penser à la première
initiation du cerveau du bébé qui vient de naître, apprentissage de la langue
maternelle, de l’écriture, du calcul, etc.
Sur cette base, les logiciels
calculent, organisent et classent les informations relatives à tout ce qui
viendra après : la philosophie, le calcul matriciel, les démarches
scientifiques, etc., toutes choses qui peuvent être exercées dans une autre
langue, voire écrites avec d’autres signes que l’alphabet latin (cyrilliques,
idéogrammes).
Parfois, une personne adulte change de pays ou de continent. Elle
doit souvent apprendre une nouvelle langue, quelquefois un autre type
d’écriture, mais n’est pas obligée de changer de philosophie ou de réapprendre
entièrement les mathématiques.
En informatique, nous sommes otages du
fabricant. S’il abandonne un système d’exploitation, cela signifie qu’il ne va
plus en assurer le service après vente, et notamment ne plus mettre à jour les
anti-virus, qui permettent de se protéger plus ou moins rigoureusement des
virus, ces mini-programmes, diffusés à notre insu, qui mettent le plus grand
désordre dans les logiciels, les travaux qu’ils nous aident à mener, et aussi
éventuellement les machines qu’ils pilotent.
Beaucoup d’entreprises, qui ne
peuvent pas se permettre de prendre de tels risques, vont donc devoir acheter
le « nouveau » système d’exploitation que le fabricant va évidemment
leur proposer. Mais, comme un malheur n’arrive jamais seul, elles devront
abandonner les anciens logiciels qui, comme par hasard, seront incompatibles avec
le nouveau système, et parfois mettre à la ferraille les machines qui - est-ce
vraiment un hasard ? - seront incompatibles avec les nouveaux logiciels.
C’est ainsi que, si j’ai bien compris, les banques devront remplacer 80% de
leurs distributeurs de billets. Qui va payer ? Nous, bien sûr, à travers
les frais bancaires. Et à qui profite cette immense opération d’obsolescence
programmée, consistant à obliger les usagers à considérer comme dépassées des
choses qui auraient encore pu servir de longues années ? A la
multinationale qui vend ces logiciels, dont le fondateur est un
multimilliardaire (3) qui tente de racheter notre indulgence à coup de mécénat
et d’opérations caritatives, et, par ricochet, aux fabricants de distributeurs
de billet.
Serons-nous plus heureux à la suite de ce progrès en peau de
lapin ? Non, car notre compte bancaire, non seulement ne deviendra pas
inépuisable, ce qui aurait bien facilité nos fins de mois, mais sera débité de
ces nouveaux frais.
Et la planète ? Les extractions de minerai, la
consommation d’énergie et les émissions de carbone seront augmentées et
davantage de bateaux de déchets industriels partiront vers l’Asie ou l’Afrique.
Nous préparons ainsi la misère écologique des générations montantes, qui, j’en
suis certain, se vengeront un jour, si la planète, qui en a vu d’autres, ne le
fait pas. Et nous acceptons ce forfait, car c’est lui qui constitue la
croissance, la déesse croissance, et elle mérite bien quelques sacrifices,
n’est-ce pas ?
Même si, au-delà de tous les arguments techniques ou
économiques qu’on va nous servir, c’est d’abord pour remplir les poches des
milliardaires, qui sont déjà si pleines.
Jean Monestier
S’il
faut le préciser :
(1) = Microsoft ;
(2) = Windows XP ;
(3) = Bill Gates.
(1) = Microsoft ;
(2) = Windows XP ;
(3) = Bill Gates.
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