Le revenu universel, une utopie réaliste
Comment garantir pour chacun le droit à une existence digne dans une société qui ne peut offrir un emploi à tous ? La réponse est simple : puisque l'emploi ne peut fournir à chacun des ressources suffisantes, il faut déconnecter revenu et travail et distribuer à tous un revenu minimum garanti.
Le principe du Revenu Universel (RU) consiste à verser mensuellement à tous une égale somme d'argent, cumulable avec d'autres revenus, et dont chacun disposerait à son gré. Inconditionnel, il n'exige aucune contrepartie, pas même celle de travailler. Universel, il s'adresse à tous, même aux plus riches, sans limitation de durée.
Pourquoi cette idée qui circule depuis des décennies peine-t-elle à émerger dans le débat public ? Pourquoi n'a-t-elle jamais été reprise par aucun gouvernement, gauche et droite confondues ? Deux types de freins sont à envisager.
Le premier tient à son financement qui peut sembler problématique. Le RU serait financé en partie par toutes les allocations, bourses, pensions, réductions d'impôts, qu'il remplacerait. Le système d'aides actuel est complexe, opaque, et très coûteux en termes de gestion et de contrôle. Le RU, simple et automatique, représenterait une économie considérable pour les administrations, les collectivités et l'Etat. Et l'impôt prélevé sur tous les autres revenus, y compris ceux du capital, apporterait le complément.
Le deuxième type de freins réside dans la représentation du travail. Le travail occupe une place centrale dans la société depuis l'avènement du salariat au XIXème siècle. C'est dans le travail que l'homme se réaliserait et trouverait sa dignité. L'activité professionnelle, source principale de revenus et d'acquisition de droits sociaux, suppose que chacun participe à la production des richesses. Le travail est une valeur morale et culturelle de référence, opposée à l'oisiveté et l'assistanat. Beaucoup sont réticents à ce qu'un individu puisse toucher un revenu financé par la collectivité tout au long de sa vie sans être obligé d'occuper un emploi en contrepartie. Le RU remet en cause cette idéologie dominante de la valeur-travail.
Il réaffirme la responsabilité collective dans la protection de base de chacun.
Il postule que la dignité et l'utilité sociale peuvent se trouver dans toute activité humaine, bénévole ou rémunérée, directement productive ou non : l'éducation des enfants, l'art, la culture, la vie associative, les études…
Il pose un autre regard sur la place du travail marchand dans l'activité humaine, revalorise des projets de vie autres que la carrière professionnelle. Il revalorise le travail aussi, en redonnant aux salariés une liberté de choix et un pouvoir de négociation, en sécurisant les créateurs d'entreprise ou les travailleurs en reconversion.
Le RU appartient encore au domaine de l'utopie. Des expériences locales ont pourtant été menées avec succès en Afrique du Sud, Alaska et Namibie. La graine est semée. Gageons qu'elle finira par germer.
http://www.lebonplan.org/index.php?option=com_content&view=article&id=767%3Ale-revenu-universel-une-utopie-realiste&catid=85%3Aeconomie&Itemid=82
ou
http://minilien.fr/a0nb0l
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