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dimanche 23 février 2014

Nucléaire : Compte-Rendu du Procès des Bloqueureuses d'Uranium

Narbonne, 20 février : procès des bloqueuses et bloqueurs d’uranium

Le 12 septembre 2013, 40 personnes du collectif Stop Uranium ont bloqué un camion chargé d’uranium à sa sortie de l’usine Comurhex Malvési, près de Narbonne pour dénoncer les risques des convois radioactifs qui sillonnent quotidiennement la région. La seule militante arrêtée et inculpée suite à l’action risque deux ans d’emprisonnement et 4500 euros d’amende. En solidarité, et pour souligner le caractère collectif et politique de l’action, vingt-deux autres militants ont demandé leur comparution volontaire. Lors d’une première audience, le 7 janvier, la juge a demandé le renvoi du procès pour en tenir compte. Les comparants sont convoqués ce 20 février à une nouvelle audience. Le Réseau "Sortir du nucléaire" réaffirme son soutien à tous les participants à cette action.
Plus de 8500 personnes ont affirmé leur solidarité avec les militants de Stop Uranium en signant l’appel "Nous sommes tout-e-s des bloqueurs-euses d’uranium !".

Live-twit sur le rassemblement et le procès via notre compte twitter @sdnfr

8h : rassemblement et point presse devant le Palais de Justice de Narbonne. Beaucoup de monde...


8h40 : les militants entrent dans le tribunal.
10h17 : après trois autres affaires, l’audience commence. Le juge va d’abord examiner les demandes de comparution volontaire puis se retirera pour statuer sur leur recevabilité, et reviendra ensuite traiter du fond. Tous les comparants sont appelés à la barre un par un pour vérification des identités et de leurs casiers judiciaires.
10h40 : tous les témoins ont été appelés puis sortis de la salle. Terry, la seule à avoir été initialement inculpée, est appelée à la barre. Son cas sera traité après que le juge aura statué sur la comparution volontaire.
L’avocat des bloqueurs commence sa plaidoirie. Il rappelle qu’il est des principes supérieurs qui permettent d’aller au-delà de la loi quand il y a un état de nécessité. Dans des affaires comme celles-ci, il faut s’intéresser aux causes. Il rappelle également que les comparants sont conscients qu’ils peuvent être condamnés et assument leurs actes.
Le procureur demande le rejet de la demande de comparution volontaire. Le parquet a fait le choix de poursuivre Terry - la militante initialement seule inculpée - car c’est son véhicule qui a servi à l’action. Le droit à un procès équitable sera assuré même si la demande de comparution est rejetée.
11h15 : le juge se retire pour délibérer sur la demande de comparution volontaire.
11h30 : Retour du juge, qui rejette la demande de comparution volontaire, l’acte en cause étant une entrave à l’aide d’une camionnette. L’infraction qui est reprochée à Terry est... une infraction au code de la route.
11h35 : Didier Latorre, porte-parole de Stop Uranium, est entendu comme témoin : "Vous n’avez pas affaire à des délinquants routiers mais à des lanceurs d’alerte. La plupart des gens qui sont ici sont des militants de longue date qui n’ont jamais été entendus. Cette action, qui s’est déroulée en toute sécurité, dans un endroit choisi, a permis de mettre en lumière les risques de l’usine Comurhex Malvési et des transports. Ce sont nos observations qui ont permis de rendre public le nombre de camions qui sillonnent les routes tous les jours. Aujourd’hui c’est nous qui sommes à la barre alors que la Comurhex fait fi des lois et règlements depuis des années. C’est le combat du pot de terre contre le pot de fer. Nous ne sommes pas des délinquants, mais des lanceurs d’alerte face à l’omerta, dans un pays où on ne remet pas en question le nucléaire après Fukushima."
11h45 : Francis Viguier, élu municipal : "J’ai participé à cette action en tant qu’élu, pour protester contre le fait que nous soyons tenus dans l’ignorance de ces transports et de leurs risques alors qu’il est de notre devoir de garantir la santé et la sécurité publique. Je me suis renseigné sur le tétrafluorure d’uranium, qui réagit fortement et peut produire un gaz très corrosif. Je ne veux pas me retrouver dans la situation du maire de Drancy, qui n’a pas su quoi faire face au déraillement d’un convoi nucléaire".
11h50 : troisième témoin, Bruno Chareyron, ingénieur nucléaire de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité) : "Je n’étais pas sur l’action mais j’interviens dans ce dossier pour affirmer l’importance d’informer la population sur les transports radioactifs et leurs risques. Les normes des transports sont en incohérence avec celles de la radioprotection. Et en matière d’exposition à la radioactivité, il n’y a pas de dose d’inocuité. La situation constatée en 2006 sur cette usine n’a pas du tout évolué".
Lire l’analyse de la CRIIRAD sur ces transports->http://www.criirad.org/installations-nucl/malvesi/malvesi-transport.pdf]
Terry adhère à tout ce qui a été présenté et assume son action, qu’elle ne regrette pas.
12h : Pour le procureur, le rôle de la justice n’est pas de statuer sur la manière dont doivent se comporter les exploitants nucléaires. Il rappelle cependant que c’est l’action des militants qui fait évoluer la société, et mentionne par ailleurs l’affaire en cours entre le Réseau et l’usine Comurhex Malvési, qui a fonctionné dans l’illégalité pendant des années. Réquisition : l’infraction est constituée, il faut que la culpabilité de Terry soit reconnue mais qu’elle soit dispensée de peine.
L’avocat plaide la relaxe, en réaffirmant qu’il y a état de nécessité. Et rappelle qu’il n’y a pas eu entrave à la circulation.
12h25 : le juge se retire pour délibérer.
Verdict : Terry est reconnue coupable, l’infraction au code de la route étant déclarée constituée, et subira probablement un retrait de points ; mais elle est dispensée de peine !

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