Limagne, le 13/10/2025
COMMUNIQUE DE PRESSE
NOUVELLE ACTION DES FAUCHEUSES FAUCHEURS VOLONTAIRES D’OGM, du COMITE de COORDINATION LIMAGNE LIMAGRAIN, des SOULEVEMENTS DE LA TERRE
Pour dénoncer l’exploitation techno-industrielle du vivant
En ce printemps 2025, des sur-semis de maïs avec des semences paysannes issues de pollinisation libre, maïs dit population, ont été effectués dans différentes parcelles de maïs semences de gros exploitants agricoles sous contrat Limagrain, qui font partie des « futurs » bénéficiaires des giga-bassines projetées vers Billom.
Nous dénonçons le principe des semences hybrides ou OGM, qui obligent les agriculteurs à se fournir chaque année en semences auprès des grands groupes comme Limagrain, qui porte le lobbying pour une déréglementation des semences OGM obtenues par les NTG (Nouvelles Techniques Génomiques), au niveau national et européen.
De plus, la volonté de Limagrain de développer le maïs semence, avec obligation d’irrigation, a pour conséquence la promotion d’immenses réserves d’eau : giga-bassines, barrages, pompages, forages, qui favorise encore plus la pénurie et les restrictions d'eau pour les populations, le vivant et les petit(e)s paysan(ne)s au bénéfice de quelques-uns, par exemple 36 exploitants agricoles de l'ASL les Turlurons à Billom.
Nous dénonçons l’appropriation du vivant, l'accaparement de l'eau, la privatisation par les droits de propriété intellectuelle (DPI) sur les semences hybrides ou génétiquement modifiées alors que les graines, qui sont des germes de vie, doivent rester un commun.
En sélectionnant un nombre réduit de variétés homogènes, la politique de Limagrain appauvrit la diversité génétique et met en péril l'alimentation saine de l'humanité.
Nous souhaitons sortir rapidement de ce modèle agricole productiviste et intensif qui rapporte des profits colossaux aux multinationales de semences, de pesticides, d'OGM,... et aux gros exploitants agricoles déjà honteusement bénéficiaires d'une grosse partie des subventions.
Les fausses solutions technologiques nous détournent d'une agriculture paysanne respectueuse des ressources naturelles, des animaux et de la santé de la population. Elles accaparent l’argent public et elles nous sont imposées sans concertation citoyenne, comme récemment la loi Duplomb.
Oui aux semences paysannes qui laissent la liberté aux agriculteurs de produire, renouveler et échanger leurs propres semences adaptées aux conditions écologiques locales.
Oui aux subventions pour aider les paysannes et paysans pour un revenu digne de leur travail, pour développer l’agriculture biologique, pour restaurer la nature, le vivant...
L’agriculture paysanne est la seule voie capable de répondre de manière cohérente et systémique aux enjeux alimentaires, environnementaux et sociaux.
Contact : https://faucheurs-volontaires.fr
Limagrain et le maïs hybride
Une multinationale sans limite
Derrière sa façade de coopérative agricole auvergnate, Limagrain est aujourd’hui une multinationale avec une stratégie industrielle mondiale. Soucieuse de protéger ses parts de marché plus que l’intérêt des paysans, cette entreprise renforce son emprise sur les pratiques agricoles par un système de semences hybrides qui ne peuvent être ressemées et des cahiers des charges très stricts imposés à ses membres. Elle défend une agriculture chimique sur-informatisée et robotisée, fortement engagée dans la recherche et l’usage des OGM et des biotechnologies. Exerçant un puissant lobbying sur les instances politiques françaises et européennes pour obtenir que les OGM issus des nouvelles techniques génétiques ne soient plus reconnus OGM, elle annonce la culture des premières variétés de blé et de maïs génétiquement modifiées, obtenues par des NTG (Nouvelles techniques Génomiques), dès 2029, en France.
Limagrain et les hybrides industriels
Limagrain est le 5eme exportateur mondial de semences. La majorité des semences de maïs que Limagrain cultive et commercialise sont des hybrides. Le maïs hybride, cultivé en France dès les années 50, permet à Limagrain d’avoir le monopole de la reproduction de cette plante en maintenant les agriculteurs captifs. En effet ce maïs récolté, s’il est ressemé, est impropre à la commercialisation ayant perdu ses caractères de distinction, d’homogénéité et de stabilité imposés par le marché agricole dominant. Pour rester dans ce marché, totalement dépendant des exigences des industries de l'agro-alimentaire et des carburants, la majorité des agriculteurs rachètent chaque année ces semences hybrides. Ces dernières sont toujours liées à l'usage intensif d’engrais chimiques et de traitements avec des pesticides de synthèse dont les conséquences sanitaires et environnementales graves ne peuvent être ignorées. L'empoisonnement commence par l’enrobage systématique des semences par ces poisons.
Le maïs
Le maïs, représente 11 % de la surface agricole en France, et sert principalement à l’alimentation animale. Il est aussi cultivé pour plusieurs industries comme celles de l’amidon, des plastiques ou des agro-carburants entraînant le pillage des terres nourricières et de l’eau, pour toujours plus d’élevage industriel, de circulation automobile, d’emballages et de consommation illimitée de marchandises.
Monopoliser les terres et l'eau
En France, le maïs est la culture la plus consommatrice en eau et représente 32% des surfaces irriguées. Les projets de retenues ou de bassines qui privatisent l’eau au profit de quelques agriculteurs (Sivens, Sainte Soline, Limagne ...) sont dans la suite logique du développement de grandes monocultures qui monopolisent les terres, font disparaître les arbres et les haies et ont rendu les sols stériles et incapables de retenir l'eau. Produisant des plantes sans résistance et capacité d'adaptation, cette agriculture doit multiplier l'usage de pesticides de synthèse et d'engrais chimiques. En Limagne, les deux projets de méga-bassines ayant pour but de pomper plus de 2 millions de m3 chaque année dans l'Allier au profit de 36 agriculteurs coopérateurs de Limagrain, sont aujourd'hui à l'arrêt, après une forte mobilisation de la société civile.
S’approprier 8 000 ans de sélection paysanne
Les plantes cultivées aujourd’hui sont le fruit de 8 000 ans de sélection, d’amélioration, d’échanges libres entre les paysan.nes et entre les peuples et c’est ce que cherchent à s’approprier, ou détruire, les industriels. L’agro-industrie est la cause principale de la disparition de la biodiversité cultivée ou sauvage, de l'appauvrissement des terres. Mais aujourd'hui il est encore possible d’arrêter la trajectoire de cette entreprise de destruction massive qu'est l'agriculture industrielle. En effet, plus de la moitié de l’alimentation dans le monde est toujours produite par des petites fermes vivrières et par une agriculture biologique et paysanne toujours en évolution.
Des semences issues de cette expérience paysanne : les variétés de semences pop
Les variétés populations sont composées d’individus tous différents présentant une grande variabilité (à l’opposé des hybrides F1) mais génétiquement proches et exprimant des caractères communs. Toutes les plantes à l’intérieur d’une variété population se combinent entre elles par pollinisation libre et croisée entraînant une grande diversité génétique. Sélectionnées dans leur champ par les paysan.nes et ressemées librement, elles présentent une plus grande souplesse d’adaptation leur permettant d’évoluer selon les conditions de
cultures, la diversité des caractéristiques du sol, des autres êtres vivants et des pressions environnementales et climatiques
Aujourd’hui, le nombre d’initiatives, autour du maïs population est croissant notamment pour une grande majorité d’éleveurs.ses recherchant l’autonomie de leur troupeau. Ces initiatives sont toujours le fruit d’échanges, d’entraide et de recherche collective entre paysans.nes.
Le principal obstacle à la domination capitaliste du monde : le vivant !
Pour le capitalisme, le vivant est un obstacle majeur : il se reproduit gratuitement, sans brevet. Tout être vivant est singulier, unique, évolutif alors que le capitalisme a besoin de marchandises uniformes et stables, de « clones ».
En mars 2025, le directeur général de Limagrain, Sébastien Chauffaut, déclare : « les semences incarnent un levier stratégique majeur. Elles ne se limitent pas à un rôle productif mais s’inscrivent dans une logique de pouvoir et d’influence. » (Inf'Ogm 06/05/2025). En effet, ceux qui dirigeront et posséderont toute la chaîne de l'alimentation, imposant une nourriture standard mondialisée et souvent toxique, domineront les corps et les esprits. L'agriculture industrielle n'est, cependant, qu'une partie du projet de remplacement du vivant par un monde artificiel régit par une accumulation de solutions techno-industrielles que sont les réseaux numériques, les biotechnologies, les neuro-sciences, l'intelligence artificielle... Et derrière les promesses de libérer l'homme de la vulnérabilité qui constitue son humanité, comme le propose l'idéologie transhumaniste, ce sont les puissances de l'argent, des multinationales industrielles qui tissent une gigantesque toile d’intérêts économiques.
Autonomie paysanne et droit des peuples à défendre et développer librement leurs cultures alimentaires
Les Faucheurs.ses, avec d'autres, défendent l'idée que les semences paysannes doivent reprendre le pas sur les semences hybrides industrielles. Ils affirment leur soutien à la recherche de moyens collectifs pour freiner, remplacer au plus vite cette machine de destruction massive qu’est l’agro-industrie partout dans le monde qui détruit les systèmes alimentaires et les économies locales, chasse les paysan·nes et les peuples autochtones de leurs territoires et les contraint à migrer loin de chez eux.
Avec ses racines profondes dans les savoirs souvent ancestraux, avec sa capacité à faire évoluer et adapter ses cultures, l'agroécologie paysanne offre à l’humanité une voie à suivre — une voie qui nous reconnecte à la terre et aux cycles de la vie. Cette voie est riche d'échange, de solidarité et d'entraide entre les individus et les peuples.
Vive les semences paysannes !
Collectif des Faucheurs Volontaires, octobre 2025
Contact : collectif@faucheurs-volontaires.fr

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