« Pas de grande peur » :
le banquier d’affaires
Matthieu Pigasse
défend le programme économique
du Nouveau Front populaire
par LIBERATION
publié le 20 juin 2024
Invité de France Info ce jeudi 20 juin, le patron de presse a refusé de renvoyer le « bloc de gauche » et « l’extrême droite » dos à dos, notamment sur le volet économique, à l’inverse de la rhétorique macroniste.
On peut difficilement l’accuser d’être un gauchiste échevelé. Le banquier d’affaire Matthieu Pigasse a appelé ce jeudi 20 juin « à voter Nouveau Front Populaire » aux législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet. En défendant le programme économique de l’alliance de la gauche, l’homme d’affaires et patron de presse tranche vivement avec la rhétorique de la macronie et du Medef, pendant que la Bourse de Paris dévisse.
Au micro de France Info, Matthieu Pigasse a tenu à nuancer le «spectre de la grande peur» agité de toutes parts, « comme si les bolcheviques allaient revenir demain avec le couteau entre les dents ». Selon lui, l’arrivée au pouvoir de l’alliance de la gauche ne remettrait pas en cause les investissements étrangers en France et a convoqué l’histoire : « A chaque que fois que la gauche a été au pouvoir au cours des 30 dernières années, le taux de croissance a été plus élevé que dans les cas où elle n’était pas au pouvoir. »
https://twitter.com/franceinfo/status/1803668456526553422?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1803668456526553422%7Ctwgr%5Eb111ef5c8c102ba0756297c0fc63736fcb066432%7Ctwcon%5Es1_c10&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Feconomie%2Fpas-de-grande-peur-le-banquier-daffaire-matthieu-pigasse-defend-le-programme-economique-du-nouveau-ront-p
Au contraire même, le banquier d’affaires a répliqué en s’attaquant au bilan gouvernemental de
« 1 000 milliards de dettes publiques supplémentaires sur les deux
mandats, une dérive des finances publiques et un déficit budgétaire hors
de contrôle », sur fond de « mesures antisociales. » Celui qui est aussi président des Nouvelles Éditions indépendantes (qui détiennent notamment Les Inrockuptibles et Radio Nova) et actionnaire du Monde a estimé qu’« il ne faut pas recevoir de leçon de politique économique ou de discipline financière de ces gens-là ».
Mathieu Pigasse a défendu à la place « une nouvelle politique économique […] qui doit reposer sur trois piliers : plus de production, plus de distribution par la hausse du SMIC ou des salaires et plus de redistribution. C’est cet alliage-là qui permettra de lutter contre le chaos ».
Bien que considéré comme profondément « réformiste » et « faisable » par des économistes comme Julia Cagé, Mickaël Zemmour ou encore la prix Nobel d’économie Esther Duflo, le programme économique du Nouveau Front Populaire a provoqué une certaine panique au sein du parti présidentiel. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, s’est emporté en assimilant le programme du NFP à « un délire total ». « C’est 1981 puissance dix !», s’est-il alarmé. Le ministre délégué chargé des Comptes publics et candidat en Gironde, Thomas Cazenave a pointé du doigt une alliance de gauche qui « a complètement oublié les finances publiques ».
Le patron du Medef, Patrick Martin, a pour sa part renvoyé dos à dos les programmes économiques du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, en les considérant comme « inappropriés » et « dangereux pour l’économie », dans un accordé aux entretiens au Figaro mercredi.
Refusant de mettre sur un pied d’égalité « un bloc de gauche uni, réorganisé et rééquilibré » et « l’extrême droite » prônant « société de rejet de l’autre », Matthieu Pigasse a vivement critiqué l’organisation patronale, qui n’a « jamais été ni courageux, ni réformiste ». Selon le banquier d’affaires, « il faut tout faire pour faire barrage au Rassemblement National » qui « n’est rien d’autre que le retour de la bête immonde du siècle précédent ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire