Israël/Gaza : les civil·es face à une vague de violence sans précédent
Publié le 10.10.2023
Les décombres des bâtiments détruits après une attaque aérienne israélienne dans la ville de Gaza, le 10 octobre 2023.
Sameh Rahmi / NurPhoto via AFP
Un nouveau cycle de violence extrême a débuté samedi, en Israël, à Gaza et en Cisjordanie. Le premier bilan civil est tragique. Nos pensées vont à toutes les personnes touchées par cette violence meurtrière. Et nous appelons la communauté internationale à faire pression sur les parties au conflit afin qu'elles respectent le droit international humanitaire et protègent la vie des civil·es.
Un nouveau cycle de violence extrême a débuté le samedi 7 octobre, en Israël, à Gaza et en Cisjordanie.
Nous sommes horrifiés par l’escalade de la violence ces derniers jours et par le nombre croissant de victimes civiles en Israël, à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés. Nous appelons d'urgence toutes les parties au conflit à respecter le droit international et à tout mettre en œuvre pour éviter de nouvelles effusions de sang parmi les civil·es.
En vertu du droit international humanitaire, toutes les parties à un conflit ont l'obligation de protéger la vie des civil.es pris dans les hostilités. Cibler délibérément des personnes et infrastructures civiles, mener des attaques disproportionnées et des attaques aveugles qui tuent ou blessent des civil·es sont des crimes de guerre.
Nous rappelons qu’il n’est pas du mandat d’Amnesty International de proposer une solution politique au conflit, mais que nous monitorons et dénonçons les violations aux droits humains.
Une vague de violences sans précédent
Samedi 7 octobre, au matin. Le Hamas a lancé depuis Gaza une attaque coordonnée en territoire israélien. Pluie de roquettes, fusillades de civils et prises d’otages ont semé la terreur. Du côté d'Israël, les représailles contre Gaza ont été immédiates et massives. On compte déjà de nombreuses victimes civiles et désormais, la bande de Gaza subit un siège total qui prive ses habitants d'électricité, d'eau et de gaz.
Une fois encore, ce sont les populations civiles qui paient le prix fort d’un conflit enlisé depuis des décennies. On dénombre déjà des centaines de morts et des milliers de blessés des deux côtés, et le bilan ne cesse de s’alourdir.
Un rappel du droit s’impose
Face à cette vague de violence sans précédent, un rappel du droit international s’impose.
👉 Des tirs de roquettes indiscriminés ont été lancés par le Hamas. Des hommes, des femmes et des enfants ont été tuées délibérément, dont des jeunes lors d'une rave party. Des personnes ont été prises en otage et la menace de leur exécution est brandie par le Hamas.
Ce que dit le droit international :
➡️ Ces crimes pourraient constituer des crimes de guerre.
➡️ Tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition.
Les enlèvements de civils et les prises d'otages par le Hamas sont interdits par le droit international et constituent des crimes de guerre. Tous les civil·es retenus en otages doivent être libérés immédiatement, sans condition, sains et saufs.
Notre secrétaire générale Agnès Callamard
👉 A Gaza, les bombardements intensifs de l’armée israélienne frappent l’un des territoires les plus densément peuplé du monde. Environ 2,3 millions de personnes vivent à Gaza sur à peine 360 km2 et plus de la moitié de la population est composée d’enfants et d’adolescents.
Ce que dit le droit international ➡️ Les attaques disproportionnées et indiscriminées contre les civil·es sont interdites. Ce sont des crimes de guerre.
Ce que l'on craint, c'est que la population à Gaza, 2,3 millions de personnes, dont 60% ont moins de 18 ans, et qui sont prises au piège dans cette minuscule enclave, soient sous le feu de tirs et de bombardements indiscriminés
Notre directrice du pôle action, Nathalie Godard
👉 Lundi, le ministre de la défense israélien a annoncé le « siège total » de la bande de Gaza, privant la population gazaoui d'eau, de nourriture, d'électricité et de médicaments. A Gaza, 50% de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté et deux tiers dépend de l’aide humanitaire.
Ce que dit le droit international ➡️ La punition collective est un crime de guerre.
"Imposer un siège total qui met en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdit par le droit international humanitaire."
Volker Turk, le Haut-Commissaire des Nations Unies des droits de l’homme
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Le blocus de Gaza s’inscrit dans un contexte d’apartheid
En 2022, après quatre ans de recherche, nous avons publié un rapport qualifiant le système mis en place par l'État israélien à l’encontre de la population palestinienne de crime d’apartheid, tel que défini par le droit international.
L’État d’Israël a instauré progressivement un système dans lequel les Palestiniens et Palestiniennes sont victimes de graves violations de droits humains. Ils et elles sont traité·es comme un groupe inférieur, discriminé sur tous les plans : économique, politique, social, culturel... Ce système constitue un crime selon le droit international. En savoir plus.
Le blocus de Gaza participe du système d’apartheid. Il fragmente la population palestinienne, est à l’origine d’un certain nombre d’actes inhumains, et limite le développement socio-économique de la bande de Gaza.
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L'ampleur inédite de ces violences marque un tournant dont nous ne pouvons encore mesurer tout l’impact. Mais une chose est sûre : les causes profondes de ces cycles de violences répétés doivent être traitées de toute urgence.
En 2021, la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur la situation dans les territoires palestiniens occupés et dans la bande de Gaza. Son mandat porte sur les crimes de droit international commis par toutes les parties au conflit, ainsi que sur le crime contre l'humanité que constitue l'apartheid à l'encontre des Palestiniens.
Nos demandes
Selon le droit international humanitaire, toutes les parties au conflit sont tenues de protéger la vie des civil·es.
Nos demandes :
La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour que les parties au conflit respectent le droit international humanitaire, assurent la protection de tous les civil·es et doit exiger la libération de tous les otages.
Il faut faire respecter le droit international et mettre fin au blocus illégal qu'Israël impose à Gaza depuis 16 ans, ainsi qu'à tous les autres aspects du système d'apartheid israélien imposé à tous les Palestiniens et Palestiniennes.
Amnesty International appelle la communauté internationale à intervenir de toute urgence pour protéger les civil·es et empêcher de nouvelles souffrances.
Nous appelons à ce que les responsables des crimes répondent de leurs actes devant les juridictions compétentes.
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