L’eau,
arme de guerre à Gaza
Mercredi 01 novembre 2023
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EDITO |
L’eau, arme de guerre à Gaza |
Par Amélie Poinssot |
Non seulement l’eau pompée dans les nappes phréatiques de Gaza est
polluée, mais, de plus, dans les camps où se sont déplacé·es 1,4 million
de Palestiniennes et de Palestiniens fuyant le nord de l’enclave, cette
eau non potable ne coule souvent même plus au robinet. Il faut alors
faire des heures de queue pour se ravitailler auprès de trop rares
camions-citernes, l’aide humanitaire n’arrivant – et c’est le cas de le
dire – qu’au compte-goutte dans le petit territoire enclavé. Quant à
acheter l’eau en bouteille, ce n’est pas plus facile à trouver, et il en
coûte près de 3,50 euros pour 1,5 litre.
Une population
palestinienne assoiffée, des conditions d’hygiène impossibles : voilà
l’une des conséquences de la guerre menée par Tsahal contre le Hamas en
réponse aux massacres perpétrés le 7 octobre.
L’inégal accès à
la ressource hydrique dans un Proche-Orient où les températures
estivales peuvent atteindre 45 degrés atteint avec le siège de Gaza son
paroxysme. Le sujet faisait précisément partie des points laissés en
suspens par les accords d’Oslo, en 1993, pour être réglés cinq ans plus
tard. Le processus a achoppé ; depuis, la colonisation israélienne a
progressé et la population palestinienne a pratiquement doublé.
Le résultat, c’est d’un côté un État hébreu qui a investi massivement
dans des infrastructures de désalinisation d’eau de mer, qui contrôle la
majeure partie des ressources d’eau douce de la région, et qui a
développé une agriculture irriguée à la pointe - oliveraies, dattiers,
vignobles notamment. De l’autre, ce sont, en Cisjordanie, des
territoires grignotés par la colonisation où paysannes et paysans se
voient réduire leur approvisionnement en eau, sont contraints de réduire
leurs cheptels, peinent à faire pousser leurs céréales, et où des
villages entiers doivent limiter leur consommation.
Le conflit au Proche-Orient est aussi une histoire d’emprise sur les ressources naturelles.
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